Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TALUS

TALUS ('AcTp«y«ao;').Osselet pris dans la jointure du gigot de chèvre ou de mouton, instrument de jeu. Le jeu des osselets, qui est encore en usage non seulement en Grèce, mais en France2, a pendant toute l'antiquité passionné les enfants3, et souvent les grandes personnes. Ilomère raconte comment Patrocle, quand il était petit, s'emporta contre son adversaire au point de le tuer'. Les élèves du gymnase jouaient entre eux dans les coins, pendant les repos; les gamins, dans les rues, à l'écart des passants 5. Aussi les osselets étaient-ils au nombre des cadeaux qu'on faisait le plus volontiers à l'enfance) ; nous voyons un écolier en recevoir, pour sa belle écriture, quatre-vingts en une seule fois 8 1. -1l faut distinguer d'abord une série de jeux, dans lesquels l'osselet remplissait l'office d'un simple palet; aucune valeur numérique n'était attachée à ses différentes faces; quelques-uns de ces jeux exigeaient une certaine adresse ; on pouvait du reste y employer aussi bien des noix, des haricots, des glands ou des cailloux. Les anciens ont mentionné les suivants : 1° Pair ou traçait un cercle sur le sol; les joueurs étant placés à une certaine distance, sur une limite convenue, il s'agissait pour chacun d'eux de loger ses osselets dans le cercle et d'en déloger ceux de l'adversaire°: ces règles s'appli ç T ; quent exactement à un de nos jeux de billes les plus connus [cf. NucEs]1D. Le musée du Louvre possède un groupe en terre cuite ',fig. 6737), provenant de Grèce, oit l'on voit trois jeunes femmes occupées à une partie d'osselets, qui semble être une variété de 1'Z;Sy.ta),« : sur le sol est tracé un cercle, coupé en deux par une ligne TAL -29TAL transversale; les adversaires, le coup fait, se sont sans doute rapprochées et examinent la position des osselets, pour décider à qui appartient l'avantage 1; 3° la Fossette (Tpdt ), que nous appelons encore le Pol, quand nous y jouons avec des billes ; le but était ici un petit trou rond, creusé en terre [NUCESj2; 4° les Cinq cailloux (7reYTÉa;0a., PENTELITFIA, fig. 5554) : qu'on eût à sa disposition cinq osselets ou cinq cailloux, il fallait les lancer en l'air et les rattraper sur le dos de la main ; de toutes les formes du jeu, c'est celle dans laquelle les osselets sont encore de nos jours le plus en faveur 3. Il. Une autre forme, qui ne fut pas la moins populaire, rentrait, en somme, dans la catégorie des jeux de hasard, et ne différait guère de ceux où on employait les dés [TESSERA]. Ce que nous en connaissons semble provenir par divers intermédiaires du traité de Suétone sur les Jeux des Grecs [LIAI] 4. On en attribuait l'invention aux Lydiens 3. Chaque partie se jouait régulièrement avec quatre osselets, si bien que ces quatre osselets sont devenus le symbole même, non seulement de l'«rrTpayaatap.dç, mais de toute espèce de jeu ; c'est avec cette signification qu'ils nous apparaissent sur un curieux jeton représenté à l'article AHHA, fig. 539, et sur quelques monuments, où on a voulu exprimer une idée philosophique'. La seule différence qui distingue l'osselet du dé, c'est qu'il a une forme allongée et qu'il ne peut pas se tenir debout sur ses deux extrémités (xopxiat), trop minces et trop arrondies ; tandis que le dé a six faces stables, l'osselet n'en a donc que quatre ; à chacune était affectée une valeur numérique particulière ; mais le 2 et le 5 du dé faisaient défaut dans l'osselet. On désignait ainsi ces quatre faces : une face supérieure (rpavilç, suppus, le dos'), large et légèrement convexe, valeur 3 (Tp; ç, ternio) ; une face inférieure (t17rr(, planas, le creux), large et légèrement concave, valeur 4,'TETpxç, quaternio) ; une face latérale (Xïov, un des plats), étroite et pleine, valeur 1 (h.ovxç, unio) ; l'autre face latérale (K pov, l'autre plat), étroite et légèrement évidée, valeur 6, (i ..ç, i Trlç, senio); c'est la plus instable des quatre, et par conséquent celle à laquelle était attachée la valeur la plus forte 8; au contraire le coup le plus ordinaire est celui qui amène la valeur la plus faible, l'as (1), appelé aussi le chien (x0w, canis), ou le vautour (vulturius)9. Maintenant, si l'on additionne les valeurs dans toutes les positions que peuvent prendre quatre faces de quatre osselets lancés du même coup, on voit qu'il peut en résulter 35 totaux différents 10, le plus faible étant de 4 canes (total 4 points', le plus fort de 4 seniones (total 24 points). Mais il est bien certain que la valeur du coup ne résultait pas uniquement du, total des points, et qu'il y avait aussi, comme dans notre jeu de l'oie, des conventions spéciales, qui attribuaient à certains totaux une valeur supé rieure ou inférieure ; du moins c'était une des formes du jeu. Seulement c'est à partir d'ici que nos connaissances sont en défaut, les textes anciens ne nous apprenant rien de ces conventions; elles devaient être très variées et très difficiles à retenir, puisque certains écrivains antérieurs à Ovide avaient publié des traités où ils exposaient « quid valeant lali » 11; ce qui n'aurait pas de sens, s'il ne s'agissait que des quatre valeurs les plus simples de l'osselet. Ainsi nous savons que le meilleur de tous les coups, dit coup de Vénus, jactas Venerius, était celui qui amenait en dessus quatre faces différentes, soit 1, 3, 4 et 6, qui ne donnent cependant qu'un total de 14 points ; mais c'était évidemment une chance très rare '2. De même, le « coup d'Euripide » valait 40 ; il fallait donc qu'une face au moins des quatre osselets fût comptée pour plus de sa valeur réelle 13. C'est sans doute pour la même raison que les points n'étaient pas marqués sur les osselets, comme ils l'étaient sur les dés; les joueurs étaient ainsi plus libres de leur attribuer les valeurs dont ils étaient convenus ; en revanche beaucoup d'osselets retrouvés dans les fouilles portent des ligures, des lettres ou des mots, qui supposent nécessairement l'existence de ces conventions. Les anciens avaient donné aux différents coups une quantité de noms qui permettaient aux joueurs exercés de faire rapidement leurs calculs, qu'on eût représenté par là une valeur numérique brute, ou une valeur de convention ; ces noms, comme pour les dés, étaient généralement empruntés à la mythologie ou à l'histoire : dieux, héros, souverains, hommes illustres voisinaient dans la liste avec les grandes courtisanes. Quelques événements fameux y avaient aussi laissé leur trace et l'esprit de satire avait inspiré certains choix'. Nous savons que « Stésichore » valait 81J. On nous cite encore, sans nous en dire la valeur, « Alexandre, l'éphèbe1', Bérénice, Antigone, Darius, le royal (basilicus)17 » . Il y avait une forme du jeu que l'on appelait raetcT0oalvs2 ; le gagnant était celui qui avait réalisé le total de points le plus élevé 13 ; c'était évidemment la forme la plus simple, dont nous avons parlé ci-dessus, et le témoignage qui s'y rapporte suppose implicitement qu'on en pratiquait une autre, plus compliquée, où l'avantage pouvait être réservé, par exemple, au coup de Vénus, ou à tout autre, désigné d'avance. Une des règles les plus ordinaires voulait, à ce qu'il semble, qu'il y eût au milieu des joueurs un enjeu, grossi au fur et à mesure par les amendes imposées aux mauvais coups, et notamment au chien ; le gagnant ramassait l'enjeu à la fin de la partie". Comme dans tous les jeux, on ne se disputait pas seulement de l'argent, mais des bijoux, des objets de toilette ou autres pouvant contribuer au bien-être ou au plaisir 20 Nos musées possèdent un nombre considérable d'osse lets antiques, retrouvés pour la plupart dans des tombes, surtout dans des tombes d'enfants, oit ils avaient été enfermés avec d'autres jouets. On en a recueilli par centaines dans la nécropole de 11yrina (Asie Mineure); de là provient celui que représente la fig. 6738; il a été légèrement aplani au couteau sur deux de ses faces; on y fille mot op'r , qui doit être classé dans la série des mots de bon augure, indiquant un coup heureux'. A côté d'osselets naturels', les mèmes fouilles ont ramené au jour des TAL 30 TAL à Inscriptionosselets en terre culte 3, en terre émaillée 4 et en verres, dont plusieurs portaient des inscriptions ou des figures 6. Il en existe d'autres en plomb, en bronze, en nacre, en ivoire, en pierres précieuses 7. On en a fait aussi en or 6. Ceux que l'on fabriquait ainsi pour le commerce pouvaient avec avantage être plus petits que nature. Les tricheurs pipai eut les osselets aussi bien que les dés en y coulant du plomb °. Quand on jouait sur une table avec de petits osselets, on se servait du TlLLUS) pourlesagiter 10; mais il est probable que les enfants n'y mettaient pas tant de façons et dans certains jeux le cornet ne pouvait avoir aucune utilité. Un grand nombre d'osselets, même naturels, sont percés d'un trou au milieu ; on devait y passer une ficelle, qui permettait de les porter commodément avec soi, sans risquer de les perdre". On pouvait encore les enfer mer dans un petit panier (?opµirxoç) 1', ou dans un petit sac, semblable à celui que tient de la 'nain gauche une charmante figurine de Tanagra, représentant une jeune fille qui joue aux osselets (fig. 6739) ; sa main droite tient un objet cylindrique, long et creux, dans lequel on ne peut guère voir autre chose qu'un cornet15. Dix petits osselets en terre noire, découverts à Cymé (Asie Mineure}, remplissaient, dans une tète d'Hercule, i de même matière, une boîte, qui s'ouvre derrière la nuque par un clapet glissant à coulisse [cf. noeuLUs] 14. Nous reproduisons ici fig. 6740), d'après l'original, con servé au Musée du Louvre, une sorte de vase en terre cuite, trouvé en Grèce; il imite évidemment une boîte à osselets, d'un type usuel ; sur la panse on voit une espèce de poche, que devait fermer dans la réalité un panneau de cuir ou d'étoffe souple, rabattu par-dessus; dans l'orifice ouvert sont figurés quatre osselets. Le jeu des osselets avait souvent inspiré les artistes grecs; quelques-uns avaient reproduit avec un bonheur particulier la souplesse et la grâce des attitudes que prenaient dans cet amusement les