Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article XYSTIS

XYSTIS (Eu6T(ç). On discute depuis longtemps sur le sens exact de ce mot, tantôt expliqué comme une longue tunique de femme, tantôt comme un manteau de cérémonie porté par des acteurs de tragédies ou par des rois'. Comme beaucoup d'autres termes relatifs au,costume, la signification en reste vague et multiple chez les lexicographes Pour en prendre un exemple chez Pollux, notons que cet auteur en fait tour à tour une couverture, un costume de tragédien, un vêtement commun aux femmes et aux hommes, un habillement de femme, et même un synonyme de strigile'. Cependant, en rapprochant certains textes plus expli cites des monuments figurés que nous possédons, on aboutit peut-étre à unedéfinitionplusprécise.AinsiAristophane représente l'amateur des courses de chevaux, Mégaclès, monté sur son char et vêtu de la xystis (,u6T(i'É-/wv) 4; pour un des commentateurs anciens c'est la 7roFua(s, le manteau de pourpre que revêt l'athlète pour célébrer son triomphe à travers la ville, à la façon d'un roi, tandis qu'un autre y voit une allusion à un himation de couleur jaune (Tb xpoxorrbv lz -riov), que portaient encore de son temps les conducteurs de chars dans leur tournée triomphale, comme des rois de tragédie; pour un troisième exégète, c'est une sorte de manteau rouge (silos 1p.Œ (ou 7roofuooû), et pour un quatrième une cuirasse qui protège les hommes (6wavfov) 3. La diversité contradictoire de ces explications prouve seulement que les grammairiens de basse époque avaient eux-mêmes perdu de vue ce qu'Aristophane avait désigné clairement d'un mot familier à ses contemporains. Or les monuments de l'époque grecque classique nous montrent, en effet, les conducteurs de chars revêtus d'un costume spécial ; ce n'est pas un himation (manteau), mais une grande tunique, parfois pourvue de manches longues, qui descendait jusqu'aux pieds, faite d'une étoffe souple qui enserre le corps dans une gaine étroite et retombe en plis droits, parallèles, d'une rare beauté, sémblables aux cannelures d'une colonne. L'aspect en est plutôt féminin et cette grande lévite, X YS '1025 XYS :sortede livrée classique (les cochers grecs, contraste avec la tunique courte des cavaliers (Ug. 771). C'est le costume du célèbre n Aurige'» de Delphes (fig. 6621), et c'est aussi celui de nombreuses figures peintes sur les vases à figures noires (fig. 2219, 3845, 7584) et à figures rouges (fig. 4866) du vie et du y' siècle'. Ce qui prouve que cet habillement avait en même temps un caractère d'apparat et de cérémonie, qui ressort du texte d'Aiistophane et des commentaires apportés parles scholiastes, c'est qu'il n'était pas absolument pratique et que, pour rendre au conducteur la liberté indispensable à ses mouvements, on relevait les plis, avant -la course, au moyen de bretelles et de liens, de façon à raccourcir la longueur de l'étoffe, à empêcher les pieds (lii s'y embarrasser, à dégager les bras de la longueur (les manches. Tous ces détails sont très visibles sur le bronze de Delphes et sur une terre cuite du Louvre, où l'on voit les plis du vêtement tirés dans le dos et rassemblés en un gros noeud fortement lié (fig. 7585) 2• On peut donc penser que les commentateurs du texte des 21'u e'es ont plutôt obscurci qu'éclairé la nature de la ur(;. Suidas, Ilésychius, Photius ont répété à peu près dans les mêmes termes les scholies d'Aristophane'. Ilarpocration -et Suidas écrivent' : hrrxbv isiu.t, ce qui est une équivoque de plus, car rien ne serait plus incommode que de monter à cheval avec cette ample tunique; mais cette glose signifie simplement qu'il s'agit d'un costume se rapportant aux courses de chevaux, puisque Suidas se -réfère au texte cité sur Mégaclès conduisant triomphalement son char. Si notre supposition est exacte et si, débarrassé de commentaires parasites, le passage d'Aristopliane est -expliqué par les monuments de sculpture et de peinture, on comprend bien qu'un tel ajustement ait désigné aussi une longue tunique portée par les femmes (rmcSv opi; 'uvxmxtto;) . En