Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DAEDALUS

DAEDALUS, De(ax),oç. Ce nom appartient encore plus à la mythologie qu'à l'histoire. 11 forme le centre de légendes crétoises, siciliennes et attiques auxquelles sont mêlés d'autres personnages fabuleux comme Minos, Pasiphaé, le Minotaure, le géant Talos, Icare, Thésée et Ariane, le roi liokalos, etc. Au milieu de ces récits légendaires il est intéressant de chercher à démêler la part qui revient au personnage historique dont l'influence s'est exercée surtout sur la naissance de l'art grec et que l'on peut considérer comme le père et le fondateur de la plastique. Pour tous les auteurs anciens, Dédale est Athénien t; il appartient même à la plus ancienne famille royale de l'Attique, les Érechthéides, descendants du premier roi d'Athènes, né de la Terrez. Un scholiaste établit une filiation directe entre Jupiter et Dédale en nommant tous les intermédiaires Thésée le couvre de sa protection comme son cousin (âve.ltôv ôvra)4. Un dème de l'Attique, où Socrate naquit, s'appelait de son nom oxtace)àon6. On s'accorde généralement sur le nom de son père Eupalamos 6. On lui donne pour mère tantôt Alcippé 7, tantôt Phrasimédé e, ou encore Métiadousé'. 11 eut une soeur, Perdix to ; on cite aussi un sculpteur, Simmias, qui serait fils d'Eupalamos et par conséquent frère de Dédale'', mais il semble douteux qu'il s'agisse du même Eupalamos, car ce Simmias ne joue aucun rôle dans l'histoire si souvent racontée de Dédale ; il doit être rapproché des sculpteurs de l'époque historique dont nous parlerons plus bas. Arrivé à l'àge d'homme et déjà connu comme sculpteur, Dédale eut comme élève le fils de sa soeur Perdix, nommé Tcû nlç ou l{«at,sç t2. Mais, jaloux des progrès du jeune homme en qui il voyait un futur rival, il le précipita du haut de l'Acropole; sa mère Perdix se pendit de désespoir et Dédale, traduit devant l'Aréopage, fut condamné au ban nissementS3. On montrait encore, au temps de Pausanias, le tombeau de Talos près de l'Acropole d'Athènes'`. Dé Jale s'enfuit en Crète" où, accueilli par le roi Minos, il construisit le Labyrinthe et commença la série d'oeuvres sculpturales qui fit sa gloire et celle de son pays d'adoption 16 ; les villes de Cortyne, de Cnossos s'illustrent de son nom ; il devient « l'homme de Crète" ». Mais de nouvelles aventures tragiques le forcent encore à quitter ce pays. Sur cette période de son existence, deux traditions ont cours dans l'antiquité. La première établit une sorte de complicité entre Dédale et Phasiphaé, femme de Minos, éprise d'un amour contre nature pour un taureau. Suivant Hygin" Vénus irritée contre Pasiphaé, qui pendant plusieurs années avait négligé de lui offrir des sacrifices, lui avait inspiré cette passion ; suivant Apollodore 10, c'est Poseidon qui, pour punir Minos de ne pas lui avoir sacrifié un taureau magnifique promis au dieu, avait mis au coeur de la femme du roi cet amour déshonorant. La reine eut recours à l'industrie de Dédale qui, pour lui complaire, fabriqua une génisse de bois (fig. 2277), la recouvrit de la peau d'une véritable vache et permit à Pasiphaé au moyen de ce subterfuge de se livrer au taureau : de cette union monstrueuse naquit le Minotaure [MINOTAURUS] 20. La nais sauce de cette étrange progéniture instruit Minos de son malheur et il se venge de Dédale en l'enfermant dans une prison avec son fils Icare ; mais ils sont délivrés par Pasiphaé, et l'industrieux artiste ayant fabriqué des ailes pour lui et pour son fils (fig. 2278), tous deux s'envolèrent de Crète21 : c'est alors que le jeune Icare, oubliant les recommandations de son père et planant dans les airs trop près du soleil, fit fondre la cire qui retenait les attaches de ses ailes et fut précipité dans la mer où il se noya22; cette partie de la mer Égée prit le nom de mer Icarienne". La seconde tradition place la disgrâce de Dédale longtemps après la naissance