Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article VICTORIA

VICTORIA (Nbxr,). La déesse de la Victoire est une abstraction personnifiée ; par suite, comme presque toutes les divinités d'un caractère abstrait, elle ne reçut que tardivement un culte distinct. A l'époque homérique on ne connaît pas encore la déesse Nikè ; mais on considère la victoire comme un don des grands dieux, en particulier de Zeus'. Jusqu'à la fin du paganisme il y aura des dieux Nicèphores, dispensateurs de la victoire. Pour la même raison la Victoire n'a pas de personnalité mythique ; le mythe de Nikè se réduit à une simple filia VIC tion. Selon la Théogonie d'Hésiode, elle est fille du Titan Pallas et de l'Océanide Styx ; elle est donc sœur de Bia, Cratos et Zélos 2. Ilygin ajoute qu'elle est également soeur des Eaux Vives qui sourdent du sol [FONTES, LAcus] 3, ce qui permet de rattacher son culte primitif à celui des forces victorieuses de la nature4. Denys d'Ilalicarnasse identifie le père de Nikè avec le géant Pallas, fils du roi d'Arcadie Lycaon qui avait élevé Athèna 6. Les deux déesses auraient ainsi grandi ensemble ; et plus tard la puissante Athèna aurait pris Nikè sous sa protection. Mais cette légende, même si elle est d'origine arcadienne, semble inventée tardivement pour expliquer leurs étroits rapports dans les cultes grecs. Enfin des légendes de basse époque et sans valeur mythologique présentent Nikè comme fille de Zeus 6, par confusion avec Athèna, ou comme fille d'Arès 7, pour une raison de pur symbolisme. Dans la poésie grecque et latine, les épithètes trahissent l'indigence du mythe et le vague de la personnalité 6. Titanide 9, Vierge n, Thalamépole ou servante des dieux, Orkiost2 ou gardienne des serments, elle est surtout qualifiée de Dame13 Augustel4 Bienheureuse'", Très-Puissante3G, Glorieuse et qui donne la gloire 17. Les poètes n'ont su la dépeindre qu'avec des boucles noires, de belles chevilles, des ailes et un beau parler 13. Par contre, elle n'a cessé d'inspirer heureusement les artistes: peintres et sculpteurs ont reproduit dans toutes ses applications possibles le motif symbolique et allégorique de la Victoire ; l'art grec et l'art gréco-romain lui doivent quelques-unes de leurs plus nobles et aussi de leurs plus gracieuses créations. 1. NIKL DANS LES CULTES GRECS. Le culte de Nikè se manifeste sous quatre aspects différents. Io Nikè s'identifie avec de grandes divinités poliades ; c'est pourquoi on la qualifie de polyonyme 13. Déjà la grande déesse asiatique des vile et vie siècles, dénommée Kybébé par les gens de Sardes et assimilée par les Ioniens à leur Artémis, déesse ailée qui tient des quadrupèdes ou des volatiles en signe de victoire et de 831 VIC domination sur les animaux, nous apparaît comme une Artémis-Nikè20. La Grande Mère des cités anatoliennes, comme l'Anahita persique et la Mâ cappadocienne, donne le succès dans les combats ; on invoque la Nbetl Mx Éco; L1. Elle conservera dans la religion romaine ses attributions de Dame des Victoires22. Dans la Grèce classique, la Nikè par excellence est Athéna23 ; la déesse des acropoles prend naturellement le caractère d'une Promachos, qui combat au premier rang, et par conséquent d'une Nikaia2•, qui mène'à la victoire [JIINERVA]. Aussi, de toutes les divinités helléniques, selon l'expression du rhéteur Aristide, Athèna est-elle la seule homonyme, et non pas seulement éponyme, de Nikè 26 : « Athèna, ô Nikè souveraine t 26 „ Les Athéniens jurent « par Athèna Nikè, qui vint jadis sur son çhar secourir Zeus contre les Géants 27 ». Ils adorent, en effet, une Athèna Nikè, hypostase de l'Athéna Polias 2a Sur l'Acropole même elle a son autel, son image et son temple. Quand les éphèbes accomplissent leur sacrifice annuel de vaches sur le grand autel d'Athéna Polias, ils en réservent une, et des plus belles, pour l'autel d'Athéna Nikè 29. Son image est une vieille statue de bois (xoanon), ce qui semble prouver un culte fort ancien ; elle tient dans la main droite une grenade, autre témoignage d'archaisme, et de la main gauche un casque30. Son temple de marbre, qui se dresse à l'avant de la colline sacrée, sur le bord d'un bastion, date de l'époque de Périclès 31 : un peu antérieur au Parthénon et aux Propylées, il fut construit vers 450 par l'un des architectes du Parthénon, Callicratès 32 On y consacrait à la déesse des couronnes d'or33, des hydries d'argent34, des vases à parfums35. Dans l'enceinte du temple, une statue d'Athéna, Nikè rappelait la victoire sur les Ambraciotes (425 av. J.-C.) 36 ; on y dédia sans doute aussi la Nikè en bronze commémorant la prise de Sphactérie (même année) 37.Antigone Gonatas y consacra des ex-voto après sa victoire de Lysimachia sur les Gaulois 38. Sous l'Empire, nous connaissons un T. Flavius Alcibiades, prêtre de la Nikè de l'Acropole n. VIC 832 VII: Le culte d'Athèna Nikè ou Athèna Sôteira Nikè 1 se retrouve sur l'acropole de Mégare, où il se distingue également du culte d'Athèna Polias 2, à Érythrées (IIIe siècle avant notre ère) 3, i1, Rhodes (IIIe siècle) 4, et dans l'île de Chypre, où il est associé à celui d'un Ptolémée (après 312) Sous l'influence de la religion ptolémaïque, l'égyptienne Isis s'identifie parfois avec Nikè, dont elle prend le nom ; à Délos, centre du trafic méditerranéen durant les deux siècles qui précèdent l'Empire, on a découvert une dédicace à. Nikè-Isis 6. Dans le Bruttium, à Terina, l'assimilation de la déesse topique et de Nikè semble être d'origine purement agonistique (fig. 7449) 2e Nikè est un attribut de certains dieux, dits Nicèphores s. Sur les monuments figurés, ces dieux portent une statuette de la Victoire, qu'ils semblent tendre comme un don. L'art traduit ainsi cette idée qu'ils apportent avec eux la victoire et qu'elle n'existe pas sans eux. Le premier des Nicéphores est Zeus (fig. 74445) ; on adorait sous cet aspect le Zeus d'Olympie (fig. 4`I24) 1D et le Zeus Amarios de la ligne achéenne (fig. 4198)11. Les dieux étrangers qui furent assimilés à Zeus prirent cette épithète : tels Ammon 12, Sérapis 13, Mên 14 Sabazios "S, le Zeus carien 16, le Baal de Tarse" et les Baals de Syrie (fig. 4203)". On la donnait de même aux rois d'Asie, dieux Épiphanes émanant de Zeus 's. Par contre, Arès Nikèphoros n'apparaît que sur une dédicace pour le salut de Ptolémée Philopator 20. A Byzance, au me siècle avant notre ère, le grand dieu Poseidon se manifeste aussi comme Nicéphore 21. La première des déesses Nicèphores est Athèna (fig 7446) 22; c'est ainsi que Phidias conçut l'Athéna du Parthénon: sur la main droite de la statue chryséléphantine il posa une Victoire d'or (fig. 5068)". Athèna Nikèphoros reparaît à Corinthe", Amphipolis (1Macédoine)25, Itypata(Thessalie)2E, Rhegium (Bruttium)27, Lemnos28, Cnide 29, Pergame 30, Magnésie du Sipyle31, dans la colonie macédonienne de Peltae en Phrygie32 et dans beaucoup d'autres villes d'Asie Mineure 33, et en Égypte 34. A Pergame elle a deux sanctuaires: l'un, sur l'acropole, est l'ancien temple d'Athèna Polias, devenue Athèna Polias Nikèphoros sous le règne d'Attale Ier et en souvenir des victoires pergaméniennes ; l'autre est un temple suburbain, dit Nikèphorion, où l'on célébrait les Nicèphories instituées par ce roi [NII{EPHORIA]. En Syrie et en Cappadoce, elle s'était sans doute substituée à des divinités indigènes35. Parmi les autres déesses Nicèphores, nous connaissons la Nikè attique du ve siècle (sans que l'on puisse toutefois affirmer ici le caractère rituel de cette épithète)", la Déméter d'Henna 37, une Aphrodite archaï que d'Argos dans le temple d'Apollon Lykios36, l'Aphrodite Stratonikis de Smyrne39, l'Artémis Leucophryéné de Magnésie du Méandre 40, L Anaïtis (?) d'Amastris en Paphlagonie51, la Mâ de Comana42, des Tychés syriennes43 et une Sélénaia qui paraît être Isis ". 3° Nikè s'est détachée des grands dieux, mais elle reste dans leur dépendance immédiate. C'est elle qui apporte la victoire, mais ce sont toujours eux qui l'accordent. On implore donc la protection de la déesse Nikè, mais après avoir invoqué les dieux supérieurs dont elle n'est que la servante (Thalamépolos) 45. L'art et la littérature favorisaient ce dédoublement cultuel", déjà connu des mythographes du vile siècle 7. Sur les reliefs et sur les vases peints, nous voyons fréquemment Nikè auprès de Zeus ou d'Athèna, comme leur suivante, leur messagère, leur aurige ou leur prêtresse (fig. 3564, 3778, 4945, 5042, 5051). Sur le fronton occidental du Parthénon, elle conduit le char d'Athèna ; sur la balustrade du temple d'Athèna-Nikè, s'empresse un choeur ailé de Vic VIC 833 VIC toires ; et Périclès fit dresser sur l'acropole dix Victoires d'or, une par tribu'. Bacchylide nous montre dans l'Olympe « Nikè debout à côté de Zeus » 2; les Chevaliers d'Aristophane, invoquant Athèna Poliade, ajoutent : « prends avec toi Nikè » 3. Dans les cultes grecs, c'est surtout à Zeus et à Athèna, principales divinités de la victoire, que Nikè demeure unie. Un oracle de Bakis, relatif à la bataille de Salamine, rapprochait le Kronidès et Potnia Nikè 4. « Zeus et Nikè! » est un cri de ralliement aux armées'. A Olympie, Zeus Katharsios et Nikè possèdent un autel communs ; les monnaies d'Élis, qui portent à la fois l'effigie de la Victoire et celle de Zeus, ou le foudre, ou l'aigle, témoignent également d'un culte commun (fig. 4224) '. Nous trouvons dans Athènes une Nikè Olympia, dont l'épithète indique le rapport avec Zeus ; mais peut-être n'y fut-elle introduite que par Hadrien, en mème temps que les Jeux Olympiques. Les deux divinités figurent ensemble dans un décret des habitants d'Ilion, rendu en faveur d'Antiochus Ier Sôter 0, et dans un décret des habitants de Cos 10, ordonnant des sacrifices Fig. 7447. -Nikè de après une défaite des Gaulois repous Samothrace. se'' de Delphes (279). Elles sont asso ciées sur les monnaies et sans doute aussi dans les cultes d'Agrigente, de Syracuse, de Tarente ", de cités lucaniennes 72 et campaniennes 13 A Tarente, Nikè tient le foudre de Zeus ; dans une ville de Lydie, elle est posée sur l'aigle de Zeus 14. D'autre part, l'association d'Athéna et de la déesse Nikè, se substituant au culte d'une Athèna-Nikè, se manifeste nettement à partir du ive siècle. Alexandre, au cours de ses expéditions, avait coutume d'élever des autels àAthéna et àNikè; en Sogdiane il institue des IVikaia, ou fêtes de la Victoire, comportant des sacrifices en l'honneur d'Athéna'°. Démétrius Poliorcète, sur ses monnaies, réunit Athèna Promachos àla Nikè de Samothrace (fig. 7447)16. Pergame fait place à Nikè auprès de son Athèna Nikèphoros, pour commémorer la grande victoire d'Eumène Ier sur Antiochus ". A Erythrae d'Ionie, vers le même temps, une dédicace aux principales divinités de la ville rapproche Nikè d'Athéna18. La numismatique nous révèle qu'elles Il. sont associées aussi, aux me et ne siècles, dans d'autres cités d'Asie Mineure et dans plusieurs villes de Sicile et de la Grande Grèce i°. Dans la Grèce propre, à Delphes, une statue archaïque de Nikè provient du temple d'Athéna Pronaia 20 ; mais il