effet, d'autres textes d'Aristophane et de Théocrite 6 attestent que la u'r(; faisait partie de la toilette féminine ; mais Théocrite paraît la décrire comme vêtement de dessus, plutôt que comme tunique: dans la Jlcigicienne la ur'r( est drapée par-dessus une belle tunique de byssos. Sans doute nous savons que l'on Ix. superposait parfois des tuniques de fin tissu [TUNJCA • 532] 7; mais, d'autre part, ce détail confirme bien la définition de Pollux : vtement qui est à la fois un itEpÀÏ.Lc et un ZtT' 8 On ne s'étonnera pas non plus de voir le même terme appliqué à une couverture , car toute draperie grecque, himation ou chiton, n'est qu'un morceau rectangulaire d'étoffe, non taillée, qui, une fois déployée, peut s'étendre sur un lit ou sur un siège pour servir de couverture [viisTls, p. 765]. 11 en est de même pour la toge romaine [TOGA, p 348]. Il ne paraît pas possible de voir une tunique dans la u'riç 'tpytx, donnée aux acteurs de tragédies et insigne des rois [nIsTiito, p. 218, 219] ; c'est un manteau richement orné, retenu par des agrafes 10 C'est bien, en réalité, un manteau royal : Denys de Syracuse en portait un et l'on envoyait en présent aux rois de Perse des ur'm(i2 de ce genre " ; la matière en était fine et XYSTOS,XYSTUS(urt6;)'. I. D'une façon générale, le xyste est un terrain soigneusement aplani, désherbé et ratissé 2 ; mais on réservait ce nom aux larges pistes où s'exerçaient les athlètes (vrv; 6ioç)'. Xyste et palestre constituaient les deux principaux éléments des plus anciens gymnases [GYMNASIUM 5]. Un gymnase d'Élis, dont on faisait remonter la fondation aux temps mythiques, portait ce nom de .xgslos ; hercule avait luimême, disait-on, arraché les acanthes et ratissé le sol . Pour aménager un terrain de xyste, on commençait par l'ameublir à l'aide d'une pioche, dite xaptov ou Lt:xs' [sis.r°nomox, fig. 6483] 7; on l'aplanissait ensuite au moyen d'un rouleau, rps( après ces deux opérations xl ttç) °, on le recouvrait de sable blanc La longueur normale en était fixée à un stade olympique (192 mètres environ) i• Primitivement, cette piste ou arène se développait en plein air, dans les jardins qui entouraient la palestre ; des rangées d'arbres, surtout de platanes, ombrageaient athlètes et spectateurs. La tradition du xyste à ciel ouvert semble s'être perpétuée longtemps dans les gymnases de Sparte ; mais à Athènes, après les guerres médiques, quand se constitua un type organique et architectural du gymnase, approprié à sa double destination de lieu d'exercices physiques et de centre intellectuel, on prit le parti de couvrir les xystes, afin de pouvoir les utiliser par tous les temps. Il est probable que, tout d'abord, on se contenta de longs hangars en bois 15 : tels devaient être 129 xYs 1o2(; xYs ces lus-col ou xxtircct dont parlent volontiers Platon et Xénophon '; de leur temps, la promenade au xyste était devenue 1'undes habitudes chères aux Athéniens. A partir du iv5 siècle, quand on adopte définitivement la pierre pour ce type d'installation permanente que représente un grand gymnase de la cité, le xyste s'abrite sous un portique en pierre. Dans le gymnase grec que décrit Vitruve5, et où nous trouvons les derniers perfectionnements de l'architecture hellénistique, deux portiques parallèles prolonent les constructions de la palestre sur une longueur d'un stade (fig. 3606, L et M) . Ils encadrent une arrière-cour, transformée en jardin. L'un, qui regarde le nord, est double en profondeur '; on y courait sans doute la course double (écu)ç). L'autre, qui regarde le sud, est simple ; pour faciliter la circulation, des trottoirs surélevés y bordent la plate-forme intérieure, destinée aux exercices d'hiver au fond s'étagent des gradins, comme dans un stade', pour permettre à de nombreux spectateurs de regarder à leur aise les luttes d'athlètes. Le long de chaque portique, dans le jardin, se déroule une grande allée, sablée, ombragée pal des plantations de platanes ; quand le temps le permet, c'est là qu'ont lieu les exercices athlétiques. Or les Grecs désignaient