du Minotaure. Quand Thésée vient en Crète avec le tribut de jeunes gens amenés à Minos pour être livrés au Minotaure, il se fait aimer de la fille du roi, Ariane, et c'est Dédale qui fournit à la jeune princesse le fameux peloton de fil qui permet au héros athénien de se retrouver dans les détours inextricables du Labyrinthe. Après la mort du Minotaure et la fuite des deux amants, Minos, instruit du rôle de Dédale, le fait enfermer avec son fils Icare dans le Labyrinthe, d'où l'ingénieux artifice de Dédale les fait évader par la voie des airs 24. Nous trouvons encore des légendes différentes sur le lieu de refuge de Dédale après la fin malheureuse d'Icare. D'après une tradition recueillie par Sophocle dans sa pièce des Ka efatot, qui faisait suite à son àxfôa),os, il trouve asile auprès du roi Kokalos, à Camicos, en Sicile 25. Minos l'y poursuit avec ses vaisseaux et réclame le fugitif à Kokalos qui refuse de le livrer par reconnaissance pour les chefsd'oeuvre dont il enrichissait la Sicile ; n'osant pas résister par la force au roi de Crète, il l'invite à un banquet et le fait périr en le plongeant dans un bain d'eau bouillante; les filles mêmes de Kokalos prêtèrent les mains à ce meurtre, dans leur désir de sauver Dédale26. D'après une autre version, c'est à Athènes que Dédale était retourné. Minos, parti à sa poursuite, fut assailli par une tempête sur les côtes de Sicile, où il périt. Son fils Deucalion somma les Athéniens de lui livrer le fugitif; Thésée s'y refusa, invoquant sa parenté avec Dédale, son cousin, de la famille des Erecthéides ; puis il fit construire secrètement une flotte, partit avec Dédale et ses compagnons de fuite pour guides, se saisit de la ville de Cnossos sans résistance, livra bataille à Deucalion aux portes mêmes du Labyrinthe, le tua et fit proclamer Ariane souveraine du royaume 27. Diodore mentionne un récit des prêtres égyptiens sur un prétendu séjour de Dédale en Égypte28; ce n'est sans doute qu'une fiction qui résulte des efforts tardifs faits par les Grecs pour rattacher l'origine de leur religion et de leur art aux traditions égyptiennes29. Enfin l'Italie, à son tour, réclame l'honneur de lui avoir donné l'hospitalité : Virgile nous le montre arrivant directement I/ \ // / DAE 6 DAE de Crète à Cumes et consacrant dans le sanctuaire d'Apollon les ailes qui avaient servi à sa fuite". On voit que l'amour-propre national a dû contribuer beaucoup à la formation des différentes, légendes qui concernent ce personnage. Il est probable que la tradition qui, négligeant l'histoire de Pasiphaé et du taureau, explique la colère de Minos contre Dédale par les services rendus au héros Thésée est de création attique. Plus que les autres, les Attiques se sont montrés habiles à rattacher à leur histoire les noms ou les événements célebres : ils ont créé la légende d'Aethra retrouvée par Démophon et Akamas pour montrer les Athéniens au siège de Troie ; ils ont substitué au nom d'Hercule celui de Thésée pour tous les exploits accomplis en Grèce. Ils usent du même procédé avec la légende de Dédale en le montrant en union et en parenté iniilne avec le grand héros de l'Attique. Nous ne connaissons jusqu'à présent qu'un monument qui montre la fuite de Dédale liée aux aventures de Thésée en Crète, et M. Rayet a fort bien montré que c'est probablement un monument attique. C'est un skyphos à figures noires, de style très ancien, peut-être du vile siècle, qui porte d'un côté la représentation du Minotaure tué par Thésée en présence d'Ariane tenant le peloton de 6l31 et des jeunes Athé niens et Athéniennes livrés au monstre ; de l'autre côté, on voit Dédale ailé qui vole dans une position horizontale (fig. 2279) ; le cavalier armé qui galopeen avant représenterait Minos lancé àlapoursuite du fugitif, ou plutût le géant Talas [TALUS], serviteur du roi de Crète et gardien de l'île, célèbre par la rapidité de sa course que le peintre