Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AESTIMATUM

AESTIMATUM. Parmi les charges extraordinaires qui pesaient sur les provinces romaines pendant la république, on comptait diverses réquisitions en nature, dont l'indemnité était fixée par le sénat, destinées à l'entretien de la maison et de la cohorte du préteur ou gouverneur (frumentum in cellam) 1. Mais celui-ci, quand le blé était cher, pouvait exiger la différence en argent; c'est la somme ainsi fournie qu'on appelait aeslimatum °ou frumentum aestimatum. En effet, il était de principe à Rome que les gouverneurs, qui ne recevaient point d'appointements du trésor public, fussent complétement équipés et entretenus, et ils l'étaient ordinairement aux dépens de leurs provinces. Ces fournitures paraissent avoir été déterminées par une loi Porcia 3 qu'on attribue à Porcins Cato, préteur de Sardaigne en 199 av. J.-C.; elle est mentionnée dans le plebiscitum de thermensibus4; mais, faute de garanties suffisantes en faveur des opprimés, elle ne fut point observée. L'appréciation de l'aestituatum se faisait de la manière la plus arbitraire. Aussi, voit-on que le sénat, en 173 av. J. -C., après la poursuite intentée contre M. Titinius, P. Furius Philus et M. Matienus par les Espagnols, décida que le magistrat romain n'aurait plus l'aestintatio frumenti, ni le droit de forcer les provinces à lui vendre leurs vingtièmes au prix fixé par lui, et d'envoyer des préfets dans leurs villes pour y lever de l'argent Mais le procès de Verrès nous montre l'excès des abus qui se perpétuèrent 8. La loi Julia de repetundis ou de provinciis [REPETUNDAE] 7 réglementa sévèrement cette matière en 59 av. J.-C. Sous l'empire, ces abus tendirent à se restreindre sous la surveillance impériale. Il y eut encore des réquisitions ou impôts en nature payés par les provinces, et nommés parfois cestimatum, mais on les désigne plus spécialement par l'expression ANNONA. Nous renvoyons à cet article et à l'article ADAERATIO. G. HUMBERT.