Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TECTORIUM

T ECTO NInUE. Dans les murs faits de matériaux de petite dimension et de qualité médiocre, les anciens masquaient les imperfections de la construc tion par des enduits de stuc [PARIES, STRUCTURA] 3. Ces stucs, blancs ou peints, unis ou à relief, constituent en particulier le revêtement décoratif des édifices privés'. La technique du stucage semble avoir peu varié: les exemplaires retrouvés à Priène 5, à Théra6, à Délos', à Pompéi s confirment les indications fournies par les écrivains Nous prendrons comme type ceux de Délos qui, très nombreux, ont été l'objet de minutieuses études 10. Le stuc est fait de chaux et de marbre soigneusement pilé". 11 n'est pas appliqué directement sur le mur es, mais forme une couche superficielle de O In. 002 à 0 m. 005 d'épaisseur, qui repose sur une ou plusieurs couches de mortier 13. Le mortier de la première couche est fait de chaux et de calcaire grossièrement concassé ; on y ajoute souvent des tessons de poterie broyés, ce qui lui donne une couleur rougeâtre. 55 1 TEC Les autres couches sont d'un grain de plus en plus fin, le calcaire employé étant plus soigneusement broyé'. Le mortier est appliqué sur le mur au moyen de la rer l'adhérence des couches de mortier, on enfonce de place en place des tessons d'assez grande taille 3, ou bien on trace sur le mortier des stries, soit dans le même sens', soit en feuilles de fougère 5. Lorsqu'on veut renouveler la décoration, on applique de nouveaux enduits sur les anciens 6 ; pour assurer l'adhérence du nouveau revêtement, on peut piqueter l'ancien à coups de marteau'. Une fois posé, l'enduit est soigneusement aplani au moyen d'un outil qui ressemble à la taloche de maçon, mais dont le plateau est plus petit'. Tantôt les stucs restent blancs, tantôt ils sont peints. Le seul procédé usité à Délos est la fresque °. On peut parfois reconnaître les traces laissées en creux par le pinceau dans l'enduit encore frais, sibienquele dessin reste visible après la disparition des couleurs 10. Dans les scènes à person nages,les figures se détachent sur un fond de cou leur foncée : tan tôt le peintre a réservé, en po sant la teinte du fond, les sil houettes des personnages" ; tantôt il a, sur le fond entièrement peint, tracé une esquisse en traits blancs et appli qué ensuite des rehauts de cou leurs vives 12. A e Pompéi, la pres décorations mu rales est peinte à fresque ; les peintures à la colle ou à la détrempe sont rares, celles à l'encaustique inconnues 13. De bonne heure, les Grecs connurent les stucs peints. On en a retrouvé à Santorin, en Crète, à. Phylakopi, TEC à Mycènes, à Tirynthe [PICTuRA]; mais les fragments, dont les uns portent de simples ornements, les autres de véritables tableaux, nous renseignent insuffisamment sur le système décoratif : la partie inférieure de la muraille est occupée, semble-t-il, par un socle de 0 m. GO à 0 m. 80 environ de haut, divisé en bandes horizontales; la partie haute recoit une teinte uniforme ou un décor plus ou moins riche, partagé sans doute en plusieurs panneaux". Nous connaissons moins encore les stucs de l'époque classique : le luxe croissant de la décoration murale est attesté par de nombreux textes"; mais qu'étaient au juste ces peintures, celles par exemple dont le peintre Agatharcos décorait la maison d'Alcibiade et qui exigeaient plus de trois mois de travail16? L'époque hellénistique, en revanche, nous offre une série de peintures dont les éléments, toujours semblables et semblablement disposés, constituent un véritable système décoratif. Né peut-être en Égypte 1i, ce style se retrouve dans tout le monde grec, à Délos, à Théra, à Priène, à Pergame., à Magnésie du Méandre'°, en Macédoines, dans la Russie méridionale, en Sicile 20. Le principe en est « l'imitation de la construction en marbre, ou plus exactement encore du mur extérieur d'un édifice construit en marbre, avec toutes les variantes qu'y comportent, à l'époque hellénistique, l'ordonnance et l'aspect des divers éléments » 21. Aux quatre parties essentielles du mur PARIES] correspondent les grandes divisions de la décoration (fig. 675b) : une plinthe (A), des lambris (B), panneaux rectangulaires correspondant aux orthostates, un bandeau étroit (C), qui rappelle la tablette, souvent en saillie et encadré de deux moulures22, enfin plusieurs assises de panneaux rectangulaires (D), semblables aux moellons d'une construction isodome 23. Tantôt les stucs imitent un mur plan, les joints étant indiqués par des incisions tracées àla pointe sur l'enduit frais29; tantôt, selon un type fréquent à l'époque hellénistique [STRUCTURA], l'appareil est à refends et bossages ; les bossages sont ou bien simulés par des lignes incisées 2° ou des traits de couleur 2G, ou