corps juvéniles ; motifs dont nous avons conservé de nombreuses répliques. Les plus anciens avaient emprunté ces personnages à la mythologie : il y avait dans la Lesché de Delphes une peinture de Polygnote, représentant les deux filles de Pandareus occupées à une partie d'osselets"; Polyclète avait sculpté en bronze deux enfants appelés les âQ-rpxya),tov'r ; ce groupe, transporté à Itome dans le palais de Titus, devait aussi rappeler quelque épisode de la fable". Mais le sujet a été fréquemment traité comme une pure scène de genre sur les monuments plus modestes, tels que les vases peints, et à partir de l'époque alexandrine il devient assez commun : peintures, basreliefs, statues, statuettes, pierres gravées nous en offrent d'agréables exemples. La nomenclature et la critique de ces monuments ont été faites avec la plus grande précision par Ileydemann 1T ; nous ne pouvons même y Loucher ici. Nous mentionnerons seulement une peinture de vase (fig. 6741), oit l'on voit le propre Génie des osselets, sous les traits d'un jeune homme ailé, exerçant son art devant deux éphèbes, dont l'un, émerveillé, pose sur sa tête une couronne". Les osselets, outre le divertissement qu'ils procuraient, servaient aussi à consulter le sort; on leur demandait, par exemple, de désigner, au commencement d'un repas, celui des convives qui devait y présider en qualité de « roi », notamment dans les réjouissances des Saturnales 19. Aussi l'osselet est-il devenu le symbole de la jeunesse insouciante et folâtre; il s'associe, dans la TAM 31 TA➢1 pensée des anciens, à l'idée du plaisir et des réunions joyeuses; il est l'attribut de Vénus et des Grâces'. Pour cette raison même il éloigne des humains les influences pernicieuses, telles que celle du mauvais oeil [FASCINuMj; c'est un âtr0T1t.67ratov efficace, qu'il est bon de porter sur soi. Une notable partie des imitations d'osselets qu'on a faites en petit provient de cette croyance; s'ils sont d'une matière fragile ou précieuse, il y a des chances pour qu'ils aient servi de boucles d'oreilles 2 ou de cachets, et, s'ils sont percés d'un trou, pour qu'ils aient fait partie d'un collier, avec d'autres pièces prophylactiques [A➢IELETUnt] 3. On a été jusqu'à donner la forme d'un osselet à des vases de terre cuite ; celui de la fig. 6742 provient de l'île d'Égine ; sa surface est ornée de peintures qui représentent Silène, les Saisons, les Iiyades, les Pléiades et autres figures gracieuses dans l'attitude de la danse. Cette poterie creuse et artistement décorée, dépassant de beaucoup les proportions de l'instrument de jeu qu'elle imite, a été faite probablement pour servir de lampe [LOCERNA] Il y a aussi des poids en forme d'osselet (fig. 6736). Des osselets ont été représentés parfois sur des tombeaux comme le symbole d'une jeune existence tranchée avant l'heure, ou encore ils rappelaient aux vivants les hasards de la destinée et les plaisirs fugitifs dont il faut se hâter de jouir; mais ils n'avaient pas par eux-mêmes un sens funéraire 5. Les anciens recouraient aux osselets pour consulter les oracles par la voie du sort; les inscriptions nous ont conservé quelques exemples de l'ârrPayaao)imrEla [DIVINATIO, VI] 6. On voyait aussi dans les temples des osselets offerts en exvoto par des enfants quand ils entraient dans l'adoles TAi1IIAS (Taµ.tzç). Le mot appartient à la racine tam, qui se trouve dans le verbe TÉU.vto. Primitivement il désignait le personnage chargé de découper les viandes, une sorte d'écuyer tranchant. Homère l'appelle ôavTrd;, celui qui fait les parts [cor:NA, p. 1270]. Le tamias a souvent des fonctions domestiques. La TzU(' est toujours une servante, une r elci.no),o;' ; quelquefois cette servante est une personne de confiance 2. Le sens du mot s'étendit. Chez Homère le tamias est un homme libre, qui assiste à l'assemblée des Grecs; mais il a des fonctions un peu subalternes ; il ne prend part que rarement aux choses de la guerre; il est chargé de ce que nous appellerions le service de l'intendance Le sens du mot tendait à s'étendre encore ; il signifia arbitre, maître. Ainsi Zeus est dit le tamias de la guerre le Zamias des choses à venir ; Éole, le taenias des vents 6. En poésie ce sens de maître, d'arbitre resta fréquents. A l'époque historique, le mot tamias a surtout un emploi officiel, il désigne un magistrat, et particulièrement un magistrat qui administre les finances. ATHÈNES. Les trésoriers d'Athéna. Parmi les plus anciens administrateurs de la fortune publique dans Athènes, il faut nommer les KOLAIiRETAI et les PoLETA1; ils existèrent avec certaines modifications jusqu'au Ive siècle. Le nom de Icolahretes signifie : « celui qui coupe les membres ». On entend généralement : « celui qui dépèce la victime ». Il y a là un rapprochement à établir avec le sens primitif du mot tamias. Les plus anciens tamiai que nous connaissions pour Athènes sont ceux de la déesse protectrice de la ville, Athéna (Taq9.tIt TQ)V hEPài'I ~7T L .TmV ti~ç 'AOrlva:aç7) ; assez souvent le titre est abrégé 8. Aristote ° dit qu'ils étaient au nombre de dix, tirés au sort 10, à raison d'un par tribu ; ils sont pris parmi les citoyens de la première classe, d'après la loi de Solon", encore en vigueur ; cette charge est exercée même par un citoyen très pauvre, si le sort le désigne ; en entrant en charge, ils reçoivent, en présence du Conseil, la statue d'Athéna, les Victoires et toutes les parures et les sommes en caisse. Le Conseil participe du reste à toute leur administration. Ils sont nommés pour un an, et ont à leur ,tête un prytane, annuel aussi 12. La fonction est antérieure à Solon. Elle est mentionnée dans le chapitre si controversé de la Constitution d'Athènes, relatif à la législation de Dracon. Les tarniai y sont désignés immédiatement après les archontes sans attribution spéciale ; mais il ne peut guère être question que des trésoriers d'Athéna ; pour être nommés, ils doivent avoir une fortune, libre d'hypothèques, d'au moins sept mines". Le règlement des attributions des tarniai par Solon serait peut-être contemporain de la construction de l'IIécatompédon in astis, qui fut élevé sur l'Acropole, très probablement sous l'inspiration du législateur et qui fut ensuite remanié par les Pisistratides 14. Une inscription, appartenant au milieu du ve siècle'', rappelle que les tarniai ont consacré à la fille de Zeus « TxôE ya),rta » ; cinq noms sont sur l'inscription. Un décret, daté de l'archontat de Philocrate, 485-448A4, contient une sorte de règlement de police concernant TAM 32 TAM l'Hécatompédon 1. Les tamiai ont le droit d'infliger des amendes aux sacrificateurs qui auraient sali le temple et ses alentours en y déposant les restes des sacrifices ; il est interdit aux prêtresses et aux femmes faisant fonction de zacores2. d'avoir un ofx-e x to i.tEtov sur l'Acropole, d'y faire du feu ; toute contravention est punie par les tamiai d'une amende de 100 drachmes ; si les tamiai ne font pas respecter cette clause du règlement, ils paieront 50 drachmes ; les tamiai sont tenus d'ouvrir deux fois par mois les édifices qui dépendent du temple3; pour d'autres délits, les prytanes doivent en saisir les tamiai. Un second décret plus mutilé est relatif à des locations de terrains appartenant à la déesse 4. Il ne semble pas qu'il y ait eu un trésor public en numéraire, sur l'Acropole, avant les guerres médiques Quand les mines du Laurium commencent à donner de bons revenus, on pense d'abord à les distribuer au peuple : Thémistocle suggère de les consacrer à la construction de galères; personne ne songe à constituer une réserve monétaire. Le trésor de la déesse comprenait sa statue en bois, quelques offrandes et les figures de xôp«t retrouvées dans ces derniers temps. Tout ce qui était sur l'Acropole fut brillé par les Perses ; les trésoriers d'Athéna, comptant sur son appui, ne voulurent pas abandonner son temple et furent tous massacrés G. On s'occupa de bonne heure de reconstituer un trésor à la déesse. Nous savons qu'on y déposa le siège sur lequel Xerxès observait la bataille de Salamine, ainsi que le sabre de blardonius'. Les offrandes des particuliers et les dons de l'État vinrent aussi accroître ce trésor, qui était gardé et administré par les tamiai. Cependant Athènes avait formé une grande confédération maritime pour continuer la guerre contre le Perse. Chaque peuple allié devait payer un tribut, ?clpoç, qui fui établi par Aristide. En 454 le trésor de la ligue fut transporté de Délos à Athènes 8. C'est très probablement alors que l'on commença à donner à la déesse, comme dime, 1/60 de chaque somme payée comme tribut, soit une mine par talents. Nous possédons une série d'inscriptions f0, dont la plus ancienne remonte à cette rnéme année 454, oit le trésor fui transporté dans Athènes. Elles sont datées d'après une magistrature qui est indiquée par un numéro d'ordre, -.è ~ç Gauripxç... 7d 'ritiiç '[p(i rlç p iiiç, etc. Il y a trente de ces magistra tures, ce qui nous conduit de l'an 454 à l'an 424. Cette magistrature est celle des LOCI5TAI11. On sait que le trésor des alliés, à Délos comme à Athènes, était administré par dix magistrats appelés IIELLENOTAMIAI 12. Ces magistrats avaient une caisse particulière. Aux grandes Dionysies, les alliés apportaient le tribut et le remettaient aux hellénotames. Ceux-ci versaient alors l'riupz' entre les mains des trésoriers d'Athéna: ce versement se faisait sous le contrôle des logistes 13, qui sont désignés sous le nom de ot 'r tzxovra14. Il faut ajouter que très probablement l'aparkhé était levée sur tous les fonds qui provenaient des alliés. Un compte des trésoriers indique un prélèvement fait sur l'argent reçu par les villes pour la solde des troupes ". D'ailleurs, de ce tribut des alliés, les tamiai ne touchaient pas seulement cette dîme de 1/60. On a vivement discuté la question de savoir si, à côté de ce trésor d'Athéna, il y avait aussi un trésor d'État. D'après l'opinion aujourd'hui la plus répandue 10, les hellénotames recevaient le tribut, ils subvenaient aux dépenses ordinaires, d'abord exclusivement les frais de guerre, plus tard constructions dans Athènes, fêtes, et ils versaient les excédents dans la caisse d'Athéna. Ces fonds cependant n'appartenaient pas à la déesse. On pouvait les retirer sans que le peuple eût à accorder l'xô02, immunité qui était nécessaire pour tous les prélèvements faits sur le trésor particulier d'Athéna, sauf ceux qui concernaient la dépense régulière pour le culte. On peut supposer t7 que cette fusion du trésor d'État avec celui de la déesse s'est faite quand Périclès fit admettre le principe qu'on pouvait puiser dans le trésor des alliés pour l'embellissement d'Athènes, c'est-à-dire en 440. Nous croyons donc que, dans le trésor déposé à l'Acropole, il y avait deux sections : une qui comprenait les fonds provenant des excédents du pltoros, et qui n'était qu'un dépôt placé dans le temple de la déesse; une autre qui comprenait l'aparkhé du phoros, ainsi que d'autres ressources, et qui était la propriété exclusive d'Athéna. Pour toucher sur les fonds en dépôt, il suffisait d'un décret du peuple et aucun intérêt n'était exigé. Au contraire, pour toucher aux fonds appartenant à la déesse, la procédure de l'adéia était imposée; cette procédure, assez compliquée, comprenait, entre autres mesures, un vote de 6 000 citoyens. 