Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AMPELOS

AMPELOS ('14.7EÂo;). Personnification de la vigne et génie compagnon de Dionysos. Ses aventures ont été chantées par Nonnus et par Ovide'. Il était d'une grande beauté, et Dionysos l'aima à tel point qu'il ne pouvait se passer de sa compagnie. Confiant dans sa force, Ampelos ne craignait pas d'attaquer les bêtes sauvages. L'un de ses exploits fut de monter un taureau des plus féroces qui, après l'avoir porté quelque temps d'une course impétueuse, le jeta à terre avec tant de violence qu'il en mourut. Dionysos, inconsolable de la perte de son favori, obtint d'Atropos qu'Ampelos, qui n'avait pas encore passé l'Achéron, fût métamorphosé en vigne; et le dieu ne l'aima pas moins sous cette forme nouvelle que sous la première. Plus tard Ampelos fut placé dans le ciel et y devint la constellation Un groupe du Musée britan nique représente (fig. 262) Dio nysos et Ampelos au moment de la transformation de celui-ci On possède aussi des terres cuites sur lesquelles Ampelos est figuré sortant au contraire d'un cep de vigne entre deux Faunes, l'un vieux et l'autre jeune, qui s'émerveillent et applaudissent 3. Ampelos et Acratos (la vigne et le vin pur) figurent souvent dans les représentations de la pompe dionysiaque ; ce sont les génies ou démons de Dionysos qui le soutiennent dans sa marche ou prennent place avec lui sur son char 4. L. DE RONCRAUD. neur d'A:IruiRAÜs, à Orope. Des concours gymniques, hippiques et musicaux avaient lieu à cette occasion'. E. S. ou d'Oïclès et d'Hyperrnestre ou de Clytemnestre ', époux d'Ériphyle 2, père d'Alcméon, d'Amphiloque, d'Eurydice et de Démonassa, ou bien encore de Tiburtus, de Catittus et de Coras un des plus braves, des plus sages et des plus pieux entre les Grecs. Sa renommée comme devin égala celle de Tirésias. I1 prit part à la chasse du sanglier de Calydon 4 et à l'expédition des Argonautes a. Ériphyle, corrompue par le don d'un collier que lui avait offert Polynice, força son mari, lié par un serment, à aller combattre les Thébains quoiqu'il eût déclaré que cette guerre serait fatale à tous ceux qui y prendraient part. La guerre commença; les Argiens donnèrent l'assaut à la ville de Thèbes, mais la mort de Capanée changea l'attaque en déroute. Amphiaraiis prit la fuite ; un Thébain, Périclymène, allait le frapper par derrière, quand Jupiter lançant sa foudre, ouvrit un gouffre dans lequel Amphiaraüs fut englouti, avec Baton son aurige, son char et ses chevaux Le nom de la ville d'llarma (âpy.a, char) 7 perpétua et précisa le souvenir de cet événement. Amplliarails reçut de Jupiter le don de l'immortalité Près d'Orope on montrait une fontaine par laquelle, disait-on, le grand devin d'Argos était sorti des entrailles de la terres. It eut des temples et il rendit, des oracles 1e. Celui d'Orope jouissait d'une immense célébrité. Les malades venaient de toutes les parties de la Grèce attendre ses révélations en dormant dans son temple sur la peau des victimes 11 devint comme un second Esculape 13. L'art grec, l'art étrusque et même l'art romain se sont emparés des faits les plus saillants de cette légende, divisée par eux en trois parties : ils nous montrent Amphïarails dans la période qui précède la guerre, nous assistons à son départ, puis nous voyons sa mort. Parmi les monuments figurés de la première période, it faut signaler avant tout le célèbre scarabée 73 de la collection de Stosch, aujourd'hui au musée de Berlin (fig. 263). Cinq des sept chefs de l'armée argienne sont représentés sur ce scarabée avec des inscriptions qui les désignent : Polynice, Tydée, Arphiaraüs, Adraste et Parthénopée. Winckelmann a vu dans cette composition le conseil de guerre des chefs de l'armée argienne. Welcker 14 reconnaît Amphiaraüs dans la maison d'Adraste, prédisant en présence des plus intéressés au succès la funeste issue de cette guerre. On le voit sur des vases peints assistant à la mort d'an étrusque de Vulci, interprété par M. Roulezo,représente,selon cet antiquaire, Tydée apportant à Adraste, son beau-père, en présence d'Amphiaraiis, le collier corrupteur. Les noms des trois personnages sont inscrits auprès d'eux. Le départ d'Amphiaraiis se voyait sur le coffret de Cypselus le ; un vase17 de la Glyptothèque de Munich nous AMP -. 