Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LABRUM

LABRUM, LABELLUM. Cuve, vasque, bassin. Le mot qui signifie lèvre ou rebord, est devenu le nom du vase lui-mème, que caractérise le bord replié de sa cuvette. On le rencontre dans les auteurs, appliqué, sans indication de forme, à des vases de pierre, d'argile, de bois, de plomb, contenant du vin', de l'huile 2, de la saumure', des fruits et des légumes', ou simplement de l'eau Il convient à la vasque où retombe l'eau jaillissant d'une fontaine 6 : on en a vu ailleurs des exemples [Fores, noRTHS]. Il désigne spécialement, dans les bains romains, le bassin isolé qui servait dans le caldarium aux douches et aux ablutions [BALNEUM], et ainsi il correspond au LOUTERION des Grecs. Il est, comme celui-ci, porté par un ed qui le monte à hauteur d'appui. Un labruna (ainsi nommé dans l'inscription qui y est gravée en lettres de bronze) 7, encore en place dans les Anciens bains de Pompéi, a pour support un épais massif circulaire en lave (voir t. lrr, p. 656, fig. 756, 757) ; mais ordinairement le pied est dégagé, en forme de piédouche ou de colonne (colulnella) ". Celui qui est dessiné figure 4311 est en marbre et appartient au musée de Naples De magnifiques exemples de ces vases existent encore dans les musées, faits de marbres rares, de porphyre, de basalte et richement sculptés 10. Quelquefois plusieurs pieds à figures de lions, de sphinx, de chi mères, etc. (fig. 4312), ont été groupés autour du support central ou disposés en trépied" pour soutenir leurs vastes bassins 12. La beauté du travail et de la matière permet de supposer que, en dehors des emplois déjà 1. AB 842 LAB signalés, quelques-uns des labial qu'on a conservés n'ont été faits que pour l'ornement de résidences princières Ils pouvaient avoir encore une autre destination. Il y en avait qui étaient placés à l'entrée des temples et qui contenaient l'eau lustrale [Lt1STRATIO]. Seipion en avait consacré deux de marbre devant -un arc qu'il avait fait élever sur la pente du Capitole 2. Cet usage remonte à la plus haute antiquité et s'est perpétué jusqu'à l'époque chrétienne. Les mêmes vases sont désignés par des noms très divers, CAty même temps que celui de labium restait attaché à toute espèce de récipients servant aux ablutions °. La variété des noms est la preuve que la forme ne resta pas non plus invariable ; c'est ce qu'attestent aussi les monuments. Dans un bas-relief du Aratican 0, on voit (fig. 44313), au bas des degrés d'un temple païen, et protégés par des grilles, deux vases très différents de ceux qui ont été figurés plus haut; et dans une miniature du vl' siècle', où est représentée l'enceinte du tabernacle des Juifs, le vase de.tiné aux ablutions a la même forme se rapprochant de celle de l'amphore, et cependant le nom qui est inscrit au-dessus est encore celui de labruin (fig. 4311). E. SoeLlo.