1)e plus, un intérêt devait être payé à la déesse ; il était d'abord de 6 n/ eJ il fut plus Lard considérablement diminué. Ces deux sections du trésor étaient administrées par les tamiai. Nous avons vu comment le trésor particulier d'Athéna avait pu être rétabli après les guerres médiques et que depuis il n'avait fait que s'accroître. Vers le milieu du vie siècle, il était entretenu, en outre de l'aparkhé, par les revenus suivants : La dime prise sur le butin fait à la guerre ; la location des propriétés du temple ; la dîme sur les amendes et sur le produit des confiscations; les dons ou offrandes, vases sacrés pour les processions et les jeux. Nous avons déjà parlé du butin des guerres médiques donné à Athéna ; l'usage était de consacrer un dixième TA\1 -33TA\I à la déesse'. Les locations des biens-fonds appartenant aux temples étaient une source assez importante de revenus 2. Ces biens provenaient des dons des particuliers ou de l'État. Quand les Athéniens procédaient à un partage des terres dans un pays conquis ou soumis après une révolte, ils consacraient des lots 3 aux dieux. Plus importante encore était la part qui rentrait au trésor de la déesse par suite des amendes et des confiscations._ On sait que c'était là un « instrumentum regni n, pour la démocratie athénienne [POENA]. Cette fois la dîme était bien plus élevée que pour le phoros. Elle était au moins d'un dixième. La confiscation de tous les biens était la suite nécessaire de la condamnation à mort ou à l'atimie 4. Dans les traités de paix ou d'alliance, il est souvent stipulé que l'atimie, avec de semblables aggravations de peine, frapperait ceux qui ne rempliraient pas les conditions arrêtées, et l'on ajoute que le dixième de la confiscation sera réservé pour la déesse La même peine est prononcée, avec ces aggravations, pour d'autres délits e. Il arrivait aussi que l'amende tout entière était donnée à Athéna. L'expression qui se présente le ,q' Osai) 7. Dans certains cas, la dîme sur les amendes aurait été d'un dixième pour Athéna, d'un cinquantième pour les autres dieux 8. Assez souvent une partie de l'amende revenait à celui qui avait dénoncé le coupables. ITne fois le jugement prononcé, le magistrat qui avait présidé le tribunal devant lequel l'affaire avait été plaidée faisait aux PBAKTOIIES la déclaration par écrit de ce qui revenait soit au trésor public soit aux trésoriers de la déesse, indiquant le nom du condamné et le montant de l'amende. Si ce magistrat ne faisait pas la déclaration, il était tenu de payer lui-même ". Tout magistrat qui avait encouru une telle peine pouvait être l'objet d'une Quiconque était frappé d'une amende devait s'acquitter tout de suite ; sans cela, il pouvait être exposé, dans certains cas, à être mis en prison 12. Quelquefois un délai de onze jours était accordé 13. En général, le terme légal fixé pour le paiement d'une amende était la neuvième prytanie 14. Si le condamné ne payait pas, il était tenu de payer double 15 : les pralctores faisaient vendre ses biens, et, si cette vente ne couvrait pas les frais de l'amende ainsi doublée, ils remettaient aux trésoriers d'Athéna le nom du débiteur avec l'indication de la somme due 16. Les trésoriers inscrivaient cette double indication sur les tables qui étaient affichées à l'Acropole. IX. A partir de ce jour, le condamné insolvable était assimilé au débiteur du trésor public et frappé d'atimie 17. Cette procédure était appliquée aux débiteurs des temples18, ainsi qu'à ceux qui avaient été frappés de cette amende de police appelée ÉPIBOLL. Cette amende pouvait être prononcée, sans jugement, par presque tous les magistrats, dans la limite de leurs pouvoirs et sous leur responsabilités. Elle ne pouvait pas dépasser une certaine somme : 500 drachmes pour les amendes infligées par le Conseil"; 50 pour celles qu'infligeaient les proèdres2f et les hiéropes'22. Les astynomes23, les trésoriers des dèmes2', les démarques2J avaient le droit de prononcer l'épibolé. Enfin, parmi tous ces revenus, les offrandes, tant de l'État que des particuliers, constituaient pour le trésor d'Athéna un capital considérable. Le Parthénon d'Ictinos était terminé en 438. Trois trésors étaient enfermés dans ce temple, chacun dans une salle particulière. Le pronaos, à l'est, contenait un grand nombre d'objets, principalement en argent. Du pronaos une porte massive donnait entrée dans l'hecatompedon ou cella ; il y avait là des couronnes et d'autres offrandes, la plupart en or 26 ; l'hecatompedon s'ouvrait, sans qu'il y eût une porte, sur le Parthénon proprement dit; c'est là que se trouvaient la statue chryséléphantine de Phidias ainsi que certaines offrandes 27. A côté de ce temple, divers savants supposent qu'on avait reconstruit l'opisthodome de l'ancien Hécatompedon brûlé par les Perses. C'est dans cet opistiiodome qu'auraient été déposés le trésor d'Athéna, ainsi que d'autres fonds sacrés, jusqu'en 406 28. Tous les ans, aux Panathénées, les trésoriers qui sortaient de charge dressaient l'inventaire de tous les objets qui se trouvaient dans les trois locaux ; les trésoriers qui entraient en fonctions assistaient à l'inventaire et en donnaient décharge. Tons les quatre ans, aux grandes Panathénées, tous ces inventaires étaient gravés sur le marbre. Il y a un inventaire particulier pour le Pronaos, l'IIécatompedon et le Parthénon. Nous possédons, sauf quelque lacunes, la série de ces inventaires depuis 434, jusqu'à la prise d'Athènes29 en 404. Nous pouvons ainsi nous rendre compte de la masse et de la richesse des objets qui étaient confiés à la garde des tamiai: couronnes, coupes, colliers, bracelets, anneaux, boucliers, lyres, sièges, statues (une en or d'une jeune fille sur une colonne, un cheval en argent), etc. [DONAHIUM]. On est frappé d'abord du nombre et du peu de valeur de TAM 31 TAM ces objets en 434, surtout en comparaison de l'accroissement de ces richesses dans les années qui suivent; même au bout de ce temps, d'ailleurs, le total de ces offrandes n'a pu atteindre à beaucoup près 100 talents 1. Il faut signaler parmi ces offrandes dix Victoires en or, une par tribu. C'est probablement Périclès 2, qui eut l'idée de transformer en oeuvres d'art et en ornements du culte public la masse des métaux précieux qui constituaient le trésor de la déesse et la réserve où la république pouvait puiser en cas de besoin. Deux de ces Victoires sont mentionnées dans un inventaire trouvé assez récemment. Seulement cet inventaire ne ressemble pas à ceux qui étaient déjà connus. Probablement les Victoires et les pompeia formaient un groupe à part, peut-être conservé dans un édifice particulier Le trésor d'Athéna, tel que nous le font connaître les comptes des logistes, les inventaires et les autres témoignages dont nous disposons 4, comprenait donc une réserve assez considérable en argent monnayé et une grande quantité d'offrandes, d'objets d'art, en métaux précieux. Ces richesses ne restèrent pas inutiles, et le chapitre des dépenses auxquelles les trésoriers de la déesse durent faire face ne fut pas moins considérable. Au moment du transfert de Délos à Athènes, en 454, le trésor fédéral possédait environ 3 000 talents', celui d'Athéna une centaine. Ce dernier trésor s'accrut vite, puisque, en 447, on commence la construction du Parthénon, dont les devis s'élevaient à un millier de talents qui doivent être fournis parce trésor. Les travaux, interrompus par la guerre de Samos, sont repris avec plus d'activité ; en 443, Périclès, débarrassé de l'opposition de Thucydide, fils de Mélésias, n'est plus gêné pour mettre à exécution les vastes projets qu'il a formés. Il n'hésite pas à prendre l'argent des alliés pour les embellissements d'Athènes ; vers 440, le trésor fédéral est versé dans le trésor de la déesse. Des magistrats particuliers, les luta-rrzt -rwv ô,rlN.oattov layes 0, avaient la direction et la surveillance de ces travaux. C'est à eux que les fonds étaient remis pour l'exécution de ces travaux ; ils devaient ainsi solder les dépenses. Nous avons une partie des comptes des épistates indiquant les sommes que les trésoriers de la déesse surtout ont versées pour la construction du Parthénon, de la statue chryséléphantine, des Propylées, de l'Erechthéion. Pour le Parthénon, la dépense s'est élevée à '700 talents 7, l'argent a été fourni par les hellénotames, les xénodiques et les tantiai, ceux-ci fournissant la recette la plus régulière. Les comptes comprennent quatorze années, de 447 à 433 ; le monument fut inauguré en 438. La dépense a été encore plus considérable pour la statue chryséléphantine; on peut l'évaluer à environ 1000 talents; la statue portait d'ailleurs une masse d'or équivalant à 616 talents d'argent. A partir du moment où a commencé le travail de l'or et de l'ivoire, c'est-à-dire vers 443, les trésoriers de la déesse ont dû verser de 150 à 200 talents par an $. Les Propylées furent commencés en 437; la guerre arrêta le travail en 