Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article OCREA

OCREA. Kvrlp.(ç. Cnémide, armure, presque toujours métallique, de la jambe, qui réunit en une seule pièce la genouillère et la jambière. Les cuissards, dont nous trouverons des traces chez les Grecs, étaient probablement appelés d'un nom que nous ignorons. La Cnémide parait être une invention grecque, étrangère aux armures tant égyptiennes qu'orientales. Cependant, ni la civilisation primitive de l'archipel égéen (3e ~e millénaire av. J.-C.), ni l'époque « mycénienne », dont les monuments nous présentent tant de scènes guerrières ne semblent connaitre les cnémides. La civilisation « égéenne » ne possède que des armes offensives, de pierre ou de métal'. Les guerriers « mycéniens » portaient bien une armure, composée du casque, d'un pectoral ou d'un large ceinturon de métal`', et du bouclier ; mais la cuirasse est toujours d'étoffe ou de cuir, et les jambières de métal n'apparaissent point à Mycènes. Sur le fameux « vase des guerriers »1 (fig. 150), los soldats sont chaussés de guêtres en cuir ou en étoffe, ligotées au genou et à la cheville. C'est, à tenir en place des guêtres semblables que servaient les « jarretières » d'or recueillies dans les tombeaux royaux de Mycènes', et dont une entourait encore le genou d'un squelette. Au lieu de ces ornements princiers, les particuliers portaient de simples bandelettes (fig. 3198), comme les guerriers des vases que nous venons de citer'. Cepen dant, la plupart des soldats et des chasseurs qu'on voit sur les intailles et saur les poignards de Mycènes ont les jambes entièrement nues. Reichel a fort bien remarqué que les guêtres n'étaient pas un élément nécessaire de l'armure « mycénienne », puisque le grand bouclier protégeait les jambes ; les guêtres des guerriers, sur les vases, s'expliquent parles di mensionsréduit,es du bouclier qu'ils portent'. Ces vases appartiennent, au déclin de l'art « mycénien », et c'est à la même époque, aux derniers siècles du second millénaire av. J.-C., qu'il faut attribuer la plus ancienne paire de cnémides en métal que nous connaissions ,jusqu'à présent (fig. 5366) Ce sont deux feuilles de bronze assez minces, découpées et Fis 5366. Cnémide repliées de façon à s'ajuster aux arehalque. jambes par leur élasticité même. Les bords portent une double moulure repoussée, seule décoration de ces pièces fort simples, qui étaient probablement doublées de cuir ou d'étoffe. Des trous percés le longdes bordspermettaientde les lacer sur les mollets, à l'aide d'un fil de bronze dont quelques fragments sont encore enplace. Quoiquecesjambièressoientcassées, il est facile d'y reconnaitre,d'une part le développement des simples guêtres citées plus haut, de l'autre l'origine des cnémides grecques, si fréquentes depuis le vue siècle av. J.-C. Homère a-t-il connu la. Cnémide de métal? En dépit de l'ingénieuse argumentation de Reichel pour prouver que la Cnémide homérique était la simple guêtre mycénienne, il suffit de rappeler l'épithète classique des eêxvi(yLBeç 'Aznso(",les cnémides lacées de cuir du vieux Laerte9,Ies jambières ornées de chevilleras d'airain qui sont mentionnées en plusieurs passages 70, les cnémides d'étain façonnées par Héphaistos 1t, enfin la découverte d'Enkomi, pour conclure que non seulement des défenses de ce genre, en cuir et en métal, étaient connues du temps d'Ilomère, mais même que les cnémides métalliques étaient portées, en Grèce, plusieurs siècles avant les poètes homériques. Cette conclusion n'exclut point, naturellement, qu'on ait continué à se servir des guêtres en cuir ou eu étoffe, soit en temps de paix, comme Laerte, soit même en guerre. Les monuments contemporains des anciennes parties de l'épopée ne permettent pas de préciser davantage. Impossible de distinguer, sur les silhouettes des vases géométriques du Fx"-vme siècle12, les guêtres ou les cnémides que les guerriers de cette époque portaient sans doute. Même remarque à faire pour le cratère d'Aristonophos 13, qui annonce les céramiques de Rhodes VII. O(:I; -1y.ti 0(.R et de ;filet, Cependant, dès que la simple silhouette fait. place â une peinture plus développée, au vu' ,siècle, la cnémide métallique apparaît clairement dans tout le monde hellénique. Les exemples les plus anciens' nous montrent l'usage constant des enémides certainement métalliques, tantôt lisses, tantôt décorées (l'une double volute'. 