Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ADAERATIO

ADAERATIO. Conversion en argent des prestations dues à l'Etat, à titre d'impôt direct ou foncier en nature. Ce qui se rapporte à ces prestations au temps de la République est expliqué à l'article AESTIMATUM. Quant à la quotité et au mode de recouvrement de cette contribution sous l'Empire, voyez ANNONA MILITARIS. Payer les prestations en nature s'appela dans le latin du Bas-Empire apocitare (apocita, â7COyŸi, quittance). Depuis Constantin, non-seulement les provinciaux et les Italiens, mais les habitants mêmes de la regio urbicaria furent assujettis à cette prestation t. En règle générale, il était interdit aux receveurs (susceptores) qui étaient chargés d'emmagasiner ces denrées, sous la haute surveillance du préfet du prétoire, d'exiger de l'argent des contribuables ou d'en recevoir au lieu des produits dont le versement en nature était obligatoire. Mais cette prohibition ne fut pas absolue. Ainsi Valentinien III, en 445, permit aux sujets de la province d'Afri que à raison de la difficulté des transports, de payer, moyennant un taux déterminé en argent, l'annona militaris. De même, quoique de nombreuses constitutions insérées au Code Théodosien eussent défendu aux soldats et à leurs chefs de se faire payer en argent 3, on leur permit, en certains cas, de déroger à la règle, d'après un tarif fixé par l'empereur, ou d'après les prix courants. Ainsi 'Valentinien et Valens, en 365, autorisèrent les Riparienses à percevoir neuf mois d'ennona en nature, et les trois autres en argent ". Il y eut encore des concessions de ce genre assez nombreuses 5. Valentinien et Valens, en 365, permirent aux protectores lori rerum venalium de se faire payer leur annona en argent, suivant la coutume Nous renvoyons aux textes pour les autres exceptions de ce genre. On admettait aussi à l'adaeratio les propriétaires qui devaient céder une partie de leurs colons [coLoxus] pour recruter l'armée 7; le prix (aurum tironicum) variait de 20 à 30 aurei; il était perçu par les rapitularii ou temonarii. Souvent le trésor percevait les denrées et payait en argent ses fonctionnaires; d'autres fois, ii convertissait l'impôt de certains pays 3 pour une année ou pour une période plus courte, ou d'une manière indéfinie. Cette conversion avait lieu plus fréquemment pour les chevaux et pour les habits que pour les denrées alimentaires et le fourrage. L'adaeratio était prohibée pour le fer et le bois destinés aux travaux publics. Une constitution d'Arcadius et Honorius, de l'an 396 prescrit de payer aux soldats d'Illyrie un solidus par chlamyde à eux due. Honorius et Théodose décidèrent que l'estimation de l'annona vestis serait versée au trésor, et que les cinq sixièmes en seraient payés en argent aux vieux soldats, et le sixième remis aux junioribus et gregarüs militibus, sous la forme qu'ils jugeraient préférable 1o La prestation d'un cheval était estimée 25, 18 ou 15 solidi 11, et le trésor, qui la percevait, n'en remettait souvent qu'une partie aux soldats qui auraient eu droit à la livraison d'un cheval. C'était une spéculation aux dépens à la fois des contribuables et des fonctionnaires, dont une partie du traitement était payée en nature 12 Dans certains cas où les fournitures dues à titre d'impôt auraient été insuffisantes pour les besoins de l'armée, on procédait par réquisition forcée sur les détenteurs, en les remboursant au prix courant, ce qui s'appelait publica cornparatio fa ou en imputant la valeur de ces fournitures à compte sur les impôts 16. G. HUMBERT.