432. Les recettes de la première année se composent de la location des domaines sacrés, probablement aussi du montant de certaines créances à la déesse. Il semble que toutes les recettes courantes de la déesse aient été cette année versées aux épistates par les tamiai ; les versements annuels ont dû être de près de 100 talents, sauf à la fin. La dépense totale n'a pas dû s'élever à plus de 400 talents 9. L'Erechthéion 10 fut commencé en 421, à la paix dite de Nicias: il n'était pas achevé en 413 et les travaux furent suspendus pour n'être repris qu'en 409. Nous n'avons des comptes que pour cette dernière partie: ils ne nous font connaître que des faits de détail ; nous sommes sans renseignements sur le gros oeuvre. D'autres ouvrages moins importants ont été exécutés à cette époque, par exemple la célèbre lampe de Callimaque pour l'Erechthéion 11, le temple d'Héphaistos, qui fut terminé en 420, la statue d'Alcamène pour ce temple. Les trésoriers de la déesse ont fourni l'argent nécessaire en 421/20 et 420/19 ; ils ont dû alors interrompre les paiements pour ne les reprendre qu'en 418/7. Pour tous ces ternples l'État devait intervenir par ses largesses 12. ' Le trésor d'Athéna avait été largement mis à contribution pour toutes ces constructions. Cependant ces dépenses, si lourdes qu'elles fussent, n'étaient pas les seules qu'eût à supporter le budget public, ni les plus considérables. La guerre devait faire, dans le trésor de la déesse, des brèches bien plus grandes que celles faites par les travaux publics. Au début de la guerre du Péloponèse, Périclès exposa l'état des ressources militaires et financières de l'État 13. Parmi les dernières, il comptait presque exclusivement les richesses qui étaient déposées dans le temple de la déesse et qu'administraient les tamiai. Il y avait 3 700 talents en argent monnayé 14, 000 talents non monnayés, que pouvaient fournir les offrandes publiques ou particulières, les vases sacrés, les dépouilles des Perses, enfin les 40 talents d'or qu'on pouvait détacher de la statue chryséléphantine du Parthénon. Il ajoutait qu'on avait le droit de disposer de toutes ces richesses, à condition de les rernplacer intégralement, après s'en être servi pour le salut de la patrie. Nous possédons les comptes de ces emprunts faits au trésor de l'Acropole pendant un certain nombre d'annéesS:i. Le plus ancien remonte à la guerre de Samos; d'autres concernent la guerre de Corcyre, la guerre d'Archidamos, celle de Décélie et le gouvernement des QuatreCents. Les comptes sont réglés pour un an, à partir du mois d'Hécatombéon, au moment où un nouveau collège de tamiai entre en charge ; chaque compte comprend TAM -35-TAM toute l'année de magistrature .de ces tamiai ; à la fin de chaque prytanie et de chaque archontat, le total des sommes avancées est indiqué. Pour le premier paiement de l'année, on indique l'archonte et le Conseil, celui-ci, d'après le nom du secrétaire ; les tamiai sont désignés par le nom de leur prytane et de leur secrétaire ; les hellénotames, par le nom d'un d'entre eux et par la désignation de leurs parèdres ; sont ensuite mentionnés le jour du paiement, les sommes versées et les magistrats, partie prenante, hellénotames, stratèges, athlothètes des Panathénées. Pour les autres paiements, ces dernières indications sont seules données. Les paiements se font en monnaie d'argent d'Athènes ou en statères d'electrum de Cyzique En 418, les tamiai 2 firent un paiement aux hellénotames pour les triérarques envoyés à Argos avec Démosthène ; cette expédition n'eut probablement pas lieu, car un décret du peuple ordonne aux hellénotames de rendre cet argent aux tamiai, qui eux-mêmes devaient le verser entre les mains des stratèges envoyés en Thrace. Plusieurs fois l'«8sta a dû être demandée', ce qui montre que l'emprunt a été fait sur le trésor même d'Athéna. Il est aussi indiqué que l'emprunt a été fait sur le trésor du temple d'Athéna Nitré Les comptes de 410/6 et de 407/9 sont gravés sur les deux côtés de la même pierre P1. Sur le côté A sont inscrits les versements faits sous l'archonte Glaukippos et sous le Conseil qui avait Kleigenès pour secrétaire. Suit la liste des versements: i1 est dit que cette fois les tamiai ont pris ix 'r v 67t'6TEitùV 6 ; cela signifie que les revenus de l'année précédente ayant été complètement dépensés, les trésoriers n'ont versé les fonds qu'à mesure que l'argent entrait dans la caisse de la déesse ; un décret du peuple devait autoriser cette mesure. Les sommes avancées par les tamiai ont été puisées dans le trésor d'Athéna Polias et dans celui d'Athéna Niké ; elles ont été données par les tamiai à des hellénotames, pour la subsistance des chevaux, i7trcotç 6gToç, à des athlothètes pour les grandes Panathénées, à des hiéropes, à des hellénotames pour la diobélie. En outre, deux fonds spéciaux étaient assignés directement aux officiers qui commandaient au dehors : l'un, provenant d'l rétrie ; l'autre, bien plus important, provenant de Samos $. La partie B indique les sommes que les trésoriers ont données aux hellénotames pour la diobélie. Nous avons d'autres renseignements sur les emprunts que les Athéniens firent aux temples pendant la guerre archidamique. Quand la paix de Nicias eut été conclue, les logistes procédèrent à une récapitulation de ces emprunts. Ils écrivirent leurs comptes sur deux stèles ; la premières indiquait les emprunts de 433 à 426; nous n'en possédons qu'un petit fragment relatif à des sommes importantes expédiées dès lors en Sicile. La stèle consacrée aux années 426-422 est conservée presque en entier : « comptes des logistes pour les sommes avan« cées pendant quatre ans, de Panathénées en Panathé « nées. Les trésoriers Androclès et ses collègues ont « livré aux hellénotames, etc. 10 ». Ici encore les comptes sont faits pour l'année pendant laquelle chaque collège de trésoriers est en fonctions : à la fin de chaque année le total des intérêts dus est indiqué. Le calcul des intérêts part naturellement du jour de l'emprunt. Pendant ces quatre années, les sommes prises au trésor d'Athéna Polias, s'élèvent à 4 750 talents 11. On ne s'est pas borné là; on a emprunté à Athéna Niké une trentaine de talents 12, et 900 talents aux autres dieux. Ces dernières sommes ont été versées par les Txu.tal 'rûv 001»v O,ûv 13 Il faut remarquer que les trésoriers d'Athéna sont indiqués par ce seul mot of tixp.txt. L'intérêt payé aux dieux avait d'abord été de près de 6 °/0 ; il avait été réduit peu à peu ; il avait fini par n'être plus que 1/300 de drachme par jour pour 100 drachmes14, soit 1, 2 °/°. En 43514, un changement se produisit dans l'organisation financière d'Athènes. Callias, qui était probablement un ami de Périclès', fit voter un décret ayant un double objet: le règlement des dettes contractées par les Athéniens envers les temples des dieux et la création d'un nouveau collège de trésoriers 16. Les dettes devront être payées à l'aide de 3000 talents, qui sont entrés dans la caisse des trésoriers de la déesse ; les logistes feront les comptes, après enquête ; les sommes seront versées par les prytanes en présence du Conseil. « A l'époque de l'élection des autres magistrats, on « nommera par le sort des trésoriers pour ces fonds, « comme on fait pour les trésoriers des richesses sacrées « d'Athéna. Ils administreront, sur l'Acropole et dans « l'Opisthodome, les richesses des dieux, de la façon la « meilleure et la plus pieuse ; ils ouvriront et ils ferme « ront les portes de l'Opisthodome et apposeront leur « sceau comme les trésoriers d'Athéna. Les trésoriers en « fonctions, les épistates et les hiéropes, qui administrent « en ce moment, déposeront leurs fonds devant le Con« seil sur l'Acropole. Les trésoriers qui seront nommés, recevront ces fonds et les inscriront sur une stèle, indi « quant ce qui appartient en propre à chaque dieu et « faisant le total général ; ils inscriront à part l'or et far « gent. A l'avenir, les trésoriers qui se succéderont • inscriront sur une stèle les sommes en caisse et celles « qui entreront : ils montreront l'état des dépenses aux «logistes; ils auront à se soumettre à l'examen des « comptes ; de Panathénées en Panathénées, ils présen« terontleur comptabilité comme les magistrats qui adrni « nistrent les biens d'Athéna. Les trésoriers déposeront « à l'Acropole les stèles sur lesquelles sont inscrites les « sommes dues aux dieux. Une fois acquittées les dettes • envers les dieux, on consacrera les excédents aux arse « vaux et aux remparts. » La pierre porte au revers une autre inscription qui reproduit aussi un décret du peuple. Il y est d'abord question des Victôires d'or et des Propylées ; ces travaux ne sont pas terminés; les trésoriers devront les surveiller avec les épistates. On devra veiller à ce que l'Acropole soit parée aussi bien que possible. Sont ensuite promulguées diverses mesures pour restreindre les dépenses. Il est défendu de toucher aux fonds déposés à l'Acropole si ce n'est pour des travaux prévus et pas au delà d'une certaine somme, ou pour des travaux urgents. Pour toute autre dépense, il faudra obtenir du peuple rainez, sans cela on sera passible des mêmes peines que si l'on avait déposé un projet d'eispltora. Ce qui restera chaque année du produit du phoros sera déposé par les hellénotames dans la caisse des trésoriers de la déesse. Quand, sur les 200 talents que le peuple a affectés par décret aux restitutions envers les autres dieux, on aura remboursé ce qui est dû, on adrninistrera les biens d'Athéna dans la partie droite de l'Opisthodome, les biens des autres dieux dans la partie gauche. Tout ce qui reste de biens sacrés non comptés et non pesés, on le comptera maintenant avec tous les collèges qui ont rendu leurs comptes de Panathénées en Panathénées, or, argent, objets argentés, en pesant... 