spécialement sous le nom de xyste le por tique simple par contre, les Romains nomment xyste l'allée découverte, que les Grecs appellent o(ç (fig. 3666, NN) . Mais il est vraisemblable que le mot xi/sta, « les Xystes u, s'appliquait également à tout l'enclos, annexe obligatoire de la palestre. D'autre part, le plan que nous transmet Vitruve ne représente pas une formule immuable. Les nécessités topographiques, entre autres, imposaient des variantes. A Olympie, par exemple, les xystes occupent les côtés est et ouest du péribole (fig. 3670 et 3672), contrairement à la théorie dont Vitruve s'est fait l'interprète. A Delphes, il n'y avait que le portique simple et la p2ox(ç contigus, placés à l'est, sans galerie parallèle sur le bord opposé de l'esplanade (fig. ï905); les Romains y rempla cèrent par une colonnade ionique les anciennes colonnes. doriques en tuf'. On trouvera d'antres exemples aux Vitruve fait observer que palestre et xyste ne sont pas. des constructions familières àl'ltalie "; c'est que le gymnase, dans la citêromaine, n'est pas, comme en Grèce, une institution natiouale.'outefois le xyste reparaît dans 1e thermes, qui comprennent à la fois de longues galeries. pour la promenade et de longues pistes pour les sports. [TUERSIAE] 12. D'autre part, les éléments primitifs du gymnase, en particulier la piste d'exercice, conservent toute leur importance dans l'athlétisme professionnel. Non seulement xyste devient synonyme de gymnase, de même que xyslicus devient synonyme d'athlète deprofession 13 mais le mot xysos finit par désigner, à l'époque impériale, les collèges d'athlètes [xvsTos, II] '. C'est au milieu de parcs et de jardins que se développent les gymnases grecs. Entre les deux portiques et les deux paradromides du xyste, le terrain est planté d'arbres et de fleurs, avec allées transversales En empruntant l'ordonnance du jardin romain aux jardins. hellénistiques, dont les plus remarquables étaient pré cisément ceux des gymnases on avait reproduit la disposition générale des xystes grecs : portique couvert et large allée en plein air '. Par suite, à home, le mot xystus passa dans le vocabulaire de l'art des jardins. [HonTEs] H• Mais il y est exclusivement réservé à cetteallée découverte ; aussi bien, la plupart des portiques devaient-ils être pavés en brique ou en mosaïque; ils ne répondaient plus, par conséquent, à la définition même du xyste19. Dans les villas romaines [vlLLA,le xyste constitue l'une des promenades favorites 20; c'est pourquoi on l'entretient et on le décore avec le plus grand soin toujours ratissé et sablé, il est bordé de plates-bandes. Lorsqu'il est très large 21, on y dessine des massifs réguliers et savamment variés de verdure et de fleurs, avec des bordures de buis ou d'arbustes taillés bas " on le garnit de sièges 53; enfin on l'orne de statues , comme on en voyait en Grèce dans les paradrornides 20, comme xyS 1027 xYs n en a tant retrouvé dans les petits jardins de Pompéi. Pour ses jardins de Tusculum, Cicéron recherche des statues spécialement destinées à la décoration de gymnases et de xystes. Pour les xystes de ses nom breuses villas, Pline le Jeune s'intéresse surtout aux fleurs. Celui de sa villa Laurentine, qui longe un cryptoportique et n vue sur la mer, est tout parfumé de -violettes celui (le sa villa de Toscane, sur lequel s'ouvrent successivement la colonnade d'un portique et les larges baies d'un triclinium, ressemble à un véritable parterre 2. Bref, le xstus romain se transforme en jardin d'agrément ou VIRIDAHIUM . Dans les maisons des villes, on utilise ainsi la cour intérieure, encadrée par les galeries du péristyle. A Pompéi, dans un angle de la maison de Salluste, deux allées sablées, entourées de portiques et de plates-bandes, correspondent mieux à la définition du xyste (lig. 3899 ; voir aussi fig. 523, le jardin de la maison de Pansa, précédé d'un portique et garni de parterres réguliers, avec exèdres appuyées aux murs) L Les jardins publics possèdent également leur xyste et il n'est pas raie que de riches citoyens -concourent à son entretien ou à son embellissement, Il y en avait un à ;Mmes, dans les jardins de la Fontaine sacrée t. A Dougga (Tunisie), les annexes du théâtre romain comprenaient « des basiliques, un portique et des xystes L hENnI GRAILLOT. 