Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TRESSIS

TRESSIS. Pièce de bronze de trois as, mise en circulation seulement sous la République romaine, au vie siècle av. J.-C., à l'époque du système triental, c'est-à-dire de l'as pesant 4 onces pondérales (109 gr. 15) ; le tressis, qu'on appelle plus ordinairement tripondius, pèse 327 gr. 45, c'est-à-dire le poids de l'ancien as Iibral [As] 1. E. B. plusieurs collèges de trois magistrats ou commissaires, soit extraordinaires soit ordinaires. Dans la première catégorie on connaît : I. 1° Les tres viii ntensarii. 20 Les tresviri sacris perquirendis donisque persignandis. 3° Les triumviri acdibus reficien II. Les triumviri agris dandis adsignandis et coloniae deducendae, chargés sous la République à la fois de fonder une colonie et d'assigner les terres aux colons'. Ils ont la mission de constituer la ville nouvelle, de lui donner sa loi, d'y faire le premier cens, d'en nommer les premiers prêtres, les premiers sénateurs ; ils en sont les patrons, eux et leurs descendants 2. Les triumvirs créés par la loi Sempronia de 133, annuels et renouvelables, ne furent pas chargés d'établir des colonies, mais seulement d'assigner des terres et de juger les litiges; dépouillés de cette dernière compétence en 129, ils furent supprimés par la loi noria de 119 ou de 118 III. Les triumviri legendi senatus, sénateurs tirés au sort sur une liste de dix et adjoints plusieurs fois à Auguste comme auxiliaires pour réviser la liste du Sénat' ; et les triumviri ou decemviri necognoscendi turmas equitum, sénateurs adjoints également à Auguste pour l'inspection et la révision de l'ordre équestre s IV. Les triumviri rei publicae constituendae. Le premier triumvirat de César, de Pompée et de Crassus, en 60, n'avait pas été une institution officielle. C'est seulement le second triumvirat, formé entre Octave, Antoine et Lépide à l'entrevue de Bologne, qui reçut une forme légale et constitua une sorte de dictature, analogue à celles de Sylla et de César, le 27 novembre 43, en vertu de la loi proposée par le tribun P. Titius ". Si ce triumvirat fut théoriquement un pouvoir constituant extraordinaire, en fait, oeuvre de la force et non du droit, il représenta une véritable tyrannie qui échappe à toute définition. Les triumvirs, égaux entre eux, collègues', pourvus de la puissance proconsulaire, telle que l'avait eue Césars, obtenaient pour cinq ans des pouvoirs illimités, entre autres le droit de conférer eux-mêmes les magistratures, de faire des décrets sans la confirmation du Sénat ni du peuple, de se partager les provinces f0, de mettre leur effigie sur les monnaies ". Ils exercent en outre la juridiction criminelle, sans limite, sans appel au peuple; ils ordonnent les proscriptions qui accordent pour chaque tête aux hommes libres 25000 deniers, aux esclaves 10000 avec la liberté et le droit de cité, et qui amènent la mort de plus de 300 sénateurs et de 2000 chevaliers [PRoscnlrTio] i2 ; ils lèvent des impôts extraordinaires [TRIBUTUst], fondent des colonies pour leurs vétérans [coLoNIA, p. 1316-1347], nomment les TrIE 413 magistrats et les décurions dans les villes de droit romain. Octave ne parait pas avoir encore nommé de praefectus urbi, car c'est plutôt comme son homme de confiance qu'avec un mandat officiel que Mécène surveille et gouverne Rome'. Lépide eut d'abord la Narbonnaise et l'Espagne citérieure, Antoine les deux Gaules, Octave l'Afrique, la Sicile et la Sardaigne; l'Italie et l'Orient restaient indivis. Après la bataille de Philippes, en 42, Octave prit l'Espagne et la Numidie, Antoine la Gaule et l'Afrique; la Cisalpine fut probablement alors incorporée à l'Italie, tout en gardant une situation spéciale2; Lépide fut exclu provisoirement du partage. Après la guerre de Pérouse, en 40, la paix de Brindes donne à Antoine l'Orient avec la direction de la guerre contre les