1 Quelle est la date de l'inscription? Boeckh, pour des raisons épigraphiques qui ne sont pas sans gravité la plaçait vers l'an 420; et cette opinion a été partagée par Beloch et Michel ". Kirchhoff, au contraire, pour des raisons historiques, en faisait remonter la date jusqu'en 435/4; il expliquait les particularités orthographiques en disant que le texte qui nous est parvenu est une copie postérieure d'un texte plus ancien. Cette explication est généralement acceptée aujourd'hui °. Nous avons, dans le décret de Callias, l'acte constitutif de la nouvelle charge des cxp(at r iv Uî.wv Onmv. Ils sont nommés par voie de tirage au sort et pris dans la classe des pentacosiomédimnes, comme les trésoriers de la déesse ; ils ont les mêmes droits pour la surveillance des trésors enfermés dans l'opisthodome ; ils ont aussi comme eux un droit de surveillance sur certains travaux. Le décret de Callias fixe l'élection des nouveaux trésoriers au mois de juillet (hécatombeon), au moment de l'élection générale des fonctionnaires publics. Mais ce ne fut là qu'un fait exceptionnel ; l'année administrative, pour eux comme pour les trésoriers de la déesse, allait de Panathénées en Panathénées, c'est-à-dire de septembre à septembre. Ils devaient aussi être très probablement au nombre de dix, un par tribu. Le fait n'est pas sûr Pour l'année 429/8, il semble qu'il n'y a eu que cinq ou six trésoriers 8. La réforme de Callias était importante. Avant lui, chacun des temples de l'Attique avait une administration particulière, à la tête de laquelle il y avait sans doute un taenias °. Une telle organisation, vu le nombre considérable de ces sanctuaires, devait être singulièrement compliquée. La création des Ta1,.fxt Tmv %DiXu vOsûv eut pour résultat de centraliser dans les mains de ces trésoriers l'administration financière et la surveillance des biens de tous les temples de l'Attique, à l'exception du sanctuaire d'Athéna Polias. Le temple d'Éleusis et celui d'Asclépios gardèrent cependant une administration distincte. Une inscription nous fait connaître un certain nombre des temples administrés par les trésoriers desautres dieux 10. Nous y trouvons mentionnés les temples des Muses, d'Adrasteia, d'Héraclès au Kynosarge, d'Athéna au Palladion, de Poseidon de Calaurie, d'Artémis Agrotère, d'Aphrodite iv K-il7rou, de Dionysos, de Poseidon au Sunium, d'Artémis Munychia, de Thésée, de l'Ilissus, d'Héphaistos, du Ma,çlsvtxdç, de Démophon, d'Athéna du Pallène, d'Artémis Brauronia, de M' rr,p iv "Aypatç, d'Athéna Zosteria. La guerre contre Sparte amena la ruine politique et financière d'Athènes. En 432, une somme de 5 700 talents avait été réunie et mise sous la garde des trésoriers ; la valeur des offrandes déposées dans le temple d'Athéna pouvait être estimée à 500 talents. En juillet 431, un décret fut voté qui portait que, sur les fonds réunis à l'Acropole, une somme de 1000 talents serait mise àpart;peine de mort était portée contre quiconque ferait mettre ou mettrai taux voix la proposition de toucher à cet argent, à moins que la ville ne fût menacée par une flotte ennemie et dans un danger imminent 1l. Cette réserve était aussi administrée par les trésoriers de la déesse. La guerre amena l'augmentation du phoros et l'application de l'ElsenoRA. La paix de Nicias permit de rétablir dans une certaine mesure la situation financière 12. C'est à cette époque que furent appliquées les mesures indiquées au revers du décret de Callias. Mais la guerre de Sicile causa des frais énormes. En 413, le trésor était vide13; le phoros, qui n'était plus payé que difficilement, fut remplacé par un impôt du vingtième sur toute marchandise qui entrait ou sortait d'un port" ; il ne restait plus aux Athéniens que les 1000 talents mis à part. En 412, cette réserve suprême fut entamée''. En 407, une partie des offrandes sont fondues, en particulier huit des dix Victoires d'or t6. Pour la première fois, les Athéniens frappent une monnaie d'or17. En 406, toutes les offrandes du Pronaos sont livrées aux hellénotames par les trésoriers de la déesse ; il ne reste qu'une couronne en or' 3. Une fois la paix rétablie, en 404, à l'extérieur et à l'intérieur, Athènes s'applique à réparer ses ruines. Les hellénotames, devenus inutiles depuis qu'Athènes n'avait plus d'empire maritime, furent supprimés; il en fut de même de la vieille charge des kolakrètes. On alla plus loin. Les deux collèges des trésoriers de la déesse et des trésoriers des autres dieux furent réunis en un seul collège de magistrats qui prirent le titre de TcN.ia.t TCJV ieoiuv zp-rl que les offrandes consacrées à la déesse étaient distri TAM -37TAM buées dans trois grands locaux, le Pronaos, l'Hécatompédon et le Parthénon'. Ce qui restait de ces offrandes, après la guerre, fut réuni dans le seul Hécatompédon 2. II faut observer que, dans l'inscription qui atteste la réunion des deux collèges pour l'archontat d'Euclide 3, trois questeurs seulement sont mentionnés. Ce n'est pas d'ailleurs un fait isolé. Déjà nous l'avions signalé, dans l'année 429/8, pour les trésoriers des autres dieux'. Au Ive siècle le fait est encore fréquents. Ces irrégularités peuvent s'expliquer de deux façons. Dans certains cas, le collège des nouveaux questeurs n'était pas encore complet 6 Dans d'autres cas, il semble bien qu'il a été impossible de trouver des citoyens ayant le pouvoir ou la volonté de remplir la fonction f.a réunion des deux collèges ne dura pas longtemps. Le trésor d'Athéna fut assez vite reconstitué. De bonne heure les offrandes à la déesse furent assez nombreuses pour que l'Hécatompédon ne fût plus suffisant. On en plaça un certain nombre soit dans le Parthénon, soit dans l'Opisthodome 3. C'est ce que nous apprend un inventaire de l'an 398/7 9.On trouve mentionnées diverses offrandes consacrées à Artémis llrauronia 1°. Cette déesse avait cependant un temple sur l'Acropole ". Nous avons là une preuve que le décret de Callias était toujours appliqué ; les offrandes à Artémis sont gardées et administrées par les trésoriers publics. Parmi les autres offrandes portées sur cet inventaire, signalons une Victoire en or, faite probablement avec les biens confisqués sur les Trente 12; une couronne d'or offerte par Lysandre, le vainqueur d'Athènes 13 ; la couronne d'or mise sur la tête de la Victoire qui est sur la main de la statue d'or" ; il s'agit là de la statue de Phidias. Le dernier texte qui mentionne encore la réunion des deux collèges est de 389/8. En 385/4, nous les trouvons séparés 16. Il est très probable, comme le dit Kôhler, que la division s'opéra cette même année. D'après ce même savant, c'est aussi à cette date que les trésoriers de la déesse ont commencé à faire graver leurs comptes chaque année, et non plus chaque pentétérie''. On peut aussi signaler quelques différences dans les formules des inventaires 78. Si l'on distingue les acquisitions nouvelles, 'i-réT Et«, des anciennes, on met aussi plus de soin à indiquer l'état présent de chaque objet, poids, nombre, valeur; on trouve la note : non pesé, non complet19, en mauvais état, s?ix ~7rlç2U. On signale la mauvaise tenue des comptes des précédents trésoriers21 Parmi les offrandes portées sur les inventaires des trésoriers, il en est un certain nombre qui sont en airain 22; il est probable qu'elles étaient déposées, au moins en partie, dans l'endroit appelé Xx7;xoOrlxs . Cette chalcothèque se trouvait dans l'opisthodome 23 ; elle contenait aussi des agrès pour cent galères. C'était là une réserve de guerre qu'on avait déposée sur l'Acropole et dont la garde était confiée aux trésoriers de la déesse 2i. Dans une certaine mesure, ce qui se trouvait sur l'Acropole relevait des trésoriers de la déesse. Nous avons vu, par le décret porté sous l'archonte Philocrate23, qu'ils exerçaient un droit de police sur la colline sacrée. Pour la même raison ils sont chargés de renverser la stèle sur laquelle était gravé le traité d'alliance avec Alexandre de Phères 26. C'est aux trésoriers de la déesse que l'archonte remettait l'huile produite chaque année par les oliviers sacrés [MOB.IAI]; les trésoriers gardent cette huile sur l'Acropole ; aux Panathénées, ils la remettent aux athlothètes, et ceux-ci la distribuent aux vainqueurs des concours. L'archonte ne peut, en sortant de charge, entrer à l'Aréopage tant qu'il n'a pas remis toute l'huile de l'année aux trésoriers 27. Nous ne pouvons dire en quelle qualité les trésoriers de la déesse, en 299,'8, se sont entremis avec les hipparques auprès du peuple pour faire payer aux cavaliers la solde qui leur était due 28 Nous voyons aussi que les trésoriers de la déesse ont eu à payer, conformément à la loi, le salaire de juges qui avaient à décider sur un procès entre triérarques 29. Est-ce parce qu'ils avaient gardé quelquesunes des attributions qui leur furent données sous l'archontat d'Euclide? Au Iv' siècle, ils paient les frais de gravure pour quatre décrets qui se placent entre les olympiades 100 et 101'0. Il est dit que les frais de gravure seront pris sur les « dix talents ». De longues discussions ont été soulevées à propos de cette somme 31. Un nouveau texte, qui semble de l'an 337, et qui est plus clair, inscription relative aux travaux à effectuer pour mettre en état de défense le Pirée et les LongsMurs 32, dit que les'fonds nécessaires seront pris sur l.'eispltora de dix talents qui est levée chaque année, d'après une loi datant probablement de 34633. Cette eispltora, levée pour la guerre contre Philippe, fut maintenue après la paix, et forma un fonds particulier appelé les dix talents. Pendant tout le ive siècle, nous possédons des témoignages assez nombreux sur les trésoriers de la déesse. Nous aurons d'ailleurs à revenir sur eux à propos de l'administration de l'orateur Lycurgue. En 306/5, ils administrent toujours le trésor public sous la surveillance du Conseil et de l'épistate 3'. Ils sont alors nommés tantôt simplement rau.