Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article HAUSTRUM

IIAUSTRUM. Auget, récipient d'une roue hydrau IIEIIE (°I167)). La déesse Bébé est, chez les Grecs, la personnification féminine de la jeunesse dans sa vigueur et dans sa fleur 2. Pindare, en parlant d'un héros qui allait arriver à l'âge d'homme, dit qu'il « cueillit le fruit de la charmante Hébé à la couronne d'or » 3 ; phrase qui montre bien l'idée abstraite de la jeunesse se transformant poétiquement en une personne. Cette personne, qui est divine et qui habite le séjour des dieux éternellement jeunes, a pour caractère essentiel la beauté : c'est Hébé « à la belle ou à la blanche cheville, aux beaux membres, la florissante Hébé, la plus belle des déesses », disent les poètes 4. Soeur d'Arès et d'Ilithyia 5, elle est la fille des deux grandes divinités de l'Olympe, Zeus et Ilèra6. Elle restera toujours intimement associée à sa mère. Dans l'Héraeon argien on voyait, à côté de la souveraine du ciel, une statue chryséléphantine d'IIébé, oeuvre de Naucydès 7. L'Hèra de Mantinée avait également auprès d'elle sa fille Hébé, sculptée par Praxitèle B. Un vase de Pétersbourg, qui représente le jugement de Pâris, nous montre les deux déesses ré unies: Hébé, debout derrière Héra, s'appuie familièrement sur l'épaule de sa mère assise «fig. 3736). Chez Homère, Hébé est une déesse subalterne, qui remplit dans le palais divin certains offices de servante. Elle verse le nectar aux dieux dans leurs coupes d'or i0, elle aide Héra à atteler son char 11 ; quand son frère Arès a été blessé, c'est elle qui le baigne et qui l'habille 12. Quelquefois, elle est plus noblement occupée, avec les Charites, les Heures, Harmonie et Aphrodite, à danser aux sons de la cithare d'Apollon et aux accents du chant des Muses n. Mais, dans l'Olympe, Hébé est avant tout l'épouse d'Hercule, à qui Zeus et Héra l'ont donnée, avec le repos de l'immortalité, comme récompense de ses longs et merveilleux travaux [HERCULES] 14 Le mariage d'llébé et d'Hercule, qui avait fourni à Épicharme la matière d'une parodie mythologique", fut chanté par les poètes, représenté par les artistes. Il était figuré sur un autel d'argent de l'Héra on, près de Mycènes 16; on en voit aujourd'hui l'image sur divers monuments. L'interprétation de quelques-uns d'entre eux, il est vrai, n'est pas absolument sûre. Un cratère 17 paraît représenter, non le mariage d'Hercule avec Hébé, mais celui du héros avec Mégara 1B. On a peut-être eu tort aussi 19 de reconnaître, sur un bas-relief mutilé de l'acropole d'Athènes, Hébé conduite vers Hercule par Nikè. Mais le célèbre putéal de Corinthe 2G ne laisse pas de place au doute: c'est bien Hébé qui, la tête tournée en arrière et pudiquement baissée, est amenée à son époux par un cortège de divinités21. Sur les miroirs, la scène est nécessairement moins développée. L'un d'eux nous montre le héros présenté à Hébé par Athéna, devant Apollon Daphnéphoros assis et Artémis debout, qui tient à la main un anneau. La jeune épouse, qui s'appuie sur l'épaule d'Athéna, n'a d'autre parure qu'un diadème et un collier 22 (fig. 3737). Elle est aussi entièrement nue sur un miroir de la nécropole d'Arezzo, où on la voit s'avancer vers Hercule, qu'elle caresse légèrement de la main droite; elle y est en outre figurée ailée 23, et ces ailes qu'elle porte encore ailleurs 21 pouvaient la faire quelquefois confondre avec d'autres déesses, telles qu'Iris, Éos et Nikè 25. Les artistes, surtout les peintres HEB -45IIEC de vases, s'étaient exercés aussi à retracer les scènes préliminaires du mariage, celle en particulier où Hébé vient, avec Hèra et Athèna, au-devant du char d'Hercule faisant son entrée triomphale dans l'Olympe 1. Ils