Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article QUINQUERTIUM

QUINQUERTIUM (tIivoO),ov '). Sorte de concours athlétique composé de cinq exercices et classé parmi les ti).a pi2 2 [ATHLETAE, p. 56j. 1. Historique. L'institution du pentathle était communément attribuée à Jason . Philostrate la raconte en des termes qu'il est intéressant de connaître : o Avant l'époque de Jason et de Pétée, on décernait une couronne en particulier pour le saut, une autre en particulier pour le. disque, et le javelot suffisait pour mériter la victoire dans le temps où naviguait, le navire Argo. Or, Télamon était le plus fort àl'exercice du disque, Lencée à celui du javelot, les Boréades à la course et au saut ; Pétée, dans ces exercices, était le second, mais il était supérieur à sav 7r.À'ré). Lors donc que les Argonautes concoururent à Lemnos, Jason, à ce qu'oit dit, pour être agréable à Pétée, réunit les cinq exercices ; et ainsi Pélée recueillit la victoire. » Le concours de pentathie pour les hommes faits fut inauguré à Olympie dans la XVI1U Olympiade (708)'; à l'époque classique, il se plaçait après les courses de chevaux et de chars 0 probablement à la fin du troisième et dernier jour des jeux 7; trois des hellanodiques s'en occupaient spécialement'. Dans la XXX VIIP Olympiade (68), on introduisit le pentathie pour les enfants' ; mais cette innovation ne fut pas maintenue '°. Dès l'époque des guerres médiques, le pentathle a sa place aux jeux Pythiques, Isthmiques et .Néméens. Durant les -805QUI sentations du pentathle ne fournissent pas plus que les documents écrits des témoignages concordants f4. En somme, si les quatre premiers exercices s'accomplirent dans un ordre constant, et cela même est douteux, nous ignorons quel il fut. IV. Détermination da vainqueur. Pour reconstituer la règle du pentathle, force est de recourir à l'hypothèse. Le système exposé ci-dessous n'est pas, dans toutes ses parties, corroboré par des textes. Il s'accorde du moins avec ceux que nous possédons; et les deux principes sur lesquels il s'appuie ne sont pas imaginaires. ler principe : pour être vainqueur au pentathle, il fallait remporter trois victoires dans trois des cinq exercices, dont une victoire à la Bette. Cela semble affirmé par le scholiaste au Panalhénaïque d'Aristide'": QUI de Philostrate, d'Artémidore, de Lucillius, de Simonide, n'ont sans doute aucune prétention didactique ; mais, entre ceux-là même qui semblent être des définitions, l'accord n'existe point, comme on peut en juger par le tableau suivant: Plusieurs de ces textes, d'ailleurs, sont versifiés, et on a lieu de craindre que les rédacteurs n'aient sacrifié aux exigences de la versification l'exactitude du détail. La seule chose qui soit sûre, c'est que le pentathle se terminait par une épreuve de lutte. Dans l'ode de Bacchylide en l'honneur d'Automédès, la victoire du jeune homme à la lutte est rappelée la dernière, et en ces termes : TE[ÀE]uTaias N.âpu yg.a zz)Aas (v• 21). Nous lisons d'autre part chez Xénophon, dans un passage relatif aux jeux Olympiques de 364' : xal Tqv u'i i7t77olpoil.(av à n'en pas douter ceux des exercices du pentathle pour lesquels il fallait beaucoup d'espace, c'est-à-dire la course, le saut, le jet du disque et celui du javelot; on voit que tous ont précédé la lutte. Ajoutons que la compétition entre Tisaménos et Hiéronymos a été décidée par la défaite du premier à la lutte; et que, du récit même de Philostrate (voir supr.), il ressort que la lutte déterminait, au pentathle, la victoire définitive. Avant la lutte, plusieurs des énumérations s'accordent à placer le javelot. On allègue souvent dans le même sens un passage de la Vile lYeméenne a; Pindare y représente un athlète disqualifié pour une faute commise dans le concours de javelot (TÉpp,.a 7tpeAs); et il dit qu'à la suite de cette faute, l'athlète en question n'aura plus à peiner et à suer dans le concours de la lutte; cela peut signifier que la lutte suivait immédiatement l'exercice du javelots ; nous n'oserions cependant l'affirmer. Le texte de Bacchylide, peut-être aussi un passage de la Il' Isthmique 6, donnent des raisons d'admettre la