Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AETNAEA

AETNAEA, Aêrvata. Fête célébrée à Aetna, en Sicile, en l'honneur de Jupiter, adoré dans cette ville sous le nom lienne. 1. Les Étoliens habitaient une contrée montagneuse située au nord-ouest du golfe de Corinthe, au sud de l'Épire et de la Thessalie, parmi les dernières ramifications du Pinde et de l'Oeta, séparée de l'Acarnanie à l'occident par le fleuve Achéloüs, et arrosée par le fleuve Evenus. Ce pays ne présentait guère qu'une superficie de 3,000 kilomètres carrés; il était occupé par un peuple à demi barbare, dont Thucydide ne comprenait pas la langue 1, et habitué à vivre de pillage ou de piraterie; en un mot les Étoliens, comme leurs voisins les Locriens Ozoles à l'orient et les Acarnaniens à l'occident, avaient conservé les moeurs des temps héroïques. Aussi n'eurent-ils guère de relations avec la Grèce proprement dite pendant la plus belle période de son histoire. Ils durent seulement repousser vigoureusement les attaques des Athéniens pendant la guerre du Péloponèse. Ce fut peut-être là l'origine première de la ligue dont l'organisation ne se manifeste que beaucoup plus tard comme une institution régulière et permanente. On la voit apparaître au siècle de Philippe, où les Éloliens prirent part à la guerre de Thèbes contre Alexandre 2. Ce dernier, après sa victoire, les organisa par clans (aax« EOvr;); mais ils conservèrent leur indépendance de fait. Ils prirent une part active à la guerre Lamiaque contre Antipater '. Malgré les obstacles que leur suscita l'ancienne rivalité de leurs voisins les Acarnaniens, et des luttes constantes contre la Macédoine et contre la ligue achéenne [ACnAïcUP4 FoEDUS], les Étoliens étendirent leur influence bien au delà de leurs anciennes limites, surtout après le départ des Gaulois, attribué à leur victoire aux Thermopyles; ils avaient fourni 10,000 hommes alors qu'Athènes n'avait pu en amener que 7,000 4. La période qui suivit pendant près d'un siècle, la plus brillante pour la confédération étolienne, est celle à laquelle il faut s'attacher pour étudier son organisation. La ligue était constituée démocratiquement. Elle avait une assemblée générale, nommée HavatTtatxôv, qui se tenait annuellement à Thermum, à l'équinoxe d'automne, dans le temple d'Apollon Elle pouvait aussi se réunir extraordinairement dans d'autres villes, comme à Naupacte, à Lamia, à Hypaté, et même peut-être aux Thermopyles. Il est probable qu'on n'admettait à cette réua nion que les hommes d'un âge mûr. On y choisissait les autorités de la confédération : un stratége qui pouvait être plusieurs fois élu °, un hipparque et un secrétaire (ypapuxxevç) 7. Le premier avait la puissance exécutive et le commandement de l'armée, outre la présidence de l'assemblée ; le second était sans doute le chef de la cavalerie. Quant au ypatr.uaTeéç, il jouait un rôle important, comme dans tous les nouveaux états helléniques': il était chargé de l'expédition des affaires extérieures de la confédération et de la rédaction des décisions. Des synedroi paraissent avoir rempli les fonctions judiciaires'. En outre, à côté de l'assemblée générale, existait un conseil permanent, que TiteLive appelle sanctius consilium... ex delectis viris 10, et formé de députés de l'assemblée (adx)`v Tot), plus nombreux que les démiurges des Achéens; on les nomme aussi parfois archontes Ils étaient chargés de veiller à l'exécution des décisions de l'assemblée générale, qui les choisissait sans doute parmi les principes 19 Cette assemblée générale décidait les questions de paix, de guerre et d'alliance, et traitait avec les puissances étrangères. Les troupes étoliennes étaient braves, mais féroces et pillardes; la cavalerie surtout était excellente". La confédération paraît avoir laissé une grande liberté d'action aux différents peuples, souvent assez éloignés, qni la composaient. Mais on manque de renseignements sur la condition relative des membres de la ligue, et sur celle des simples alliés ou des états protégés, comme Cysimachie sur l'Hellespont, Cios, etc. On sait seulement que chaque cité confédérée conservait ses magistrats municipaux et avait des magistrats particuliers appelés polémarques 1''. Les confédérations même agrégées à la ligue continuaient à nommer des chefs, comme par exemple la Locride, un agonothète ". On attribue une nouvelle organisation de la ligue aux deux chefs Dorimachus et Scopas, en 217 av. J.-C.", du temps de Philippe V, roi de Macédoine. On avait vu ces deux chefs commencer contre les Messéniens, alliés des Achéens, sans attendre l'assemblée ni consulter les magistrats, une lutte qui devint la guerre des deux ligues 19. Leurs réformes prétendues ne semblent avoir été que le résultat de l'altération profonde amenée dans l'organisation de l'État par ses efforts contre le roi de Macédoine, qui pénétra deux fois au coeur du pays. Pour réparer leurs pertes, les Étoliens furent contraints de solliciter, en d l 1, l'intervention dangereuse des Romains ". Ils con AET 128 AFR tribuèrent puissamment à la victoire de leurs alliés à Cynocéphales, en 197 ; mais ils crurent avoir assuré leur domination dans la Grèce et pouvoir se tourner contre les Romains en unissant leur cause à celle d'Antiochus, roi de Syrie : ils furent, contraints de reconnaître la souveraineté de Rome (189 av. J,-C.) 19. Leurs discordes donnèrent bientôt de nouveaux prétextes à l'intervention de commissaires envoyés par le sénat 20. L'autonomie de la ligue n'existait plus. Peu de temps après la guerre contre Persée, les Romains emmenèrent en otages les personnages les plus considérables de l'Étolie 21, notamment les sénateurs des villes, avec leurs femmes et leurs enfants; en outre, suivant Tite-Live ", 550 des principes ou âir6xariTO, auraient été tous massacrés par les soldats romains mis par Bébius au service des Étoliens partisans de Rome. Ces derniers formèrent une oligarchie qui domina désormais en Étolie comme dans toute la Grèce, sous la haute protection du vainqueur. Enfin, lorsque Auguste, après sa victoire d'Actium, fonda sur le promontoire de ce nom la ville de Nicopolis, il la peupla d'une partie de la nation n étolienne ; cependant il subsista, sous la tutelle de Rome, une sorte de confédération : Amphissa en Locride en faisait encore partie au temps de Pausaniasn. G. HUMBERT. II. Deux monnaies de la confédération étolienne sont ici reproduites d'après des exemplaires du Musée britannique'5. On voit à la face de la plus grande (fig. 167) la tête d'Hercule, qui est souvent remplacée sur les monnaies de la ligue par la tête de Pallas 26, et au revers un personnage coiffé du pétase, vêtu d'une tunique, tenant une épée et une haste, et assis sur des boucliers. Dans le champ est figuré le trépied de Delphes. C'est sans doute une personnification de l'Étolie, et peut-être une imitation de la statue que la ligue avait fait ériger à Delphes après sa victoire sur les Gaulois L'autre monnaie (fig. 168), qui est d'argent, offre à la face une tête qui doit être considérée comme un type fidèle de la race étolienne. Le pétase qu'elle porte était une coif fure généralement en usage parmi les peuples du nord de la Grèce. On a vu quelquefois dans ce type la représentation de Méléagre, de même que le sanglier figuré au revers rappelle l'expédition fameuse de Calydon, qui réunit, à l'époque mythologique, la fleur des héros de la Grèce