11. Association corporative d'athlètes. Les spécialistes du xystos ou athlètes restèrent longtemps sans éprouver le besoin de se grouper en corporations . Ce fait, surprenant au premier abord, s'explique assez aisément dans la Grèce indépendante, les exercices gymniques faisaient partie de l'éducation publique; c'est seulement aux siècles de décadence que l'athlétisme, visant à la virtuosité, devint un métier. Il n'est pas impossible, d'ailleurs, que certaines sociétés d'apparence cultuelle, les iIèracléstes par exemple, aient longtemps caché des groupements de gymnastes 8 Mais, lorsque les athlètes se décidèrent à chercher une protection pour leurs intérêts professionnels, ils commencèrent par demander appui aux associations existantes : ils s'affilièrent aux compagnies de technites ou d'acteurs : Alexandrie eut alors sa u synodos sacrée de la thymélè et du xystos » ip Oj.nn xzi uixi n'dohoç) L Dans ces compagnies mixtes, les nouveaux venus se firent une place de plus en plus grande; grâce à l'engouement général polir les exercices corporels, Hèraclès fit tort aux Muses: les gens 'de théâtre sont relégués au second plan dans une inscription de Panarnara qui mentionne « les athlètes de la thyrnélè et du_ les athlètes voulurent alors s'unir dans des associations indépendantes et fermées. Ce pas était déjà franchi avant l'époque impériale, puisque Auguste maintint et augmenta les privilèges des athlètes 'L Dans toutes les villes où la célébration de fêtes était rehaussée de concours gymniques, il se créa donc une compagnie xystique. De plus, tous les athlètes qui affluaient du dehors pour prendre part à ces concours formaient spontanément, pendant un temps limité, une société générale, qui se mettait en rapports avec la compagnielocale. Une inscriptiond'Olympie mentionne, en 85 après i.-C. : [o le groupement occasionnel des« athlètes vernis du monde entier pour assister au concours olym pique de la CCVP olympiade n, [v çj 5ixuviv7ç node n permanente d'Olympie, qui s'ouvrait momentanément ail « xystos n des autres athlètes (xh ispà Par le personnel flottant du « xystos général » chaque synode xysticjue n était en relations constantes avec les compagnies similaires du voisinage. Elle put ainsi s'élargir sous forme de u synode interurbaine » (o3titoÀ;or;x ,)vooç). Parmi ces sociétés régionales, celle de Philadelphie s'appelait assez simplement nom'mait pompeusement, vers le commencement du ampleur, l'institution laissait subsister le groupement temporaire du art tic7T6t.. De même que les plus importants des clubs locaux s'étaient transformés en synodes régionales, les synodes régionales tendaient à s'unir en une confédération générale 16. D'après une conjecture dont le succès ne s'explique pas, c'est à Sardes que les associations athlétiques du monde grec auraient trouvé tout d'abord leur chef-lieu ' Mais le centre de l'unité corporative avait sa place marquée dans la capitale de l'empire. A Rome aussi existait comptait probablement déjà parmi les sociétés athlétiques dont Auguste confirma les statuts et accrut les droits. XYS 1028 Les empereurs avaient là sous la main l'instrument nécessaire pour soumettre à leur autorité les sociétés provinciales. Auguste lui-même avait assujetti à des règlements fort sévères les concours des systici'; le meilleur moyen de les faire observer était d'en confier l'application en tous lieux à une société plus facile à surveiller que les compagnies isolées. En tout cas, dès l'an 46, la synode de Home, appelée officiellement comptait parmi ses membres et ses chefs des citoyens d'Antioche ; l'année suivante, elle se chargeait d'organiser les jeux donnés en l'honneur de l'empereur par les rois de Commagène et du Pont Elle envoyait à Claude une couronne d'or à l'occasion de sa victoire en Bretagne ; elle adressait à l'empereur, sous forme de