Parthes, à Octave l'Occident avec la guerre contre Sextus Pompée, à Lépide l'Afrique 3. En 39 la paix de Misène, qui donne à Pompée la Sicile, la Sardaigne, la Corse et la Grèce, ne modifie pas la situation légale du triumvirat. Il devait finir en 38. Il y eut alors une lacune d'au moins six mois, pendant laquelle les triumvirs n'eurent même pas de titre légal. A l'entrevue de Tarente, une entente amiable, qui ne paraît pas avoir été sanctionnée par un plébiscite établit une prorogation pour cinq ans, c'est-à-dire probablement, en laissant de côté l'année 37, jusqu'à la fin de l'année 32 5. L'itération du triumvirat n'est indiquée ni sur les monnaies ni sur les inscriptions d'Antoine, qui garde le titre de triumvir jusqu'à sa mort, malgré sa destitution par le peuple en 32 ; mais Octave mentionne l'itération dans ses titres'. Ce régime est profondément modifié après la défaite de Pompée, en 36, lorsque Lépide est obligé de déposer ses pouvoirs en ne gardant que le grand pontificat 8, et qu'Octave reçoit l'inviolabilité et la puissance tribunicienne à vie °. Le triumvirat paraît avoir duré théoriquement onze ans, mais postérieurement Auguste ne parle que de dix ans, en dissimulant la lacune de l'année 37 el, en y mettant fictivement le début de l'itération 10. On ne sait pas exactement sous quelle forme Octave a exercé le pouvoir depuis la début de 32 ou de 31 jusqu'à la déposition de ses pouvoirs extraordinaires en 27". Il avait déjàle consulat, la puissance tribunitienne à vie, le titre de princeps senatus, le titre d'imperator décerné par le Sénat en '29, date que plusieurs auteurs anciens considèrent comme le début de la monarchie 12. Il se peut qu'il ait gardé en outre le titre de triumvir. En 28 il abolit les TPE Dans la deuxième catégorie on trouve deux des six collèges des vigintisexviri [MAGISTBATUS MIN0HES]. 1. Les tresviri, triumviri capitales f4, ou nocturni'°, quelquefois simplement tresviri. Créés entre 290 et28716, ils ont d'abord été nommés probablement parle préteur urbain, comme auxiliaires ; puis, soumisà l'élection populaire d'après une loi Papiria entre 242 et 124, ils deviennent alors magistrats; portés à quatre par César'', ils sont ramenés à trois par Auguste. Ils sont les aides des grands magistrats dans les fonctions judiciaires, avec l'assistance de viateurs [VIAT05]. 1° Justice criminelle. Les triumvirs capitales tirent leur nom de l'exécution des condamnations capitales auxquelles ils procèdent en personne, dans la prison, par strangulation, pour les personnes de qualité et les femmes 18, hors de la prison par la main du bourreau 15, et ils ont la surveillance des prisonniers. En second lieu, établis au Forum, à la colonne Maenia, prèsde la prison da Tullianum°0, sans avoir de juridiction criminelle propre, ils reçoivent les dénonciations des crimes, procèdent à une première instruction, ordonnent la détention préventive, qui peut durer longtemps, même indéfiniment21 Ils exercent aussi véritablement, quoique d'une façon insuffisante, la police de Rome en assurant le maintien de l'ordre, en faisant des rondes de nuit, en établissant des postes de gardes aux époques de troubles et de crises 22 avec l'assistance des quinqueviri cis Tiberim [MAGISTBATUS D11iyOBES, p. 1340], en arrêtant et en frappant de peines corporelles les esclaves fugitifs, les malfaiteurs de bas étage probablement en tenant des listes des gens dangereux24, en aidant les consuls, les tribuns, les édiles dans les incendies et dans d'autres cas 23, en surveillant lés pratiques extérieures des cultes de concert avec les édiles20, Sous Domitien ils brûlent sur le Forum des livres condamnés d'Arulenus Rustieus et d'Ilerennius Senecio 27. 2° Justice civile.