Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ORNATOR

Esclaves spécialement chargés de la toilette de leur maître ou de leur maîtresse 5. Ils étaient en grand nombre dans les riches maisons grecques ou romaines e, à raison des talents variés qu'on exigeait d'eux. Coiffer était le principal, ils devaient avoir fait de cet art un assez long apprentissage : un jurisconsulte romain' décidait, à propos du legs d'une coiffeuse, que si elle n'avait pas reçu pendant plus de deux mois les leçons d'un maître, elle ne pouvait être considérée comme une ornatrix. Le peigne, l'acus discriminalis [Aces] ou d'autres outils servant à la coiffure accompagnent, comme insignes, les épitaphes de plusieurs ornatrices (fig. 5428) 3. Mais aux soins, si raffinés qu'ils fussent, de la chevelure [COMA] ne se bornaient pas les fonctions de ces serviteurs qu'on attachait à sa personne. Tout ce qui pouvait rehausser les agréments de la figure ou en dissimuler les défauts 9 était de leur domaine : les parfums, les teintures, les fards, les ajustements, les bijoux. Les noms grecs xop.p.corr;ç et. xopp.sirpta, qui impliquent l'idée de maquillage et de tromperie, et les explications très nettes des auteurs sur ce qu'il faut entendre par les mots xop.p.wtitxs(, ORP 240 ORP xdp.ucestç, xo~ u.Sµara i ne laissent pas de doute à ce sujet; et en latin, ornator ou ornatrix doivent prendre toute l'extension que comportent les mots ornare, parer, et ornementa, parures ORNAMENTA MULIEBRIA]. Kdsu.oç, xorc't'ctxr„ xoeMp.arxont la même signification générale; mais xosurlrrlç ne se rencontre qu'une fois dans l'acception particulière qui nous occupe, chez Xénophon 2 : il appelle ainsi des esclaves qui, chez les Perses dégénérés, appliquaient le fard à leurs maîtres; une fois aussi, latinisé (cosmetae), dans un passage de Juvénal 0 où il est question des traitements odieux que subissaient parfois les gens qui servaient les dames romaines. Des peintures 4 et des sculptures', des pierres gravées 6, des miroirs (fig. 105) 7 présentent des scènes de toilette où nous voyons des femmes entourées de servantes (quel . dm, quefois remplacées par Fig. 5I 9. Ornotrix. des génies ou des amours), tenant .des miroirs, des peignes, des aiguilles de tête, des fioles à parfum, des vases, des bassins, des serviettes, des écrins, des rubans, des bijoux. La figure è429 est tirée d'une peinture connue d'Herculanum : on y voit une ornatrix mettant la dernière main à la toilette d'une jeune fille et auprès d'elle, sur une table, un coffret, un ruban, des feuillages, et au-dessous une aiguière. Il y eut aussi des ornatores e pour les pages )DELICATOS, PAEDAGOGIUM' des grandes maisons, quand la beauté de ceux-ci, leur mise élégante et particulièrement leur coiffure abondante et soignée furent un des luxes les plus recherchés. II faut noter enfin que la coutume d'habiller les idoles, de les couvrir de bijoux et de leur composer une garderobe10, fit aussi attacher à leur service des ornatores et des ornatrices". E. SAGL10.