décrets, des rapports sur les concours auxquels elle participait en Asie 6• Elle mérita, outre des lettres de remerciement , de nouveaux privilèges qu'elle fit confirmer par Vespasien 8. Dès lors elle put joindre à son titre l'épithète loyaliste de iepi . Quand Hadrien accomplit la grande réforme qui devait unifier l'administration impériale, la synode de Home était toute prête à reprendre le projet de confédération esquissé en Asie et à le réaliser dans de tout autres proportions. La première ligue fut dissoute, on ne sait pour quel motif. La synode de Rome prit sa succession et rappela ce transfert pendant quelque temps en se faisant cipal agent d cette transformation fut M. Ulpius Domesticus d'phèse', citoyen honoraire d'Antinoé et d'Athènes 12, archiprêtre de tout le xystos , xystarque à vie , surintendant des biens impériaux 15, paneraHaste illustre et périodonique . Sur sa requête, une lettre d'Hadrien, en date du b mai 134, lettre qui fut précieusement gravée sur une pierre, promettait à la synode de lui faire donner un terrain, avec un édifice pour la conservation de ses archives, et lui octroyait le droit d'apporter à ses statuts les changements qu'elle jugerait nécessaires 18. En fait, si l'association se transforma, elle n'obtint pas l'installation désirée. Domesticus fit de nouvelles démarches auprès d'Antonin; Cette fois des ordres formels furent donnés (ixi?eor.): par lettre du 16 mai 146, l'empereur assignait à la synode un terrain situé près des Thermes de Trajan, pour y mettre en lieu sûr ses objets de culte et ses archives L'association eut effectivement son fevo 20; elle inaugura en 154 un bel édifice orné de statues dans les ruines duquel ont été retrouvés les documents relatifs X YS à toute cette histoire La synode pouvait à bon droit honorer Domesticus et lui décerner les titres exceptiorr nels de irpos-clr-ilq et de (orç 23. Elle était maintenant une institution impériale. Au début, sous Hadrien, certaines sociétés de province obtenaient le patronage spoi cial de l'empereur : dans une inscription (l'Aphrodisias, à était nommé I ç ri 5pl T[Œnxsv v 2". La confédération se réserve cet honneur, qui est la marque de sa puissance. Son titre officiel arbore les noms d'Hadrien et d'Antonin, auxquels se joindra celui de l'empereur régnant r sous Septime Sévère, elle se proclame le JO't1x' itsp o)mo'rlx. ° 3;3197j 'AV'1129i) Esgcvrrdv" ; peu après, elle se nomme, sur un sceau, nlvols20. Le nom de l'empereur lui fait oublier jusqu'au nom du dieu si longtemps invoqué. Désormais les autres compagnies xystiques de l'empire ne furent plus que les sections locales ou régionales de la confédération établie à Home; à la confédération se rattachaient surtout les athlètes ambulants et le urtd; qu'ils formaient à chaque fète. La révGlOç romaine est universelle, Qxoueiox ; à ce caractère d'universalité elle fait participer, dès le commencement du m' siècle, toute ovQIo; rs7;ito)rr;x' qui lui est affiliée 28, tout qui est composé de ses membres. Il ne se célèbre plus de jeux importants dans l'empire sans que la confédération les organise : elle délègue son comité, avec un de ses présidents, à Naples pour les [talica floinaia 29, à Sardes pour les xoov. d'Asie 30; les documents qui témoignent de son activité se répandent du siège social à toute l'Italie 31, à la Grèce et à l'Égypte 33. Un fait montre bien la subordination de toutes les. sociétés provinciales à la confédération. Partout ailleurs qu'à Home, le ortvç uoi continue de se distinguer de la iuotox' voinç ; mais il prend le pas sur elle, il la relègue dans l'obscurité, parce qu'il se présente sous les auspices de la confédération et agit avec son concours. A Home, au contraire, le iitsc; uvi se con fond avec la o'ivoiuç, du moment que celle-ci comprend les membres de toutes les associations particulières. Le représentant des athlètes porte en 47 le titre officiel de 'rç au';ilou -,tspeéç ° ; à partir de 143, il a beau agir au nom de laol'iolo35 et mériter ses éloges360.. il est et restera toujours l'icy;mpt; To ool(7cav'ro; ur'roc 