s'agit probablement d'un simple motif de décoration. A Olympie, Pausanias a noté que la Victoire aptère de Calamis, ex-voto des Mantinéens, se dressait tout à côté d'une Athéna 21. A Élis, César signale dans le temple de Minerve, et devant la statue même de la déesse, une statue de la Victoire ; au lieu de faire face à l'entrée du sanctuaire, elle était tournée vers Minerve22 Après Zeus et Athèna, Nikè fut surtout mise en relations avec Apollon, considéré soit comme Poliade, soit comme Archêgos, soit comme dieu agonistique. Une Nikè archaïque provient de la décoration du temple de Delphes au vie siècle23. On dédie des images de Nikè à l'Apollon de Délos°5. Des Victoires en or et en argent furent consacrées dans le temple d'Apollon Prostatès, à Olbia, pour le salut de la ville et des donateurs 20. Apollon et Nikè figurent ensemble dans des formules de serment'', dans les décrets déjà cités de Cos et d'ilion, datant du me siècle, sur un autel votif d'Olbia 2i, sur des monnaies de Cydonia en Crète 28, de Nicaea Cilbianorum en Lydie 29, de Catane, Messine, Syracuse 30, de cités du Bruttium et de Campanie 3'. En général, dès le ve siècle, l'art grec représente Nikè parmi les divinités familières du cycle d'Apollon 32 (fig. 2364, 5250). Enfin Nikè fut de même associée, pour des raisons diverses, à beaucoup d'autres divinités. Tels sont, parmi les dieux, Arès (rapports d'époque tardive, et qui se sont surtout développés à l'époque romaine, avec le Mars Victor) u ; Asclépios, à Épidaure 34 et en Phénicie, où il s'identifie avec Eshmoun 35 ; Cabeiros à Thessalonique"; les Cabires de Samothrace, identifiés avec les Dioscures (Victoire de Samothrace, érigée dans le sanctuaire des Cabires ; sous le vocable de Mty .)iot Ocoi, ils sont nommés entre Athèna et Nikè dans une dédicace d'Erythrae au me siècle u et couronnés 105 V.EC VIC par Nikè sur une stèle de Larissa, dont le relief représente la théoxénie des Dioscures', fig. 2138 ; Nikè est associée aux Dioscures sur une monnaie de Kibyra, en Phrygie, sur des vases peints et des sarcophages ; Apelle avait peint Alexandre accompagné de Nikè et des Dioscures ); Dionysos (sur un autel d'Olbia6 et sur des monuments choragiques °, fig. 29); Hélios (dans la dédicace d'Erythrae et sur des monnaies de Rhodes) O. Héraclès (dans cette même dédicace, sur les monnaies d'Héracleia du Pont, de Mallos en Cilicie, d'Alinda en Carie 7, sur des monnaies de Sicile et de la Grande Grèce 8; avec Zeus et Apollon, dans une formule de serment' ; sur les monuments figurés, dans les scènes d'apothéose du dieut5, fig. 3778,7146) ; hermès (monnaies de Morgantina en Sicile, vers l'an 400; dédicace d'une Nikè en argent dans le temple d'Hermès Agoraios à Olbia par les agoranomes, « pour le salut de la ville et leur propre salut n 11; cf. le rapprochement de Nikè et d'hermès 12 et surtout le couronnement d'hermès par Nikè sur les monuments figurés) ; Mèn Ouranios Anikètos, en Phrygie et en Pisidie ; Poseidon (dans les cultes de Thèbes au ii' siècle avant notre ère, sur un autel d'Olbia et sur des vases peints '°) ; le Cavalier Thrace, assimilé à Mèn 16 ; des dieux topiques, tels que Taras, fondateur de Tarente (fig. 7448), Gélas à Géla, et les dieux fleuves tauriformes de Sicile et de Campanie, à la fois comme protecteurs des cités et protecteurs des jeux où triomphent les fils de la cité 17. Parmi les déesses associées à Nikè, il faut citer Aphrodite 15 ; Artémis (en Ionie, fig. 393, en Lydie, en Lycie, cri Pamphylie 19; images' de. Nikè dans la décoration de l'Artémision à Dèlos, à pidaure°; bague au type de Nikè dédiée à Apollon et Artémis de Dèlos 21; avec Apollon sur plusieurs monuments figurés21, fig. 377 et ci-dessus p. 833) ; Astartè en Phénicie3; Dèmèter (avec Artémis en Méonie, avec Perséphone en Sicile°t); Hécate, à Stratonicée de Carie2; hièra (statue archaïque de Nikè dans l'hléraion d'Olympie; avec Zeus, sur les vases peints36) ; Hygie (avec Asclèpios à Épidaure); la Grande Mère des Dieux (stèle phrygienne, dédiée à Mètèr Théôn Kasarrneinè; dédicace d'Erylhrae ; cf. Nhtv1 Mestipo6 en Sicile 3); Némésis (sur un ex-voto d'époque romaine 25); la Tychè des villes 29; des déesses topiques, telles que les nymphes Aréthuse à Syracuse, Pélorias à Messine, Camarina, Himéra, Ségesta, Térina (fig. 7419), généralement pour des raisons d'ordre agonistique VIC -83jV1C 40 Nikè est une divinité indépendante, à qui l'on rend un culte particulier dans des temples qui lui sont particulièrement consacrés. A vrai dire, les Grecs n'arrivent qu'avec peine à isoler la déesse Nikè; cette séparation paraît être surtout l'ceuvre de l'époque hellénistique. Sans doute la fréquence d'une Nikè archaïque sur les monnaies d'Élis au vo siècle (fig. 7450) 1, sur celles de Mallos en Cilicie au Ive siècle 2, semble indiquer dans ces villes un culte ancien et tout spécial; peut-être aussi dès le vesiècle, existait-il des sanctuaires de Nikè à Camarina, Catane, Iiimère, Syracuse, et dès le Ive siècle à Larnpsaque (Mysie), à ➢.lethy ponium (Bruttium), à Métaponte 3. Mais le culte de Nikè ne commence à se développer qu'à la fin du Ive siècle, en même temps que celui des rois divinisés ; et il y a corrélation entre les deux faits. Le rôle considérable que prend la déesse dans la numismatique d'Alexandre le Grand, des rois de Macédoine (fig. 6583) 4 et des rois d'Asie (fig 5039, 5738) 5, les images de Nikè couronnant les rois ou érigeant les trophées des rois [TROPAEUM, fig. 7104, 7106, 7110] 6, ainsi que sa brillante figuration dans les pompes royales7, témoignent de l'importance nouvelle de son culte sous l'influence de la royauté. La Victoire est à la fois la cause et la manifestation de toute souveraineté légitime. C'est pourquoi nous la retrouvons sur les monnaies des rois de Bactriane avec la légende O.vtvlo (= Vanainti), qui exprime la Supériorité victorieuse dans la religion iranienne Par les textes nous connaissons l'existence de temples à Ilion, Erv thrae, Cos au nie siècle peut-être dans file de Carpathos, où est signalée la dédicace d'une Nikè à la suite d'un songe 1D, à Tralles vers la fin de la République romaine 11, à Aphrodisias sous l'Empire 12; ces temples sont desservis par des prêtres 13. A l'époque impériale, les images de la Victoire abondent sur les monnaies des cités grecques, surtout en Asie Mineure. Évidemment les temples de ThéaNikè se sont multipliés : au 'temps d'Auguste, Denys d'Halicarnasse constatait l'universalité de son culte f4. Mais on ne saurait détermi ner quelles sont, dans cette diffusion, la part de l'influence purement hellénistique et celle de l'influence romaine. Même dans Athènes, sous la double influence de l'Asie et de Rome, Athèna-Nikè finit par se transformer en simple Nikè. Au temps de Pausanias, on ne la désigne plus que sous le nom de Victoire Aptère" dans les Litres officiels, elle est devenue la Nikè de l'Acropole 1f Ce qui donne à la Nikè grecque son caractère original, c'est qu'elle petit être pacifique et qu'elle protège les individus dans la vie civile, presque autant que dans la vie militaire. Les jeux et les concours [CERTAIINA, GYMNASTICA ARS], Si développés en Grèce, ont créé une Nikè agonistique, dont les manifestations apparaissent nombreuses dans les textes comme sur les monuments figurés; ils comportent des luttes et des exercices de tout genre, où la Victoire a sa part et, prend place souvent comme divinité protectrice (fig. 7451) m. Le théâtre et la musique [cuonus, DITRYRAMBLS, T1lEATRU➢i, TRIPUS] fournissent aussi des occasions fréquentes de cérémonies et de divertissements auxquels préside une Nikè pacifique (fig. 7452; cf. fig. 1331, 2429) 13. VIC 836 VIC Même les corporations, les métiers ont leur émulation et leurs récompenses, que l'art traduit plastiquement par des figures de Nikès, venant distribuer aux ouvriers des encouragements et de glorieux emblèmes (fig. 3011). Dans ce double rôle pacifique et guerrier, la déesse symbolise et résume toute la civilisation hellénique. d'une déesse de la victoire à Rome paraît être antérieur à l'importation de la Nikè grecque; pour en retrouver les origines lointaines, il faut remonter aux religions italiques. Sans doute les Romains ont pu connaître très anciennement par l'art étrusque le type de Nikè (fig. 2222) ; les Étrusques en avaient emprunté les divers aspects à l'art grec, soit pour figurer leurs Lasas familières, soit comme simples motifs de décoration'; mais rien ne prouve qu'ils aient adoré une déesse personnifiant la victoire. Par contre, la Vacuna des Sabins, encore populaire au début de l'Empire, interprétée par les Romains tantôt comme une déesse mère et protectrice des champs (Cérès), tantôt comme une divinité chasseresse et protectrice des bois (Diane), tantôt comme une déesse guerrière (Minerve, Bellone), étaitaussi considérée comme une Victoire indigène [VACLNA]; en tant que protectrice d'un sol et d'un peuple, elle réunissait vraisemblablement tous ces caractères. Toutefois, dès la fin de la République, c'est l'idée de victoire qui semble prédo miner. Le plus grand théologien de l'époque de César, Varron, identifie Vacuna à Victoria ; des autels de Vacuna portent comme motifs d'ornementation la palme et la couronne, attributs ordinaires de Victoria ; enfin Denys d'Halicarnasse, sans nommer Vacuna, déclare que la Victoire était fort honorée en Sabine et cite comme l'un des principaux sanctuaires de la déesse une île du lac sacré de Cotiliae `°. La Vica Pota des 'Latins, qui possédait encore un temple dans la Rome impériale, passait de même pour être une Victoire [vICA PoTA]. Aedes Vicae Potae, dans Tite Live, aedes Victoriae, chez un grammairien du temps de Néron, désignent le même temple, situé au pied de la Velia 3. Selon la tendance de la religion romaine à qualifier la divinité par chacun de ses actes, Vica Pota aurait signifié à la fois la victoire et la puissance qui résulte de la victoire (vincere-potiri) ; telle est du moins l'étymologie que Cicéron donne de ce vocable 4. Une autre antique déesse du Latium, Vitula ou Vitellia [vITLLA], aurait symbolisé les réjouissances qui suivent la victoire (vitulari) '. Est-ce de la fusion de ces divinités italiques, ainsi qu'incline à le croire Mommsen que proviendrait la Victoria des Romains? Ceux-ci, en tout cas, considéraient Victoria comme une des plus anciennes divinités de leur religion nationale, Une légende montre Romulus, après la défaite des Camériens, faisant placer dans le temple de Vulcain un quadrige de bronze et sa propre statue, que couronne la Victoire '. D'après une tradition que rapporte Denys d'Halicarnasse, lvandre avait lui-même consacré un autel à Victoria sur le Palatin ; on y offrait encore chaque année, au temps de Denys, le sacrifice institué par ce roi fabuleux 3. Doit-on supposer au Palatin un culte très ancien de Vica Pota, auquel se serait substitué plus tard le culte de Victoria? Ou plutôt cette légende n'est-elle pas destinée à vieillir le temple palatin de la Victoire, construit dans les premières années du me siècle avant notre ère °? Elle permettait de rattacher