Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ALOADAE

Otos (°O'ru; et Ephialtès (Eifntl Tr,çl, géants ou héros, dont le nom est le patronymique de Aloëus, fils de Poseidon. On attribuait leur naissance soit à ce héros', soit à ce dieu'. Leur mère était Iphimedeia. Suivant la tradition la plus constante, la Terre les aurait nourris. On les croyait aussi nés d'elle 3. L'imagination était frappée de leur taille gigantesque et de leurs audacieuses entreprises. Dès l'age de neuf ans, ils avaient neuf coudées (le grosseur et neuf brasses de hauteur 4; ils croissaient chaque année d'une coudée et d'une brasse, et, par mois, de neuf doigts °. Lorsqu'on retrouva le corps d'Otos, il mesurait quarante-six coudées Ils tentèrent d'escalader le ciel, en entassant l'Ossa sur l'Olympe et le Pélion sur l'Ossa ; retinrent Arès enfermé durant treize mois dans une prison d'airain et osèrent prétendre à l'union de Hèra et d'Artémis '. Ils trouvèrent la mort dans ces attentats; selon les uns, ils auraient péri dans leur attaque contre les dieux olympiens; selon les autres, Apollon ou Artémis ou les deux enfants de Léto les auraient frappés de leurs flèches divines Aux Enfers, ils étaient fixés à une colonne, dos à dos, et attachés avec des serpents'. Il semble que ces naturels farouches se soient quelquefois adoucis : ils ont, les premiers, sacrifié aux Muses sur l'Hélicon et consacré la montagne à ces divinités '0. D'ailleurs, les anciens ne se les figuraient pas sous des traits repoussants ou simplement gigantesques, ils admiraient leur beauté, surtout les proportions harmonieuses de leur taille''. Les monuments consacrés aux Aloades, dont le souvenir nous est parvenu, sont au nombre de deux. Pausanias 42 cite leurs tombeaux, en Béotie, à Anthèdon. On a retrouvé à Naxos une inscription qui indiquait les confins du bois sacré dépendant du temple d'Otos et d'Ephialtèst' Une des métopes d'un temple de Sélinontei" nnous offre le combat d'Artémis contre Otos, d'après l'interprétation de Gerhard'S et de Raoul Rochette16. Ce dernier archéologue remarque que les Aloades sont toujours représentés avec la forme humaine sur d'autres monuments d'une belle époque de l'art, qu'on peut croire produits sous l'influence des modèles attiques; tandis que sur des sculptures postérieures, les géants qui combattirent contre les dieux sont ordinairement figurés, conformément aux descriptions des poètes, ayant, à la place des jambes, le corps erminé par des serpents. Ce sont surtout quelques vases peints qui ont conservé le premier type. Un des plus remarquables est une coupe de Vulci, au musée de Berlin, représentant une gigantomachie. Au fond, on voit Poseidon vainqueur de Polybotès; sur un côté, combattent Zeus, Athéna et Artémis; sur l'autre, Apollon, Arès et Hèra : Apollon lutte avec une épée contre le géant Ephialtès, qui tient un arc au repos dans la main gauche. Les noms des divinités et des géants ainsi que ceux du potier Erginos et du peintre Aristopha Séti. in Apoll. Rh. I, Diod. IV, 8i. ° H; g. Fab. 28. 6 PLn. Hast. vat. 48 t. V1, 1 6 , 1 . 9 Seh. B. Ad Il. V, 385. 3 Apollod. 1. c.; Hyg. I. c. 9 Hyg. 1. c. ALO 1Sï ALO_ nès se trouvent marqués f7. Une face d'une amphore du musée de Vienne représente Poseidon écrasant Ephialtès sous un rocher; on lit les deux noms noaEIAON et E DIAATEz. Le héros est couvert d'une armure complète '$. Sur l'autre face, un second guerrier est probablement Otos venant au secours d'Ephialtes. Une amphore du Louvre a également pour sujet la lutte de Poseidon et de Polybotès ou d'Ephialtès 19. Un troisième vase publié par Millingen, représente le même combat 90; l'autre face offre Artémis armée, qui exécute elle-même sa vengeance, pendant que Poseidon, au lieu d'Apollon , combat et punit Ephialtès. D'autres vases encore, où sont des sujets analogues, ont été l'objet d'explications diverses auxquelles nous ren voyons" Dans les peintures qui décorent un pilier d'une grotte de Tarquinies, on a cru reconnaître les Aloades et la Terre, leur mère; les géants seraient représentés dans la position où ils subissent leur supplice aux Enfers 42 (fig. 226). K. BLONDEL.