Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TADERNACULUM

TADERNACULUM. Diminutif de taberna I. Maisonnette de bois de proporlion réduite, dont la construction grossière répond à un besoin tout momentané. D'où le sens de tente, les tentes, selon Festus2, étant faites primitivement en planches (tabulae). Par là, tabernaculum s'oppose à un autre type de tente, fait d'étoffes ou de peaux, qu'on maintenait tendues par des cordages [TENTOBIIIJI, de tendere]. Pour procurer un abri provisoire contre le vent ou le soleil, il n'était pas besoin que la cabane fût complètement en planches ; le bois fournissait l'armature rigide, dont les vides étaient remplis de quelque autre matière, plus légère et plus facile à trans porter ou à trouver sur place. A cette variété paraît répondre la xal6.a ou x)ucts des temps homériques3, que le poète ne décrit pas. La tente d'Achille4, dont les parois de soutien sont faites en sapin et le toit de roseaux, est une maison complète entourée d'une vaste m'ikrl enclose de palissades. Des baraquements militaires, sans doute en bois, sont mentionnés dans l'Odyssées. Des campements analogues existaient aussi sur le rivage, pour les marins en escale'. Tabernaculum est employé surtout, à l'époque romaine, pour désigner les campements de soldats': il correspond plus proprement ' à l'IIBERNACULUM et, sinon aux abris des camps fixes et permanents (castra stativa), tout au moins à ceux de long usage. Alors vraiment l'on pouvait dire que des hommes logeaient sub eadem taberna [CONTUBERNIUM]. La colonne Aurélienne 70 et la colonne Trajane nous montrent un certain nombre de constructions, enfermées dans des fortifications, et qui ne peuvent être que des tabernacula (fig. 6729). La plupart ont forme de maisons avec toits à deux rampants, qui encadrent un fronton" ; d'au tres sans fronton12 ; une seule parait ronde t3. Les combles accusent une charpente hâtive de solives entre-croisées 14 ; des rideaux sont entr'ouverts sur la façade. Ce dernier détail laisserait croire que le sculpteur a entendu représenter des tentes de luxe, réservées aux chefs. C'est sous cet aspect, en effet, celui d'un temple, que Josèphe 15 décrit le PRAETOBIUM, dit duels tabernaculum 16 ; mais les autres logements, ceux de la troupe, ont pu affecter, avec moins d'élégance, une forme analogue. Sur plusieurs panneaux 1', certaines tentes sont dépourvues de toute charpente ; ce sont les tentes des camps volants, plus faciles à déplacer [TENTORIUst] 18. On nomme le plus souvent tabernaculum la tente qui figure dans les bagages des magistrats en tournée" bien qu'il s'agisse forcément d'une cabine d'étoffe. Le terme ne préjuge rien, à lui seul, pour la nature même des tentes de soldats; certains textes le démontrent de façon décisive 20. Tabernacularius en vint ainsi à désigner les fabricants d'objets en cuir ou garnis de cuir, à l'usage des troupes. TAB 12 TAB Ces artisans, affranchis ou esclaves de la maison des Césars, formaient à Rome un collège'. Aux armées, des ouvriers spéciaux, affectés à l'entretien des tentes, étaient qualifiés fabri a tabernaculis2, et cette variété de bagages était, semble-t-il, sous la surveillance d'un gradé dit praepositus tabernaculorutn 3 ou ad tabernacla4. II.l'abernaculum a un sens juridique rigoureux que nous rappelons seulement ici. Quand un magistrat devait prendre les auspices, il avait soin, la veille, de dresser sa tente, templum minus 5 en langue augurale, à l'endroit désigné par les augures, et de façon à voir, par l'ouverture unique, tout l'espace assigné à l'observation [AUGURES, p. 555 ; AUSP1CIA, p. 584]. Cela s'appelait tabernaculum capere 5. Mal placé, le tabernaculum était dit vitio captura, et si des opérations avaient néanmoins suivi, par exemple des élections aux comices, elles étaient annulées 7. Pour les matériaux mêmes de la tente, toute latitude était laissée au magistrats. 111. En basse latinité, tabernaculum désigne un édicule sacré en forme de maison 3 ; c'est un souvenir des temples portatifs, dont il a été parlé ailleurs [AEDICULA, cf. ARMAmm] et sur lesquels on reviendra [TENTomuôi,. V. CuApor.