bien exécutés réellement en léger relief27. La décoration se termine par un bandeau (E) que surmonte une moulure (F)20. La partie haute du mur reste le plus souvent lisse (G); parfois sur la moulure terminale reposent des pilastres portant un entablement 23 L'effet décoratif est rehaussé par les couleurs, blanc, TEC 56 TEC noir, rouge, jaune, rarement vert et bleu. Pour M. Mau, les stucs polychromes imitent les plaques de marbre de différentes couleurs dont on revêtait les murs des maisons riches'. De fait certains panneaux sont décorés de mouchetures et de veines, qui veulent imiter le marbre ; mais cette imitation est exceptionnelle, réservée aux décorations les plus somptueuses. Les teintes plates ne dérivent pas du placage : ainsi le blanc D ' reproduit le mur même de marbre massif, le C rouge rappelle l'usage d'après lequell'intérieur ces édifices était fré quemment revêtu d'un enduit de cette couleur'. La peinture s'est développée indépendamment du type architectonique. Il serait presque impossible sans cela d'expli quer l'emploi de la peinture àsujets, non seulement dans l'entablement 4, mais encore sur le bandeau médian : aux motifs géométriques, comme les méandres 3, s'ajoutent des guirlandes de feuillages et de fleurs des scènes à personnages, Eros', guerriers combattants 8, etc. Chez les Romains. Les Romains ont usé d'abord des enduits les plus simples : Caton recommande de crépir les murs (delutare) avec de la terre blanche ou rouge, imprégnée d'écume d'huile et mêlée de paille hachée °. C'est sous l'influence des Grecs que les maisons vont être décorées plus richement, que les murs vont se couvrir de plaques de marbre 10 ou de stucs peints. La décoration gréco-romaine, dérivée directement de la décoration hellénistique, est représentée surtout à Pompéi ", où M. Mau a pu, par un classement méthodique, suivre l'évolution du système décoratif 12. Dans le premier style pompéien, le principe du décor reste le même qu'à Délos et les formes les plus simples ne sont encore qu'une imitation de la construction de marbre avec ortbostates, bandeau étroit" et assises isodomes. Peu à peu la décoration évolue. Tandis quela polychromie se complique" et que l'imitation du marbre gagne toutes les parties du mur, excluant même parfois les teintes plates 15, les décorateurs de Pompéi oublient l'origine architectonique de la décoration stuquée et traitent chaque élément pour lui-même, sans se soucier des justes proportions observées parles Grecs (fig. 6756). La plinthe (A) gagne en hauteur et prend autant d'importance que les autres assises '6, si bien qu'on retrace au ras du sol comme une première plinthe (fig. 6757, A') et qu'on intercale un bandeau saillant entre la plinthe et les orthostates ". Le bandeau médian devient de plus en plus étroit et arrive à n'être qu'une moulure (C) 'g. D'autres moulures alourdissent la décoration : encadrements autour des panneaux 19, listels séparant les assises isodomes20, corniches répétées plusieurs fois dans la partie haute 21. Enfin des pilastres adossés à la muraille divisent la décoration en sections verticales 22 (fig. 6757). Le second style diffère du premier par l'élimination d'un des éléments, le relief. Ce n'est pas que l'on renonce à imiter l'architecture, à reproduire les bossages, les moulures, les colonnes ou les pilastres, mais c'est la peinture seule, qui, appliquée à une surface plane, est appelée à donner, par le jeu des lumières et des ombres, l'illusion du relief23. Les grandes divisions de la muraille restent les mêmes. Le socle comprend le plus souvent des panneaux imitant le marbre et des piédestaux, qui semblent faire une forte saillie et qui portent les colonnes. La partie médiane est divisée verticalement par des colonnes ou des pilastres qu'unissent parfois des guirlandes de feuillage et de fleurs (fig. 6758)2. Le panneau est TEC -57 TEC traité souvent selon les principes du premier style : dans une maison', une salle semble s'ouvrir entre deux pilastres, et les trois murs, vus en perspective, présentent la succession habituelle d'assises à bossages. La l'assise de couverture, gagne en importance; de véritables tableaux occupent le panneau central du mura [PICTURA, DOMUS, fig. 2516, 2517]. Les pilastres ou colonnes portent un entablement au-dessus duquel on aperçoit un plafond à soffites3, et, au-dessus, des statues, des vases, de légers édicules se détachent sur le cie14. Peu à peu les souvenirs du premier style s'effacent : les motifs d'architecture se multiplient et se compliquent; sous la décoration qui les recouvre, les cloisons semblent s'évanouir ; les salles s'agrandissent indéfiniment par de fausses perspectives et par les baies feintes du mur'' apparaît le paysage extérieur 6. Une peinture comme celle que reproduit la figure 