Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CAELATURA

CAELATURA, Topretx-l. Terme général par lequel il faut entendre, en grec comme en latin, l'art de travailler le métal en creux et en relief, que ce soit par les procédés du repoussé, de l'estampage, de la ciselure ou de la gravure, en opérant sur une seule masse, ou en rapportant des pièces et en les assemblant mécaniquement ou par la soudure. Il comprend donc la plupart des travaux qui appartiennent encore aujourd'hui à l'orfévrerie et à la bijouterie; il faut y joindre ceux de la chaudronnerie, de l'armurerie et tous ceux où l'ouvrier recourt aux mêmes moyens pour donner aux objets qu'il fabrique la forme et l'ornement; mais nous mettrons à part l'art de fondre des figures et de jeter en moule, qui constitue proprement la statuaire en métal [STATUARIA ARs]. Là les opérations de la caelatura n'interviennent que subsidiairement, pour réparer les imperfections de la fonte, rarement pour y ajouter quelque chose. Au contraire, dans les ouvrages de la toreutique, la fonte, si elle est employée, n'est qu'une préparation qui laisse, pour ainsi dire, tout à faire à un art distinct. Le nom de cet art vient en latin de CAELUM, en grec de -ooevç, c'est-à-dire, dans les deux langues, du nom du principal outil, burin ou ciselet, qui sert à modeler, à sculpter et à graver le métal'. On est généralement d'accord sur l'extension qu'il faut donner au mot latin caelatura, employé par les écrivains anciens dans tous les cas que nous venons d'indiquer ; on ne l'est pas autant sur celui de TSpEa'1IXS 2 : il a été étendu par Quatremère de Quincy et par ceux qui Pont suivi à tous les travaux des métaux, forge, CAE 779 --CAF. fonte, alliages, incrustations, damasquinure, niellure, etc., et même à ceux où les métaux sont combinés avec d'autres matières, telles que le bois et plus particulièrement l'ivoire, dans la sculpture chryséléphantine, et aussi avec les pierres précieuses. Nous pensons que l'acception du mot -topeu2tr.il ne dépasse pas celle de caelatura et que, dans les textes où les mots caelatura, caelamen, toreuma, etc., se trouvent appliqués exceptionnellement à d'autres oeuvres que celles de la sculpture et de la gravure en métal, ce n'est que par analogie ; il ne faut pas, croyons-nous, chercher dans tous les passages des auteurs anciens une précision technique que rarement ils y ont voulu mettre. 1. En quel temps, en quels lieux, les hommes qui ont peuplé la Grèce et l'Italie ont-ils commencé à travailler les métaux? Ils les possédaient avant d'entrer dans ces pays, longtemps avant le moment où l'histoire nous apporte pour eux ses premières dates précises et des renseignements positifs. Les découvertes si nombreuses, et dès à présent si concordantes, que les études qu'on appelle préhistoriques, ont faites en Grèce et en Italie, aussi bien que dans les parties plus septentrionales de l'Europe, démontrent l'existence, chez des populations unies par une origine commune et probablement par des relations continuées dans la paix et dans la guerre, d'une industrie dont les produits sont marqués du même caractère : ils ont des armes, haches, épées, couteaux, pointes de dard, des vases ou d'autres ustensiles, des objets de parure, etc., dont la fabrication suppose déjà une longue pratique et des connaissances avancées, puisque, aussi haut qu'on remonte, ces objets sont en bronze, c'est-à-dire formés d'un alliage de cuivre et d'étain, et qu'ils ont été, tantôt coulés dans des moules, le plus grand nombre même fondus à cire perdue3, tantôt faits de métal battu et façonnés au marteau. Les jointures sont faites au moyen de rivets, car la soudure est inconnue, et, pendant longtemps, ceux qui moulaient le bronze semblent avoir ignoré l'art de le percer; en effet, les trous servant pour les rivets sont toujours ménagés dans le moule. « Les ornements même en cercle, en spirale, sont toujours fondus, dit Lubbock, et, bien qu'admirablement dessinés, sont évidemment faits à la main ; le compas n'est donc pas connu. Il est évident en outre que les objets décorés ont dû être coulés à la cire ; car, en admettant qu'on ait pu faire disparaître sur une surface plate la ligne de jonction (des deux parties du moule qui doivent être juxtaposées quand les objets sont fondus autrement), cela devenait impossible sur un objet surchargé d'ornements 4. » Dans les pays voisins de la Méditerranée (ce sont les seuls où nous ayons à nous arrêter), le martelage paraît avoir précédé le moulage, ou, ce qui est plus probable, les deux procédés ont été simultanément employés, mais non pas par les mêmes mains ni dans les mêmes contrées Quel que soit celui qui ait été préféré dans le Midi et dans le Nord, le style et l'ornement sont les mêmes, dérivent des mêmes idées premières, sont composés des mêmes éléments : ce sont des lignes droites dessinant sur la sur face des objets des zones et des compartiments; ou brisées en zigzags, en chevrons, en frettes, en triangles, en losanges; des cercles concentriques ou des spirales qui s'enchaînent; puis les lignes se compliquent en méandres interrompus ou liés ingénieusement en cent façons différentes; les formes animées apparaissent : ce sont d'abord des oiseaux aquatiques (cygnes, oies ou canards) ; enfin la figure humaine grossièrement représentée. Les observations qui ont amené quelques savants à reconnaître dans le décor des plus anciens vases peints [VASA PICTA], l'imitai-ion des produits d'une industrie déjà fort avancée antérieurement, celle des nattes et des tissus, entrelacés et noués de toutes manières, ces observations s'appliquent également aux plus anciennes oeuvres en métal dont le décor est tout semblable; elles ont eu les mêmes modèles, et à leur tour elles ont été imitées par la céramique ; les vases noirs de l'Étrurie notamment, qui portent des ornements en creux, peuvent être regardés comme des reproductions d'ouvrages en bronze et s'ajoutent aux types qui sont parvenus jusqu'à nous'. Nous offrons ici deux exemples de l'industrie primitive du métal, tous deux d'une époque où elle était arrivée à la perfection qu'elle pouvait atteindre, mais ne montrant pas encore de trace de l'influence nouvelle venue d'Orient, qui en changea peu à peu l'aspect à partir du xie ou du xue siècle av. J.-C. Le premier (fig. 923) est un vase à deux anses trouvé dans un tombeau étrusque de Corneto', mêlé à d'autres objets dont quelques uns déjà indiquent une provenance nouvelle ; c'est un ouvrage de chaudronnerie fort simple, fait de feuilles laminées au marteau et rivées; les têtes des rivets et des boutons saillants, rangés en files régulières autour de la panse et du col, en font tout l'orne ment. Le second (fig. 921) est un disque trouvé en 1869 à Alba Fucense, sur le territoire des Èques, et actuellement au musée de Pérouse 8. M. Conestabile, auteur d'un savant mémoire où ce disque et d'autres semblables sont comparés avec les ouvrages de même style trouvés en différents pays, y a reconnu une de ces pièces de harnais que les Romains, qui les tenaient des Étrusques, appelèrent ruALLSAC. On voit que leur usage doit être reporté très-haut dans le passé, et la conclusion même du mémoire que nous citons, c'est que cet objet n'a rien d'étrusque et que les dessins qui couvrent une de ses faces sont au contraire de ceux qui caractérisent le goût d'une période antérieure, CAE 780 CAE même au centre de la péninsule italique, avant que les Étrusques ysoient devenus les maîtres'. M. Conestahile fait remarquer, quant à la technique '0, que les cercles parallèles qui bor dent le disque et ceux qui séparent les zones ont été tracés avec une pointe ou un burin, ainsi que les ornements au pointillé à l'intérieurde ces zones ; les petits ronds ou cercles concentriques avec un point au milieu, qui forment deux des bandes d'ornements et sont répétés au centre, renflé comme l'umbo d'un bouclier, ont été gravés,à ce qu'il semble, au trépan ; la ligne de zigzags que l'on remarque à peu de distance du bord a été ciselée avec une échoppe; enfin, tous les boutons saillants ont été exécutés au repoussé. Ces exemples suffiront pour faire apprécier l'habileté de ceux qui travaillaient le bronze et la variété de leurs procédés, dès avant le temps où les Étrusques, en Italie, acquirent dans cet art une si grande renommée, et où des communications nouvelles avec l'A sic transformèrent également en Grèce les modèles adoptés par ses premiers habitants Cette industrie, venue dans les deux pays peut-être par des voies différentes, semble avoir eu le même point de départ : par les rivages de la mer Égée et les montagnes de l'Asie Mineure, ou en suivant les pentes des Alpes, la vallée du Danube, les bords du Pont-Euxin, c'est toujours vers les régions qui avoisinent le Caucase et l'Oural que l'on est conduit à chercher, sur des traces pareilles, la patrie des premiers mineurs et des premiers forgerons. Les commentateurs de la Bible y ont cherché la ville de Tubal, où Tubal-Caïn travailla le premier le métal, de norme qu'Homère y a placé le pays des Chalybes 12, célèbre par ses mines d'argent. Sur ce point, les plus antiques traditions de la Grèce ne sont pas en désaccord avec es conclusions les plus récentes de lascience13. A une époque indéterminée, dans cet àge reculé où la vérité ne peut être qu'entrevueà travers les tables, les premiers travaux métallurgiques sont attrilmés à des personnages représentés, tantôt comme des êtres surnemiels, dieux, génies ou enchanteurs, tantôt comme des hommes formant des corporations redoutables, gardiennes à la fois de mystères religieux et de secrets professionnels. Ce sont" les Dactyles, originaires de l'Ida de Phrygie (ou, comme on le dit plus tard, de l'Ida de Crète 10), qui passèrent successivement de la côte asiatique dans toutes les îles voisines ; les Curètes, venus des mêmes lieux et qui furent les premiers, d'après les légendes, à exploiter et à travailler le cuivre de l'Eubée; les Corybantes, qui se confondent souvent avec les premiers.; les Cahires (quand ils sont considérés comme des hommes voués aux mêmes travaux), qui, suivant à peu près le même itinéraire, portent leur industrie dans les îles de Samothrace, de Lemnos, d'Imbros, de Thasos et sur le continent voisin ; les Telchines enfin, que l'on fait tour à tour habitants de la Crète, de Rhodes, de Chypre, de Cos, de, la Lycie et de plusieurs villes de Grèce, toutes renommées pour les mêmes travaux, notanunent de Sicyone, «lui fut longtemps, au dire dePline10, la patrie des ateliers de tous les métaux. » Ce qu'il est à propos de constater surtout dans le témoignage des anciens, si divers mais si concordants sur ce point, c'est la marche suivie par ces initiateurs d'un art nouveau, tous partis des contrées les plus septentrionales de l'Asie Mineure, s'avançant en Europe de rivage en rivage et s'établissant partout où se trouvaient les minerais [METALLA]. Dans les progrès de cet art, les Dactyles font les premiers pas : ils sont les mineurs qui extraient le métal, le fondent et le purifient; leurs noms grecs sont significatifs : Kamis, celui qui réduit le métal (le marteau qui le bat ou la chaleur qui le fond"), Damnumenens, celui qui saisit et qui dompte (les pinces) et C\E -i81CAE Alcanon'g, l'enclume; ils montrent des forgerons établis dans les montagnes de la Grèce et déjà en possession des outils les plus nécessaires. Les Cabires aussi sont forgerons; les Corybantes et les Curètes, d'habiles armuriers, qui fabriquent des lances, des épées, des boucliers, et connaissent les secrets des alliages. Avec les Telchines, qui excellent à travailler l'or et l'argent aussi bien que le cuivre, commence l'art véritable : ceux-ci non-seulement passaient pour avoir fait des ouvrages d'un caractère surnaturel, tels que la faux de Saturne le et le trident de Neptune 90, mais encore on leur attribuait les premières statues faites à l'image des dieux 21. A côté de ces personnages fabuleux, hommes ou génies, représentants des premiers progrès de la métallurgie, les Grecs nommaient Héphaistos [vuLcaxus], le dieu forgeron, qui devient, dans les poemes d'Homère, le type de l'ouvrier en métaux, également habile à les travailler tous et à en faire les oeuvres les plus variées, armes, meubles, bijoux; il est l'artiste de l'Olympe, et ses oeuvres sont destinées à des dieux ou commandées par eux ; mais quelquesunes sont échues à des mortels, et plus d'une fois le poëte, quand il décrit une arme brillante et solide, une parure finement travaillée, a soin d'en relever l'éclat en l'attribuant à 'Vulcain IL La théorie qui explique la conformité de goût remarquée dans les ornements des objets appartenant aux premiers âges par l'origine commune des races qui les auraient possédés avant d'envahir l'Occident en suivant des voles différentes, soulève des objections ou a besoin d'être complétée. 11 est certain que la simplicité de ceux de ces objets qu'on rencontre dans les plus anciens dépôts où le bronze apparaît, comme les terrastore de l'Italie septentrionale, n'a rien qui dépasse les conceptions élémentaires des peuplades sauvages de toutes races, dispersées dans le monde entier. Les lieues droites ou brisées, les points, les ronds, les carrés, les triangles dont ils décorent les objets à leur usage ne suffisent pas pour constituer le système d'ornementation que l'on a nommé géométrique; on ne peut dire qu'il existe, et il n'est pas véritablement la marque d'un goût, d'un style propre, tant qu'il n'offre pas d'éléments plus variés, groupés et combinés d'après des principes constants, dont l'arrangement soit visiblement inspiré par le même génie ou le même instinct naturel. Or, dès que l'on peut constater un tel ensemble, on remarque sur les objets mêmes qui en offrent des exemples, ou sur d'autres objets placés à côté, les traces d'une influence différente. Sur ceux de métal aussi bien que sur les poteries trouvées dans les tombeaux de Caere, de Clusium, de Tarquinii, de Praoneste, de Véies, etc., apparaissent des ornements que l'on s'accorde à regarder comme des conceptions propces à l'art de l'Orient, tels que le fleuron, la palmette et autres motifs empruntés au règne végétal, puis des animaux, dont quelques-uns sont inconnus dans les pays d'Occident, des quadrupèdes ailés et autres êtres fantastiques, et enfin des personnages et des symboles religieux dont le caractère assyrien et égyptien ne peut être méconnu. Quelques collections, particulièrement le Musée étrusque du Vatican, renferment des Ynses, des bijoux, des meubles, des ustensiles de tout genre, qui fournissent pour cette question de nombreux éléments de comparaison. Nous literons seulement les boucliers ronds de Caere 26, recouverts de feuilles de bronze [cLn'Eus], dont l'ornement, composé de lignes et de divisions géométriques auxquelles des animaux sont mêlés, ressemblent tant à ceux que l'on a découverts, soit dans les pays du Nord, soit en Italie et aux disques du musée de Pérouse.Voici d'autres exemples pris en dehors de ce musée. Le premier (fig. 925) a été trouvé à Bénévent 26 : c'est un diadème formé d'un double cercle de métal ; une feuille de bronze sert de soutien à une autre feuille, qui est d'argent estampé. Il est facile de reconnaître dans les dessins qui couvrent cette dernière, zigzags, triangles, croix à branches recourbées ou cantonnées, des éléments de l'ornementation primitive; les oies ou canards ont été, comme on l'a vu, rattachés au même système décoratif; mais on y voit aussi disposés de la même manière, en rangées verticales, des rosettes, des casques à cimier, et un autre ornement qui n'est pas sans rapport avec la fleur épanouie ou la palmette phénicienne que l'on rencontre fréquemment ensuite dans des ouvrages de l'art étrusque ou sur des objets étrangers mêlés aux produits de cet art26. Le