Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ACTUARII

ACTUARII, quelquefois nommés ACTARII (de, ayendo ou de actes).Employés de diverses sortes au service soit des magistrats', soit des particuliers. 1. Dans l'ordre civil, on donnait quelquefois ce nom à des scribes chargés de dresser les ACTA SENATUS, sous la direction du sénateur curator actorum, ou ab actis senatus [ACTIS S NATUS (AB)], et aux scribes qui remplissaient le même office pour les ACTA POPULI ROMANI L'agent de Trimalcion, qui vient lire une sorte de parodie de ses actes, est nommé dans Pétrone 3, actuarius. Sénèque ° fait allusion à l'office de ces greffiers ; et Suétone, dans la Vie de César', rapporte qu'Auguste attribuait à des actuarii, qui avaient mal saisi les expressions de l'orateur, les imperfections du discours de César Pro Metello. Ces employés paraissent avoir été les mêmes que ceux auxquels on donne le nom de SCRIBAE, quelquefois de NOTARII ou de CENSUALES 3. L'empereur avait de pareils scribes au service du palais impérial (domus Augusta'), même avant l'époque où ce service fut entièrement réorganisé par Dioclétien [ACTA PRINCIPIS]. Remarquons que, en général, les scribes étaient des employés d'un office supérieur des citoyens formant une corporation, tandis que les notarli étaient habituellement des esclaves tachygraphes ° et, pour les magistrats, des esclaves publics [senaus mucus]. On trouve aussi dans un monument ancien, un affranchi d'Auguste, mentionné comme adjutor ab actis 10, mais on ignore à quel service précis appartenait cet employé, peut-être à celui du cureter actorum senatus. En 401, les empereurs Arcadius et Honorius défendirent d'admettre des esclaves à l'emploi public de TABULARICS, nepublicis actis privata servitia innascerentur " 1I. Dans l'ordre militaire, les actuarii sont souvent indiqués par les textes et les monuments comme des officiers ou sous-officiers chargés d'un service administratif auprès des armées [PRINCIPALES] 1°, Ainsi il y avait un optio ab actis dans les cohortes urbaines 43, et autres semblables; l'empereur Victorinus fut tué par un actuarius, au rapport de l'historien Eutrope 1°. Les textes nomment un actuarius sarcinalium principes jumentorum, et un autre ex ratiociniis scrutandis''. On trouvera énumérés à ACTA MILITARIA nn certain nombre de comptables appartenant aux divers corps. Nous entrerons ici dans quelques détails au sujet de ceux qui étaient préposés au service des vivres sous l'Empire. Plusieurs lois des Codes Théodosien et Justinien nous fournissent à cet égard des documents assez complets 9B. On sait que, dans certains pays, l'impôt direct devait être acquitté au moyen de prestations en nature, saut', s'il y avait lieu, conversion en argent [ADAERATIO]. Ces prestations étaient versées dans des magasins de la cité voisine, reçues par des susceptores, et conduites ensuite par des primipilares aux mansiones publicae. La distribution aux troupes de cette ANNONA MILITARIS" était faite par les soins des employés de l'armée, et spécialement des subscribendarii et des actuarii qui, d'après les registres de contrôle des troupes à eux confiés, délivraient les ordonnances de livraison ; ensuite, les optiones des légions retiraient des magasins les denrées au moyen de ces mandats, et en faisaient la répartition entre les soldats1e. Une loi des empereurs Valentinien, Valens et Gratien contient diverses règles relatives aux fonctions et à la responsabilité des actuarii : ils doivent délivrer leurs pièces justificatives(pittacia authentica) dans le délai de trente jours, sinon ils sont responsables des denrées qu'ils ont dissimulées ou omis de distribuer, après les avoir retirées des greniers du fisc, à la subdivision de soldats dont ils règlent les comptes (numero cujus ratiocinia pertractant). Ils sont