Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LAMPADÉDROMIA

LAMPADÉDROMIA. Les courses aux flambeaux, V. Il semble qu'il n'y en avait d'abord que trois, l'une aux Panathénées, l'autre à la fête d'Héphaistos, la troisième à la fête de Prométhée 2. Héphaistos et Prométhée sont, par excellence, les divinités du feu ; on sait les rapports qu'Athéna, personnification de l'éclair, présente avec Héphaistos Hérodote mentionne une quatrième lampas, qui fut instituée par les Athéniens après Marathon, en l'honneur du dieu Pan 4. A l'époque de Platon, les courses aux flambeaux furent courues pour la première fois à cheval; cette nouveauté servit d'abord à relever l'éclat de la fête des BENDIDEIA, célébrée alors pour la première fois aussi au Pirée 3. Nous verrons plus loin que des courses aux flambeaux ont été dans la suite célébrées à beaucoup d'autres fêtes à Athènes et dans les différentes villes de la Grèce. Les règles de la course aux flambeaux et les combinaisons imaginées pour décider à qui reviendrait la victoire ont été clairement expliquées pour l'époque classique par M. Paul Foucart I, La lampadédromie est un concours entre tribus. Il n'est pas probable que les dix tribus aient concouru chaque année; on peut supposer que cinq seulement entraient en lice. Chacune de ces tribus fournit un gymnasiarque [cYMNASIABCIIIAj. Ce personnage acquitte une liturgie ordinaire, dans le genre de la chorégie [LEITOuRGIA[ : il doit recruter parmi les membres de sa tribu une troupe de jeunes gens, les nourrir en vue de la course et les équiper à ses frais. Le nombre de ces jeunes gens était assez élevé ; deux inscriptions, contenant des dédicaces de lampadéphores, donnent plus de quarante noms'. Lysias dit qu'un gymnasiarque a dépensé pour la fête des Prométhéia une somme de douze mines 3. Le soir delafête, chacun des cinq gymnasiarques menait la troupe de sa tribu sur le terrain, la porte de Dipylon. La course se faisait sur la route d'Athènes à l'Académie; le point de départ était la muraille de la ville; le but à atteindre l'autel de Prométhée, un peu plus de 1000 mètres. Les 40 coureurs de chacune des cinq tribus qui concouraient étaient échelonnés sur la route à 25 mètres l'un de l'autre ; on avait ainsi 5 files de coureurs. « Au signal donné, le premier part, la torche allumée, la tenant de manière qu'elle ne s'éteigne pas ; de toute sa vitesse, il parcourt l'espace qui le sépare du second; celui-ci, qui l'attendait, saisit la torche et, s'élançant àson tour, la remet au troisième, et ainsi de suite, jusqu'au quarantième et dernier. Les choses se sont passées de même pour les quatre autres files °. Dans ce concours, ce qui avait surtout frappé les anciens, c'était cette rapide transmission de la torche, qui se répétait 39 fois. C'est ce détail qui a fourni des 115 LAM ---910 LAM comparaisons si caractéristiques à des écrivains de l'antiquité, Platon et Lucrèce' par exemple. Il est probable que les coureurs étaient assez exercés pour que, fréquemment peut-être, dans les cinq files, la torche allumée arrivât presque en même temps au dernier coureur. L'intérêt était alors vivement excité quand ces cinq derniers concurrents s'élançaient pour parcourir les 26 mètres qui les séparaient du but. La victoire appartenait à celui qui de sa torche enflammée allumait le feu sur l'autel. Mais elle ne lui appartenait pas à, lui tout seul; elle appartenait aussi à ses compagnons ; chacun d'eux avait eu sa part dans làeuvre commune, en portant rapidement la torche sans la laisser s'éteindre, et en la remettant lestement et commodément au suivant. C'était donc une victoire collective, un xlàov 2. Aussi, comme le dit la scholie de Patmos, la tribu était-elle proclamée victo rieuse avec celui qui était arrivé le premier . Dans les inscriptions, le nom du gymnasiarque est mentionné avec le nom de la tribu ; lakrédaction est la même que celle des inscriptions choragiques ; en voici une de l'an 346-346: Aaeapav x69iâaa i 'Aè/(cru âpjvvr°ç EV/0 ?