second exemple (fig. 926) appas-' tient à une époque plus avancée ; ici le style nouveau s'est substitué entièrement à l'ornementation primitive, et son origine asiatique ne saurait être mise en doute : c'est le coffret ou ciste, aujourd'hui au musée Britannique, connu sous le nom de ciste Castellani 27, boîte cylindrique en bois, recouverte de bandes d'argent fixées par des rivets. On voit dans la figure un peu plus de la moitié de son développement. Des animaux sont gravés sur trois de ces bandes et leurs contours sont découpés sur celles du milieu de manière à laisser voir le bois sous l'enveloppe métallique ; sur la bande inférieure sont dessinées des palmettes et des fleurs de lotus. Le mascaron qui sert d'attache de chaque côté à deux anses mobiles, repose sur une palmette dont la tige a la forme d'un chapiteau retourné, à double volute, ornement tout à fait semblable à la palmette qui supporte les anses du grand vase d'Amathonte, au musée duLouvre°a, et qu'on retrouve constamment dans les monuments assyriens. On voit aussi, àla partie inférieure de le\ p "WO , Irn i umrll -v IIII~IIIVII I _ I CAL 782 CAE la bande plus étroite qui forme comme un montant latéral, un ornement analogue à celui dont nous avons fait re. marquer, en parlant du diadème de Bénévent, la physionomie orientale et des génies ailés qui ont la même origine. Les objets qui présentent le méfie aspect sont nombreux surtout, comme on l'a remarqué '9, dans les localités les plus voisines de la mer, qui étaient aussi le plus naturellement ouvertes aux importations d'un commerce lointain. On sait aujourd'hui par les découvertes répétées faites à Chypre, à Rhodes, en Sicile aussi bien qu'en Italie, de pièces d'orfévrerie de provenance évidemment asiatique 30, quelques-unes même entièrement semblables à celles qui ont été retrouvées dans les ruines de Ninive 3', que des relations fréquentes existaient entre tous ces pays ; le commerce y transportait les produits des industries de l'Orient. Ce fait désormais acquis est de la plus haute importance pour l'histoire de l'art, et en particulier pour celle des premiers progrès accomplis par les Étrusques et par les Grecs dans le travail des métaux. « Maintenant, dit M. de Longpérier 33, qu'on peut se faire une idée des vases de métaux que les Phéniciens portaient aux Grecs à l'époque d'Homère, on comprend comment s'est faite l'éducation des artistes helléniques, et l'on s'explique comment ils ont été conduits à introduire dans leurs oeuvres des types, des combinaisons, des symboles qui étaient évidemment étrangers à leur nationalité, ainsi que le déclare Aristote à propos du péplus d'Alcisthène de Sybaris 33 „ Nous donnons ici (fig. 927) comme spécimen de ces ouvrages que portaient partout les vaisseaux phéniciens et où se combinent des éléments empruntés à la fois à l'Égypte et à l'Assyrie, un fragment de coupe ou patère d'argent trouvé à Amathonte 36, dans l'île de Chypre ; cette coupe se place à côté de celles de Citium et de Larnaca qui sont au musée du Louvre", de celles de Caere, au musée du Vatican, et d'autres qui ont été découvertes sur plusieurs points de l'Italie, où le même mélange est également visible 3e. Les sphinx ailés, coiffés de l'urus qui contournent l'ombilic, les divinités figurées dans la zone intermédiaire, le scarabée tenant entre ses pattes le globe solaire, sont des symboles tout égyptiens, à côté desquels il est remarquable que l'on rencontre deux personnages vêtus du costume assyrien, entre lesquels se dresse la plante sacrée souvent représentée dans les sculptures ninivites ; la dernière zone est remplie par des scènes guerrières, dans lesquelles on distingue les costumes et les armes de nations différentes (Assyriens, Égyptiens, Grecs 37). La coupe d'Amathonte est sans doute une des CAE 783 CAE plus modernes parmi celles du même caractère que l'on possède actuellement, même si l'on n'accepte pas la date du v° siècle ap. J.-C. indiquée par M. Colonna Ceccaldi, d'après l'interprétation qu'il donne du sujet. On peut, il est vrai, avoir continué pendant plusieurs siècles à faire des ouvrages peu différents de style et d'aspect. L'époque qu'on assigne généralement à l'exécution de ces coupes sa est le vie ou le vile siècle. Mais si l'on examine les objets du même genre rapportés de Ninive, et d'autres d'une antiquité beaucoup plus reculée qui sont conservés au musée Britannique, ou dans les collections d'antiquités égyptiennes, on verra par combien de degrés intermédiaires cet art avait dû passer 89. En tout cas, nous ne pouvons trouver des modèles qui nous aident mieux à nous figurer ce que devaient être aux temps homériques les plus beaux ouvrages, toujours dépeints comme venus de l'étranger. Ainsi la cuirasse d'Agamemnon est un présent que lui a fait le roi de Chypre 40; de Chypre aussi vient son char. Ceux du Thrace Rhésus et du Lycien Glaucus, couverts d'or, d'argent, d'étain, rappellent ceux que l'on voit dans les monuments assyriens °'. Ménélas a rapporté d'Egypte des cuves d'argent ainsi que des trépieds et la corbeille d'or d'Hélène '. Le cratère de même métal qu'il destine à Télémaque, comme la plus précieuse pièce de son trésor, lui vient du roi des Sidoniens 43, et c'est aussi par les Sidoniens qu'a été fabriqué le cratère d'argent qu'Achille offre comme prix des jeux célébrés en l'honneur de Patrocle. Lors même qu'Homère décrit des oeuvres qui paraissent imaginaires, il ne s'éloigne pas beaucoup de ces modèles assyriens, égyptiens, phéniciens qui étaient alors tant admirés. Celle même qui a été l'objet de plus de discussions, le bouclier d'Achille ", est conforme à un type que nous pouvons imaginer d'après celui des rondaches qui servaient alors à la défense 46, et à celles qui ont été retrouvées en Étrurie, à Chypre, à Rhodes [cuurEusj; les sujets représentés sont distribués dans des zones de la même manière que sur les boucliers de Cœre et à l'intérieur des coupes ; l'analogie est au moins suffisante pour que nous ne rejetions pas dans le domaine de la fantaisie pure les descriptions du porte. S'il inventait, c'était d'après des modèles dont il avait gardé le souvenir, et il ne dépassait la réalité que par la richesse des détails, l'abondance et la vie que la poésie, avant les arts plastiques, sut répandre dans ses créations. D'autre part, lorsque Homère parle comme d'êtres animés des dragons azurés qui se dressent sur la cuirasse d'Agamemnon 46, ou même des chiens en or et en argent qui gardent la porte de la salle de festin, dans le palais d'Alcinoüs, et des figures en or de jeunes gens qui servent de porte-flambeaux 47, on peut croire qu'il traduit poétiquement l'impression extraordinaire produite sur des esprits encore neufs par les merveilles de l'art de l'Égypte et de l'Asie. La civilisation hellénique a dû traverser dans son déve CAE 7S!, CAE loppement les périodes dont on constate la succession inégale dans tous les pays de l'Occident et peut-être aussi en Orient '°°. Elle a eu son âge du bronze, que quelques savants croient être celui des Pélasges : ils font remarquer en effet, que les objets où se montre l'ornementation propre à cet âge, se rencontrent. en Grèce comme en Italie, plus particulièrement dans le voisinage des constructions pélasgiques 49. Ainsi les lignes géométriques constituent encore un élément essentiel de la décoration architecturale à Mycènes à côté des motifs d'un goût différent où l'on est accoutumé à reconnait.re l'influence de l'Asie, et qui vont être prédominants dans l'âge suivant, celui qu'a dépeint Homère. III. A l'époque homérique, le cuivre, l'or, l'argent, le fer, l'étain et aussi le plomb sont connus et employés avec plus ou moins d'abondance ou de parcimonie 51. Sans répéter ce qui est dit dans les articles relatifs à chacun de ces métaux, nous rappellerons brièvement que le cuivre était le plus en usage : c'est de cuivre, ou plutôt de bronze que l'on faisait en général les armes, les vases, les ustensiles de toute espèce ; même les objets de métal servant au vêtement et à la parure étaient plus souvent' alors en cuivre qu'en or, lequel est cependant souvent mentionné dans la description de meubles, d'armes, de bijoux; mais ce luxe ordinairement était d'importation étrangère. Il en était de même de l'argent, alors plus rare encore. Le fer ne l'était pas moins, on le réservait pour la fabrication des armes, des outils ou des instruments d'agriculture dont le tranchant ou la pointe devaient être particulièrement éprouvés. Quand Achille offre pour prix de la course dans les jeux célébrés en l'honneur de Patrocle, un bloc de fer, il dit aux concurrents que celui qui l'obtiendra en aura assez pour suffire pendant cinq ans, sans en chercher à la ville, aux besoins de son laboureur et de son berger, quand même il posséderait des champs d'une grande étendue ". L'homme riche qui en conservait dans son trésor n'y attachait pas moins de prix qu'à l'or et à l'argent. Souvent, dans ces temps primitifs, un chef puissant fabriquait lui-même ses armes, ses meubles, ou les autres objets à son usage °' ; c'est ce que fait aussi le paysan dont Hésiode dépeint la vie 54. Mais dès les temps homériques, il y a des ouvriers qui exercent une profession déterminée, et parmi eux celui qui travaille les métaux°5. Quel que soit le métal qu'il mette en oeuvre, on l'appelle 7aaxeés, le cuivre (y,anxd;) ayant été le premier et étant resté le plus communément employé ; le nom de l'orfévre, ypuaoedos, prend déjà place à côté de celui-là ; mais c'est ordinairement le même homme qui porte l'un et l'autre °B. Nous pouvons nous le figurer, ouvrier ambulant, venant, quand il est mandé chez un homme riche, qui désire avoir de lui une arme ou une parure ; celui-ci lui fournit la matière nécessaire''. Ainsi Nestor remet à Laerkès l'or dont il a besoin pour envelopper les cornes d'une génisse des tirée au sacrifice S6. Ses outils, faciles à transporter, sont ceux du forgeron : les marteaux, de forme et de poids différents (auuoâ, ~atavr',p J9), des tenailles (stupx,'p-x) 50, l'enclume (âxuo,v) et son billot (âx;x.dO-. 5v) E1; le soufflet (vdsz) 63 à l'aide duquel il active le feu dans le creuset (yôavo;) 63. Ce sont ceux que l'on rencontre généralement réunis dans les monuments antiques qui représentent des forges, et notamment dans ceux, en grand nombre, où l'on voit Vulcain travaillant aux armes d'Achille ou aux autres merveilles attribuées à son industrie; car les armes, comme tout ce qui se fait avec les métaux, étaient l'ouvre du !aAZEÛs. Nous choisissons pour la reproduire, comme étant le moins éloignée du temps dont nous parlons, une peinture de vase à figures noires, du Musée britannique (fig. 928)". On y voit deux forgerons, dont l'un saisit à l'aide de pinces un morceau de métal brûlant dans le foyer, et va le poser sur une enclume fort basse placée à côté ; son compagnon, debout devant lui, appuyé sur son marteau, attend le moment de battre le métal. On remarquera, derrière le fourneau allumé, la peau velue du soufflet 65, et, au-dessus de ce fourneau, qui a la forme d'une cheminée, un vase fermé par un couvercle : on voit un fourneau et un vase pareils dans d'autres représentations analogues 66; et quoique plusieurs des savants qui se sont occupés de ce sujet se soient refusés à admettre cette explication, nous croyons que le vase était destiné à la fonte du métal, pratiquée dès les temps homériques dans les régions métallurgiques 67, à plus forte raison à l'époque où a été exécutée cette peinture. Derrière le forgeron debout est une hache, dont le biseau a été soigneusement marqué. Ce sont là les outils ordinaires delaforge ; il y faut joindre certainement de très-bonne heure d'autres instruments propres à couper, à percer, à graver, à ciseler et à repousser, indispensables en effet pour travailler le métal de la manière qu'il le fut, comme on l'a vu, dès un temps extrêmement reculé. On ne rencontre pas les noms de pareils instruments dans les poëmes d'Homère, là où il est ques CAC ---785 CAS: fion des métaux; mais ceux qu'il met' dans les mains de l'ouvrier quitravaille le bois (T6xTOrv), et la description d'ouvrages de tout genre dont l'exécution en suppose l'emploi ne permettent pas de douter que l'ouvrier en métal n'en possédât dès lors de semblables. Ajoutons que, d'après les indications fournies par la linguistique, les tribus Aryennes, ancêtres de celles qui ont peuplé la Grèce et l'Italie, les connaissaient avant leur séparation. Dans les monuments des temps postérieurs on verra des ciseaux ou des burins quelquefois figurés dans les mains d'ouvriers occupés à ciseler en même temps qu'à forger les métaux. Des ciseaux aigus ou tranchants, en bronze (fig. 9 19) ont été quelquefois trouvés avec les objets de l'âge du bronze, dans les pays du Nord6i, ce sont ceux de l'industrie primitive. Le marteau et l'enclume suffisaient rigoureusement à la fabrication des armes et des ustensiles les plus simples. Battre le métal, le laminer et le façonner avec le marteau, c'est ce qu'on appelait eàslvsto 70, et le nom de aoui),uTav (étendu au marteau) s'appliqua par la suite à tous les produits du martelage et du repoussé, aux plus grossiers comme aux plus fins. :Vous avons cité (fig. 923) lus vase provenant d'un tombeau de Corneto ", formé de feuilles de bronze façonnées au marteau et assemblées sans soudure, au moyen de clous rivés dont les têtes saillantes font toute la décoration, comme un exemple de la chaudronnerie primitive qui est commune aux anciennes populations du nord de l'Europe, et à celles même de l'Italie centrale ou de la Grèce. De pareils exemples ne sont pas rares dans ces derniers pays pour des temps plus récents: nais là on les rencontre, même dans de très-antiques sépultures, placés à côté d'autres objets couverts d'ornements que nous avons signalés (p. 781) comme indiquant une origine différente 72. Homère en indique de pareils, quand il parle d'un LÉBÈS orné de fleurs (âvOigézvT«), qui est un des prix offerts par Achille 73, et d'un autre vase Il. semblable dont Nestor se se"t pour le sacrifice, 'Par l'ornement ils semblent appartenir à l'Asie, toutefois it ne s'ensuit pas nécessairement (c'est un point sur lequel notas reviendrons) que de pareils vases en Grèce fussent les importations étrangères : les outils dont nous avons déjà constaté l'usage y suffisaient ". On battait aussi au marteau, et il fallait bien découper et percer les plaques de métal qui servaient de revêtement, soit à des meubles, soit aux lisages Co ldieux, soit à des constructions tout entières. Le procédé qui consiste à. appliquer le métal battu, ou uin,p`4AaTav, sur un noyau de bois ou de toute autre matière; est ce que les Grecs appelèrent êuicntn'tiv' Té v'g ;": c'est le procédé primitif, mais qui fut employé en tous temps, et surtout dans l'âge que dépeint Homère, pour la fabrication d'un grand nombre d'objets. Ainsi étaient recouverts, comme on l'a déjà dit, les boucliers, auxquels plusieurs peaux superposées don_. raient plus de solidité que cette légère enveloppe [cLlrr?Is les fourreaux des épées, le cuir d baudriers ", le bois des chars, plaqués comme ceux qu'on voit dans los monuments assyriens"; des trépieds, des candélabres, des ustensiles et meubles de toute espèce. Dans l'Odyssée, le siége de Pénélope 7a est revêtu d'ivoire et d'argent par celui qui l'a construit, 1.e charpentier ÎTéxmvsv) Ikmaiios; ;Nysse e employé de même l'or, l'argent et l'ivoire à l'ornement de son lit nuptial 'ç. Les sujet, des vases peints nous offrent constamment l'image de meubles qui paraissent ornés par ce procédé", et on peut remarquai' sur ceux du plus ancien style que les ornements de métal se détachent toujours en clair sur le fond noir des figures, cuivtuii, une sorte de convention constamment observée pour la représentation du