Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PALA

PALA S)xaioetsv, axoxév-r, i.a. --Pelle, bêche, qui (fig. 5451. cf. fig. 44054) paraît avoir été la plus ancienne, 5452, 5453). à manche plus court (fig. 5454) PAL -280 --PAL qui étaient attachées au palatium, aux diverses résidences de l'empereur, ce sont les palatini ; celles qui avaient seulement l'honneur de lui servir d'escorte et de garde en temps de paix ou de guerre, ce sont les coanitatenses [COMITATENSES 1]. La hiérarchie très nette qui était établie entre ces deux sortes de troupes est indiquée par la Notitia dignitatum 2, qui cite dans la liste générale des troupes, après les comités et les dames, les légions palatines, puis les auxilia palatine, pour ne parler qu'ensuite des légions et, des auxiliaires comitatenses. La même Notitia donne aussi à certains membres des bureaux impériaux, notamment à ceux qui appartiennent au ministère des finances, le titre de palatini : a ceteros palatinos offecii suprascripti 3 u ; mais il n'y a entre ceux-ci et les a palatins » militaires qu'une similitude de nom. B. CAC',A'r. PALATIUM (IIa)é' ov, (3ae6tatov, ccvàxropov), palais. -Le nom de la maison que se bâtit Auguste à Rome, sur le mont Palatin, palatium', est devenu par la suite celui de toutes les résidences impériales et a fini par être appliqué comme notre mot palais à d'autres habitations grandes et somptueuses. Le mot grec ;ra)ez'rtov n'a été employé que comme transcription du latin. On a dit ailleurs [Doms] que chez les Grecs et chez les Romains les habitations princières ne différaient de celles des riches particuliers que par leurs proportions plus vastes et par plus de magnificence, nullement par des changements essentiels dans le plan et la distribution. De même, la domusAugustanafut semblable àcelle de beaucoup de Romains de la fin de la République. 11 y en avait méme, celles de L. Crassus et de M. Scaurus, par exemple, auxquelles elle n'était pas comparable. Auguste naquit sur le Palatin, qui était un quartier aristocratique, mais il n'y passa pas la première partie de sa vie. Quand il s'y fixa, ce fut d'abord dans une maison qui avait appartenu à l'orateur Hortensius, et qui passait pour modeste 2. Après que son pouvoir fut solidement établi par la défaite de Sextus Pompée (36 av. J.-C.), ii fit l'acquisition de plusieurs maisons pour agrandir la sienne sur leur emplacement', en même temps qu'il élevait tout auprès' le temple et la bibliothèque également célèbres d'Apollon Palatin'. La maison fut détruite par un incendie et bientôt reconstruite ; tous les citoyens y voulurent contribuer 6 Eu l'an 12 av. J.-C., Auguste devint grand pontife, après la mort de Lépide ; obligé par sa fonction d'habiter près du temple de Vesta, dans une maison appartenant à l'État, il éleva à la déesse un nouveau temple attenant à sa propre demeure, qu'il déclara propriété publique '. Tibère, son successeur, conserva sur le Palatin et agrandit sans doute la maison située vers 1`e nord-ouest, que possédait sa famille 3 ; l'habitation plus petite(L sur le plan) qui passe pour avoir été celle de Livie 0, n'en était qu'une partie. Tibère commença la construction du temple d'Auguste, qui fut achevé sous Caligula 10; plusieurs fois incendié et rebâti par la suite, on n'en a pas encore retrouvé de traces certaines ". II subsiste, au nord de la domus Tiberiana (plan C), des vestiges des constructions du temps de Caligula. Ce prince voulut relier le Palatin au Capitole au moyen d'un pont, qui s'appuyait sur la basilique Julia52, pour être plus près, disait-il, de Jupiter, dont il se vantait d'être le fils. L'extravagance de Néron se porta d'un autre côté. Il sortit du Palatin. Ce fut d'abord en prolongeant le palais des Césars' jusqu'à l'Esquilin et aux jardins de Mécène, devenus impériaux". Là était la maison que les auteurs désignent par le nom de dômes transitoria, la maison de passage. Elle fut dévorée par l'incendie de l'an 65, qui dura dix jours, avec tout ce qui séparait le Palatin et le Caelius de l'Esquilin ; et aussitôt l'empereur s'empara de tout cet espace et s'y fit bâtir la fameuse Maison dorée (doms ce-mea), dont la richesse et l'élégance dépassèrent tout ce qu'on avait imaginé jusqu'alors; elle était entourée d'une campagne et de bois qui s'étendaient à perte de vue, avec des parties solitaires où erraient des bêtes sauvages '° ; un étang, qui était une mer, dit Suétone, avait été creusé à l'endroit où est actuellement le Colisée ; l'atrium de la maison était à la place où Hadrien éleva le temple de Vénus et Rome 13. En effet, le colossal palais de Néron lui survécut peu de temps. Tous les terrains qu'il occupait furent rendus à la Ville par les Flaviens16. Désormais la résidence des empereurs resta fixée au Palatin ; mais ils ne se contentèrent pas longtemps de la simplicité dont s'étaient accommodés les Césars. Les auteurs parlent avec les expressions les plus admiratives 1' de la magnificence du palais de Domitien, mais ils ne disent pas précisément où il était situé. De savants antiquaires ont pensé qu'il fallait en chercher les ruines au sommet de la colline, à l'endroit indiqué sur notre plan comme celui de la dm-nus Augustana 18 ; selon d'autres, que nous suivons ici, le palais de Domitien dominait la pente méridionale du Palatin, qui descend vers le Grand Cirque; au nord il se prolongeait sous les terrains non déblayés encore oie est la Villa Mills. La partie que l'on voit restaurée (fig. 5455) reproduit le plan levé en 1774 par le Français Rancoureil, qui fit des fouilles en cet endroit S9. A son extrémité, du côté du Grand Cirque, on voit des murs curvilignes qui sont les restes d'un balcon d'où l'on pouvait assister aux jeux. A l'est, s'étend un long espace en carré long auquel, à cause du dessin qu'il présente aujourd'hui, on a donné les noms de Stade et d'Hippodrome. Ce dernier nom est celui qui lui convient le mieux, si on lui donne le sens de jardin que ce mot avait en latin". H n'y avait là d'abord que des arbres, des parterres et des statues. L'exèdre est du PAL 281 PAL temps d'Hadrien ; le portique qui fait le tour de l'arène fut élevé sous Septime-Sévère '. Tous les bâtiments que l'on voit au delà jusqu'au Septizonium, portique b trois étages qui se dressait sur la voie Appienne, sont des constructions des Sévères. A l'angle sud-ouest du palais de Domitien (P) des graffiti encore visibles sur les murs ont fait reconnaître le paedagogium de la maison im pénale La lettre V marque sur le plan l'emplacement du temple de la Victoire; M celui du temple de Magna Mater, tous deux antérieurs â l'Empire; le second fut réédifié par Auguste On ne saurait déterminer aujourd'hui la place d'un grand nombre d'autres temples et de chapelles qui sont mentionnés par les auteurs*. Ainsi le Palatin, couvert d'édifices appartenant â tous les temps, réunis sans plan d'ensemble, formait une ville â part, résidence des empereurs, qui n'était pas sans ressemblance avec celles des souverains d'Asie. Pour ne pas sortir du monde gréco-romain, nous n'en citerons qu'une, celle des rois Séleucides â Antioche. Le palais occupait un des quartiers de la ville, divisée en VII, quatre par deux grandes voies bordées de portiques'; son enceinte garnie de hautes tours enfermait avec les demeures royales quantité d'autres édifices. Dioclétien, qui construisit par la suite un vaste palais à. Antioche même a et un autre tout près de celui-là 1, dans le faubourg de Daphné, ne s'éloigna sans doute pas beaucoup 36 PAL de ce modèle, et on en retrouve le type dans celui qu'il éleva bientôt après sur le bord de l'Adriatique, à Salone, et ou il parait qu'il employa les mémos ouvriers Les ruines imposantes qui subsistent oie ce palais célèbre `' couvrent un espace carré de?fi4mètres sur 6 5 361, entouré de murs et de tours qui le font, ressembler à une station militaire 't.ISTRUM', ; elles rappellent encore la disposil mn d'un camp, en même temps que le plan des villes et des palais d'Asie', par les grandis rues qui se croisent au centre à angle droit, aboutissant sur trois côtés à une des