le nouveau culte aux traditions de la religion primitive; de plus elle laissait entendre que la Victoire, venue avec lvandre, avait présidé à la naissance même de Rome, dont s'affirmait ainsi dès l'origine la puissance victorieuse; enfin l'inter, vention de l'arcadien fvandre pouvait expliquer, aux yeux des contemporains d'Auguste, les frappantes analogies de la Victoria romaine avec la Nikè des Grecs. VIC '837 V1C C'est seulement en l'an 460 de Rome (= 294 avant notre ère) qu'apparaît pour la première fois dans l'histoire un culte officiel de Victoria. Cette année-là, le consul L. Postumius Megellus, avant de quitter Rome pour aller combattre les Samnites, dédia un temple à la déesse. Il en avait fait entreprendre la construction pendant l'année de son édilité curule, avec le produit des, amendes'. Tite Live, qui n'indique pas à quelle occasion ce temple fut fondé, n'en précise pas non plus l'emplacement 2; mais il s'agit sans doute de l'aedes Vietoriae in Palatin, où fut provisoirement déposée, en 550 = 204, la pierre noire de la Mère des Dieux Idéenne et qui donna son nom au Clivus Victoriae A la date de 460 = 294, une influence hellénique par l'intermédiaire de la Campanie est très vraisemblable. Déjà s'élevait au Forum une statue de la Victoire, comme on en voyait dans les villes grecques; parmi les prodiges survenus avant la bataille de Sentinum (459 = 295), on signale qu'elle tomba de son piédestal'. D'autre part certaines monnaies, dites romano-campaniennes, qui portent au revers une Victoire ailée, avec l'inscription RoSIANO, datent de la période comprise entre les années 412 = 342 et 468 = 286 ; elles ont été frappées par les généraux de Rome qui dirigeaient la guerre contre les Samnites °. Vers le milieu du me siècle avant notre ère, l'influence grecque devient encore plus manifeste. Sur les deniers et quinaires apparaît le bige de la Victoire, emprunté à des monnaies de la Grande Grèce' ; bientôt, avant 537 =217, la Victoire couronnant un trophée donne son nom à toute une catégorie de monnaies romaines [TROPAEUiM, p. 509; VICTORIATUS], dont elle orne le revers s. En cette année 537 = 217, après la bataille de Trasimène et en signe d'heureux présage, le roi de Syracuse Hiéron II envoyait à Rome une Victoire d'or, du poids de 220 livres; le Sénat la fit dédier sur le Capitole dans le temple de Jupiter Optimus Maximus Une statue de la Victoire surmontait le fronton du temple de la Concorde, dédié en 538 216 ; d'autres Victoires étaient disposées en antéfixes "0. En 559 = 195, le consul M. Porcius Cato (Caton l'Ancien), sans doute pendant son expédition d'Espagne, fit voeu d'élever une chapelle à la. Victoire Vierge; il dédia l'édicule deux ans après, sur le Palatin, dans le voisinage même du temple de la Vie toire ". Aussi bien les deux cultes palatins de Victoria et de Victoria Virgo furent-ils naturellement associés; on célébrait le même jour, qui était le 1" août, les deux anniversaires de leur fondation 12. Le petit-fils et l'arrièrepetit-fils de Caton l'Ancien eurent à coeur de rappeler sur leurs monnaies ce pieux souvenir; ils y ontfait figurer, associéeàla figure de Home, une Victoire assise tenant une palme et tendant une patère (fig. 7453) f3. Le type des Victoires assises est très rare ; mais nous l'avons déjà rencontré (fig. 7442) : c'estcelui de Térina-Nikè (fig. 7449)''".Si donc l'effigie numismatique reproduit la statue de culte, cette Victoria Virgo ne déri verait-elle pas des Nikès de l'Italie du Sud, identifiées aux déesses Poliades qui sont les Nymphes éponymes, plutôt que de la Vierge guerrière et victorieuse des Grecs, Athèna Partiténos Nikè? La légende RODtA VICTRIX semble confirmer cette hypothèse. En même temps qu'à Rome, le culte de Victoria se développait dans l'Italie centrale; deux dédicaces, dans le pays des Marses, remontent à la fin du lue ou au début du ne siècle ". Au dernier siècle de la République, les relations de Rome avec l'Orient grec ont exercé sur le culte de Victoria une influence décisive. Déjà en 557 = 197, le con-. quérant de la Macédoine, T. Quinctius Flamininus, avait fait frapper un statère d'or à son effigie et à celle de la Victoire stéphanéphore, imité d'un type monétaire d'Alexandre et des rois macédoniens, dont il se prétendait le successeur (fig. 1225) 1°. Adoptant une tradition des rois d'Orient qu'ils ont vaincus, Sylla et Pompée se font représenter couronnés par la Victoire 17. Metellus, revêtu de la robe triomphale, se fait couronner par des Victoires que meuvent des machines". Quand César érige au Capitole une statue de Marius, il l'entoure de Victoires portant des trophées 19, comme on avait fait pour Sylla, de même que l'Asie hellénistique associait les images des rois vainqueurs et de Nikè tropaeophore. En 708, pendant une procession précédant des jeux, on promène côte à côte la statue de la Victoire et celle du futur dictateur 20. Rome et l'Italie suivaient l'exemple des villes d'Asie, qui dressaient les statues VIC 838 VIC des imperatores romains dans leurs temples de Nikè. Si les jeux sont une tradition très ancienne du culte romain, c'est à l'instar des Nihaia et des NIKÈPHORIA que se fondent à Rome les Ludi Victoriae [uni PuBLICI, p. 1378]. Sylla institue les premiers pour commémorer sa victoire de la Porte Colline (ter novembre 672 = 82). Inaugurés dès l'année suivante par le préteur Sextius Nonius, neveu du dictateur, et célébrés encore avec éclat sous Auguste, les Ludi Victoriae Sullanae (fig. 4440) duraient sept jours, du 26 octobre au ter novembre; ils n'existaient plus au Ive siècle, et sans doute depuis longtemps s. En 708 = 46, César crée de nouveaux 'Jeux de la Victoire, Ludi Victoriae Caesaris 2. Il les avait promis à Venus Genetrix avant la bataille de Pharsale. Confiés d'abord aux soins d'un collège gentilice, pris ensuite à charge par l'État et célébrés par les consuls eux-mêmes, ces Jeux duraient onze jours, du 20 au 30 juillet; ils ne survécurent guère, ce semble, à la dynastie julio-claudienne. Les dénominations de Victoria Sullana, Victoria Caesaris, n'étaient pas seulement destinées à établir des distinctions nécessaires; elles correspondent à une idée religieuse que les Romains empruntèrent également aux traditions des royaumes hellénistiques A la personnalité de l'imperator, comme à celle du roi désormais allié ou ennemi de Rome, reste attachée une Victoire qui lui est propre et qui représente sa puissance victorieuse. 11 y a donc les Victoires personnelles de Sylla, de Marius, de Pompée, de César, de Cassius, d'Octave 4, comme il y avait celles d'un Antiochus, d'un Mithridate ou du roi des Parthes'. Elles manifestent la présence de leur divinité par l'heureux succès des batailles et au besoin par des prodiges, dont la fréquence même atteste l'importance nouvelle que prend le culte de Victoria 6. Chacune d'elles est plus spécialement symbolisée par une petite Victoire en or (Victoriola aurea) 7, qui accompagne le général aux armées et qu'il fait porter auprès de lui par un soldat dans toutes les pompes et cérémonies Cette Victoire fétiche reproduit le type des figurines d'or qui sont posées sur la main des divinités nicéphores. « Si les dieux nous tendent ainsi la Victoire, c'est pour nous l'offrir », disait plaisamment Denys de Syracuse, et il s'emparait des statuettes s. A vrai dire, chaque fois qu'il s'appropriait la Victoire tenue par un dieu, il croyait augmenter sa force de vaincre. Quant aux rois d'Asie, qui s'intitulent Dieux Nicèphores Épiphanes, Nikè est un de leurs attributs divins. Les généraux de la République, même lorsqu'ils acceptent des temples en Asie, ne peuvent être considérés que comme des favoris des dieux. Sylla prétend être sous la protection spéciale de Jupiter, de Mâ Bellone et de Vénus, divinités qui détiennent et donnent la victoire. César identifie sa propre Victoire à celle de Vénus, divine ancêtre de la gens Julia ; sur ses monnaies, la Victoire reste entre les mains de Venus Victri.x b [VENUS, p. 735]. Mais déjà les monnaies d'Auguste montrent le prince,assis sur la chaise curule, avec le geste et l'attribut d'un dieu nicèphore (fig. 3985)11. «In relief sans doute célèbre, que reproduit un vase d'argent du trésor de Boscoreale, sert de transition : Auguste y reçoit des mains de Vénus, accompagnée de la déesse Rome et du Génie du Peuple Romain, l'hommage d'une statuette de la Victoire 72. Ainsi s'étaient préparées, sous la République, les brillantes deslinées d'un culte qui devait être particulièrement cher à l'Empire. Malgré la part importante de l'influence hellénistique dans l'évolution de ce culte, les conditions mêmes dans lesquelles il se développe lui conservent un caractère éminemment romain. Ce qui avait fait l'originalité de la Nikè grecque, c'était d'être, comme nous l'avons dit, divinité guerrière et divinitépacifique. En Grèce, les prix remportés aux grands jeux, dans les courses, dans les luttes, dans les concours, n'étaient pas moins glorieux que les récompenses attribuées à la valeur militaire. A Rome, où les citoyens ne sont que spectateurs et où prédominent de plus en plus les jeux du cirque, les fonctions agonistiques de la déesse ont perdu leur principal intérêt. Elles auraient perdu toute signification nationale, si elles ne relevaient indirectement de ses attributions guerrières 116 Victoria participait à la pompa circensis ; elle y occupait même le premier rang, du moins au temps d'Auguste i4 ; mais la pompa circensis (fig. 1524 à 1528) renouvelle la pompe du triomphe, qui primitivement coïncidait avec le début des jeux votifs. Victoria préside aux jeux (fig. 1518), et son image, dressée sur de hautes colonnes (fig. 1520, 1521), orne la spina des cirques 1U ; ruais la plupart des VIC 839 VIC jeux sont liés à l'histoire guerrière de Rome, et beaucoup ont pour origine la commémoration de victoires 1. Bref la Dea Victoria est une divinité presque exclusivement militaire, associée par Rome à la gloire de ses armes, associée par les derniers généraux de la République au succès de leurs ambitions, associée par Auguste à la fondation de l'Empire (fig. 1563). C'est Auguste, en effet, qui, après la bataille d'Actium, institue la Victoire comme divinité tutélaire du régime nouveau, custos imperii virgo 2 (fig. 7121). Dans la Caria Julia, édifiée par César, mais dédiée seulement par Auguste en l'an 29 avant notre ère, le prince rend à la déesse un éclatant hommage. Érigée en acrotère au sommet du fronton, la Victoire domine les rostres et le Forum 3. Dans la salle des séances, elle se dresse audessus d'un autel et semble présider aux délibérations du Sénat 4. Sur cet autel chaque sénateur, avant de gagner sa place, offre à la Victoire l'encens et le vins. Une fête annuelle, fixée au 28 août, rappelle la dédicace de l'Ara Victoriae 6. Le 3 janvier, quand le Sénat prononce les voeux solennels pour le salut de l'Empereur, toutes les mains se tendent vers la déesse qui a sauvé le monde (salas generis humani) 7. Vers elle aussi se tendent les mains, lorsqu'à l'avènement d'un nouveau prince on lui jure fidélité'. Ces