métal. On a vu plus haut (fig. 926) un coffret de bois couvert de feuilles d'argent découpées et gravées , dont l'examen fait bien comprendre de quelle manière étaient exécutés les ornements des meubles ainsi figurés. Le coffre, fameux dans l'antiquité, que Cyp-sélus, tyran de Corinthe, avait consacré à Olympie, vers le milieu du vue siècle, et qui devait rappeler celui oit sa mère l'avait caché quand il était petit enfant afin de le dérober aux bourreaux, était décoré de figures, les unes sculptées dans le cèdre., les autres appliquées en or ou en ivoire III. C'est, là encore, à la limite estleme ch' le période qui précède l'épanouissement de t'art g ee, un exemple du procédé primitif toujours appliqué. Les savants qui ont essayé la restitution de ce chef-d'oeuvre de l'art corinthien au vu° siècle, en ont cherché avec raison les types sur les vases peints du même temps, que l'on a appelés corinthiens, parce que les tombeaux des environs de Corinthe en ont fourni d'abord des exemples, mais pour lesquels on a préféré ensuite le non de vases gréco-phéniciens et de vases de style asiatique ou orï1en 99 IUTÎ MTMTÉRIFâlâfiàlân~r~nâlâ 81 nnnnnnrrn~nn~rn~ro'nn CAE 786 CAE tal 82; en effet ces vases, dont le décor est au début moins grec qu'asiatique, se sont retrouvés sur les côtes de la Méditerranée, en Asie, en Grèce, dans les îles de l'Archipel, en Sicile, en Italie : nouvelle preuve à l'appui de ce qui a été dit déjà de la marche suivie par l'art et les industries où il a part. Mais avant que les peintres aient été assez avancés dans leur art pour reproduire, même très-imparfaitement, des scènes mythologiques telles que celles du coffre de Gypsélus, l'ornement e dû être beaucoup plus simple; il e passé par tous les degrés, lignes géométriques, enroulements, fleurs et autres ornements végétaux, zones d'animaux réels ou fantastiques, parmi lesquels la figure humaine s'est introduite enfin par de timides essais 83. L'art des métaux a traversé les mêmes périodes, et dans les produits de cet art qui sont arrivés jusqu'à nous nous reconnaissons la même succession de modèles. Ainsi aux disques de Pérouse, aux bandes superposées d'animaux dont la ciste Castellani nous a offert un exemple, on peut comparer les restes, trouvés en 1812 près de Pérouse, d'un placage en bronze qui couvrait, selon toute apparence, le bois d'un char ". On y voit, repoussées dans le métal et burinées, les figures à moitié animales, à moitié humai nes d'êtres fantastiques et mythologiques, où l'empreinte asiatique est profondément marquée, et à côté une chasse au sanglier , des personnages et des animaux dont la réalité dépourvue de style accuse un art à la fois plus souple et plus grossier (fig. 930) 83. On a rapproché ces figures, tant pour la manière dont elles sont traitées que pour les sujets, de la frise du temple d'Assos en Mysie, dont les restes sont aujourd'hui au musée du Louvre. On a été plus loin : après avoir constaté que les figures et les ornements sculptés dans la pierre de beaucoup de monuments de l'Étrurie, de la Grèce ou de l'Asie Mineure semblent indiquer par leur choix et par leur exécution qu'ils ont été imités de figures et d'ornements pareils en métal, on a conjecturé que des revêtements de cette nature pouvaient avoir été appliqués au bois ou à la pierre des édifices, aussi bien qu'aux objets mobiliers et aux premières productions de la statuaire 86. Ainsi dans l'Odyssée, le palais de Ménélas est étincelant de cuivre, d'or, d'électrum, d'argent, d'ivoire B7 ; dans celui du roi des Phéaciens88, les murs sont couverts de bronze, le couronnement est d'acier; les portes d'or ont des impostes d'argent, un seuil de bronze, un linteau d'argent. Tant de richesse pour rait passer pour n'être qu'un jeu de l'imagination du poëte, si l'on ne savait que dans tout l'Orient, et déjà en Égypte, les métaux précieux servaient à lambrisser les murs des temples ou des palais 89. Il y avait des salles ainsi décorées à Ninive. Le musée du Louvre possède des fragments d'une frise composée de lames de bronze travaillées au repoussé et sur lesquelles sont figurés des personnages et des animaux; ils proviennent des fouilles faites en 1852 à Khorsabad. Le temple de Jérusalem était revêtu d'or intérieurement et extérieurement. Le tholos qu'on appelle le Trésor des Atrides, à Mycènes, était tapissé de même, à l'intérieur, de lames de bronze fixées à la muraille par des clous de même métal 9Q. Ainsi s'explique ce que rapporte aussi Pausanias de la chambre de bronze dans laquelle Acrisius avait, selon la légende, enfermé sa fille 91 ; des chambres de bronze de Myron, tyran de Sicyone, qu'il avait vues à. Olympie 92 ; du revêtement pareillement de bronze du temple élevé à Athéné, à Sparte, et qu'on appelait à cause de cela ChallczoiJess 93. Ce mode de revêtement, dont l'emploi aussi complet n'est mentionné que pour des édifices appartenant à un âge très-ancien, n'a pas cessé cependant d'être appliqué pendant toute l'antiquité, en se restreignant ordinairement à quelques parties, à la toiture, aux Rappelons seulement ici la maison dorée de Néron 96, la couverture de bronze de la basilique Ulpia 95, les portes dorées du temple de Jupiter au Capitole 98, et celles du temple de Minerve à Syracuse, qui n'échappèrent pas à l'avidité de Verrès 97. Pendant toute l'antiquité aussi se conserva le procédé par lequel on avait fait, dans l'enfance de l'art, les premières statues en métal, et qui consistait à envelopper une âme de bois de lames battues et rivées. Il ne fut point abandonné même lorsqu'on posséda l'art de fondre et de couler de grandes figures ; et quand la statuaire fut tombée dans une nouvelle enfance, on y eut de nouveau fréquemment recours ; il fut très-employé au moyen âge. Nous pouvons nous représenter les primitives images des dieux98 ainsi revêtues de métal, affublées de draperies et d'oripeaux, comme l'étaient aussi au moyen âge, comme le sont encore en mainte église la madone ou les saints. pour prouver que ce moyen servit à dissimuler l'absence de mouvement et celle même des membres, que l'on ne savait pas encore figurer; et plus tard, quand on CAE 787 CAE fut devenu plus habile, on ne cessa pas de plaquer des statues de feuilles de métal ou d'en exécuter séparément les pièces au marteau, puis de les assembler en les rivant". Les vases peints où sont représentées d'antiques idoles rendent quelquefois ce travail visible; tel est' celui d'où est tirée la figure 931. On y distingue, rangées sur deux lignes parallè les, les têtes des rivets au moyen desquels les plaques forgées étaient ajustées sur la gaine, d'apparence plus an cienne que le buste qu'on yvoït superposé161 L'Asie avait aussi fourni des exemples 10~ de cet emploi de l'EU 7GatsTtxil É'1vq, et non seulement de figures exécutées par ce pro cédé, mais aussi de vête ments, sur lesquels on avait pris modèle, en richis d'ornements ap pliqués en métal. La Grèce pauvre encore imita pour parer ses dieux les robes brodées d'or, semées de figures et de fleurons, bordées de plaques d'or à reliefs des Lydiens, des Phrygiens, des Phéniciens, des Assyriens iv6. La grande part faite à 1'orfévrerie dans la statuaire primitive a été l'origine de la sculpture chryséléphantine (SCULrruRA]. A. dé faut des ouvrages de cet art, qui ne -aa, nous ont pas été conservés, on petit constater dans les statues de marbre ou de bronze des temps postérieurs, que l'on possède encore, l'imitation de statues très-anciennes où les ornements en métal étaient rapportés sur le bois ou l'ivoire : nous citerons seulement la Pallas du musée de Dresde (fig. 932), dont le péplus présente de face une rangée de petits bas-reliefs où sont figurés les combats des dieux et des géants 101; ou bien, des trous de scellement marquent encore la place où étaient fixés des accessoires qui ont disparu : tels sont, pour ne pren dre que deux exemples particulièrement remarquables et anciens, les figures du fronton du temple d'Égine, notamment la figure debout d'Athéné 10a, et l'image assise de la même déesse trouvée à l'Acropole d'Athènes tee, dans laquelle on a reconnu avec assez de vraisemblance l'oeuvre célèbre du dédalide Endmus (Voy. p. 102, fig. l40). L'égide qui couvre ses épaules, comme celle de la figure de la déesse à Égine, n'est plus qu'une sorte de pèlerine d'où les serpents qui la bordaient ont été enlevés, aussi bien que la tête de Gorgone autrefois attachée .;u centre, peut saisir déjà chez Homère une indication de c2 p de rapport (que les auteurs plus récents appellent seep, tiée xv gov 107), quand il parle des franges ou glands lotit en or (Oûdavot rtayzetierstot) de l'égide d'Athéné, ou encore de l'arc d'argent d'Apollon 103 Dès qu'on para de bijoux les images des dieux, dès qu'on les distingua par quelques attributs, l'ousrïer qui travaille le métal (,,a).reù;) dut s'associer, pour leur exécution, à celui qui travaille le bois (rcxlwv). On a vu que le même homme réunissait souvent les deux industries, ruais qu'elles étaient au temps d'Homère souvent aussi séparées. Hephaistos, qui est le type du za'';txEti accompli, quand il forge des armes, y combine avec le fer et le bronze les métaux précieux; il est orfévre, il n'a pas fabriqué seulement les merveilleuses armes d'Achille, mais aussi tous les meubles qui garnissent sa demeure, le trône aux clous d'argent, les trépieds qui se meuvent sur des roues d'or, le coffre d'argent où il dépose ses outils 190; c'est lui qui e fait le cratère d'argent à bords dorés de Ménélas -1° ; l'urne d'or dans laquelle Thétis enferme les ossements de son fils est un présent qu'il fit autrefois .1 Dionysos 111; il est aussi bijoutier : pour la même déesse et pour Eurynome, ses bienfaitrices, qui l'ont recueilli dans leur grotte, après qu'il eut été précipité de l'Olympe au fond de l'Océan, il e fait des broches, des bracelets, des colliers, des épingles en forme de calice 11a De pareils ouvrages peuvent-ils être pris pour types de l'industrie dont les Grecs étaient capables aux temps homériques? ou ne faut-il voir dans tous les bijoux, les belles am rues, les vaisselles précieuses, les meubles enrichis d'or et d'argent décrits par le poëte, que des objets tenus d'autres pays par le commerce ou par la conquête? Pour les ,,ils, Homère le dit souvent expressément, ils étaient des présents de princes étrangers ; il raconte comment d'autres étaient apportés par les marchands phéniciens sur les côtes où ils abordaient, et faisaient l'admiration et l'envie des habitants 113 En général, les produits de l'industrie asiatique ou égyptienne sont présentés comme iiOimi-tables : témoignage qui contient à la fois l'aveu de 1a. supériorité de ces produits et l'assurance qu'on essaya de les imiter aussitôt que l'on eut acquis les moyens d'exécution et l'expérience indispensables. Pour en fabriquer d'aussi simples que ceux dont les modèles, nous l'avons vu, se sont rencontrés partout, dans les plus an- CAE 788 CAE tiennes sépultures, ou dont on reconnaît les ornements copiés par la céramique primitive, il n'a fallu ni d'autres outils ni d'autres procédés que ceux dont furent de bonne heure en possession tous les peuples qui ont travaillé les métaux. Des four neaux d'une construction élémentaire, tels que ceux dont se servent encore les indigènes de beaucoup de parties de l'Asie et de l'Afrique, des marteaux, des pinces, des ciseaux et échoppes, que l'on sut faire de bonne heure en acier et en fer trempé, et en cuivre à défaut de fer, suffisaient pour assouplir l'or, l'argent, le cuivre, le laiton 74, pour polir, creuser, estamper, graver le métal, le plier en l'ormes variées, le rouler en grains de collier, le tordre en anneaux, en spirales enchaînées l'une à l'autre ; pour le découper en lames rivées ou cousues 115, l'étirer en bandes étroites et même en fils très-minces, car la filière fut une invention tardive, et Rous ne pouvons nous figurer exécutées qu'à l'aide du marteau les franges d'or de l'égide de Pallas, les aigrettes qui s'agitent sur le casque d'Achille, ou les filets dont Vulcain enveloppe Mars ou Vénus "a. Telle était la simplicité des bijoux de la période qu'on a appelée, en d'autres pays, l'âge du bronze et qui n'est pas étrangère à la Grèce, tels nous devons peut-être imaginer qu'étaient encore, au temps d'Homère, la plupart des bijoux d'un usage commun; mais le poète entre-t-il dans quelques détails, par exemple quand il décrit le baudrier d'Hercule 17 où sont figurés des guerriers combattant et des animaux féroces, ou l'agrafe du manteau d'Ulysse "e, où l'on voit un faon qu'un chien va dévorer et qui se débat pour lui échapper, aussitôt le souvenir se reporte aux longues files d'animaux, aux chasses, aux combats qui décorent les coupes ninivites et cypriotes, les vases dits phéniciens ou corinthiens, les bijoux et les ustensiles de toutes sortes trouvés dans les nécropoles étrusques, en un mot tous ces objets dont le caractère oriental ne paraît plus aujourd'hui pouvoir être mis en doute, Mais nous possédons aussi des bijoux trouvés dans la Grèce même ou dans les îlesvoisi.nes,qui montrent le même choix d'ornements, le même style, les mêmes traditions. Les plus anciennes oeuvres de ce caractère, exécutées sans autres moyens que ceux dont nous avons déjà constaté l'emploi, marquent un passage entre l'art primitif et celui qui s'est substitué à lui au contact de la civilisation asiatique, Nous en citerons plusieurs qui appartiennent au musée du Louvre. D'abord un bandeau formé d'une mince feuille d'or estampée et qui e pu servir de diadème; des trous que l'on remarque aux deux extrémités font supposer que cette feuille était fixée sur une bande de cuir ou d'étoffe, de la même manière que les plaquettes qui étaient cousues sur certains vêtements jBRATTnAEj. Ce bandeau, dont on voit ici une partie (fig. 933), a été trouvé à Athènes, hors des murs, avec des vases pareils à ceux qui ont été rapprochés plus haut pour leur ornementation des plus anciennes oeuvres en métal. Les sortes de denticules qui le bordent, les lignes droites qui s'entre-croisent aux deux bouts, ne s'éloignent pas de l'ornementation qu'on a appelée géométrique, mais les animaux, cerfs et biches alternant avec des lions comme dans une frise, rappellent bien plutôt ceux qui sont rangés en zones semblables autour des vases de la période qui va suivre ; l'empreinte de l'Orient y est déjà marquée. Le même caractère est plus visible encore (fig. 934) dans d'autres bijoux trouvés en 4860, à Mégare, près des murs de l'acropole dite de la Carie, dans un tombeau très-ancien i9. Ce sont, dit l'auteur de cette découverte no « trois ornements d'or exécutés au repoussé, qui étaient peutêtre des boucles d'oreilles ou d'autres objets de toilette dont l'usage nous échappe, décorés de têtes humaines, dè faces coiffées à l'égyptienne et traitées dans ce style égyptisant qu'on remarque sur tant de monuments phéniciens, » Dans le même tombeau on trouva des objets d'une provenance certainement asiatique, tels que d'énormes fibules en bronze imitant la forme de la coquille de la pinne marine et rappelant les grandes fibules de même métal découvertes avec les coupes phéniciennes dans les plus anciens tombeaux de Gaeré ; un scarabée en cornaline, etc. ,1 Que la sépulture, dit en concluant M, Lenorment, fût celle de Cariens (que la tradition historique nous représente comme les premiers fondateurs de Mégare) ou celle de Pélasges de la Mégaride; nous croyons qu'à l'époque où elle a été faite Ies rapports étaient continuels et étroits entre les Phéniciens et les habitants de Mégare, et que ces derniers tiraient soit de Sidon, soit de Tyr, les principaux articles de luxe composant leur parure. » Ainsi, des découvertes faites en Grèce aussi bien qu'en Italie ont montré un art d'origine orientale, reconnaissable à