Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AMMON

AMMON (°AN.p.o,v). Ammon, divinité d'origine étrangère, sémitique ou égyptienne, que les Grecs et les Romains identifièrent avec Zeus et Jupiter 1. Son oracle en Libye, dans la grande Oasis, n'eut pas moins de célébrité parmi eux que ceux de Dodone et de Delphes [onACULIIMl. Son culte y avait été apporté de Thèbes, en Égypte, appelée par les Grecs Diospoliso. Il fut connu d'abord des Grecs de la Cyrénaïque, pays limitrophe de la grande Oasis, puis du nombre toujours croissant de ceux qui visitaient son sanctuaire et consultaient son oracle, désormais compté parmi les grands oracles nationaux 3. Au temps de Philippe et d'Alexandre le culte d'Ammon était répandu dans la Grèce. Alexandre affecta toute sa vie pour ce dieu une dévotion intéressée `'. Les rites, les fêtes, les images du dieu égyptien à tête de bélier, identifié par les Grecs avec leur Zeus, furent expliqués par des légendes empreintes de leur esprit et destinées à mettre Ammon en rapport avec leurs divinités. On racontait que Zeus, qui ne voulait pas se laisser voir, avait cédé cependant aux instances d'Héraklès : il avait écorché un bélier, en avait coupé la tête, et s'était montré tenant cette bête devant lui et revêtu de la toisons. On expliquait encore l'origine des cornes de bélier, attribut d'Ammon, en disant que Dionysos, ou, suivant quelques-uns, Héraklès allant dans l'Inde, et menant son armée à travers les déserts de Libye, à la fin, presque épuisé de soif, avait lusoqué Zeus, son père. Un bélier apparut, et en creusant le solde son pied, découvrit une source. Pour cette raison, Zeus Ammon, dont le nom serait dérivé de «p.p.oç (sable), serait représenté avec les cornes d'un bélier D'autres assuraient qu'Ammon, né dans un bois, avait été trouvé par les habitants voisins et regardé comme fils de Zeus et d'une brebis. Suivant une quatrième tradition, des pasteurs, entre Cyrène et Carthage, virent un enfant, dont la tête portait des cornes de bélier, assis sur le sable et prédisant l'avenir. Soulevé de terre, il se taisait ; déposé de nouveau, il parlait. Soudain il disparut ; on le crut dieu, et l'on commença en ce lieu à honorer Zeus Ammon 7. Une dernière tradition faisait venir d'Afrique un certain Ammon, au temps de la domination de Dionysos en Égypte ; il aurait amené au dieu d'immenses troupeaux, et reçu en échange des terres en face de Thèbes ; les cornes, avec lesquelles on le représentait, seraient un souvenir de ce bienfait. Suivant une variante de la même tradition, tout l'honneur de cette action reviendrait au dieu, qui aurait par ce motif reçu les cornes de bélier comme attribut Outre les fêtes d'Ammon à Thèbes, on a gardé le souvenir d'une fête célébrée en son honneur à Athènes ; mais le nom même en est douteux 9. Il est probable que la trirème sacrée d'Ammon, appelée Ammonis 10 ou Ammon/as t1, jouait quelque rôle clans cette solennité. On sait que les Athéniens l'employaient pour envoyer leurs offrandes aux sacrifices du dieu ", et qu'un trésorier, magistrat élu à la maj orité des votes ('ca i.iaç «p'tov ZEtporlVxTdc) y était attaché". Lorsque Protogènes décora les propylées de l'Acropole, il y peignit les deux trirèmes sacrées, la Paralos et la Hammonis, désignée aussi sous le nom de Nausikaa''". L'art hellénique ou romain consacra à Zeus Ammon un grand nombre de monuments, dont quelques-uns sont parvenus jusqu'à nous i5. Pausanias vit encore à Sparte un sanctuaire consacré à ce dieu.''