succession disque-javelot-lutte; mais ils ne prouvent nullement que cette succession ait été ininterrompue. L'épigramme en l'honneur de Phayllos 7 engage à placer le saut avant le jet du disque 8, mais n'empêche pas de croire qu'un ou plusieurs exercices se soient intercalés entre les deux. Le texte de Pausanias ° concernant Tisaménos d'Élide (xa: yâp ipdµmt TE pas que la course ait précédé le saut. Quant aux arguments que l'on a fait valoir pour placer tout à fait en tête l'exercice du saut 10 (cet exercice était accompagné par la flûte '1, des statues de vainqueurs au pentathle avaient pour attribut des haltères 17, etc.), ils ne sont pas décisifs. Ajoutons que les peintures de vases où l'on a pensé voir, souvent sans vraisemblance'', des repré Twv e' Ttoès v(x-flv. On abien prétendu que les trois victoires déclarées suffisantes n'étaient peut-être pas nécessaires; mais le scholiaste se serait exprimé, à ce compte, avec une singulière maladresse. D'ailleurs, parmi les vainqueurs au pentathle dont nous connaissons le bilan, Automédès de Phlionte, presque certainement, l'avait emporté dans l'exercice du disque, dans celui du javelot, et à la lutte 1f. Phayllos de Crotone, dont l'épigramme qu'on lit chez Suidas17 doit commémorer un triomphe, avait vaincu sans doute dans les concours de saut et de disque; or nous savons par Philostrate qu'une victoire à la lutte était indispensable pour la victoire d'ensemble; donc Phayllos avait vaincu trois fois. Enfin Tisaménos d'Élide, s'il avait eu le dessus à la lutte, eût mérité le prix, lui aussi, par trois succès partiels : car il était premier à la course et au sauta Tirons, avant d'aller plus loin, les conséquences de ce premier principe. Les athlètes inscrits pour le pentathle ne devaient pas concourir tous ensemble aux quatre premiers exercices. Car alors, à moins que leur nombre fût seulement de trois, le quadruple concours n'eût pas nécessairement donné un double vainqueur ; surtout, il n'aurait pas donné nécessairement deux doubles vainqueurs entre lesquels la lutte eût décidé. Il serait donc arrivé très souvent que le prix ne fût pas décerné; et nous savons qu'il l'était chaque l'ois'9. Dès maintenant, nous sommes donc amenés à supposer que les concurrents étaient répartis, lors des premiers exercices, en groupes (TZ_E!s) assez peu nombreux pour que chacun de ces groupes fournît sûrement au moins un double vainqueur; autrement dit, en groupes où le nombre des athlètes était inférieur d'une unité au nombre des épreuves; après quoi, les doubles vainqueurs seuls étaient retenus pour la lutte. Cela peut sembler une complication superflue, ou même une combinaison injuste : car, si un groupe se trouvait formé exclusivement de concurrents médiocres, celui qui en sortait vainqueur ne valait sans doute pas les vaincus des groupes mieux composés. N'oublions pas, toutefois, que dans d'autres concours où des athlètes en nombre illimité auraient pu concourir à la fois, dans les concours de course, une telle répartition était de règleL'. QUI 806 QUI 2e principe : le vainqueur au pentathle était désigné par des éliminations successives, le plus souvent par une triple élimination. Ce principe, auquel nous conduisaient les observations précédentes, paraît ressortir d'un passage de Plutarque'. L'auteur veut expliquer pourquoi l'alpha mérite d'occuper la première place parmi les lettres. C'est, dit-il, qu'il est une voyelle, et que les voyelles ont tout naturellement le pas sur les consonnes ; c'est qu'il est une voyelle à quantité variable (ixpovoç), et que les voyelles à quantité variable (a,t,u) doivent avoir le pas sur les autres ; c'est enfin que, lorsqu'on l'associe avec l'une des autres voyelles à quantité variable pour former une diphthongue (ut, au), il est toujours en avant; et Plutarque conclut : lit tioiç Tptciv OG tep of vraisemblable, étant donné le contexte, que les mots Toiç TpniV fassent allusion aux trois victoires partielles nécessaires pour le succès final. Peut-être l'expression à7coTptU;Etv, qu'on employait en parlant des vainqueurs au pentathle è, a-t-elle quelque rapport avec la triple élimination : ce terme composé ne doit pas