tenus soit envers les soldats, soit envers les magasins du fisc, de combler les déficits à leurs frais. Quant au mode de contrôle des quantités de denrées délivrées par les suscr'ptores de ces magasins, et de celles que distribuaient les actuarii ou optiones, il est indiqué par une constitution des empereurs Arcadius et Honorius d0 [ANNONA MILITARIS, ADAERATIO]. III. Il y avait aussi des medaoi actuarii [MEDICUS]. G. HUMBERT. douze pieds laissé libre entre les lots de terrain distribués aux plébéiens par le roi Servius Tullius, aux dépens de l'AGER PGRLICUS. Chacun des plébéiens chefs de famille reçut la pleine proprié té de sept jugera de terrain, contenance qui paraît avoir été depuis observée traditionnellement dans les assignations faites à la plèbe Sept lots semblables formaient, au moyen de l'addition d'un JuGERUM ou deux ACTUs, un carré de cinquante jugera, ou cent accus, nommé par cette raison CENTURIA, ayant dix actes de long et autant de large Le supplément indiqué plus haut suffisait pour permettre de donner à chaque centurie une limite ou chemin de pourtour de douze pieds de large. Le dernier champ près de la limite se nommait decumanus. Une pareille méthode fut observée lors du partage du territoire des colonies militaires. L'actuarius limes, ou ager, était l'espace formant la sixième division régulière du territoire, y compris la ligne appelée decutnanusmaximus ou cardo maximus, ou la cinquième, quintarius limes, si l'on ne comptait pas la première. Ces actuarii avaient une largeur de douze pieds. Dans beaucoup de colonies, ils servaient de chemins publics, notamment dans celles qui furent créés en vertu des lois Sempronia, Cornelia et Julia. Leur nom vient peutétre d'ACTUs, qui est celui d'une mesure agraire, et en même temps d'une servitude pour le passage des hommes ACU 6 et des bestiaux, etc.; en Italie, ces espaces s'appelaient suitruncivi et avaient une largeur de huit pieds a, et comme les précédents, servaient de chemins publics, à moins que la loi de la colonie n'en attribuât seulement l'usage aux propriétaires voisins. G. HumtmaT. ACTUS.-Mesure de longueur des Romains. Pline' etColumelle 2 en indiquent l'origine évidemment très-ancienne l'actes équivaut, disent-ils, à la longueur du sillon que peuvent creuser d'une seule traite (une impetu juste) les boeufs attelés à la charrue; cette longueur ne dépasse pas 120 pieds romains [PUS] ou 35m,489. Le PLETIIBON des Grecs n'a pas une origine différente, et on explique de la même manière celle du versus ou versus des populations osques et ombriennes. Seulement, chez ces dernières comme chez les Grecs, les uns et les autres comptant d'après le système décimal, le sillon était de 100 pieds, tandis que la mesure de 120 pieds appartient au système duodécimal qui prévalut chez les Latins'. De cette mesure de longueur est dérivée la mesure de superficie appelée actes quadratus, ou simplement, comme la première, actes, formant un carré ayant 120 pieds sur chacun de ses côtés, ou 14,400 pieds carrés romains (1259'°s,44 ou 12 ares,60 centiares)". C'est l'étendue de terrain que deux boeufs sous le joug peuvent labourer dans une demi-journée. Celle qu'ils peuvent labourer dans la journée entière, équivalant à deux fois l'actes (actasduplicatus)° ou 240 pieds en longueur sur 1 20 en largeur, ou 28,800 pieds carrés, est le JUGEUUat, principale mesure agraire des Romains. La même mesure de superficie de 1.20 pieds carrés était nommée ailleurs, dans la Bétique par exemple, acnua ou acna'. L'actes nunimus ou siteplex, ayant 120 pieds de long sur 4 de large, parait avoir été la mesure du terrain pris sur le jugerurn pour laisser un passage au bétail et aux chariots'. Le droit de les faire passer à travers un champ constituait une servitude qui s'appelait aussi actes et qui était