. Il en mentionne un autre sur l'agora de Gythion 17. Ammon eut un temple ou an moins un autel à Aphytis, dans la péninsule Pallène 18. Lysandre, ayant levé le siége de cette ville, à la suite d'une nocturne apparition du dieu, ordonna aux habitants de lui sacrifier, et se rendit en Libye pour s'efforcer del'apaiser ". Des médailles d'Aphytis attestent ce culte. A Olympie 2°, on lui taisait des libations en même temps qu'à Parammon et à Hèra-Ammonia, divinités évidemment de même origine et identifiées par les Grecs à Hermès et à Héra. La sculpture consacra à Ammon de nombreux monuments. Un des plus anciens sans doute, remontant à la première moitié du v' siècle, était la statue, oeuvre de Catamis, que Pindare lui avait dédiée à Thèbes °I. A une époque incertaine, des Hellènes de Cyrène avaient consacré, à Delphes, un char et, sur le char, une statue d'Ammon. Le musée de Naples conserve un Zeus Ammon en marbre, d'un très-bon style et fort intéressant à cause de la rareté des représentations entières du dieu 2a. A demi couché sur un rocher, il s'appuie de la main gauche ; deux cornes de bélier s'élèvent du milieu de son épaisse chevelure surmontée d'un calathus; son vêtement se compose d'une ample tunique à manches courtes et d'un manteau. Une seconde statue, plus petite, en bronze, est au Cabinet des médailles de Vienne; le dieu, vêtu d'un manteau, est en marche26. Pausanias rapporte qu'à Mégalopolis, près du théâtre et du Bouleutèrion , on avait construit une maison pour Alexandre, fils de Philippe; on y voyait un hermès d'Ammon avec des cornes de bélier". Le nombre des bustes et hermès simples d'Ammon conservés aujourd'hui dans les musées est assez considérable : on peut en citer dix-sept au moins; dans les uns prédomine l'élément humain; les autres laissent plus apercevoir de la nature du bélier. Dans la première classe, le buste en marbre du musée AMM 231 AA111 de Naples " est le plus remarquable (fig. 259). Les cheveux recouvrent presque la racine des cornes fortement recourbées, de même qu'ils dissimulent l'attache des oreilles d'animal, placées dans la courbure des cornes. Sur le sommet de la tête la chevelure est à demi courte ; sur la nuque elle est coupée à la façon des athlètes. La barbe est seulement ondulée. Le front médiocrement bombé, mais fortement saillant au-dessus des orbites et surtout au milieu, présente plus haut une dépression ou un creux marqué de deux plis. Les yeux ne sont pas très-ouverts. Le nez long, un peu arqué et très-mince, et la bouche, dont les con tours sont très-particuliers, montrent le type du bélier uni au type humain dans un mélange idéalisé Un buste en marbre du Panthéon de Wôrlitz ", œuvre d'une bonne époque, rappelle celui de Naples. Il s'en distingue surtout en ce qu'il n'a pas d'oreilles d'animal. Dans cette première classe, il suffit de mentionner encore un buste de la galerie Giustiniani 27, aujourd'hui disparu, une tête du musée de Berlin", un buste inédit du musée de Naples 39, une petite tête en marbre de la collection Barone à Naples, enfin une tête sur un autel funéraire du musée des Offices à Florence ". Une tête inédite de la Glyptothèque de Munich31 présente un intermédiaire entre le caractère noble et idéal du buste de Naples et des autres bustes analogues, et le caractère bestial de ceux de la deuxième série. La deuxième série comprend sept bustes, où domine la nature de l'animal; on y voit surtout le dieu-bélier. Sans que ce type manque tout à fait dans les monnaies grecques, on le remarque en particulier dans des monnaies romaines de l'Afrique, et les bustes qui le présentent doivent être également considérés comme romains. Nous citerons une tête du musée du Capitole 38, dont l'expression est sauvage, farouche, à demi bestiale ; les cornes tiennent tout à fait au visage, ainsi que les oreilles, qui sont des oreilles de bouc. Une tête, à Venise"; une tête de marbre grec, destinée à une statue, au musée de Latran 3'`; une autre au même musée "; une petite tête de la collection Barone, à Naples; un buste, autrefois dans la collection Campana, aujourd'hui au Louvre"; une autre tête, de la même collection, aujourd'hui au musée de l'Ermitage, à Saint-Péters bourg37, appartiennent à la même série. A ces bustes on peut joindre deux hermès simples, l'un", en grès, trouvé près de Bonn, qui offre une ressemblance frappante avec le buste du Capitole, l'autre n qui de la collection Campana a passé au musée du Louvre. Une inscription de Deir-el-Kuelah, dans le Liban '0 a conservé le souvenir d'une représentation en bronze d'Ammon avec des cornes : c'était sans doute un masque qui servait à l'écoulemen t de l'eau d'une