Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TABULARIUS

TABULARIUS. fEupip.cucosé , ~oecv~6Àa; ezsioWûaxE., âroôo~EÛ;'ttüv âpzE(wv, rûrt 1111pioa(orl 7oxuuxtialv', archiviste, conservateur d'actes publics et privés, écrits sur bois ou sur toute autre matière [TABELLA, TABULA, TABULARIUM]. Il appartient à la catégorie des scribae; le seuniA, il est vrai, est plutôt un rédacteur; le tabularius a pour fonction propre de classer et de conserver les documents ; cette distinction est observée dans les grandes administrations, qui comprennent un nombre considérable de tabularii ; sous Antonin, la chancellerie impériale du Palatin, à Rome, en occupe au moins dix-neuf, et probablement bien davantage 2. Mais les archives des petites villes ou des associations privées, par exemple, devaient être bien souvent sous la garde immédiate du secrétaire (scriba, 7Pxupp.xtiE11s), assisté de quelques serviteurs ; tout tabularinin ne suppose pas nécessairement un tabularius ; c'est ce qui explique que dans les corporations, dont chacune avait certainement ses archives, on rencontre tant de scribae et si peu de tabularii D'autre part le tabularius n'est pas simplement un archiviste, mais aussi un teneur de livres, un agent comptable ; les documents qu'on lui confie se rapportent au passé le plus récent, aussi bien qu'au plus lointain, et n'ont pas seulement une valeur historique ; ils sont la garantie de droits actuels, que l'État, les villes ou les particuliers peuvent avoir chaque jour à défendre ; c'est ainsi pie le tabularius municipal a notamment dans ses attributions la conservation des hypothèques 4. Pour cette raison même sa responsabilité est grave, sa tache délicate et souvent lourde. Car il doit communiquer les documents, en délivrer des copies légalisées, et il ne peut le faire que si les intéressés lui présentent certaines autorisations, qui ne s'obtiennent qu'après des démarches quelquefois longues. C'est aussi entre les mains de ces employés qu'aboutissent, année par année, les registres des finances publiques, rédigés dans les bureaux voisins. S'il faut en croire certains témoignages, leur intégrité, au milieu des luttes politiques, aurait été mise à de rudes épreuves; on voit bien que, même dans des temps plus calmes, ils ont dû être l'objet d'une surveillance incessante, qui n'allait pas sans défiance [TABCLARIUM] 5. Dans tous les bureaux qui relèvent de l'administration impériale, ce sont en général des affranchis de l'empereurs. Cependant ses procurateurs emploient aussi aux mêmes fonctions leurs propres esclaves el. leurs propres affranchis pour compléter leur personnel, qui sans cela eût été, à coup sûr, insuffisant'. Les Codes nous ont conservé un certain nombre de décrets, rendus au Ive et au ve siècle de notre ère, pour déterminer à nouveau la condition des tabularii, comme des autres scribes ; on y interdit notamment de faire entrer dans les archives publiques, quelles qu'elles soient, les esclaves des particuliers'. Nous connaissons par les inscriptions la hiérarchie de ces employés dans l'administration impériale ; chaque section des archives est sous les ordres d'un chef de bureau, praepositus tabulariorum ou princeps tabularius ; d'autre part les archivistes ordinaires ont à côté d'eux des aides, adjutores, et des sousarchivistes, proxiltti 10. Leur avancement est déterminé, cousine celui des magistrats, par des règles particulières, qui les obligent parfois à des déplacements considérables ; on peut citer, par exemple, un tabularius qui a passé des bureaux de la province de Lusitanie dans ceux de Lyonnaise et Aquitaine, pour finir à Rome au service de la Vicesima hereditatium, ou impôt sur les successions, ce qui semble indiquer des classes personnelles ; car cette carrière n'est pas en rapport.avec celle des procurateurs correspondants 11. Les tabularii d'une même administration formaient en certains endroits des collèges ; tel était, à Éphèse, le collegium magnum et 1llinervium, fondé au ne siècle, pour réunir ceux qu'employait dans ses archives le proconsul de la province d'Asie 12. G. LAF1lE. TACI1YGRAP171A [SCHIPTURA, p. 1134].