distincte des autres droits de passage appelés iter et via' ACUS (Be)(dvq, `Pagis, Art Tpa, Ilspdvr, IIdpar,). Les aiguilles et les épingles sont au nombre des objets les plus anciennement inventés. Leur usage a précédé l'arrivée dans la Grèce et dans l'Italie des peuples qui en sont restés les habitants. C'est ce que prouvent à la fois la langue (car plusieurs des termes qui expriment en grec et en latin l'idée de la couture et de ses instruments ont leur racine dans le sanscrit)' et la découverte des objets mêmes parmi les plus anciens débris, partout où l'on retrouve la trace des hommes. Avant que l'emploi des métaux fût connu, on s'est contenté de cailloux aiguisés, d'os effilés et percés d'un chas, ou du dard d'arbustes épineux. Ces grossiers outils des premiers âges sont restés longtemps mêlés à d'autres plus perfectionnés. Dès que le bronze apparaît, on rencontre des aiguilles et des épingles de cette matière, ACU de grandeurs et de formes très-variées. L'os, l'ivoire, les bois durs, le bronze et les métaux précieux ont été par la suite employés simultanément, et on peut croire que le fer et l'acier l'ont été aussi dès qu'on a su les fabriquer [FEBHuSI]. Malgré la facilité avec laquelle l'oxydation détruit les petits objets de fer, beaucoup d'aiguilles de ce métal ont été conservées. On en a trouvé à Pompéi dans les ruines des thermes, dans celles du théâtre et de plusieurs maisons'. Leurs dimensions varient : il y en a qui n'ont pas plus de 3 centimètres de long et ne diffèrent en rien de nos aiguilles à coudre. Nous ne croyons pas nécessaire d'en donner le dessin. La figure 88 est celle d'une aiguille à passer, ou passe-lacet en os de 12 cent. de long, trouvée à Lyon, en 1841, avec d'autres antiquités romaines 3. Le trou en forme de carré long est foré irrégulièrement; tout le travail est peu soigné et semble indiquer un objet de fabrication courante. On peut voir des ustensiles semblables, en os, en ivoire ou en bronze, dans la plupart des collections. Quelques-uns et celui même qui est ici représenté étaient peut-être destinés à la coiffure. Nous parlerons tout à l'heure de ces aiguilles de tête qui méritent quelques explications particulières. Quant aux aiguilles et épingles ordinaires, il n'est pas besoin d'insister sur la manière de se servir d'outils si semblables aux nôtres. Dans les rares passages où il est question de travaux de couture, les écrivains grecs ne paraissent pas faire de distinction entre les mots p6a5vA, «SD(ç, àxa-px. Le premier est un terme général applicable à toute espèce d'instrument effilé et pointu, à l'aiguille à coudre' même la plus fine, par exemple celle dont se sert un imposteur dans un traité de Lucien' pour enlever le cachet des lettres, aussi bien qu'aux grandes épingles de tête' dont il sera question ci-après. AxÉaspa7 et émp(ça signifient toujours des aiguilles dans le sens que nous attachons proprement à ce nom, quel que soit d'ailleurs le travail auquel on l'emploie, qu'il s'agisse d'un vêtement, d'une voile de navire que l'on coud ou que l'on répare, d'une étoffe que l'on brode, etc. Nous renvoyons à des articles spéciaux [Pn BYGIO, PLUMABtus] pour tout ce qui concerne l'art de broder (ace pingere). Les mots xspdvrl, lydp3rN, indépendamment de 13r).d,N, et de son diminutif (ieaov(c, qui se rencontrent aussi en ce sens, désignent en grec les épingles aussi bien que les broches ou agrafes de tout genre [rmuLA]. Le nom latin acus répond aux noms grecs qui précèdent dans toutes leurs acceptions s, et il a une signification plus étendue encore, puisqu'il s'entend non-seulement des aiguilles et épingles", mais de toute autre espèce d'instrument aigu, par exemple de la tige au moyen de laquelle on tirait la mèche d'une lampe et on en ravivait la flamme [LUcEBNA]; ou encore d'un outil