fontaine. Tel parait avoir été l'emploi de la plupart des masques de ce dieu, conservés dans nos musées 41. La première place parmi eux revient à un masque colossal du musée des Offices à Florence 4'. Les deux masques qui, par la beauté, s'en approchent le plus, sont le masque colossal de la villa Albani et un plus petit au musée du Vatican 44 A un degré inférieur se placent deux masques de Pompéi 4'; enfin un petit masque au musée de Berlin 46, On ne compte pas moins de quinze hermès doubles où Ammon est figuré dans les musées. Les uns le montrent uni à Dionysos, soit barbu "9, soit imberbe d8. Ce rapprochement paraît plutôt avoir été suggéré aux artistes par les légendes communes aux deux divinités et, en particulier, par la tradition qui faisait de Dionysos un fils de Zeus Ammon "9Les cornes de taureau que portent ces têtes de Dionysos jeune et imberbe peuvent inspirer quelques doutes sur leur attribution; car le Dionysos ammonien ou libyque de nombreuses médailles de Cyrène et d'autres villes a des cornes de bélier. Au lieu de l'interprétation généralement admise Js, qui reconnaît dans ces hermès un Dionysos taureau, dieu de la fécondation par le principe de l'eau, on a proposé d'y voir des représentations. du Triton libyque 51. Un hermès du musée de Berlin 5" associe au dieu une tête de satyre. On le voit, sur un rhyton à Naples '3, réuni à Ilèra Ammonia ou à Libya. Un hermès double, relevé par Gerhard a4, offre un Ammon d'un type noble, presque semblable à Zeus, uni à une tête à peu près semblable, mais sans cornes, et qui paraît être Sérapis. Il existe aussi des monuments où deux têtes d'Ammon sont adossées l'une à l'autre 55 On trouve des têtes d'Ammon, soit seules, soit unies à des têtes de bélier, aux angles des autels et des cippes funéraires, aux anses ou aux places des anses des vases de même destination. La tête d'Ammon, munie de cornes comme celle d'un bélier ou d'un taureau, parait avoir servi d'amulette, aussi bien que la tête barbue aux cornes de taureau, qui a été prise tantôt pour A chéloüs, tantôt pour Dionysos; c'est ainsi qu'on le rencontre sur une cuirasse" et sur un casque 57. Elle figure dans deux remarquables bas-reliefs, AMM 232 AMM l'un au Louvre '3, l'autre à Turin n. La figure entière du dieu donne un grand intérêt à un vase en marbre, découvert à Pompéi". D'après la description qui en a été faite, Ammon y aurait été représenté, comme dans l'offrande des habitants de Cyrène à Delphes, dont il a été parlé plus haut, monté sur un char à deux chevaux. On a conservé quelques lampes", où le masque du dieu tient lieu d'ornement. On le trouve de même sur un antéfixe en forme de palmette, dans la collection Campana 62. Un bas-relief en terre cuite, reproduit à plusieurs exemplaires", le présente orné du bandeau bachique, et accompagné de deux jeunes satyres. Sur les vases peints, on n'a pas signalé Zeus Ammon avec l'attribut ordinaire des cornes de bélier; on peut seulement en citer deux, sur lesquels se voit la figure de Zeus avec un sceptre surmonté d'une tête de bélier "1. Les pierres gravées qui représentent Ammon sont assez nombreuses. Le plus souvent, on trouve la tète barbue avec les cornes de bélier, soit de profil ", soit de face ", mec l'expression élevée du type de Zeus ", ou dérivant, de ce type n; d'autres fois plutôt avec le caractère bachique 69, ou sous des traits particuliers et presque individuels n ; ou dans un rapport très-frappant avec une physionomie bestiale, mais en général semblalbe à une tète de chèvre plutôt qu'à une tête de bélier7'. Un petit nombre de gemmes offrent, comme les monnaies impériales frappées en Égypte, la tête d'Ammon, couronnée de rayons et surmontée du calathus 7'. D'autres pierres, comme les uranes monnaies, joignent à ces attributs le trident entouré d'un serpent"; il en est une 7M où Ammon a sur la tète le croissant de la lune ; sur une améthyste 7', on le voit porté par un bélier; une autre pierre 76, montre (fig. 260) une figure entière d'Ammon avec la tête d'un bélier, le foudre dans la main droite, la main gauche appuyée