être un synonyme exact du verbe simple TptzbEtV_ En tout cas, quelques mots du passage des Helléniques cité un peu plus haut (ni l'Eiç 7rzar,v âmtrdpovot) laissent entendre que les athlètes admis à la lutte n'étaient pas tous les concurrents, mais seulement ceux qui avaient survécu à une ou à plusieurs sélections antérieures. Ces athlètes, d'ordinaire, devaient être au nombre de plus de deux : Automédès de Phlionte a terrassé plusieurs compétiteurs (ïuta[ax~a Gm]tJ.aTa Au point où nous en sommes, nous pouvons proposer la combinaison suivante : les concurrents accomplissent trois par trois les quatre premiers exercices ; chaque triade donne un double vainqueur; les doubles vainqueurs se disputent le prix à la lutte. Mais l'élimination ne serait, en ce cas, qu'à deux degrés. Et le système cesserait d'être applicable si le nombre des athlètes inscrits n'était un multiple de trois. Aussi bien, l'épigramme de Lucillius ` semble indiquer qu'à un certain moment de la compétition tous les athlètes inscrits concouraient à tous les exercices, à la lutte comme aux autres, et qu'ils étaient classés tous ensemble (7C4vTE 3'1.7 'â9Àwg 'co; les deux séries d'épreuves dont nous parlions tout à l'heure trouvait place un classement général. Ce classement, qui pouvait précéder le concours proprement dit et être fait par les juges des jeux durant la période d'entraînement, permettait d'exclure de prime abord les athlètes les moins bons et de n'en retenir qu'un nombre déterminé. En fin de compte, voici comment nous comprenons les choses. Avant le jour du concours public, examen des athlètes inscrits, classement général, élimination des moins bons, première sélection des meilleurs jusqu'à concurrence d'un nombre multiple de trois. Le jour du concours, les athlètes maintenus sur les rangs sont répartis par le sort en triades ; chaque triade accomplit à part les exercices du saut, de la course, du disque et du javelot; chacune, naturellement, fournit au moins un double vainqueur; entre les doubles vainqueurs, une épreuve de lutte, conduite suivant les règles ordinaires, détermine le vainqueur définitif. Si les triades fournissaient plusieurs triples vainqueurs, ou, ce qui devait être excessivement rare a, plusieurs quadruples vainqueurs, ceux-là seuls concouraient à la lutte. Si elles fournissaient un seul triple vainqueur, il concourait à la lutte avec les doubles vainqueurs ; victorieux de nouveau, il était couronné ; vaincu, il cédait probablement le prix au triple vainqueur qui avait eu le dessus à la lutte. De même s'il y avait un quadruple vainqueur et un ou plusieurs vainqueurs triples. Plus embarrassant est le cas oit les triades auraient fourni un quadruple vainqueur au milieu de doubles vainqueurs ; peut-être le concours était-il alors interrompu e. V. Opinions des anciens sur le pentathle. Le pentathle, qui développait, la force et l'agilité, qui exerçait tour à tour les bras et les jambes, passait pour former les hommes les plus beaux', et l'entraînement en vue du pentathle était considéré comme le plus favorable à la santés ; un pentathlète, le Tarentin Ikkos, eut en son temps la réputation d'être le meilleur maître de gymnastique s. On reconnaissait au professionnel du pentathle une supériorité incontestable dans les trois exercices du saut, du disque et du javelot" ; ruais on le savait généralement inférieur, dans les exercices de la course et de la lutte, aux lutteurs et aux coureurs de profession''. Aussi le trouvons-nous mentionné chez les anciens, tantôt, avec une intention élogieuse, comme le type de l'homme aux aptitudes multiples '2, tantôt, non sans quelque dédain, comme le type de l'homme qui atteint en tout une moyenne honnête, mais qui n'a QUI de mérite particulier en rien (ètxpoç). C'est à tort que l'on a voulu voir dans les récits d'Flérodote2 et de Pausanias3 concernant Tisaménos dÉlide la preuve que les succès au pentathle étaient des plus estimés'. Aux Panathénées, les prix proposés aux pentathlètes étaient de même importance que les prix proposés aux pugilistes, aux lutteurs et aux pancratiastes; ils étaient moindres que les prix destinés aux coureurs°. Pi,.. E. LEGRAND.