ç i •lu ,vŒ t47itl "° Le coureur qui était arrivé le premier recevait, comme récompense, une amphore contenant30 metrètes d'huile '. Cette explication présente un point obscur : dans quelle direction la course se faisait-elle? L'Académie étaitelle le point de départ ou le point d'arrivée? M. Foucart e soutenu cette dernière opinion ; il s'appuie sur la scholie de Patmos et sur le vers 131 des Gi'eïtouilles d'Aristophane. Mais d'autres savants allèguent précisément ce dernier texte pour soutenir le contraire; ils prétendent qu'il est question dans ce passage de la tour de Timon que Pau sanias place dans l'Académie 1; de plus, dans cette même comédie des Grenouilles, au vers 1093-1094, Aristophane montre les lampadistes à la fin de la course arrivant aux portes de la ville et accueillis par les habitants du Céramique avec des cris, des moqueries et même des coups. Telle est la lampadédromie que les textes nous font connaître pour l'époque classique e. Pausanias décrit une course toute diférente 9 : « A l'Académie, il y a un autel de Prométhée ; c'est de cet endroit qu'ils courent vers la ville en tenant des flambeaux allumés ; si le flambeau du premier arrivé est éteint, il ne peut prétendre à la victoire, qui appartient au second arrivé ; si le flambeau de celui-ci est, éteint, la victoire est au troisième ; si tous les flambeaux sont éteints, le prix n'est pas décerné. Ainsi, à l'époque de Pausanias au moins, les coureurs se dirigent de l'Académie vers la ville, le point de départ étant l'autel de Prométhée. Certains auteurs parlent de l'autel d'Éros 10 ; mais, comme il se trouvait devant l'entrée de l'Académie 11, non à l'intérieur, on peut admettre qu'en désignant cet autel ces auteurs ne se préoccupaient pas de donner une indication précise 12 en réalité, c'est à l'antique base consacrée à Héphaistos età Prométhée que les coureurs allumaientleurs flambeaux t3, cette base était à l'intérieur de l'Académie, à peu de distance de l'autel d'Éros. Les deux sortes de courses sont représentées sur les monuments. La course ancienne, celle qui a pour trait distinctif la transmission de la torche, se trouve peinte sur deux vases reproduits ici. Le premier (fig. 4328) est au Suermondt-Musaeum à Aix-la-Chapelle 1", Deux coureurs sont figurés sur ce vase : l'un tient une torche allumée et l'approche de LAM 91l LAM l'autel ; l'autre se tient un peu en arrière, sans torche; une Victoire et un arbitre assistent à la scène'. Les coureurs sont nus; ils ont sur la tète une couronne très caractéristique ; on dirait qu'elle est formée d'une rangée de plumes droites. Le second vase (fig. 43:9) appartient à la collec tion Tyskiewicz : les coureurs sont ceints de la même couronne ; sur le bandeau du vainqueur qui tient son flambeau au-dessus de l'autel, on lit ANTIox(I4), nom de la tribu Antiochide victorieuse avec lui. On distingue aussi quelques lettres sur le bandeau des deux autres coureurs sans flambeaux, qui représentent sans doute les autres tribus. La seconde sorte de course nous est connue par des monuments plus nombreux. Celui 3 que reproduit la figure 4330 représente le moment qui suit la scène figurée sur le vase d'Aix-la-Chapelle : la victoire est gagnée ; le feu est allumé sur l'autel, les torches à demi brûlées sont éteintes; près du vainqueur, un coureur a déjà en main la atiÀEyyàç ; à gauche, deux autres causent, un seul des deux tient une torche. Ici, tous les coureurs tiennent un flambeau; c'est la seule différence notable ; eux aussi ils sont nus et ils ont sur la tète la couronne avec des pointes ou des plumes (voir aussi figure 1074)4. Cette couronne avait-elle une signification particulière? C'est probable; mais nous ne pouvons dire rien de plus. Le Platéen Euchidas, avant de prendre sur l'autel de Delphes le feu qui devait servir à rallumer les feux éteints à Platées, se purifia le corps et mit sur sa tète une couronne de laurier". La torche a aussi une forme particulière [CANDELABRUM]. C'est un manche, quelquefois une simple poignée que surmonte une large bobèche et dans laquelle la tige ou le faisceau de tiges qui doit fournir la lumière est enfoncé ou piqué (fig. 4331) s. Cette torche, les lampadéphores victorieux avaient coutume de la consacrer aux dieux Dans certaines représentations de l'époque romaine manquent les traits caractéristiques : les coureurs n'ont pas la couronne, les torches n'ont pas la large bobèche ; en revanche, les coureurs portent un bouclier au bras gauche (fig. 433`?) 