sur un sceptre. On voit aussi sur des gemmes, quelques doubles têtes d'Ammon et de Libya. La plus connue de ces représentations se trouve au Cabinet de Florence n, une tête de femme unie à celle d'Ammon, sur une pierre de la collection de Berlin n, paraît être celle de liera. Une pierre, plusieurs fois publiée n, offre l'image d'un bélier avec l'inscription C. AMAN (us), nom du possesseur de cette pierre, qui honorait Ammon comme son protecteur et son parton. La numismatique surtout fournit une riche collection de monuments où est figuré Zeus Ammon. La Cyrénaïque, principal foyer de son culte, se distingue par le grand nombre de ces médailles. Elles appartiennent à trois des quatre périodes de son histoire : domination des Battiades (640450), gouvernement républicain (450-322), les Ptolé urées; la quatrième période, qui est celle de la domination romaine, est sans intérêt pour l'étude des représentations monétaires d'Ammon. Avant le milieu du ve siècle, et, suivant toute apparence, dans un temps bien plus reculé 80, les premières têtes du dieu sont du style archaïque le plus dur. Ce sont des drachmes sans nom de ville. 11 en est autrement des plus anciennes monnaies avec le nom de Cyrène S1 : de même que dans les plus anciennes monnaies de Barca " et des Euespérites " i, le type est celui du style archaïque (fig. 261). La deuxième période est l'époque du plus beau dévelop pement de l'art. La tête d'Ammon est d'une grande distinction. Un des plus beaux monuments de la numismatique cyrénaïque est une médaille sans nom de ville, avec le nom du magistrat AIBTETPATO sur le revers 84; la tète rappelle le type de Zeus des monnaies locriennes et arcadiennes. Deux médailles, l'une de Cyrène ", l'autre de Barca", ont quelque ressemblance avec le beau buste de Naples, tandis que d'autres " peuvent être comparées aux bustes où le caractère du dieu est le plus rapproché de la nature bestiale. Sur une médaille en or, plusieurs fois publiée", Ammon est debout, la partie inférieure du corps couverte d'un manteau ; il ne porte point de cornes de bélier; la tête est radiée; le personnage est tout à fait semblable au Zeus hellénique : sur sa main droite est posée la victoire; de la gauche, il tient un sceptre, un bélier le suit. La troisième période de la numismatique de Cyrène présente sur les monnaies frappées par les Ptolémées, des tètes d'Ammon ", qui n'ont rien de particulier. A côté se placent quelques représentations plus ou moins barbares du même dieu, sur des monnaies du roi de Numidie Juba Ier 9Q C'est également en Afrique qu'ont été frappés les deniers de Q. Cornificius, avec la tête d'Ammon 91, aussi bien que ceux qui montrent une tête de femme couverte de dépouilles d'éléphant: Q. Cornificius administra l'Afrique en qualité de propréteur, après la mort de César. On voit encore Ammon sur les médailles de Métaponte, de Catane, d'Aphytis, dans la péninsule Pallène, de Cassandrea n, de l'ancienne Potidée, de Ténos, de Mitylène ; sur elles des villes de Mysie, Pitane, Lampsaque et Pergame, de Cos n, d'Ancyre en Galatie 94, et de Césarée 93 en Cappadoce. AMN 233 AGIO Enfin Ammon apparaît sur les monnaies des empereurs romains frappées en Égypte 96. K. BLONDEL. AMNESTIA (AuvilaTta). L'amnistie est « l'oubli d'infractions dont le souvenir ne serait ravivé qu'au détriment du repos public. Pour calmer les esprits, pour éteindre les dissensions, on promet de ne pas entamer ou de ne pas continuer des poursuites, ou même de ne pas tenir compte des condamnations intervenues, comme dénouement de poursuites déjà faites, à raison de telles ou telles classes d'infractions... L'amnistie s'applique aux infractions, abstraction faite de ceux qui les ont commises... Si les agents en profitent, ce n'est que médiatement et indirectement 1. » L'amnistie était connue des Grecs, et l'histoire nous en a conservé plusieurs exemples que nous allons rappeler. Nous ferons observer toutefois que, comme il s'agit d'une faveur accordée à des coupables, le pouvoir qui concède l'amnistie peut mettre à sa générosité telles conditions qu'il