a symbolisée ici au moyen du cheval33. Les autres monuments, trouvés en Italie, se rapportent au contraire à la tradition purement crétoise et à l'histoire du taureau de Pasiphaé. Sur des reliefs de marbre nous voyons Dédale offrant à la reine la vache de bois qu'il vient de terminer (fig. 2277) 33. Trois peintures de Pompéi représentent le même sujet : la vache est montée sur une planche à roulettes ; on voit Dédale ouvrir une petite porte pratiquée dans le flanc de l'animal n. Sur une quatrième peinture , Pasiphaé et Dédale se montrent le taureau blanc dans un site rocheux 35. Une série d'urnes funéraires étrusques représente le drame du palais crétois, la colère de Minos éclatant à la vue du Minotaure et de la vache de bois, la terreur de Pasiphaé, la punition de son complice Dédale enchaîné par ordre du roi et prêt à être immolé sur-le-champ, les supplications d'Ariane qui demande la grâce des coupables (fig. 2280) 36. M. I ôrte a fort heureusement rapproché ces monuments des fragments d'une pièce perdue d'Euripide, dont ils son tune sorte de commentaire illustré". La fabrication des ailes par Dédale dans sa prison est reproduite sur plusieurs monuments, entre autres sur un bas-relief de la villa Albani" (fig. 2278), un camée d'onyx3° et un vase peint du musée de Naples 40 (fig. 2281), où l'on voit la déesse Athéné assister l'habile artiste,cornme déesse protectrice de son industrie merveilleuse ". La fuite de Crète a fait le sujet de trois peintures pompéiennes; elles représentent l'infortuné Icare en train de tomber ou déjà étendu sans vie sur le rivage de la mer et recueilli par une ouplusieurs nymphes"d (fig. 2282), tandis que Dédale plane librement dans les airs i3. Un vase DAE -7DAE de Lucanie offre la représentation d'un homme nu et barbu, avec de longues ailes, prêt à. s'envoler, auprès -X tes" duquel on lit l'inscription DAIAAAOE 1KAPOE, et un relief de lampe en terre cuite, de travail médiocre, montre un personnage ailé (Dédale ou Icare) s'élevant dans les airs, tandis qu'un homme barbu (Minos) le regarde s'enfuir et fait un geste de surprise; en dessous, dans la mer, un pêcheur clans sa barque est en train de prendre un poisson" (fig. 2283) : c'est exactement la scène que décrit Ovide45. Dans ce qui précède nous avons laissé de côté les tra ditions antiques qui ont trait à la vie artistique de Dédale, à son génie et à ses oeuvres : c'est là que nous chercherons à dégager, s'il est possible, la réalité historique du personnage. Il està la fois architecte et sculpteur. I1 construit le Labyrinthe dont le revers des monnaies anciennes de Cnossos donnent une sorte de plan (11g. 22841•)00: la Ifolylnbethra, canal qui faisait écouler le fleuve Alabon dans la mer, en Sicile; des bains à Séli nonte; les fondations du temple d'Aphrodite sur le mont Éryx ; celui d'Apollon à Cumes ; il fortifie la ville d'Agrigente. Il invente lui-même les outils et les procédés dont il a besoin pour son art : la scie, la hachette, le fil à plomb, la vrille, la colle de poisson''. On remarquera que tous ces instruune monnaie de Cnossos. ments se rapportent au travail du bois, et non pas de la pierre ni du marbre. Le bois est, en effet, mentionné plus souvent comme la matière employée par Dédale pour ses statues `'8. La pierre 49, l'or 50, l'argent et le bronze 51 sont quelquefois nommés; pour les métaux précieux, il s'agit sans doute d'un simple revêtement, appliqué sur le bois, méthode dont l'usage a été extrêmement répandu [CAELATUBA, p. 78G et suiv.]