(xt35, tantôt-ra(t.fat T-'riç eiou36. I1 semble que leur administration laissait parfois à désirer; TAM -38TAM nous voyons qu'on leur adjoignait alors un épimélète 1. Le dernier texte qui les mentionne 2 est précisément l'hommage que leur rendent les cavaliers en 299/8. Il est probable que la magistrature a disparu au commencement du Ille siècle. Dans l'ol. 120, 4 (297/6), Lacharès, un moment tyran d'Athènes, s'enfuit en emportant les boucliers sacrés, le manteau d'Athéna et les offrandes faites sous l'administration de Lycurgue 3. La charge des trésoriers de la déesse était devenue inutile. Quant aux trésoriers des autres dieux, ils sont mentionnés en 376/54, en 363/2 et en 356/55. Depuis cette dernière date, nous ne trouvons plus aucune trace de cette magistrature 6. Elle a dû prendre fin dans le dernier tiers du Ive siècle'. Aristote ne la mentionne pas dans son ouvrage sur la constitution d'Athènes. Trésorier du peuple. C'est au moment de la réorganisation de l'État athénien, sous l'archontat d'Euclide, qu'a été créée cette magistrature nouvelle (Tau.faç 'CO ôrl cou). Il n'y a qu'un seul titulaire, qui administre les fonds désignés sous le titre de Tx Ex 'r rrv (E;ç Ta) xa'rà gcpia oM.âvwv T. b, La fonction de beaucoup la plus fréquente qu'ait à remplir ce trésorier consiste à donner l'argent pour la gravure des décrets (de 10 à 60 drachmes), qu'il verse entre les mains soit du ypaµt1.0tTE11ç T•(lç (i ou))Ÿlç 9, soit Ces dépenses étaient prévues et réglées d'avance, c'est ce que montre la désignation des fonds particuliers sur lesquels l'argent doit être pris13. Pour les dépenses nouvelles, la procédure était plus compliquée. Une loi était exigée et la réunion d'une assemblée de nomothètes nécessaire 14. Il en fut ainsi quand le peuple accorda une pension d'une drachme par jour au Délien Pisithidès, chassé de sa patrie, comme partisan d'Athènes 15. Il est dit d'abord que le trésorier du peuple ôliu.g1, Mais le décret ajoute qu'on réunira une assemblée de nomothètes ; que les proèdres et l'épistate feront décider que les apodectes donneront cet argent au taenias du peuple pour chaque année ; le talniasle distribuera à Pisithidès chaque prytanie. « La convocation spéciale « de nomothètes était coûteuse, à cause du salaire payé « aux héliastes qui en faisaient partie. Pour l'éviter, on « s'avisa d'un expédient que deux inscriptions du « Ive siècle nous font connaître. En 336, le peuple athé « nien, ayant décerné une couronne d'or de 1 000 drach« mes, l'argent dut être prêté à intérêt par le trésorier « du peuple ; mais, en même temps, le décret prescris « vait à la première assemblée de nomothètes qui serait « réunie, de régulariser les dépenses par une loi et de « rembourser le trésorier, en ajoutant au crédit de la « caisse qu'il gérait une somme équivalente à ses « avances. » Dans l'autre décret, il s'agissait de récompenser les épimélètes des Amphiareia en leur attribuant une somme pour offrir un sacrifice en leur propre nom. Aucun crédit n'avait été prévu ; une loi était donc nécessaire. Mais le salaire des nomothètes convoqués aurait entraîné des frais disproportionnés et le décret ajourna le vote d'une loi à leur prochaine réunion ; le trésorier du peuple dut cette fois encore faire les avances ". Le trésorier du peuple est quelquefois appelé simplement b 'rrF,.taç. Il donne l'argent nécessaire pour le voyage des ambassadeurs 17, pour la fabrication des couronnes 1a. En 346, le peuple décide 19 qu'à chacune des grandes Panathénées, les fils de Leucon recevront une couronne d'or de 1 000 drachmes. Il est dit que pour les années ordinaires l'argent sera donné aux athlothètes par le trésorier du peuple ; pour l'année qui précède la fête, les apodectes fourniront l'argent en le prenant sur la caisse des fonds militaires. D'après Kdhler20, le T«U,Iaç Toû ôrlN.ou n'existait sûrement plus en 295 et très probablement quelques années plus tôt. Aristote ne le mentionne pas dans la Constitution d'Athènes. Trésorier des fonds militaires. Au milieu du ive siècle, de nouveaux changements se produisirent dans l'administration des finances. Après 354, Eubule fit décider que les excédents des recettes budgétaires seraient versés dans la caisse consacrée aux fêtes publiques. Une magistrature nouvelle fut créée sous le nom de oi ~7ri Tb OEwptxdv. C'était un collège de dix magistrats, nommés par élection et pour quatre ans. En 339, Démosthène parvint à faire abroger le décret d'Eubule ; il fut décidé que tous les excédents de recettes seraient attribués au budget de la guerre. La charge de TMI.I.faç Td,v rTpa't0)Ttx7)v existait déjà; des témoignages en attestent l'existence probablement pour 338 et sûrement pour 33421 ; l'institution doit dater de 344/3'2. Cette charge de date récente 23 n'était pas constituée en collège ; il n'y avait qu'un seul titulaire; de plus, ce titulaire était élu à main levée. De tous les fonctionnaires qui s'occupaient de l'administration ordinaire, le trésorier des fonds militaires, les magistrats préposés au théorique et les épimélètes des sources étaient seuls nommés par élection ; leurs fonctions duraient TAMM1 39 -TAM quatre ans, de Panathénées en Panathénées'. Avec les magistrats élus pour le théorique, il assistait les polètes quand ceux-ci, en présence du Conseil, procédaient aux locations, à la ferme des mines et des impôts2. 11 assistait aussi le Conseil pour la fabrication des Victoires et des prix à distribuer aux vainqueurs aux Panathénées 3. Il a aussi à s'occuper des Victoires et des pompeia pour d'autres fêtes 4. 11 donne l'argent pour une couronne d'or que le peuple a votée à Amphiaraüs 5 ; une fois la couronne faite, il la remet aux épimélètes qui la consacreront dans le temple; le secrétaire, b xxTà 7t:pTavE(av, fera graver le décret ; le trésorier du peuple donnera 20 drachmes pour la gravure. Le trésorier des fonds militaires prend part aux avances faites pour les remparts d'Éleusis ; il fait des dépenses de svtx s ; il donne l'argent pour les stèles des inscriptions soit avec le magistrat b E7ri TŸi SLOtxiiŒEt 7, soit seul' ; avec le stratège, il couronne les éphèbes Sur une inscription de la fin du me siècle 1D, relative à une contribution volontaire qui doit être consacrée tout entière à la défense du pays 11, le trésorier des fonds militaires, Eurycleidès, fils de Mycion, du dème du Céphise, est indiqué comme procédant à l'opération 12 Cet Eurycleidès a été un des hommes les plus importants d'Athènes à cette époque ; vers 217/6, il était, avec son frère Mycion, le chef du gouvernement". Le trésorier devait une bonne partie de ses attributions au fait que tous les excédents des recettes étaient remis dans sa caisse. Il était certainement à la tête de l'administration athénienne; ses attributions n'étaient limitées que par celles du trésorier de la déesse et du magistrat b E7« TŸ Stout-eut. Dans des comptes des trésoriers d'Athéna, qui sont de l'an 305, nous voyons les Aréopagites et le taenias des fonds militaires verser certaines sommes dans la caisse de ces trésoriers 14. L'existence duTai.taç Twv eTpxTiu' txWV se constate encore pendant l'époque romaine15. Quand, sur le conseil de Périclès, les Athéniens firent des emprunts aux trésors des temples, ils s'étaient engagés à rendre un jour tout ce qu'on aurait pris. C'est seulement l'orateur Lycurgue qui fit refaire le matériel sacré de la déesse, en particulier les Victoires d'or et les ornements pour les processions i6. Avant de proposer un règlement des nomothètes sur cette question, Lycurgue 17 avait fait accepter un amendement : il y est fait mention du xdrp.oç 7rxVŒOYpyatxd; 13. Le nom du trésorier du peuple se trouve aussi indiqué sur ce texte. Lycurgue avait aussi fait nommer une commission chargée de surveiller cette réfection ; elle était composée des TCl,.(at 'rŸIç OEOÛ et de commissaires qui sont désignés sous le titre de ?19ruivot Ë7rl Tàç v(xz xai Tà 7rotV.77oic. Nous pos sédons de cette commission trois comptes qui ont été réunis dans le Corpus et qui y forment une classe à part 1°. Dans le premier compte 24, les fonds sont fournis par le Tap.txç 'ri v r'FCTtm'txiiv. Dans le second, il est dit que l'or est pris sur l'Acropole" ; c'est donc très probablement les trésoriers qui le fournissent22. Cette réfection des objets sacrés était une opération extraordinaire. On comprend donc l'utilité d'une telle commission. Les trésoriers de la déesse étaient de simples dépositaires ; ils reçoivent, à leur entrée en charge, le dépôt du trésor devant le Conseil, et le transmettent à leurs successeurs. A ces magistrats, tirés au sort, on associe des délégués nommés par élection pour une révision exceptionnelle du matériel d'Athéna23. Sur la même stèle se trouvent un compte de recettes du derirtatikon 24 et un inventaire, qui semble avoir été assez long, enfin, sur une autre face, un second inventaire relatif au xdci,toç xxver)poptxd;V5. Ni les Victoires, ni les pompeia ne sont nommés dans ces fragments. Étaient-ils inscrits dans la partie disparue des inscriptions précédentes, n05 739 et 740? Peut-être étaient-ils disposés dans un autre édifice, par exemple le temple d'Artémis Brauronia20. A la suite de cette section du Corpus relative à la réparation des objets sacrés faite d'après les lois de Lycurgue, il y a quelques inventaires de statues d'airain 27. K(ihler attribue ces catalogues aux trésoriers de la déesse28. Il en est ainsi des catalogues des patères d'argent23. Nous devons encore mentionner, à propos des Panathénées, un règlement important, qui concerne la procession et qui paraît appartenir à l'administration de Lycurgue 30. Dans la première partie de ce règlement sont indiquées les personnes qui ont droit à recevoir une ou plusieurs parts des chairs des victimes sacrifiées pendant la fête : ce sont les prytanes, les neuf archontes, les trésoriers de la déesse, les hiéropes, les stratèges, les taxiarques, tous les Athéniens qui prennent part à la procession, enfin les canéphores. On voit que les trésoriers de la déesse viennent immédiatement après les archontes. Les trésoriers des autres dieux et le trésorier du peuple ne sont pas mentionnés". Nous savons que Lycurgue ne s'est pas seulement occupé des finances, mais aussi du matériel de guerre, de la marine 3', de la répression de la piraterie 33. On s'est demandé en vertu de quels pouvoirs Lycurgue avait pu exercer une telle activité. Dans la commission qui fut nommée pour la réfection du matériel sacré et qui était composée de trésoriers de la déesse et de délégués élus, il n'est pas un des trésoriers. En effet, ces dix magistrats étaient tirés au sort, un par tribu; or celui de TAM -40TAM la tribu Aegéis, dont Lycurgue faisait partie, était du dème de Collyte; ce n'était donc point Lycurgue'. Le Ps. Plutarque dit qu'il était rcy.