23 A MP montre la scène décrite par Pausanias qui parle au long de ce coffret. D'autres peintures de vases représentent le départ tR. La figure 264 est tirée d'une peinture 19 qui orne un lécythus trouvé à Cervetri. Amphiaraüs désigné par une inscription AOIAPEOI est armé; Ériphyle debout devant lui tient à la main le fatal collier. La mort d'Amphiaraüs est représentée dans un bas-relief découvert sur l'emplacement de la vieille ville d'Orope. Ce bas-relief très-vanté par Welcker 20 nous montre le moment où le devin va être englouti avec son char, ses chevaux et son aurige. Un bas-relief 31 dans le jardin de la villa Pamfili, intéressant quoique très-inférieur par l'art, représente le même sujet. Une élégante peinture monochrome 22 du musée de Naples le montre aussi fuyant devant le Thébain Périclymène. Enfin dans un bas-relief (fig. 265) d'une urne funéraire étrusque 23 on voit le gouffre déjà ouvert devant les chevaux, qu'une Furie entraîne en les saisissant par les rênes. ERNEST VI!yET. (AprotxTiovEi). Cette double orthographe, que l'on trouve dans les textes anciens, répond à la double étymologie que les Grecs donnaient à ce mot. Les uns avaient imaginé l'existence d'un héros Amphictyon, fils de Deucalion, fondateur de l'assemblée qui se tenait aux Thermopyles. Les autres faisaient dériver amphictionie de ây.?ni iovsç, synonyme de rnptxtiiovEt (ceux qui habitent autour). Cette étymologie est beaucoup plus vraisemblable que la première, et dans les inscriptions, on trouve le plus souvent le mot écrit de la seconde manière. Le mot Amphictionie désigne une association de peuples habitant autour d'un même sanctuaire, et réunis par la communauté d'origine ou d'intérêts. Ces associations remontent à l'époque la plus ancienne; quelques-unes même doivent être antérieures à l'établissement des Hellènes dans la Grèce. Les auteurs anciens nous en font connaître un assez grand nombre. 1° Amphictionie d'Onchestos en Béotie, qui tenait ses réunions dans le temple de Poseidon 1; 2° Amphictionie de Calaurie, dans le temple de Poseidon, réunissant les députés de plusieurs villes argiennes, de l'île d'Egine, d'Athènes et d'Orchomène de Béotie 2; 3° Amphictionie de Délos, dont Plutarque attribuait la fondation à Thésée 3. Dès les temps les plus anciens, les Ioniens des Cyclades s'y réunissaient pour célébrer la fête d'Apollon'. Un passage de Tacite peut faire penser que cette amphictionie régla tout ce qui concernait les colonies ioniennes d'Asie Mineure Les Athéniens, maîtres de l'île, la purifièrent en 426 et réorganisèrent l'amphictionie dont ils s'attribuèrent la présidence. Les comptes de l'année 377 à 374, trouvés à Athènes,nous font connaître quelques parties de son organisation Elle réunissait tous les habitants des Cyclades; le conseil,auv€Sptov, prononçait des amendes, surveillait l'emploi des revenus appartenant au temple d'Apollon, affermait ses propriétés, prenait toutes les mesures nécessaires pour l'envoi des théories et la célébration des jeux. Les affaires de cette amphictionie furent l'occasion de plusieurs discours prononcés par Hypéride et par Lycurgue. L'existence des amphictionies, dont les noms suivent, n'est pas certaine : 4' Amphictionie d'Argos, dans le temple d'Apollon Py thien, devant laquelle les Messéniens auraient porté leurs débats avec Sparte' ; 5° Amphictionie de Samicum pour les villes de l'Élide, dans le temple de Poseidon S ; 6° Amphictionie-d'Amarynthos, dans le temple d'Artémis, pour les villes de l'Eubée Les assemblées des colonies doriennes, au Triopium, et des colonies ioniennes, à Mycale, ne semblent pas avoir formé des amphictionies. La plus célèbre était celle qui tenait ses assemblées deux