pointu servant de plantoir". I musée du Louvre. Elle est dans la figure 97 réduite au tiers, la tige tracerse trois lentilles légèrement gravées et surmontées d'un tambour àbords façonnés qui porte une tête de béler". On peut ACU 62 ACU Des fabricants d'aiguilles sont désignés par les inscriptions sous les noms d'acuartus et acutariusl°. On ne trouve que dans les glossaires les noms de (fs)rovoOi xr1, px~tloO x'g aciariuln, désignant l'étui où l'on conserve les aiguilles; niais ces noms doivent être anciens comme les objets, dont on a fait certainement usage de bonne heure. La figure 89 reproduit à la moitié de la grandeur du modèle un étui en or ayant la forme d'une petite massue et muni d'un couvercle attaché à un bracelet13 : ce bijou a été trouvé en Crimée dans un tombeau de l'ancienne Panticapée, avec d'autres objets appartenant aux meilleurs temps de l'art grec. Un second étui (fig. 90) en os faisait partie du contenu d'une de ces boîtes [CISTA] où les femmes enfer maient, au moins dans une certaine partie de l'Italie, des bijoux et des ustensiles de bain et de toilette. Dans celle qui contenait cet étui, tirée d'un tombeau de l'antique Praeneste 14 , se trouvaient entre autres objets trois épin gles de tête, une aiguille, terminée du côté opposé à la pointe par une sorte de racloire et ressemblant assez à un style [ST1M:S] ; enfin, une autre aiguille pareille à nos passe-lacets. Beaucoup d'aiguilles et d'épingles ont été trouvées dans d'autres cistes. Plusieurs boîtes de formes diverses trouvées à Pompéi15 comme celle qui est ici gravée (fig. 91), paraissent avoir eu la même destination. Enfin, sur un vase peint trouvé à Athènes, où est représentée une scène de toilette, Stackelberg" a cru reconnaître une pelote garnie d'épingles, qu'une servante tient devant sa maîtresse. Cette conjecture n'a rien d'invrai semblable; toutefois l'auteur ne cite aucun texte à l'appui de son opinion, et la figure est trop peu précise pour que nous ayons jugé à propos de la reproduire. Quelques exemples montreront combien la forme de ces objets était variée et quelle élégance les anciens mettaient à ceux qui devaient faire partie de la parure. La figure 92 offre, réduite de moitié, une épingle en or, ornée à son extrémité d'une tête de cerf ou d'élan, du plus fin travail; elle a été trouvée, comme l'étui suspendu à un bracelet dont il a été parlé plus haut, dans un tombeau du Bosphore cimmérien, et appartient à la même époque de l'art grec17. On en peut voir d'autres de même provenance, différentes de forme et non moins remarquables, dans ie bel ouvrage où sont reproduites les antiquités du musée de l'Ermitage. D'autres épingles sont surmontées de figurines ou même de groupes qui sont autant d'oeuvres d'art exquises. Telles sont ces épingles d'argent du musée de Naples, trouvées dans les fouilles d'Herculanum, qu'admirait Winkelmann 18 : « La plus grosse, dit-il, longue de huit pouces, est terminée par un chapiteau d'ordre corinthien, sur lequel est une Vénus qui tient ses cheveux avec les deux mains ; l'Amour, qui est à côté d'elle, lui présente un miroir. Sur une autre de ces épingles, surmontée aussi d'un chapiteau d'ordre corinthien sont deux petites figures de l'Amour et de Psyché qui s'embrassent; une autre est ornée de deux bustes; la plus petite représente Vénus appuyée sur le socle d'une petite figure de Priape, et elle touche de la main droite son pied qui est levé. » Le musée du Louvre possède des épingles qui, sans avoir peutêtre la même perfection, répondent assez exactement à ces descriptions19. A ce musée appartient aussi °0 l'épingle en or qu'on voit réduite de moitié (fig. 93) : la tête se compose d'un chapiteau sur lequel est debout un Amour qui joue de la flûte de Pan; au musée de Naples21, une épingle d'ivoire (fig. 