Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article GABATA

GABATA. Plat creux ou écuelle, dont la forme paraît être à peu près celle du CATINUM et du TRYBLION 1. On le trouve nommé parmi ceux qui servaient à la table 2. Dans les textes de la fin de l'antiquité le mot est quelquefois appliqué au plateau d'une lampe en métal précieux, telle qu'on en suspendait dans les églises 3. E. S. GAESUM1 (Paiaov ou yetrîç). Ce mot, d'origine celtique', et qui fut emprunté aux Gaulois par les Germains3, désigne les javelots des peuples celtiques', en particulier de ceux qui habitaient la région des Alpes'. Chaque guerrier en portait deux, ce qui indique que leur poids ne devait ,,pas être très considérable °. Le gaesum était l'arme celtique par excellence, comme le PILur était celle des Romains et la SARISSA celle des Macédoniens7. Il était tout en fer 8; du moins les textes ne font-ils pas mention d'une hampe en bois à laquelle il aurait été fixé'. Athénée dit que les Romains empruntèrent le gaesum aux Ibères 10. Ce témoignage, qui paraît se rapporter au pilum, s'explique peut-être par une erreur de l'écrivain grec, qui aura confondu les Ibères avec les Gaulois"; mais on peut faire observer que, d'après Diodoreles Lusitaniens possédaient des javelots qui devaient être analogues au pilum romain. Il semble, du reste, qu'une arme de fer, assez voisine du gaesum celtique, ait été commune aux peuples de l'Europe à une époque fort ancienne"; dans l'Italie Centrale, cette arme existait avant la domination romaine sous les noms de FALARICA et de VERU 1". Tite Live nous montre plus tard le gaesum dans les mains des Campaniens73 et attribue aux Étrusques la coutume de porter deux gaesa Les Romains empruntèrent le mot gaesum à la langue gauloise, mais cet emprunt ne peut guère être antérieur au ive siècle avant J.-C., puisque le mot échappa à la loi du rhotacisme 17. Rien ne prouve, comme on l'a dit 18, qu'ils aient également adopté l'arme désignée ainsi. Dans le premier passage de Tite-Live que l'on allègue à cet effet, gaesum est simplement synonyme de javelot19; dans le second, il s'agit de Romains envoyés en éclaireurs qui essayent de se faire passer pour des Étrusques20. Il est d'ailleurs certain que, dans l'usage courant, on en vint à dire gaesum pour llasta : ainsi Polybe, dans son exposé de l'organisation militaire des Romains, nous apprend que l'on donne un gaesum comme récompense au 'soldat qui a tué un ennemi21. Properce décrit le chef belge Viridomar, qui prétendait descendre du dieu Rhin, lançant des gaesa de son chariot couvert (222 av. J.-C.) 22. Les Galates d'Asie Mineure étaient peut-être aussi armés de gaesa 23. Le gaesum servait encore aux Gaulois de la région des Alpes àl'époque de la conquête de César; en 56 av. J.-C., la division de Galba fut attaquée, dans son campement d'Octodurus, parles tribus alpines des Veragri et des Seduni, qui lancèrent sur elle des pierres et des gaesa34. Des faisceaux de javelots, liés ensemble, figurent parmi les trophées de l'arc d'Orange, mais, dans l'état actuel de nos connaissances, il est impossible de distinguer, parmi les armes en fer des musées, les gaesa des javelots ordinaires. D'après un lexicographe, le mot gaisos aurait aussi désigné l'éperon de fer des trirèmes ; mais ce témoi gnage isolé paraît suspect 2'. SALOMON REINACU. GALATAItCIIA (I'a)a-rxpzilç). Le Galatarque était, dans la province romaine de Galatie, ce que l'ASIARCUA était dans la province d'Asie'. Une inscription d'Ancyre où sont mentionnées séparément, pour un même personnage, la grande prêtrise de la Galatie et la Galatarchie 2, confirme la distinction que nous avons établie, à propos de l'Asie, entre l'Asiarque et le grand prêtre de l'Asie3. Le Galatarque présidait aux jeux qui étaient donnés à Ancyre, auprès du temple de Rome et d'Auguste, au nom des trois peuples galates. On a la preuve que la Galatarchie était une fonction temporaire GAL 4429 GAL et non viagère ; des inscriptions d'Ancyre nous parlent en effet de personnages qui auraient rempli deux fois ces fonctions Si, comme on l'a supposé avec toute vraisemblance, c'était tous les quatre ans que revenaient les jeux dont les premières célébrations nous sont rappelées sur l'ante de gauche du temple d'Auguste, il est probable que les fonctions du Galatarque correspondaient, par leur durée, à ces périodes quinquennales2. A côté du Galatarque, il faut placer le grand prêtre de la Galatie (â.pytepaû; FŒ s'r(a; dont la charge (âpytepo révr;) paraît avoir été aussi temporaire, car on n'y trouve jamais jointe cette mention (;l i3(ou) qui accompagne au contraire le titre du Flamine d'Auguste (Ea6arsrop, .vrri;)a. Une lettre de l'empereur Julien à un certain Arsace, âpytapéa Fa1,xT a;, nous montre le grand prêtre de la Galatie investi d'un droit de surveillance et de direction morale sur les prêtres de toutes les divinités adorées en Galatie, sur tout ce qu'on pourrait appeler le clergé de la province 5. Nous avons publié, le premier, deux inscriptions nouvelles où il est question de ces grands prêtres; dans l'une sont donnés les noms des citoyens galates qui s'offrirent à concourir de leurs deniers à une restauration du temple, entreprise sous les auspices des grands prêtres 5; dans l'autre un grand prêtre est nommé, immédiatement après le gouverneur romain, parmi les éponymes qui servent à dater l'année de l'érection d'une statue à un certain empereur dont le nom a disparu 6. On peut se demander quels sont les dignitaires dont les noms sont inscrits, au génitif avec é7rl, en tête de chacune des commémorations officielles des premières célébrations des jeux, sur l'ante de gauche du temple de Rome et d'Auguste il ne peut être question d'y voir, comme l'avaient pensé les premiers éditeurs, les gouverneurs romains alors en charge ; un au moins de ces noms a un aspect tout grec et même provincial qui ne peut convenir à un grand personnage romain de cette époque (h l BaatXâ, 1. 65). D'ailleurs les noms des gouverneurs seraientindiqués plus au complet et ne seraient pas abrégés avec ce sans-façon. Enfin, comme nous avons là le tableau des sacrifices et des hommages de la province, ce qui semble devoir le plus naturellement figurer en tête des noms de ceux qui se sont distingués par leur libéralité, c'est le nom du magistrat qui est chargé par la province d'honorer le dieu que fêtent ces jeux, ou le nom de celui qui préside à cette solennité. Nous avons donc ici les noms de quatre grands prêtres de la Galatie, ou plutôt de quatre Galatarques, comme la place qu'occupe le grandprêtre 8, après le gouverneur romain, dans l'intitulé d'une consécration de statue, nous conduirait à le croire.