fois par an, l'une aux Thermopyles, à Anthéla, près du sanctuaire de Déméter, l'autre à Delphes, près du temple d'Apollon Pythien. Cette association fut formée par les peuplades helléniques, lorsqu'elles étaient encore en Thessalie, et avant, des tribus ionienne et dorienne; la même organisation fut conservée après l'invasion et l'établissement des Hellènes dans la Grèce proprement dite. Composition de l'assemblée. L'assemblée se composait de douze peuples 10. La liste n'a été transmise par aucun écrivain d'une manière tout à fait exacte ou complète, mais en rapprochant des inscriptions d'une époque postérieure les listes d'Eschine, de Théopompe, de Pausanias 11, on peut fixer ainsi les douze peuples qui firent partie de l'assemblée amphictionique jusqu'à la guerre de Phocide. Les Delphiens ne firent pas partie de l'assemblée primitive ; ils étaient comptés parmi les Phocidiens, dont ils ne furent séparés que par l'intervention de Lacédérnone après les guerres médiques. Chacun de ces douze peuples disposait de deux suffra AMP 236 AMP ges; quelle que fût leur importance, tous avaient l'égalité de droits. s J'énumérai les douze peuples, dit Eschine, je montrai que chacun avait un suffrage égal, le plus grand comme le plus petit, que le député de Dorium ou de Cytinium a une puissance égale à celui des Lacédémoniens, car chaque peuple a deux suffrages; que, pour les Ioniens, le député d'i rétrie, de Priène est aussi puissant que celui des Athéniens, et de même pour les autres'. » Postérieurement à cette organisation, plusieurs tribus, surtout les Doriens et les Ioniens, prirent de grands développements. Mais elles n'eurent toujours que les deux voix, que leur avait attribuées l'organisation ancienne ; seulement, on partagea les voix, et il y eut des villes qui eurent ou un seul suffrage, ou une moitié, ou même une part plus petite de suffrage Par exemple Athènes eut l'une des deux voix des Ioniens; les Doriens du Péloponnèse, l'une des deux voix des Doriens, et cette voix appartenait tantôt à Sparte, tantôt à Sicyone ou à Argos. 11 y avait deux sortes de députés : les hiéromnémons nistipot, et les pylagores (avaayépnt), appelés aussi âyopx pof 14. Les hiéromnémons, désignés par le sort, formaient la partie permanente de l'assemblée et disposaient des votes. Les pylagores, élus par le peuple, ne paraissent pas avoir eu le droit de suffrage ; ils étaient envoyés en plus ou moins grand nombre par les villes, pour soutenir leurs intérêts devant l'assemblée. Par exemple, Athènes, quin'avait qu'un seul suffrage, envoya à l'assemblée un hiéromnémon et trois pylagores, parmi lesquels Eschine ". L'assemblée ordinaire composée de ces deux sortes de députés s'appelait awélptov; mais, dans des cas fort graves, elle pouvait convoquer une assemblée extraordinaire (éxxkr,ofa) qui délibérait et rendait des décrets. A cette assemblée, dit Eschine, on convoque non-seulement les pylagores et les hiéromnémons, mais encore ceux qui font des sacrifices et qui consultent le dieu le Il faut rattacher à l'assemblée : le secrétaire ou les secrétaires, qui sont nommés seulement dans quelques inscriptions; et le héraut sacré iepoxripu, qui paraît avoir exercé ses fonctions pendant toute sa vie 17. Les Amphictions faisaient frapper monnaie ; les spécimens de cette monnaie sont rares, mais très-beaux. Sur la face, on voit la tête de Déméter voilée ; au revers, avec le mot AMdh1KTloMIn dans le champ, l'omphalos de Delphes, sur lequel Apollon est assis, tenant de la main gauche un grand rameau de laurier; à ses pieds est la lyre 18 ; sur une pièce de la collection Prokesch 19, le serpent est enroulé autour de l'omphalos. Attributions de l'assemblée. D'après Strabon 20,l'assemblée amphictionique avait été fondée pour délibérer sur les intérêts communs et exercer en commun l'intendance du temple; il ajoute qu'Acrisios organisa le jugement des Amphictions pour les querelles que les villes auraient entre elles. C'est ce que semble indiquer le serment prêté