4 s vases se rattachent directement à la série géométrique'. Dans les chefs-d«fiuvre de la série a protocorinthienne .r, nous retrouvons les guerriers toujours armés de enémides', et 1'excmplaire le plus important, sinon le plus beau de cette classe, I'oenochoé Chigi", ajoute aux lilas de guerriers armés de toutes pièces, une scène d'armement : contrairement à l'usage naturel (que. confirme la tradition homérique) de commencer par les cnémides, le guerrier a déjà endossé la lourde cuirasse qui ne lui permet plus de se pencher ; c'est pourquoi un camarade lui ajuste aux jambes les cnémides d'airain qui ne sont pas lacées sur les mollets. A. partir de ce moment, la cnémide ne manque plus guère aux guerriers, sur les vases corinthiens de la fin du vii`' siècle, ni sur les produits variés des ateliers du vI° e.l du v' siècle (fig. 142, 26i, 1635, 2470, 2725, 3453, -1839, etc.)'. L'armure des Doriens ne se distingue point, ._l cet égard, de celle des Ioniens". Pour les scènes d'armement, les vases à figures noires° offrent un type consacré : le guerrier, déjà chaussé de la cnémide droite, est en train de mettre la gauche. La cuirasse n'appuyait point, les autres armes, casque, bouclier, lances, sont par terre, ou tenues par un. autre personnage. Sur les vases à figures rouges, les éphèbes qui mettent leurs cnémides sont en général vêtus d'un chiton court et coiffés du casque t0; leurs chevilles sont protégées contre le frottement de la enérnide par des anneaux ou des coussinets d'étoffe qui ne correspondent point aux Érctc av, homériques. Sur une coupe. de Brygos ", les éphèbes ont déjà endossé la cuirasse de cuir, avant de mettre les cnémides, tandis que l'armement d'Hector, sur une amphore d'Euthymidi s 12, semble procéder selon la description homérique. Les monuments ne suivent donc pas une règle immuable Toutes les cnémides que nous avons conservées sont en bronze, le fer n'offrant pas une élasticité suffisante. Les armures princières, d'or et d'argent, que possédaient sans doute les tyran' elle,,, riches particuliers, ont disparu. Les pièces plus simples réduisent leur décoration à quelques lignes repoussées, imitant les contours du mollet et, plus rarement, de la rotule"; une arète vive s'ajuste, sur le devant., au tibia. D'ailleurs, pour complé ter l'armure de la jambe, l'hoplite pouvait ajouter à la cnémide les pièces suivantes : 10 Le cuissard, plaque de bronze élastique moulant la cuisse, dont les muscles étaient indiqués au repoussé, ainsi que la rotule ; un exemplaire a été trouvé à Olympie (fig. 5367)1", un autre existe au Musée Britannique 1° ; ces armures sont portées par les guerriers sur quelques plnahes corinthiens", et sur plusieurs vases attiques à figures noires ' 5, Sur un Fig. zCrisse I. de ces vases, signé par Colchos, les cuissards sont décorés d'un riche dessin de palmettes, évidemment gravées au burin, tandis que, sur les cnémides du mémo guerrier (fig. 5368), la musculature du mollet s'est transformée en une volute décorative. 2° La clecvil(ère, pièce analogue à la cnémide,quis'ajuste à la cheville et en montre le contour, au repoussé. Par derrière, une courroie était passée dans deux trous. Cettepièce(qu'en serait tenté d'ap ne se peut com biner avec la cnémide ordinaire, qui protège eIleméme la cheville. 1l doit y avoir eu des jambières plus courtes, auxquelles s'ajustaient ces couvre-chevilles, dont un certain nombre a été recueilli à Olympie (fig. 5369)1" et dans l'Italie méridionale. Elles n'apparaissent point, d'ailleurs, sur les monuments figurés, qui montrent toujours la longue cnémide allant jusqu'à .Ia cheville. 