Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article HABENA

IIABENA. Corde ou courroie, faite le plus souvent pour tenir ou fixer un objet. 1° (iIv(«) courroie ou lacet de cuir destinés à maintenir la chaussure autour du pied [CREPIDA, soLEA]'. 2° Courroie de fronde [FUNDA]2. 3° Courroie adaptée au javelot pour en faciliter le jet 4° Jugulaire fixée aux deux côtés d'un casque et passant sous le menton [GALEA] 5° Écoute d'une voile de navire; dans ce sens le mot est tout à fait synonyme de pes 5. 60 Lanière de fouet; on s'en servait également pour exciter les chevaux et pour châtier les esclaves. Le même mot désignait aussi le fouet, avec lequel les enfants faisaient tourner la toupie, que nous appelons un sabot ' o (Ÿivi«, rvt'ov), rêne, guide aboutissant à l'extrémité du frein avec lequel on conduit un animal. En général habena, comme rv:«, dans ce sens, est employé au pluriel, parce que la main du conducteur, tenant le milieu de la courroie, la divise en deux parties égales tendues de chaque côté de l'encolure ; on distingue la rêne de gauche et la rêne de droite 3. Mais il ne faut pas oublier que les anciens n'ont connu que très tard le mors de bride ou mors à branches, si même ils l'ont jamais connu [FRENum]; ils ne faisaient usage que d'un simple filet et par conséquent le cheval monté n'était jamais, comme chez nous, pourvu à la fois de rênes du mors et de rênes du filet. Cette distinction est postérieure aux temps classiques; les monuments qui nous en restent ne nous montrent jamais de cavalier tenant en main deux sortes de rênes pour une seule bête. On pourra voir dans les articles qui concer nent les chevaux [EQUITATIO, EQUITES, EQUUS, etc.] un grand nombre de figures où sont représentées des rênes; c'est V. toujours une courroie unique, dont les deux bouts sont fixés aux anneaux de l'embouchure 9. Mais en revanche il n'était pas rare que le cavalier, outre les rênes, eût en même temps à sa disposition une longe (forum, ~urrlP, âywyeciç, ur«çwyeôç); seulement celle-ci était fixée par une seule extrémité, et non pas à l'embouchure, mais à un anneau placé soit sur la muserolle, soit sur la gourmette. Quelle était, dans l'usage, la différence que l'on faisait entre ces deux sortes d'aides, c'est ce que nous montre très clairement le passage suivant de Xénophon : « Sur le point de monter à cheval, le cavalier doit avoir prête, dans sa main gauche, la longe (pur«ywycuç), fixée à la gourmette ou à la muserolle, ayant soin de tenir cette longe assez lâche pour ne point tirer, soit qu'il s'enlève en prenant une poignée de crins près des oreilles, soit qu'il saute au moyen de la pique ; de la droite il saisira près du garrot les rênes (iv(«t) et la crinière ensemble, de sorte que le mors n'agisse en aucune façon sur la bouche; après quoi il s'enlèveraf0. » Il est possible aussi, comme le pense Courier, que dans le combat le cavalier se servît de la longe entortillée autour de son bras gaucho pour ne pas perdre toute action sur son cheval, tandis qu'il laissait flotter les rênes sur le garrot et qu'il maniait ses armes à deux mains. Xénophon recommande que le palefrenier, quand il est à pied, ne mène jamais le cheval par une seule des rênes, soit celle de droite, soit celle de gauche, car cela gâte la bouche"; évidemment Xénophon veut que l'animal, en pareil cas, soit mené par les deux rênes à la fois, ou plutôt par la longe, qui ne peut avoir aucune action sur la bouche. De même quand on exerce un cheval à sauter, il faut, s'il se refuse à franchir