6759 est le triomphe du trompe-l'oeil. De plus en plus, la décoration s'éloigne de ses origines et par conséquent de la réalité. On finit par traiter les fausses architectures, non plus comme l'incitation de constructions véritables, mais comme des motifs purement décoratifs'. Le troisième style pompéien use des éléments qu'il a reçus des précédents comme de simples ornements que le décorateur peut combiner au gré de sa fantaisie, sans souci de la logique. Seul subsiste le principe des grandes divisions horizontales. Le socle conserve encore assez souvent la simplicité des anciens styles' ; ailleurs il est, lui aussi, envahi par les orne peinture à sujets, qui n'apparaissait d'abord que sur IX monts 10. Au-dessus du socle, court une frise étroite, TEC 58 -TEC décorée de motifs ornementaux ', de paysages 2, de natures mortes 3. Le champ principal, divisé en panneaux verticaux, est la partie essentielle de la décoration. Le centre en est occupé par une sorte de pavillon qui rappelle le second style : c'est la place d'honneur que l'on réserve à la grande peinture 4. Sur le fond monochrome des autres panneaux se détachent d'autres pein turcs, motifs décoratifs [Dodos, fig. 2526], personnages, danseuses, amours évoluant dans l'espace petits sujets imitant des tableaux de chevalet suspendus à la muraille 6. Les panneaux sont séparés non seulement par des pilastres, mais aussi par des candélabres', par de simples ornements, guirlandes ou arabesques 3. Audessus des panneaux, une frise étroite reçoit la même décoration que celle du bas'. Enfin la partie supérieure porte les statues, les vases, les édicules d'une légèreté invraisemblable, qui sont un legs du second style 10. L'ornementation, dans le troisième style, est d'abord assez sobre et ne manque pas d'élégance [Doms, fig. '2525]; mais peu à peu le décorateur perd tout contact avec la réalité. Les formes, ne sont plus que les jeux d'une imagination déréglée ; ce sont les monstres, dont s'indigne Vitruve qui « nec sunt, nec ,reri possunt, nec fuerunt » ". On comprend que cette accumulation de figures bizarres ail été condamnée par des médecins comme capable de provoquer des cauchemars 12. A la décoration peinte, il faut joindre la décoration en relief". Elle est appliquée parfois aux murs, mais sur tout aux plafonds et aux voûtes [LACUNAR, FORNIX, CAMARA]. On y voit des ornements, des scènes à personnages, des paysages analogues à ceux des peintures. Pes échantillons de cette décoration en relief ont été retrouvés à Rome (fig. 6760), à Pompéi [FOBNIx, fig. 3233] : les plus beaux proviennent de la maison de la Farnésine et sont conservés au musée des Thermes A. JARDL. TECTU31. Téyoç', Spopo;, ôpop71 2. Aucune des toi tures antiques n'a été conservée jusqu'à nos jours3. Aussi ne pouvons-nous les étudier qu'indirectement, grâce aux représentations figurées, aux données techniques des écrivains 4 ou des inscriptions ', aux traces laissées sur la maçonnerie par la charpente 6, aux combles analogues des plus anciennes basiliques chrétiennes. Faute de documents suffisants, nous devons recourir trop souvent au pur raisonnement et à l'hypothèse. 1. GRÈCE. Le monde grec a connu de tout temps un double système de couverture, le toit en terrasse et le toit en bâtière. 1° Le toit en terrasse. Caractéristique des pays chauds et secs, il se rencontre dans tout le bassin méditerranéen, surtout dans les régions où s'accuse le climat désertique. La maison égyptienne se termine par une terrasse faite de troncs de palmier qui reposent sur les murs et sur des colonnes intérieures, lorsque la portée est trop longue'. Ce mode de couverture se retrouve à TEC 9 TEC l'époque ptolémaïque : à Magdola, les murs portent des poutrelles non équarries, sur lesquelles on a disposé des tiges de chaume liées en faisceaux par des cordes en fibres de palmier'. Comme celles d'Égypte, les maisons de Babylone ont une terrasse en stipes de palmier 2. La maison lycienne, dont la charpente peut se restituer facilement d'après les tombeaux rupestres 3, est couverte de même : sur un cadre, que forment deux pannes et des traverses, reposent des rondins juxtaposés et encadrés par deux poutres qui empêchent tout déplacement latéral ; au-dessus, trois poutres, superposées en encorbellement, forment un haut rebord et maintiennent la couche de terre étendue sur les rondins (fig. 6761). Les mêmes dispositions se retrouvent dans les charpentes et les terrasses des palais perses s. Les Grecs eux aussi usent des toits en terrasse. Les maisons crétoises ressemblent tout à fait en cela aux maisons égyptiennes e. Le niegaron mycénien se termine sans doute de même ; la couverture, formée d'une épaisse et pesante couche de terre, exige de solides soutiens: ainsi s'expliqueraient les formes de l'architecture