94) dont la tige est surmontée de la figure de Vénus nue, sortant du sein des eaux et tordant ses cheveux ; au même musée", une autre épingle en or (fig. 95), dont la tige est recourbée; à son extrémité est comme suspendue l'image d'un petit génie ailé qui tient d'une main une patère, de l'autre un objet de forme cylindrique, peut-être un vase à parfums. L'épingle en or du musée de Chiusi23, que l'on voit (fig. 96), porte la marque d'une antiquité reculée. Les animaux, d'un travail délicat, don t la tête est ornée, ont ce caractère oriental que l'on a observé dans beaucoup d'objets étrusques d'ancienne date. Une autre épingle étrusque, en argent, plus moen grand. derne, appartient au voir au même musée une autre épingle de forme semblable, mais un peu plus grande et portant à son extrémité une tête de sanglier25. La figure 98 reproduit encore un objet de la même collection : c'est une épingle en argent2e ici réduite au tiers, ayant la forme d'une épée munie de sa garde; ce n'est pas l'arme ordinaire du soldat romain, mais la longue SPATIIA à deux tranchants des derniers siècles de l'Empire. Quelques personnes inclinent même à voir dans cet ouvrage un objet d'une époque encore plus récente. La figure 99 représente une épingle surmontée d'un buste de femme, qui a été trouvée, comme un certain nombre d'autres 27 , dans le tombeau d'une femme chrétienne ; la figure 100, dessinée de la grandeur du modèle 28, une épingle étrusque en or, du musée du Louvre : la tète estampée a la forme d'un gland. Quelques-unes des épingles qui nous ont été conservées ont pu servir à fixer les pièces de l'ajustement, mais les plus grandes, qui sont aussi les plus nombreu ACU 63 ACU ses, ont été certainement employées pour la coiffure. Ces épingles ou aiguilles de tête (anus crinalis, comatoria, [3s)t6vr,, atEpo221t furent d'un usage général pour les femmes dans toute l'antiquité, et les hommes mêmes en portèrent lorsque la mode de laisser à la chevelure toute sa longueur rendit nécessaire de la diviser et de l'assujettir comme celle des femmes [COMA, CROBYLUS]. On voit déjà dans Homère 29 un homme dont les cheveux sont ornés de bijoux d'or ou d'argent : c'est un Asiatique, le Dardanien Euphorbe; et, en effet, ce luxe paraît avoir pris naissance en Asie. H fut poussé fort loin chez les Ioniens, à Samos, à Colophon, et sans doute dans toutes les riches cités de l'Asie Mineure30; il ne resta pas étranger non plus aux Ioniens d'Europe. Les Athéniens, à peu près jusqu'à l'époque des guerres médiques, tinrent leurs cheveux attachés à l'aide d'épingles ornées de cigales d'or31. Quant aux épingles à cheveux dont les femmes faisaient usage, les exemples fournis par les textes et par les monuments sont abondants et permettent de déterminer assez exactement leurs divers emplois. Les auteurs, en effet, nous apprennent que des épingles ou aiguilles semblables servaient à partager les cheveux, et que pour cette raison on leur donnait les dénominations de discerniculum ou acus discriminalis32. On rencontre encore ceux de coussin et de scalplorium33, tirés également de leur usage. Un de ces objets est figuré avec un peigne sur une pierre funéraire, comme insigne de la profession d'une coiffeuse ou ORNATRIX3". On les voit encore sur les vases peints et les miroirs gravés où sont représentées des scènes de la vie féminine ; ordinairement ils sont placés dans les mains de servantes ou de génies qui en font l'office. Les ailes dont ceux-ci sont quelquefois pourvus et le nom de LASA inscrit sur un miroir" a l'ait prendre pendant longtemps ces aiguilles pour des styles à écrire, que l'on considérait comme l'attribut de ces divinités étrusques du (festin; on supposait par suite qu'un vase de forme allongée, qui en est, dans les mêmes mains, l'accompagnement ordinaire , ne pouvait