3° Le pédieux, sorte de bottine en bronze moulant les doigts du pied, et se démontant à charnière., J'en connais un exemplaire brisé d'Olyrnpie (fig. 5370) L0, une paire du Musée Britannique''-', et, plus récents, les pédieux du OCR 147 OCï roi de Coul-Oba (fig. 1236) 1, composés de dix écailles mobiles, d'or doublé de fer Pas plus que les cheville rus, les pédieux ne paraissent sur les monuments figurés. Quant aux cnémides elles-mêmes, la série connue en est assez grande, quoique inférieure à celle des casques. Les cnémides lisses, à simples indications des muscles, se ressemblent toutes, plus ou moins 3. Une paire, de bronze doré, trouvée à Kertcll', est percée de trous le long des bords, pour la doublure de cuir, et au-dessous du genou, pour y fixer un coussinet : les mêmes dispositions se retrouvent sur les cnémides que le jeune Néoptolème reçoit d'Ulysse, sur une coupe de Douris ". Les pièces décorées ont d'abord, au genou, un ornement stylisé dérivant de la rotule, en forme de double volute, et qui ressemble presque au lotus mycénien'. Quelques exemplaires d'Olympie' y ajoutent une ou trois palmettes, semblables à celles que nous avons citées sur des vases peints; une autre cnémide a, unique dans son genre, porte, sur l'arête de devant, une lamelle de bronze découpée en forme de plante fleurie, qui renforce l'armure en la décorant. Mais l'ornement le plus riche, et le plus à la mode, de la fin du vit" siècle au milieu du v", c'est un masque de Gorgone, occupant la place de la rotule et protégeant le genou de son regard terrible qui repousse le malheur. Ces masques, d'un beau travail repoussé et achevé au burin, avec leurs dents et leur langue d'ivoire, leurs yeux incrustés d'émaux, représentent l'apogée de l'armurerie grecque; il serait malaisé de les attribuer à un centre unique de fabrication, puisqu'elles se trouvent également au centre de la Grèce, et aux contins lointains du monde hellénique'. Le type simple du gorgoneion est d'abord représenté par la superbe jambe de statue, trouvée en Grande Grèce, à Anzi ou à Potenza (fig. itir't )10. C'est un vrai chef, d'oeuvre, qui s'écarte déjà, dans le traitement du masque, de l'archaïsme rigide. Deux volutes se déroulent sous le gorgoneion. L'auteur d'une belle cnémide d'Olympie' . plus archaïque, a ajouté un masque de panthère à l'extrémité inférieure, et réuni sur le devant les lignes des mollets, d'une facon fort décorative. Sur une autre cnémide d'Olympie '2, deux serpents monstrueux et barbus occupent la place des muscles du mollet 13. Ailleurs, on voit se substituer au gorgoneion primitif un type plus développé, une Gorgone entière, ailée, courant et tenant un serpent de chaque maint'`. Mais cette variante reste isolée , et nous retrouvons le type classique enrichi d'une palmette, sur les cnémides de tiertch, citées plus haut; la vogue en est attestée, pour l'Attique, par de beaux vases à figures rouges (fig. i372) 17, D'ailleurs, ce type s'est maintenu, longtemps après la floraison que nous venons d'esquisser : notre ligure 383 montre une paire de cnémides à masques de Gorgone, couronnées d'astres, sur le monument de M. Antonins Isxochus, qui fut gladiateur sous le règne de Trajan (cf. fig. ?14t2l). Pendant toute l'époque archaïque, l'LÉ trurie a été dominée par l'art grec, ionien d'abord, attique plus tard. On s'attendrait donc à retrouver, dans l'armure étrusque du vile-vI' siècle, l'usage constant des cnémides, et c'est avec surprise qu'on constate leur absence presque complète. Aucun des grands tombeaux de guerriers du ou' siècle (ou de la, fin du vile siècle) ne contient des jambières 1", tandis que les casques, les baudriers, les pectoraux des cuirasses de cuir ou d'étoffe, les boucliers et les armes offensives n'y font pas défaut. Les plus anciennes stèles funéraires de l'F trurie 11, qui représentent des guerriers armés à 1a grecque, ne leur donnent point de cnémides: et la même coutume apparait sur les autres monuments étrusques du vie-ve siècle, les statuettes de bronze 13 les vases de bucchero 1" ; ce sont toujours des soldats armés de toutes pièces, mais sans jambières. Celles-ci apparaissent enfin sur des statuettes moins anciennes, de la fin du v" et du Ive siècle 222", et c'est à la même époque qu'appartiennent les cnémides de bronze qu'on a