rites s'accomplirent sans interruption depuis le temps d'Auguste jusqu'au triomphe du christianisme; quand la lutte va devenir décisive entre le christianisme elles derniers défenseurs du paganisme, c'est autour de l'autel de la Victoire que s'engage le combat. C'est la Victoire qui a fondé l'Empire ° ; c'est par elle qu'il se perpétue (Victoria perpetua)10 ; aussi le culte de la déesse reste-t-il héréditaire dans la maison impériale. La Victoire n'est pas seulement l'une des divinités protectrices de l'Auguste : Victoria Augusta", conservatrix dominorum nostrorum12; elle est sa compagne : Victoria cornes Augusti. L'empereur Postume lui donne ce titre sur ses monnaies 1:1 et un Symmaque l'inscrit sur le piédestal d'une Victoire de bronze, qu'il dédie en 364 sur le pont Valentinien 14. Telle nous apparaît également la déesse sur les monuments figurés. Fréquemment elle y précède ou suit ou survole l'empereur ; elle le couronne pendant qu'il sacrifie, pendant qu'il donne audience, pendant qu'il harangue ses troupes, pendant qu'il combat, pendant qu'il triomphe, et enfin dans les scènes d'apothéose (fig. 1904, 2226, 1905, 4140, 5832)". Cette fréquence du motif de la Victoire, dans les reliefs historiques et sur les monnaies, correspond au rôle effectif de la déesse dans le cérémonial de la cour et dans la vie religieuse du prince. Il est possible que des statues mécaniques, selon la tradition des rois orientaux, aient posé la couronne sur le front du César triomphant 16. Aux cortèges impériaux, à toutes les fêtes données par l'empereur ou en présence de l'empereur, aux funérailles impériales, aux consécrations des Divi, participe la Victoire '7; en tête du convoi funèbre d'Auguste, le Sénat fit porter la statue même que ce prince avait dédiée dans la Curie 18. De plus, chaque empereur possède dans sa chapelle privée une petite Victoire d'or ou dorée, dont il ne se sépare jamais. Un officier la porte auprès de lui dans les cérémonies publiques (fig. 2439)1'. Durant les sacrifices ou les audiences, on la dépose sur un piédestal ou sur une colonnette, à côté de l'empereur. C'est ainsi que, sur un relief de l'arc de Galère, à Salonique, elle assiste à un sacrifice que célèbre le César ; en signe d'hommage, Galère a placé son bouclier aus pieds de la déesse 20. Cette dévotion superstitieuse pour la Victoire, nous l'avons déjà constatée avant l'Empire, chez des imperatores qui avaient combattu en Orient et qui subissaient l'ascendant des croyances de l'Orient. Elle s'est développée en même temps que le culte de la Fortune impé VIC riale [FORTUNA]. Fortune et Victoire, tels sont le dons éminents que l'Empereur a reçus des dieux; par elles se manifeste le caractère divin de son autorité (cf. l'empereur tenant une petite Victoire, qui est posée sur le globe du monde : fig. 1502, 4853 = 2345, 3985, 3986, 6502, 6999)'. Le signe le plus éclatant de leur présence est la défaite des ennemis, sur les frontières et à l'intérieur mèrrie de l'Empire. Mais seul peut être heureux et victorieux le prince qui d'abord est pieux (Plus, Feux et, à partir de Septime Sévère, Invictus) °. Ainsi donc, à côté de la Victoire déesse d'État, chaque César adore et fait adorer sa Victoire personnelle, Victoria Àugusti, Victoria Gaesaris I, gage de son bonheur et du bonheur des peuples (JTictoria Feux, Victoria Latta) , de même qu'il adore et fait adorer la Fortune qui veille sur sa propre personne. En raison même de son caractère personnel, Victoria Augusti prend les noms et titres du souverain. Les textes nous font connaître, par exemple, les Victoires de César Auguste, Galba, Othon, Vespasien, Domitien, Antonin, L. Verus, Commode, Septime Sévère, Géta, Caracalla, Iléliogabal, Alexandre Sévère, Gordien, Philippe, Gallien, Probus, Carus, Carinus, Constance Chlore, Constantin, Constant'. Quand plusieurs princes sont associés à l'Empire, il est question tantôt de Victoria Augustorum, Victoria Augustoï'uin et Gaesaram6, tantôt de Victoriae Augustoruin . Chacun des Augustes et des Césars associés reçoit en effet des dieux la grâce tutélaire d'une Victoire ; et chacune de ces Victoires doit être représentée par une image. Â propos des présages qui annoncèrent la mort de Septime Sévère, Spartien raconte que trois petites Victoires en plâtre étaient placées, n selon la coutume , sur le podium du cirque sur celle du milieu, qui fut précipitée à VI C terre par le vent, était inscrit le nom de l'empereur ; ]es deux autres portaient les noms de Géta et de Caracalla 8, En 303, dans une ville de Numidie, pour fêter le vingtième anniversaire (sacra vicennalia) de Dioclétien, la municipalité fait ériger plusieurs Victoires ; il y en avait sans doute quatre, en l'honneur des deux Augustes et des deux Césars °. Mais cette Victoire peut être encore plus spécialisée. En Italie, cri invoque parfois la Victoria Iledux Augusti comme on invoque Fortuna fledux, qui lui permet de revenir dans la capitale de l'Empire. Très souvent la déesse emprunte à la titulature impériale une ou plusieurs épithètes géographiques, désignant les contrées vaincues: Victoria .Ar2nenica, Britannica, Garpica (fig. 7454), Gerinanica, Fig. 7454.Victoiresur Got/oica, Medica, Part hi ca, Pont ica, Sarmatica Une Victoria IYoreia, sans doute la même que Vica IVoriccia, rappelle la conquête du Norique par Drusus et Tibère, à moins qu'elle ne soit la forme romanisée d'une divinité indigène 12 Au Palatin, les lIégionnaires du iv0 siècle font mention d'une Victo'ia Geronaniana ou Germaniciana t; il est peu vraisemblable que l'on ait désigné sous ce vocable, en l'honneur de quelque empereur, l'ancien temple de la Victoire; il s'agit plutôt d'un autre monument qui commémorait les victoires de Germanicus ou celles d'un prince vainqueur des Germains. Sous ses divers aspects, la Victoire reçut des statues, des autels et des temples dans tout l'Empire t4 Très nombreuses sont les dédicaces que nous avons conservées. Elles le sont particulièrement sur les fron Ix VIC 849 V1C tières, dans les régions occupées par les troupes. Car Victoria est une des divinités de l'armée (dii mililares) 1. On lui rend un culte dans les camps. Dioclétien et Maximien l'associent à Jupiter et à Hercule, quand ils consacrent à leurs dieux préférés le camp de la première cohorte prétorienne de Lusitaniens 2. Son buste, avec les attributs de la palme et de la couronne, orne les médaillons de certaines décorations militaires [PHALERAE, p. 427] 3. Son image aux ailes demi-ouvertes, comme prête à s'envoler pour de nouveaux triomphes, figure au nombre des enseignes (fig. 874, 6415)4; elle-même, dès l'époque d'Auguste, est souvent représentée avec un étendard à la main 3. Les monnaies des légions V Macedonica, VI, IX, XIII et XXI Gemina, frappées sous Gallien, sont au type de la Victoire tenant une branche de laurier Plus spécialement, Victoria devint la patronne des légions dites Victrices7. Mais chaque légion, chaque corps de troupes possède sa Victoire propre, que l'on invoque isolément ou que l'on associe à celle de l'Empereur. En Angleterre, un certain Rufus dédie une statuette d'argent à la Victoire de la légion VI Victrix ; un centurion consacre un ex-voto à la Victoire de la cohorte VI des Nerviens $. Dans une ville de la Pannonie Supérieure, en 207, un Éphésien élève un monument à la Victoire des Augustes et de la légion I Adjutrix ; la dédicace en fut faite par le légat gouverneur de la province et par le légat commandant la légion °. On invoque aussi la Victoire des soldats, Victoria mililum 10. La plupart des monuments ont un caractère votif. Le voeu est formulé pour le salut du donateur, ou pour le salut de l'Empereur et le triomphe des armes romaines 11; à la suite d'un voeu et à cause d'une victoire remportée le 27 juin 310, le duc de Norique et Pannonie fait reconstruire en entier un temple de la Victoire Auguste 12. Parmi les dédicants, il y a tantôt des personnages isolés. soldats, sous-officiers, centurions, préfets ou tribuns de cohortes, commandants de légions, préfets d'ailes de cavalerie, généraux en chef", tantôt des groupes de soldats, des corps de troupes, des légions entières 14. Plusieurs autels de la Victoire, trouvés dans des camps d'Angleterre, près du vallum d'IIadrien, furent dédiés par la cohorte I des Bétasiens, par la cohorte VI des Nerviens, par l'aile I des Astures 1â ; dans un autre camp, où la cohorte Il des Tongres comprend des citoyens originaires de Rhétie, ceux-ci se réunissent pour offrir un autel à Mars et Victoria 16 ; un autel de Victoria Augusta, dédié en 253 dans la ville africaine de Gemellae, est l'ex-voto d'un détachement de la légion III Auguste, revenu cette année-là de Rhétie 17 ; aux portes de [torve, la légion II Parthique dresse des autels, en 220, à la Victoire Éternelle d'Héliogabal et, en 2/41i, à la Victoria Redux de Philippe la. Les vétérans restent fidèles à la déesse, en souvenir de leurs exploits passés'. Dans les colonies de vétérans son culte tient une grande place ; sous Néron, en un temps où les armées romaines subissaient des échecs en Angleterre, la Victoire de Camulodunum se rendit célèbre par un prodige 20. Un centurion retraité à Timgad laisse une somme importante, par testament, pour élever deux statues à la Victoire Parthique de Trajan. Dans les associations composées de vétérans et de gens qui touchent de près ou de loin au métier des armes, on manifeste une égale vénération pour Mars et pour la Victoire 21. Certains collèges se mettent sous le patronage spécial de Victoria; on connaît des collegia Victoriae, des cultores Victoriae en Italie, en Dacie et dans l'Afrique du nord 22. Les Seviri Victoriae, signalés à Casinum et à Aquinum, devaient être en relations étroites avec les Sévirs Augustaux. Nous avons vu quels liens rattachent le culte de la Victoire au culte des Empereurs. Ces liens expliquent sa diffusion générale et l'importance de son rôle dans la vie religieuse des colonies et des municipes. A Home la religion officielle donnait l'exemple. A l'occasion des principaux événements qui marquent la vie d'un Empereur, en particulier quand il monte sur le trône, quand il est aux armées, pour son retour, pour ses triomphes, les Frères Arvales sacri VIC 8742 VIC flnt au Capitole en l'honneur de la triade Capitoline, de Mars, de Salus et de la Victoire 1 ; ils immolent à celle-ci une génisse aux cornes dorées2. A Lyon, les deux Victoires de Rome divinisée et de l'Empereur dominent l'autel colossal de Rome et d'Auguste (fig. 7155), centre du culte commun que les Romains donnèrent aux Gaules 3. Il est donc naturel qu'en Italie et dans les provinces les représentants du culte officiel, augures et pontifes , sévirs augustaux 6 et flamines 6, se plaisent à manifester publiquement leur dévotion envers la Victoire _Auguste. Ils lui dédient des autels, des statues ; à Nîmes, près de la fontaine, le pontife M. Valerius Severus lui consacre avec le produit d'Auguste. les Augustaux de Pouzzoles lui érigent un temple. D'autre part, pour les fonc tionnaires impériaux pour les magistrats munici paux 