ses types et à son style, qui se manifeste particulièrement dans les industries de luxe, telles que l'orfévrerie et la bijouterie, avec tous les caractères d'une riche et déjà ancienne civilisation. A plus forte raison devons-nous en rencontrer des exemples abondants et frappants si nous les cherchons plus près de l'Asie, dans les îles qui en sont voisines, où l'on peut le mieux étudier l'action réciproque des races appartenant au vieux monde et au nouveau qui y ont été en contact pendant tant de siècles et ont fini par s`y mélanger"1, Les trouvailles faites dans ces dernières années à Chypre et à Rhodes ont amené de merveilleuses découvertes dont un peut dire que l'on commence seulement à tirer les résultats pour la science, mais qui ont confirmé déjà par des preuves évidentes ce que l'on présumait de l'influence exercée par l'Orient sur les industries et les arts naissants de la Grèce. Nous avons déjà constaté cette influence en parlant des coupes de Citium et de Laie CAE -789 --°_ CAF. natta'" et des ouvrages précieux que mentionne Homère. Les deux bijoux que représentent les figures 935 et 936, appartenant fini et l'autre au musée du Louvre,proviennent des fouilles faites à Camiros, dans l'île de Rhodes, par M. Salzmann''', qui y a reconnu des produits de l'art phénicien, dominant dans file au viii° siècle, époque à laquelle il rapporte leur fabrication. Le premier (fig. 93;i , est un . ~1 lier formé de plaques légères d'un or très-pâle, frappées sur deux types qui alternent, l'un offrant l'image extrêmement curieuse de centaure de la forme la plus primitive (crNiscnl et coiffé à l'égyptienne, il a saisi i1P le col un animal quiparaft être une biche ; l autre,nne figure de femrne ailée tenant dans chacune de ses mains un lion ou une panthère : c'est une image, aujourd'hui connue par un grand nombre de monuments. de l'Artémis asiatique [IOaNAj. On l'a trouvée à Camiros, répétée sur un grand nombre de plaques à peu près semblables à celles qu'on voit ici, munies de même de belières, où l'on pouvait passer un fi pour les tenir suspendues, ou d'une patte qui servait à les accrocher au vêtement ou à les porter comme pendant d'oreille. L'opinion de M. Salzmann est que les bijoux de ce genre n'ont jamais été portés par les vivants, mais qu'ils ont été fabriqués pour orner la personne du mort le jour des funérailles : ils sortent du moule, dit-il ; les pattes trèsminces cèdent à la moindre pression ; l'usage en aurait émoussé les arêtes, elles ne portent aucune trace d'usure, Il n'en est pas de même du second bijou (fig. 936) qui a été certainement porté; un crochet assez large et présentant de la résistance est fixé à la partie supérieure et servait à l'attacher au vêtement. L'auteur de la découverte e donné de cette pendeloque et d'une autre, également an Louvre, une description dont nous extrairons ce qui se rapporte à notre sujet. La plus importante, qui est ici reproduite, se compose d'une plaque carrée ornée de trois rosettes. Au centre sé trouve un lion accroupi de style assyrien. Sa crinière est indiquée par la réunion de granules formant des flocons. La gueule, les oreilles, le poitrail et les épaules sont précisés et accentués par des lignes formées de petits grains. Cette recherche anatomique devient pour l'artiste un motif d'ornementation qui se reproduit sur les deux côtés du lion. Devant le lion, et pour ainsi dire entre ses pattes, est fixé un oiseau, probablement une hirondelle. A chacun des angles inférieurs de la plaque on voit une tête d'aigle, exécutée d'après le même système que le lion, et ornée comme lui de dessins en granules. A la hase de la plaque sont trois anneaux auxquels sont fixés, à celui du milieu une fleur de grenadier, aux deux autres une chaînette d'une extrême délicatesse de travail. Chacune d'elles, après avoir traversé une tête de style égyptien, se subdivise en trois branches, auxquelles sont suspendues autant de grenades. Deux autres grenades, retenues à la base de chaque tête, complètent ce système de décoration. Quant aux procédés employés pour l'exécution de ce bijou et de celui qui est décrit avec lui, M. Salzmann ajoute ceci : a Ils sont en or fin. Les parties planes sont formées de deux plaques battues au marteau et soudées l'une à l'autre par les bords. Certains ornements de la plaque supérieure font corps avec elle et ont été exécutés au repoussé; d'autres y sont soudés après avoir été travaillés isolément; de plus les surfaces unies sont couvertes d'ornements en filigrane et en granules. Toutes les soudures sont faites à l'or fin. Pour consolider cet ensemble, on a soudé derrière les plaques inférieures des fragments et des fils d'or d'une épaisseur et d'un diamètre suffisants pour soutenir les plaques et les empêcher de ployer sous la moindre pression. » IV. L'examen de ce bijou et d'autres de même style et de même provenance, conservés aujourd'hui dans plusieurs collections 120 nous met en présence de nouveaux procédés inconnus encore à la Grèce, mais dont l'Égypte et l'Asie possédaient depuis longtemps le secret. Les Grecs attribuaient à Glaucus de Chios l'invention de la soudure du fer (zé),v1ct, otèajp,au) et d'autres perfec tionnements du travail des métaux, notamment l'art d'amollir et de durcir le fer par l'eau et le feu 16. D'après une autre tradition, Glaucus était un Samien 1". Il n'est pas question, dans les textes où il est nommé, de la soudure du bronze, niais il paraît bien que, dans l'opinion des Grecs, l'application de la même découverte au travail des deux métaux ne devait pas être séparée par un grand intervalle. A peu de temps de là d'autres artistes sauriens, Rhtncus et Théodore auraient les premiers réussi à couler le bronze ; ce qui ne veut pas dire sans doute que l'on ne connaissait pas avant eux l'art de liquéfier le ruétai, ni même de le répandre dans des moules pour lui faire prendre la forme d'objets plus ou moins élégants ou grossiers : cet art, dans lequel entre celui des alliages, appartient à une période Lien antérieure et avait été certainement pratiqué en Grèce au temps où toutes les armes, CAE 790 CAE ois les instruments et toute espère étaient en bronze. Aristote pensait, nous dit PlineY27, qu'un Lydien, nominé S y thes, avait: enseigné fart de fondre et d'allier le bronze; Théophraste, que ce fut le Phrygien Délai; ; s témoignages t r'il faut noter en passant et ajouter à tons ceux qui nous montrent de quel côté on doit chercher les origines de la métallurgie. Les Grecs m confondaient donc pas l'invention de la foute simple ou en moule avec celle qu'ils attribuaient à lUi'ecus et à Théodore. Le mérite de Ges artistes fit sans doute d'avoir les premiers coulé des figures dans des moules à noyau ; on peut du moins interpréter ainsi le teste de Pausanias, qui dit seulement qu'ils dé; ouvrirent le secret de couler le bronze avec la plus grande perfection 123, et d'en faire des oeuvres d'art r26 Il oppose es figures ainsi exécutées à celles qu'on faisait auparavant par le procédé qu'il a décrit ailleurs à propos de la statue de Jupiter, de Cléarque de Rhégium, que l'on montrait à Sparte 1°0 ; c'était une de ces statues, dont nous avons parlé, qui étaient faites de feuilles de métal battues au marteau, assemblées ensuite et rivées. La fonte en plein et la fonte dans des moules à noyau ont été pratiquées l'une et l'autre avec succès par les Grecs. En ont-ils justement réclamé pour eux-mêmes l'invention en l'attribuant à des artistes samiens ?On peut faire observer que la Phénicie, l'Assyrie, l'Égypte produisaient depuis longtemps des (navres par ces procédés. La Bible contient plus d'une allusion à des ouvrages fondus, et déjà dans l'Exode on voit que le veau d'or adoré par les Israélites dans 1.e désert avait été fait au moyen des anneaux d'oreilles dont tout le peuple s'était défait et qui avaient été jetés en fonte t". Si les textes des livres saints laissent quelque incertitude sur les procédés employés pour de pareils ouvrages, aucun doute n'est permis en présence des objets mêmes fondus en plein ou autour l'i.m noyau, qui ont été retrouvés soit à Ninive, soit en Égypte 1~'. Un auteur grec rn admet que Ies artistes de Samos pouvaient être les disciples des Égyptiens. Samos, enrichie par son commerce étendu sur toutes les côtes de la Méditerranée, avait un comptoir en Égypte, dans lai ville de Naucratis '31 ; elle était en relations constantes 'nec l'Asie, dont elle était proche, et de honne heure en reçut les industries nécessaires à. son luxe. On sait qu'au vin' siècle les hommes, aussi bien que les femmes de Samos, portaient, suivant la mode asiatique, des boucles d'oreilles, des colliers et d'autres parures en or "5. Les Lydiens, habiles à traiter les métaux, avaient, comme on l'a fait remarquer, un commerce fréquent avec les Ctrus.tues, qui se rattachent par eux à. l'Asie. En Sicile, un sculpteur, Périllus exécutait vers la même époque pour le tyran Phalaris le célèbre taureau ois des hommes étaient bernés vivants. Ainsi, « sur des points très-divers du monde ancien, dit \l. Beulé 1"5, le bronze était rais en oeuvre. Il est probable quelth(ncusetThéodore n'ontfait qu'améliorerles procédés et les répandre dans la Grèce continentale. s On doit d'autant moins refuser à ces artistes l'honneur qui leur est attribué par une constante tradition, que le progrès ré lier de leur industrie devait les amener nécessairement Plin. Bise. val. }'I1, 57, 6. 135 Par._ I, 38, 3 ; zain., ; ox6r à perfectionner, comme on l'avait fait ailleurs, la fonte massive pratiquée de temps immémorial, et à y substituer la fonte dans un moule à noyau. La fine argile de Samos se prêtait à modeler des figures plus variées et plus libres que les blocs informes que l'on transformait en images dans l'enfance de l'art, en les affublant de vêtements. Nous n'avons pas àentrer ici dans l'explication des procédés de la statuaire en métal ivoy. s1ATCAni ARSI, ni à décrire les opérations de la fonte, qui ne fait que préparer la matière de la toreutique; nous ferons seulement remarquer, en restant dans notre sujet, que l'on conserva pour les ouvrages qui appartiennent plus proprement à cet art, aussi bien que pour ceux de la statuaire, l'habitude d'en travailler les parties séparément et de les réunir ensuite, habitude dont nous aurons à parler encore et que nous avons déjà constatée en parlant des pièces que l'on forgeait au lieu de les couler. Nous reproduisons (fig. 936-938) les peintures qui décorent le tour d'une coupe du musée de Berlin''', où est représenté l'atelier d'un fondeur. Les opérations auxquelles elles nous font assister sont moins celles de la fonte même que de la réparation et de la ciselure qui en doivent être ordinairement la suite, et c'est pourquoi elles nous intéressent en ce moment. Cependant on y voit (fig. 937) un fourneau allumé, dont la forme est tout à fait analogue à celle qu'on a pu observer plus haut dans la figure 928 représentant une forge, et au-dessus duquel est placé aussi un vase clos par un couvercle, qu'on peut supposer plein de métal en fusion. Un jeune garcon agite par derrière le soufflet, tandis qu'un ouvrier active le feu dans le foyer à l'aide d'un long tisonnier; un troisième attend debout, appuyé sur un marteau. Dans la figure 938 tin (fig. 940) et un vé ritable grattoir (fig. 919) découvert dans les fouilles faites en 9773 au Châtelet, en Champagne 143 L'instrument par excellence de la caelatura est le ciselet [cAELUM], qui sert tantôt à creuser, tantôt à refouler le métal et dont l'extrémité diffère de forme suivant cette variété d'emploi. Celle des bouges ou mattoirs à l'aide desquels on fait le repoussé est ronde ou carrée, quelquefois grenelée. La manière d'opérer avec cet outil est clairement rendue dans une peinture de Pompéi 143 représentant Thétis chez Vulcain : un ouvrier (fig. 942) occupé à tracer les ornements du casque d'A CAE 791 CAE réparer, à l'aide d'un marteau, les morceaux d'une statue qui ont été fondus séparément. La tête gît à terre, derrière une sorte de lit en terre sur lequel la statue est couchée. Plus loin (fig. 939) l'image d'un guerrier, le casque en tête, \11 ~, armé d'une lance et d'un bouclier, est debout sur une plate-forme au-dessus de laquelle sont dressées perpendiculairement deux poutres réunies par une traverse à leur sommet : c'est un échafaudage semblable à ceux dont on se sert encore actuellement pour le transport des statues. Deux ouvriers travaillent, soit à enlever les croûtes métalliques qui restent souvent adhérentes à la superficie des objets sortant de la fonte, soit à effacer des joints, soit enfin à terminer la statue, à l'aide de lames recourbées dont la forme n'est pas sans ressemblance avec celle d'un strigile [sTRIGILIS]. De véritables strigiles sont suspendus à la muraille de chaque côté de l'échafaud, avec les fioles à huile qui en sont l'accompagnement ordinaire dans les scènes du bain et de la palestre. Ces objets ont-ils en effet ici leur destination habituelle? A-t-on eu raison de les mettre en rapport avec deux personnages drapés, spectateurs de cette scène138? Sont-ils à l'usage des ouvriers? Ou faut-il y voir des outils nécessaires à leur travail, comme tous ceux qui garnissent le fond de la peinture? Tout près de l'échafaud on voit encore une lame recourbée qui pouvait servir de racloir, et tout auprès un marteau ; derrière les autres groupes, des marteaux de différentes formes, une longue scie droite, les modèles d'un pied et d'une main, et, près du fourneau, suspendus à une paire de cornes, des têtes ou des masques et des tablettes peintes avec des branches de feuillage : ce sont peut-être des objets d'offrande; car le fourneau de l'atelier était comme le foyer de la maison, un lieu sacré 139. Les outils doivent surtout attirer notre attention : car ceux qui servaient à réparer et à terminer une statue de bronze pouvaient être aussi bien employés à l'exécution d'autres ouvrages appartenant à la toreutique; il faut toutefois les supposer toujours proportionnés à la finesse et à la délicatesse du travail auquel ils étaient destinés. Les auteurs anciens ne nous ont point décrit les instruments des divers métiers; les passages d'où l'on peut tirer quelque éclaircissement sur ce sujet sont rares et peu explicites; aussi rares sont les outils eux-mêmes, dont la seule vue peut expliquer parfois ce que les textes laissent incertain pour nous ; enfin les monuments figurés, en très petit nombre, qui nous montrent des ouvriers dans l'exercice de leur profession, ont encore plus de prix, car ils offrent l'avantage de ne laisser aucun doute sur l'emploi des outils qui peuvent être attribués à des métiers divers quand on les rencontre isolés. C'est pourquoi nous avons réuni ici quelques exemples qui nous semblent propres à éclaircir notre sujet. La coupe du musée de Berlin dont les figures précédentes reproduisent les peintures peut dater du Ive siècle av. J.