Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AMPHITRITE

AMPHITRITE ('Apt). Amphitrite, une des Néréides', ou des Océanides épouse de Neptune. il n'est pas question de cette union dans les poèmes d'Homère. Amphitrite n'est même pas nommée dans l'Iliade ; et dans l'Odyssée son nom ne signifie pas autre chose que la mer retentissante, qui enveloppe le monde 8. Elle en est, comme Thétis, la personnification féminine, et c'est ainsi qu'elle se place à côté de Poseidon ou Neptune, la plus haute expression du redoutable élément. On disait que ce dieu l'ayant vue danser parmi les Néréides, à Naxos, s'en était épris et l'avait enlevée Selon d'autres, elle s'enfuit jusqu'auprès d'Atlas; mais le dauphin la suivit et la ramena à Poseidon, qui par reconnaissance le plaça parmi les astres 8. Am-, phitrite fut mère de Triton, de Rhodé, de Benthésicymé °. Amphitrite fut représentée comme épouse de Neptune dans un grand nombre de monuments de l'art grec et grécoromain. Sans parler des frontons du Parthénon 7 et des bas-reliefs du temple de la Victoire Aptère où il n'est pas bien démontré qu'on doive la reconnaître, nous savons qu'on voyait cette déesse constamment placée à côté de Neptune dans des monuments remarquables par leur beauté ou leur antiquité ; de même qu'on les honorait d'un culte commun à Lesbos', à Syros et à Myconos'°, à Ténos, dont le temple renfermait des statues de Neptune et d'Amphitrite, de neuf coudées de haut, couvres du fondeur Télésias 11. On les voyait réunis sur le socle de la statue de Jupiter à Olympie 12, sur l'autel d'Apollon à Amyclée13, dans le temple de Minerve Chalkioekos à Sparte 14. Le pronaos du temple de Neptune à Corinthe offrait un groupe formé par les trois figures d'Amphitrite, de Neptune et de Thalassa (la Mer). Dans la cella du même temple, sur un char attelé de quatre chevaux conduits par deux tritons d'or et d'ivoire, on voyait Amphitrite à côté de Neptune Le basrelief de Munich, connu sous le nom de Noces de Neptune et d'Amphitrite, peut donner quelque idée de cet ouvrage célèbre, dédié parHérode l'Athénien. On y voit (fig. 275) les deux divinités sur un char que traînent des tritons, et Doris, AMP. -248AMP la mère d'Amphitrite, venant au-devant des deux époux un flambeau nuptial à la main". Amphitrite porte le voile des mariées. On la voit dans une mosaïque du Louvre " debout à côté de Neptune, sur un char attelé de chevaux marins. La belle cylix de Vulci, dite coupe de Sosias, nous montre Amphitrite, personnification des eaux, assise dans la réunion des dieux à côté de Vesta, personnification du feu 18. Elle tient un sceptre ou plutôt un thyrse terminé par un bouquet de varech ; elle est vêtue d'une tunique talaire finement plissée et d'un manteau qui couvre ses genoux. Son vêtement est à peu près le même à l'intérieur de la belle coupe signée du nom d'Euphronios, représentant la visite du jeune Thésée, qui est récemment entrée au Louvre; on y lit, comme sur la coupe de Sosias, son nom écrit à côté d'elle ". On la voit encore auprès de Neptune sur le cratère de la collection de Luynes, représentant le même sujet"; et assise à côté du lit où Neptune est couché, sur une autre coupe où est peint le banquet des dieux 2'. C'est peut-être Amphitrite que nous montre une remarquable peinture de la Casa dei capitelli colorati à Pompéi 22 ; et on est forcé d'y songer notamment quand on rapproche de ce monument les médailles des Bruttiens qui représentent une femme voilée, qui est probablement Amphitrite, assise sur un hippocampe et tenant sur ses genoux l'Amour P4. C'est aussi Amphitrite qu'on voit en buste sur une monnaie d'argent de la famille Crepereia 24. A côté de la figure, dans le champ, on distingue un poulpe. On peut en rapprocher une pierre gravée de la galerie de Florence 20, où la déesse paraît sous le même aspect. Sur une autre pierre gravée 26, on la voit (fig. 276) assise sur le dos d'un Triton ; elle tient en main le trident, seule marque qui la distingue des Néréides, souvent ainsi figurées à côté de dieux et de monstres marins. E. VINET. d'un usage général, à toutes les époques, chez les Grecs et chez les Romains, pour enfermer le vin, l'huile, le miel et d'autres denrées. Homère appelle l'amphore âp.tçt nom indique un caractère signalé comme essentiel par les commentateurs , dans la forme de ce vase' : en effet, les deux anses au moyen desquelles il pouvait être porté, lui donnent une physionomie distincte parmi les vases conservés dans les collections. Les figures 277, 278 et 279 représentent des amphores de Rhodes, de Cnide et de Thasos c'est-à-dire des trois princi Flux centres de fabrication de ces vases dans l'antiquité. On y voit (et il en est de même de ceux qui, dans les monuments figurés, répondent le mieux aux indications fournies par les anciens sur les divers emplois de l'amphore), les deux anses placées des deux côtés du col et se rattachant à une panse plus ou moins allongée, généralement plus large vers le haut, amincie à la partie inférieure, ou même terminée en pointe, de telle sorte qu'il était nécessaire pour faire tenir l'amphore debout de la poser sur un support [INCITEGA] ou de la planter dans le sable. Beaucoup ont été retrouvées dans cette dernière position. On voit (fig. 280) la coupe d'une cave découverte