8, pour les collèges pour les notables des villes t0, pour les villes elles-mêmes 71, tout hommage rendu à la Victoire Auguste, mieux encore à la Victoire de l'Auguste, est un témoignage de loyalisme. Aussi la consécration de monuments à la déesse, généralement de statues «avecleur base », devient-elle parfois une véritable fête publique, à laquelle est conviée toute la population. Dans telle ville d'Afrique un édile accompagne d'un banquet cette cérémonie religieuse ; à Rusicade (Philippeville), un flamine perpétuel du Grand Antonin, dédiant une statue de la Victoire abritée sous un édicule tétrastyle, offre des jeux scéniques et distribue des missilia 1L. Il convient d'ajouter que ces dernières dédicaces portent la mention « ob /honorent » ; autrement dit, le personnage accomplit un voeu, fait pendant sa candidature à l'édilité ou au sacerdoce, et rend grâces à la Victoire pour le triomphe de ses ambitions municipales. Le culte de la déesse bénéficie donc de sentiments qui n'ont rien à voir avec le triomphe des armes impériales et la prospérité de l'Empire ; on invoque la Victoire pour le succès d'intérêts tout personnels 13. De même nous voyons des corporations l'invoquer pour le succès des intérêts corporatifs : à Rome, en 226, après avoir gagné en première instance un procès contre le fisc, le collège des foulons lui élève une statue 14. Mais, à côté de cette clientèle, Victoria en compte partout une autre, dont la piété est à la, fois plus discrète et plus fervente ; c'est la clientèle des femmes, qui l'implorent pour le salut d'un mari, d'un père, d'un frère, d'un fils parti pour la guerre 15. Enfin son culte fut certainement favorisé dans certains pays par l'assimilation de divinités indigènes et de la déesse romaine. C'est ainsi que l'une des grandes déesses de la Gaule, parèdre de Teutatès, s'identifie tantôt avec la Minerve des travaux pacifiques, tantôt avec la Minerve guerrière, avec Bellone, avec la Victoire 16, L'Andarta des Voconces" et laNantosuelta desMétromatiques'8 furent des divinités de victoire ; Mater Deum et Victoria semblent s'être partagé l'héritage d'Andarta 19. Peut-être, en Italie, avaient-elles de même succédé l'une et l'autre à la grande déesse des Vestins 20. Nous avons déjà rencontré la Victoria Noreia. La grande déesse des Brigantes, en Angleterre, met au service des Romains sa puissance victorieuse, sous le nom de Dea Victoria Drigantia 21. Les épithètes rituelles de Sancta 22, Aeterna23, Maxima0t, révèlent une influence orientale; c'est leur ancienne Nikè que les Orientaux, si nombreux dans les armées impériales, continuent d'adorer dans la Victoire de Rome et des Empereurs 2'. Par contre, les formules Genius Victoriae 26, Numen Victoriae 27, paraissent être d'origine purement romaine. Le culte de Victoria, comme le culte de Nikè, est souvent associé à celui d'autres divinités. Tout d'abord des liens sacrés rattachent Victoria au cycle de Jupiter, VIC 84.3 VIC qui toujours représenta pour les Romains le dieu de la conquête et de la victoire, propagator imperii, triumphator'. Elle est adorée dans le temple de Jupiter Optimus Maximus, au Capitole, et elle y reçoit des images. C'est au Capitole que lui sacrifient les Arvales, dont le rituel met également la déesse en étroites relations avec Jupiter Victor C'est là que se trouvaient la Victoire d'or donnée par Hiéron de Syracuse et les Victoires consacrées en l'honneur de Sylla par Bocchus, roi de Numidie 3. C'est là qu'avait pris place un tableau célèbre du peintre Nicomachos, où. l'on voyait la Victoire enlevant son quadrige vers le ciel, comme pour une apothéose Dans le vestibule du temple Capitolin, au temps de Néron, une Victoire conduisait un char Ce rapprochement de Jupiter et de Victoria se manifeste dans tout le monde romain G. Quand prédomine l'ascendant du culte Capitolin et des rituels d'État, Jupiter est généralement uni aux deux déesses du Capitole, Junon Reine et Minerve ; de plus, Victoria n'est jamais invoquée seule après la triade Capitoline Dans les régions rhénanes, sur les monuments dédiés à Jupiter Optimus Maximus, autels ou colonnes historiées que surmonte le dieu cavalier, on a coutume de faire figurer l'image de Victoria, mais également avec d'autres dieux et déesses 8. Quand il s'agit d'un Jupiter oriental, la Victoire est presque toujours représentée seule, comme un attribut personnifié du dieu. On la voit, en Germanie Supérieure, sur un autel de Jupiter Optimus Maximus Heliopolitanus 9 ; sur une plaque en bronze, ex-voto d'un centurion, elle couronne Jupiter Dolichenus (fig. 2489) 10 ; une main votive, consacrée à ce même dieu par un sous-officier de cohorte, tient une Victoire 1l. Comme J upiter, avec lequel ils s'identifient, tous les dieux solaires possèdent et donnent la victoire; car ils sont par excellence les Invaincus, Mithra Invictus, Sol Invictus f2 [MrrmtA, p. 1947 ; son, fig. 6502, 6503]. Dans l'Italie du nord, un autel est consacré, selon une coutume importée de l'Orient grec, à la Victoire de Jupiter Optimus Maximus, Éternel et Invaincu 13. A Rome, sur les autels d'un Jupiter Sol Sarapis" et d'un Sol palmyrénien 15, on retrouve l'image de Victoria. En 246, des soldats de cohortes prétoriennes, originaires du Vermandois, consacrent un édicule à Jupiter Optimus Maximus, à Mars, à Némésis, au Soleil et à la Victoire '6. Dans un relief d'Éphèse, c'est probablement sur le char du Soleil, conduit par la Victoire, que nous voyons monterMarc-Aurèle vainqueur des Parthes f7. Parmi les autres grandes divinités du panthéon impérial, il en est plus spécialement une qui prend la Victoire pour compagne ; c'est le dieu des combats, Mars : déjà Plaute rapproche leurs noms ". Des monnaies impériales représentent Mars Nicéphore 19 On dédia beaucoup d'autels communs à Mars et Victoria, surtout dans les provinces frontières 20 ; ils reçurent même des temples communs, par exemple à Augsbourg 21. On adorait aussi la triade Mars-Victoria-Vénus. C'est à elle que Sylla dresse des trophées après la bataille de Chéronée ; les trois divinités reparaissent ensemble sur un trône de Sélinonte, sur une base de Rome et sur un autel d'Aschaffenbourg 22. Mars et la Victoire s'allient de même soit à IIercule 23, soit à l'Abondance 24, soit à la Fortune 2:, pour constituer des triades sacrées. D'autre part, continuant une tradition des rois d'Orient, et pour des raisons indiquées plus haut, les Empereurs ont favorisé le culte commun de la Victoire et de la Fortune. Elles sont rapprochées dans le rituel des Arvales. A Lyon, près de l'Autel de Rome et d'Auguste, on a découvert un ex-voto à Fortuna Redux età Victoria Augusti 26; dans une ville d'Afrique, nous voyons ériger ensemble deux statues de bronze à Fortuna Redux et àla Victoire 27 ; ailleurs, suivant une coutume qui semble être d'origine' syrienne, une statue de Fortuna Victrix se dresse entre deux Victoires 28 ; dans une ville de Sabine, un magistrat municipal nous apprend VIC 844 vI qu'il a reconstruit à ses frais l'aedes Fortunae et Victoriae l Fidèle alliée de Rome, la Victoire est également associée à Dea [toma. Volontiers on les représente côte à côte sur les monuments figurés 2; dans le temple de Vénus et Rome bâti par Hadrien, la statue cultuelle de Borna aeterna portait sur la main droite une petite Vic toire, à la manière des dieux Nicèphores (fig. 7456; cf. fig. 2255, 5952, 5954, 6642). Enfin, pour des raisons diverses, Victoria fut mise en relations avec beaucoup d'autres divinités. Ce sont: 10 celles qui complètent le groupe des grands dieux : Apollon et Diane, honorés par Auguste au nombre des fondateurs de l'Empire et que, d'autre part, les dédicaces rapprochent souvent de Sol et Luno, ou identifient avec ce couple d'invaincus Cérès , Cybèle mère omnipotente 6 les Dioscures, très anciens protecteurs des armes romaines7, Esculape° et Sains °, liercule qui a pris les épithètes de Victor et d'Inpictéis, Mercure'', Neptune, qui donne la victoire sur mer , Vul cain 2° Vient ensuite un groupe de divinités secondaires qui appartiennent aux cycles de Jupiter, de Mars et de la Fortune, ou qui sont en rapport avec le Nurnen Augusti 11 et avec le culte impérial; Abundantia ', Concordia 10, Eventus '7,Fata 08, Felicitas °°, Libertas 20, Pax 31, Spes 22, Fides exercitus 23, Virtus ', les Lares militaires (fig. 346), les Lares augustes (fig. 6402, 7121) le Génie de l'Empereur 26, le Génie du peuple romain (fig. 35'i6) les Génies des provinces, des corps de troupes, des collèges20, les Génies et Tutèles des villes (fig. '7193). 30 Un dernier groupe est formé par de grandes divinités provinciales, telles que les Campestres 29 et I'Epona 30 celtiques, le Saturne et la Caelestis de l'Afrique du nord L'empereur Constance avait fait enlever du Sénat l'autel de la Victoire ; Julien l'y replaça Gratien l'en retira pour toujours 30• Mais la Victoire continue à figurer suries monuments et les monnaies, purifiée par l'alliance avec le monogramme du Christ (fig. 6512) 33. Honorius et Valentinien tiennent d'une main la Victoire, de l'autre le labarum (fig. 775 = 1502, 2550) '. Victoria Aurjustorum se retrouve sur les monnaies du dernier empereur romain d'Occident, Romulus Augustule 35. Même sous Justinien, semble-t-il, le ViC 845 VIC Symbole de la Victoire reste lié à la personne de , l'Empereur (fig. 2459, 5832) '. Dépourvu de tout caractère cultuel, ce fétiche n'a cependant pas perdu toute signification religieuse. Si la Victoire n'est plus une divinité, on la considère comme un bienfait divin, comme la grâce suprême que l'empereur et les sujets de l'Empire puissent demander à Dieu devant les menaces de plus en plus redoutables de la barbarie Ainsi, par un singulier retour, elle se fond de nouveau au sein d'une divinité plus large et elle devient un attribut du Dieu des chrétiens, comme elle avait été longtemps un attribut des grands dieux helléniques. L'ART ROMAIN. Les plus anciennes représentations de la Victoire, dans l'art grec, rappellent le type de l'Artémis ailée d'Asie Mineure, dite Artémis persique (fig. 935, 2389-2391). Vraisemblablement elles dérivent de ce modèle oriental, dont l'art ionien des vu° et vie siècles avait répandu des variantes dans tout le monde grec et jusqu'en Étrurie 3. Il y eut, ce semble, un dédoublement de l'Artémis-Nikè, comme il y eut plus tard en Grèce dédoublement d'Athèna-Nikè ; et le motif qui exprimait l'antique domination sur les animaux servit à symboliser les victoires des hommes. Mais, tandis qu'Artémis était en général figurée dans une attitude d'immobilité ou de démarche lente, Nikè fut représentée dans l'attitude du vol. Qui lui donna le premier des ailes et créa ce type immortel de la Victoire ailée ? Est-ce un peintre ou un sculpteur ? Les anciens eux-mêmes ne s'accordaient pas sur ce point. Les tins tenaient pour le peintre Aglaophon de Thasos, les autres pour un sculpteur ionien de la première moitié du vie siècle, Archermos de Chios 4. Il est certain que les savants de Pergame connaissaient une Nikè volante d'Archermos et la considéraient comme le prototype de la