-C. Les outils qui y sont figurés sont, outre ceux de la forge, sur lesquels nous n'avons pas à insister ici, la scie [SERRA] d'invention fort ancienne , qui n'appartient pas proprement à la toreutique, et ces racloirs que nous avons comparés à des strigiles. On lit usage de toute antiquité, pour tailler et polir le bois ou la pierre, de couteaux droits ou recourbés (ug(arn, ,roµauç) 140, et de lames de toutes sortes dont les formes extrêmement variées étaient modifiées selon le besoin [CULTER, SCALPt;uttl. Ceux que l'on vient de voir faisant office de grattoir, n'en sont qu'une nouvelle appropriation. Nous en rapprochons un outil en fer de l'époque romaine , trouvé près de Mayence'''' chine, tient d'une main un ciselet droit, sans manche, sur la tête duquel il frappe de l'autre main avec le marteau. L'outil est dirigé verticalement vers le casque, ce qui indique que l'ouvrier veut refouler et non couper le métal 144 Le ciselet aigu ou tranchant que l'on appelle encore i'hui burin, échoppe ou t'a+ o'r, au moyen duquel o taille, on -r.;-e ou on ravive un relief, est posé obliquement et suit un trait préalablement tracé, comme on le voit faire à un orfévre occupé à ciseler un vase, dans figure 913 , d'après une pierre gravée'''. Un outil du même genre, en fer, de l'époque romaine 9", est ici dessiné (fig. 944(; il est emmanché comme le sont encore beaucoup de pointes à tracer; mais les figures précédentes montrent des ciselets consistant en un. fer droit sans manche comme on en a encore at urd'hui, Telle est aussi la longue pointe que l'on vci i5), à côté d'un compas et de balances légères, sur la pierre funéraire d'un orfévre, comme attribut de sa profession t". Cette pointe, extrêmement acérée, pouvait servir à graver ou à exécuter le pointillé très-fin que l'on remarque sur certaines pièces. On a retrouvé aussi 149 des ciselets, perloirs et emporte-pir cc, dont la pointe est terminée par un cercle tranchant et forée (66g, 9f69.117), au moyen lesquels on pouvait, en les frappara avec le Marteau, pril(1uire des ornements circulaires, 9 blables à ceux qu'on a pu ver 0,0'_s la tâatlre 924, `I est sans doute peu d'outils nécessaires au ciseleur, a, bijoutier, à l'orfévre qu'une recherche patiente ne r t€fisse faire retrouver de même chez les anciens. Voici en bronze (fig. 949) trouvées en Italie, près de Nocera 130, et qui doivent faire assigner peut-être à cet instrument une antiquité plus reculée que celle qu'on lui attribue d'ordinaire ru rvly] ; un foret (fig, 950) °, qu'on pourra comparel avec les forets ou tarières [TEREIUte, pERFoRACUcce] que l'on verra ailleurs dans les mains de menuisiers et de sculpteurs, qui les mettent en mouvement au moyen d'une courroie ou d'unarchet, comme on le faisait dès le temps d'Homère. Une peinture, conservée au musée de Naples 15", nous montre un travail différent ; on y voit (fig. 951) des chaudronniers (vas _._ ca4lar=ü) vendant I I T leur marcbant dise sur la place publique ; l'un d'entre eux, accroupi devant une enclume, frappe avec un marteau sur un outil formant équerre, qui peut être un mandrin à l'aide duquel il repousse du dedans au dehors l'e), ou, pour nous servir de l'expression. tic hnigne, il cingle les parties d'un vase qui doivent être en saillie ; mais peutêtre ne fait-il autre chose que découper ainsi le métal. L'enclume qui est devant lui, de même que celle qu'on voit placée sur un billot, dans la figure, est le tas encore en usage dans toutes les industries métallurgiques. Comme aujourd'hui aussi on en fabriquait d'autres mieux adaptées à certains travaux [tNCLS ' voici, par exemple (fig. 952), une petite bigorne portative, avec coussinet plat à sa partie supérieure fer, trouvée dans la Saône, à Gray, en 1858; elle est en bronze; puis un tasseau en fer 1" (fig. 953), trouvé en 1724 dans les fouilles du Chàtelet, semblable à ceux CAE 793 a CAS'. dont on fait encore usage pour divers travaux d'orfévreric, de chaudronnerie, de serrurerie, etc. ltnfin,dans toutes Ies représentations antiques qui se rapportent au travail des métaux, comme dans les figures précédentes, ou voit une grande variété de marteaux [3IALLE Js], parmi lesquels on distingue facilement, à côté des marteaux de forge, ceux qui servent à rétreindre ou à ciseler. Dans la plupart de ces monuments 155 ce sont des armes que l'on voit fabriquer, et ces armes sont celles d'Achille, que Vulcain termine, aidé par ses ouvriers, et que Thétis va recevoir de ses mains; d'autres, qui sont comme une traduction des premiers, appartiennent à une époque d'art raffiné où l'on se plaisait à représenter les sujets mythologiques et ceux de la vie journalière par des groupes de pe )_ i Lits génies ou d'amours. On en voit (fig. 954) un exemple 158: des enfants battent sur l'enclume une jambière; d'autres sont occupés à fixer sur un bouclier la figure d'un amour qui doit y servir d'emblème. Parmi Ies monuments qui représentent l'atelier de Vulcain, nous en citerons un, remarquable à plus d'un titre : c'est un bas-relief du musée du Louvre 1", qui semble inspiré de quelque drame satyrique. On y voit(fig. 955) un satyre, qui tient ici la place de l'un des cyclopes, présentant à Vulcain un bouclier, auquel le dieu va adapter noie poignée ; un ouvrier met la dernière main à un casque; il est assis près du fourneau à côté duquel on remarque la peau velue du soufflet; un autre (triton, po?ftor, sondaton 158) brunit ou fourbit une jambière ; l'outil à crosse dont il se sert rappelle par sa forme un brunissoir conservé au musée d'Évreux (fig. 956), provenant de l'ancienne cité ll. romaine des Éburoviques1i9; on poss' de d'autres outils du même genre (fig. 957), dont les extrémités sont plus ou moins Il n'est pas nécessaire de parler ici des fourneaux [ealr Nius], ni des soufflets [roLLis] au moyen desquels on activait le feu ; mais nous dirons quelques mots de la soudure. On a retrouvé des fers à souder ; on en voit deux ici dessinés (fig. 958, 959), qui proviennent, comme plusieurs des exemples précédents, des fouilles du Châtelet. Quelques lampes antiques se rapprochent beaucoup par leur forme de nos lampes à souder; mais on ne peut affirmer qu'elles aient eu cet emploi. On trouve dans des peintures égyptiennes 18I la représentatioq trèsprécise du chalumeau, dont on fit usage en Égypte et dans les pays orientaux bien avant l'époque où la soudure paraît avoir été connue des Grecs. Dans ces peintures, auxquelles nous renvoyons, le chalumeau [cALAnius] est tantôt un simple roseau, tantôt un tube dont l'extrémité effilée est précédée d'un renflement où se dépose l'humidité qui pourrait faire obstacle e l'air insufflé sur la flamme. L'invention de ce procédé, connu même cher, des peuplades sauvages, n'offrait pas de difficulté; ce qui dut en présenter de très-grandes et pendant longtemps d'insurmontables, c'est le défaut de connaissances chimiques, dent il semble qu'on ne puisse se passer pour composer des fondants niétalliques au moyen desquels s'opère le collage des pièces chie l'on veut réunir. Cependant le hasard et les tâtonnements firent découvrir dès une haute antiquité des secrets que l'industrie moderne, avec les ressources que la science a mises à sa disposition, n'a pas tous retrouvés. Pline a recueilli quelques-uns de ces secrets, qui n'étaient plus aussi bien gardés de son temps qu'ils l'avaient été autrefois : La chrysocolle, dit-ii dans un passage où il les résume', est la soudure de l'or; le fer, de l'argile i la calamine de cuis c e en masse, falun du cuivre en lames la résine du plomb et du marbre; ruais le plomb noir se soude avec le plomb blanc490, le blanc avec lui-même, en ajoutant de l'huile ; de même on soude l'étain à l'aide de limailles de cuivre ; l'argent à l'aide de l'étain», Il fournit des renseignements précis sur la manière de fabriquer la chrysocolle, que les orfévres grecs employaient déjà 16', et tout fait présumer qu'il s'agit d'un hydrocarbonate de cuivre ou d'un vert-de-gris que l'on se procurait à l'état de concrétions naturelles dans les puits de mine t65 ; on mélangeait cette substance avec du vert-de-gris, de l'urine d'un enfant et du nitre, en le pilant dans un mortier de cuivre, 100 CAE 794 CAE avec un pilon de cuivre. Avec ce mélange appelé santerna ara soude, dit Pline, l'or qui contient un alliage d'argent; ii ajoute que I'or conliman t du cuivre se contracte, s'émousse et prend difficilement la soudure, et qu'il faut, pour le souder, ajouter au mélange de l'or un septième d'argent, en broyant le tout ensemble. On voit que la chrysocolle tenait lieu comme fondant, pour la soudure de l'or, du borax dont se servent les modernes et pour l'or et pour l'argent; mais il est remarquable que le borax abonde dans toute la haute Asie, dans l'Inde, dans l'Italie centrale, où on l'exploite aujourd'hui sur une grande échelle, c'est-àdire précisément dans les pays où l'on a excellé de bonne heure dans la soudure des métaux ". Les recettes de Pline et les indications qu'on peut recueillir encore çà et là chez quelques autres auteurs sont loin de rendre compte des résultats obtenus par les artistes anciens, nous sommes forcés de le reconnaître, quand nous examinons leurs ouvrages. Elles auraient d'ailleurs besoin d'être contrôlées par des expériences qui ont été trop rarement faites sur des pièces antiques. Nous devons, en nous appuyant sur un très-petit nombre de faits suffisamment constatés, nous borner à dire que la soudure la plus généralement employée, au moins chez les Romains, pour le bronze, pour l'argent et pour l'or quelquefois, fut le plomb ou un mélange de plomb et d'étain16'; mais que cette soudure, la plus ordinaire, était aussi la moins solide : c'est ce qui a causé la destruction et la perte de beaucoup d'objets composés d'un grand nombre de morceaux travaillés séparément, puis assemblés par ce moyen ; les morceaux se sont détachés, quand le plomb oxydé est tombé en poussière, et ont été facilement dispersés 1" On soudait plus solidement et plus chèrement, quand les pièces valaient cette dépense, l'or, l'argent, le cuivre, avec ces métaux mêmes, et une proportion d'alliage convenable. Les mots ferrurnzsiare, ferme men, fèrrlrnzzizatio, qui s'emploient en général pour toute espèce de soudure, sont quelquefois opposés au simple plombage (plumbatzlra, edplurabai e 1'9), et l'on voit les jurisconsultes décider dans les discussions qui pouvaient s'élever au sujet de la propriété d'un objet formé par l'assemblage de deux parties soudées, que la plumbatura ne devait pas, comme la ferruminatio, opérer confusion de la partie soudée et la rendre désormais inaliénable du tout auquel elle se trouvait unie '7'1. Aux renseignements sur la technique qui nous viennent des anciens nous devons ajouter quelques éclaircissements tirés de l'usage actuel. Voici ce que nous écrit à ce sujet, un sculpteur et graveur distingué, M. Émile Soldi, à qui nous avons demandé les lumières que lui donnent, avec l'étude qu'il a faite des bijoux anciens, son expérience personnelle et la pratique de l'art : a Le filigrane, qui produit des oeuvres d'une si grande îiuesse,estun des procédés les plus simples de la bijouterie. «L'élasticité presque infinie de l'or et de l'argent permet de réduire ces métaux, en les étirant (au marteau ou à la filière) en fils aussi minces qu'un cheveu. Le fil métallique, après avoir passé par des trous de plus en plus fins, suivant la nécessité, est tressé ou cordelé arec un fil semblable et semble gravé. C'est la combinaison de deux fils métalliques tordus ensemble ou cordés qui forme le filigrane, avec lequel on peut former les entrelacements les plus variés et les plus souples; on double ou on triple cette corde, suivant le dessin que l'on désire exécuter; on le coupe en glands, on en forme des chaînes ; on peut les contourner de manière à former des ornements d'une extrême diversité. « Si l'on veut, pour décorer une plaque d'or, composer une ornementation compliquée avec le filigrane, on le coupe en sections et on dispose ces sections sur la plaque ; quand elles sont d'une très-grande finesse, on se sert de la pointe d'un pinceau de plume; au préalable on a dû avoir soin de gommer la surface de la plaque que l'on enrichit, pour empêcher les petites portions de filigranes de s'échapper. On forme ainsi des étoiles à rayons multiples et l'on peut repercer la plaque de façon à ajourer le centre des rosettes que forment les rayons. a Les anciens ont encore varié ce genre d'ornementation en se servant de granules ou de petites perles d'or microscopiques, que l'on obtient en projetant la flamme du chalumeau sur de fines parcelles d'or ; le métal par la fusion se forme en petites boules, et celles-ci sont placées sur l'objet qu'elles doivent décorer, par le même procédé que le filigrane, c'est-à-dire à l'aide d'un petit pinceau de plumes et après que l'on a enduit la plaque de gomme, pour empêcher que les petits granules ne roulent et ne s'échappent. « On peut faire aussi de la grenaille ou des granules d'or ou d'argent en fondant le métal et en le jetant ensuite dans un vase rempli de charbon pilé. On obtient ainsi de la grenaille de toutes dimensions. « Quand on a disposé ainsi sur la plaque et suivant le dessin, les sections de filigrane en forme d'étoile, et les granules, il n'y a plus qu'à souder. «La soudure est la partie la plus délicate du travail du filigrane ; si les Chinois sont arrivés à une soudure parfaite, les Indous ont alourdi, empàté par la soudure les couvres qu'ils ont produites ; les Grecs, les Étrusques et les Romains ont admirablement soudé, mais pourtant il est facile de voir dans les collections d'orfévrerie antiques, que les petits granules de leurs bijoux sont quelquefois tombés, les orfévres ayant mis trop peu de, soudure, probablement de peur de l'engorgement. n Les moyens que les bijoutiers modernes emploient pour souder diffèrent quelque peu dans la pratique, suivant la solidité et la finesse qu'ils désirent. Généralement on se contente de limer de la soudure au tiers, soit 2 onces d'argent et 1 de cuivre rouge, ou de la soudure au quart ; c'est-à-dire 96 grammes d'or, 16 d'argent et 8 grammes de cuivre rouge; on pose cette soudure sur le bijou et on soude à la lampe. Les découvertes faites de notre temps, dans les tombeaux de l'Étrurie principalement, de bijoux d'or composés d'une multitude de pièces extrêmement ténues, con CAE -. 