3. Nous n'avons aucun renseignement sur cette course; ruais il n'est, pas impossible qu'elle ait été réellement pratiquée ; nous voyons à Céos un lampadarque vainqueur recevoir comme récompense un bouclier d'une valeur de 200 drachmes°. Quelques textes nous font connaître pour les lampadédromies un couru à la fête des Panathénées '0; on le trouve aussi mentionné dans des inscriptions de Sestos 1t, de Patmos'2 ; pour Délos, une inscription mentionne, après seignement qui nous permette de distinguer exactement ces deux courses et de dire en quoi elles différaient de la course ordinaire, ou laquelle des deux était la course ordinaire L'archonte-roi avait la présidence et la direction de toutes les courses aux flambeaux, comme le dit expressément Aristote '°. Auguste Mommsen 13 suppose que ce renseignement ne se rapporte qu'à l'époque d'Aristote ; qu'anciennement, au moins au ve siècle, c'étaient les hiéropes qui étaient chargés de ce soin. Il s'appuie sur une inscription importante qui contient un règlement pour les fêtes d'lléphaistos règlement d'après lequel les hiéropes auraient été chargés de la direction des deux principales fêtes qui se rattachent au culte LAM 912 d'Erechthée, la grande Pentétérie, c'est-à-dire les grandes Panathénées, et les Héphaisteia.I1 faudrait alors admettre que les hiéropes avaient les mêmes attributions qu'eurent plus tard les gymnasiarques. Nous ne le pensons pas'. Le gymnasiarque était chargé de préparer et d'équiper pour le concours une troupe d'Athéniens de sa tribu. Devait-il présenter à la fois une troupe d'enfants et une troupe d'hommes faits? La question a été longtemps controversée 2 ; nous croyons qu'elle n'est pas encore résolue Nous avons vu qu'en cas de victoire, le nom du gymnasiarque était proclamé avec celui de la tribu. La tribu peut témoigner sa reconnaissance au gymnasiarque qui a tout fait pour lui procurer la victoire: elle peut lui voter un éloge et une couronne'. Les lampadophores peuvent, eux aussi, décerner une couronne au gymnasiarque 5 : une inscription nous montre les lampadistes de Patmos et les habitants qui ont droit à l'huile pour les frictions former un xolvdv ; cette communauté a une caisse qui est administrée par un ypuaovdµoç ; elle décerne un éloge, une couronne d'or et un portrait en peinture à un de ses membres qui a été sept fois gymnasiarque, une fois lampadarque, qui a été vainqueur à la course longue et qui a comblé la communauté de ses bienfaits ; il a, en particulier, pris à sa charge, sa vie durant, les frais pour les sacrifices et les autres dépenses que les lampadistes doivent faire dans les fêtes 6. Lorsqu'au iii' siècle la gymnasiarchie a été transformée et a cessé d'être une liturgie pour devenir une magistrature, soit politique, soit éphébique, le lampadarque est chargé de préparer la course aux flambeaux. Assurément, le gymnasiarque peut être aussi lampadarque ; mais les deux fonctions sont désormais distinctes ; ainsi, dans une inscription de Céos, il est dit qu'on élira un gymnasiarque, qui devra être âgé au moins de trente ans, et qui, entre autres soins, devra préparer les aau.7cxleç des jeunes gens ; mais les prix des concours devront être donnés par les probouloi ; le lampadarque vainqueur devra recevoir un bouclier d'une valeur de vingt drachmes', comme nous l'avons vu plus haut. Dans les dédicaces pour des victoires aux lampadédromies, dédicaces qui se rapportent presque toutes à des éphèbes, on trouve nommés, tantôt l'agonothète 8, tantôt le gymnasiarque 9, tantôt le lampadarque ", tantôt le paidotribe et l'hypopaidotribe". Les lampadarques avaient probablement des attributions analogues à celles des gymnasiarques'9. On peut remarquer qu'assez souvent c'est le lampadarque qui est vainqueur au concours ". Les inscriptions relatives aux fêtes de Thésée " nous LAM montrent que, dans Athènes, au ne siècle, l'agonothète est chargé d'organiser la lampadédromie et les jeux gymniques de la fête; il établit pour les vainqueurs des prix qui seront consacrés. Dans le catalogue des jeux qui est à la fin de ces inscriptions, la lampadédromie est mentionnée après les concours qui semblent se rapporter à la procession. Nous connaissons les lampadédromies des Théseia pour cinq années': : enfants éphèbes contre veaviarot anciens éphèbes enfants éphèbes hommes faits enfants anciens éphèbes veavfaxo: iT7teïç Lés lampadarques sont mentionnés