Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AMYMONE

AMYMONE (A1nueddvr,). Amymone, fille de Danaiis et d'Étéphantis. Les récits d'Apollodore 1 et d'Hygin', qui nous ont conservé ce mythe, varient seulement dans quelques détails. Selon Apollodore, Danaiis venait de s'établir dans l'Argolide, quand une affreuse sécheresse contraignit le colon égyptien d'envoyer ses filles, et parmi elles Amymone, chercher de l'eau au loin. Chemin faisant, Amymone atteignit d'une de ses flèches un satyre endormi, au lieu d'un cerf qu'elle avait visé. Le satyre voulut faire violence à la Danaïde, mais il prit la fuite à la vue de Neptune qui parut à l'instant La fille de Danaiis s'étant abandonnée à son libérateur, celui-ci lui indiqua la source qu'elle cherchait. Dans le récit d'Hygin, c'est le satyre qui trouve Amymone endormie et veut abuser d'elle pendant son sommeil; tentative que rend vaine l'arrivée de Neptune provoquée par l'appel pressant de la jeune fille. Le dieu lance contre le satyre son trident qui va s'implanter dans la roche voisine, et, en le retirant, fait jaillir trois filets d'eau qui deviennent la fontaine de Lerne. Des monuments relativement assez nombreux ont pour sujet cette légende. On pourrait diviser les peintures de vases qui s'y rattachent en deux classes : celles où la Danaïde est représentée fuyant les caresses de Neptune, et celles où il a triomphé de sa résistance. Les deux moments sont réunis sur une coupe apulienne de la collection Jacta. On y voit, d'un côté, le dieu de la mer poursuivant Amymone, et, de l'autre, frappant en sa présence le rocher d'où l'eau jaillit. La poursuite amoureuse reparaît sur un beau vase de la collection Lamberg où l'artiste a fait intervenir Aphrodite (AtliPOAITE) et Eros (EPol). Parmi les peintures de la seconde classe, celle qui décore un beau vase de la Lucanie 3, mérite surtout d'être mentionnée. On y voit la Danaïde, apaisée et vaincue, assise, une amphore à la main, au pied de la source de Lerne, transformée en une fontaine monumentale; et Neptune debout, armé de son trident, le pied sur un rocher, dans l'attitude qui lui a fait donner l'épithète de ee¢rpxïog ; une biche, qui semble brouter une plante, est placée entre le dieu et la Danaïde comme pour rappeler le cerf manqué par Amymone; enfin quatre personnages dans lesquels on peut reconnaître Mercure, Pan, Vénus et l'Amour, et une autre figure qui nous semble la personnification de la fontaine de Lerne, complètent cette scène. Ce même côté de la légende se trouve reproduit sur un vase, publié par Millin mais le peintre l'a compris d'une façon beaucoup plus simple : la Danaïde est assise sur le rocher d'où jaillit la fontaine de Lerne. Un autre vase 7 nous offre encore la réconciliation ou hiérogamie d'Amymone et de Neptune : c'est ce que semble indiquer la présence d'Éros et celle d'une femme dans laquelle on a cru reconnaître Junon '. Ce vase se distingue de ceux que nous venons de ANA citer par deux particularités intéressantes : en premier -2i9 ANA: lieu, la présence de quelques satyres, ce qui donnerait à croire que cette composition avait été inspirée par un drame satyriques : Eschyle en avait composé un sur ce sujet"; en second lieu, par la pose et les gestes d'Amymone, qui paraissent empruntés, suivant la remarque d'un antiquaire ", à l'une de ces danses mimiques si aimées des Grecs". La similitude de pose a fait reconnaître dans une peinture de Pompéi 13 Amymonc s'élançant vers Neptune pour échapper aux insultes du satyre. La même fable se retrouve encore sur un miroir grécoétrusque de la bibliothèque du Vatican 14 On voit Amymone, debout auprès de Neptune et tenant une urne, sur une pierre gravée de la collection Kestner (fig. 313) ; sur d'autres, où elle est figurée seule, on la reconnaît au trident de Neptune qu'elle tient d'une main, tandis que de l'autre elle porte un vase, qui rappelle la fontaine de Lerne '6. ERNEST VINET.