795 CAE rapportées et superposées, qui ont été soudées avec une netteté et une délicatesse inimitables, ont montré avec plus d'évidence encore combien l'on était loin naître tous les secrets de la bijouterie et de l'orfévrerie antiques. C'est ce que n'ont pas hésité à déclarer les habiles orfévres ro mains, MM. Castellani, qui ont tenté, le plus souvent avec un grand bonheur, d'en imiter et d'en restituer les ouvrages. La soudure, particulièrement des granules, ces petites perles presque invisibles qui jouent un rôle si important dans l'ornementation des bijoux antiques, leur offrit, ils le déclarent171, des difficultés presque insurmontables. Ils firent d'innombrables essais, employant tous les agents possibles et les fondants les plus puissants pour composer une soudure adaptée à de tels travaux. En s'adressant à des ouvriers qui possédaient encore, dans des villages cachés au fond des Apennins, le maniement de procédés traditionnellement conservés depuis l'antiquité, en confiant à des mains de femmes les plus fins et les plus délicats travaux, ils réussirent en partie a surtout pour la pose et la soudure de cette petite granulation qui court en cordonnet sur la plupart des bijoux étrusques. Toutefois, ajoutent-ils (et c'est la conclusion de la note que nous citons), nous sommes convaincus que les anciens ont eu quelque procédé chimique pour fixer ces méandres, procédé que nous ignorons, puisque, malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas arrivés à la reproduction de certaines oeuvres d'une exquise finesse, auxquelles nous désespérons d'atteindre à moins de nouvelle découvertes de la science. e V. N'essayons donc pas de résoudre ici des problèmes dont la difficulté arrête encore les hommes qui ont poussé leplus loin les recherches sur ce sujet, mais reprenons, après ce coup d'œil jeté sur les outils et les agents chimiques dont disposaient les artistes anciens, l'examen de leurs oeuvres et voyons dans quelques exemples l'application de leurs procédés. Nous en prendrons d'abord parmi les bijoux conservés au musée du Louvre , qui permettent d'apprécier les merveilles de finesse auxquelles les Étrusques sont arrivés av ' 1s seuls ni -eus dont nous venons de parler. Une tête barbue''= avec des cornes et des oreilles de taureau (fig. 960), amulette suspendu en pendeloque par une belière à un cordon de fils d'or tressés, st peut-être le plus parfait modèle où l'on puisse obser ver ce granulé que les successeurs des orfévres étrusques désespèrent de fixer comme .eux. Les granules couvrent entièrement la barbe et en imitent les poils. Les cheveux sont rendus d'une ma nièce conventionnelle par des fils d'or tournés en spirale et terminés chacun par un petit grain. En guise de couronne, le front porte un bourrelet, eouvert comme la barbe du même granulé très fin.La face est ciselée ii) avec une largeur et une fermeté admira bles. -Le bracelet13 que In produit la fi gure 961 est composé de neuf piètes ne 'i ` ntrl elles par des charnières. Cinq richement ornées de l, . s, de mamelons et de fleurs, faits en cordelé, en gro ~ ulé et en cordelé, alternent avec quatre autres d'un travail plus simple. Nous reproduirons encore un troisième bijou (fig. 962) appartenant, comme les deux précédents à l'ancienne collection Campana, au jourd'hui au musée du Louvre -7r~ c'est, un disque en or qui faisait probablement partie d'une fibule e, était destiné à en couvrir le dard. Le centre est orné d'un fleuron entouré de dix fleurs plus petites , façonnées en petits anneaux de fil d'or et d'un rang r; s, ses. Bijou étrusque. de demi-boules entre deux zones granulées. Le reste du disque est à jour. Nous avons emprunté ces exemples à l'Étrurie, où ie filigrane et le granulé ont été employés avec prédilection : mais ce n'est pas seulement aux tombeaux de Cervetr., de Muid., de Tosc_anella, de Chiusi, etc., que nous en devons des urodèles, ruais aussi à ceux de la Grèce et de ses colonies du Pont, et déjà on a. vu précédemment . d'autres bijoux fort anciens, découverts dans les île; fuisin es de l'Asie Mineure, qui montrent avec quelle cl éganr , et quelle habileté les men cs procédés y étaient mannes Les découvertes indiquent chaque jour plus clairement par quelle voie on peut remonter jusqu'à la source commune où tous les peuples habitant les bords de la Méditerranée ont puisé les notions, les modèles et le goût qui ont longtemps dirigé leur main l Égypte, l'Assyrie, l'Inde peutêtre, avant la Grèce et l'Étrurie, ont travaillé par les mêmes procédés. « Il semble, dit encore M. Castellani 176, dont nous ne saurions trop citer le témoignage en ces matières, que les Grecs et les Étrusques aient reçu pour ainsi dire, dans son entier et à son plus haut degré de perfection, l'ensemble des connaissances pratiques à l'aide desquelles les plus anciens peuples de l'Orient travaillaient les métaux précieux. tue loi: initiés aux méthodes qui leur permettaient de traie ter la matière première et della soumettre à tous les caprices de leur imagination, les artistes de l'Étrurie ou de la Grèce n'eurent plus qu'à appliquer ces procédés à l'élégance ou à la fécondité de l'art tel que le comprenait leur génie. » Nous ne devons pas laisser croire toutefois que les bijoux qu'on vient de voir, d'un travail si exquis, datent de la première période de l'art étrusque : un intervalle de CaE 796 CAF,' plusieurs siècles les sépare dr l'âge primitif où nous avons signalé l'apparition en Italie de types d'ornement, de fleurs, d'animaux inconnus à l'Occident, premières importations ou imitations orientales, où se révèle, avec une technique déjà très-habile, un goût moins parfait; ceux-ci représentent, au contraire, la perfection de l'art de l'Étrurie, au temps où elle avait été conquise au goût et au style de la Grèce. Les deux pays faisaient un échange incessant de leurs produits ; et l'on pourrait justement dire que ces bijoux leur appartiennent àla fois, et qu'ils reçurent également et mirent diversement à profit les enseignements venus d'Orient, Pendant longtemps, en Étrurie, l'orfévrerie offre abondamment des types attribués aujourd'hui avec sûreté ' I ,tssyrie ou à la Phénicie : les mêmes ligures et les mêmes ornements y sont répétés avec une telle uniformil dans la composition et dans l'exé' -ltion, qu'on se demande si les matrices qui ont servi à les reproduire par l'estampage sur des vases ou sur des bijoux, n'ont pas été, comme ceux-ci mêmes, des objets de commerce apportés d'outre mer. Le musée Grégorien, au Vatican, est plus riche que celui du Louvre en oeuvres de cette période 117. Nous en prendrons un exemple 176 pour le placer à côté de ceux qui précèdent : c'est un ornement pectoral, qui avait probablement un caractère religieux, trouvé dans un tombeau de Caere, consistant en une plaque d"or couverte d'ornements repoussés, qui était cousue sur le vêtement. c'est ce qu'indiquent des trous destinés à laisser passer les fils qui la fixaient, de la manière qu'on voit dans la figure 963. La figure 964 en montre une section reproduite en plus grandes proportions : on reconnaîtra sans peine, dans la série de bandes parallèles qui la décorent du haut en bas, les animaux réels et fabuleux, les génies ailés que nous avons déjà eu l'occasion de remarquer' dans des ouvrages dont l'origine asiatique est certaine ; et, au centre, ces palmettes déjà signalées ailleurs, d'une physionomie toute particulière, forme dérivée et altérée de la fleur qui s'épanouit au sommet de la plante sacrée des monuments assyriens 160. En Grèce aussi, les plus anciens bijoux que nous avons cités ont un aspect exotique. II en devait être ainsi, puisque l'on ne posséda, pendant longtemps dans ce pays, ni l'or ni l'industrie nécessaires pour en fabriquer de semblables : c'est sans doute la première cause de la rareté des oeuvres de ce caractère sorties du sol hellénique, souvent fouillé d'ailleurs dès l'antiquité et qui a gardé peu de trésors pareils, capables d'exciter la cupidité. Peut-être cependant en aurait-on trouvé davantage, si les explorateurs modernes avaient poussé leurs recherches sur un plus grand nombre de points et atteint des couches plus profondes; mais ce n'est pas vraisemblablement par un pur effet du hasard que les découvertes les plus abondantes et les plus précieuses ont été faites à Chypre, à Rhodes, dans l'Asie Mineure ; elles marquent la voie par où ont passé en Occident les arts de l'Orient. Ce fut du moins la principale, et comme on l'a appelée « la route royale, qui mit Babylone et Ninive en communication directe avec, Smyrne, Milet, Éphèse et Athènes 1S'. » Elle touchait à la mer, par où les modèles de tous les produits que recherche le luxe furent portés de bonne heure sur des rives plus lointaines, et cette autre route resta toujours ouverte entre la Grèce et l'Elrurie, comme entre celle-ci et la Lydie, d'où lui était venue sa civilisation 18'. L'échange entre ces pays fut constant. On ne peut, en effet, oublier que l'orfévrerie et les bronzes de l'Étrurie furent recherchés des Grecs à l'époque la plus florissante de leur art 1", pas plus qu'on ne doit méconnaître le cachet de cet art imprimé dans le même temps aux plus beaux ouvrages des Étrusques. Chaque peuple modifia selon sort génie propre les modèles qu'il avait reçus. Le génie des Hellènes est celui dont l'action a été le plus énergique pour s'assimiler ce qui convenait et rejeter ce qui répugnait à sa pureté et à sa distinction naturelles. Celui des Étrusques n'a pas réagi avec. autant de force, il est resté asiatique jusqu'au moment où il a suivi les modèles de la Grèce. Inférieur dans les formes idéales de l'art et dans la reproduction de la figure humaine, qui en est la plus haute expression, il se trouve plus à l'aise quand il s'agit de combiner des ornements empruntés aux règnes animal et végétal, ou purement conventionnels; il brille surtout dans les ouvrages qui exigent, comme ceux de la bijouterie, beaucoup de finesse dans les détails et d'adresse dans l'exécution. Nous ne pouvons multiplier ici les exemples autant qu'il le faudrait pour donner une idée de la fécondité d'invention qui se déploie dans les bijoux des Grecs. La variété des motifs y est infinie ; la fantaisie la plus libre semble s'y jouer sans contrainte en mille caprices, mais un goût pur la règle. La richesse des ornements de détail, quelquefois d'une abondance extraordinaire, ne fait pas disparaître la forme générale ; les détails accentuent les lignes au ,lieu de les contrarier ; ce sont de légères broderies qui courent sur la pièce et en complètent la forme, ou des reliefs plus vigoureux qui font jouer Cr~ CAE --797 CÀE la lumière, et se balancent, se pondèrent dans un ensemble harmonieux et bien rhythmé. Si les éléments de la décoration sont empruntés à la nature, c'est avec le sentiment toujours juste et délicat de sa beauté ; aux imitations de fleurs, de feuillages, de fruits, se mêle quelquefois celle des animaux et de la forme humaine, mais avec une mesure que n'ont pas gardée les Étrusques, quand le sens exquis des artistes grecs ne les guidait plus. On jugera de l'élégance de ceux-ci et de la sûreté de leur goût, alors même qu'ils ont employé comme ornements des figures entières, en examinant quelques pendants d'oreilles auxquels de pal t reines figures donnent plus de grâce et Pendant de légèreté, bien loin de les charger et de les alourdir. L'un (fig. 96) est précisément un de ces bijoux de provenance étrusque où leur esprit et leur main même se font sentir; il a été trouvé à Vulci un petit cygne en émail blanc est suspendu à une rosace bordée d'un feston de petits anneaux en fils d'or et de godrons émaillés. De chaque côté du cygne trois chaînettes de formes diverses sont attachées à la rosace, l'une composée d'astragales se termine par une clochette ; les deux autres en fils tressés, par une petite amphore et par une languette ou pointe conique. Le second (fig. 966), tout en or , est composé d'un bouton orné d'une fleur centrale et d'une figurine ciselée faites au repoussé, représentant un unie ailé qui tient une ;uronne : c'est un modèle quis dont le type s'est retrouvé souvent reproduit avec une très-grande variété de détails, partout où l'on a découvert des bijoux grecs, dans la Grande-Grèce, en Sicile , en Grimée, aussi bien que dans les tombeaux de l'Italie centrale 1"a. Nous emprunterons un troisième exemple (fig. 967) au musée de l'Ermitage c'est l'un des pendants probablement suspendus,non aux oreilles, mais aux extrémités d'un diadème, trouvé eu Crimée, dans le tombeau d'une pré tresse de Déméter, qui renfermait tout un trésor d'objets du plus haut prix'. On sait que des artistes grecs ont travaillé au ve et au ive siècle, soit dans le pays même, soit à Athènes, pour les princes et les riches habitants du Bosphore Cimmérien. Une monnaie d'or d'Alexandre le Grand a été trouvée à côté des restes de la femme à qui appartenait cette riche parure '$'. La grandeur démesurée du bijou, ici réduit de moitié, doit être considérée sans doute comme une concession faite au luxe barbare et à l'apparat d'un costume destiné aux cérémonies d'un culte pompeux; mais avec quel art celui qui l'a composé a racheté ce défaut par la légèreté des tresses d'or et des glands enveloppés comme d'une résille de filigrane, qui y sont suspendus'. Sur le disque auquel les chaînettes sont attachées est ciselée la figure d'une Néréide portant une des pièces de l'armure d'Achille. Enfin nous choisirons encore parmi les pendants d'oreilles, bijoux où l'imagination des orfèvres a été vraiment inépuisable, un exemple 1" qui montrera à quel degré de finesse ils pouvaient atteindre et avec quelle clarté ils disposaient pour un effet d'ensemble une multitude de petites pièces élégantes et achevées dans toutes leurs parties, qu'on ne croirai t pas pouvoir réunir sans confusion. La paire de pendants dont l'un est ici reproduit grandi de plus du double (fg. 968), a été trouvée en 1861 dans un tombeau de Bolsena (l'antique Vulsinium). 11 se compose d'un croissant bordé, à sa partie supérieure et à sa partie inférieure, d'une suite d'anneaux disposés en astragale et garni, aux deux extrémités, d'une palmette en cordelé. Au-dessus du croissant s'élève le char du soleil conduit par le dieu lui-même, qui a la tête radiée. Au-dessous est suspendue une sorte de coupole ornée de feuilles et de fleurs en cordelé et sup portant cinq groupes de chaînettes, Fig. 968. Pendant d oreille terminées en palmettes, en rosette et (grandeur "celle 0-,03 en amphore. La chaînette du milieu de I'un des pendants porte une perle de verre rouge avec une zone blanche. Les divers groupes sont séparés l'un de l'autre par de petites amphores. De chaque côté du croissant on voit une Victoire ailée, dont un des pieds pose sur la coupole et qui porte d'une maire un trophée et de l'autre une fleur. a Toute cette composition, dit M. Lenormant, dans la description qu'il a donnée de quelques-uns des bijoux de la collection Campana, lors de leur première exposition à Paris en 1862, toute cette composition compliquée n'occupe pas une longueur de plus de trois centimètres et demi. Jugez par là de la diminution du char du Soleil ou des figurines des Victoires. Quel est l'ouvrier moderne, quel est môme l'orfévre de la Renaissance qui serait parvenu à exécuter dans des proportions semblables des figures aussi élégantes, aussi exactement proportionnées dans toutes leurs parties et aussi achevées clans le détail? » CAS -798 CAF A ce propos nous dirons quelques mots de certaines merveilles de petitesse exécutées par des ciseleurs anciens. Celles qu'on attribuait, soit au Lacédémonien Callic r ates, soit à l'Athénien ou Milésien Mynméesiies 1", ou à tous deux à la fois, sont particulièrement fameuses chez les auteurs qui ont compilé des anecdotes sur les arts : ces artistes avaient fait un char attelé de quatre chevaux, avec son conducteur, le tout assez petit pour être couvert par les ailes d'une mouche placée au-dessus. On parlait aussi d'un vaisseau abrité par les ailes d'une abeille ; de fourmis dont on avait peine à distinguer les membres. Les mêmes auraient écrit en lettres d'or sur un grain de sésame un distique élégiaque ou des vers d'Homère 19J. On vient de voir que la petitesse des figures ne devait pas exclure nécessairement la beauté, ni même la largeur du travail: mais aussi que cette petitesse seule !t'aurait pas été un mérite capable d'aitirer à leurs auteurs la célébrité. 