par les Amphictions, tel que l'a rapporté Eschine 21. «Je lus les serments, par lesquels nos ancêtres s'engageaient à ne détruire aucune des villes amphictioniques, à n'intercepter les eaux potables ni dans la guerre ni dans la paix ; et si quelque peuple enfreignait cette loi, à marcher contre lui et à détruire ses villes; si quelqu'un pillait les richesses du dieu, ou se rendait complice en quelque manière de ceux qui toucheraient aux choses sacrées, ou les aidait de ses conseils, à le poursuivre avec le pied, la main, la voix, de toute leur force. Au serment était. jointe une imprécation terrible. » Eschine en donne le texte dans un autre discours 24 et la fait remonter à l'époque de Solon : a Si quelqu'un, soit ville, soit simple particulier, soit nation, contrevient à ce serment, qu'on le dévoue à Apollon, Artémis, Latone et Athéné Pronaea. Que leurs terres ne produisent aucun fruit; que leurs femmes n'accouchent point d'enfants qui ressemblent à leurs pères, mais de monstres; que dans leurs troupeaux, aucune bête ne mette bas que des animaux contre nature; qu'ils aient toujours le dessous et à la guerre et dans leurs procès et dans les délibérations publiques; qu'ils soient entièrement exterminés, eux, leurs maisons et leur race; qu'ils ne sacrifient jamais saintement à Apollon, à Artémis, à Latone, à Athéné Pronaea et que jamais ces divinités n'aient leurs offrandes pour agréables. u L'assemblée amphictionique avait eu tout d'abord un caractère religieux ; c'était à elle qu'était confiée l'intendance du sanctuaire de Delphes et des jeux Pythiens. Sur ces questions, son autorité fut toujours souveraine. Une inscription contient le règlement établi par les hiéromnémons pour la célébration de la fête d'Apollon; ils veillent à la proclamation et au respect de la trêve sacrée, surveillent l'entretien des routes que doivent suivre les théories ou députations sacrées envoyées par les différentes villes, prescrivent jusque dans les plus petits détails les sacrifices à accomplir 23. La présidence des jeux Pythiens leur appartenait également, ils étaient chargés de recevoir les noms des concurrents, de maintenir l'ordre parmi les spectateurs, de faire proclamer les prix par leur héraut. Ils avaient le droit de prononcer des amendes contre les particuliers ou les villes qui contrevenaient aux règlements. Leur autorité était la même sur le sanctuaire de Delphes. Ce furent eux qui, après l'incendie de MS, firent dresser le plan du nouveau temple, adjugèrent l'entreprise aux Alcméonides et fixèrent la contribution que devait payer chaque cité '2 . L'architecte du temple fut toujours placé sous leur direction '2 . Une de leurs charges, et la plus importante, était de veiller à ce qu'on respectàt la sentence qui défendait de cultiver la plaine de Cirrha consacrée à Apollon. Le maintien ou la revendication des limites du territoire sacré de Delphes contre les empiétements des voisins, occupa à plusieurs reprises les Amphictions. On a récemment retrouvé ou amélioré le texte des sentences qui établissaient ces frontières du côté d'Amphissa et d'Anticyre. En présence des délégués des villes intéressées, les hiéromnémons par AMP 237 -AMP_ couraient les limites; ils décidaient l'expulsion des propriétaires qui avaient empiété sur le terrain sacré et la démolition des maisons; une série de bornages très-minutieusement indiqués et constatés par des bornes (époi), des inscriptions ou des trépieds gravés sur le rocher assuraient la propriété du dieu de Delphes. Cette enquête était soumise aux votes de l'assemblée amphictionique, et, après sa confirmation, gravée sur les murs du temple. Sous l'empire, ces sentences des hiéromnémons servirent de base aux jugements des gouverneurs romains 23. Les Amphictions ne veillaient pas avec moins de soin à la conservation des revenus du dieu. Ces revenus provenaient de l'argent du trésor prêté à intérêt aux villes et aux particuliers, du fermage des gros et des petits troupeaux, de la location des