dorique primitive, « les puissantes dimensions de l'entablement, ses madriers énormes, ses poutres géantes et la robustesse de ses supports trapus'. » Au vie siècle, le toit du palais du vase François [ANTAE, fig. 327] est figuré par une ligne courbe, où nous verrions plus volontiers une terrasse légèrement convexe qu'un toit à double versant 0. L'époque classique connaît elle aussi les terrasses". A Amorgos, les fermiers de Zeus Téménitès s'engagent à tenir en bon état les enduits imperméables qui recouvrent le toit "; il s'agit évidemment de terrasses analogues à celles que l'on rencontre aujourd'hui dans tous les villages des Cyclades'2. Le petit temple de Theia Basileia, dans l'île de Théra, a une toiture plate, faite de dalles qui reposent sur les murs et sur trois traverses en pierre 13. 2' Le toit en béitière. Le toit en terrasse présente des inconvénients ; la couche de terre qui le recouvre le rend très pesant ; de plus, pour peu que tombe la pluie, elle détériore les enduits et nécessite un entretien continuel. On devait donc peu à peu l'abandonner et le reinplacer par le toit en bâtière ou à double versant. Celui-ci s'est particulièrement développé, s'il n'y est pas né, dans les régions montagneuses d'Asie Mineure, où le climat est plus humide et où les forêts fournissent abondamment les bois de charpente. En Lycie, le toit à double versant n'est d'abord qu'une adjonction, peut être temporaire, à la terrasse, une sorte de tente qui la protège des intempéries et qui permet ainsi de diminuer l'épaisseur de la couche de terre. Puis la terrasse est remplacée par un simple plafond, le toit devient fixe et l'espace compris entre le plafond et la couverture peut être utilisé comme grenier La toiture lycienne ainsi constituée repose généralement sur une charpente en carène, dont la section dessine un arc en tiers-point (fig. 6762) n, La Paphlagonie le ou la Phrygie" nous fournissent le modèle du toit formé de deux plans, encadrant un pignon triangulaire. Qu'il soit venu d'Asie Mineure, ou qu'il soit né simultanément dans les régions montagneuses et forestières de la Grèce d'Europe, le toit en bâtière apparaît très tôt chez les Grecs et s'y répand vite. Les poèmes homériques connaissent les pièces de charpente qui s'appuient l'une contre l'autre et que le scholiaste compare à la lettre A ". L'Héraion d'Olympie, tout proche du mégaron, a déjà un toit à double versant et une couverture en tuiles ; désormais le fronton triangulaire sera un des éléments caractéristiques du temple. De même nombreux sont les exemples de maisons privées avec toit en bâtière (fig. 6763)19. Le toit à double versant suppose presque toujours 20 une charpente, . 6)i o tç2i,''ûamua 22. L'étude des bois de Auer Are....elir,ejws.A.AorAwairrard,rieigruAreracule.-erenree-• construction a déjà été faite [LIGNA, MATERIA], de même que celle du travail du bois 2 [SECURIS, DOLABRA, ASCIA, Nous nous attacherons seulement à l'établissement des combles. Le plus simple est celui où les madriers portent directe.. ment sur les murs. Du pignon à l'autre d'une maison, du fronton à l'autre d'un temple, courent d'abord au sommet une panne faîtière ((t.É)rrOpov 3, 6E)ri; x2u.7rd),) 4), puis en échelon, à différents niveaux, des pannes courantes (cEa( pannes sont fixés les che l'extrémité inférieure repose sur le mur latéral. C'est le parti adopté à l'Lrechtheion 8, au temple de Poseidon à Poestum (fig. 6764) 9. C'est sans doute aussi le type le plus fréquent pour les maisons: des tombeaux phrygiens ou paphlagoniens ont un plafond qui reproduit un toit avec la poutre faîtière, les pannes et les chevrons10. Lorsque la portée est trop grande, il faut nécessairement assurer au faîtage des appuis. Ce rôle peut être joué par des piliers ou des colonnes, alignés suivant l'axe du bâtiment''. On peut croire d'ailleurs que la colonnade intérieure n'a pas été dressée seulement pour soutenir la charpente, mais plutôt pour embellir l'édifice t3. Faute de sup ports directs, on doit établir une ferme. Celle de la Skeuothèque du Pirée, minutieusement décrite dans le devis 13, nous servira d'exemple (fig. 6765)". Sur les piliers intérieurs reposent dans le sens longitudinal des architraves (É7rte7:i),ta U)tva, 1. 46) dont chacune embrasse deux entre-colonnements. Transversalement, des entraits (N.ECdp.vat, 1. i8)15 ayant les mêmes dimensions. Ce grillage solide porte la charpente de la toiture. Le poids de la panne faîtière (xopuuai , 1. 