entrées de l'enceinte, sur le quatrième, vers la nier, au vestibule des bâtiments oit parait avoir habité l'empereur; on a pu reconnaître dans cette partie du palais, la, mieux conservée, et aussi dans les quartiers du nord, les restes, en partie debout, de temples, de thermes, Ou basiliques, d'un gynécée et dautres locaux dont il n'est plus possible de déterminer la destination. Il est probable que, dans les temps troublés qui suivirent, la plupart des palatia eurent plus ou moins l'apparence de châteaux dans les cités, de villas fortifiées dans les campagnes, A Trèves, poste avancé sur la frontière germanique, devenu capitale du nord de l'empire, on peut voir encore les restes imposants du palais, qui a, en effet, servi de défense, Une salle qui a près de uO métres de longueur atteste sa grandeur Celui de Lutèce, dont le thermes sont en partie debout, avait pour annexe un camp reiraniche. Du palais de Constantinople r, fondé par Constantin, on ne voit plus rien; ce qui subsiste appartient à l'histoire byzantine, Ce palais aussi était une ville parée par sels murailles du reste de la ville qui l'entoure. A Milan, qu'Ausone met au quatrième rang parmi Ies villes de l'Empire -, le palais habité par les empereurs au ivï siècle était une citadelle, paialinae arces, dit, le poète. Quand Honorius quitta Milan, en 402, ce fut pour se fixer à Ravenne, où était la flotte; il n'existe plus de traces 8 du palais des de-uiers empereurs romains, mais de celui'que se bâtit à Ravenne Théodoric, quand il l'ut devenu le maitre, on conserve au moins une image dans une mosaïque de l'église de Saint-Apollinaire-le-Neuf '. On y voit (fig. 5437) ['ne façade composée d'arcades qui supportent un étage éclairé par des baies cintrées et au centre une porte triomphale, au fronton de laquelle est écrit le mot PAf,ATIUM en arrière, la ville enclose par un mur crénelé. D'autres palais antiques, à Rome et hors de Rome, il ne demeure que des ruines devenues méconnaissables", lin souvenir qui survit dans le nom de la localité, dérivé de pelatium, ou une mention dans un texte du moyen âge ou du bas-Empire" Pour les fonctions et services du palais impérial, PALES, PALLLLA.Pales,protectriee des troupeaux, des bergers et des pâturages, compte parmi les divinités les plus anciennes et les plus respectées de Rome. Non seulement elle a donné son nom à celle des collines où s'éleva la ville primitive, la Borna guadr'ata qui fut comme le rnundus de la grande cité, mais son culte est intimement mêlé aux souvenirs des plus lointaines origines, puisque la fête des Palilies, célébrée sans intermittence jusqu'au déclin du paganisme', tombait au jour même de la fondation de Rome et qu'elle en rappelait le point de départ pastorale, Le nom de Palès parait avoir désigné tout d'abord un dieu masculin, une sorte de serviteur rustique et de fermier de Jupiter, s'il en faut croire Arnohe 3. D'autres faisaient venir ce 1'AL 283 -PAL dieu d'arcade et le mettaient au nombre des Pénates avec Fortuna. Cidres et le Genius Toviaiis'. Dans la théorie étrusque de la répartition des dieux sur les seize régions du templuni céleste, nous trouvons Pales et Favor avec la qualité de fils de Jupiter polir la sixième région, et un Secuncianus Pales pour la septième. Mais aux temps historiques, Pales est une divinité féminine dont les divers vocables expriment la nature rustique et l'action nourricièreou, par une transposition d'idées fréquente en mythologie, la haute antiquité, grâce à attribution d'une vieillesse vénérable et imposante"-. il n'est pas douteux qu'il faille expliquer par Palès le nom du Palatin et que Palatium ait signifié primitivement pciturage ° ; les poètes du siècle d'Auguste se plaisent à souligner le contraste entre ces humbles origines et la magnificence actuelle des édifices où la personnalité de l'empereur s'abritait sous la divinité d'Apollon [PALATIOM] 4. Les antiquaires de Ieur côté ont conservé le souvenir d'une Diva Palatua, probablement identique à Palès, qui fut le génie protecteur du lieu ; un iranien Palatualis figure parmi les /lamines minores ; et au jour du Septimontium qui correspondait à la fête de la svvaxi« à Athènes, on offrait un sacrifice appelé Palatuar 5. Cependant, il n'est question qu'une seule fois d'un temple en l'honneur de Pales, sans que d'ailleurs il soit possible d'en déterminer l'emplacement. Ce temple fut voué en 267 a,'. J.-C. par le consul Atilius Regulus, à l'occasion de la victoire qu'il remporta sur les habitants de Salente Il n'existe pas davantage d'images de Pales, quoique Tibulle parle de statues grossièrement taillées dans une souche de bois 7. Les seules traces de son culte en dehors de }Torde sont à chercher dans des lieux appelés Palatium; Varron en cite un à Béate, d'où les Aborigènes auraient émigré vers les bords du Tibre; un autre existait en Ombrie, où des monnaies portent en exergue PALACING, avec une tète de Vulcain et un masque de Silène 3. Mais la popularité latine de Pales est suffisamment attestée par la fête à la fois publique et privée ° que l'on célébrait à Rome le 21 avril, date anniversaire de la fondation de la ville et qui s'appelle indifféremment Parilia et Parilia; cette dernière forme, la plus fréquente, parait reproduire la prononciation populaire qui évitait les deux l (ou les deux r) dans des syllabes consécutives'0. F,lle a d'ailleurs motivé l'étymologie qui rattachait les Parilia à l'idée d'enfantement (paria), soit à la parturition des troupeaux (quod pro parte pecoris.., sacra febant), soit à l'accouchement d'îba, mère de Romulus et de Remus. La veille du 21 avril, au crépus cule, la fête eommencait par la lustration des maisons et des étables l' . on employait le mélange péri par les Vestales avec les cendres de la paille de fèves celle des veaux mort-nés, obtenue dans la cérémonie des FonDit iota, et le sang du cheval d'octobre Loo 7OBER FQtiFS] : ces substances constituaient, par excellence, les moyens de purification 7a tFFIRI US], februo casta, tout comme les branches de pin dont se couronnaient les (lamines et les lanières de cuir dont les Luperques frappaient les femmes pour les guérir de la stérilité ' LUPF,RCALIA] ". , Aux Parilia, dit Denys, laboureurs et bergers inauguraient le printemps par un sacrifice propitiatoire, afin d'obtenir la fécondité pour les troupeaux 14. » Le mélange emprunté au foyer de Vesta était ou répandu par terre, ou bridé sur le foyer de la famille. On aspergeait ensuite d'eau lustrale les troupeaux et les étables, on balayait le sol avec des touffes de laurier; sur la perte, on fixait des rameaux verts et, à l'intérieur, on pratiquait des fumigations de soufre (vivum sulp,âur, celui que fournissaient à l'état naturel les terrains volcaniques), jusqu'à ce que l'odeur âcre fît bêler les brebis r5 ; puis on allumait sur le foyer un feu d'olivier mâle, de pin, de sabine et de laurier. Plus la flamme crépitait joyeuse et claire, plus heureux était le présage. A Pales, on offrait des gâteaux de mil et des paniers remplis de ce grain; son image rustique était aspergée de lait tiède, ainsi que la personne des bergers; on terminait par le repas de sacrifice dont le lait encore était le principal élément'a. Toutes les offrandes avaient un caractère simple et pacifique ; il semble toutefois qu'on immolât des agneaux, comme aux Fauealia, et que leur chair fût consommée au repas qui terminait la cérémonie". Ces pratiques étalent accompagnées de prières dont Ovide nous a conservé la teneur ; on demandait à la déesse sa protection pour les troupeaux, les bergers et les chiens: on implorait le pardon des péchés commis l'année précédente, péchés naïfs ou se réfléchit la piété spéciale des anciens Romains. On s'excusait d'avoir pris son repas ou do s'être endormi sous un arbre sacré, d'avoir laissé ultra les troupeaux sur les tombes, d'avoir pénétré dans un bois sacré, d'y avoir coupé des branches ou troublé les sources, d'avoir abrité les brebis sous le couvert d'un vieux temple, ou dérangé Faune avec les nymphes dans leurs retraites mystérieuses. Vigueur pour les mufles, fécondité