maisons, terres et vignes appartenant au temple 27. On voit par les inscriptions qui nous ont conservé ces renseignements, que la mauvaise volonté et la mauvaise foi des débiteurs réduisaient souvent les Amphictions à ne pouvoir établir les sommes dues au dieu. Pour trouver un secours dans cette oeuvre difficile, le conseil promettait des récompenses aux particuliers qui dénonçaient les détournements commis au préjudice du dieu, en poursuivaient le redressement et faisaient condamner les coupables. L'amende prononcée contre ceux-ci était versée dans une caisse spéciale, appelée xiUrtiov n. De même, c'étaient les particuliers qui dénonçaient les vols sacriléges commis dans les trésors de l'enceinte sacrée et qui s'occupaient de faire restituer au dieu les objets volés". Les Amphictions pouvaient récompenser les bienfaiteurs du temple en leur décernant des priviléges, comme ceux que les villes accordaient à leurs proxènes (la(e),Eta, tion spéciale des hiéromnémons 30. Un xripuxu(ov, sur lequel était imprimé le sceau des Amphictions, était alors remis à ces personnages, comme marque visible des priviléges qui leur étaient attribués 31 De nouveaux documents épigraphiques prouvent qu'en matière religieuse, l'autorité du conseil avait été acceptée par les villes grecques. Une députation des artistes Dionysiaques d'Athènes [DIONYSIAxoI TECIINITAI] obtient un décret des Amphictions qui leur accorde, comme à des serviteurs des dieux, l'immunité et la sûreté, l'inviolabilité pour leurs personnes et leurs biens, l'exemption du service militaire et de toutes charges ; si quelqu'un leur fait tort, il doit être responsable devant les Amphictions, lui et la ville où le tort aura été fait à l'artiste3'. En principe, les Amphictions avaient une juridiction souveraine sur toutes les villes qui faisaient partie de la confédération; ils pouvaient décider sur les plaintes qu'une ville portait contre une autre et condamner la cité coupable à une amende; mais leurs arrêts n'étaient pas toujours exécutés, quand ils frappaient une nation puissante et capable de résister. L'histoire de l'assemblée amphictionique montrera mieux son impuissance à devenir le tribunal commun de la Grèce. D'abord tous les Grecs n'en faisaient pas partie, ni les Étoliens, ni les Achéens, ni les Acarnaniens n'avaient de voix dans l'assemblée. Puis, dans l'assemblée même, la majorité appartenait aux peuplades thessaliennes, sans force et sans importance politique, tandis que Sparte et Athènes n'avaient qu'une seule voix et ne devaient accepter les décisions d'une assemblée ainsi composée, que lorsqu'elles leur convenaient. Aussi les arrêts des Amphictions ne furent exécutés que lorsqu'un peuple puissant y trouva son intérêt. Pour détruire la ville de Cirrha qui pillait les pèlerins se rendant au temple , il fallut l'appui de Solon et d'une armée athénienne. Si les Mégariens furent châtiés pour avoir refusé de punir les meurtriers d'une théorie, c'est que leur crime avait excité l'indignation générale. Mais quand il fallut défendre la Grèce contre les Perses, l'assemblée amphictionique fut impuissante ; plus de la moitié des peuples qui la composaient, suivaient l'armée de Xerxès; aussi la véritable assemblée commune fut celle qui se tint à l'isthme de Corinthe. Les Amphictions n'eurent d'autre rôle que de mettre à prix la tête du traître Éphialte, de décerner quelques statues, de faire graver des inscriptions sur la tombe de Léonidas et des héros des Thermopyles. Après la victoire, les Lacédémoniens proposèrent de réformer l'assemblée, d'exclure les peuples qui avaient suivi le parti des Mèdes et de donner leurs voix à ceux qui avaient combattu pour l'indépendance; Thémistocle fit repousser une proposition qui aurait assuré la prédominance de Sparte s3 Plus tard, les Thébains, maîtres de la Grèce du nord, essayèrent de se faire un instrument du conseil amphictionique; l'année même de la bataille de Mantinée, ils firent bannir, par une sentence, les Delphiens qui soutenaient