Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article OMEN

OMEN [DIVINATIO, p. 797]. OMO 197 OMP ger leur chair crue. L'origine de l'omophagie paraît être dans les sacrifices humains que l'on aurait offerts primitivement à Dionysos ou, d'après des théories récentes, dans un rite très ancien qui consistait à dépecer une victime sacrée et à s'assimiler son caractère divin en dévorant sa chair crue 1. On déchirait les victimes devant l'autel du Dieu,surnommé pour cette raison Oinestès', ou ODZadios 3, ou Autllroporrhaistès°. Avant la bataille de Salamine, Thémistocle immola encore à Dionysos Omestès trois prisonniers perses Peu à peu, l'on remplaça les victimes humaines par des animaux, généralement un taureau, quelquefois un veau; d'où les surnoms de Taurophagos ou de Moschophagos, donnés à Dionysos 6. Ailleurs, la victime dépecée était un bouc`. Enfin l'on connaît les célèbres légendes où les Ménades mettent en pièces L'omophagie était, dit-on, originaire de Crète, où elle se célébrait la nuit en l'honneur de Dionysos Zagreus Elle est encore mentionnée à Chios'1, à Lesbos 12, à Ténédos13 ; elle parait avoir été pratiquée en Béotie [AGRIONIA] ", et probablement partout où les Ménades et les Bacchants fêtaient leurs mystères 13. Des scènes d'omophagie sont représentées sur quelques vases peints. Par exemple, une cylix à figures rouges du Cabinet des médailles montre deux Ménades ivres et armées du thyrse, dont l'une brandit un bras de sa victime, l'autre une jambe 1a (fig. 4769). Sur un vase du British Museum, Dionysos lui-même tient les morceaux d'un faon f9. Sur une amphore du Cabinet des médailles, une Ménade porte la moitié d'un chevreau' «fig. 2420). On trouve des sujets analogues sur des bas-reliefs hellénistiques '9 [DIoNYSIA, Les confréries orphiques, avec le culte de Dionysos Zagreus, adoptèrent l'omophagie, qui devint l'un des principaux rites de la vie orphique. Mais elles lui donnèrent, semble-t-il, un sens nouveau. La victime devint. une représentation symbolique du dieu lui-même, de Dionysos Zagreus mis en pièces par les Titans, et sans doute aussi d'Orphée déchiré par les Ménades; en dévorant les chairs du taureau, on croyait s'identifier avec le dieu, participer à la vertu de son sacrifice et y puiser