pour les femelles, abondance de laine souple et facile à filer, mamelles gonflées de lait et corbeilles pleines de fromage, voilà les bienfaits qu'on implorait de Pales et la prière devait être répétée quatre fois, le PAL 284 -PAL visage tourné vers le levant ; puis on se lavait les mains dans la pure rosée du ciel'. Mais l'épisode caractéristique de la fête, celui qui a survécu au paganisme jusqu'à nos jours en divers pays de l'Europe et qu'on retrouve, même chez des peuples qui n'ont eu avec la civilisation romaine aucun contact 2 est la pratique des feux allumés, une fois la nuit venue, avec accompagnement de danses et de réjouissances populaires Les poètes du règne d'Auguste en soulignent le pittoresque champêtre : « le berger après boire, dit Tibulle, allumera des amas de paille légère et franchira en sautant les flammes sacrées, etc. » ; Properce célèbre lui aussi les repas annuels des bergers en l'honneur de Pales et « ces tas de foin enflammé qu'une troupe de gens ivres franchit avec ses pieds mal lavés » faeni Jfamniantis acervos Trajicit immondes ebria turba pedes '°. Ovide de son côté nous apprend que c'est par trois fois que les assistants, chacun à son tour, ont à faire ce saut par-dessus les flammes Tous les deux rattachent cette pratique au jour de la fondation de Rome et Ovide en fait non seulement la fête du feu en général, mais celle du foyer autour duquel s'est groupée la cité. II est évident que sous cette forme, la cérémonie s'accommodait assez mal des conditions d'habitation dans la grande ville; aussi les poètes décrivent-ils surtout ce qui se passait dans les campagnes voisines. A Rome même, on constate des tentatives de transformation dès les temps de César G; c'est ainsi qu'après la bataille de Munda, livrée le 17 mars de l'an 4b et dont la nouvelle arriva le 20 avril suivant, le régime nouveau fit des Palilies une fête commémorative de cet événement historique, comme il avait essayé de donner aux Lupercales un caractère politique 7. Sous Hadrien, après la construction du sanctuaire de Rome et de Vénus (Templum Urbis), les Palilia reçurent le nom de Pwp.ata (Roénalia) et furent célébrés par des jeux au cirque, qui duraient encore au ve siècle ap. J.-C. 3. Mais la coutume d'allumer un grand foyer de paille et de branchages, à travers lequel bergers et troupeaux sautaient pour se purifier, se continue, un peu partout, bien au delà des temps païens. Les Folk-loristes l'ont retrouvée dans les feux de Pâques et de Saint-Jean comme la forme populaire par excellence du culte du feu; en renvoyant sur ce point aux ouvrages de Grimm et de Mannbardt 9, il nous suffira de citer, pour les débuts du moyen âge, avec la défense inscrite aux Actes du concile de 686 à I'adresse des chrétiens le témoignage de Théodoret, i placés sous le patronage des Palikes. lls se trouvaient évèque de Syrie, mort en 458, qui déclare avoir vu en diverses villes qu'on allumait, une fois l'an, des bûchers sur les places ; que des personnes les franchissaient en sautant, et que même elles les faisaient traverser à des petits enfants sur les bras de leurs mères, à titre de préservatif et de purifications'. J. A. Hues. PALICI (Iial.'es)). Les Palikes, dieux siciliens. Dans une plaine de Sicile s'ouvraient, au ras du sol, deux cratères. Leur superficie était peu considérable, mais leur profondeur immense '. Ils étaient remplis d'une eau blanchâtre, froide, qui bouillonnait de gaz et répandait une odeur de soufre 9. L'imagination populaire inventa des colonnes d'eau bouillante qui jaillissaient à une grande hauteur, avec un bruit terrifiant, et retombaient comme en une vasque 3. Les effets de ces eaux, de ces vapeurs étaient effrayants : les oiseaux tombaient foudroyés; les hommes éprouvaient de violents maux de tête et succombaient parfois à l'asphyxie 4. Ces cratères, que les habitants appelaient Delloi 3, étaient dans la large plaine du Symaithos 6, sur le territoire de Léontinon 7, au-dessous d'Erykè °. Le lac de Fittija correspond aux descriptions des auteurs °. On a bien essayé de distinguer les Delloi des Palikes et d'identifier les cratères des Palikes avec la Salinetta de Paternb, située sur le flanc occidental de l'Etna10. Mais, aux cratères des Palikes, la procédure des ordalies se conformait à une règle inverse de celle qu'on appliquait aux consultations sur l'Etna, et cette différence implique une différence d'origine ". D'ailleurs, l'histoire des guerres serviles devient incompréhensible, si le temple des Palikes n'occupe pas l'extrémité sud-ouest de la plaine Léontinienne '2. Un pareil site dut paraître divin en tout temps. Bien avant l'arrivée des Hellènes, les Sicules et les Phéniciens célébrèrent le culte des Palikes. Aussi est-il impossible de rattacher leur nom au grec i3 ou au latin 11. Les langues sémitiques, au contraire, semblent en fournir une explication satisfaisante. D'après une hypothèse nouvelle 13, il faut songer à la racine gt2r = fendre, diviser, ce qui convient très bien à des dieux régnant sur des crevasses, à des cratères divinisés. Les Grecs continuèrent d'adorer les dieux sicules sous leur nom sémitique ; ils se bornèrent à leur forger une généalogie et tin acte de naissance. Dans la version la plus ancienne, les Palikes étaient fils de Thalia et de Zeus 16. Selon d'autres traditions, leur mère s'appelait Aitna i7 ou Thalia Aitna 18. Au lieu de Zeus, on leur PAL 28d PAL donnait pour père Ilèphaistos t ou bien un Zeus-H,è-phaistos indigène, Iladranos 2. De toute façon, qu'ils soient enfantés par Thalia, fille d'Ilèphaistos ', ou par Aitna, fille d'Okéanos ` , les Palikes sont engendrés par le dieu du feu. Le récit de leur naissance est encore plus clair. Aimée de Zeus, qui pour l'enlever se change en aigle Thalia excite le ressentiment d'llèra. Elle cherche un asile dans les profondeurs de la terre. Au jour de l'accouchement, la terre se rouvre et du sein maternel les divins jumeaux s'élancent à la lumière d'en haut 0. Le sanctuaire des Palikes était très fréquenté. On y apportait de riches offrandes 7. Le téménos se couvrit de bâtiments qu'IIippys de Rhégion dit contemporains de la 36' olympiade (636 av. J.-C.) : c'étaient des portiques et des hôtelleries 3. Les fidèles étaient attirés par l'oracle, qui avait une autorité légendaire 9. Ils l'étaient aussi par l'asile qu'offraient les Palikes. Les esclaves accouraient à a l'autel de miséricorde » 10 et, pour les reprendre, les maîtres devaient transiger sous la foi du serment D'une manière générale, les Palikes étaient pris pour garants des serments les plus solennels. Ils aidaient à terminer les procès ardus 12 par de véritables jugements de Dieu. Polémon décrit la cérémonie sous sa forme primitive. Le patient se prépare à l'épreuve par des purifications et des abstinences ; puis, en simple chiton, sans ceinture, une couronne sur la tête et agitant un rameau' il approche du cratère et jure d'après une formule inscrite sur une tablette. S'il jure vrai, il ne ressent aucun mal ; s'il se parjure, il meurt, frappé par les dieux. Les Illlirabilia du pseudo-Aristote ii présentent les choses autrement. La tablette du serment est jetée à l'eau : si elle surnage, le serment est bon ; si elle enfonce, le parjure doit périr, brûlé. C'est la même ordalie à des siècles de distance. Au début, le patient touchait le bord du cratère et restait exposé aux émanations méphitiques. La durée de l'épreuve variait selon la formule du serment : en fixant les termes d'une phrase, les prêtres collabo raient à l'oeuvre de justice avec leurs dieux. Plus tard, on recourut au procédé de la substitution : le jureur jette la tablette du serment dans l'eau et se sauve. Les prêtres des Palikes avaient vraisemblablement deux sortes de tablettes, les unes en bois, les autres en une matière plus dense. Ou ils choisissaient eux-mêmes la tablette, après enquête sur l'espèce, et l'ordalie était un jugement dissimulé, ou ils la faisaient choisir par le jureur au hasard, et l'ordalie par l'eau était au fond une ordalie par tirage au sort''. De sanction réelle, il n'y en avait plus : on s'en remettait aux dieux ; on disait que les eaux des cratères, qu'on croyait bouillantes parce qu'elles étaient bouillonnantes, brûlaient les coupables 16 ; on racontait que les parjures perdaient la vue sur-le-champ S7. Un sanctuaire consacré à des dieux autochtones, toujours ouvert aux fugitifs, était un centre tout pour les patriotes siciliens en lutte cou)!' les i es3igr ou pour les esclaves soulevés contre leurs maître-. prestige religieux des Palikes tournait en influence, politique. Dès le z-u' siècle, le tyran Panahtio rechercha leur appui 13. Au milieu du ve siècle Douketiosfonda sen éphémère capitale dans leur voisinage et lui donna te nom de Palil.