-Ils jugent les contestations relatives àl'obligation d'être juré"; ils recouvrent et versent au trésor les sacran-lenta perdus dans les procès civils 29. Jusqu'à l'époque où cette compétence passe aux quaestioues, ils reçoivent et jugent, en matière d'usure et peut-être d'autres délits analogues30, la plainte populaire, intentée par manus injectio et dont la peine est la resti tution au quadruple31 [QUADBUPLATOB]. Les triumvirs subsistent encore au u° siècle de l'Empire31, mais leurs attributions ont dû passer de TRR -414TRI lI. Les tresviri, triuinviri n'onciales', ainsi appelés du nom du temple de Juno Ilonela [DIONETA, fig. 5107], où était l'atelier monétaire2, ou surtout, depuis Auguste, tresviri a(ere) a(rgento) a(uro) f(lando) f(eriundo) (III. VIR. A. A. A. F. F. 3. On ne connaît pas exactement la date de leur créations. Le premier triumvir connu avec ce titre est un peu antérieur à 100 av. J.-C.6; mais le texte de Pomponius6 donne environ la date de 289 av. J.-C.; d'autre part, dès 250 apparaissent dans le champ des pièces d'argent et de bronze, à côté du type principal, des marques, lettres, symboles, monogrammes 7 qui indiquent des magistrats responsables; il a donc pu y avoir à une date assez reculée des monétaires, d'abord irréguliers, chargés de délégations temporaires et en nombre variable. Leur fonction primitive parait avoir été', avant l'introduction de la monnaie d'argent, de fondre et d'affiner les lingots d'or et d'argent qui provenaient des mines et des monnaies étrangères et constituaient la réserve du trésor'; c'est ainsi que s'explique le mot auro dans leur titre avant la frappe de la monnaie d'or qui ne commence qu'avec Sylla. Nous ne savons pas au juste quand les monétaires ont constitué une magistrature régulière de trois membres ; à partir de 217 environ, leur nom est plus clairement indiqué, d'abord avec des initiales, puis tout entier, et ils introduisent des types nouveaux, des allusions à leurs noms, à leurs souvenirs de famille, des différents spéciaux. On a les noms de plus de 400 monétaires pour la République. C'est probablement à la fin du 41° siècle av. J.-C. qu'ils ont constitué une magistrature régulière de trois membres. En 54 apparaît le titre du triumvir sur les monnaies à la suite de son nomf0. Cette fonction est gérée d'abord après ", puis avant la questure, à laquelle elle est étroitement liée. Les monétaires, élus pour deux ans, ont la surveillance et la responsabilité de la fabrication des monnaies qu'ils livrent, soit aux questeurs, soit aux particuliers, en échange de lingots'$. Sous la direction de l'un d'entre eux, chef du collège par roulement, ils se partagent probablement la besogne; aussi est-ce par exception qu'une pièce porte les noms des trois collègues; des collèges entiers, qui n'ont vraisemblablement eu qu'à fondre des lingots, ne figurent Suraucune pièce13. La partie technique des opérations paraît appartenir à une compagnie d'entrepreneurs' 1. En 44, César porte le nombre des triumvirs à quatre ; Auguste le ramène à trois entre 32 et 20, probablement en 2713. Les noms des triumvirs disparaissent vers 10 ou 12 av. J.-C. sur les pièces d'or et d'argent dont la frappe passe à l'empereur ; ils se maintiennent pendant quelques années, jusque vers 3 av. J.-C., sur la monnaie de bronze sénatoriale16. Surveillés sans doute par l'exaclor auri argenti aeris" [EXACTOR], ils dirigent alors le monnayage sénatorial du bronze, et probablement encore le monnayage impérial, jusqu'à la création des procurulores nionetae à l'époque de Trajan " a ; c'est ce qui explique l'importance conservée jusqu'à Septime.Sévère par cette magistrature, la seule du vigintivirat que gèrent les patriciens". Elle subsiste, mais de plus en plus diminuée, jusque sous Gallien 20, et disparaît peut-être sous Aurélien [110NETAIl11, p. 1983]. On trouve aussi des tresviri dans les magistratures ptov, qui sont synonymes, désignent un manteau grossier, qui peut être considéré comme une variété de 1'/timation [PALLtonIJ 1. Ce n'est que tardivement, par exemple chez les