recueillies dans les tombeaux étrusques plus récents 27. OCR 148 OCR Ce sont toujours des armures fort simples, sans décoration aucune, telles qu'on les voit sculptées dans une tombe étrusque de Cervetri, du iv' me siècle'. Il est probable que la plupart de ces cnémides proviennent des ateliers d'armurerie florissant en Grande-Grèce. Leur introduction tardive en Étrurie montre de nouveau que cette invention grecque n'était guère en usage chez les étrangers. D'ailleurs, il semble que la grande vogue de la cnémide ait diminué, même en Grèce, dès le début du ve siècle. Je n'insisterai pas trop sur le manque de jambières dans les grandes sculptures de la seconde moitié du vie siècle : les héros et les géants (conçus par l'art archaïque comme de simples hoplites combattant contre l'armée des dieux) n'ont point de cnémides, ni sur le fronton et la frise du trésor de Cnide à Delphes 2, ni sur le fronton du trésor de Mégare à Olympie', ni sur les métopes du temple F de Sélinonte'. Ces trois monuments sont les plus importants qui présentent des guerriers à cette époque. Plus remarquable encore est l'absence des cnémides parmi les armes qu'on offre au mort héroïsé, sur la frise du tombeau desllarpyiesG» ; le jeune homme qui les offre porte lui-même une cuirasse, mais pas de jambières. En comparant à cette couvre ionienne un monument attique contemporain, la stèle d'Aristion (fig. 3958) 6, qui montre le soldat en tenue de parade, avec ses cnémides, nous conclurons qu'on s'est d'abord déshabitué de cette armure en Ionie, et que ce mouvement a dît gagner l'Attique, environ une génération plus tard. C'est ce que confirment les peintures de vases : pendant toute la durée du style sévère à figures rouges (de 530 à 470 environ), la cnémide est de mise (fig. 1578, 2471), quoique les peintres l'aient souvent supprimée comme la cuirasse, tout entiers au plaisir de rendre la forme humaine7. Plus tard, à l'époque du beau style, et jusqu'au déclin de la peinture de vases attique, les cnémides apparaissent de plus en plus rarement (fig. 1634) : on dirait qu'elles deviennent des objets démodés, réservés aux scènes héroïques. Détail curieux, cette lourde arme des hoplites est donnée parfois aux Amazones'. Inutile d'ajouter que la grande sculpture ne connaît plus les cnémides, tandis que la peinture paraît les avoir conservées, pour les scènes héroïques : le beau sarcophage peint, du musée de Florence e, qui présente des guerriers chaussés de cnémides, est sans doute une copie de quelque tableau attique, exécuté vers la fin du ve siècle. D'ailleurs, il est un sujet, très populaire depuis le milieu du ve siècle, dont la cnémide était un élément presque indispensable : c'est le cortège des Néréides qui apportent à Achille les armures forgées par Vulcain. Ce sont d'abord de simples jeunes filles s'approchant à pied du héros (fig. 5372)10, puis c'est un gai cortège de nymphes, assises sur des poissons, des dauphins ou des monstres marins" (fig. 5317). Faut-il donc conclure que, à part quelques scènes mythologiques, la cnémide ait disparu peu à peu, depuis le milieu du ve siècle''? Je ne le crois pas, malgré l'absence de preuves monumentales, du moins dans la Grèce propre. Nous savons par quelques passages, malheureusement trop laconiques, des auteurs contemporains, que les hoplites, tant à Sparte qu'à Athènes, portaient des cnémides" [ExERClTas] ; ce fut Iphikratès qui introduisit, au début du ive siècle, des jambières légères, appelées d'après leur inventeur", pour alléger l'armure de ses mercenaires. Malheureusement, nous ne savons rien de la forme de ces iphihcaiides, qui ressemblaient peut-être aux bottes lacées des peltastes thraces' Mais ce qu'il importe de constater, c'est qu'au début du Ive siècle la cnémide de métal formait encore une partie essentielle de l'armure des hoplites athéniens ; Iphikratès ne l'abolit que pour une partie de l'armée. Les soldats de Philippe portaient encore les anciennes cnémides, qu'Alexandre le Grand semble avoir supprimées f6. Et sur les reliefs dont Eumène li de Pergame (197-159 av. J.