Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ACRATOPHORUM

contenant le vin pur (âxpa-roç), avant qu'on le mélangeât d'eau dans les cratères [CRATER]. Ce nom, tiré de l'emploi du vase, ne désignait sans doute pas une forme déterminée, pas plus que celui d'oivspdpoç appliqué à tout vaisseau servant à porter du vin'. C'est ce que prouve un passage de J. Pollux' où le grammairien assimile l'acratophorum au PSYCTER et au DINOS. En effet, comme on le verra à ces mots, tous ces vases se rapprochent par leur emploi, et cependant on ne peut se les figurer sous une forme constante, invariable. Ceux que les monuments nous montrent servant à recueillir le jus des raisins foulés dans le pressoir ou à l'emporter dans le cellier, peuvent être certainement appelés des acratophora, d'après l'usage qui en 33 ACR Nous voyons dans Homère les aèdes à la table des chefs chanter en s'accompagnant sur la cithare les aventures des dieux et des héros Le chant et la danse sont appelés par le porte les ornements du festin (CIVC40 uaTa SatT(k) 4. Dès le septième siècle les riches Ioniens de l'Asie Mineure, à l'imitation des Lydiens, leurs voisins, introduisirent dans leurs banquets des musiciennes mercenaires, chanteuses, joueuses de flûte ou d'autres instruments 5. C'est de l'Ionie que passa dans les autres pays grecs l'usage des flûtes pour l'accompagnement du chant et celui de beaucoup d'instruments à cordes perfectionnés. En même temps de nouveaux genres de poésie furent inventés : c'étaient des morceaux destinés à être chantés soit par des voix isolées, soit en choeur, comme dans le xwpoç qui terminait les repas de fête 6. On ne sut plus se passer par la suite de tous ces accessoires des joyeuses réunions [sYMPOSioN] ; on voit des joueuses de flûte, des danseuses ou des danseurs mêlés aux convives sur la plupart des vases peints où des sujets de ce genre sont représentés, comme sur celui de la collection Coghill qui est ici reproduit (fig. 64). Platon dits que ces amusements qu'on allait chercher au dehors sont bons pour les gens incapables de goûter le charme d'entretiens élevés, et de chanter eux-mêmes, comme on faisait jadis, en se passant la branche de myrte ou de laurier [scoLFoN]. C'était là la protestation isolée d'un sage : ses paroles mêmes, aussi bien que la peinture d'un banquet que nous a laissée Xénophon s, prouvent qu'à Athènes, dans son plus beau temps, et ACR. est fait : ce sont de grands vases toujours sans pied (où Ix?1v Exet 7ruOp.wa), largement ouverts par le haut, se rétrécissant vers la base, qui est tantôt plate ', comme le montre une peinture de Pompéi (fig. 62), où l'on voit un vendangeur portant, à côté d'un pressoir, un vase de ce genre, qui paraît être d'argile; tantôt arrondie et plus ou moins pointue ou sphérique : tel est celui qu'un satyre porte sur son épaule dans une peinture de vase du musée étrusque du Vatican°(fig. 63). Ces exemples réunissent ainsi différents traits attribués au niNOS, au PSYCTEI et aussi au CALÂTUUS que l'on a rapproché du dernier Le nom grec passa de bonne heure dans la langue latine, comme celui de plusieurs autres vases 6, avec l'usage même de l'objet qu'il désignait. Il paraît avoir eu, chez les Romains comme chez les Grecs, une très-large acception. Varron parlant de la culture de la vigne 7 désigne, à ce qu'il semble, par le nom d'acratophorum un vase destiné à recevoir le vin du pressoir; ailleurs il applique le même nom à des vases qui servaient à porter le vin sur la table et dit expressément que ce nom a fini par se substituer à ceux de LEPESTA, de GALEOLA et de SINUS, c'est-à-dire de trois sortes de vases qui ont entre eux des rapports de forme et d'usage, comme les noms grecs indiqués plus haut. 11 y avait sans doute des acratophores de toutes matières. Un historien en cite qui étaient placés dans le tré sor d'un temple s. E. SAGLIO.