scoliastes', qu'il prend le sens général de vêtement usé, en lambeaux (pixoç) 3. Aux ve et au ive siècles, il s'applique toujours à un vêtement bien déterminé'. L'usage du tribdn apparaît d'abord à Sparte 5 et en Crète 6. Dans les deux pays, dont on connaît la similitude d'institutions en ce qui concerne l'éducation, c'était le seul vêtement donné aux jeunes gens. D'après Plutarque', à l'âge de douze ans le jeune Spartiate abandonnait le chiton pour ne plus porter que le tribon, été comme hiver 8. Cette remise en honneur du vieux manteau, introduit sans doute avec l'invasion dorienne se rattache aux réformes attribuées à Lycurgue : antérieurement les modes ioniennes avaient certainement exercé leur influence à Sparte 10 ; une évolution dont TRI nous ignorons les détails, un réveil de l'esprit dorien les refoulèrent plus tôt qu'ailleurs. Le tribon pénètre à Athènes dans les années qui suivent les guerres médiques, à l'époque où l'on abandonne le vêtement ionien pour adopter la IJE-ptx ?e6,jc, le vêtement plus austère des Doriens'. Toutefois il n'y fut jamais d'un usage général. C'est le vêtement dorien ordinaire, le chiton court comme vêtement de dessous et l'himation comme vêtement de dessus, l'un et l'autre en étoffe de laine 2, qu'adoptent l'ensemble des citoyens PALLIUM]. Le tribon, manteau plus particulier à Sparte, n'était porté que par certaines classes d'individus. Sans doute était-il en faveur auprès des jeunes gens, qui affectaient d'imiter les moeurs spartiates, et qu'on appelait les ) xuiv(ov-E;3. En tout cas, c'était surtout le vêtement des plus humbles citoyens, et il était regardé comme un signe de pauvreté Il est mentionné dans ce sens par les auteurs en même temps que la modeste chaussure nommée 7 , et opposé à la y)axv(ç ou yÀxïvx6, variété plus Fig. 7013. Le tribôn. riche de l'himation Il est porté aussi par les esclaves 8. Si les héliastes et les membres de l'Assemblée en apparaissent revêtus, notamment dans plusieurs passages des Guêpes , ce n'est pas qu'il constituât leur vêtement traditionnel, comme l'indique un scoliaste 10, mais c'est que le tribunal, ainsi que l'Assemblée, était surtout composé de pauvres gens. Philohléon, qui est un bourgeois aisé, le porte sans doute par affectation démocratique et pour imiter ses collègues moins fortunés; son fils a grand'peine à lui faire accepter un vêtement qui convienne mieux à sa situation '. Enfin les philosophes, en particulier les stoïciens et les cyniques, adoptèrent le tribon comme une preuve d'austérité. C'est probablement Socrate12 qui inaugura cet usage, bien que Diogène Laërce en face honneur à Antisthène le cynique13. Le tribon devint bientôt le vêtement habituel des philosophes, et le signe auquel on les reconnaissait. Pour cette raison, peut-être est-il possible de le reconnaître dans le manteau porté par une statue de philosophe assis, au Musée du Louvre (fig. 7043) 14. Cette mode continua sous les empereurs romains 1'. Le tribon était en usage, avons-nous dit, chez les citoyens pauvres, mais les artisans, qui devaient avoir les mouvements libres, portaient, de préférence à ce man teau tin peu gênant, l'€;mp.(ç (/trô,v €-EOOUâeyx),oÇ), serré par une ceinture et découvrant le bras droit et une partie de la poitrine 16 [TUNICA]. Le tribon n'était pas non plus usité comme vêtement de guerre, quoi qu'on en ait dit17, si ce n'est peut-être chez les Spartiates18. Il ne nous est pas toujours aisé de distinguer le tribon de l'himation ordinaire. D'ailleurs iN.