-C.) fit décorer le portique d'Athéna, nous retrouvons parmi les armures multiples et compliquées, une paire de cnémides simples", liées par de solides courroies. II semble donc que l'usage des cnémides, tout en diminuant depuis le vu siècle, n'ait jamais disparu en Grèce ni même en Asie Mineure, où la stèle d'Iconium, antérieure à l'époque macédonienne, montre l'emploi de la cnémide chez les soldats de la Lycaonie 18. De même, elles se maintiennent, en Sicile et dans l'Italie méridionale, bien au delà du Ive. Plusieurs cnémides trouvées dans des tombeaux de la Grande-Grèce datent de cette OCR 449 OCT époque, et c'est précisément au ive et au Ine siècle que ces armes pénétrèrent parmi les tribus indigènes, voisines des colonies grecques, et jusqu'en Étrurie (fig. 2774, 4525, 4544). Sur les fresques et sur les vases, on voit les Campaniens, les Lucaniens, les Samnites, souvent chaussés d'une ou de deux cnémides (fig. 5373 ; cf. 4543) peintes en jaune, pour imiter le bronze doré des originaux. Quant à la Sicile, ses monnaies nous font voir que les jambières faisaient partie des armures offertes aux athlètes victorieux, au iv° siècle. Les superbes décadrachmes syracusaines d'Euainetos et de Kimon 2 les présentent en exergue, sous le quadrige victorieux, et l'inscription O),z confirme que ce sont bien les prix des courses. Une didrachme de Camarina 3 a, pour seule décoration, un casque d'un côté, de l'autre un palmier nain entre deux cnémides. Les bas-reliefs de Pergame nous ont amenés à l'époque romaine ; on y retrouveles jambières, les ocres que le commerce grec avait depuis longtemps introduites à Rome comme en Étrurie. Malheureusement, il n'y a guère de monuments romains, antérieurs à l'Empire, qui montrent l'usage de ces armes. si ce n'est la frise de l'autel, aujourd'hui au Louvre, dédié par Cn. Domitius Ahenobarbus, aux derniers temps de la République (fig. 4549). Le général y porte les ocreae. Elles apparaissent, en très grand nombre, sur les représentations des gladiateurs [GLADIATOR, fig. 3572-3577j', qui en portent de formes très variées, et souvent se contentent d'une seule ocrea, à la jamb-e gauche, suivant probablement le vieil usage samnite. Plusieurs jambières de forme lourde et surchargées d'ornements et de figures (fig. 5374) ont été recueillies dans la caserne des gladiateurs, à Pompéi 0. Leur décoration très chargée offre un contraste marqué Sur le cratère d'Asstéas (fig. 2501), les cnémides d'Hercule sont richement déco obole de Hissera (Bric. Mus. Cat. p. 80; Hill, p. 60) Face. Tète de jeune homme casquée; R. Deux cnémides. 4 Ce mot se trouve pour la première fois chez Varron, Ling. lat. V, 21,118 ; cf. Fest. s. x. oerem. 6 A remarquer surtout la fig. 3577, où l'un des gladiateurs porte cuissards, genouillères, jambières et chevillères réunies.8 Fiorelli, Arnai ait. d. A'apoli, n°• 290-304; M'use» Borbonico, aussi Duruy, Hist. des Roue. p. 557, bronze du Cabinet des médailles. 8 Arch. avec l'élégance sobre et sévère des cnémides grecques. Cependant, même à l'époque romaine, les jambières des guerriers gardent souvent la belle simplicité ancienne. Il suffit de rappeler une jolie statuette de Mars, galloromaine, du Musée Britannique ;l'armure en est niellée ; les jambières, lacées par derrière à l'aide de courroies en émail rouge, ont un gros bouton sur le genou, probablement la tête du clou qui fixait un coussinet, à l'intérieur (voir aussi fig. 16!19). Dans l'armée régulière de l'Empire, les centurions seuls semblent avoir eu le droit aux ocreae, qu'on voit représentées sur leurs cippes funéraires (fig. 4421-4423) B, tandis que les soldats ne les portent pas 9. Elles manquent sur les colonnes de Trajan et d'Antonin, et,ne sont point citées parmi les armes dont la IVotitia Dignitatum 10 énumère les fabriques impériales. Cependant, elles continuaient à être portées par les officiers, et c'est ainsi que la enémide, créée à la fin du ne millénaire par les armuriers « mycéniens », s'est maintenue à travers la floraison et le déclin de la civilisation antique, pour revivre enfin, au moyen âge, dans les jambières des armures dites « de plates ». G. KAao.