37. De même, 1' ur'mo fait fonction de secrétaire de la synode, ya.sJ.9.'reémv 'r' OUOdaGU Le xYs 1029 xYs terrain demandé à Antonin pour le uor6 est accordé à la rvolQ; 1 et le décret par lequel la voo en témoigne sa reconnaissance porte les noms des magis trats du . C'est qu'en effet, la rvoo; de home englobant toutes les autres, te Euct6ç s'étendant à tout l'empire, la fusion est complète. L'organisation interne des sociétés athlétiques nous est peu connue. La confédération romaine avait des statuts (v6i.o) 3, qui provenaient sans doute en grande partie des règlements adoptés par les principales sociétés de province. Le récipiendaire devait un droit d'entrée (i.ytov), (tout le montant total était., en 41.)'i, de cent deniers'. La confédération annonct par lettres missives aux adhérents (-:o'iç ç as,ç 'sdu) l'admission du membre nouveau (auuolciïo) et l'acquittement du droit . Le 'ri.avoç qu'elle possédait depuis l'époque d'Antonin renfermait une chapelle, des archives et un ystos . Elle rendait des décrets à l'occasion des concours qu'elle organisait , correspondait avec l'empereur8, votait des éloges, des honneurs, des statues aux membres du comité, aux athlètes ou aux princes qui lui avaient rendu de signalés services9. Sur les dignitaires des sociétés locales le document qui nous fournit le plus de renseignements est une double inscription de Smyrne, gravée en 80 et en 83. Elle nous apprend que la synode des rnystes de BreiseusDionysos avait son prêtre (iaaç), qui était toujours pris dans la même famille ((3t è'ss';), son ou sa stéphanéphore, son agonothète, son archonte du xyste ou xystarque et son administrateur (lioix(I'v) °. Les sociétés régionales avaient pour chef un archiprêtre (/t6pE;) 11, qui exerçait quelquefois cette fonction à vie (l II0,J) '2 et la cumulait souvent avec la xystarchie ", parfois aussi avec l'intendance des bains impériaux ". Le chef de la synode permanente exerçait son autorité sur l'ensemble des athlètes présents aux concours, sur le Le xystarque (urtprto est, de tous ces fonctionnaires, celui que nous connaissons le mieux. Il est nommé par l'empereur Le plus souvent sa charge est donnée comme viagère par les inscriptions ( ou), et dans aucune on ne trouve un exeir pie certain du contraire ". Elle estquelquefois héréditaire (i.yoou): sur un papyrus de basse époque un xystarque écrit à son frère, xystarque comme lui, et parle de leur frère, également xvstarque a. On prenait pour chefs de xyste d'anciens athlètes, de préférence des athlètes pesants, surtout des pancratias tes '9, mais aussi des lutteurs 2', des pugilistes 2' et même des coureurs ; on choisissait naturellement les champions les plus célèbres, des hiéroniques23, des périodoniques 26, des pleistoniques , de ces vétérans qu'on jugeait dignes de présider les concours où ils ne prenaient plus part 26 : on en connait un, dans une ville de second ordre comme Magnésie du Sipyle, qui, de l'Asie-Mineure à Olympie et à Pouzzoles, avait remporté la victoire dans vingt-neuf concours ho(, où le prix était une couronne, et dans cent vingt-sept concours orrixoC, où le prix était une somme d'argent . L'estime oit l'on tenait la viII uosité athlétique fait des xystarques des personnages assez considérables. Non seulement ils sont nommés dans certaines villes à côté des magistrats et des dignitaires municipaux 20 mais ils sont appelés eux-mêmes, ou l'ont été, à des charges ou à des missions importantes Ils sont souvent bouleutes dans les villes où ils ont obtenu le droit de cité 9. On en voit un, d Magnésie du Méandre, qui est stéphanépliore Parmi ceux d'Athènes, l'un est cosmète3t; un autre, stratège des hoplites et prêtre (le Zens Olympien 32; un autre, exégète des Eupatrides A Philadeiphie,, un xystarque, prêtre d'Artémnis, puis xYs 1030 xYs archiprêtre, est investi de la charge suprême et de plusieurs autres fonctiops . La confédération crétoise fait présider un concours quinquennal par un Lyttien qui a été deux fois chef des cosmes et deux fois agoranome dans sa ville et que recommandent. « sa vertu et son indéfectible dévouement »). P. 