è 19. En 101, les esclaves de Syracuse se réfugièrent dans leur temple pour appeler à la liberté les esclaves de file entière, et Tryphon, prenant le titre de roi, vint leur demander l'insestiture 20. GtsrAVr Gu-rn. 75 (111G. Les Romains appelaient proprement pu.' le manteau des Grecs', l'hilnation rectangulaire ci.r.~ adoptèrent peu à peu l'usage, et qui remplaça, dans une certaine mesure, leur vêtement national, la toge. Dans son sens le plus large, le mot pallium s'applique, non seulement à toute espèce de manteau, mais à toute pièce d'étoffe rectangulaire,vêtement,voile ou couverture. Nous traitons ici des manteaux grecs et romains en général, et des principales variétés d'epiblcrna ou d'amietur auxquelles il n'a pas été consacré d'articles spéciaux. GRÈCE. I. M. Studniczka admet que les éléments primitifs du costume, chez les peuples indo-européens, sont le pagne noué autour des reins `si'BLIGACULLSI et CINCTLs( et le manteau de laine sans manches'. Dans les plus anciens monuments de la Grèce, ce manteau. n'est presque jamais représenté. II est cependant nécessaire d'en supposer partout l'usage, car le pagne étroit qui est, dans l'art mycénien, l'unique vêtement des hommes, ne pouvait évidemment suffire aux exigences d'un climat européen. Un vase d'argent trouvé à Mycènes, sur lequel est figuré le siège d'une ville (fig. 3151) peut d'ailleurs nous donner une idée de ce manteau primitif. Deux personnages, spectateurs du combat, sont vêtus d'une sorte de cape rectangulaire, qui passe sous l'aisselle gauche et semble fixée sur l'épaule droite au moyen d'un cordon ou d'une fibule. On sait que l'usage des fibules ne fut pas ignoré de la civilisation mycénienne UIBUL p. 1104. 11. Pour l'époque qui s'étend entre 1es invasions doriennes et les premières olympiades, nous sommes ren seignés, dans une certaine mesure, par les poèmes homé riques 4. Chezllomère, le mot i[l rtobn apparaitpas en"o' e. mais d'autres mots désignent diverses sortes de manteaux déjà nettement caractérisées. Par-dessus le chiton, les hommes revêtent habituellement la z'?,eve, appelée quelquefois )(dire'', °, qui est tantôt simple (àrcnoig) 6, tantôt double (ô(rrna;, )eXcèvz c'est-à-dire pliée en deux. Sa forme, comme celle de l'hi,natiou qui lui succédera. est rectangulaires ; simple ou double, elle se porte g'éné PAL 286 PAL ralement en châle, posée sur les épaules, les deux extrémités retombant symétriquement sur le devant du corps' Nous la retrouvons ainsi disposée sur de nombreux vases à figures noires (fig. 5458 et 4936) 2 et sur quelques statues archaïques 3. On pouvait la fixer au moyen d'une agrafe'. Toujours épaisse et faite de laine ', elle est souvent teinte en pourpre et parfois ornée de riches dessins; témoin cette diplax, où Hélène représente un combat entre Troyens et Achéens s. La décoration devait surtout consister en motifs géométriques (fig. 5459) 7, souvent aussi en fleurons, en rosaces et en palmettes, comme I'indique l'expres scoliaste traduit par 'Mir, 8. Le mot (npos désigne chez /) t Ilomère une variété de chlaïna, un manteau d'apparat porté par les princes 9, peut-être plus grand que la chlaïna ordinaire" Il était fait de toile ou d'un tissu léger f1, étant un vêtement de luxe et non un manteau d'hiver. La chlaïna, dont le nom semble purement grecf2, est d'un usage si général et si naturel, qu'il semble impossible d'en localiser l'origine. Le mot tpzpoç, dont la racine est égyptienne ou sémitique, atteste que l'étoffe, au moins, de ce vêtement était, à 1"origine, importée u. Nous voyons aussi que les peaux de bêtes s'employaient encore fréquemment comme manteaux", soit par-dessus la chlaïna, soit pour en tenir lieu, ajustées comme elle au moyen d'agrafes sur la poitrine (fig. 5460)". Le costume homérique ne comprend pas, pour les femmes, de manteau proprement dit16. Le péplos agrafé n'est pas chez Homère, comme il le sera souvent par la suite, un vêtement de dessus [PEPLOs]. Sur leur vêtement d'intérieur les femmes ne jettent habituellement qu'une sorte de voile épais, quelquefois très long, appelé xo-i5eu. %papoç, se distingue surtout par sa rigidité et son absence de plis 17. La décoration compliquée de la diplax brodée par 1Iélène n'est évidemment pas faite pour un vêtement drapé. Ce caractère, qui trahit l'influence orientale, ira s'atténuant peu à peu et disparaîtra de bonne heure. III. L'/timation classique, dont l'usage se généralise au cours du vii° et du vie siècle, est encore un manteau de laine rectangulaire, mais plus flottant et plus librement drapé. On ne l'agrafe que très rarement. Il couvre plus complètement le corps ; il est le vêtement par excellence, comme l'indique son nom d'himatïon. Plié en deux et posé comme un châle, il rappelle la diplax homérique. Nous le voyons ainsi porté jusqu'au ve siècle, mais presque exclusivement par les femmes 1S. Il peut au besoin recouvrir la tête, comme le xpteu.vov. La mode la plus répandue consiste à le draper en biais autour du corps, l'un des bras restant dégagé. Cet usage, qui semble d'origine orientale, apparaît dans l'art ionien, dès les oeuvres les plus anciennes 19. On commençait par jeter l'himation obliquement dans le dos, de façon que l'une de ses extrémités couvrît l'épaule gauche ; l'autre extrémité, ramenée alors avec la main droite sous le bras droit pouvait être rejetée, soit sur l'épaule gauche 20, ce qui est le cas le plus fréquent, soit sur l'avant-bras gauche (fig. 1336 et 5461) 21, soit enfin sur l'épaule droite (fig. 546) 22. La chlaïna homérique n'est jamais un vêtement féminin ; l'himation au contraire est porté indifféremment par les deux sexes. Le costume féminin subit en effet, vers le début du vie siècle, une modification essentielle. Il ne comprenait à l'origine, nous l'avons vu, qu'un seul vêtement, le péplos de laine. PAL 287 PAL Tandis que cette mode restait celle des pays doriens, les nous retrouvons chez les trois statues simiennes, l 'Héra femmes de l'Attique et du reste de la Grèce, cédant, aux du Louvre et ses deux soeurs de l'Acropole r'. Dans ces modes venues de l'Ionie, adoptèrent le chiton de toile, oeuvres d'un style abrégé et conventionnel, la silhouette auquel s'ajouta dès lors l'himation comme vêtement du seule du manteau est observée, les plis ne sont rendus dessus. Ce chiton ionien d'ailleurs [Tl vicA], lorsqu'il s'introduit en Grèce, ne semble pas exclure, comme le dit Hérodote, l'usage du péplos primitif i. Mais le péplos devient alors un épiblénta que l'on peut agrafer sur le chiton. Il arrive même, dans certains cas, que le costume féminin comprend trois vêtements superposés : le chiton de toile, le péplos de laine agrafé et enfin l'himation posé en châle '. Vers la seconde moitié du vie siècle, apparait une nouvelle sorte d'hirnation, ou plutôt une nouvelle manière d'ajuster et de draper l'himation, qui semble plus particulièrement ionienne. Les premiers exemples nous en sont fournis par des monuments de l'Asie mineure ou des îles, tels que la stèle de Dorylée la Gorgone de Hiéronda les torses féminins de Délos ' et certaines figures des sarcophages de Clazomène. En Attique et dans la Grèce propre, ce vêtement ne s'introduit qu'assez tard, et les vases à figures noires ne nous le montrent que très rarement '. La mode en est d'ailleurs passagère et il ne semble pas dépasser les guerres médiques. Les torses féminins de Délos, la statue d'Anténor' et les xdoat