49) est reporté sur les entraits par l'intermédiaire d'une fourrure une extrémité sur la panne faîtière, à l'autre sur le mur extérieur et en leur milieu sur l'architrave. On peut restituer selon ce type la charpente des temples", comme celui de Poseidon à Poestum (fig. 6766)17, ou celui de la Concorde à Agrigente 18. Nous pouvons dégager de ces exemples les principes de la charpente grecque. Elle s'oppose à nos fermes modernes, « où l'entrait est tendu par l'effort d'écarte TEC 61 TEC ment de deux arbalétriers et soulagé en son milieu par le poinçon » 1. Ici tout l'effort se traduit par des poussées verticales: la panne faîtière pèse sur la fourrure, qui transmet cette pesée à l'entrait. C'est « un empilage pur et simple, une véritable maçonnerie de bois » 2. Comme l'entrait est lourdement chargé en son milieu, il doit avoir des dimensions considérables : à la Skeuothèque, où la galerie n'a que 20 pieds, l'équarrissage de l'entrait, comme celui des architraves, est de 2 pieds 1/4 sur 2 pieds 1/2 (0 m. 67 sur 0 m. 75) s. C'était là une sérieuse difficulté : un grand édifice risquait de ne pas recevoir de toiture, faute de bois de charpente assez gros La charpente est tantôt apparentes, tantôt masquée par le plafond. Dans ce second cas, on a, entre le plafond et le toit, des combles qui peuvent servir de greniers ou de magasins; on y accède par des escaliers et on y circule d'autant plus facilement que la charpente ne comporte aucune pièce oblique, comme les contre-fiches. Pour assurer la conservation de la charpente, on enduit les bois de poix Sur les chevrons repose la plate-forme de la toiture. Le devis de la Skeuothèque nous en fournira encore le modèle (1. 55-58). La plate-forme est constituée par un double platelage en pièces de bois croisées ; le premier est fait de madriers (iu.xv-rn5) posés horizontalement et distants les uns des autres, le second de voliges (rxauu.u.x7x) moins épaisses, assemblées à joint et clouées sur les madriers suivant la pente du toit On utilise souvent pour le voligeage des tiges de roseaux (;t),xu.'ôeç) s. Les tuiles peuvent être fixées directement sur le platelage au moyen de crochets et de clous2 ; le plus souvent, comme il est prescrit dans le devis de la Skeuothèque (1. 58-9), on étend (iopoûv) sur le voligeage un enduit qui a le double avantage de retenir les tuiles et d'empêcher l'échauffement des charpentes". La couverture est faite de tuiles, xipauoç [TEGULA, rICLINUM opus]. M. Benndorf a démontré, par l'examen des charpentes lyciennes d'autrefois et d'aujourd'hui, que les toits en terre cuite dérivent d'un prototype en bois ". La couverture des maisons lyciennes est constituée par des voliges clouées sur des chevrons ; deux gros madriers, fixés au bord des deux pentes du toit, maintiennent par leur poids le comble sur la terrasse qui le supporte ; à la crête, un troisième madrier, échancré par en dessous suivant l'angle des deux versants, recouvre le joint laissé par la rencontre des voliges. Cette toiture primitive reçoit peu à peu des perfectionnements '2. Sur les versants du toit, les joints entre les voliges sont recouverts par des pièces de bois ; celles-ci empêchent l'eau de pénétrer, assurent la cohésion du voligeage et permettent ainsi de supprimer les madriers latéraux. On facilite l'écoulement des eaux en donnant aux voliges un profil légèrement concave, aux pièces couvre-joints un profil convexe. Les pièces couvre-joints viennent s'encastrer dans le madrier supérieur, creusé à intervalles réguliers pour les recevoir. Enfin on complète la décoration en clouant, à l'extrémité du madrier supérieur et des pièces couvre-joints, des planchettes arrondies et débordantun peu par en haut. Que l'on traduise en terre cuite ces éléments de bois, et l'on aura les plus anciennes toitures grecques, par exemple celles de l'Héraion ou du trésor de Géla d'Olympie 13. Au sommet du toit, rappelant le gros madrier de la crête, les tuiles faîtières ont la forme d'énormes demi-cylindres, sous lesquels pénètrent les tuiles supérieures de chaque versant 14. A chaque extrémité, la tuile faîtière se relève et se termine par un disque concave de grand diamètre" : c'est le souvenir de la planchette clouée au bout du madrier, et c'est là l'origine des acrotères [ACIIOTERIA] 16. Le toit est fait de larges tuiles légèrement concaves (xipau.oç, xspxu.(,), réunies deux à deux par des tuiles rondes couvre-joints (v.a)xus:7rlpsç) ". C'est l'analogue des voliges et des pièces de bois qui en recouvraient les joints. Enfin, au bord inférieur du toit, le dernier couvre-joint est décoré d'un ornement en saillie, l'antéfixe [ANTEFIXA], qui, comme l'acrotère, rappelle la planchette clouée au bout des couvre-joints de bois 's. La couverture ne variera plus, du moins dans ses dis TEC 62TEC positions essentielles. Que les matériaux changent et que les tuiles de marbre' remplacent, dans les grands édifices, les tuiles de terre cuite, 2 qu'il s'agisse des temples ou des maisons privées 3, on a presque toujours les mêmes éléments, tuiles plates, couvrejoints et tuiles faîtières fig. 6767 et 6763)'. Le seul