le parti d'Athènes et des Phocidiens. Mais les Athéniens protestèrent par un décret qui déclarait nulle la sentence des Amphictions et donnait aux Delphiens bannis le droit de cité à Athènes n. Les Thébains et les Thessaliens qui dominaient dans le conseil voulurent encore s'en servir pour se venger de leurs ennemis les Lacédémoniens et les Phocidiens, et les firent condamner à une amende considérable'. De lii, la deuxième guerre sacrée, qui, pendant dix ans (355-345), ensanglanta la Grèce du Nord et se termina par l'intervention de Philippe. Le conseil des Amphictions, instrument des vainqueurs, décréta le désarmement des Phocidiens et la dévastation du pays; il leur enleva leurs deux voix pour les donner aux Macédoniens. Il servit encore de prétexte à la troisième guerre sacré e,parla sentence contre les Amphissiens qui avaient labouré la plaine sacrée, et amena ainsi l'asservissement de la Grèce à la Macédoine. Philippe et Alexandre se firent proclamer, par cette assemblée, généralissimes de la Grèce contre les Perses. Depuis cette première modification, la composition du conseil amphictionique subit plusieurs changements, qui ne sont pas tous indiqués par les auteurs anciens, mais dont on peut retrouver la trace dans les inscriptions. II n'y a aucun monument qui mentionne des hiéromnémons macédoniens; probablement, ils cessèrent de faire partie de l'assemblée à l'époque de la guerre Lamiaque. En 278, les Phocidiens recouvrèrent leurs deux voix, après la part énergique qu'ils prirent à la défense de la Grèce contre les Gaulois. Ce fut probablement alors que les Delphiens furent introduits dans le conseil avec double suffrage. Mais un peuple nouveau commence à y avoir la prépondérance. Les Étoliens avaient pris part àla guerre Lamiaque, et de cette époque peut-être date leur introduction dans le conseil amphictionique. Dès les temps des AMP 238 AMP premiers successeurs d'Alexandre, ils étaient assez fortement établis à Delphes pour que Démétrius fût obligé de faire célébrer à Athènes les jeux PythiensLeur énergie dans la lutte contre les Gaulois augmenta encore leur influence; dans les inscriptions amphictioniques de cette époque, qui sont nombreuses, les Étoliens occupent la première place et possèdent le plus grand nombre de voix. Ils ne se contentèrent point de s'attribuer double suffrage; le nombre des hiéromnémons qu'ils envoient à l'assemblée n'est pas invariable; et on trouve parfois jusqu'à 1-i hiéromnémons étoliens 38. En même temps, on remarque que les peuples thessaliens n'y figurent plus. Les Étoliens ayant occupé une partie de la Thessalie s'étaient probablement approprié leurs suffrages. Il n'y a pas d'inscription de cette époque qui présente le nombre ancien de 24 hiéromnémons. A côté des Étoliens; on trouve presque toujours deux Delphiens, deux Phocidiens, deux Béotiens, quelquefois un Athénien, un député de l'Eubée, et un des Doriens du Péloponnèse, Les Étoliens surent se faire un appui de l'assemblée amphictionique dont la juridiction pouvait s'étendre sur toutes les causes, et donner une apparence légale à leurs projets de domination. Dans un traité avec les habitants de l'île de Céos, on voit qu'ils s'engageaient à ne cas les attaquer sous le prétexte d'une accusation amphictionique (âvq,tlrvuov cèv é' xarrge P), preuve que c'était une arme dangereuse entre leurs mains. Ce fut une des causes qu'alléguèrent les Achéens dans la guerre des deux ligues. Ils promettaient aux Amphictions de leur rendre leurs lois et l'intendance du temple de Delphes dont les Étoliens s'étaient emparés 3B. Ils ne purent y réussir, car dans les décrets postérieurs à cette guerre, on retrouve les hiéromnémons étoliens au premier rang et en grande majorité. Le conseil amphictionique fut rétabli dans son ancienne forme par les Romains. Fut-ce par Manius Acilius, après la défaite d'Antiochuset des Étoliens, lorsque le général romain confirma les décrets des Amphictions sur les limites du territoire de Delphes en 189'1 