. Ces renseignements correspondent à ce que nous savons sur les commencements de la sculpture en Grèce [scULPTUBA] et sur l'emploi fréquent du bois pour les premières idoles, peut-être même préféré à la pierre à l'origine comme étant plus facile à tailler et à façonner 59. Un autre caractère des ouvres de Dédale, qui est en même temps celui de toute la période archaïque, c'est qu'il ne fait guère que des statues de divinités. Hygin dit : Daedalus, Eupalami llilius, deorum simulacra primus fecit Sa ». On signale, en effet, de lui une statue d'Hercule à Thèbes et à Pise, de Trophonios à Lébadée, d'Artémis Britomartis à Olous, d'Athéné à Cnossos, d'Aphrodite à Délos, d'Hercule à Corinthe et en Messénie, d'Artémis en Carie54. On remarquera que les représentations d'Hercule sont plus fréquentes que les autres : la place qu'occupe le mythe du héros en Crète et ses rapports avec Minos lui-même" expliquent cette préférence. Nous ne devons pas oublier cependant que Dédale n'avait pas entièrement dédaigné les représentations des mortels a6; d'après une tradition recueillie par Virgile, il aurait voulu retracer l'histoire de la chute de son fils dans un relief doré; mais la douleur du souvenir lui en ôta le courage57 Il y avait peut-être des représentations empruntées à la vie ordinaire sur un bas-relief de Dédale qui ornait un 1 DAE -8DAE autel consacré à Poseidon; on y voyait des évSptxv-rtç, des lions et des sangliers 58 : remarquons que la présence des animaux rappelle le système de décoration adopté aussi par les peintres de vases de l'époque archaïque. Était-ce aussi une représentation empruntée à la vie réelle que le fameux yopôç, que Dédale fit à Cnossos pour Ariane59? On pourrait le croire, puisque Homère en parle et dit expressément que le choeur de jeunes gens et de jeunes filles ciselé sur le bouclier d'Achille était tout semblable à celui de Dédale 60. Mais on conteste, d'après les expressions mêmes du poète, qu'il s'agisse ici d'une oeuvre d'art (o év et l'on se demande s'il ne parle pas simplement d'un choeur de danse, inauguré par Dédale pour célébrer la victoire de Thésée sur le Minotaure, ou même d'un simple emplacement, d'une orchestra pour danser61? En dernier lieu, nous rappellerons une oeuvre consacrée àAthènes, dans le temple de Minerve Poliade, qui prouve que l'artiste ne dédaignait pas les travaux plus humbles que la sculpture : c'était un simple siège sans dossier et pliant (Slppoç ilx),aM(aç)62; mais il est possible qu'il ait été décoré de reliefs ciselés. Nous avons de nombreux renseignements, mais qui semblent contradictoires, sur le style et sur l'aspect général que présentaient les oeuvres attribuées à Dédale. Plusieurs textes anciens 63 leur donnent le nom de doeva, terme qui s'applique en particulier aux statues primitives, formées d'un bloc de pierre ou d'un simple tronc d'arbre dégrossis, surmontées d'une tête humaine et pourvues de bras collés contre le corps [x0ANON] 64 C'est le caractère que devaient offrir les statues de Dédale, étant donnée la haute antiquité où la légende le place et, en effet, Pausanias décrit son Aphrodite Détienne comme un petit ,çdavov dont le bas se terminait en gaine tétragonale, c'est-à-dire sans pieds, mais dont les mains étaient visibles 65 ; le çéavov d'Hercule, à Corinthe, était nu 66 : ce sont les seuls détails que mous ayons sur l'aspect des statues qu'on lui attribue. Par contre, les auteurs anciens insistent à l'envi sur l'admiration générale que ses oeuvres avaient excitée : elles paraissaient si vivantes qu'il semblait qu'on les vît parler, regarder, se mouvoir et courir u : la légende, renchérissant sur ces éloges, affirmait qu'on avait dû les enchaîner pour les empêcher de se sauver 66. L'histoire de la statue d'Hercule n'est pas moins instructive pour l'histoire de ces merveilleux débuts. La légende raconte que cette image ressemblait si bien à Hercule et paraissait si vivante qu'une nuit Hercule, se trouvant en sa présence et croyant avoir affaire à un adversaire digne de lui, lui lança une pierre89. Si Dédale avait produit un si merveilleux effet, c'est que le premier de tous, il avait séparé les deux jambes et placé l'une d'elles en avant, dans l'attitude de la marche (iv i7CnyEÎ,4 To5 3nSi stv), écarté les bras du corps et donné un regard aux statues 7". Qui ne voit que ces louanges hyperboliques et ces progrès merveilleux, réalisés par Dédale, sont en contradiction singulière avec les précédentes descriptions et tout ce que nous pouvons supposer d'une plastique primitive, à l'époque de Minos et de Thésée! Nous possédons des statues archaïques qui datent tout au plus du vue et du vie siècle av. J.