trouvées dans le remblai de l'Acropole (fig. 6463) 8, sont les monuments qui en font le mieux comprendre la disposition. La forme du vêtement est encore celle d'un rectangle, mais très étroit pour sa longueur. Il est jeté, selon l'habitude, en biais autour du corps et sous l'une des aisselles, mais il est fixé sur l'autre épaule et le long de l'autre bras jusqu'au coude°, par une série d'agrafes, qui en pincent les deux bords (fig. 142). La lourde étoffe, qui n'adhère ainsi que par en haut, retombe autour du corps en longs plis verticaux, de longueur inégale, grâce à l'obliquité du bord supérieur. Ce bord oblique forme souvent, en travers de la poitrine, une sorte de bourrelet, sur lequel la lisière de l'étoffe dessine une série de petits plis, régulièrement échelonnés, Cet himation étroit était surtout un vêtement de luxe. Sa dissymétrie étrange, son flot de draperie tombant du bras, lui donnaient une rare élégance, et la virtuosité des sculpteurs ioniens ou attiques se plaisait à rendre la riche ordonnance de ses plis. Il n'est peut-être pas nécessaire de supposer que l'étoffe était écrasée au fer, ou même cousue d'avance, pour donner des plis aussi réguliers. D'autres monuments, où l'hypothèse de cette préparation est inadmissible 10, nous montrent qu'il faut faire à la stylisation conventionnelle de l'art archaïque une très large part, dans toutes les oeuvres de cette époque. C'est encore le même vêtement, mais traité selon la technique archaïque du bronze, que que par des traits incisés au burin. Ce qui complique quelque peu l'interpr, ation des monuments ou figure cet himation à l'ionienne, c'est qu'un vêtement d'une autre espèce, le péplos à apoplyynta, peut prendre dans certains cas un aspect semblable On sait qu'il consiste en une longue draperie agrafée sur les épaules, et tombant généralement jusqu'aux pieds, dont la partie supérieure, ou apopioamO'e est rabattue extérieurement(fig. è1611). Si donc ce péplos, au lieu d'être agrafé, comme à l'ordinaire, sur les deux épaules, ne l'est que sur l'épaule droite et le long du bras droit, l'apoplyynia (lettres IP13 F'g' Le pSpl"°s IEA de la figure) retombe alors en biais autour du corps et reproduit exactement le contour et les chutes de plis de l'himation à l'ionienne. Par suite, chez un certain nombre de statues féminines par exemple fig. 51163), on peut expliquer de deux façons l'agencement du costume. La draperie qui tombe de l'épaule droite en longs plis verticaux, et qui traverse en biais la poitrine, peut être considérée P' ou bien comme un himation ionien, c'est-,,dire comme un manteau court, étroit, indépendant; 2° ou bien il comme l'apoptyyma d'un long péplos, agrafé sur une seule épaule, c'est-à-dire comme le rabat d'un grand vêtement recouvrant les jambes et relevé par la main gauche. La question ne peut être nettement tranchée en faveur du péplos, que si l'on aperçoit aux pieds les deux lisières superposées du péplos et du chiton qu'il recouvre. Il n'est alors pas douteux que l'on doive reconnaitre dans la draperie oblique qui tombe de l'épaule droite l'apotygma de ce péplos, et non pas un himation indépendant. Dans bien des cas, il est assez malaisé de se prononcer. On s'est naturellement demandé si toutes les figures de même apparence, où l'on voit en travers de la poitrine cette draperie oblique, ne devaient pas 'Mn ramenées à une seule explication, soit à celle du péplos, PAL --288 PAL soit à Belle de Phonation ionien, `fous ne pouvons entrer ici dans le détail de cette discussion i, mais il semble bien que ni l'une ni l'autre des deux thèses n'ait le droit dêtre absolue. Les deux vêtements de principe différent et d'aspect semblable ont simultanément existé. L'himation indépendant est en effet nettement reconnaissable dans bien des cas. Dans la figure 4466 e par exemple, il n'est pas douteux que l'on ait affaire à lui ; le vêtement qui recouvre les jambes est d'une tout autre étoffe que la draperie agrafée sur l'épaule et n'est autre que le bas du chiton [TUNies]. Par contre, dans la figure 5466 3, il semble bien que l'on ait un péplos assez court, brodé de fleurons sur l'endroit de l'étoffe, agrafé sur l'épaule droite et formant un long apoptygma qui montre l'envers de l'étoffe non décoré. Cet himation à l'ionienne est un vêtement exclusivement féminin. On tonnait bien à la même époque un manteau masculin agrafé, mais il semble porté presque uniquement par les citharèdes. L'Apollon du relief de Thasos (fig. 5467)1. et le torse de citharède du Louvre ', nous montrent sa disposition. Il est fixé, lui aussi, sur l'épaule droite, mais par une seule agrafe. De plus, il est doublé, aux deux tiers environ de sa hauteur, et forme une sorte d'apoptygma. C'est en lui que M. Studniczka croyait reconnaître la dipiax homérique agrafée 8 Rayet lui donnait le nom d'im gCç, M. Collignon propose, avec toute vraisemblance, celui d'oiernésx p.a. OU d'lxmsptfç, nom d'un manteau que portaient spécialement les citharèdes Cet himation à une seule agrafe est, d'ailleurs, porté quelquefois par les femmes, à la même époque que l'himation ionien proprement dit (fig. 5468). PIus libre et plus flottant, il est déjà plus conforme à la simplicité dorienne, et pour cela même il survivra longtemps à l'himation ionien s Tant que dure en Grèce l'influence ionienne, la décoration des manteaux est souvent luxueuse et se ressent du goût oriental. Elle consiste surtout en une large bordure polychrome, ornée de motifs géométriques, et en un semis de fleurons e. IV, La chute des Pisistratides et le début du Ve siècle marquent une date importante dans l'histoire du costume hellénique. Les modes ioniennes n'échappent pas au mouvement de réaction qui se produit alors contre tous les usages venus d'Orient. La décoration et la draperie se font plus sobres. Aux manteaux ajustés par de nombreuses agrafes, et minutieusement plissés, on préférera désormais les draperies libres, aux larges plis et aux lignes sévères. L'himation à l'ionienne est rapidement abandonné par les femmes 10. On le remplace d'abord par le manteau à une seule agrafe, mais l'on revient surtout à l'himation flottant, sans agrafe, dont nous avons déjà constaté l'usage au vie siècle. 11 est porté par les femmes sur le péplos dorien, redevenu vêtement du dessous [PEPLOS, TUNICA], et par les hommes sur le chiton court, Sa décoration se réduit généralement à une simple bordure et il est, presque toujours, d'une seule couleur, Dans le deuil, on le porte brun, violet sombre, ou blanc, rarement noir ii. L'usage en est général ; il est désormais le manteau national des Grecs, et durera autant que la civilisation hellénique. A la fin du ve siècle, les jeunes Athéniens eux-mêmes, qui auparavant allaient prof, c'est-à-dire en chiton, se décident à l'adopter II est souvent l'unique vêtement des hommes, l'usage du chiton court n'étant nullement constant, et ce n'est 54de69. -statue a;te pas, comme on 1'a dit, une pure convention d'art, si les personnages âx('ctuvsç sont si fréquents dans la sculpture classique 13. L'himation est toujours un vêtement de laine, mais son épaisseur est variable selon les saisons 4 e C'est un signe d'austérité PAL --289 PAL ou d'indigence que de garder le même himation pendant toute l'année'. La manière de le draper est, à peu de chose près, la même qu'au vie siècle. Le bras droit reste le plus souvent découvert, l'extrémité du manteau, après avoir passé sous l'aisselle droite, est rejetée sur l'épaule gauche. Elle peut aussi être finalement ramenée sous le bras gauche, qui la maintient tendue sur le devant du corps. La draperie forme alors sur la poitrine soit de larges plis transversaux, comme une ceinture 2 soit encore, si elle est redoublée, une sorte de tablier ou d'apoptygma (fig. 3966 et 4164). On peut encore s'envelopper complètement, et pour ainsi dire hermétiquement, dans l'himation, le faire passer, non plus sous le bras droit, mais sur l'épaule droite, de façon que les deux bras et les deux mains restent cachés (fig. 4946) 3. Cette tenue était considérée comme la plus décente. C'est elle que désignait