â'rtov est un terme général, qui est souvent employé pour désigner un authentique tribon 19. Il est à peine utile de relever l'erreur d'un scoliaste d'Aristophane, qui en fait un long vêtement à manches et à xdn;to;20. Il est certain que le tribon ressemblait beaucoup aux autres manteaux. Il y a pourtant des différences non moins certaines. La principale concerne l'étoffe 21. C'est également ce qui distinguait surtout, à l'époque homérique, les deux manteaux appelés »,xr.vce et (Gabo;22. Le tribon était fait, comme tous les vêtements doriens, d'une étoffe de laine, mais particulièrement rude et grossière. C'est ce qu'exprime l'adjectif oxû),oç qui, dans les textes, accompagne le mot ,rEr.e 0v23 ou qui, joint à tuz-tov21, en fait un synonyme de -p(eoly. L'étoffe du tribon devait correspondre à peu près à ce qu'est aujourd'hui la bure par rapport aux « lainages » de nos tailleurs. On comprend que les pauvres aient adopté ce vêtement à bon marché, et que les laconisants ou les philosophes l'aient revêtu en témoignage d'austérité. D'autre part, l'himation était habituellement porté pardessus le chiton ; le chiton etl'himation réunis formaient le vêtement « de ville » des Athéniens. W. Müller a certainement tort de soutenir que les Athéniens, depuis les guerres médiques jusqu'à la fin du ve siècle, portaient l'himation seul et que le chiton avait complètement disparu26. Il n'a d'ailleurs pas été suivi. Si les Athéniens sortaient parfois «/(-coveç, c'est-à-dire avec l'himation seul [PALLIUM], c'était par exception, ou cette tenueétait considérée comme négligée26. Au contraire le tribon se portait toujours sans tunique. Des textes nombreux le prouvent". D'ailleurs Athènes l'avait emprunté à Sparte, où, comme on l'a vu, les jeunes gens le portaient sans vêtement de dessous. C'était donc à la fois un Ev4a et un ciôn 1µa, et on pourrait lui appliquer ce qu'llésychius La forme et la manière de le porter pouvaient aussi différencier le tribon de l'himation ordinaire, mais nous n'avons pas à ce sujet de témoignages certains. Les mêmes verbes qui expriment l'action de revêtir un himation sont employés pour le tribon 2°. Un passage d'Aristophane 3° semble indiquer une façon spéciale de porter ce manteau. Bdél.)kléon force son père à revêtir une chlaina au lieu de son tribon et il ajoute : TRI porte [ta chlaina] à la façon d'un tribon («vx~x),oû TLIôu,vtxôiç). Mais ce peut être une simple plaisanterie, ou bien TEtgo,vtxt;,ÿ peut désigner le port du tribon sans tunique, contrairement à ce qui était l'usage pour la chlaina. On admet généralement que le tribon était plus court que l'himation ordinaire. Quelques textes, en particulier l'expression Êpxjel'at i.e o),«f appliquée chez Platon au vêtement des laconisants, semblent autoriser cette opinion 1. Mais rien n'est formel. Quant à la N.otp(« Éc9r,c des Lacédémoniens, que mentionne Thucydide (I, 6, 4), cette expression générale désigne plutôt le luxe moins grand dans les vêtements ou leur nombre moins considérable2. Les auteurs anciens signalent souvent tin tribon double (Tp(tov ctaÀoûç) 3, ce qui a fait supposer qu'il existait deux sortes de tribons : l'un plus court, l'autre plus long. Mais on ne nous parle jamais de tribon simple, comme Homère de chlaina simple (âa),oi; /).xivx), et de chlaina double (z)xivx (i'ta) ou ô(rXz) t. On pourrait donc admettre que le tribon était un vêtement assez long qui pouvait soit se porter tel quel, soit se replier et donner ainsi deux épaisseurs d'étoffe (ce qui semble avoir été l'usage chez les philosophes)". On comprendrait ainsi que le même tribon se portât été comme hiver 6 (au lieu que les gens aisés adoptèrent assez tôt des vêtements différents pour la saison froide et la saison chaude). La même explication peut, en certains cas au moins, s'appliquer à la chlaina homérique 7. Studniczka a supposé que le tribon dérivait de l'ancienne z,xïvx, de la La chlaina homérique, étant portée sur un chiton, est rarement agrafées ; il en est de même de l'himation [PALLIUM]. 