progrès notable fut de remplacer les énormes demi-cylindres, qui, dans les anciens édifices,constituaient les tuiles faîtières, par des tuiles doubles en forme de selle G. A ces tuiles doubles correspondent des couvre-joints doubles, ayant la même forme de selles Sur les versants du toit, les tuiles purent être construites de telle sorte qu'on pût se passer de couvre-joints 7 : on avait ainsi un second type de toiture dont toutes les pièces, sauf les tuiles faîtières, étaient semblables s. L'office du toit en bâtière est d'assurer l'écoulement facile des eaux. Les tuiles de bordure (iYeti.6vaç) 9 peuvent aboutir à un chéneau fait de pièces distinctesf0, ou bien elles peuvent faire corps avec le chéneau et porter elles-mêmes les gargouilles qui projettent l'eau au dehors". Plus compliquées sont les tuiles qui se trou vent en bordure des rampants du fronton (xspxuiceç rrp tsr(ô1ç) f2. Au temple C de Sélinonte, la tuile se relève par son bord externe pour faire corniche et se creuse en arrière en un chéneau qui aboutit aux gargouilles ménagées aux deux angles du fronton" Tantôt le chéneau fait tout le tour de l'édifice, tantôt les longs côtés ont un chéneau différent de celui du fronton ". Le toit n'a pas de lucarne qui en accidente la silhouette. Les combles peuvent être éclairés au moyen de tuiles évidées à jour (ô7raiat)'5. 3° Autres formes de toiture. A côté des toits en terrasse et des toits en bûtière, les Grecs ont eu recours exceptionnellement à d'autres combles. Les portiques ont le plus souvent des toits en appentis, dont les chevrons reposent par une extrémité sur le mur de fond, par l'autre sur l'entablement de la colonnade i6. Pourtant lorsqu'ils sont divisés longitudinalement pal' une colonnade ou un mur intérieur, ils peuvent être couverts d'un toit en bâtière 17. La charpente devient plus complexe et plus difficile à restituer lorsque les dimensions de l'édifice donnent des portées de plus en phis longues ou lorsque l'architecte renonce à la simplicité du plan rectangulaire. Couvrir une salle de 54 mètres sur 51, comme le Télesterion d'Éleusis, était un problème difficile : il fallait de nombreuses colonnes ('t2 à l'époque impériale) pour supporter le plafond du premier étage, et celui-ci était à son tour couvert d'un toit avec lanterneau (ô7x ov)18 dont la charpente nous reste inconnues. De même les édifices de même plan que le portique d'Antigone à Délos, longue galerie flanquée d'ailes en saillie, nécessitaient une charpente compliquée pour raccorder les différents plans inclinés de la toiture. Nous ne savons pas comment étaient couverts les édifices ronds de l'époque Ce au TEC -63TEC préhellénique, et nous ne sommes guère mieux renseignés sur ceux de l'époque classique. Le monument de Lysicrate, dont le toit est fait d'une seule plaque de marbre nous montre bien la disposition imbriquée des tuiles, mais ne nous apprend rien sur la charpente. Au Philippeion d'Olympie, le faîte du toit était surmonté d'un pavot de bronze qui reliait entre eux les chevrons A la Tholos d'Épidaure, MM. Lecllat et Defrasse supposent un toit ouvert en son milieu et présentant deux pentes, l'une vers l'extérieur, l'autre vers l'intérieur de l'édifice 2. Les charpentes sur plan octogonal devaient ressembler aux charpentes sur plan circulaire : le toit de la Tour des Vents a la forme d'une pyramide à huit pans; il est fait de dalles en forme de trapèze, sculptées en fausses tuiles, qui ne nous renseignent pas sur ce qu'aurait pu être un comble de bois. Dans la plupart des cas, le plus sage est d'avouer notre ignorance. II. ITALIE. Les climats de même type font naître les mêmes besoins, exercent la même influence sur l'habitation humaine. D'autre part la technique du bois, le jeu des forces qui agissent sur les pièces des combles imposent au charpentier de tous pays des procédés et des partis analogues 3. INous ne nous étonnerons pas de retrouver en Italie les mêmes toitures qu'en Grèce. Cependant les charpentes étrusques et romaines ont des traits originaux. Les toits débordent en larges auvents, qui nous rappellent les précautions prises contre la pluie ou même la neige; la toiture ouverte de l'atrium donne aux habitations privées un caractère local très accusé. Même dans les grands édifices publics, imités de l'architecture grecque, les procédés se perfectionnent et laissent apparaître les principes de la construction moderne. 