juge convenables, en exclure telles personnes déterminées, lui faire produire tels ou tels effets. Il serait donc difficile, à cause du petit nombre des documents qui nous sont parvenus, d'indiquer quelles étaient, en Grèce, les règles générales de cette matière. Lorsque, en 403 av. J. -C ., grâce à l'intervention de Pausanias, la paix fut conclue entre l'oligarchie athénienne et les exilés établis dans le Pirée, Thrasybule et tous ses compagnons échangèrent avec les oligarques qu'ils venaient de combattre des serments solennels d'oubli du passé ; les mêmes engagements furent pris plus tard envers les oligarques réfugiés à Éleusis. Cette promesse d'oubli est désignée par Plutarque sous le nom de qer',tptagx âµv-,;12(1;9; mais le mot « amnistie n ne se rencontre pas dans les auteurs contemporains, qui disent seulement p.-?l pvratxaxeiv '. Les seules personnes exceptées de l'nuvrlaT(a furent les Trente Tyrans, les Onze, qui avaient fait exécuter les décisions des Tyrans, et les Dix, gouverneurs du Pirée; et encore ces diverses personnes eurent le droit de bénéficier du pardon en rendant compte de la manière dont elles avaient géré leurs charges, et en dégageant leur responsabilité des injustices commises par leurs collègues 4. Les fils des Tyrans eux-mêmes purent rester dans Athènes, et y jouir de tous leurs droits de citoyens Pour augmenter les garanties résultant de la lex oblivionis 6, on ajouta à la formule du serment annuel des sénateurs une clause par laquelle ils s'engageaient à ne recevoir aucune évéoI tç, aucune eecayo)y fondées sur des faits antérieurs à l'archontat d'Euclide ; enfin, on fit jurer chaque année par les Héliastes qu'ils ne se rappelleraient pas les faits accomplis, qu'ils n'appuieraient pas ceux qui se les rappelleraient, et qu'ils respecteraient en tout le décret d'amnistie'. Ces serments, dont l'utilité était nécessairement transitoire, tombèrent en désuétude, et on ne les trouve pas dans la formule, très-suspecte d'ailleurs, conservée dans le discours de Démosthène contre Timoerate. Comme, malgré I. l'amnistie, quelques personnes intentaient des actions judiciaires contre les complices des Trente, Archinus, l'ami de Thrasybule ,fit voter une loi qui permit au défendeur d'opposer alors à l'agresseur une aapaypxIp'h fondée sur l'amnistie Nous trouvons un second exemple à l'occasion d'une insurrection à Samos pour renverser la démocratie. Le parti vainqueur se borna à amnistier la plupart des coupables s. De l'amnistie, nous rapprochons la grâce et la réhabilitation. « La grâce s'adresse aux personnes directement et immédiatement. C'est une faveur qui s'applique nommément à des bénéficiaires déterminés, à des infracteurs convaincus, à des condamnés dontla condamnation n'est pas anéantie, bien qu'elle ne reçoive pas exécution 10. n La grâce s'exerçait plutôt dans l'intérêt privé que dans l'intérêt public, et, bien que le droit de grâce n'appartînt qu'à l'assemblée du peuple, il devait y en avoir de fréquents exemples; mais les historiens grecs en ont relaté seulement un petit nombre. Les Athéniens rapportèrent, après trois ans seulement, le décret d'ostracisme rendu contre Aristide et qui devait régulièrement produire effet pendant dix ans n ; ils firent également grâce à Démosthène 72 et à Alcibiade " des condamnations à l'exil qui avaient été prononcées contre eux. Plutarque 14 nous dit toutefois que le peuple ne pouvait pas remettre au condamné les amendes qu'il avait encourues ; mais l'historien nous indique un moyen à l'aide duquel, relativement à Démosthène, cette prohibition put être éludée Le peuple lui fit don d'une somme d'argent égale au montant de sa dette. Quant à la réhabilitation, elle relève le condamné des incapacités et des déchéances que sa culpabilité reconnue lui avait fait encourir. « La grâce agit sur les inflictions matérielles ou sur la peine; la réhabilitation sur les indicfions morales ou sur les incapacités' 3.u-Une loi de Solon, rapportée par Plutarque 16, relève de l'ATrnuA un certain nombre d'individus et les déclare î7t(Ttp,ot. E. C.aILLEMEII.