l'obstacle, quitter les rênes, mettre pied à terre, saisir la longe et le tirer à soi12. La figure 3689 est prise sur une ciste en bronze, découverte à Préneste, qui peut 1 HAD 2 IIAD dater du lie siècle avant notre ère ; ony voit Ajax, tenant deux chevaux en main; la longe se distingue très nettement des rênes qui flottent sur le garrot'. D'après Xénophon, les rênes qui conviennent au cavalier doivent être parfaitement égales et semblables l'une à l'autre des deux côtés de l'encolure (ïa'xc) ; il faut qu'elles soient faites d'une matière résistante, telle que le cuir (it.-r ' OEviiç), qu'elles ne puissent pas glisser dans la main ((L ôaca071pxt), parce que la sécurité du cavalier en serait compromise et qu'il serait sans cesse obligé de les égaliser avec la main droite ; enfin elles ne doivent pas être trop épaisses (i.-; 7rxzEïxt), en sorte, ajoute Xénophon, que la main gauche suffise à les contenir et puisse même y joindre la lance à l'occasion, si dans le combat on a besoin de rendre à la main droite sa liberté Les rênes des animaux montés ou attelés étaient généralement en cuir de boeuf3; mais les riches se plaisaient à les couvrir d'ornements comme les autres parties du harnais [FRENUM]; dès les temps homériques ils y appliquaient des lames d'ivoire colorées de pourpre ou bien ils les revêtaient de feuilles d'or, d'où l'épithète de zpusvtoç donnée à certaines divinités telles qu'Arès et Artémis; on disait de ces rênes elles-mêmes qu'elles étaient ,puaovo rot 5. Les Grecs appelaient rvio-zotç le sellier fabricant de rênes, et rvto7totEiov son atelier G. GEORGES LAFAYE. 1IADlIANEIA (`ASptxvecx, `Aôpcxvtx, `Aôptxvz). Jeux célébrés en l'honneur de l'empereur Hadrien. Les plus importants, ou les mieux connus, avaient lieu à Athènes', peut-être pendant le mois `AôptxvttSv 2 ; ils comprenaient plusieurs séries de concours gymniques, pour les enfants, les xyiVEtOt et les hommes3 : 7rz) r), 712yxpzTwv, o6toV, ô:xu) oç, ôôac~oç, 67r),ov, x-npuxsç, et des concours littéraires : ao:ri ta, i 'xd uov 1. Bien que ces jeux ne nous soient guère connus que par des textes éphébiques, il est difficile de croire qu'ils fussent particuliers aux éphèbes 5. Le Synode des artistes dionysiaques y prenait parts. Il ne semble pas qu'il y ait lieu de »distinguer des `AôpcxvEtx les EsGZrrnx `AaieXvtx, mentionnés par un texte épigraphique 7. On a trouvé à Athènes, une monnaie de bronze, frappée à l'occasion des Hadrianeia$ (fig.3690). Les Iladrianeia étaient encore célébrés : à Smyrne, où Hadrien était adoré comme un des dieux de l'Olympe s et où la fête recuit les dénominations de `Aôcdvecx '04.7rtx'0, et de ispôç â' v ; à Éphèse (`MptxvEta, `AôFcxvstx 'O),ûll.acx), où il y avait peut-être, à côté des fêtes annuelles, une fête quinquennale 12; à Hadrianée de Bithynie, où le culte d'Antinoüs était associé à celui d'Hadrien et où des jeux solennels furent institués en l'honneur de l'empereur et de son favori 13; à Héraclée Pontique, où les jeux étaient organisés à l'imitation des jeux actiaques 1l ; à Cyzique (`Aôptâvs;x '0)aip.7rta), où la gloire du temple d'Hadrien et l'éclat des grandes fêtes pentétériques du culte impérial attiraient la foule15; enfin à Rome, Naples et Pouzzoles". Les Iladrianeia de Pouzzoles sont surtout connus sous le nom d'Eusebeia 17; ces jeux quinquennaux avaient été fondés par Antonin le Pieux en l'honneur d'Hadrien 13. Par analogie, il est permis de penser que les Euscbeia de Naples 19, ou 'ç6'_' ..ç 7.1oc 20, étaient aussi des fêtes en l'honneur d'Hadrien. Louis Couve.