être qu'une écritoire. Mais un style aigu est un instrument impropre à écrire à l'aide d'un liquide; et d'ailleurs sur les monurnents,l'objeLaucuel on donnait ce nom se trouve réuni non-seulement à la fiole à parfum36 facile à reconnaître à sa forme pour un ALABAS'rIouiI, mais encore aux miroirs, aux écrins, aux rubans, et les personnages, ailés ou non, qui les tiennent, sont évidemment occupés des soins de la toilette34. Enfin, on ne peut se méprendre sur l'usage que fait du discerniculv;n une femme représentée sur un miroir étrusque" (fig. 901) : elle est dans une salie de bain en compagnie de deux autres femmes nues comme elle ; agenouillée à demi auprès d'une vasque, elle se coiffe en se mirant. On voit encore sur une ciste gravée 39, une femme qui sépare sescheveuxà l'aide d'une aiguille, et se regarde dans un miroir. Ces exemples ne laissent pas de doute sur la destination de l'aces discriminons. Le mot aces est aussi employé par les auteurs d'une manière générale pour tous les soins donnés à la coiffure [cote]; et l'on voit par eux que des aiguilles du même genre servaient à friser, à crêper, à lisser, à dresser ou assouplir les cheveux et à leur donner tous les tours [cALAMISTItutif]40, quelquefois à les teindre ainsi que les sourcils41. On sait déjà qu'on les parfumait à l'aide de ces mêmes objets, constamment rapprochés sur les monuments des vases à parfum. Aux nombreux exemples que nous avons déjà cités nous ajouterons (fig. 102) la peinture d'un vase grec trouvé dans un tombeau près d'Orvieto "2 : elle représente Bacchus tenant une jeune femme embrassée; et près d'eux un génie ailé, l'Autour peut-être, ayant dans une main un de ces vases et dans ACT 64 ADAE l'autre une de ces aiguilles avec laquelle il touche les cheveux de la compagne du dieu. Quand l'échafaudage, souvent si compliqué, de la coiffure était dressé, c'étaient encore ces grandes épingles dont quelques-unes sont parvenues jusqu'à nous, qui tenaient les tresses, les nattes et les boucles assemblées derrière la tête ou sur son sommet" : on en a un exemple (fig. 103) dans une statue découverte près d'Apt (Vaucluse) au siècle dernier". Elles servaient encore à at tacher les liens qui retenaient les coiffes ou d'autres parures h5. Ainsi, sur un vase trouvé à Athènes 40 est peinte une figure de femme (fig. 104) dont les cheveux forment en arrière une touffe soutenue par des bandelettes; une épingle dont l'extrémité est visible les-Reni réunies. Sur un miroir gravé étrusque", représentant la toilette d'Hélène (fig. 405), on voit trois femmes qui achèvent de la coiffer. L'une d'elles présente un miroir; une autre va nouer les cordons du riche diadème que la troisième ajuste sur le front de sa maîtresse. La dernière suivante tient l'aiguille qui, plantée dans la chevelure, en consolidera l'édifice. Ces longues aiguilles de tête devenaient quelquefois des armes redoutables entre les mains de femmes cruelles et vindicatives49 : on voit par les poëtes" avec quelle cruauté les dames romaines châtiaient souvent les plus légères fautes des esclaves occupées à leur toilette : elles saisissaient leurs aiguilles pour leur frapper les bras ou le sein. Un historien50 nous peint Fulvie, la femme de MarcAntoine, tenant sur ses genoux la tête de Cicéron assas siné et perçant, avec l'épingle qu'elle tire de ses cheveux, la langue de l'orateur. Et dans un récit d'Apulée 67, c'est encore à l'aide d'une de ces aiguilles qu'une femme venge la mort de son mari en crevant les yeux du meurtrier. Il y avait enfin de ces épingles qui étaient creusées 52 de manière à pouvoir renfermer un parfum et parfois du poison. Cléopâtre, d'après une des traditions qui avaient cours53 se serait donné la mort à l'aide d'une épingle semblable qu'elle portait constamment dans ses cheveux. E. SAGLIO.