à Rome en 1789, détruite depuis, divisée en deux pièces, où les amphores étaient régulièrement rangées comme elles sont ici représentées Dans les autres figures qui accompagnent cet article, la forme générale des amphores est la même; elles ne diffèrent entre elles, quel que soit leur emploi, que par les dimensions, toujours proportionnées, du col et des anses, par la grosseur et la longueur du ventre, enfin par la base tantôt effilée et pointue, tantôt plate ou pourvue d'un pied. Les amphores panathénaïques, c'est-à-dire celles qui contenaient l'huile des oliviers sacrés (p.opfat) donnée en prix aux vainqueurs des Panathénées ° [PANATIIERAIA], ont un pidd et un couvercle muni d'un bou ton : elles sont représentées sur les monnaies d'Athènes «fig. 281 et, avec les couronnes des vainqueurs, sur le siège de marine d'un agonothète, ci-dessus p. 150, fig. 184). Ceux qu'on possède sont remarquables par les peintures qu'on y voit ordinairement et qui ont fait connaître leur destination : d'un côté (fig. 282)° Pallas armée du casque, de la lance, de l'égide ou d'un bouclier ; la déesse est debout entre deux colonnes, au sommet desquelles sont des coqs ou des chouettes, quelquefois des vases; et, dans le champ, on lit l'inscription TSIN AOENE®EN A®AfN (prix donné à Athènes), et parfois les noms des archontes alors en fonctions' ; au revers, l'exercice dans lequel a été remportée la victoire : par exemple, la course sur l'amphore de Vulci 8 reproduite (fig. 283) ; car on a trouvé des amphores semblables en dehors de la Grèce, et elles sont en grand nombre dans les collections, qu'elles soient venues d'Athènes, ou qu'elles appartiennent à d'autres pays où on a imité la forme et la décoration des vases athéniens 9. Les dénominations par lesquelles les auteurs modernes ont cherché à distinguer des amphores d'autres vases analogues par leur forme générale, mais un peu différents par les proportions de leurs parties, ne s'appuient pas, en général, sur des autorités suffisantes. Dans une peinture de vase où est figurée la récolte de l'huile, on voit (fig. 284) des amphores qui servent à cet usage 10. Une coupe à figures noires de la collection Campana, au Louvre (fig. 285) 11 représentant les travaux des champs, montre de grandes amphores chargées sur un chariot, vraisemblablement pour transporter des grains, et on a trouvé en Italie de ces vases qui en renfermaient effectivement. 1. Dans d'autres on conservait 12 du miel, de la saumure, des fruits et comestibles de toutes espèces; on y mettait le sable nécessaire aux gymnases; on y renfermait des monnaies, etc. Mais le principal emploi des amphores fut en tout temps de contenir le vin. Dans l'Odyssée'a, Ulysse et Télémaque se préparant à voyager font remplir de vin des amphores fermées avec soin au moyen de couvercles ou de bouchons (lit iatct). Les exemples en sont nombreux dans les écrivains grecs des temps postérieurs 14, et c'est ce qu'attestent aussi les sceaux dont on voit l'empreinte sur des débris d'amphores. Chez les Romains, on mettait dans des amphores tous les vins qui devaient être conservés 1°: d'où la distinction du vinum amp/aorarium et du vinum doliare. On tirait celui-ci directement, pour le boire, des grandes outres ou des grands vaisseaux de terre [DOLtun, eITnos] où il avait été versé au sortir du pressoir [vlïvuM]. De curieuses peintures de Pompéi16, dont une est ici reproduite, montrent (fig. 286) comment s'opé raient le transport du vin et sa distribution dans les amphores. Quand elles étaient remplies, on les fermait au moyen de bouchons de liége(cortex,suber) ou d'argile, enduits (obtinere, adstringere) de poix ou de plàtre '`; une étiquette (superinscriptio, nota, titulus, tessera, pittaciutn) gravée sur chaque amphore ou suspendue au col, fournissait diverses indications, telles que l'espèce du vin, son âge, la contenance du vase, la 32 AMP 250 AMP marque du fabricant 'a. On possède des amphores où se trouvent inscrites l'une ou l'autre de ces indications ". Des amphores ou des débris d'amphores en argile, trouvés dans toutes les parties du monde grec et dans tous les pays où les Grecs avaient porté leurs produits, attestent non-seulement l'étendue de leur commerce, mais encore le grand nombre des fabriques différentes, reconnaissables à la composition ou à la cuisson de la terre et souvent même indiquées d'une manière précise par des inscrip tions. D'autres, portant des marques et inscriptions latines, donnent lieu à des observa tions semblables pour La matière dont étaient faites les amphores était communément la terre cuite ; il y en eut aussi de marbre ou d'albàtre 20, de verre ", d'argent 22, de bronze. On en voit (fig. 287) une de ce métal, d'un travail élégant, appartenant au musée Étrusque du Vatican 23. Homère et Pindare 24 parlent aussi d'amphores d'or et d'airain. E. SAGLIO. II. 'Ag.porsûs était aussi, à Athènes, le nom d'une mesure de capacité pour les liquides, ordinairement appelée Chez les Romains, empllora devint le synonyme de QUADRANTAL. Une amphore étalon (ampilora capitolina), placée au Capitole, servait sous l'empire à la vérification des mesures analogues employées par les marchands'. L'ampllora était chez les Romains, comme chez nous la tonne, l'unité de mesure pour le jaugeage des navires