(aç TT,ç xotvrç 7rpoad8ou 2. Aujourd'hui on admet généralement que cette charge n'a jamais existé Divers savants ont cru que Lycurgue avait été revêtu de la charge b É7:1 T 'fi ôtotx~rEt 4. Le mot 3toixriatç se trouve, en effet, souvent quand il est question du rôle politique et financier de Lycurgue 6, mais, avec un sens général, celui qu'a en français le mot « administration » 6. Une grave raison s'opposait déjà à ce que l'on admît que Lycurgue eût exercé cette charge 7 ; c'est le silence des textes épigraphiques sur cette magistrature à cette époque. Le document le plus ancien mentionnant un É7t) T ôtotx.)isE; est de l'an 307/6. Il se rapporte à Habron, fils de l'orateur; c'est lui qui paraît avoir été le premier titulaires. Aujourd'hui une raison, non moins grave, doit être invoquée. C'est le silence d'Aristote dans la Constitution d'Athènes. Cette charge était certainement une des premières, peut-être même la première de l'État, Peut-on supposer qu'Aristote l'eût ainsi passée sous silence ? Nous voyons que, dans un inventaire du temple d'Éleusis, les épistates et les trésoriers des deux déesses ont fait faire un travail, sur l'ordre de Lycurgue'. On peut dire que son action se fait sentir sur toutes les parties de l'administration, surtout sur les choses du culte et de la défense nationale. Le Ps. Plutarque dit qu'il fut X.Etpa,7owe a)ç l7ti tiriv Toû 7.0%4I.ou 7tcquer.Eur s 10. On a supposé, d'après ce témoignage, qu'il avait été stratège. Mais une telle fonction n'a jamais été constatée pour Lycurgue11. Il nous semble qu'il n'y a qu'une explication qui puisse bien rendre compte des faits si multiples et si variés de son administration, c'est qu'il a exercé la charge de 'taL(xç'rwv o-'rpa.tw'rtxwv. Nous avons vu que ce magistrat ne s'occupait pas seulement des choses de la guerre, mais aussi des finances et du culte. 11 faut ajouter que le premier Athénien qui ait été revêtu de cette charge était précisément Callias, fils d'Habron et frère de Callisto, l'épouse de Lycurgue" Trésoriers du Conseil. Ils étaient au nombre de deux au milieu du Ive siècle13. Il n'y en eut plus qu'un vers la fin14. Après 275, le trésorier est élu par le Conseil, qui choisit parmi ses membres". Il doit s'occuper de tous les sacrifices que doit faire le Conseil, et parfois, il couvre de son propre argent une partie des dépenses". 1 Dürrbach, p. 86; C. i. art. Il, 739, 1. 3. 2 V. X or. 852 B. 3 Boeckh, 9, 200, croyait qu'Aristide, et après lui Lycurgue avaient été épimélètes -r; sous); e1o, iou, d'après une expression de Plutarque (V. Arist. 4) ; de même Schomann, tout défendu cette idée, en ajoutant que Périclès et Cléon avaient rempli cette charge. Frankel, n. 269 et Lipsius, p. 454, ont fait à Boeckh et à Schémann les corrections nécessaires. Cf. encore Gilbert, Handb. 1, 277 ; Thumser, 631 ; Dürrbach, décret, inséré Vit. or. I, 852 B, il est dit qu'il devient -ailla; -, ç xo,v4; ,r?sct58 v. 4 Dürrbach, par exemple ; voir sa discussion, p. 19 sq. 5 Dürrbacb, p. 21. Aucun titre n'est indiqué, pour Lycurgue, dans le décret de Stratoclès (Vit. X or, p. 852; cf. C. i. art. II, 240); dans la Vie, 1, 84t B, il est dit qu'il fut nepiaç de 14000 ou de 18000 talents. 6 Dürrbach, p. 21. 7 Voir sur la question les références dans Dürrbach, p. 19. 8 C. i. att. U, 167. Dans le Corpus, K;ihler plaçait cette rose. entre 333 et 325 ; mais dans Mitt. d. d. arch. 7nst. in Ath. V, 268, il montre qu'elle doit être reculée jusqu'en 306/5. Cf. aussi Schômann-Lipsius, Gr. Alt. 1, 455, n. 5. 9 C. i. att. II, 834 b (addenda), col. 1. 12. 10 V. X or. 841 C. 11 Voir la discussion de Dürrbach, 54. 12 V. X or. 842 F. C'était sous l'archontat de Charondas, eu 338, l'année de Chéronée. Cette explication avait déjà été proposée par Gilbert, Handb. 1, 277, fin de la n. 1. 13 C. i. att. II, 114, 31 ; Dittenberger, 495 ; Michel, 100. -14 Fellncr, Zu Gesch. 17 Ibid. II, 475 et 114, 31; Éi'7 saxe b0xisµa-a 3 vo.1texoµ_vmv -18 Gilbert, Handb. I, 302, n. t ; cf. encore sur ces trésoriers, Thumser, 504. 19 C, i, Il paie les frais des stèles et des inscriptions sur des fonds mis par la loi à la disposition du Conseil 17 ; il a probablement l'administration de ces fonds. Il doit rendre des comptes en sortant de chargera. Trésoriers des prytanes. En 341/40, les prytanes de la tribu Aegéis votent un éloge et une couronne de lierre à Posidippe, tamias de la tribu, pour sa bonne administration et parce qu'il a fait pour les prytanes les sacrifices qu'il devaitfaire19 ; suit un décret du peuple qui décerne un éloge et une couronne au Conseil20, if est dit que le taenias est élu par les prytanes 2i. Le taenias et les prytanes sont toujours loués pour avoir fait les sacrifices ordonnés par la loi. Il s'agit des sacrifices qui étaient célébrés avant la réunion des assemblées du peuple, en l'honneur d'Apollon ProstaLérios, d'Artémis lloutaia, d'Artémis Phosphoros et des autres dieux auxquels il est traditionnel de sacrifierL7. La dépense pour la stèle est parfois à la charge du tiau(o.ç 'r v 6TpzrfurtaxCiv 23. Trésoriers de la marine. L'administration de la marine paraît avoir été assez compliquée à Athènes, au moins pour ce qui regarde les finances. Les trésoriers, ayant à manier des fonds publics, étaient assez nom breux. Nous connaissons : un 'Cv v/x C, Éç 'rà vEcàplx un 'caif x(9 Eu.aa'rio26, un Txu.iaç' Cv tiptr~po7 otïrcûv 26, tin,m;.tiaç particulier pour chacune des galères la Paralos 27, la Salaminienne 2e, plus tard l'Ammonis 29. Le système de la triérarchie n'était pas appliqué aux:Epat -pt-pstç parce qu'elles devaient être prêtes en tout temps àprendre la mer. Trésoriers des Sylnlnories. Y avait-il des trésoriers de ce nom? Cela est probable ; en tout cas, nous sommes sûrs aujourd'hui qu'il y avait des symmories de métèques et que ces symmories avaient des trésoriers. L'inscription de 337, relative à la défense du Pirée et des Longs-Murs, nous fait connaître que les trésoriers et les épimélètes sont chargés de répartir, entre les membres du groupe, d'après la fortune de chacun, la contribution imposée en bloc à la symmorie 30 Il semble aussi que les stratèges 31 et les triérarques 32 avaient des trésoriers. Une caisse de secours fonctionnait pour venir en aide aux citoyens incapables de travailler ; elle était administrée par un tamias ; chaque invalide devait recevoir deux oboles par jour n. ait. II, 872 ; Dittenbcrger, 496 ; Michel, 648. 20 Le plus souvent le décret du peuple précède le décret du Conseil voir les insc. indiquées dans les notes qui suivent. 21 C. i. att. II, 391, 431, 454, 487. 22 Ibid. II, 390, 431, 432. Dans ce dernier texte, un dieu dont le nom est effacé se trouvait ayant le nom d'Artémis Phosphoros. 23 Ibid. II, 440. Voir encore sur les trésoriers du Conseil le no 456 ; au no 487, les lo,-o, sont mentionnés à côté des prytanes. 25 Ibid. II, S03 d, 5 et I4; 811 d, 34. Il y avait 500 gardiens des neoria, Arist. Coast. d'Ath. XXIV, 3 ; Boeckh, Op. c. 212, 306. Peut-être faut-il voir un de ces tannai dans Céphisodote, frère de Sopolis. Voir l'affaire intéressant ces deux frères, 811, p. 261, col. 1, 104; Dürrbach, 53, 1 et 63, 3. 25 Boeckh, 1, 212, 306; C. i. art. II, 809 b, 212. 26 C. z. att. I1, 795, 136 ; 799 d, 19 ; 803 c, 103 ; 807 a, 15 ; 808 a, 13; 809, 110 ; 811 b, 212 ; 812 a, 14 ; Dem. C. Andr. 17 et 21. Ce dernier passage est assez embarrassé; le Conseil aurait-il nommé à tort ce taenias? cf. Dareste, Plaid. de Démosth. I, p. 33, n. 14. Il ne faut pas confondre -a -p,0poorouxâ et les licpoxo,oi; Arist. Const. d'Ath. XLVI, 1. 27 C. i. att. Il, 804 b, 66 ; Addend. S08, 5; 808 a, 79 ; Thuc. III, 33;1 art. eaµia,, Darpoer. Suidas ; Pollux, Vllf, 116. 28 Aristoph. Aces, 147 ; Thuc. III, 33 ; Arist. Const. d'Ath. LX), 7. 29 Aristote Ibid. Il y avait encore la Délias. Sur les galères sacrées, cf. Boeckh, O. c. 306 sq., 308 sq. ; Seeurk. introd. p. 59 et 76 ; Schumann-Lipsius, 480. 30 Fou cart, hue loi ath. du IV" s. 1. 26 et p. 21. Gilbert avait entrevu la vérité, Handb. f, 199, n. 3. 31 Ps. Dem. C. Tinioth. 6-8. Dans ce mémo, discours, 94-15, on voit que le nauclère Philippe a aussi un tamias. 32 Eupolis, f' 195 de Koch, d'après Iiarpoeration, Photius et Suidas. Un tamias est mentionné à Salamine, C. i. att. II, 594, 38. -33 Arist. Coast. d'Ath. XLIX, 4; Boeckh, Staatshau TAMMt -41TA111 Dans les tribus, le magistrat le plus important est l'épimélète; il avait à ses côtés, pour l'administration financière, un tamias. C'est lui qui reçoit l'argent des locations, qui paie les frais des stèles et les autres dépenses de la tribu'. Trésoriers des dèmes. L'organisation des dèmes repose sur les mêmes principes que l'organisation de la cité Le dèrne, comme la cité, avait ses trésoriers chargés de gérer ses finances. Ils étaient généralement au nombre de deux, par exemple dans le dème, de Plothéca 3. A Éleusis cependant nous ne trouvons qu'un ternies Après le démarque, les trésoriers sont-les personnages les plus importants du dème. Ils étaient nominés pour un an, soumis à la dokimasie et à_I'obligation de prêter serment. Tous les ans une somme leur était remise pour les sacrifices et les fêtes des dieux 6. Ils étaient aussi chargés, avec le démarque, de faire graver et exposer les stèles des décrets' ; parfois une commission, composée de pères de famille, leur est adjointe, sans doute pour surveiller l'opération 8. Ils donnent aussi l'argent pour les couronnes Ces dépenses doivent être prises sur le revenu des démotes10, sur le revenu", ou sur les excédents des années précédentes12. Une partie généralement importante des revenus des dèmes provenait de la location des biens-fonds qui leur appartenaient. Nous avons plusieurs contrats de location. Le trésorier13 est chargé de faire graver et d'exposer en deux endroits différents les deux stèles de la convention; il doit faire placer sur le fonds loué des bornes dont le nombre et la dimension sont indiqués; c'est à lui que le prix du loyer doit être versé. Si le fermier ne s'acquitte pas de ses obligations, le trésorier