'Enns Aristomachos, xystarque de Magnésie du Méandre et de Cyzique, fut chargé de nombreuses ambassades auprès des empereurs et y gagna le droit (le cité romaine pour lui et toute sa famille 3. Présidents de concours gymniques, les xystarqucs pouvaient exercer cette fonction dans une fête spéciale tel est le cas, à l'époque des Flaviens, du o je siècle, leurs attributions pouvaient aussi s'étendre à toutes les fêtes d'une ville sous le règne de Trajan ou d'lladrien, une famille smyrniote est investie t it. Athènes, chaque fête a son xystarque particulier G, et leur chef à tous a le titre de ii premier xystarque e, pro; T)V iv 'AOvvvtç yvwv . Vers la même époque, on voit certains de ces athlètes, qui allaient concourir en tous pays et cumulaient les lettres de naturalisation , obtenir la xvstarchie dans une autre ville que la leur un bouleute d'Antioche de Syrie est xystarque à Gérasa en Arabie un citoyen de Milètopolis, de Cyzique, d'phèse et de Thasos est xystarque à Cyzique, devenue sa « principale patrie10»; un citoyen de Smyrne, d'Alexan drie, d'Athènes, de Lacédémone, obtient encore le droit de cité à Tralles pour y exercer la xystarchie Il; un citoyen de Cumes, d'Athènes, (le Philadelphie, de Rhodes, citoyen et bouleute dans beaucoup d'autres villes, est xystarque à Philadelplue un citoyen d'Aphrodisias, de Pergame et d'Antioche en Pisidie, bouleute de Thèra, d'Apollonie en Lvcie, (le Muet, de Pessinonte et de Claudiopolis, est xystarque de tous les concours à Antioche Aussi le même personnage peut-il exercer la xystarchie dans plusieurs villes sous Trajan, un Magnésien du Sipyle est xystarque des Aclia dans sa patrie et à Mopsueste, en même temps que président des Tiellanodiques h Éphèse et à Smyrne R ; sous Antonin, le même athlète est xystarque à Magnésie (lu Méandre et à Cvzique15; au iv5 siècle, un citoyen et bouleute de Thyatire et (le Salyrne est nommé xystarque à Philadelphie et k Byzance 16 En 147/178, toutes les xvstarchies d'une province, la Bithynie, sont réunies dans les mêmes mains '. La plupart du temps, la xvstarchie apparaît plutôt comme une dignité honorifique, une sorte de présidence et de vague patronat, que comme une fonction régulière aux occupations absorbantes elle est appelée ttf même dans un acte où il est parlé d'une obligation qui lui incombe 15 Le xystarque représente l'association dans les circonstances officielles, par exemple quand elle dédie à un bienfaiteur ou à tin magistrat impérial un témoignage de reconnaissance R Toutefois il exerce une activité réelle au moment des concours. Dans les jeux célébrés tous les quatre ans aux Italica de Naples, le xystarque figure en compagnie des porte-fouets cl des agonothètes; il offre un sacrifice dont la ville fait les frais". A Cliios, aux TlléoplianiCa, il est en même temps gymnasiarque A Smyrne, chez les mystes de Breiseus, il a nettement des attributions agonistiqués et, dans la liste des dignitaires qui date les actes de la synode, il vient après le prêtre, le stéphanéphore et h'agonothète, tout jute avant l'administrateur 20. Ce n'est pas pour rien que, Mopsueste et Magnésie du Sipyle confiaient la xystarchie à des 11ellanodiques23. Le règlement (l'un concours annuel entre gymnastes laconiens prescrit au gymnasiarque de fournir l'huile et au xystarque de la distribuer dans le stade . Dans une inscription d'Aphrodisias, des comptes de jeux gymniques mentionnent des sommes remises au xystarque pour ses débours 25. D'après un décret d'Antioche en Pisidie, un xystarque petit même, sans rien négliger dans la direction des concours, pourvoir aux intérêts généraux d'une municipalité et déployer toutes les qualités du bon administrateur . En témoignage des services rendus, les villes accordaient souvent aux xystarques des honneurs éclatants. D'ordinaire, il est difficile de distinguer si c'est au xysturquc, ou bien au prêtre, au magistrat, au bienfaiteur, à l'athlète, qu'allaient éloges et récompenses". Cependant, quand Antioche de Pisidie vota un décret enthousiaste en faveur de