1° Les habitations privées. La chaumière italiote primitive, que nous représentent les urnes cinéraires de terre cuite, est une hutte ronde à toit conique de chaume et de roseaux'. La couverture est supportée par un poteau central; c'est, comme ceux qui constituent l'ossature du mur circulaire, un simple tronc d'arbre, non équarri, qui laisse voir au-dessus du toit l'amorce des grosses branches sectionnées. Ailleurs une branche recourbée en anse de panier est fixée aux deux extrémités d'un diamètre; d'autres branches, en quarts de cercle, s'appuient sur cet axe et sont liées deux à deux au sommet; l'ensemble a une forme analogue à celle d'une coque de bateau 6 (fig. 6769). A côté de la hutte ronde 6, nous trouvons très anciennement la maison sur plan rectangulaire [DOnlus]. Le toit en est à deux versants (tectum pectenatum) ou à quatre (tectum testudinatum) a ; il déborde de toutes parts et forme autour de la maison un large auvent (subgrunda 9, subgrundatio 10 subgrundium "). Le toit à deux rampants repose sur une charpente analogue sans doute à celle des Grecs, avec une panne faîtière et des pannes courantes, et, en cas de besoin, des entraits portants 12. type ne fut jamais abandonné : un bas-relief trouvé laeFucin repré sente une ville dont toutes les maisons ont des toits en bittière 13. Le toit à quatre versants est plus rare 1'° ; nous n'en connaissons pas exactement la charpente. Très tôt le toit fut percé au sommet d'une ouverture et prit la forme d'un tronc de pyramide, dont chaque arête est marquée par une poutre (fig. 6770) 15 Pour gagner du terrain en supprimant les auvents et pour éviter la dispersion des eaux de pluie, on va, tout en maintenant l'ouverture centrale, renverser les pentes du toit et incliner les quatre versants vers l'intérieur : c'est l'atriums 6 [ATRIUM, CeVUN1 AEDIUM]. Le plus caractéristi que est le cavaedium tuscanicum17. Deux poutres (trabes) portent sur les murs selon la plus grande largeur de la pièce; deux traverses (interpensiva) les croisent : la rencontre des quatre pièces dessine un carré laissé à ciel TEC ouvert, le compluvium. Des arêtiers (deliciae ou delle quiae') joignent les angles du compluvium aux angles des murs. Enfin les chevrons (asseres), dirigés tous vers l'intérieur, posent d'une part sur les murs, de l'autre sur le réseau des poutres et poutrelles [cm ual AEDIUM, g. 127012711. La couverture était faite primitivement de chaume; on y substitua des bardeaux de bois (scandulae)2. Le toit de terre cuite comprend, comme en Grèce, des tuiles plates (tegulae) et des tuiles couvre-joints (imbrices) 3. Sur les arêtiers, on pose des tuiles spéciales (tegulae colliciares 4 qui permettent le raccord des deux plans de la toiture et servent de chéneaux. L'atrium reste la pièce essentielle de la maison romaine, surtout lorsque celle-ci peut sans inconvénients se développer en longueur. Dans les villes, où l'exiguïté du terrain oblige à élever étage sur étage, les toitures doivent être modifiées: les maisons de rapport de Rouie se terminaient par des toits en bâtière ou par des ter 2° Les monuments publics. Les grands édifices nécessitent des toitures plus savantes. Pour couvrir de vastes espaces, les architectes romains usent volontiers de la voûte : en ce cas la voûte constitue elle-même la toiture'. Les Romains, toujours soucieux de simplifier le travail et de s'en tenir aux constructions indispensables STRUCTURA], n'ont pas cru devoir, comme nos architectes du moyen âge, superposer à la voûte un comble et un toit. Tantôt, comme aux Thermes de Caracalla, la maçonnerie de la voûte est arasée en plate-forme et constitue une terrasse que recouvre une mosaïque de marbres colorés ; tantôt le massif affecte l'aspect d'un toit en biitière et reçoit une couverture en tuiles, comme un comble en charpente 8. Lorsqu'ils n'usent pas de la voûte, les Romains éta J E bussent des toits à double versant, supportés par une charpente (materiatio9, contignatio 10). Comme pour la voûte, ils imitent dans la charpente les procédés des architectes étrusques ". Le comble des temples toscans, TEC tel qu'on le retrouvait à home dans celui du Capitole [cAPITOLlual], est décrit par Vitruve 12. Le grillage qui porte la charpente est constitué par des poutres dont les unes (trabes compactiles) portent sur les colonnes, les antes, et dont les autres (mutuli) reposent sur les murs des trois cellae et croisent les premières. Le poids du faîtage est transmis aux trabes compactiles par un support massif (tympanum) de bois ou de pierre analogue à l'ünde. u.a des charpentes grecques. Les chevrons (cantlterii) portent la plate-forme de la toiture, constituée par des madriers horizontaux (templa) et des planches de voligeage. Le trait caractéristique est la forte saillie du toit, qui forme en façade un auvent : le fronton repose en encorbellement sur les extrémités des mutuli, qui dépassent de beaucoup l'aplomb des colonnes. La charpente étrusque est établie selon les mêmes principes que la charpente grecque : les Romains vont y apporter de notables perfect ionnements. Les charpentes nous sont connues surtout par le traité de Vitruve 1J. Si les portées sont