l'expression iv'ràç 'cily yetpa 7yaty On pouvait d'ailleurs dégager la main droite, sans découvrir le bras, en abaissant légèrement le bord supérieur de l'étoffe (fig. 5469) 3. C'était tout un art que de bien draper l'himation et d'obtenir de beaux et larges plis. Les vases peints sont, àcet égard, une mine inépuisable de documents sur la façon de poser le manteau sur le dos, d'en disposer savamment les coins avant de rejeter le pan d'étoffe sur le bras ou sur l'épaule (fig. 5470) Les Grecs, et en général les citoyens libres, le jetaient de gauche à droite, ce qu'exprimaient les mots €rti@';ta âyaj.ka=g@at ; les barbares et les esclaves, de droite à gauche Il ne devait être ni trop long, ni trop court; seuls les gens efféminés, comme Alcibiade, le laissaient traîner jusqu'à terremais il était peu seyant qu'il ne descendit pas au-dessous du genou 10. Les artisans, à l'heure du travail, lorsqu'ils ne portaient pas le chiton court, nouaient souvent leur manteau comme un pagne VII. autour des reins, de manière à dégager le torse et les deux bras (fig. '1171) L'Itinw.ation des femmes était identique à celui des hommes, et se portait en général de même façon, ruais il -recouvrait souvent la tête (fig. 5472) 12. ll va sans dire que l'on pouvait, dans le détail, varier à l'infini l'arrangement de La draperie. Chez quelques figurines de terre cuite, ce n'est plus l'extrémité droite, mais l'extrémité gauche du manteau qui est ramenée en dernier lieu sur le devant du corps'. Chez d'autres, les deux bras, croisés sur la poitrine, maintiennent l'himation tendu autour de la taille et des épaules, comme nos châles du siècle dernier (fig. 5473) 14 Parfois enfin, mais surtout, dans la position assise, le manteau glisse jusqu'aux hanches et dégage entièrement le torse et les deux bras (fig. 1252, 3683 et 5472). A partir du Ive siècle, la statuaire, où la part de la convention devient de jour en jour plus grande, nous renseigne moins fidèlement sur les usages quotidiens, mais les textes, les vases et les terres cuites attestent. au delà de l'époque romaine,la persistance des modes que nous venons d'indiquer. V. Au point de vue de la décoration des manteaux, il se produit, naturellement, un retour au goût oriental, vers l'époque d'Alexandre. La mode du ve siècle n'avait d'ailleurs pas proscrit la bigarrure aussi sévèrement pour les manteaux que pour le chiton, et la tradition religieuse avait conservé l'usage de certains vêtements ornés de figures (fig. 5174) 25. Mais la décoration devient plus 37 PAL 290 -PAL riche e1t plus fréquente, pendant la période hellénistique. Sans parler des manteaux offerts aux dieux ou aux princes, et qui sont parfois de véritables oeuvres d'art, c'est l'époque oit s fondent les fabriques d'Alexandrie', oit l'on vend dans les bazars as. ioniens les vêtements ba riolés, et même ornés de lamelles d'or, dont nous parle Démocrite d'Ephèse 2. VI Il nous reste à dire un mot des principales va riétés de manteaux men tionnées dans les textes, variétés dont nous ne connaissons souvent que le nom. Nous avons déjà parlé de l'ëlcttzopaiç ou É7t7c?7xr,N.x des citharèdes. Les Spar tiates portaient un hirnation assez court, fait d'une étoffe chaude et rude, souvent mis en double, qu'on appelait ti(àwv OU TptOwvtov 3. Il était adopté en Grèce par les cyniques, les stoïciens, et, en général, par tous les a«xeoi;ovTeç `. L'iuâTtov xpriTtrav était, parait-il, un manteau court et léger, pour la belle saison 3. La oust« au contraire et l'ârvx7TOV 7, des manteaux d'hiver, épais et vastes. Le mot 7septéoa«tov est un terme général, s'appliquant à tout vêtement du dessus s. C'est surtout dans le costume féminin qu'ehondent ces variétés d'himation, et qu'il est difficile pour nous de les distinguer. Un personnage d'Aristophane 9 donne successivement au même vêtement, les noms d'iu.JTtov, i~gtitlraoi'ôtov, xooxtOTGtov, Ëyxuxaov, ,'v o vtov, et dans cette confusion, qui vise à un effet comique, le seoliaste est visiblement embarrassé. Le /ITCJV1GV et le xaoxWT(ôtov sont des vêtements du dessous ; €yxuxaov, que nous connaissons par d'autres textes 10, est au contraire un épiblénia ;EC1cuKLor]. Reste l'he'midipto olion; 13oehlau, qui a longuement étudié ce texte obscur"; croit pouvoir l'identifier avec le péplos dorien cousu sur le côte, qui selon sa longueur prendrait le nom de diplo '%ion ou d'/teioidiploïclion. 11 semble difficile de donner à ces deux mots un sens aussi spécial. Le terme idsiç, et ses diminutifs i; )ofltov, T,y;lt7r)o'ltov, s'appliquaient sans doute à tout vêtement obtenu en doublant l'étoffe, qu'il s'agisse de la diplax homérique, du manteau agrafé des citharèdes, ou du péplos dorien. De même les 9 10 5 'reocvxTp(ç, Ë~.aepéwr,µa, s7t7top7C(ç, '37rt7Cép7riu.a dont on a cherché à préciser le sens, désignaient tour à tour des vêtements assez divers manteaux ou péplos [PEPr.os, dont le seul point commun était d'être fixés par des agrafes. :signalons encore le T pitvTtxnv t2, la 7cep(v'rooa f3 dont le caractère nous échappe entièrement, l'àvu.tn) [ABOLLA], 1'É•(x6p.emi.a [ENCOMBOMA], l'âu.7ryovov ", manteau dorien que portent les Syracusaines de Théocrite, la 7aaviç et ses variétés 'r [CHLANIS]. Le mot y),a!veh devient, à l'époque classique, d'un emploi rare et presque exclusivement poétique. Lorsque les lexicographes défi nissent la ch/Onu comme un manteau d'hiver épais et chaud, ils ne font peut-être que commenter Homère''. Pour la xavôuç et les manteaux à manches, empruntés aux Perses, cf. MANICA. Pour les manteaux courts, agrafés, cf. CHLAMYS. Enfin pour tous les vêtements du dessus dont il a été traité dans des articles spéciaux, en outre de ceux que nous ETRURIE. Pour l'étude des manteaux étrusques, en l'absence de documents écrits, les monuments figurés sont seuls capables de nous renseigner. Tous s'accordent à nous montrer en Étrurie l'influence des modes et de l'industrie de la Grèce. Hommes et femmes portent un ltintation rectangulaire identique à celui des Grecs (fig. 2810, 2812, 2824). Nous en constatons l'usage sur les monuments les plus anciens, et c'est encore lui que porte pardessus sa tunique l'Orateur de Florence (fig. 5475) 17. 11 est parfois posé comme un châle, à la façon de la chlaïna homérique (fig. 2822, 2834), parfois ajusté en biais et plissé comme l'himation ionien (fig. 5477). Dans une peinture du Louvre, deux vieillards assis face à face ont, sur le chiton de toile, un manteau épais et rigide, couleur de pourpre, drapé obliquement autour du corps, et très étroit pour sa longueur (fig. 5478). La décoration est souvent luxueuse, toute fleurie de rosaces, de points ou de croix (fig. 2834, 5477, 5476); le manteau sacerdotal des haruspices est orné d'une large bordure et de figures humaines. Dans une fresque de Corneto (fig. 2845) des dan seuses, en costume de fête, portent un pallium noué de la façon la plus étrange. II semble qu'on ait tout d'abord jeté le manteau horizontalement autour du corps, comme une PAL -29'1 PAL écharpe, que les deux extrémités, croisées derrière le dos, aient été ensuite ramenées par-dessus les épaules sur la poitrine et qu'on les ait finalement fait passer sous la partie de la draperie formant ceinture'. Nous ne connaissons pas d'exemple de cette mode en dehors de l'Étrurie. Outre le pallium classique, les Étrusques portent parfois des manteaux analogues à la paenula romaine, percés d'une large ouverture pour la tête, et relevés sur les côtés par les deux bras 2. Mais certaines peintures nous montrent aussi une espèce de paenula tout à fait nouvelle, qui semble obtenue au moyen d'un triangle d'étoffe et qui autour du corps (fig. 5479) 3. Signalons enfin quelques types de manteaux munis de manches (fig. 2779), ou formant capuchon qui semblent particuliers à l'Étrurie. ROSIE. L'himation des Grecs est toujours de forme rectangulaire ; il se distingue par là du manteau national des Romains, la toge, dont la coupe est arrondie [TOGA] A l'origine, le costume romain, pour les hommes et pour les femmes, ne comprenait, semble-t-il, que la toge a. D'assez bonne heure, l'usage de la tunique se répandit [TUNICA], et la toge devint par là même un amictus. Pendant quelque temps encore elle resta un vêtement simple, s'adaptant à tous les besoins; mais la mode et le luxe en compliquèrent bientôt l'emploi, elle fut peu à peu reléguée dans le monde officiel, et c'est alors que l'on adopta l'usage des manteaux étrangers, entre autres des manteaux de forme rectangulaire, plus ou moins analogues à l'himation des Grecs. 