doit avertir le démarque et, sans doute, l'assister quand il se rend chez le fermier pour opérer la saisie lb. Trésoriers du temple d'Éleusis. Le trésor des deux déesses ne fut pas compris dans la mesure de centralisation prescrite par le décret de Callias. Mais, s'il garda un régime distinct sous l'administration des hiéropes et épistatesn, il n'en était pas moins sous la main des Athéniens. Les épistates et les deux trésoriers étaient pris parmi tous les citoyens d'Athènes 15. Les inventaires étaient faits aussi par les trésoriers des autres dieux 17. Nous possédons un compte de recettes et de dépenses dressé par les épistates et les deux trésoriers du temple". Il ne semble pas que des emprunts aient été faits aux deux déesses pendant la première partie de la guerre du Péloponèse; dans la guerre de Décélie, au contraire, malgré le désir des Athéniens de conserver au culte et au trésor d'Éleusis un caractère panhellénique, ce trésor finit par être dépensé 1'. Trésoriers de Delphes.Nous connaissons assez bien l'administration financière du temple de Delphes, au IX. moins pendant une partie du Ive siècle20. Les revenus du temple sont confiés à la garde du Conseil delphique ; une commission de ce Conseil, les prytanes, est chargée de veiller aux dépenses et aux recettes. De 369 à 339, un conseil international, les naopes, est adjoint aux prytanes ; en 339, s'interpose entre le Conseil et les naopes une autre commission internationale, les trésoriers. Nous possédons l'acte 21 qui constitue le nouveau collège financier, à la session d'automne 339. Il est dit que toutes les cités qui ont des représentants à l'amphictyonie enverront des trésoriers pour chaque pylé; la cité qui négligera de le faire sera exclue de la session et payera une amende de 500 drachmes ; le même trésorier doit être envoyé pendant le temps prescrit, probablement pendant la même pythiade22; la cité qui enverra le même trésorier payera la même amende; à chaque pylé, les trésoriers présenteront leurs comptes devant les Amphictyons. Il est difficile de dire si cette réforme a été amenée par des raisons politiques, si Philippe est intervenu. Les raisons financières suffisent pour tout expliquer. En 339, le trésor de Delphes commence à recevoir l'amende imposée aux Phocidiens, c'est-à-dire 60 talents par an ; il est vrai que cette amende fut vite réduite. La grande nouveauté que réalisent les trésoriers est d'établir l'unité de caisse au moyen d'un bureau international receveur et payeur; jusque-là il y avait plusieurs caisses et, pour les dépenses, on n'indiquait jamais à quelle caisse les fonds avaient été pris. Cependant cet effort vers la centralisation ne fut réalisé que pour les dépenses. 11 semble que le collège des trésoriers n'a duré que trois pythiades et qu'il a disparu en 326. L'oeuvre qu'il avait faite était importante : le temple était reconstruit ; les ruines de la guerre étaient réparées ; des règles nouvelles de comptabilité avaient été mises en pratique, règles qu'adoptèrent les naopes, quand ils recurent les attributions des trésoriers. Trésoriers de Délos. A partir de la fin du Ive siècle, nous possédons de nombreux documents sur l'administration financière de Délos 23. Nous savons qu'il y avait deux trésoriers annuels (lui étaient chargés d'administrer le trésor public, pendant que les hiéropes gouvernaient le trésor sacré, bien autrement important. La situation des trésoriers étai tdonc, en somme, secondaire. Ils règlent les dépenses et les recettes que nous leur voyons attribuées généralement L4. Pour les autres États grecs, les renseignements qui nous sont parvenus se bornent à nous apprendre le plus souvent que le trésorier a donné des fonds pour la célébration d'une fête ou l'érection d'une stèle 25. Nous signalons quelques indications différentes, sans avoir la prétention d'être complets. A Sparte, les trésoriers sont mentionnés avec les magistrats chargés de vendre 6 le butin'. A Andanie, ils ont à s'occuper des comptes, font des versements et sont menacés d'une amende en cas de négligence'. A Tauroménion, ils sont annuels ; ils règlent les revenus et les dépenses de la cité, sauf ce qui relève des attributions des hiéromnémons et des sitophylaques ;. A Corésos, le tamias, avec les probouloi et le héraut, se rend compte du bon état des victimes ; il surveille la distribution des viandes et paye la dépense4. A Calaurie, il est, le magistrat éponyme'. Dans certaines villes, les trésoriers formaient un collège et étaient en fonctions chacun à tour de rôle pendant un moisa. Dans d'autres, il y avait dans ce collège une hiérarchie : tel trésorier est appelé chef ou président 7. Il faut signaler encore les trésoriers qui ont surtout à administrer des biens sacrés Nous trouvons aussi des tamiai dans l'administration municipale de l'f:gypte romaine, probablement dès le ter siècle'. Nous devons enfin dire un mot des trésoriers qui appartenaient à des associations particulières. Il y a là plusieurs faits intéressants à connaître ; la plupart concernent des associations athéniennes. Un thiase loue son trésorier d'avoir fait des frais pour les sacrifices et d'avoir fourni tout de suite l'argent pour ensevelir les membres décédés t0. Les Sotériastes décident que Diodore fils de Socrate, qui a été trésorier quatre fois et qui a rendu toujours de grands services à l'association, recevra tous les ans une couronne en même temps que les prêtres et le chef de l'éranos1l. Les orgéons du Pirée décernent une couronne et une statue à un de leurs membres qui, plus d'une fois, en l'absence du tamias à qui ce soin revenait, a avancé les fonds nécessaires pour la célébration d'une fête 12. Les Dionysiastes du Pirée décernent un éloge et une couronne à Dionysios, qui a été trésorier pendant plusieurs années, prêtre de Dionysos, qui a donné pour les sacrifices que l'association fait tous les mois, des sommes importantes et un lieu de réunion13. Les Iobacchoi 14 décident que les anciennes lois de l'association seront refaites et gravées sur une stèle. D'après ces lois, le trésorier ale quatrième rang parmi les cinq magistrats principaux ; dans les festins, auxquels on invite les dieux, il remplit le personnage d'Aphrodite ; il est chargé de quelques fonctions de police; il est nominé à l'élection et pour deux ans; il doit fournir à ses frais l'huile d'éclairage pour certaines réunions; il choisit, sous sa responsabilité, le secrétaire qu'il veut ; il a droit à la c; ovU r 'r cepsEu'r-rx et est exempt de toute cotisation pendant les deux ans 1'. A Ilaliarte, un synode de chasseurs vote une cou ronne d'or à sou trésorier 16 ; des décrets honorifiques semblables sont décernés à des bienfaiteurs par une association de marchands et de nauclères de Tyr fixés à Athènes 17, par une association fondée en l'honneur de Zeus `T'srto; 18 On connaît enfin des trésoriers pour des particuliers u. TAMIEION (TaµtEiov). Endroit où agit le taenias, où il exerce son métier ou ses fonctions. Car ce tamias peut être un simple intendant ou même un esclave, une tiau(1( comme dans Homère ; il peut être aussi un magistrat d'un rang élevé. Le mot tamieion a ainsi un sens un peu différent, selon qu'il s'applique à l'une où à l'autre de ces catégories de ,rxi( ;. Il faut noter qu'il ne se trouve pas dans Homère et qu'il n'est pas entré, semble-t-il, dans la poésie'. Il a quelquefois un sens très restreint'. Souvent, il a un sens plus étendu : il désigne le grenier, la chambre aux provisions, l'endroit, en un mot, où, ainsi que le dit un grammairien, on garde les choses nécessaires 4 comme provisions de bouche ou comme matériel. Une vieille inscription attique contient un décret qui défendait aux femmes, attachées au service d'Athéna, d'avoir sur l'Acropole un o'ixrux Tau.tElOV sous peine d'une amende de cent drachmes, qui serait payée aux trésoriers de la déesse. Ce lieu de décharge pouvait servir, à l'occasion, pour loger les hôtes, quand ils venaient en grand nombre. Quand Callias reçut Protagoras avec la troupe de disciples qu'il traînait à sa suite, on dut débarrasser pour le loger même la pièce qui servait de tamieion a. Le tamieion était aussi le magasin, l'entrepôt où s'entassaient les provisions, les meubles, les objets de toutes sortes. C'est là souvent le trésor de la maison'. Xénophon veut qu'il soit disposé de façon à ce que le père de famille puisse le voir et le visiter facilement'. Le Ps. Isocrate dit qu'op doit y trouver tout facilement'. Dans le récit que fait Xénophon du complot qui délivra Thèbes de la domination lacédémonienne, nous voyons les conjurés, déguisés en femmes, se rendre chez les polémarques : ils ne sont pas introduits tout de suite ; Phyllidas, qui les conduit, les a laissés dans le tamieion pendant qu'il va demander que les serviteurs quittent la salle du festin et laissent les polémarques seuls; les serviteurs partis, les conjurés entrent et massacrent les polémarques 1Ô. Ici le :r ;Eîov Toû 7ronEN.2pZEf9u paraît être un endroit où étaient enfermées non seulement des provisions, mais aussi des armes. TAP 43 TAP A Syracuse, pendant le siège que les Athéniens firent de cette ville, Nicias avait fait fortifier le Plemmyrion, promontoire qui était situé en face de la ville et qui rétrécit l'entrée du port; il avait établi là un véritable arsenal'. Quand les Syracusains s'en emparèrent, ils y trouvèrent quantité d'argent, de provisions et d'effets appartenant aux marchands ou aux triérarques, des voiles pour quarante trirèmes, toutes sortes d'agrès. De tous ces sens il était facile d'arriver au sens de « trésor public n. C'est ce que fait Thucydide, quand il parle du trésor de la première confédération athénienne, trésor qui était déposé dans l'île de Délos 2. Plutarque dit qu'à Rome, sous la République, les édiles avaient un tamieion où se trouvait une cassette en airain dans laquelle certains traités étaient gardés 3. A l'époque impériale, le fisc est devenu l'iEpwr«Tov T' J.tSiOV. Dans certaines inscriptions funéraires, on menace d'une amende qui sera payée à ce trésor de l'empereur quiconque aura violé la sépulture 4. On voulait être ainsi plus sûr que la menace ferait bon