faibles, on a simplement un faîtage (columen) et des chevrons (cantherii). Si la portée est plus grande, la ferme se compose d'un faîtage, d'en traits (transira) et d'arbalétriers (capreoli). Sur les chevrons on cloue des madriers horizontaux (templa) qui supportent les voliges (asseyes) 14. O11 peut se faire une idée de la charpente romaine d'après les combles des plus anciennes églises de Rome 15, comme la basilique du Vatican (fig. 6771) 16 : là les fermes sont groupées deux à deux avec un poinçon intermédiaire 17 ; elles se composent d'entraits et d'arbalétriers, sans pièces obliques 18, les arbalétriers étant simplement maintenus par un second entrait qui les saisit vers le milieu. D'autres fermes, comme celle du Panthéon (fig. 6772) 18, rappellent nos toits en brisis. La charpente romaine nous apparaît ainsi comme plus savante que la charpente grecque ; elle n'est plus une simple u maçonnerie de bois », elle annonce la construction moderne en inaugurant la ferme TEG -65TEG à tirant, « où le poids de la toiture est converti par les arbalétriers en un effort de tension, que les tirants annulent 1 u. Une autre innovation consiste dans l'emploi du métal. Les fermes de la Basilique Ulpia, du portique du Panthéon, des Thermes de Caracalla sont en bronze2. La charpente métallique n'est d'ailleurs qu'une traduction de la charpente en bois : les pièces du Panthéon, faites de trois feuilles de bronze reliées par des broches, jouent le même rôle que des poutres creuses 3. La couverture romaine ne diffère pas sensiblement de la grecque. Le toit est couvert de tuiles de terre cuite [TEGULA] ou de marbre', avec le même agencement des tuiles plates et des couvre-joints [ANTEFIXA, fig. 3311]. On se servait aussi de tuiles en métal, comme celles de bronze doré qui recouvraient le Panthéon °. A. JARDL. bois, qui, en Grèce comme en Italie, recouvrait la maison primitive, succède le toit en terre cuite [TECTUsI]. On attribuait l'invention des tuiles à Kinyras, roi de Chypre, dont le nom était étroitement associé aux débuts de l'industrie céramique comme à ceux de l'industrie métallurgique 1. Vers le vie siècle, dans les pays où le marbre abonde, on remplace les tuiles de terre cuite par des tuiles de marbre, dont l'inventeur fut, disait-on, Byzès de Naxos'. Les Romains ont employé aussi de bonne heure les tuiles de métal [TECTUSI, CAPITOLIUM]. La fabrication des tuiles a été étudiée [FIGLINUM OPUS] 3. L'industrie n'en était pas spécialisée : le même ouvrier (xEaxuE(q , fi gulus) modelait indifféremment des briques, des tuiles, des vases ; on trouve toutefois le mot tegularius appliqué spécialement à celui qui fabrique des tuiles'. En Grèce comme à Rome, les tuiles portent souvent des marques de fabrique imprimées en creux dans l'argile encore fraîche °. Les tuiles de marbre sont faites à l'imitation de celles de terre cuite : lorsque la forme ou la décoration en est plus compliquée, on fournit au marbrier des modèles établis en bois'. Les tuiles varient de dimensions et de forme : on distingue les tuiles des faîtages et des arêtiers, les tuiles IX. plates courantes (xipxu.oç, xepxu.:ç, tegula), les tuiles couvre-joints (xx3,urr7 , imbrex) [TECTUM]. Les Grecs em termes qui indiquent une forme spéciale et non un lieu de fabrication'. Quel que soit le sens à attacher à ces mots [TECTUSI, p. 62], il faut noter que la tuile de Corinthe vaut deux fois plus que la tuile de Laconie. A Éleusis, la première coûte par unités oboles prise à Corinthe,1 drachme prise à Athènes ; la se conde par paire A, oboles'. A Délos, la tuile se vend par paire de Ii à 6 oboles `°. A Delphes 10 et à Épidaure l', les prix sont plus élevés, sans doute à cause des frais de transport : la paire de tuiles coûte 2 et 3 drachmes. Pour le transport par mer, on paie de Syros à Délos 1 obole par paire S2, de Corinthe à Éleusis moins d'un quart d'obole par pièce 13. Les transports par terre sont plus coûteux : d'Athènes à Éleusis, on paie environ 2 oboles 1/2 par pièce 14. Les salaires des couvreurs sont variables : à Délos, nous voyons payer 2 oboles 1/2 la pose d'une paire de tuiles ; une autre fois l'ouvrier revoit 5 drachmes pour remettre 45 tuiles 15. Les tuiles peuvent servir à d'autres usages qu'à couvrir les maisons. On les dispose dans les tombeaux pour recevoir et recouvrir le cadavre. Les grandes tuiles plates s'agencent trois par trois pour former un abri de section triangulaire (fig. 6773) ;lestuiles concaves forment comme un cercueil de section ovale (fig. 6774)16; on fit enfin en TEL 66 TEL terre cuite le cercueil lui-même (fig. 6775) [sEPULCRUM]. On a signalé aussi la tuile comme matière propre à recevoir l'écriture [LIBER] ; mais il s'agit moins de tuiles entières que de fragments, de tessons de terre cuite' TEGULALUUS [TEGULA].