Ménandros et lui fit ériger plusieurs statues et bustes dans sa patrie Aphrodisias, elle motiva clairement ces décisions par le zèle et le dévouement qu'il montrait dans la gestion de la xystarchie et particulièrement dans l'organisation des jeux°8. Le comité qui dirige la confédération générale est naturellement composé de dignitaires plus nombreux que les associations locales ou régionales. Au temps oh la évooç urxi irTmx de Rome n'était encor qu'une de ces associations, elle avait à sa tête un seul îz' . Lorsqu'elle fut devenue impériale et univer selle par fusion avec le iinç la confédération fut 1TS collège (cuvxpy(«, 2 d'archiprêtres et xystarques à vie chargés de la surintendance des bains impériaux. Quand le triumvirat siégeait au complet, il se donnait un président, le 7tpi oç ec ; csés 3. En 194, il était composé des personnages suivants : 16 M. Aurelius Dèmostratos Damas, citoyen de Sardes, d'Alexandrie, d'Antinoè, d'Athènes, d'Éphèse, de Smyrne, de Pergame, de Nicomédie, de Milet, de Lacédémone et de Tralles, pancratiaste deux fois périodonique et pugiliste illustre 4 ; ?° M. Aurelius Dèmètrios, citoyen d'Alexandrie et d'tIermopolis, pancratiaste, périodonique et lutteur illustre; 30 M. Aurelius Chrysippos, citoyen de Smyrne et d'Alexandrie, lutteur illustre et périodonique 6. Sans être héréditaires en droit, l'arclliprêtrise, la xystarchie à vie et la surintendance des bains impériaux l'étaient en fait. Le fondateur de la confédération, M. Ulpius Firmus Domesticus d'Éphèse ', les transmit à son fils, M. Ulpius Firmus Domesticus 3. A Dèmètrios d'Iiermopolis et d'Alexandrie, qui avait déjà les mêmes titres s, succédèrent son fils, M. Aurelius Dèrnètrios, un des dignitaires de 194 ; son petit-fils, M. Aurelius Asclèpiadès I[ermloderos d'Alexandrie, doyen des néècores du grand Sarapis et des philosophes pensionnés au Musée, bouleute d'Alexandrie, d'Ilermopolis, de Pouzzoles, de Naples, d'Élis, d'Athènes et de beaucoup d'autres villes, pancratiaste périodonique, qui avait remporté d'innombrables victoires et détenu le championnat pendant six ans, de 177 ou 178 à 18? ou 18310; enfui son arrière-petit-fils". Une autre famille, une famille consulaire 12, résume toute l'histoire des synodes athlétiques. Les'l'iberii Claudii Rufi possédèrent d'abord la xystarchie èlâ ~i',cu; de tous les concours célébrés à Smyrne 13, et c'est à ce titre que l'un d'eux, pancratiaste pleistonique et hiéronique, fut honoré vers 117 par les Smyrniotes et les Eléens ". Le fils de ce Tiberius Claudius Rufus, Claudius Apollonios de Smyrne, périodonique, fut pitursi; TG-.J EJCiT5 à Rome' °. 11 eut pour successeur un autre du même nom, également périodonique 16. Par Claudius Rufus Apollonios de Pipa, deux fois périodonique, honoré d'une statue par la confédération", cette race d'athlètes se perpétua et, sous Constantin, elle fournissait encore à l'administration de l'shu' noevtxr c'sslo Claudius Rufus l'saphariosf6 et Claudius Apollonios" tous deux fils et petits-fils d'archiprêtres 20. Au-dessous des archiprêtres-xystarques, se trouvaient les deux icyovTa; T-r1; suv6ôou21. Ils étaient sans doute nominés pour un an; car ils figurent comme éponymes dans un acte de l'association et l'on voit des noms différents dans deux fêtes successives''. L'administration Enfin venait la charge de secrétaire-archiviste ; elle appartenait, vers la fin du ne siècle, à un â ltysu.p.x-obc Toû SuaTOÛ, qui, en fait, consacrait ses soins autant à la synode qu'au xyste'''. Au IV siècle, un seul ne suffisait plus à la tache : il y eut plusieurs âo-t,/E5y.µxTuï; 2'r qu'assistaient des secrétaires extraordinaires Quand la confédération tenait ses assises dans une ville qui donnait des concours solennels, le collège des archiprêtres-xystarquesne se déplaçait pas tout entier ; il déléguait un de ses membres, sans doute suivant un roulement". Dans les cérémonies officielles, le xystarque portait le manteau de pourpre et la couronne 3° 11 avait pour escorte tous les autres fonctionnaires de la confédération U1. GUSTAVE GLOTz. ZAC 1032 ZAC Z