Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TAXIARCHOI

TAXIARCIIOI (Tx,lapyot). Ces fonctionnaires de l'ordre militaire à Athènes, véritables officiers supérieurs, constituaient avec les stratéges et les hipparques une sorte d'état-major de l'armée athénienne'. Ils commandaient les hoplites sous la direction des stratéges et occupaient après eux le premier rang dans la hiérarchie de l'infanterie. Ils ne paraissent pas d'origine très ancienne, et si nous les trouvons déjà mentionnés dans un passage d'Eschyle, cité par Athénée2, nous ne les rencontrons pour la première fois dans l'exercice de leur commandement que dans les premières années de la guerre du Péloponèse, vers 425 av. J.-C. : nous pouvons donc supposer qu'ils furent institués après le moment où à Athènes le polémarque perdit la direction des affaires militaires, et où le rôle des stratéges devint plus important, tôt après 479 avant J.-C.', ou peut-être quelques années auparavant. En tout cas ils étaient déjà en charge dans la deuxième moitié du vs siècle Ils étaient au nombre de dix5, un par tribu, nommés chaque année à mains levées dans l'i,.x)riefx par tous les Athéniens réunis, dans les formes décrétées par le peuple. Cette nomination avait lieu après la sixième prytanie, dans la première où les présages étaient favorables et pour y procéder il fallait un vote préalable ('7UCi OûaEUp.x) du Conseil °. Ils étaient élus pour commander chacun le bataillon (yuan ou -:tg) formé par sa tribu', et ils n'entraient en fonctions qu'après avoir subi devant un tribunal d'héliastes l'épreuve destinée à établir légalement leur éligibilité (ioxtp,acix). On ne nous dit pas si leur nombre resta toujours le même, ou s'il fut augmenté à l'époque des douze tribus ; mais cela est possible, puisque chaque taxiarque était préposé aux hommes de sa tribu. Ils choisissaient dans leur tribu, probablement le jour où ils étaient nommés, les officiers les premiers en grade après eux, les lochages 2, dont on ne nous dit pas le nombre, et qui étaient leurs subordonnés. Une inscription qui parait remonter au premier tiers du me siècle (270) nous apprend en plus qu'ils formaient une sorte de collège 10, et que le peuple pouvait leur adresser un remerciement collectif à l'expiration de leur mandat: ils étaient donc parfois solidaires les uns des autres. A la fin de leur année de commandement, s'ils s'étaient bien acquittés de leurs devoirs, TAX ils avaient quelque chance de monter en grade et d'être nommés stratéges 1l, mais souvent le peuple, sans tenir compte de leurs services et des droits acquis, leur préférait le premier citoyen venu. Ils portaient une chlamyde d'un rouge éclatant, et leur casque était orné de trois aigrettes 12. Leur armure ne devait pas différer beaucoup de celle des simples hoplites. Leurs fonctions ne paraissent pas avoir été restreintes au commandement de leurs hommes. Ils aidaient les stratéges dans tout ce qui concernait les hoplites " (enrôlement, organisation, répartition). Avec eux et dès leur entrée en charge ils faisaient dresser chacun dans sa tribu la liste (xxTx).oyoç) des éphèbes arrivés à l'âge de porter les armes et aptes à être incorporés comme hoplites ; ils révisaient les listes précédentes comprenant tous les citoyens de 18 à 60 ans, classées par années d'après les noms des archontes éponymes, et les tenaient à jour avec les démarques en radiant les indignes et ceux que la mort ou une condamnation avaient frappés ". Ils s'occupaient probablement eux-mêmes avec les lochages de l'instruction militaire des contingents" et, quand le peuple l'avait ordonné, procédaient avec les stratéges aux levées de troupes1G (7Tp .TEiat iv Toïç E7rwvup.otç et ivµ Eet) d'après les listes de chacune des tribus. Ils arrêtaient les noms de ceux qui devaient partir 17, et les faisaient afficher publiquement au pied des statues des éponymes, où chacun pouvait en prendre connaissance. Ils faisaient en outre annoncer par un héraut le but de l'expédition et pour combien de jours (généralement trois) chaque soldat devait se pourvoir de vivres "S. Le jour du départ venu, ils faisaient l'appel13 et notaient les noms des absents20, qui après la campagne étaient l'objet de poursuites judiciaires (ypxpai âaTpxTElx;). C'était à eux, ou aux stratéges, qu'ils suppléaient souvent21 comme parèdres ou assesseurs, que revenait l'enquête sur les délits militaires commis par les hoplites. Ils convoquaient et présidaient les tribunaux chargés de prononcer dans ces cas, et qui étaient composés de juges spéciaux choisis parmi les compagnons d'armes des délinquants". En campagne, à côté des mille détails du commandement, ils s'occupaient aussi quelquefois de l'alimentation de leurs troupes 20, ils pouvaient être appelés par les stratéges à partager la responsabilité des opérations en faisant partie des conseils de guerre 2`. En temps de paix, nous les voyons remplir certaines fonctions publiques. C'est ainsi qu'un décret de 357 ou 353" nous les montre assistant les stratéges et les prytanes dans un inventaire d'objets et d'armes déposés à la Chalco TEC i!k TEC thèque. Souvent ils sont chargés, soit seuls soit avec d'autres fonctionnaires, de prêter au nom de l'État serment de fidélité dans les conventions qui engageaient Athènes avec les peuples alliés'. D'autre part, dans les grandes fêtes de la cité (Panathénées,Dionysies, etc.) 2, ils prenaient rang dans le cortège des processions solennelles, où ils figuraient avec les stratéges et les hipparques, probablement à la tête de leurs bataillons, qui rehaussaient ainsi par leur présence l'éclat et la solennité du défilé. Nous ne savons pas exactement le rôle qu'ils avaient à remplir dans ces fêtes en dehors de la procession, qu'ils devaient évidemment organiser et diriger à côté des démarques mais nous pouvons supposer qu'ils veillaient aussi à l'accomplissement de certains rites religieux et de certains sacrifices, puisqu'un décret leur concède une part des chairs des victimes immolées aux grandes Panathénées'. En dehors d'Athènes nous trouvons très souvent dans les auteurs la mention, à côté des lochages, d'officiers supérieurs portant aussi le nom de taxiarques, et commandant soit des troupes nationales, soit des mercenaires au service de différents États grecs °. Le nom de taxiarque était devenu un terme courant; Aristote le place dans l'énumération qu'il fait des fonctionnaires d'ordre supérieur nécessaires à la bonne administration d'une cité' ; mais nous ignorons ce qu'ils avaient de commun avec les taxiarques athéniens, comment ils étaient nommés, et pour combien de temps, quel était leur nombre et en quoi consistaient au juste leurs fonctions en dehors du commandement des troupes d'infanterie. Tl semble bien qu'à Sparte, malgré un passage d'Hérodote', il n'y eut jamais de taxiarque, et que l'officier qui lui correspondait en grade était le lochage °, qui prenait rang immédiatement après le polémarque. Par contre, des taxiarques sont mentionnés dans une inscription d'une cité, peut-être de l'île d'Eubée10. Ils formaient un collège d'au moins cinq membres, dont nous ne savons rien, sinon qu'il était chargé, lui aussi, avec d'autres magistrats de prêter serment au nom de l'État dans une convention avec Athènes. ADRIEN KREBS.