l'avaient montrée également jouissant de la vie céleste : sur la coupe d'Oltos et d'Euxithéos 2, dans l'assemblée des dieux, Hébé est assise à côté d'Hermès : elle tient de la main gauche une fleur, et de la droite une pomme, symbole de la fécondité du mariage 3. De l'union d'Hébé avec Hercule étaient nés, disait-on plus tard', deux fils, Alexiarès et Anikètos, dont les noms rappellent la vaillance de leur père. Il n'est pas surprenant que le culte d'Hébé ait été généralement associé à celui d'Hercule, son époux divin Nous en avons des preuves pour l'Attique où, dans le sanctuaire héracléen du Cynosarge, se trouvait un autel de la déesse 6 : une inscription nous fait connaître aussi un sanctuaire des Héraclides où, avec un autel pour Alcmène, on en avait élevé un autre en l'honneur d'Hébé 7. Quant à l'association du culte d'Hercule à celui d'Hébé dans l'île de Cos, elle ne repose que sur le témoignage douteux de Cornutus 3. La déesse, en effet, comme le remarque Osann 9, a pu être confondue avec une autre épouse d'Hercule, cette fille d'Alciopos dont parle Plutarque10, et dont quelques monnaies de Cos, qui portent au droit le type d'Hercule imberbe, rappellent, au revers, le souvenir, sous les traits d'une figure de femme voilée 11 Considérée isolément, Hébé fut, dans certains cantons de la Grèce, une divinité importante, et même la divinité principale. Les pratiques de son culte, importé sans doute par mer à Sicyone, d'où il gagna, non loin de là, Phlionte, ne permettent pas d'en douter. Dans la première de ces villes, elle avait un sanctuaire où elle était honorée sous le nom de Dia (A(x)12, qui la rapproche d'Aphrodite, fille de Zeus et de Dioné 13. A Phlionte, elle portait encore un autre nom. « Sur l'acropole des Phliasiens, dit Pausanias14, est un bois de cyprès et un sanctuaire très vénéré depuis une haute antiquité. La déesse à qui appartient ce sanctuaire a été nommée Ganymèda 13 par les plus anciens Phliasiens: leurs descendants l'appellent Hébé. » CO sanctuaire si respecté était en même temps un asile, et les prisonniers ou les esclaves libérés venaient suspendre leurs chaînes, en ex-voto, aux arbres du bois sacré. La Ganymèda de Phlionte était donc une sorte de déesse libératrice 1G. On célébrait en son honneur une fête annuelle, celle des xtcco'rô(i.ot, ainsi nommée sans doute parce que, ce jour-là, on coupait le lierre destiné à renouveler la couronne de la déesse. Cet attribut, qui caractérise d'ordinaire les divinités du cycle dionysiaque, permet-il cependant de conclure, malgré le silence de Pausanias, qu'Hébé-Ganymèda était à Sicyone la compagne de Dionysos t7 ? Et, d'autre part, doit-on reconnaître Hébé dans toutes les déesses jeunes, couronnées de lierre? Une terre cuite du musée de Berlin i8, représentant une déesse ailée qui tient le prochoos et la phialè, et dont la tête paraît couronnée de feuilles de lierre, est vraisemblablement une Bébé; mais un monument analogue, provenant d'un tombeau de Mégare, pourrait être une image d'Ariane f9. Les représentations d'Hébé-Ganymèda sont donc assez difficiles à déterminer. La déesse de Phlionte avait, en outre, un caractère mystérieux. On ne lui avait érigé aucune statue, ni dans un lieu public, ni même dans un adyton : un isrô5 ),dio; donnait l'explication de cette absence d'image 20. Les différents faits que nous venons d'énumérer laissent donc supposer que l'Hébé-Ganymèda, dont on voit la tête sur quelques monnaies de Phlionte 21, de même que l'Hébé-Dia de Sicyone, fut à l'origine une divinité étrangère, asiatique, confondue plus tard, en raison de quelques-uns de ses attributs, avec la déesse hellénique de l'éternelle jeunesse. En Attique, on avait donné le nom d'Eléié à un vais