ou par Paul-Émile, pendant son séjour à Delphes en 468? Deux inscriptions de cette époque 3e montrent que l'on réorganisa le Conseil en rétablissant les 24 hiéromnémons et les deux voix appartenant à chacune des tribus. Les Étoliens étaient complétement exclus, mais non les Delphiens, à qui on laissa leurs deux voix. Pour ne pas dépasser le chiffre ancien de 24 suffrages, on réunit en une seule les deux tribus thessaliennes des Maliens et des Oetéens. Ce fut ce conseil que Sylla força à livrer les richesses du sanctuaire. Cette restauration dura jusqu'à l'époque d'Auguste, qui changea complétement la composition du conseil en attribuant aux habitants de Nicopolis, après la bataille d'Actium, les voix des petites peuplades thessaliennes. A l'époque de Pausanias, l'assemblée avait subi de nouveaux changements. Trajan avait fait de nouveau fixer les limites du territoire sacré par un légat, C. Avidius Nigrinus, qui confirma les antiques décrets des hiéromnémons et la sentence de Manius Acilius. Ce fut Iui probablement qui réorganisa le conseil des Amphictions pour en faire le conseil commun de la Macédoine et de l'Achaïe. Telle semble avoir été l'intention de l'empereur d'après la composition que rapporte Pausanias `0. II y avait trente députés : 6 de Nicopolis, 6 de Macédoine, 6 de Thessalie; Béotiens, Phocidiens, Delphiens, 2 ; Locriens Ozoles , 1; Locriens Epicnémidiens, 1; l'Eubée, 1; Athènes, 1; Doriens de la Doride, 1; Doriens du Péloponnèse, 1. Le conseil amphictionique, comme le monde grec tout entier, eut un moment de renaissance, pendant le règne d'Hadrien. Un fragment inédit d'une lettre, que l'empereur adressa aux Amphictions en 125, atteste l'intérêt qu'il portait à ce conseil. On construisit alors à Delphes un nouvel édifice où il tenait ses séancesk° (euvéèptov). Les Amphictions y firent réunir par leur épimélète une bibliothèque achetée avec l'argent sacré du dieu 42. Après les Antonins, il n'est plus question de l'assemblée amphictionique, qui s'éteignit dans l'obscurité. P. Fou; célébrée à Athènes dans les familles peu de jours après la naissance d'un enfant. La porte de la maison était parée de branches d'olivier, si le nouveau-né était un garçon et de guirlandes de laine, si c'était une fille 1. Le jour de la fète les femmes qui avaient assisté la mère dans ses couches se lavaient les mains en signe de purification. L'enfant, tenu par deux d'entre elles (et peut-être primitivement par des hommes6), était porté rapidement autour du foyer et associé ainsi au culte domestique : c'était la cérémonie principale, celle qui donnait son nom à la fête, terminée par un repas auquel étaient conviés les parents et les amis°. Ils y apportaient des cadeaux tels que des seiches et d'autres mollusques. Des présents étaient faits à l'enfant par les parents, les amis et les serviteurs de la maison' : c'étaient des jouets ou de petits objets qu'il portait ensuite suspendus Le jour des amphidromia paraît s'êtreconfondu avec celui où un nom était donné à l'enfant en présence de la famille G: de là sans doute les divergences d'opinion sur le moment où la première fête avait lieu : les uns la placent le cinquième jour, les autres le septième ou le dixième jour après la naissance ; de là aussi les termes différents iàtoµat, employés par les anciens auteurs pour nommer ces fêtes qu'ils ne distinguent pas. Des sacrifices étaient naturelle ment offerts en cette occasion, comme dans toutes les solennités, et comme dans tous les repas qui réunissaient la famille autour du foyer. On a essayé de reconnaître des scènes des amphidrornia dans divers monuments: dans la plupart ° manquent les circonstances les plus essentielles au sujet. Le moins contestable serait une terre-cuite (fig. 267) dont il existe plusieurs exemplaires à peu près semblables 10 : on y AMP --29-AMP voit un Satyre et une Ménade qui portent dans un van un enfant, peut-être Bacchus ; ils paraissent danser ; mais dans ces bas-reliefs mêmes on ne voit ni feu, ni foyer.