Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ECHEION

ECHEION ('Hysiov). Ce mot, que l'on traduit communément par « cymbale », ne paraît pas être cependant un synonyme de cymbalum et xû(v,exyov. Étymologiquement on peut entendre par r',yaiov tout ce qui est sonore, tout ce qui rend un bruit (,'yoç) ; mais si l'on examine les textes oà le mot se rencontre, on voit qu'il n'est question nulle part de disques concaves réunis par paire, comme sont les cymbales [CYMBALUM], et que l'on frappe l'un sur l'autre, mais d'instruments simples, ayant un creux destiné à répercuter le son : par exemple la caisse tendue de peau d'une timbale' ou la table d'harmonie d'une lyre'. On ne peut dire précisément quelle était la forme de l'instrument du même nom dont on se servait dans les représentations du drame sacré des Éleusinies et au retour de la procession des mystes à NIA]. Il est probable que par sa forme il ressemblait à la timbale et à la cymbale, ou plutôt à ces timbres ou vases hémisphériques que l'on voit figurés dans des monumentsde la fin de l'a.ntiquité, q uelq uefoisdisposés en série harmonique, et que l'on faisait réson 'une baguette et-d'un mar III. On appelait aussi s c)oo ou oOTEiOV des vases remplis de pierres, au moyen desquels on imitait, au théâtre, le bruit du tonnerre, en les agitant derrière ou sous la scène ". Vitruve° recommande de placer dans les théâtres des vases d'airain (ou au besoin d'argile), qu'il appelle de leur nom grec i1/E. a, destinés à donner aux sons venant de la scène, en les répercutant, plus d'ampleur, de douceur et d'éclat. 11 n'indique pas la forme des vases, qui devaient avoir quelque ressemblance avec ceux dont il vient d'être parlé. Ce qu'on peut comprendre d'après son explication', c'est que ces vases, accordés entre eux à la quarte. à la quinte, à l'octave. étaient disposés en série graduée, à des distances mathématiquement calculées, de manière à vibrer sous l'influence des sons auxquels ils correspondaient. Ils devaient être placés dans des niches (cellae) pratiquées sous les gradins des auditeurs, sur un seul rang si le théâtre était petit, sur trois s'il était d'assez vastes dimensions, et suspendus au moyen de supports terminés en pointe, sans contact avec la muraille, et leur ouverture tournée vers la scène. L'efficacité de ce procédé acoustique et même la possibilité d'y recourir a été tour à tour admise ou contestée 8. Vitruve dit qu'une disposition pareille à celle qu'il décrit ne se rencontrait pas de son temps dans les théâtres de Rome, mais qu'on en pouvait montrer des exemples en Grèce et en Italie. On a cru, en effet, reconnaître des restes de niches disposées d'une manière plus ou moins conforme aux prescriptions de Vitruve parmi les ruines de plusieurs théâtres grecs' et des ohservations semblables faites dans des édifices construits au moyen âge tendraient h prouver que la tradition antique ne s'était pas perdue 10. E. SAGLIO.