Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ALVEUS

ALVEUS, diminutif ALVEOLUS. Cavité naturelle ou objet de forme creuse. Nous noterons dans les auteurs les acceptions suivantes : 1. Le lit d'un fleuve un fossé, un sillon creusé pour recevoir les jeunes plants de la vigne 1I. Un bassin propre aux ablutions, quelles qu'en fussent la matière et la dimension : une cuvette, une baignoire ; puis, dans les bains agrandis des Romains, la piscine d'eau chaude [BALrIEU3I] . Un historien nous ap prend' qu'il était d'usage que les enfants de la famille impériale fussent lavés dans des bassins d'écaille, et que, pour cette raison, le père de l'empereur Albin , ayant reçu, quand celuici vint au monde, d'un pêcheur la carapace d'une tortue, en augura sa grandeur future. Dans une peinture des thermes de Titus 3, représentant la naissance d'un enfant (fig. 24.1), ou remarque un personnage qui apporte un bassin évidemment destiné au même usage; on voit un objet semblable dans un bas-relief 7 dont le sujet est analogue. III. Une auge, un baquet, une sébile ou tout autre récipient se rapprochant des précédents 3 par sa forme : par exemple, l'auget de bois qu'on voit placé sous l'établi d'un menuisier pour recevoir ses outils, dans une peinture de Fig. 242. Établi de menuisier. Pompéi (fig. 242) 9; une mangeoire ; un bassin pour les fruits ou hors-d'oeuvre 10; un pétrin, tel que les tables à bords relevés qu'on voit employées à cet usage dans un bas-relief du tombeau du boulanger Eurasacès (fig. 243) ", à Rorne; un van pour cribler le grain 2, sans doute de môme forme que ces tables, et pareil à ceux dont on se sert encore en Italie. IV. La table munie de rebords (alveus lusorius, tabula aleatoria), sur laquelle on jetait des dés ou l'on faisait mouvoir des pions ou dames, à divers jeux 13, tels que les TESSERAE, DUODECIM SCRIPTA, ete. V. La coque ou la carène d'un navire'", un tronc creusé en forme de bateau; par extension, on appliqua le mot à toutes les petites embarcations, particulièrement à celles qui étaient faites d'une seule pièce de bois (govd'çunov )15; on voit (fig. 244) un bateau de ce genre, d'origine romaine, découvert dans les marais de Horsey, en Angleterre is VI. Une ruche d'abeilles. Le nom le plus usité est VII. Les cannelures d'une colonne ou d'un pilastre 27. VIII. Le diminutif alveolas est aussi employé" pour une navette de tisserand [TEI.A]. E. S. chèvre qui nourrit Jupiter enfant, dans un antre de l'Ida ou du Dicté, en Crète; elle fut par lui placée au rang des astres D'après d'autres traditions, qui varient d'ailleurs, en attribuant, selon les pays, à Amalthée, des pères différents, ce fut une nymphe qui prit soin du jeune dieu, en le nourrissant du lait d'une chèvre et du miel des abeilles'{. 1. 1. Brnneocaxmar.Lenz, Mineralogic der Grieeh. und Borner, Gotha, 1861, p. 76, AMALTHEA.I Sur la formation de ce main, Schwenek, Ely.. neylk. Aredeutungen, AMA 220 AMA A ces deux ordres de récits correspondent deux types de monuments. Lespremiers représentent le dieu enfant allaité par une chèvre : on le voit assis, sur une des faces d'un autel carré du musée du Capitole 4. Rhea-Cybèle ou Adrastée est assise près de lui, et deux Curètes exécutent la danse armée qui doit empêcher d'entendre les vagissements du nouveau-né (fig, 245). Le bas-relief célèbre de pereurs romains, dans l'île de Crète ", à Apamée 1' et à Laodicée de Phrygie 18 On racontait aussi que les cornes de la chèvre Amalthée versaient le nectar et l'ambroisie '°; l'une d'elles, ayant été rompue, fut rapportée, enveloppée de feuillage et remplie de fruits, à Jupiter, qui la plaça, avec la chèvre elle-même, la galerie Giustiniani, actuellement au musée de Latran, où l'on voit auprès d'une chèvre un enfant buvant dans une grande corne, qu'une nymphe lui présente 5, a longtemps passé pour un tableau de l'enfance de Jupiter, et beaucoup de détails accessoires semblent confirmer cette interprétation; mais elle a été généralement abandonnée depuis que Visconti a fait remarquer ' que l'enfant qui boit a les oreilles pointues d'un satyre, et l'explication nouvelle de quelques antiquaires qui rapportent ce monument au dieu Pan, paraît la mieux fondée 7. Deux basreliefs du musée du Vatican 8 se rapprochent par leur composition de celui du Capitole : on y voit aussi l'enfant allaité par une chèvre. On trouve une scène semblable figurée sur une monnaie d'Aegium en Achaïe Des monnaies frappées en Crète sous Trajan 10 montrent le petit Jupiter assis sur un globe, la chèvre est à côté de lui. Celles d'Aegae en Cilicie, ont aussi pour type une chèvre couchée ou debout représentation dans laquelle on ne peut méconnaître Amalthée, qui, sur d'autres monnaies de la même ville12, a les traits d'une femme portant le jeune dieu et tenant une corne d'abondance. Ces dernières monnaies rentrent dans la seconde série de monuments dont nous avons à parler. Dans ceux-ci, c'est une femme qui prend soin de l'enfance de Jupiter. Telle est une terre cuite du musée du Louvre (fig. 246)13, où on la voit assise entre deux Curètes ou Corybantes, et que l'on peut comparer à des monnaies frappées sous les em parmi les astres. D'après une autre version, c'est le dieu qui avait brisé la corne et l'avait donnée aux nymphes dont il recevait les soins, en leur accordant que cette corne fût toujours pleine de tous les dons qu'elles pourraient souhaiter ". La corne d'Amalthée est devenue dans le langage, comme dans la mythologie et dans les représentations de l'art, le symbole de la fertilité et de l'abondance CORNU COPI.AE]. On la voit dans les mains des divinités qui possèdent et répandent les richesses, comme la Fortune, Bacchus, Pluton, les Fleuves, etc. Quand Hercule eut arraché la corne du fleuve AcnÉLOüs, il obtint en échange celle d'Amalthée. Pour beaucoup de mythographes, la corne d'Achéloüs n'est point autre que celle d'Amalthée , fille comme lui de l'Océan, de qui il l'aurait reçue '9. Dans une autre légende, Hercule reçoit d'Hermès la corne d'Amalthée au moment où il va combattre Géryon ". Le sens naturel de ces légendes, aperçu dès l'antiquité, doit être cherché dans la richesse que répandent les sources et les cours d'eau. La corne d'Amalthée devint le symbole de tous les bienfaits dus à la puissance fécondante des eaux; les noms d'Amalthée (amaltheum), de corne d'Amalthée ('Aua)sOz(aç x€pas), furent donnés à des contrées particulièrement favorisées sous ce rapport, et à des jardins dont l'abondance des eaux faisait le principal at