Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AIORA

AIORA (Aitopa,'Ed,pa). Fête attique célébrée probablement en été, au moment où le raisin commence à se colorerl.Le nom, qui signifie balançoire, vient de l'usage que l'on avait d'attacher auxhranches des arbres des cordes au moyen desquelles les jeunes filles étaient balancées ou faisaient balancer des poupées, en chantant une complainte appelée AX rt;, la chanson de l'errante On voit une scène de ce genre peinte sur un vase trouvé, en 1816, à Chiusi, et qui est actuellement au musée de Berlin Au-dessus de la jeune fille qui se balance, on lit dans la peinture originale AA!i, commencement du mot AAHTI1.. Le satyre qui pousse la balançoire caractérise la fête bachique comme dans beaucoup de représentations analogues. Les bandelettes dont sa tête est ceinte et les feuillages disposés en couronne radiée, sont des attributs religieux. Voici comment on explique l'origine de cette singulière cérémonie. Icaros, le héros du dème attique Icaria, avait reçu chez lui, sans le connaître, le dieu Dionysos ; celui-ci en partant, pour récompenser son hospitalité, lui enseigna la culture de la vigne. Icaros donna à goûter du vin nouveau à ses voisins, qui, ressentant l'effet violent de la boisson, se crurent empoisonnés, et dans leur fureur assommèrent Icaros. Sa fille Épigone, qui est aussi quelquefois appelée Alétis (l'errante), après avoir longtemps cherché son père, rencontra enfin son cadavre, et, dans l'excès de sa douleur, se pendit à un arbre. Dionysos, pour punir les Icariens, les affligea d'une folie endémique, et un grand nombre d'entre eux se pendirent. L'oracle, ayant été alors consulté, ordonna d'expier la mort d'Icaros et d'Érigone en instituant la fête dont nous parlons `. D'après une autre tradition °, Érigone était la fille d'Égisthe et de Clytemnestre, venue à Athènes pour demander vengeance du meurtre de son père : elle se serait pendue après l'acquittement d'Oreste par l'aréopage. Selon d'autres encore elle était la fille du Tyrrhénien Maleos e. Comme on le voit, il n'y a que le nom d'Épigone qui soit constant. Le reste de la légende varie ou est incertain. Érigone veut dire fille du printemps ; on trouve aussi dans la mythologie grecque un fils d'Érigone et de Dionysos appelé Staphylos (raisin) . Érigone n'est donc autre chose que la personnification de la vigne elle-même au moment de sa première pousse, et la fête célébrée en son honneur se range parmi les nombreuses fêtes dionysiaques et agricoles. L'habitude, d'où elle a pris son nom, de suspendre à des balançoires des poupées que le vent agitait, ou de se balancer soi-même, a sans doute été l'origine de la lé gende que nous avons rapportée. Quant à la véritable signification de cet usage, la plupart des auteurs d'accord en cela avec la tradition légendaire, croient y reconnaître un rite expiatoire qui a remplacé des sacrifices sanglants, peut-être humains. C'est la purification par l'air AIS 172 MA qui figure dans les rites bachiques à côté de la purification par l'eau et de la purification par le feu Nous avons déjà remarqué que la légende n'a pas précédé le rite, mais lui doit au contraire son origine. 11 nous sera donc permis de proposer une autre explication. Conformément au caractère agricole de la fête entière cette cérémonie devait être en rapport avec les espérances, que le cultivateur exprimait à cette occasion, d'obtenir une année fertile et une récolte abondante. L'arbre, dans la croyance des anciens, est le principal symbole de toute fertilité et la source de la vie en général. Il est donc probable que les ceii pat grecques, de même que cela est attesté pour les oscILLA des Romains 10 se rattachaient à cette croyance, et qu'on leur attribuait une vertu fertilisante. Un fait vient peut-être confirmer cette remarque, c'est que la fête se terminait par un repas copieux, distribué surtout aux pauvres'', et cet usage la faisait appeler EiiEt7[voç'x. Une fête analogue était célébrée à Delphes i3, elle se nommait CHARILA. HomzlKEB.