11 est possible que le tribon, qui constituait l'unique vêtement de ceux qui le portaient, ait été retenu par une agrafe. Certains textes prouvent qu'il en était ainsi quelquefois70. Mais on ne peut décider si, comme pour la chlamys, cet usage était constant. Le tribon était, d'après les textes, un vètement masculin. J. Boehlau", s'appuyant sur des textes de lexicographes récents qui donnent au mot Tp(Gu,v le sens de vêtement usé, et sur une inscription f2, prétend que le tribon, même à l'époque classique, était porté aussi par les femmes. Dans l'inscription citée, il s'agit de vêtements offerts par des femmes à Artémis Brauronia. Les 'ri.tilwvtx mentionnés L 22, n'étant pas accompagnés de l'épithète «virai«, seraient des vêtements féminins. Cependant, dans cette inscription comme dans les autres labulae curatorunl Brauronii, les vêtements qui peuvent être soit féminins soit masculins, tels que l'himation, sont qualifiés de ^iuvxtxcïov ou d'«vôpe%ov selon les cas. On ne peut donc en conclure que l'absence d'épithète indique ici un vêtement féminin. D'ailleurs cette hypothèse ne semble pas avoir été adoptée. chine à dépiquer le grain 3. Elle se compose d'une simple planche, dont la face inférieure est munie de silex ou de morceaux de fer t; l'appareil est traîné par des bêtes de somme, le conducteur se tient debout sur la planche pour augmenter par son poids la force d'écrasement de la machine ; à défaut du conducteur, on charge la planche d'un objet pesant. Un appareil analogue mais plus compliqué est le plostellum punicum, qui consiste en rouleaux renforcés de petites roues dentées'. Tandis que les Romains usaient de plusieurs méthodes, battage au fléau, broyage par les machines, foulage sur l'aire par le bétail, les Grecs ne connurent longtemps que ce dernier procédé : le Tpfeo),o; 6 fut importé sans doute d'Italie. Aujourd'hui le même appareil est usité dans tout le bassin méditerranéen 7: c'est le nôrag des Égyptiens 8, la çox«vx des Grecs ; le plostellullt punicum se retrouverait dans des machines comme celles de Syrie, où un châssis bas encadre deux ou trois rouleaux parallèles et renforcés de cercles de fer 10. A. JAHDI. TRiBULUS (Tp:ôo)ioç). L'arme que les Romains appelaient tribulus avait été empruntée aux Grecs; ce terme n'est pas, en effet, le même que le précédent, c'est la transcription du grec T((oo),o; '. Polybe semble en avoir fait déjà mention sous ce nom et Nicias en avoir fait usage au siège de Syracuse 3. Les descriptions que donnent Végète 1 et Procope ° permettent de comprendre pourquoi cet engin semble avoir été appelé : le « trois pointes ». Il était formé de quatre pointes en fer, l'une des pointes servant de manette; elles étaient soudées ensemble de façon que, lorsqu'on jetait le tribulus, en quelque position qu'il retombât sur le sol, trois s'y implantaient, tandis que la quatrième restait dressée, transperçant qui eùt voulu passer par-dessus. De quelque manière qu'on le retourne, le tribulus garde toujours une pointe en l'air, trois en terre. On peut reconnaître cet engin dans des instruments qu'on voit dans diverses collections : les quatre pointes, généralement pyramidantes, partent le plus souvent TITI 1117 TRI d'un petit globe plein avec lequel elles sont fondues (fig. 7044)1. L'engin rappelle ainsi ces coquillages globulaires armés de dards : aussi comprend-on que les Romains les aient désignés sous le nom de murices aussi bien que sous celui de tribuli 2 ; mais il faut les distinguer avec soin des stimuli, pieux aiguisés et munis de crocs qu'on dissimule en terre comme nos chausse trapes [STDIULL"s] 3. Les tribuli se se maient, au contraire, à la surface du sol, soit pour défendre les abords d'une place4, soit pour arrêter une charge de cavalerie '. C'est seulement à l'époque byzantine qu'on semble en avoir fait de véritables machines de guerre avec des pointes longues de b coudées On parait aussi avoir donné le nom de tribuli à des gaffes en croc employées dans la marine 7, à des dents de fer dont on entourait les tombes pour les protéger s, et aux mollettes à pointes dont on garnissait parfois les mors de chevaux [11RENU11I 9, A. REINACII.