seulement sur la première de ces cinq inscriptions : à la lampadédromie des enfants, c'est le lampadarque Nicogène, fils de Nicon' 6, qui est vainqueur; le prix est donc individuel ; il est, au contraire, décerné à une troupe, il est collectif pour la lampadédromie des éphèbes contre anciens éphèbes et pour celle des veavicxot ; les lampadarques sont men suivent, les lampadarques ne sont plus mentionnés et les prix sont toujours individuels 47. Ceci semble justifier la description que Pausanias a donnée de la lampadédromie, à l'époque romaine, c'est-à-dire de cette course dans laquelle la torche ne passait plus de main en main f8. Le corps militaire des cavaliers fait une lampadédromie aux Théseia sous l'archontat de Phaidrias 19, dans l'année 150/1. C'est aussi vers la même époque que nous constatons l'existence d'une course semblable dans la fête des Panathénées 20. Cette lampas des cavaliers se faisait à la fin de la première des deux journées consacrées à l'yàv i7ottxç pendant le ne siècle"; elle est distincte de la lampadédromie à pied, qui, de temps immémorial, se faisait entre l'Académie et la porte du Dipylon, au commencement de la pannychis célébrée avant la procession Y2. Quand le corps des Tarentins fut constitué dans Athènes, c'est à eux que fut confié le concours de lampadédromie, au moins à la fête des Théseia°°. Il n'est pas impossible que nous ayons une représentation de la lampadédromie à cheval, sur le vase de LAM 913 LAM marbre de Pergame qui se trouve au Musée du Louvre ; elle est plus sûrement rappelée sur une monnaie d'argent (fig. 11333) de Tarente 2 où l'on voit un cavalier tenant une torche à bobèche. C'est la course telle que la décrit Pausanias qui serait reproduite sur le vase de marbre. Cependant la course à cheval comprenait anciennement, comme la course à pied, la transmission de la lampe. Platon le dit expressément au début de la Républi était certainement plus difficile à cheval qu'à pied : c'était donc un attrait de plus. On doit aussi supposer que les espaces qui séparaient les coureurs d'une même file étaient plus grands que pour la course à pied ; la course à cheval exigeant, pour un espace égal, moins de coureurs, on pouvait les échelonner à de plus longs intervalles. Les éphèbes prenaient une part importante aux fêtes publiques ; ils étaient chargés de divers concours parmi lesquels il faut citer en première ligne les lampadédromies. « Les éphèbes, dit une inscription 3, ont fait les courses aux flambeaux qui leur sont réservées ; ils ont, aux Epitaphia, couru cette course contre les anciens éphèbes et les ont vaincus. » La fête des Théseia et celle des Epitapltia sont plus particulièrement nommées dans ces inscriptions`. On trouve aussi les 7capsilTaxrot mentionnés parmi les corps chargés de faire des courses aux flambeaux 5. Nous avons vu à Délos des lampadédromies courues par les enfants (7a:S°) ; quant aux courses d'hommes faits (vâpàv), nous en avons cité de nombreux exemples. Quelle était l'origine et la signification de ce concours? On a pensé' qu'il avait un caractère religieux. Le fait essentiel consiste dans l'acte de prendre du feu à un certain endroit et d'aller à un autre endroit rallumer un autre feu ; les deux endroits sont des autels. On peut comparer ce qui s'est passé à Platées après la défaite des Perses 8 : les feux furent éteints sur tout le territoire de cette cité ; on a déjà parlé du Platéen Euchidas, qui alla à Delphes, se purifia et mit sur sa tête une couronne de lauriers : il prit ensuite sur l'autel d'Apollon du feu qu'il porta le même jour à Platées, et qu'il remit à ses concitoyens en rendant le dernier soupir, après avoir parcouru mille stades. Ce renouvellement du feu au moyen d'un feu pur ou sacré rappelle un des plus anciens rites du culte primitif; on le trouve, par exemple, à Lemnos °, à Rome 10, faisant l'objet d'une cérémonie annuelle. En tout cas, c'est, comme nous l'avons dit, à des divinités qui se rattachent au culte du feu que les plus anciennes lampadédromies étaient consacrées, Athéna, Prométhée, Héphaistos 11. Le centre de la fête est à l'Académie, dans le téménos d'Athéna, près de la base qui porte les autels unis de Prométhée et d'Héphaistos 12 De bonne heure, cependant, de pareils concours furent institués en