1. Les soldats les artisans usèrent surtout de manteaux courts, agrafés, du genre de la chlamyde [AROLLA, II. Les campagnards, les esclaves 7, les citadins en voyage 3, et parfois les soldats portaient la paenula, épais manteau de laine, de gausapa '0, ou de cuir" fait pour le mauvais temps et commun aux deux sexes": taillée en forme de cloche ou de fourreau, la p-enula enfermait étroitement le corps, et, lorsqu'elle était longue, paralysait les deux bras 1S. Elle pouvait être fendue par devant et fermée au moyen d'agrafes ou de boutons; l'hôte qui recevait un voyageur ainsi vêtu commençait par lui déboutonner (rescindere) sa paenula 14. Mais elle était le plus souvent cousue, sans agrafes niboutons, et on la revêtait comme un fourreau, en passant la tête dans l'ouverture du col i5 Lorsqu'elle était de longueur moyenne, on pouvait, en la relevant sur les côtés jusqu'à hauteur du coude, dégager à demi les deux bras. C'est ce genre de paenula, cousue et laissant les bras libres, qui deviendra au ive siècle le plus commun de tous les manteaux. Nous n'avons de la paenula simple que d'assez rares représentations, du moins à l'époque classique ; les peintures de Pompéi et les figurines familières nous montrent surtout la paenula eucullata, munie d'un capuchon (fig. 5480)1' M Müller 17 croit reconnaître la paenula militaire dans un certain nombre de reliefs, où des soldats romains portent un manteau de longueur moyenne, fixé au cou par une agrafe et retombant en deux pointes sur la poitrine 18. Cette identification reste très hypothétique. Les textes qui attribuent la paenula aux soldats sont peu nombreux. De plus le vêtement dont parle Müller n'estil pas plutôt la lacerna, manteau militaire par excellence, analogue à la chlamyde des Grecs [LACERNA], On l'armi III. La laena semble correspondre à la chicana des Grecs, dont elle emprunte le nom, à peine modifié. Elle est le manteau des héros épiques, dans la poésie nationale des Latins ce qui ne prouve en rien que son origine soit italienne, comme le dit Marquardt 25, Sous tes rois et sous la République, elle apparaît surtout comme un insigne sacerdotal", et en particulier, comme l'attribut des flamines [FLAMEN]. LeFlamencarmentalisportait une laena de pourpre, agrafée, tissée par la flaminique. Sous l'Empire, l'usage semble s'en généraliser ; tour à PA L --292 PAL Boue simple ou luxueuse ', on la voit portée par les Hommes et les femmes de tout rang. De sa forme et de son caractère distinctif, nous savons fort peu de chose. Servius, qui l'appelle toga duplex et amictus angularis, semble l'assimiler à la diplax des Grecs 2, mais Iielbig, d'après un texte plus précis de Varron, estime que le mot duplex signifie « d'une épaisseur double ii, que la laena se distinguait seulement par l'épaisseur de son tissu, et qu'elle était, pour le reste, identique à la trabée [TRASEA]. Dans ce cas, ce serait bien la laena que porteraient, sur divers monuments, les figures de flammes (fig. 3093). IV.-Lepalliumproprement dit, c'est-à-direl'himation des Grecs, n'est adopté par les Romains qu'assez tardivement. Il apparaît bien dès le me siècle av. mais il partage longtemps le discrédit de ceux qui l'ont introduit les premiers, des philosophes des histrions ', des pé dagogues étrangers de la foule à laquelle s'applique le terme méprisant de Graeci palliati P. Scipion l'Africain plus tard Rabirius et Verrès i0 sont blâmés de l'avoir porté en public. C'est seulement au rer siècle de notre ère, qu'il conquiert définitivement droit de cité, quand Tibère l'adopte officiellement, de préférence à la toge '1 II devient alors le vêtement par excellence, dans tout le monde romain. Hommes et femmes de tout rang ne sortent guère qu'avec le pallium. Les peintures de Pompéi représentant des scènes de la rue attestent son emploi quotidien (fig. 3976, 4102). La toge, elle aussi, se répand dans l'empire; elle est l'insigne du citoyen romain ; mais son caractère officiel et sa forme peu pratique en restreignent beaucoup l'emploi. On lui préfère le pallium pour se simplicité'', bien qu'il lui soit en dignité très inférieur, bien qu'il reste le vêtement distinctif des philosophes et en particulier des cyniques13. Le De pallie de Tertullien nous prouve qu'au Hie siècle il n'avait pas encore perdu tout son ancien discrédit. Il nous montre aussi que les chrétiens, et peut-être plus spécialement les membres du clergé séculieri4, l'adoptèrent ce qui nous est confirmé par un grand nombre de monuments' '. Certains textes ont pu faire supposer que le pallium, à cette époque, était généralement agrafé ; mais, comme Ferrari 10 l'a depuis longtemps montré, la description de Tertullien" est décisive, et l'usage des fibules resta toujours exceptionnel. Le mot pailiolttm désigne tantôt un paniutn de petite tailler°, tantôt une sorte de mantille féminine" ou de mantelet pour les malades20, tantôt un voile utilisé pour certaines coiffures". Le mot palliastrum est un terme méprisant qu'on applique au pallium grossier des cyniques ou des esclaves". Du tunieopallium, si tant est que ce mot désigne un vêtement particulier, nous ne connaissons que le nom23 V. -Le manteau féminin par excellence était la palla. C'est elle que portaient les dames romaines sur la tunica ou la stola. Dans les premiers temps de la République, les femmes n'avaient comme amietus que la riva ou rieinium, sorte de voile analogue au xpvôep.vav homérique j VELLM], qui fut abandonné d'assez bonne heure et auquel succéda 1a pana 24. On a beaucoup discuté sur la forme de la palla 23 ; les textes qui la mentionnent sont nombreux et contradictoires. On peut d'abord éliminer, semble-t-il, ceux où le mot palla est pris dans son sens le plus vague et signifie étoffe, draperie, tenture L6. Les autres sont de deux sortes. Les premiers nous montrent la palla comme un amictus 27, les seconds comme un indu mentum 28. Pour résoudre cette contradiction, on a parfois supposé que la palla était un vêtement à double emploi, une sorte d'amiculunt qu'une ceinture pouvait transformer en une tunique"Marquardt allait même jusqu'à l'identifier avec le pe'plos dorien agrafé, opinion qui n'est plus soutenable30. Il ne semble pas qu'il faille accorder aux deux catégories de textes une importance égale. De la pana employée comme manteau, nous possédons, grâce à Apulée 31, une description minutieuse, d'où il ressort qu'elle était identique à i'himation des Grecs ; nous voyons de plus qu'elle était un vêtement des plus usuels. Au contraire, dans les textes qui nous la montrent comme un indumentum, elle n'est guère portée que par les dieux, les héros, les per sonnages héroïsés, les devins ou les citharèdes. Plutôt que d'imaginer un vêtement mixte, tour à tour tunique et manteau, il semble donc plus naturel d'admettre qu'il existait deux sortes de pana. L'une, identique au palliant ou à l'himation des Grecs, était le manteau ordinaire des dames romaines ; l'autre était une longue tunique, une robe d'apparat. C'est sans doute cette palla des citharèdes que porte, sous sa chlamyde, l'Apollon Musagète du Vatican 32. La première, la palla commune, ne se distingue àvrai dire en rien du pallium. C'est elle que portent sur la stola les figures de princesses ou de dames romaines (fig. 3481)". Comme l'himation des femmes grecques, elle dégage à volonté l'un des bras, et peut recouvrir la tête, attitude prescrite sans doute dans certaines cérémonies 36. Le mot pallium n'étant que rarement, et tardivement, appliqué au manteau des femmes 35, on peut dire que la palla était le pallium féminin. Mais l'usage en est répandu parmi les dames romaines, bien longtemps avant que leurs