-C., c'est-à-dire d'une époque plus récente que le Dédale légendaire de six ou sept siècles, et qui pourtant reproduisent encore la forme du éavov avec le corps en gaine, les pieds réunis, les bras collés au corps''. 11 ne faut donc pas nous laisser abuser par les témoignages des auteurs : il faut conclure, comme l'ont fait MM. Brunn et Homolle 72, que l'imagination populaire avait réuni sur le nom d'un seul artiste ce qui appartenait à un grand nombre et que cette série de progrès ne représente pas une vie d'homme, mais plusieurs siècles. De la même manière s'expliquent les nombreux voyages de Dédale en Crète, en Sardaigne, en Sicile, en Italie, en Attique, en Béotie, dans le Péloponèse, même en Carie et en Egypte : sa personnalité historique s'est évanouie et fondue dans une sorte d'épopée qui en fait, suivant l'heureuse expression de M. Brunn 7°, une sorte d'Ulysse artistique, mêlé à une foule d'aventures tragiques, ballotté de rivages en rivages par sa destinée, inventif et rusé comme lui. La légende attique en fait uniquement un sculpteur; la légende sicilienne ne cite de lui que des oeuvres architecturales. Il y a eu évidemment, comme l'a montré M. Kuhnert, combinaison des légendes nées sur différents points et se rapportant à des personnages différents : les Attiques, en accaparant à leur profit le glorieux nom de Dédale, ont concentré le tout sur son nom. L'écart de vérité que se sont permis les anciens en faisant rentrer Dédale dans le cycle des artistes historiques est rendu plus sensible encore par les noms des disciples qu'ils rattachent à son école. Pausanias rapporte une tradition qui faisait des sculpteurs Dipoinos et Skyllis des élèves ou même des fils de Dédale et d'une femme de Gortyne74. Or, nous avons quelques dates précises pour l'histoire de ces artistes, qui vivaient dans la première moitié du vle siècle'', tandis que le protégé de Minos devrait être placé à une époque antérieure à la guerre de Troie. Si l'on peut croire à un Dédale historique, il serait originaire de Crète et aurait vécu au vile siècle ; à cause de son habileté on lui aurait prété les aventures du héros mythologique, antérieur à Homère. Smilis, dont on fait un contemporain de Dédale 76, ne peut pas avoir vécu avant la 50' olympiade (580 av. J.-C.). Il en est de même pour Endoios d'Athènes et Cléarchos de Rhegion, élèves de Dédale, dont le premier même l'aurait accompagné dans son exil en Crète". Nous trouvons encore le nom d'Onatas op DAL -9DAE posé à l'école des sculpteurs oi «nô 6aslé?ou 79, ce qui montre la persistance d'une certaine école de Dédale jusqu'au ve siècle 73. En somme, il reste peu de chose pour conserver à Dédale quelque réalité historique. Son nom même est un symbole : il personnifie le travail et l'industrie ingénieuse (racine a),, Sa(-SuA-o„ Sa(SaAAs,, fabriquer, Sa(SaAua) 80 ; le nom de son père (Er ci'Àap.o;) indique l'ouvrier dont les mains sont habiles R1. Mais si cette personnalité appartient surtout à la mythologie, elle occupe pourtant une grande place dans l'histoire de l'art par les monuments qu'elle a inspirés, par l'activité artistique qu'elle révèle à une époque très reculée, par les relations qu'elle établit entre la Crète et la Grèce, par la façon dont elle résume et concentre en elle toute une série d'obscures générations d'artistes qui ont préparé la voie aux génies du ve siècle. Le tableau que décrit ou qu'imagine Philostrate exprimait la vénération et la reconnaissance de toute l'antiquité pour cette figure, en donnant à ses traits une expression d'intelligence et de sagesse surhumained2 (17cl