Victoire dans l'art plastique. Deux monuments d'une importance capitale, découverts à Délos dans le Léménos d'Artémis, confirment avec éclat leur témoignage. Ce sont : 1° une statue de femme ailée, plus petite que nature, en marbre, qu'il y a tout lieu d'identifier avec Nikè (fig. 2319 et 7437)' ; 20 les fragments d'une base de même marbre, mentionnant le nom d'Archermos et le louant de ses inventions ingénieuses (eo?:at) G. Que cette base ait appartenu à la statue, comme il paraît vraisemblable, ou que la statue ait simplement servi d'acrotère au vieil Artémision, il est difficile de ne pas revendiquer la Nikè délienne pour l'école de Chios ; car elle se rattache manifestement à la grande lignée de l'Artémis ionienne, et les modèles d'Ionie étaient familiers à cette école. Les ailes recourbées de Nikè, commes celles d'Artémis, devaient s'éployer avec symétrie autour du buste. Des ailettes se fixaient aux chevilles. Pour exprimer la rapidité de l'élan, la jambe droite se fléchissait à demi, dégagée de la tunique à la hauteur du genou, et la jambe gauche se courbait énergiquement vers le sol. Le bras droit, lancé en avant et relevé afin de s'encadrer dans le retroussis de l'aile, accompagne le mouvement du corps ; l'autre, pour équilibrer le geste, s'appuie à la saillie des hanches. Enfin il faut restituer à la déesse ses pendeloques d'oreilles, les fleurons de bronze doré qui décoraient son large diadème, toute une polychromie qui est encore visible sur son corsage sans plis et sur la bordure de son chiton 7. Tenaitelle dans la main droite un attribut ? Cet attribut pourrait être la couronne destinée au vainqueur ; déjà la couronne apparaît entre les mains de Nikè sur un plat estampé de Caeré 3, où son image trahit l'influence du type créé par Archermos, et sur une coupe archaïque, où Nikè se profile à grand vol derrière un jeune cavalier 9. Peut-être aussi, à en juger par ce même plat de Caeré, où la déesse semble tenir également un petit quadrupède, par un alahastre de Camiros et par une amphore plus récente, signée de Nicosthénès, Nikè conserva-t-elle un certain temps les attributs de l'Artémis souveraine des bêtes 10. Près de la jambe gauche de la Nikè d'Archermos, on a proposé de restituer un lion t1. L'art possédait désormais une formule pour exprimer la rapidité du vol, ou plus exactement de la course aérienne. Il en fit bénéficier tous les êtres ailés et rapides qui hantent l'imagination des poètes. Le type même de la Victoire resta fixé pour un siècle. De nombreuses répliques et réductions de la Nikè d'Archermos nous sont parvenues, ajoutant parfois plus de souplesse dans le dessin, plus de coquetterie dans le costume, plus d'élégance dans l'attitude, modérant la flexion des jambes, allongeant les ailes, mais révélant bien une inspiration commune 12 : telles à Delphes deux Nikès, l'une qui dut servir d'acrotère à un angle de la façade antérieure du temple d'Apollon et qui est l'oeuvre d'un sculpteur attique du dernier quart du vie siècle i3, l'autre 846 \TIC qui fit fonction d'acrotère au trésor des Phocéens 1 ; à Olympie, des acrotères en terre cuite 2 ; à Athènes, deux Nikès de marbre, dont la plus grande nous amène jusqu'au début du ve siècle 3, et toute une série de petits bronzes qui proviennent de l'Acropole 4. Si les plus anciennes monnaies d'Élis au type de la Victoire (fig. 7450), durant la première moitié du ve siècles, reproduisent l'archaïque Nikè de l'Hèraion, que cite Pausanias, cette statue dérivait aussi du type délien. Elle conserve le buste de face et les jambes de profil ; elle s'avance encore à pas précipités, relevant de sa main droite les plis de son vêtement et tendant de la gauche une couronne. Mais déjà les ailes, affranchies de tout caractère d'orientalisme, se tournent librement vers le sol. C'est encore à Olympie que nous ramène la plus ancienne mention d'une Nikè montée sur un char à côté de l'aurige vainqueur ; sur ce groupe en bronze, consacré par Cratisthénès, Pausanias lut le nom du sculpteur Pythagoras de Rhégium, lequel travaillait entre 484 et 460. Les ailes orientales n'étaient que le symbole ou, selon l'expression de Zoega, l'hiéroglyphe de la rapidité'. Si Archermos avait eu le grand mérite de transformer une figure ailée en figure volante, l'art attique du ve siècle achève de donner aux ailes leur caractère d'organes vivants et mouvants. A la course par longues enjambées vues de profil succède un vol plané, de face, qui amène doucement la Victoire des nauteurs olympiennes vers la terre, oit l'envoient les grands dieux Plusieurs fois Phidias l'avait représentée en compagnie des Olympiens. Elle figurait, ce semble, sur les deux frontons du Parthénon : sur le fronton oriental, planant au sommet du tympan, elle assistait à la naissance d'Athéna et couronnait la déesse (fig. 5042) ; sur le fronton occidental, elle conduisait le char d'Athéna 9. Une Nikè d'ivoire et d'or, haute de quatre coudées, c est-à-dire d'environ 1 m. 80, vraie statue par conséquent, était posée sur la main droite de la Parthénos chryséléphantine 10. Longuement vêtue, tenant des deux mains une bandelette, si l'on en juge par la statuette dite du Varvakeion (fig. 5068)11, et tournée vers la déesse, si l'on en juge par les mon naies (fig. 7116), elle se penchait légèrement de tout son corps, prête à prendre son élan. De même le Zeus colossal d'Olympie portait dans la main droite une Nikè d'ivoire et d'or 12 (fig. 7445 et 7458). Mais pour rencontrer la première statue authentique d'une Victoire isolée et connaître ce que fut l'évolution de ce type divin il nous faut arriver à la génération qui suit Phidias. C'est encore un Ionien qui résoud le séduisant problème d'art posé par l'Ionien Archermos. LaNikè de Paeonios (fig.7459)' 3, consacrée dans le temple du Zeus d'Olympie, lui fut commandée par les Messéniens et les Naupactiens, après le fait d'armes de Sphactérie (425). D'après un renseignement ajouté à la dédicace et àla signa__ tore, ce marbre serait une réplique d'un acrotère en bronze que Paeonios avait exécuté pour le temple de Zeus. Érigée dans l'Altis sur un piédestal de 9 mètres, dominant les autres offrandes, la blanche messagère de victoire semblait « suspendue entre ciel et terre, ses draperies vivement refoulées par la résistance de l'air, son grand himation gonflé en voile derrière elle, la jambe gauche portée en avant et prête à se poser bientôt, le corps penché, un peu oblique, soutenu et dirigé par le battement puissant des ailes 14 » . C'est encore de l'art attique, avec des réminiscences du grand style et une recherche croissante de raffinement, que relèvent les Nikès d'Épidaure. Elles sont contemporaines, ou à peu près, de la reconstruction du temple d'Asclépios, qui eut lieu entre 380 et 375. LaNikè de l'Asclèpieion, oeuvre du sculpteur Timothéos, découpait fièrement sa silhouette au sommet du fronton ; son bras gauche se relevait, comme celui de la Nikè d'0lympie, pour retenir un pan VIC Sf.7 VIC du manteau, et la main droite tenait un gros oiseau, sans doute le coq d'Asclèpios. Les trois Nikès de l'Artémision, variantes rajeunies de Paeonios en moindre style, servaient aussi d'acrotères ; l'une d'elles, qui accroche le manteau à, ses ailes et le ramène en plis tourmentés sur sa poitrine, est évidemment postérieure A la même lignée se rattache une Nikè d'Athènes, trouvée près de la base d'un monument que dédièrent trois phylarques en souvenir d'un prix hippique 2 ; elle est attribuée à Ilryaxis, qui l'aurait sculptée vers 350. Nous ne connaissons que par Pausanias les deux Nikès érigées à Sparte par Lysandre, en commémoration de ses victoires d'Éphèse et d'Aegos-Pota lnos (405) ; elles se dressaient sur des aigles, particularité assez rare, puisque Pausanias prend la peine de la signaler 3. Un type de Nikè assise, sur des monnaies d'Élis qui remontent à la fin du ve siècle (fig. 7460), doit reproduire une statue célèbre de cette ville ou d'Olympie '. Au début de l'époque hellénistique apparaît ou du moins se répand un nouveau type, celui de la Nikè tropaeophore Aux funérailles d'Alexandre, son catafalque était surmonté d'une Nikè dorée, qui portait un trophée d'armes G. Les monnaies d'Agathoclès de Syracuse, au type de Nikè clouant des armes à un trophée anthropomorphe (fig. 1614 = 7106) ', et celles de Séleueus 1", au type de Nikè couronnant un trophée (fig. 7110) 8, rappellent probablement des statues consacrées par ces rois après le triomphe de l'un sur les Carthaginois, en 310, et de l'autre sur Antigone et Démétrius Poliorcète à Ipsus, en 301. D'autre part, c'est au succès naval de Dèmètrius Poliorcète sur Ptolémée dans les eaux de Chypre, en 306, que nous devons la Victoire de Samothrace 0. Debout sur l'avant d'une trière de marbre, les ailes largement éployées et frémissantes, le corps un peu penché en d,vant, la tunique plaquée par le vent marin sur la poitrine qui se gonfle et sur les hanches qui se cambrent, elle tenait de la main gauche la hampe d'une stylis, pavillon de navire, et de la main droite une trompette qui sonnait la fanfare triomphale (fig. 7461). Nikè porte déjà la stylis sur des statères d'Alexandre [sTYLIS et fig. 215'0], et l'aplustre sur des vases peints 11. Le motif de la Nikè montée sur une proue n'était pas nouveau non plus; les peintres d'amphores panathénaïques le connaissaient déjà en 332 12. On le retrouve, combiné avec le motif du trophée, dans une statuette du Vatican, réplique d'un excellent original qui perpétuait aussi le souvenir d'une victoire navale 13. A Pergame, une Nikè du sculpteur Nikèratos commémorait la grande victoire d'Eumène Ier sur Antiochus, victoire qui semblait promettre aux Attalides l'empire de l'Asie. Cette Nikè s'élançait d'un globe, motif peut-être inventé par l'artiste pergaménien et qui fit fortune à Rome (fig. 7467; mais, par une recherche de complication qui est dans les traditions de l'école de Pergame, le globe reposait, semble-t-il, sur les épaules d'un captif accroupi, faisant fonction d'Atlas 14. Enfin on ne saurait oublier que l'art hellénistique a multiplié les images de la Victoire sous forme de statuettes de bronze VIC 818 VIC et de terre cuite, variant avec une subtile virtuosité les attitudes, les gestes, la disposition des draperies, le jeu des ailes. Tantôt il sait conserver à de petites figurines une allure triomphante, comme en témoigne un gracieux bronze de Pompéi, destiné à être suspendu '; tantôt il altère le type et dénature le rôle de la jeune déesse, la déshabille à demi, même pour lui faire porter des trophées z, lui met en main non seulement le vase des libations3 qui est un de ses attributs anciens, mais encore des castagnettes, des crotales, des coquillages`. Ce sont les coroplastes surtout qui l'ont ainsi transformée en figure de genre ; ceux deMyrina l'ont volontiers conçue comme une danseuse alerte et souriante, compagne des petits Éros qui font cortège à la déesse des jeux et des ris (cf. Éros vaincu par Nikè qui lui prend ses ailes, camée de Florence, fig. 2162) 5. De même, les orfèvres grecs se sont heureusement inspirés des divers types de Nikè, pour créer des motifs de pendeloques (fig. 966 = 4013, avec Victoire stéphanèphore; 968, avec Victoires tropaeophores ; 11014, avec Victoire sur bige; 11018, aux oreilles d'une Minerve) 6 ou décorer les couronnes d'or destinées aux statues des dieux et, en Grande Grèce, aux tombes des morts (fig. 971 = 1976). Bien avant la période hellénistique, la fantaisie s'était donné libre cours dans les bas-reliefs et sur les vases peints. Déjà Phidias, sur les pieds du trône de Zeus.