maris, fidèles à la toge, ne se décident à adopter le manteau national des Grecs. Il est probable qu'à une époque PAL 293 --PAL très ancienne, les Romains, hommes et femmes, avaient emprunté aux Grecs leur himation, par l'intermédiaire des Etrusques ; mais tandis que l'himation masculin se transformait et se compliquait jusqu'à devenir la toge classique [TOCA], les femmes, peut-être par l'effet des lois somptuaires, étaient restées fidèles à la forme simple du manteau primitif, auquel elles avaient donné le nom de palla. Sans être absolument réservée aux matrones i, la palla était, à l'encontre du pallium, une sorte de vêtement officiel, une toge féminine. Son usage, ou du moins son nom, semble disparaitre plus tôt que celui du pallium. Illpien ne la nomme plus dans son inventaire de la toilette féminine 2, et l'édit de Dioclétien n'en fait pas mention. Outre la palla, le costume féminin comprenait encore, à l'époque classique, un manteau léger, tombant des épaules jusqu'aux talons, le supparum, qui, à l'encontre de tous les autres amictus, était fait de toile a, C'est, semble-t-il, le premier vêtement de toile qu'ait adopté à Rome la mode féminine. Pour quelques autres variétés de manteaux romains, VI,Vers latin du In"siècle et au cours du Ive, sans que l'on ait à signaler aucune espèce vraiment nouvelle de manteau, il se produit d'importants changements dans cette partie du costume. Le pallium, après avoir remplacé la toge, est lui-même abandonné pour la paenula, qui devient le plus usuel de tous les manteaux. Elle n'était à l'époque classique, nous l'avons vu, qu'un manteau de campagne ou de voyage ; vers le He siècle, on commence à l'introduire à la ville; sous Hadrien, les tribuns du peuple la, portent dans Rome même ', mais l'empereur prescrit encore l'usage de la toge aux sénateurs et aux chevaliers °. Sous Commode, elle est la tenue de rigueur aux jeux du cirque G ; Alexandre-Sévère autorise bientôt tous les citoyens âgés à la porter à la ville, mais refuse encore cette licence aux matrones 7. Elle finit par triompher des dernières résistances et par remplacer les vêtements officiels eux-mêmes, car nous la trouvons mentionnée dans une description du costume consulaire a, et la lex vestiaria du Code Théodosien, en 382, en prescrit l'usage aux sénateurs, tandis qu'elle ne permet aux esclaves que le birrus et le cucullus Les chrétiens et leurs prêtres abandonnent le pallium, le manteau du Christ et des apôtres, pour la paenula t0, appelée souvent planera ou casa/la 1l. Elle est, à partir du Ive siècle, le manteau sacerdotal par excellence (fig.5482)t2 Le mot pallium prend à cette époque les acceptions les plus diverses ; il s'applique à de simples voiles, comme 1'oraa'ïum des moines, et, en générai, à, toute pièce d'étoffe rectangulaire f3, Mais il désigne aussi plus spécialement un vêtement, ou plutôt un insigne, d'un genre nouveau, une sorte d'écharpe obtenue en plian t un pallium ordinaire quatre ou cinq fois sur lui-même dans le sens de la longueur, et en écrasant fortement les plis (Contahaulatio) i°. Le pallient contabulatupn ainsi préparé est une large bande qui se noue de diverses façons autour du corps. Le pallium sacrent, appelé aussi wgo(pdptov, insigne papal et épiscopal, qui rappelle dans le symbolisme chrétien la brebis portée par le Bort Pasteur, est une écharpe de ce genre, et se place sur les épaules de manière que ses deux pans inégaux retombent par devant en forme d'Y L6. Le pallium que la lex vestiaria de 382 prescrit aux officiales de porter sur la paenula93, est évidemment, lui aussi, un pallium contabulaturn, mais qui se nouait sans doute comme un baudrier (fig. 5483) 11. C'est enfin un pallium semblable, quoiqu'on le désigne généralement des noms de lorum, subarmale, superhumerale, que portent en écharpe les consuls du Bas-Empire, dans leur costume d'apparat (fig. 19O7)la. Cette opération de la contabulatio s'appliquait aussi à la pana. Le costume des prêtresses d'Isis, tel que nous le montrent, certains monuments (fig. 4105) et que nous le décrit Apulée10, comprenait dès le ne siècle une palla contabulata nouée en écharpe autour du corps. VII. La décoration et la couleur des manteaux dont il vient d'être question étaient naturellement des plus variables. L'usage était fort répandu des pallia de laine brute, blanchie au soufre [FULLONICA', mais les peintures de tout temps nous montrentaussi des manteaux sombres et de diverses couleurs. Il va sans dire que les Romains de l'Empire adoptèrent facilement les modes luxueuses, que nous avons vues régner à Alexandrie, les tissus mêlés d'or 70 ?es étoffes frangées [FI_Li1RtAE], ornées de bandes [INSTITA, LIMBUS et de figures, les sigillata Lesiimenta, que mentionne le Code Théodosien 21 et que 1'on connaissait déjà du temps de Plaute 92. On alla jusqu'à tisser dans l'étoffe des manteaux de véritables portraits23 Le christianisme adopta cette décoration luxueuse dans ses vêtements liturgiques et la transmit au moyen âge. Tous les manteaux grecs et romains, à l'exception du supparuin et des manteaux de luxe, comme le tpr#pop homérique elles pallia serina", étaient faits de laine ou d'une étoffe laineuse [GAUSAPA]. Peur la préparation et la teinture de ces divers tissus, cf. AMORGr;ti,t, nasses, noM PAL 294 PAL PALLOR etPAVOR. Divinités romaines correspondant aux dieux homériques Acip.oç et eI6 oç, compagnons d'Arès'. D'après la tradition recueillie par Tite-Live, le roi Tullus Ilostilius, en guerre contre Mettius Fufetius, roi des Albain', et voyant son armée en proie à une terreur panique, fit le voeu de consacrer à Pallor et à Pavor deux futto desservis par douze Saliens appelés Pallorii et Pavorii'. On ne possède pas d'autres renseignements, et les temples de Pavor et de Pallor ne sont plus mentionnés. Chez les poètes latins, la Peur et la Pilleur sont des personnifications allégoriques qu'on invoque dans les temps de pestes, de famines, de guerres, de grandes calamités publiques ; ils font partie du cortège des génies malfaisants, comme Discordia, Ira, I'uror, Terror, Insania, Maries, Fagnes et tant d'autres. Dans les actes du martyre de saint Victor, on trouve mentionnés : deus ['ebres deosque Pal/ores 3. On a cru longtemps, à la suite d'Eckhel, qu'on devait reconnaître des représentations de Pallor et de Pavor sur des deniers de la République romaine frappés par L. Hostilius Saserna en 46 av. J.-C., année du triomphe de Jules César après sa, conquête de la Gaule`. L'une des deux effigies est celle d'un homme à face osseuse et émaciée, la barbe en pointe, les yeux hagards, les cheveux longs et hérissés, le sagum gaulois sur les épaules; derrière cette tête, le bouclier ovale des Gaulois. Au revers du denier, on voit le même personnage combattant du haut d'un char (fig. à484). L'autre effigie est celle d'une femme, les cheveux dénoués, le visage empreint d'une douleur profonde ; derrière elle, le carnyx gaulois (fig. 5485). Le gentilice du monétaire Ilostilius rapproché de celui de son ancêtre légendaire, le roi Tullus Hostilius, paraissait autoriser l'interprétation d'Eckhel, conforme aux usages ordinaires des monétaires de la République. Les deux noms latins Pallor et Pavor étant masculins, Eckhel supposait que primitivement, peut-être en raison d'une origine étrangère, d'ailleurs inconnue, l'une des deux divinités était féminine, d'où la tête de femme donnée à Pallor. Mais cette interprétation traditionnelle a été récemment contestée. Les uns ont voulu voir dans ces deux effigies, destinées à se faire pendant, les têtes d'un Gaulois et d'une Gauloise condamnés au supplice de la devotio et traînés au forum boarium pour y être enterrés vifs comme hostiae hurnanae, afin d'apaiser les dieux dans un moment de grande crise. Un sacrifice de ce genre eut lieu après le désastre de Cannes 3. En dernier lieu, je me suis efforcé de démontrer que les types monétaires en question représentent, en réalité, Vercingétorix et la Gaule, en m'appuyant sur un ensemble de considérations qu'il est inutile de résumer ici, Pallor et Pavor étant hors de cause 6. E. BOBELON.