Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article FEBRIS

FEBRIS. Divinité qui fut à Rome, du temps de Cicéron, la personnification de la fièvre, mais qui put être, à l'origine, celle de la saison brûlante'. Il n'y a pas de mentions plus anciennes de son culte que celles qui se rencontrent chez l'orateur; il cite, comme lui ayant été consacré, un fanum sur le Palatin avec un autel antique : ara velus 2. D'après la tradition hellénique, la Fièvre fut envoyée sur la terre, avec toutes les maladies personnifiées, en punition de l'audace de Prométhée 3. La raison de son culte, il la faut chercher dans cette remarque d'un médecin-philosophe de l'anti FEB -1030 FEC quité', qui affirme, à la suite de Pythagore, que les divers états de notre individu relèvent de divinités spéciales, et que nous cherchons à y remédier par les contraires qui en triomphent ou par les identiques qui les apaisent. On ne peut cependant citer chez les Grecs aucun culte analogue à celui de Febris chez les Romains. Ceux-ci ont mis cette divinité en rapport avec Saturne, en faisant des personnifications de la fièvre quarte les filles de ce dieu'. Pline, qui mentionne, lui aussi, le fanum de Febris sur le Palatin, s'indigne avec Cicéron que la superstition ravale la divinité en la mêlant aux maladies et aux pestilences, dans l'espoir d'en conjurer les atteintes 3. Valère Maxime est le seul des auteurs anciens qui parle de trois sanctuaires dédiés à Febris dans Rome, l'un sur le Palatin dont il est question ailleurs, l'autre sur l'emplacement des lllonumenta Mar'iana, c'est-à-dire, suivant toute ressemblance, sur l'Esquilin 5, et le troisièrne à l'extrémité supérieure du Vicus Longus, sur le Quirinal, où il y avait aussi un temple de sALUS 6. Il est probable que le sanctuaire sur l'Esquilin fut dédié à l'occasion des assainissements qui y furent menés à bonne fin par Auguste et Mécène et auxquels Horace fait allusion. Cette colline possédait en outre une chapelle en l'honneur de Me/itis, un locus de Libitina et un autel de Hala Fortuna, monuments dont l'existence s'explique naturellement par l'insalubrité séculaire de ce quartier'. Tous ces sanctuaires se trouvent sur des hauteurs, audessus de marais que les progrès de la civilisation firent dessécher'. En a-t-il existé un autre au Vatican dans l'antiquité païenne? On le pourrait induire d'un culte de la llladonna delle febbri, honorée dans cette région durant le moyen âge10. Nous savons par Valère Maxime que les malades guéris vouaient dans ces temples les formules des remèdes qui leur avaient rendu la santé; ces remedia adnexa ne sont autre chose que les 7rEl(27era des Grecs, amulettes d'un caractère à la fois médical et religieux dont le rôle est connu" [AMULETUM]. Les apologistes de la religion chrétienne ont maintes fois plaisanté le culte de Febris" ; on a vu cependant que, sous une forme à peine différente, il a survécu au paganisme. Rome avait d'ailleurs, pour l'accueillir, des raisons toutes particulières auxquelles les écrivains classiques font de fréquentes allusionsf3 et que résume, au me siècle, Pierre Damien dans un vers célèbre : Ilomanae febres stabili sunt jure fideles. Les inscriptions ne prouvent guère que le culte de Febris ait été beaucoup pratiqué; celle que l'on cryphe"; il n'y a de sûr, dans cet ordre d'idées, qu'une inscription votive à la Dea Tertiana, personnification de la fièvre tierce i5. J.-A. HILa.