Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DACTYLIOTHECA

DACTYLIOTIIECA, Axx:u),toOrxr,. Baguier, écrin où l'on serrait les bagues. Bien que le mot latin soit emprunté directement à la langue grecque, au dire de Pline', nous ne trouvons ce terme dans aucun des auteurs grecs de l'époque classique ni mème chez les lexicographes des temps suivants'. Au contraire, sans être fréquent, il est a plusieurs reprises employé par les auteurs latins. Nous savons même à quelle date il entra dans la langue. Seaurus, beau-fils de Sylla, fut le premier à introduire l'usage de ces écrins à Rome' ; Jules César en consacra plusieurs dans le temple de Vénus Génitrix ; Marcellus, fils d'Octavie, dans celui d'Apollon '. Martial en parles comme d'un objet indispensable aux jeunes élégants de Romes qui portaient plusieurs bagues aux doigts [ANULUS]. Les textes de jurisprudence, qui traitent des legs, examinent la question de savoir si le légataire, à qui le défunt a laissé ses bijoux, a aussi droit à la dactyliotheca6. Il y avait sans doute des baguiers de formes diverses, Minervini a cru en reconnaître un exemplaire dans un petit ustensile de bronze, trouvé à Telese, en Italie (fig. 2274)' : il se compose d'une longue tige portée sur trois pieds et d'un anneau ouvert qui est muni en dessous d'une sorte de crémaillère. On assure que les deux objets étaient réunis et l'anneau en place, au moment de la découverte. Après avoir introduitl'anneau dansle haut de la tige, on le fait descendre jusqu'à mi-hauteur où la crémaillère bute contre une saillie ronde ; la tige s'insère entre les dents de la crémaillère qui s'y fixe solidement, en maintenant l'anneau supérieur dans une position horizontale : par l'ouverture ménagée dans cet anneau on pouvait enfiler les bagues et les suspendre. Cette forme correspond à peu près à celle de certains baguiers encore en usage aujourd'hui. A Pompéi on a trouvé une petite boîte ronde d'ivoire, dont le couvercle est surmonté d'une tige haute et qui a servi peut-être au même usage (fig. 2275) : la boîte pouvait contenir les bijoux dont on ne se servait pas journellement et dans la tige on enfi laitles bagues dont on se débarrassait momentanément pour la nuit ou pour faire sa toilette Le terme OEox1I, qui désigne d'une façon très générale toute espèce de contenant, convient également à ces deux formes différentes. E. POTTIER.