à Olympie, avait figuré un choeur de Nikès dansantes'. Il créait ainsi ou consacrait la tradition des multiples Nikès qui se répètent sur le même monument au gré de l'artiste et selon les besoins de la décoration ; il mettait d'autre part en valeur le caractère éminemment décoratif du type de la Victoire ailée. Mais le chef-d'oeuvre qui semble avoir exercé l'influence la plus puissante et la plus durable, c'est, sur l'Acropole d'Athènes, la balustrade du temple d'Athèna Nikè. Cette barrière de marbre clôturait, sur une longueur de 35 mètres, les trois côtés à pic du bastion oit se dressait l'édicule ionique. Pour en décorer la face extérieure, entre les années 411 et 407, un seul motif a suffi. Auprès d'Athèna s'empresse une troupe heureuse de petites NikèS, dont les occupations diverses ont été choisies pour évoquer la double idée de victoire et de reconnaissance envers les dieux. Elles érigent des trophées d'armes, amènent les génisses du sacrifice et apportent les ustensiles sacrés $. L'art grec reprendra et développera chacun de ces thèmes allégoriques, si discrètement traités par le génie attique du v° siècles. Nous avons déjà vu dans la statuaire les Nikès au trophée ; nous les retrouvons dans les basreliefs, dans la numismatique (fig. 7106, 7110-7112), dans la glyptique, dans la peinture gréco-romaine (fig. 7104)'0. La Nikè sacrifiant le taureau ›uOoroûra) figure déjà dans la première moitié du Ive siècle sur des monnaies de Lampsaque, sans doute d'après un groupe célèbre ". Elle inspira un sujet de groupe à Micon de Syracuse 1.2 et à Ménechme de Sicyone, disciple de Lysippe 13. Seule ou associée à la Nikè porteuse de brûleparfum [THYiioIIA'I'ÉRION] (cf. fig. 5638), elle devint un motif usuel dans l'art ornemental ; elle reparaît sur des bases, sur des autels, sur des frises (fig. 5995), sur des sarcophages, sur des vases d'argent (fig. 5384 = 7462), sur des arcs de triomphe romains 14. Parmi les nombreux reliefs qui portent l'image de Nikè, il convient de citer: le puteal de Madrid, représentant la naissance d'Athèna que couronne une petite Victoire (fig. 5042), motif certainement inspiré d'un fronton du Parthénon t° ; une VI C 8!1.9 VIC base triangulaire d'un trépied choragique d'Athènes, avec Dionysos entre deux Victoires, de style praxitélien ' ; la frise de l'autel de Zeus, à Pergame, où Nikè pose une couronne sur le casque d'Athèna, qui vient de terrasser un géant (fig. 3564)2; plusieurs répliques archaïsantes d'un ex-voto de citharède vainqueur, avec Nikè offrant une libation à Apollon, que suivent Artémis et Latone (fig. 377 = 2364) 3. Mais l'art qui a exercé sa fantaisie sur le type de la Victoire avec le plus de charme et de variété, c'est celui des peintres de vases (fig. 7463 à 7465)4. Ses Nikès, dont il renouvelle sans cesse la grâce ailée, peuvent compter parmi ses plus aimables créations Rare et souvent douteuse sur les vases à figures noires 6, Nikè se montre de plus en plus fréquente sur les vases à figures rouges. Dans la période de style sévère, elle joue surtout le rôle de ministre des dieux; telle nous la voyons, identifiée par une inscription, sur un vase de Caeré: vêtue du costume ionien, tenant de la main gauche le caducée des messagers divins, elle verse une libation à Zeus 7. Toutefois, sur des vases attiques à figures noires, signés par Nicosthénès, comment ne pas la reconnaître dans la déesse ailée qui préside aux concours d'éphèbes 8 ? Par contre, elle n'apparaît pas comme aurige, seule dans le char (fig. 7073 = 7463), avant la fin du vo siècle C'est seulement sur les vases à figures rouges de style libre qu'elle commence à voleter et à planer, le buste cambré, les jambes allongées Ix. en arrière, dans des poses obliques ou presque horizontales qui rappellent les attitudes de la nage et qui s'en inspirent 10. En même temps sa taille diminue de moitié (fig. 921, 1331; cf, sur des monnaies fig. 2304 = 5100, 5398) ; elle devient une petite Nikè (Ntx zotov) 1i, dont les proportions amoindries facilitent le vol et précisent mieux aussi le rôle secondaire. Dans ses fonctions mythologiques, elle est surtout associée aux grands dieux nicèphores, Zeus et Athèna. Elle verse les libations à Zeus (fig. 4196) 12 ou le survole 13 dans les réunions de l'Olympe, conduit le char de Zeus dans la lutte contre les géants", appuie doucement son bras sur le genou de Zeus et lui montre affectueusement la Grèce, dans une scène fameuse d'un vase de Canosa qui symbolise la guerre contre Darius 15. Elle assiste à la naissance d'Athèna (fig. 5042)16, à la lutte d'Athèna et de Poseidon (fig. 5051)"; elle assiste auprès d'Athèna à la lutte d'Apollon et de Marsyas 18, à la naissance d'1 richthonios (fig. 4945)19, à la remise d'lacchos entre les mains d'Hermès 20, à l'arrivée d'Oreste à Delphes ou en Tauride2l , au combat de Cadmus contre le dragon (fig. 921); elle se détache d'Athèna pour couronner Castor et Pollux 22 ou pour tendre les bras vers Héraclès chez les Hespérides 23. On la retrouve souvent auprès d'Iléraclès : elle le couronne dans la lutte contre le Centaure 24 ; elle se tient derrière lui, une trompette à la main, pour sonner la gloire du héros (fig. 7146 25) ; elle conduit le 107 -z, VIC 850 VIC quadrige qui entraîne Héraclès vers l'Olympe (fi g. 3778)1; elle lui offre des insignes de victoire et des libations dès son arrivée citez les dieux 2 ; elle participe aux noces d'Iléraclès etd'Hèbè3. Mais elle accompagne aussi Dionysos (fig. 705 '2429)4, se tient auprès d'Apollon citharède etd'Artémjs , offre une libation àPoseidon 6 assiste à la délivrance d'Hèra par ilèphaistos , procède à la toilette d'Aphrodite 8 veille sur Jason aux prises avec le taureau de Colchide (fig. 4145), sur Thésée combattantie Minotaure . cou. Bellérophon vainqueur de laChuinère Dans son rôle allégorique auprès des liommes,la Victoire reçoit des attributions diverses, mais ne reste jamais inactive. Tantôt elle assiste aux préparatifs du futur vainqueur (fig. 1570) lui présente le casque lui tend la lyre (fig. 7452)i3; tantôt elle préside au concours, siègeant avec les arbitres ' ou juchée sur une colonne pour dominer lecombat (flg.7464) ; tantôt elle participe en personne à la lutte, monte auprès de l'aurige pour l'aider à conduire son char 16 ou s'envole derrière l'élu des dieux 17; tantôt enfin elle remet au vainqueur les insignes et les prix de la victoire (;x), la palme 18, la bandelette 19 (fig. 1074, 439 et 6979), la couronne (fig. 1570), 20, le bonnet (cf. fig. 1335) 21, la coupe 23, l'amphore panathénaïque , une oie 24. D'autres fois elle se substitue à l'éphèbe victorieux et prend en main les rênes du char(fig. 7463), ou la lyre des concours cboragiques20, ou les flambeaux de la lampadédromie26 (fig. 438 à 4330). On la voit même récompenser les travaux tl'uri atelier de potiers (fig. 3041). Très souvent elle accomplit à la place du vainqueur les actes qui doivent suivre la victoire: elle dresse le trophée votif, y cloue des pièces d'armures, y dépose des couronnes 27 ; elle tient l'aplustre que l'on offre aux dieux en exvoto après un succès naval28; elle érige ou décore le tré pied choragique (fig. 705 = 249) ou le pose sur une colonnette près de l'autel du sacrifi ce(fig. 1331; cf.i 422) '9. C'est surtout comme sacrificatrice que son rôle est important (fig. 537, 705, 6000), puisqu'il convient avant tout de sacrifier aux dieux dispensateurs de la victoire. Elle apporte la torche pour allumer le feu, le thymiatèrion ois brûle l'encens (cf. fig. 5638), les vases sacrés pour les libations30; elle-même, debout près de l'autel ou survolant l'autel, répand le liquide de l'oenoclooè (fig. 6000) et présente en offrande àla divinité la bandelette ou la couronne du vainqueur (fig. 7465) 7' ; elle amène le taureau ou le bélier destiné au sacrifice (fig. 705 = 249), elle l'enguirlande, elle le couronne, elle lui verse à boire, elle le tue (Fig. 5344) i2 Nikè figure aussi sur des vases funéraires, où l'on a supposé qu'elle symbolisait le triomphe de la mort 73; la Nikè funèbre est surtout fréquente dans la céramique italiote . Les attributs de Nikè, par suite, sont nombreux. Le caducée (fig. 5166 l'un (leS plus anciens, disparaît après la période du style sévère. La patère, le vase, la corbeille, le thymiatèrion, le flambeau la caractéri sent dans ses fonctions de prêtresse. Comme insigne de victoire, la bandelette [TAENIA, vITrAI est beaucoup plus fréquente que la couronne, du moins au y6 siècle 36; la couronne est parfois remplacée par une guirlande (fig. 537, 3041) ou par un thyrse 90; la palme (fig. 5039) n'apparaît pas, ce semble, avant la fin du y' siècle. Pour représenter Dea Victoria les Romains ont emprunté quelques-uns des types les plus récents de la Nikè grecque. Déjà les Étrusques, dont on connaît la prédilection pour les divinités ailées, avaient imité ou interprété certains types de Nikè, sans quel on puisse affirmer qu'ils aientjamaisadoré une déesse de lavictoire n Au mesiècle avant notre ère, nous trouvons l'image de Victoria sur plusieurs cistes (fig. 4846) et miroirs de Préneste, probablement fabriqués à Home ; la déesse est accompagnée de son nom latin, mais figurée selon des modèles grecs O. vic \TIC 851 La plus ancienne effigie d'une Victoire sur les monnaies romano-campaniennes, dès la seconde moitié du ive siècle, reproduit un type hellénistique: demi-nue, la déesse attache une couronne de laurier à une longue palme'. Le bige et le quadrige de la Victoire (fig. 858, 2322) 2, qui semblent imités de monnaies siciliennes, la Victoire couronnant un trophée «fig. 6298, 7116, 7473), qui est imitée de monnaies de Capoue et du Bruttium, deviennent des types monétaires de la République romaine dès la fin du me siècle. Sur des as de la gens Marcia, qui datent de l'époque de Marius et de Sylla, une Victoire dressée sur une colonne, portant sur l'épaule gauche une longue palme et élevant de la main droite une couronne (cf. fig. 5039), reproduit sans doute l'une des statues érigées dans Rome 4. Il faut arriver à l'époque de César et de Pompée pour rencontrer la Victoire qui porte un trophée sur l'épaule 5. Après la bataille de Pharsale (706 = 48), un magistrat monétaire fi t frapper un denier au type de la Victoire chargée d'un trophée, symbole de victoire, et tenant un caducée, symbole de paix 6. A la fin de la République, on voitsur de nombreuses monnaies un buste ailé de femme, qui ne peut être que le buste de Victoria (fig. 1854) ; mais la tête représente souvent un portrait, de caractère nettement individuel, portrait de Calpurnia, femme