Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ÉLEUTHERIA

ÉLEUTHIRIA ('EXEUBipia). Nom commun k plusieurs fêtes commémoratives, célébrées par diverses villes de la Grèce et aussi par de simples particuliers, sous des prétextes différents qui répondaient tous k une idée d'affranchissement'. La plus célèbre de ces fêtes fut celle qu'Aristide institua, d'après un oracle de la Pythie, dans l'assemblée générale de tous les Grecs, au lendemain des guerres médiques 2. Le lieu choisi fut l'agora de Platées; on y éleva un autel à Zeus Eleuthérios, ou libérateur: le sacrifice solennel n'y devait avoir lieu qu'après extinction de tous les foyers publics et privés et renouvellement du feu au foyer commun de Delphes. Ce sacrifice tombait au seizième jour de maimactérion ; les Platéens étaient chargés d'y pourvoir, mais la Grèce entière y envoyait des députations de magistrats et de citoyens. Une procession solennelle précédait le sacrifice qui était suivi de libations aux morts de la journée de Platées, puis du lavage et de l'onction de leurs tombes par la main de l'archonte. On célébrait ensuite des jeux gymniques, qui, au temps de Pausanias, avaient lieu tous les cinq ans. Dans la pensée des organisateurs, cette fête devait être celle de tous les Grecs sans distinction et rappeler les heureux efforts d'union qui avaient assuré l'indépendance nationale. Mais, comme elle était issue de circonstances spéciales et transitoires, elle ne jeta point de racines dans la foi populaire 3. Platées était situé en un point où les intérêts rivaux d'Athènes et de Thèbes ne devaient pas tarder à se heurter; c'est pourquoi la fête devint assez vite purement locale, comme les ÉROTIDIA que Thespies, non loin de là, célébrait avec un appareil analogue 6. Syracuse institua de même des Éleuthéria, après la chute du tyran Thrasybule ; le nom de Zeus Éleuthérios figure sur des monnaies de cette ville A Samos, il y avait des Éleuthéria en l'honneur d'Éros, considéré comme le dieu qui préside à l'union des cœurs devant l'ennemi et qui inspire les résolutions généreuses. Après la mort de Polycrate, un confident, que le tyran avait institué son héritier, voua k Zeus Eleuthérios un autel avec une enceinte sacrée, offrant aux Samiens la liberté si, avec le sacerdoce de ce culte, ils voulaient bien lui assurer une forte somme ; Hérodote vit encore cet autel dans un des faubourgs de la ville 6. Les Éleuthéria rappelant cet événement ne doivent pas être confondus avec la fête du même nom en l'honneur d'Éros. D'autres villes helléniques avaient établi des fêtes de ce genre, lorsqu'elles obtenaient l'exemption de quelque tribut onéreux °. De la même pensée procédaient les Éleuthéria privés, que l'on fêtait quand on passait de la servitude k la liberté, puis au jour anniversaire de cet événement". En Grèce, le vocable de Zeus Éleuthérios et le culte qu'il suppose sont antérieurs aux fêtes connues de ce nom. Pindare invoque ce dieu comme le père de la Tûx7) .Us8tpa 11 ; Simonide l'avait salué dans un poème sur la mort de Mardoniusf2. C'est à Zeus Éleuthérios que fut voué le bouclier du jeune Cydias, tombé dans la lutte contre les Celtes de Brennus '3. ELE -582 -ELO On trouve le nom d'Éleuthéria employé par les auteurs grecs qui ont écrit sur les choses romaines, pour traduire soit le nom de la liberté personnifiée [LIBERTAS], soit celui des fêtes appelées LIBERALIA. J.-A. HILD.