'Il ne faut pas d'ailleurs, quand on rappelle ce que les écrivains anciens racontent des ouvrages de Ms-rméci les et de Callierates, omettre d'ajouter qu'ils non parlent pas sans dédain, comme de curiosités qui ne doivent pas, en réalité, compter parmi les oeuvres d'art 1". Phidias aussi avait ciselé dans la perfection une cigale et une abeille ' mais on ne lui fit pas de la minutie de ce travail un titre de gloire 1". Aux pendants d'oreilles il faut joindre Ies colliers, les bracelets, les fibules, les bagues et toutes les autres sortes de bijoux (pour lesquelles nous renvoyons aux articles spéciaux), si l'on veut avoir une juste idée, des ressources infinies de la bijouterie antique et du goût ingénieux avec lequel chaque objet était approprié à sa de. tination 1 sa place dans le costume, aux formes donc, il devait être l'accompagnement, au sentiment de race ou de richesse qu'il devait éveiller, Si du sol même de la Grèce on a retiré peu de ces objgts, les fouilles faites en Crimée ont fait découvrir de merveilleux modèles de l'art athénien à l'époque la plus florissante de ses arts 19x, Les bijoux trouvés à Pompéi, à Herculamun et dans toute la Grande-Grèce' même appartenant à un temps avancé, doivent être considérés comme des productions purement helléniques et non comme des types de l'art romain. C'est par le poids, le. tel e.f o _ dé et le luxe des pierres précieuses poussé à l'excès, que la bijouterie des Romains se distingua, bien plus que par aucune invention originale, quand elle ce suivit plus les modèles des Étrusques et des Grecs. Nous prendrons un exemple parmi les bijoux grecs de provenance certaine qui nous ont été conservés, où l'on pourra admirer, non plus, comme dans le précédent, l'abondance et la diversité des motifs, groupés saris lourdeur et sans confusion, mais la simplicité de l'invention et la sobriété de l'ornement : c'est une ceinture (fig. 963) trouvée dans un tombeau de file d''lthaque 1°' et qui consiste en un ruban d'or, avec un noeud pour fermoir; les deux bouts du ruban sont bordés d'un lever feston; des fleurons, des palmettes en filigrane et de petites hyacinthes incrustées rehaussent discrètement le contour; de chaque côté du noeud sont suspendues trois cordelettes attachées à la ceinture au moyen d'un anneau qui surmonte un masque de Silène, et terminées par des grenades. Que l'on compare ce bijou avec celui de Rhodes qui a été figuré plus haut (fig. 935), où se retrouvent en partie les éléments qui le composent, un peu confusément mêlés avec d'autres dont le symbolisme justifierait peut-être la réunion, on ne manquera pas de sentir combien l'emportent sur la somptuosité de ce dernier, malgré la beauté de l'exécution, le naturel et la pureté du goût grec 1". On peut opposer de la même manière cette ceinture grecque à celles qu'on voit portées par des personnages du temps de l'empire romain et surtout du basempire ls', dont les pierreries font tout l'ornement. Mais ce qui concerne les pierres, leur monture, leur alliance avec les métaux précieux sera traité dans un article à part [GF,MSarl. Nous réservons aussi pour en parler ailleurs [cxRYSOO0APmA], l'art d'incruster un métal dans un autre ou de la damasquinure, et celui des nielles qui s'y rattache. A. côté des pierres et des perles, que le joaillier ou le metteur en oeuvre (genttnarins, gelntatalor, star'gearitarius, irtrlusor) incrustait, sertissait dans l'or, et des pâtes de verre au moyen desquelles on savait les imiter avec une grande perfection [GLMMAE, viveLM], se placent les émaux, si toutefois on doit appeler ainsi des matières vitreu CAE -799CAE ses fondues et appliquées sur le métal à l'aide du chalumeau, dont les couleurs sont opaques et n'ont pas l'éclat des émaux du moyen âge et de la renaissance. Aussi a-t-on contesté aux anciens l'art de l'émaillerie. Il est certain que les Romains, héritiers (les secrets industriels de l'Étrurie, (le la Grèce, de l'Égypte, de l'Asie, n'ont pas usé de ce procédé, qu'il eût été commode pourtant d'employer, s'ils leur eût été familier, pour donner à leurs bijoux et à leur orfévrerie l'éclat des pierres colorées, dont ils étaient si avides. Le premier témoignage précis que l'on possède au sujet de l'émail est un aveu d'ignorance : c'est la phrase souvent citée du rhéteur athénien Philostrate, qui vécut à Rome à la cour de Septime-Sévère, au milieu de tous les raffinements du luxe romain.Que dit-il cependant? «On rapporte que des Barbares qui habitent près de l'Océan étendent les couleurs sur le bronze ardent ; elles s'y unissent, prennent 1 aspect (le pierres et conservent ainsi le dessin qu'on y a tracé 1°R. » On suppose que ces Barbares sont des Gaulois, et qu'ils auraient su dès lors exécuter des émaux champlevés, art peut-être connu, puis négligé ailleurs, ou autrement pratiqué, et pour lequel l'antiquité ne nous a pas même transmis de nom. Il résulterait donc de l'aveu d'un Grec du lue siècle, initié à toutes les choses de l'art de cette époque, que ni les Grecs ni les Romains ne connaissaient bien alors cette manière d'émailler sur métal; et il ne semble pas qu'ils aient été fort empressés d'imiter le procédé des Barbares, qu'ils jugèrent peut-être inférieur aux moyens dont ils disposaient pour enrichir les objets précieux ; car c'est seulement au moyen âge que la pratique de l'émaillerie se répandit et qu'on lui appliqua le nom d'ELECTnusi qui, dans l'antiquité, avait mie signification toute différente 199. Mais il est vrai aussi que plus d'une fois on a pu douter, après un examen minutieux, si des pâtes serties dans les cloisonnages d'ornements égyptiens ou grecs, et paraissant avoir subi l'action du feu, n'étaient pas, à proprement parler, de l'émail 200. C'est aussi une sorte d'émail, que cette pellicule vitreuse qui recouvre quelques délicats bijoux découverts dans les tombeaux de l'Étrurie. Nous avons déjà reproduit (fig. 965) un pendant d'oreille auquel est suspendu un cygne émaillé de blanc (le bec, les ailes, les pattes et la queue sont en or). Le musée du Louvre possède plusieurs paires de pendants où des cygnes et d'autres oiseaux sont figurés de la même façon "1; nous en citerons encore d'autres qui représentent des grappes de raisin formées de petites perles d'émail, suspendues à un disque au centre duquel s'épanouit une fleur également émaillée 202. Parmi les bijoux qui sont entrés avec la collection Campana au musée du Louvre, il en est un particulièrement remarquable par l'emploi qui y est fait à la fois d'émaux semblables et de pâtes de verre colorées ; il mérite d'ailleurs d'être signalé à l'attention de ceux qui veulent se rendre compte de l'habileté avec laquelle les orfévres grécoétrusques employaient toutes los ressources de leur art. On n'en saurait rencontrer un où ils aient réuni une plus grande richesse de détails avec une telle simplicité d'aspect, ni plus de liberté apparente avec cet ordre et cette unité dans la disposition. C'est un diadème ou sléphtin' de femme, qui imite une couronne de fleurs °03. Tonte la surface du bandeau, formé de petites lames d'or découpées et reliées entre elles à leur partie inférieure par une bordure estampée, dessinant des astragales, est semée de marguerites, dont le centre est orné d'une perle de pâte de verre et qui sont entourées d'autres fleurs plus petites, de palmettes émaillées et d'antres ornements façonnés en feuilles d'or, en cordelé et en émail, et entremêlés de pâtes de verre opaque de teintes très-douces. Ces ornements sont fixés sur les lames d'or qui servent de fond, les uns par de petites charnières, les autres par de petits pivots rivés. Ils sont distribués comme dans une guirlande naturelle, en plusieurs rangs réguliers en apparence, quoique sans symétrie réelle, et an-dessus s'élèvent des aigrettes de feuillages ornées d'un grand nombre de petites perles de verre d'un beau bleu. Le diadème se termine de chaque côté par une pièce cylindrique allongée, dont l'extrémité porte un anneau auquel s'attachaient les cordons destinés à le fixer sur la tête. En effet, ce rare joyau était fait pour être porté ; il dut faire partie du costume de quelque femme étrusque de haut rang. 1l n'en est pas de même de la plupart des couronnes que l'on a trouvées dans les tombeaux de l'Italie, de la Grèce, ou dans ceux de la Crimée. Ces couronnes, comme presque toutes celles que l'on conserve actuellement dans les collections, avaient une destination exclu-. sivement funéraire. Destinées à la pompe d'un seul jour, leur fabrication était plus économique et moins soignée. Le musée du Louvre celui de l'Ermitage à Saint Pétersbourg le musée Étrusque du Vatican '-°e; d'autres encore 2" renferment un assez grand nombre de ces couronnes imitant, en feuilles d'or d'une extrême ténuité, le feuillage de l'olivier, du laurier, du lierre, de la féve, de la vigne, de l'ache. Les feuilles estampées et découpées sont tantôt soudées à la tige, tantôt attachées par un fil de métal tordu, comme on le voit dans la figure 970 d'après un fragment de travail grec, venant de Crimée "s Il est possible que les diadèmes ou cercles en or repoussé qui ont été trouvés aussi en Crimée dans la sépulture du roi et de la reine du Koul-Oba2°°, plus pesants et solides, n'aient pas été faits, comme les autres, pour figurer un jour seulement dans la cérémonie des funérailles (FUNUS1, mais destinés à servir du vivant même des personnages CÀE ®-800 ,. CAE avec lesquels ils ont été ensevelis, soit qu'elles aient été fabriquées par des artistes grecs établis dans le pays, soit qu'elles aient été envoyées d'Athènes aux princes du Bosphore, dont la république entretenait soigneusement la bienveillance. On parlera ailleurs des couronnes d'or, souvent mentionnées, qui étaient décernées soit à des alliés, soit à des citoyens, comme récompense publique )conoxx La figure 971 reprmluit une r ,maronne en or, trouz'ée en 1813, dans un tombeau à Armento, dans la Basilieate'1o, et qui appartient aujourd'hui à 1 Antiquarium de Munich ; une inscription gravée au-dessous de la figurine qu'on voit au centre, porte en caractères indiquant le commencement du iv' siècle av. J.-C., un nom propre et soN. Cette couronne avait-elle, avant d'être déposée auprès des restes du mort, une autre destination, comme quelques personnes l'ont pensé à raison dis poids, de la richesse et de la beauté du travail? C'est ce que nous n'avons pas à rechercher ici ; nous ferons seulement remarquer l'analogie des figures ailées placées au milieu du feuillage avec celles qui décorent les vases trouvés dans une autre partie de la Grande-Grèce, à Canosa, à Ruvo, à Calvi, et de destination certainement funéraire. La couronne se compose de branches de chêne, autour desquelles s'enlacent d'autres plantes, dont les fleurs épanouies, roses, narcisses, myrtes, asters, convolvulus, sont comme tout le bijou en or, quelques-unes rehaussées d'émail bleu-turquoise. Des insectes voltigent çà et là, à l'extrémité de lamelles découpées très-fines. Les fleurs et les feuillages sont attachés aussi par de minces fils d'or, ce qui leur donne une légèreté et une mobilité qui ne contribuent pas moins que la liberté avec laquelle ils sont groupés à leur communiquer quelque chose de la vie de la nature. Toute l'ccoure est ainsi faite de petits morceaux travaillés séparément et rapportés ; c'est un procédé qu'on trouve constamment employé dans l'antiquité pour le travait des métaux ; il a été appliqué aux plus délicats bijoux et nous allons voir qu'il l'était aussi aux objets en bronze et aux ceuvros même de la statuaire. Pour les bijoux nous invoquerons encore le. témoignage de M. Castellani '11, a La recherche des procédés employés par les anciens, dit-il, l'ut tout d'abord le but de nos efforts. Nous vîmes que tous les joyaux de l'antiquité, moins ceux qui étaient destinés à des cérémonies funèbres (on vient de voir que ceux-ci ne font, pas toujours exception), se trouvaient fabriqués par pièces rapportées et superposition de parties, au lieu de ne devoir leurs saillies qu`à. la ciselure et au burin. C'est là ce qui constitue, à mon avis, la cause pour laquelle les bijoux des anciens ont un caractère tout particulier empruntant son cachet bien plutôt à l'idée spontanée et à l'inspiration de l'artiste, qu'à la froide et régulière exécution de l'ouvrier. Les imperfections mêmes et les oublis volontaires de quelques parties donnent au travail de la joaillerie antique cette physionomie artistique qu'on chercherait en vain dans la plus grande partie des travaux modernes. » Pour les bronzes en général, sans entrer dans le détail des opérations de la fonte, ni empiéter sur ce qui doit être dit ailleurs au sujet de la statuaire, nous rappellerons une observation faite par Winckelmann, à savoir que l'on continua, dans la belle époque de l'art, comme on l'avait fait dans ses commencements, à composer des figures de pièces fondues séparément et reliées ensemble, tantôt par des clous ou par des agrafes en queue d'aronde, tantôt au moyen de la soudure ; et nous citerons le passage où il parle de l'emploi de ce dernier moyen a On voit la soudure, dit-il '', aux cheveux et aux boucles détachées qu'on avait coutume d'adapter aux figures par cet artifice, et cela aussi bien dans le temps le plus reculé de l'art qu'à l'époque de son lustre. L'ouvrage le plus ancien de ce genre et, en général, un des monuments de la plus haute antiquité, est un buste de femme du cabinet d'Herculanum, dont la tête est coiffée sur le front et jusqu'aux oreilles de cinquante boucles qui semblent faites d'un fil d'archal à peu près de l'épaisseur d'un tuyau de plume à écrire. Ces boucles sont soudées sur le côté et rangées les unes sur les autres, ayant chacune quatre ou cinq anneaux. Les cheveux de derrière. forment des tresses autour de la tête. Le même cabinet renferme un autre morceau avec des cheveux soudés; c'est le portrait d'un jeune homme dont la tête est garnie de soixante-huit boucles soudées, outre celles de la nuque, du. cou, qui ne sont pas détachées et qui ont été jetées en fonte avec la tête. Ces bondes ressemblent assez à une bande étroite de papier roulée et tirée ensuite en ressortspirale. Celles qui descendent sur le front font cinq tours et davantage; celles de la nuque en font jusqu'à douze; et toutes ont sur les bords deux lignes gravées en creux. Rien ne constate mieux que cet usage s'était introduit dans la plus belle époque de l'art, qu'une tête idéale, du même cabinet, connue assez généralement sous le nom de .Platon et estimée un des plus beaux monuments en hionze : cette tête a pareillement des boucles soudées aux tempes 213. On peut voir au Cabinet des Antiques de la Bibliothèque Nationale un buste en bronze faisant partie de la collection de Luynes, qui représente un person el, -a i .m CAL se801 --m C A U nage romain inconnu. Ses paupières sont bordées de cils détachés et mobiles entourant des yeux incrustés, comme on en mettait ordinairement aux ligures de bronze ', et qui ajoutent quelque chose à la réalité saisissante de cette image, traitée dans toutes ses parties avec une précision qui va jusqu'à la dureté. Chaque -pèche de cheveux est ciselée avec un soin minutieux. ion travail de burin imite même par un pointillé l'apparence de la barbe fraichement taillée. Une tête deVespasierr en bronze, qui est au Louvre "-", est ceinte d'une couronne de laurier dont les feuilles ont été rapportées une à une; le visage a été coulé en deux parties. Le même musée possède une grande fissure de coq d'une exécution remarquable : les grandes pennes de la queue ont été faites à part, puis soudées ; les détails des plumes sont très-soigneusement gravés au burin"te, Rappelons enfin qu'il n'est pas rare de rencontrer dans les collections des figurines de bronze dont les bras ou des parties de la chevelure ou des vêtements ont été exécutés en applique et soudés ensuite'. A ces faits on pourrait en ajouter d'autres qui prouvent que de grandes statues aussi étaient faites de morceaux séparément fondus et ciselés m: mais ce qui appartient à la statuaire sera ailleurs mieux placé. é Il. Il n'est pas possible de passer i en revue tous les ouvrages en or, en argent ou en hror., dent la diversité est infinie, meubles et ustensiles,, chiure ou de vêtement, ornements de tout genre, qui nous restent, des anciens, et dans lesquels on pet ruer, avec leur rné- i,bode de travail, les moyens e : mal par lesquels fis ont su varier le caractère etl'e objets, tarer parti des qualités propres à chaque xri ou combiner le effets opposés de métaux différents; m nous prendrons encore des exemples dans la vaisselle d'or et d'argent. Elle tient en. effet une place principale dans la caelattu a antique, tom,.,e dans l'orfévrerie de toutes les belles époe_t. art a produit des ouvrages dignes d'être ras à des meilleurs de la statuaire :, les artistes qui les t ex mités sont au nombre des plus fameux de l'antiquité ; enfin dans les textes (Mil en est' ' u, nous trouvons des termes qui répondent aux . nies manières de traiter et de fixer les figures et les ornements (situa, pilla "te ~â a, r Sra, iuLériv 220), qui sont l'oeuvre pro de la toreutique. Ces reliefs plus ou moins saillants (; ,,iZuuys a Il. :'Onde bosse (ncptrauar8 xsv'rt iuta£vu) 22', peuvent le métal même du vase, soit que les figures poussées (usxlis, ~ e(pe,d£t _ c''.astdere fur ,',lCi,c 'e. depr;inere), ce qui est le procédé le plus habituel ' ois qu'elles y aient été ciselées en plein et varia:: Ierne'i.t. sculptées (1''xo),rl fraiv,exeiaere, cars irrrccxe Jeu-.,, ez_caaiàiei•e quelquefois ces deux opérations du repoussé t„ d:5 sciure s'ajoutent une èi. l'autre90; ;,nu. bien tee soudés, rivés ou tilaque scia artificiellement (emblemata, rua r• ). Les exemples de en plein sont ie5 plus ras on en possède encore' a vr fiant quelques li entre lesquels nous citerons le beau Musée de Naples, retrouvé àIlerettiar '.'apothéose d'Homec e ; et un e vas . , tiquarium de Munich 2,1de l'art grec, extcr ieuren I ne fr sont représentes les Troyeni t ts les très-bas relief, ça qui irait en général un iraui i quité, que l'on peut .poser au relief très--proi, les Romains surtout t goût ; en qi7 'l,.,u seulement, où peut ; ci nt matière a fait defat,,, à des morceaux l'on `pa émeutont été sup r; la soudure, comme on le ;oit à. la place lais: ceux qui sont tombés, Ce n'est pas gisent les nl'l-is figures et o .