de César 7, portrait de Fulvia, première femme de Marc Antoine 8, portrait de Scribonia, première femme d'Octave 9; ainsi se préparait la; tradition qui donne les attributs divins aux effigies d'impératrices. Après la bataille d'Actium, on dédia beaucoup de statues à laVictoire. La numismatique d'Auguste en reproduit quelques-unes : Victoire tenant palme et couronne, debout sur une proue de navire 10; Victoire tenant couronne et vexillurn militaire, debout sur un globe" ; Victoire tenant un bouclier rond posé sur un cippe'-'; Victoire brandissant palme et trophée (fig. 7466 637). Mais la plus célèbre fut celle que le prince consacra dans la Curie en l'an 29; c'était une Victoire s'élançant d'un globe, offrant de la main droite une couronne et portant dans la gauche un trophée. Elle provenait de Tarente, où Pyrrhus l'avait fait ériger pour commémorer son succès d'Héraclée (280). Auguste se contenta de flanquer le globe de deux capricornes, son horoscope, et peut-être de modifier les armes de la panoplie 13. Nous avons vu quelle place occupe désormais la Victoire auprès des empereurs dans l'art officiel, en particulier dans les reliefs historiques 14. Cette Victoire impériale est généralement plus solennelle que la Nikè des rois hellénistiques ; ses formes un peu alourdies ajoutent encore à sa gravité romaine. Toutefois, à dire vrai, l'Em aucun type nouveau. Les Victoires tropaeophores de Carthage (fig. 7130) et d'Apollonie (fig. 7131) fs sont des variantes de types connus; la célèbre Victoire de Brescia, écrivant sur un bouclier (cf. fig. 7472), est une transposition d'un type d'Aphrodite du Ive siècle, dont nous possédons une réplique romaine dans la Vénus de Capoue (Fig. 7396)16 ; le beau bronze de Lyon, dans la simplicité de son attitude et de son costume, dérive d'un type de jeune fille du Ive siècle (fig. 7468) 17 ; les deux Victoires assises de Lyon et de Reims 18 reproduisent un modèle assez rare, mais que nous avons déjà rencontré sur des monnaies de la République(fig. 7453) et que Rome importa, ce semble, de la Grande-Grèce f9. Les innombrables figurines de bronze qui proviennent de laraires publics ou privés et qui, pour la plupart, représententla déesse debout sur le globe, palme et couronne en main, ne témoignent d'aucune invention 20. Quelques-unes ne sont pas sans mérite, telles les gracieuses statuettes de Cassel (fig. 7467)2' et de Constantine 22 ; mais elles répètent à satiété, presque toujours sans le moindre souci d'art, un type usuel, d'origine grecque. L'influence hel lénistique ne reste pas moins sensible sur les Victoires simplement décoratives, multipliées par l'art romain. Leur symbolisme les désignait pour figurer suries monuments publics, principalement, sur tous ceux qui ont un caractère militaire ou triomphal. Elles couronnent le haut des étendards de la légion (fig. 874) et survolent la tensa des dieux dans la pompa du Cirque (fig. 1521 à 1526 = 6802); elles accompagnent dans son char le triomphateur (fig. 1904,1905, 2226) ou couronnent le vainqueur assis (fig. 4440). Sur les arcs de triomphe, groupées par deux, elles remplissent de leur vol oblique les tympans (fig. 486, 488,4079)1; ou bien, debout sur les frises, elles développent de lourdes guirlandes 2 ; ou encore elles se tiennent en faction sur les piédestaux des colonnes (fig. 488), sur les angles des piédroits Sur l'arc deBénévent, demi-nues et agenouillées près d'un brûleparfum, elles tuent les taureaux du sacrifice 4 ; à Reims, elles sont assises aux angles de la voûte, parmi des monceaux d'armes s ; à Salonique, sur l'arc de Galère, une série de petites Nikès, abritées dans des niches à coquille, occupe toute une frise6. Sur le piédestal de la colonne Trajane, deux Victoires envolées soutiennent le cartouche qui renferme la dédicace (fig. 1788) De nombreux temples portaient des Victoires sur leurs acrotères (fig. 83) ; à l'Augusteum d'Ancyre, des Victoires éployaient leurs ailes parmi les feuillages des chapiteaux (fig. 1162). La grande Victoire d'Ostie, adossée à un pilier (fig. 7469), ornait un arc ou une portemonumentale8 ; à Orange, une Victoire provient de la décoration du théâtre 9. Avec tout le répertoire ornemental de l'art alexandrin le motif des Victoires a passé dans la décoration de la maison romaine. La jeune déesse, aux formes sveltes qui se dégagent de la tunique flottante ou qu'enveloppe au contraire le chiton ionien, aux longues ailes éployées, tantôt redressées et prolongeant la ligne élancée du corps, tantôt horizontales et se recourbant un peu par recherche d'archaïsme, se retrouve dans les fresques de Pompéi (fig. 7470)1U, dans celles de la maison de Livie au Palatin ( fig. 2516) 11 et dans les stucs de la Farnésine (fig. 7471)12. Ce sont les mêmes Victoires que l'on voit autour d'un trophée ou d'un palladium, sur des cuirasses de statues impériale s(ffg. 4539) qui reproduisent des oeuvres de la toreutique alexandrine 13. Elles reparaissent aussi comme motifs de broderie 10, de même que l'on voit figurer la déesse sur des mosaïques romaines, dans des sujets empruntés à la peinture grecque (fig. 5250) 16. Enfin, les Victoires jouent un rôle dans l'art funéraire (fig. 4436)16, soit qu'elles se mêlent à la troupe des qu'elles fassent fonction de caryatides aux angles des sarcophages 18, soit qu'elles soutiennent le cartouche d'une épitaphe ou le médaillon d'un portrait". Les principaux attributs de la Victoire romaine, sous l'Empire, sont: la couronne du triomphe, de tradition très ancienne à Rome [conoNA -la palme, introduite comme récompense dans les jeux de Rome en 461 = 293, « translato e Graecia more » 20, et devenue l'attribut caractéristique de Victoria, « palmaris Dea » 2l, la bandelette, seulement comme attribut funéraire (fig. 4436), la guir VIC 853 \TJC lande, comme élément de décoration triornphalet, la corne d'abondance, assez rare, qu'elle emprunte à Forluna et aux déesses du même cycle (Abundantia, Felicitas, Tutela) , le trophée, très fréquent, qu'elle érige, où elle cloue des armes (fig. 1615, 7104, 7106, qu'elle couronne (fig. 7110, 7473, 7474), qu'elle contemple, où elle s'appuie, qu'elle soutient d'une main, qu'elle étreint (fig. 7130), qu'elle brandit (fig. 7466), qu'elle porte sur son épaule (fig. 7111, 7131) , ou bien deux trophées à ses côtés', le bouclier rond et lisse, tantôt appliqué à un trophée (fig. 7112), tantôt dressé sur un cippe, tantôt porté des deux mains devant elle, tantôt appuyé sur son genou et tenu de la main gauche, tantôt soutenu par deux Victoires, et où elle écrit le nom du vainqueur ou du peuple vaincu (11g. 7112, 7472) , le bouclier rond à tête de Gorgone, généralement entre deux Victoires et au-dessus de deux captifs assis , le casque, sur lequel la déesse pose un pied (fig. 7472), généralement quand elle appuie le bouclier sur sa cuisse 'r, ou qu'elle tient sur une main comme une offrande (fig. 7471) , ou dont parfois elle se coiffe (fig. 7469) ,la trompette qui sonne la marche triomphale oule carnyx celtique, exposé comme trophée de guerre (fig. 1193)1', enfin le vexillum 12 Des sculpteurs martyrs de Pannonie, au temps des persécutions de Dioclétien, se refusèrent à reproduire l'image d'Esculape, mais exécutèrent sans résistance un travail où se trouvaient des Victoires". La Victoire, en raison de son caractère allégorique et symbolique, survécut au paganisme. Elle voltige çà et là dans les catacombes (le Rome et de Naples ". Sur un seau baptismal en plomb, découvert à Tunis, elle fait pendant au Bon Pasteur 111 Le motif si heureusement ornemental des deux Victoires soutenant un cartouche, un médaillon ou une couronne, continue de figurer sur les sarcophages chrétiens 10 et sur les diptyques consulaires (11g. 2459)17; il reparaît même sur des tailloirs romans. D'autre part, conservant leur rôle de messagères divines, les Victoires païennes s'étaient transformées en anges du Christ. A Sainte-Praxède de 1-tome, sur la voûte de la chapelle de Saint-Zénon, quatre grands anges en mosaïque, vêtus de blanc, soutenant de leur bras nus le médaillon du Christ, les pieds posés sur un globe, VIC semblent être la postérité christianisée des Victoires monnaie d'argent, particulière à la République romaine, qui doit son nom au type de son revers. On émit le victoriat, le demi-victoriat qui est plus rare, et le double victoriat, qui jusqu'ici n'est connu qu'en un seul exemplaire'. Les trois divisions ont, au droit, la tête de Jupiter et, au revers, la Victoire couronnant un trophée (fig. 7473); exceptionnellement, le semi-victoriat a parfois, au droit, une tête d'Apollon [fig. 7474; voir DENAmus,p. 97, fig. 2324 et2325; TROPAEUM, p. 509, fig. 7116]. Le victoriat représentait les trois quarts du denier et valait 12 as ; il pèse originairement 3 gr. 41 ou 1/96e de livre ou 3 scrupules. Les premiers victoriati ont été frappés dans l'atelier du Capitole après la conquête de l'Illyrie par les Romains en 229 avant J.-C., c'est-à-dire 40 ans après l'apparition du denier républicain. La Victoire du revers commémore les vic toires récentes des armées romaines sur la reine d'Illyrie Tenta 2. L'État romain en fit émettre aussi dans ses ateliers de Luceria, Crotone, Vibo, Canusium et Corcyre Néanmoins, à Rome, le victoriat fut toujours considéré comme une monnaie étrangère au système romain, admise dans la circulation comme un lingot pesé, mercis loto, dit Pline une pièce originaire d'lllyrie par sa taille, et frappée seulement pour. le commerce extérieur. On constate en effet que les Romains adaptèrent la taille du victoriat non point à celle de leur denier, mais à celle de la drachme illyrienne d'Apollonie et de Dyrrachium, au type de la vache allaitant son veau, dont le poids normal est bien de 3 gr. 41. Cette drachme alimentait à cette époque tout le commerce méditerranéen et sa taille était appliquée, par imitation, aux monnaies de Corcyre, de Rhodes, des villes de la Campanie et de Marseille: Mais Rome, en entrant dans cette espèce d'union monétaire, ne considéra son victoriat que comme une monnaie de commerce maritime; pour son usage intérieur elle resta toujours fidèle au denier de 4 gr. 55 créé en 269. En 217 avant J.-C., époque de l'établissement du système de l'as oncial et de la réduction du denier à 3 gr. 89 [As, DENARIUS], le poids du victoriat fut également diminué : il descendit à 2 gr. 92. Cette nouvelle espèce se répandit dans le commerce méditerranéen autant que l'ancienne, et on l'imita à Corinthe, à Rhodes, à Marseille. Plus tard ers l'an 104, le victoriat fut assimilé au quinaire par a lex Clodia, et taillé au poids du demi-denier de 884 'VÎC 1 gr. 95 5. C'est de cette dernière espèce que parlentVarron et Cicéron, quand ils disent que le victoriat était la moitié dp deniers. A l'époque impériale le quinaire demi-denier, bien que portant des types variés, continue à être parfois appelé par les auteurs, ou dans les textes épigraphiques, du nom de victoriatus', en raison de l'assimilation pondérale que nous venons d'indiquer et qui remontait jusqu'à la fin du ue siècle avant notre ère. E. BABELON.