l'honneur de divinités qui n'avaient aucun rapport avec le culte du feu ; ce fut le cas, par exemple, pour Pan après Marathon 13. Nous avons vu ensuite des lampadédromies célébrées aux fêtes d'Hermès il, de Bendis, de Thésée, et à cette fète des EP1TAPI1IA qui se rattache si étroitement aux Théseia; à l'époque impériale, une course aux flambeaux est mentionnée pour la fête de Germanicus '°. Les Athéniens portèrent ce goût pour les lampadédromies dans leurs colonies et dans les pays qui leur étaient soumis. On nous signale un monument i6 qui est inédit et qui de plus est la seule oeuvre de sculpture antique qui nous soit par venue sur le sujet. C'est un bas-relief (fig. 43311) qui semble être une stèle funéraire. Il provient de Thasos et est du ive ou du commencement du Ine siècle. Il représente un jeune homme nu, qui tient de sa main droite une torche et qui de la gauche semble toucher quelque chose qu'on ne peut bien reconnaître, car la pierre est mutilée à cet endroit. La bobèche est indiquée, mais elle est moins grande que celles qui sont représentées sur les vases. Le jeune coureur n'a pas de couronne sur la tète. Peut-on conclure de cette sculpture que les lampadédromies étaient courues àThasos, ou bien faut-il supposer que le jeune homme, auquel la stèle a été consacrée, a remporté la victoire aux lampadédromies de la ville d'Amphipolis qui est située sur la côte voisine ? Cette dernière ville, on l'a vu, ancienne colonie athénienne, célébrait des lampadédromies 17. Nous pouvons citer encore parmi les pays qui subirent l'influence d'Athènes, Délos 18 et Lemnos1°. On ne peut d'ailleurs pas affirmer que les courses aux flambeaux soient une création des Athéniens ; on les trouve pratiquées dans un très grand nombre d'autres villes grecques, à Corinthe'-0, Sestos 21 Céos 22, Samos 23, Euménie 2 , Thespis 2°, Coronée 28, LAM 914 LAN Lébadée', à Larissa 2 en Thessalie; et si nous connaissions mieux l'histoire des autres cités, nous verrions que clans la plupart la lampadédromie forme un des épisodes les plus goûtés des fêtes religieuses. ALB. MARTIN. LAMPAS. En grec et en latin, le mot ),aµstzç, lampas, a un sens général. Il désigne tout objet qui produit de la lumière par la combustion de matières solides, bois ou cire ; ii s'oppose au mot grec adyveç et au mot latin lucerna, qui s'appliquent au contraire à tout ustensile où la lumière résulte de la combustion d'une mèche trempée dans l'huile. Il ressort d'un passage d'Athénée' que les ustensiles désignés par les mots grecs ôatç ou '4; , ),dwta ou ),o(pv(ç, i.),âvs1, avdç, 7ravdç, SETr étaient simplement des espèces du genre aag,7eéc : tous étaient formés d'un faisceau de tiges ou de baguettes de bois [FAX]. L'Etymologicuin magnum 2 confirme cette conclusion : (torche en bois de pin) se trouve dans Sophocle 3. D'autre part, Plutarque nous apprend que le mot a1N.7râç servait aussi à désigner des flambeaux de cire :.. 7EVTE )11!J.7taç mot aa a zç était employé purement et simplement comme synonyme de ôÿç. L'exemple le plus caractéristique est fourni par Pausanias : 'Ev 'Axaô'rltz(a Eant IIpop.-Oéw; xatoyis i v ceniv '. Il est question dans ce passage de la LAMPADEDROMIA. Sur plusieurs vases peints où sont représentés des vainqueurs de cette course, la ),cy.axç est figurée sous la forme d'une torche piquée ou fichée dans un chandelier à bobèche (fig. 4073, 1074, 4328 à 4331). De même en latin, les torches [FAx, TAEnA] et les flambeaux de cire ,'cEREUS, FUNALEj étaient des variétés de la lampas. Les LAMPADAR1 portaient des flambeaux. Les lanlpades, figurées parmi les insignia des préfets du prétoire au Iv' siècle de l'ère chrétienne, sont des flambeaux de cire supportés par des candélabres 6. Très souvent les auteurs ont employé le mot lampas pour désigner une torche '. Enfin, le même mot servait à désigner les torches nuptiales 8 ; or nous savons, par de nombreux monuments d'archéologie figurée, que les lampades, qui éclairaient les scènes d'hyménée, n'étaient pas autre chose que des torches. De ce qui précède il résulte, à notre avis, que le mot )`cy.7tzç, lampas, en Grèce et à Rome, s'appliquait non pas à un objet précis et unique, mais à toute une catégorie d'ustensiles Il désignait l'un des deux grands genres de luminaires que l'antiquité a connus. J TOUTAIN.