-_ t cur des v. noms prouvent ru, d à, pie( 5 cl ont I art t 'in triplement la vs r. fient à cause rie , tris particulier, qu'un t' ll tIt au besoin et gille e tait d'un objet à un autre sans les altérer' ti011 rigoureuse de termes, alla -sujet beaucoup discute, est difficile à déterminer î" tient sens que chacun implique, le pra, mer b/e1;, , ~~Aa Nice;, doit s'entendre dag pièces Cl' asi comme une pierre est sertie r e le deuxième (crus(a;) rie convient il`ü rte elr' aI sans épaisseur, adaptée à. l t dont les rci ,, , pin légers en qu'on plut .,r c' à :'aide d., l'es haussé. II rI,I lesdeux m+•f. principe ie inerme sens i via '3` ; m-iais la • 5.x ne fut pas t ,àetternent tranch 'ait, te' Suu 'se, CAE 802 CAE pas plus qu'entre les deux modes d'opérer auxquels ils répondaient. Le passage est facile de l'un à l'autre. Parmi les ouvrages que l'on possède encore d'orfévrerie antique on peut en voir beaucoup, répondant aux indications des textes anciens 232 qui sont ornés de reliefs, véritables emblemata par la manière dont ils sont ajustés au fond qui les supporte, et qui tantôt sont massifs 233, tantôt repoussés ou estampés dans une mince lame de métal et traités comme on suppose que l'étaient les crustae; tantôt très-saillants ou même se détachant tout à fait en ronde bosse, tantôt posés à plat et presque unis 28c On peut observer cette variété des antiques 235 (fig. 972), plat creux de 25 centimètres de diamètre, en or massif, fabriqué au marteau, dont le fond est rempli par un grand médaillon où est représenté un défi porté par Bacchus à Hercule ; ce sujet est entouré d'une frise circulaire qui en complète le sens, en montrant Hercule ivre e t Bacchus triomphant ; le médaillon exécuté au repoussé, puis ciselé, est circonscrit par une couronne de feuilles de laurier en très-bas relief, ciselée dans la masse de la coupe ; enfin sur le marli ou bordure du plat sont encastrées seize monnaies d'or impériales, entourées de couronnes d'acanthe et de laurier ciselées en relief; ces types allant d'Hadrien à Géta et le style des figures ont permis de fixer la fabrication de la patère aux premières années du me siècle après Jésus-Christ. Les figures, malgré cette date avancée, ont encore une réelle beauté ; on reconnaît au moins dans toute la composition la force des grandes traditions qui ont si longtemps soutenu la sculpture antique. On n'y trouve pas ce relief exagéré qui est un caractère frappant de beaucoup de pièces même du meilleur temps de l'orfévrerie romaine, par exemple de celles que reproduisent les figures 973, 974, tirées du trésor d'argenterie antique trouvé en 1868, près de desheim en Hanovre237, actuellement au musée de Berlin, et dont plusieurs pièces remontent au moins à l'époque d'Auguste ; la coupe (fig. 973) peut même dater, selon quelques connaisseurs, du dernier siècle de la république. Son fond est rempli par une figure de très-haut relief: on y d'exécution, et nous allons en donner des exemples, dans les médaillons qui garnissent le fond de tasses et de patères encore nombreuses dans les collections; masques, bustes, figures, sujets entiers, les uns sont encore fixés au vase auquel ils appartiennent, d'autres sont détachés, et dans cet état leur ancienne destination a pu être méconnue. En effet, beaucoup de ces objets désignés dans les descriptions sous les noms de disques, de plateaux, de boucliers votifs, ne sont autre chose que l'ornement qui couvrait l'ombilic (tgpa),oç) de patères, de coupes, de bassins de plus grandes dimensions, consacrés dans les temples ou étalés sur les dressoirs dans les riches habitations 235 Des médaillons semblables pouvaient être placés autour de cet ornement central , comme on le voit parla célèbre patère de Rennes, au Cabinet voit Minerve assise, la main appuyée sur le manche de la charrue dont elle apprit aux hommes à se servir. La patère (fig. 974) est sans doute un peu moins ancienne; elle est ornée de la même manière, d'un buste en ronde bosse d'Hercule enfant, étouffant les serpents qui menaçaient son berceau. Ces deux ouvrages d'un grand mérite d'exécution sont tout romains par l'exubérance de l'ornement. Le sujet central est traité comme une oeuvre à part, qui se détache, rompt les lignes et rend l'objet impraticable CAC 803 CAE pour son emploi, lequel doit rester visible, lors même qu'il n'est destiné en réalité à servir que pour l'apparat 22°. Ce défaut d'appropriation, cette disproportion de l'ornement avec l'ensemble eussent répugné au goût des Grecs, dont les oeuvres originales se développent dans toutes leurs parties avec unité, chacune accusant sa fonction, chaque membre ayant sa relation nécessaire avec le corps tout entier dont il se dégage naturellement, comme un rameau de la tige commune ; si des ornements y sont ajoutés, ils ne surchargent et n'obstruent pas les formes, ils les accompagnent, ils en épousent les contours. On ne trouverait pas non plus facilement dans celles dont la provenance hellénique est certaine ce grossier ajustement, qui est si choquant dans beaucoup d'oeuvres étrusques ou romaines, de pieds, d'anses de poignées, de boutons, entrant dans les feuillages ou les arabesques qui décorent le vase, trouant même des personnages, comme on le voit dans les plus belles cistes de Préneste [clsTA] 299 : ce sont là, dans des oeuvres qu'on admire, les traces de la barbarie ou la marque d'une fabrication inférieure. Et en effet, nous ne possédons guère que des productions de cet ordre ; bien peu, parmi les plus parfaites, sont autre chose que des imitations de beaux modèles de la Grèce, ou des oeuvres exécutées loin de leur patrie par des artistes grecs travaillant pour le compte des Romains ou des rois barbares Mais, encore quelques-unes sont admirables. Nous citerons d'abord un vase magnifique (fig. 975), bien digne d'être mis en première ligne, qui fut trouvé en 1862 à Nicopol, dans la Russie méridionale, dans la sépulture d'un roi Scythe et qui est actuellement au musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg 240. Ce vase n'a pas moins de Om,70 de haut, et 0'°,39 de diamètre dans sa plus grande largeur. Il a la forme d'une amphore; sans doute il était destiné à rafraîchir la boisson servie sur la table royale; car son col et les trois orifices par où le liquide pouvait s'écouler sont fermés par des passoires fines, pareilles à celles dont se servaient les anciens quand ils mêlaient de la neige au vin [cos.uai]. La place de ces orifices est indiquée par les masques de lion que l'on voit de chaque côté et, sur la face, par une tête de cheval ailée, entourée de rayons. Ces têtes rapportées et soudées sont du plus grand style ; elles sont dorées, et ii en est de même des feuillages et des fleurs qui décorent la panse du vase, auxquels sont mêlés des oiseaux d'espèces appartenant aux steppes de la Russie, des figures qui forment une frise au-dessus et des animaux groupés à la naissance du col241 Nous n'avons pas à décrire ici le sujet si intéressant de la frise, où sont représentés des Scythes dans leur costume national, qui domptent et dressent des chevaux; mais on remarquera que le choix même du sujet prouve que l'auteur de ce vase, en quelque lieu qu'il l'ait exécuté ,travaillait en vue de plaire aux habitants du pays où on l'a trouvé. Les figures de la frise sont de haut relief et quelques parties se détachent en ronde bosse. Chacune a été fondue et ciselée séparément et soudée ensuite. Les autres ornements sont repoussés et forment des bas-reliefs plus saillants sur la face, décroissants à mesure qu'ils s'en éloignent, de sorte C E que sur le coré oppose beau('ocrp de détails ne sont indi-. flués que par une gravure en creux, Tout le vase est ainsi enveloppé d'une riche et élégante diiorsadon, distribuée avec syruetrie , maïs cette régularité n'est pas obtenue au compas : ce. Feuillages et ces oiseaux qui se répondent de chaque ciné dans un heureux balancement, ne se répètent pas avec la précision sèche et mécanique des produits de nos arts industriels; les personnages et les animaux sont tiS és largement et simplement, bien quavec une cm:recherche de la vérité; le style, la composihsen, ion accusent bien une oeuvre du iv siècle_ Enfin, 1 rI liefs dans les endroits lueurs où ils sont le plus développés sortent â peine de la ligne du contour ; la pureté de galbe n'en est pas altérée, on n'y trouve rien encore de mette exubérance dent le goût fut es marqué chez les fi, nains, mais qui ne commença à se faire sentir en C i'ce qu'au temps de la domination macédonienne. «vie système de décoration, où l'on a recherché le luxe plus que le beau absolu, a certainement commencé, dit M. Lenormant, sous les successeurs d'Alexandre, alors e l'influence de l'Asie modifia le goût lies Grecs et les --risibles à un étalage di, esse qui eut p=aru contemporains de 1 lès. Athénée décrit"' e facon très-précise les uses à sujets ba.cluq'es et à ''flasques ftaéatrea.ux en haut relief psrrmi ceux qui turent portés dans la pompe de Ptolémée Philadelphe. C'est là, d'après toutes les vraisemblances, le ncuveac genre de vase qu'inventa Lysippe et qui obtint aussitôt de ses ec,ntemnorains un immense succès. Ce fut sous les Romains que le nouveau système de composition et de décoration des pièces d'argenterie atteignit le degré d'exagération de tours de force d'un goût douteux que nous avons signalé tout à l'heure. Les Romains, au point de vue de l'art, gardèrent toujours quelque chose du barbare. » Ils se passionnèrent cependant pour les ouvrages des beaux temps de i'orfévrerie grecque. Quand, au dernier siècle de la république, Verrès dépouillait la Sicile, qui en enfermait les plus excellents modèles, il semble qu'il fût poussé moins par la cupidité que par les désirs d'un amateur effréné 2". Crassus, l'orateur, paya 100,000 sesterces aune paire de vases de la main de Mentor et ne voulut jamais en faire aucun usage par respect pour Pieuvre d'art 2b`. Il se trouva quelqu'un après lui qui en donna jusqu'à 1,200,000 de deux coupes fameuses sur lesquelles 'apyre avait figuré l'aréopage et le jugement d'ûsesteiA5 puand les oeuvres des artistes renommes devinrent rares, on les rechercha pour leur rareté môme et leur antiquité (aegenturrt vetos) "°'`s; on se piquait d'avoir des oeuvres originales (archetypa) "7, signées de noms les plus illustres 268; et souvent on n'en possédait qu'une copie ou une contrefaçon 249 Ce qui nous est connu de cet art chez les Grecs, c'est par les écrivains romains surtout que nous le savons, nu par des écrivains grecs qui ont vécu sous l'empire. Un passage de Pline a6o est particulièrement important ; il y énumère les artistes qui se sont le plus illustrés en ciselant l'argent, non sans remarquer que personne n'a acc quis la CAF même rcnonll tëe par le iravaïl cté l'or; il semble les grouper par époques, selon d'autres, c'est: dans l'ordre de leur mérite quit les aurait nommés 25r : Mentor d'abord, le plus célèbre de tous, à côté de qui il place àc5 igas, lloethns et Mys. On sait que Mys avait exécuté en bronze, sur les dessins du peintre Parrhasius, le combat des Centaures et des Lapithes décorant le bouclier de la statue d'Athéné Promachos , dont Phidias était l'auteur 26?, Mentor vivait certainement avant l'incendie du temple d'Ephèse, puisque des couvres de sa main y périrent '", et par conséquent avant la naissance d'Alexandre, dont Acragas et Boëthus furent selon toute apparence les contemporains. Après cc premier groupe Pline semble en former un second dont les noms les plus marquants seraient ceux de Calamis et d'Antipater, ou plutôt Diodore, car il paraît évident qu'il a fait entre ces deux noms une confusion aujourd'hui dissipée "1; puis un troisième composé de Stratonicus et Tanriscus,teus deux de Cyzique, dAriston et Eunicus qui étaient de, Mitylène, d'Hé-calée enfin; ceux-ci (et déjà Diodore peut-être) sont les représentants du brillant développement que prirent les arts et le luxe de l'orfévrerie dans tes cours asiatiques sous les successeurs d'Alexandre. Viennent ensuite les contemporains de Pompée (cirre Pompe? Miagni cletate»,), Pasitèles, Posidonius d'1 phèse, Hedystracbides, Zepvre et Pythéas. « Après eux, il y eut encore, dit Pline, un artiste lentier, qui se rendit célèbre par l'exécution des ornements d'applique (hafülzt et retirer crustariua farrsam), puis cet art tomba toait à coup, au point qu'on ne l'estima plus que pour l'antiquité, et que des pièces tout usées par un long frottement, où l'on ne pouvait plus distinguer aucune figure, gardèrent une grande valeur, » La nomenclature est incomplète sans doute 265, et elle a été dressée par un Romain qui a compilé avec un discernement souvent insuffisant les vastes matériaux dont il disposait; niais s'il ne faut admettre ses jugements qu'avec réserve, on peut croire au moins que les noms qu'il a recueillis étaient réellement ceux que la renommée avait consacrés. On remarquera que bien peu sont antérieurs la période macédonienne, aucun à la seconde moitié du ve siècle, c'est--à-dire au temps où commença à se répandre en Grèce l'usage de la vaisselle d'or et d'argent "ss: aucun ne se place dans le long intervalle qui sépare l'ancienne école de Samos (vey. p. 789), dont les productions avaient, nous pouvonsl_e supposer, une physionomie plutôt orientale que purement hellénique, de l'époque où le même Pline nous représente "57 Phidias comme un initiateur dans l'art de la toreutique et Polyclète comme l'ayant porté à sa perfection, sans doute à cause de l'importance que prirent dans leurs mains et les travaux spéciaux et les qualités qui sont propres à la sculpture en métal. Mais le mot torentice ne doit pas ici nous induire en erreur : c'est dans un autre livre, à propos de la statuaire en bronze, que Pline parle des chefs-d'oeuvre de ces grands artistes, et bientôt après de ceux de Myron liai et de Pythagore de Rhégium, qui s'approchèrent, dit-il, de plus en plus de la réalité par le sein qu'ils donnèrent aux détails ; de Lysippe CAE enfin qui atteignit au dernier degré de vérité et donna aux figures une vivacité et un mouvement qu'on ne leur avait pas connus jusqu'alors, Ces appréciations, qui pa raissent venir d'un jugement plus attentif et plus pcnetrant que ne l'est ordinairement celui du compilateur romain, se rapportent donc uniquement à la statuaire "g, il n'était pas néanmoins inutile de rappeler de quelle manière plus ou moins juste on caractérisait les progrès attribués aux hommes qui ont eu le plus d'influence sur la sculpture en métal; car cette influence a dû. s'exercer aussi bien sur les moindres oeuvres. La décadence signalée par Pline ne mit pas fil à la fabrication de la riche vaisselle ; le luxe fut plus grand que jamais "g; les vases d'or, d'argent, souvent ornés de pierreries, a ss étalaient sur les tables et sur les dressoirs; de„ hommes de confiance étaient préposés à la garde de ces trésors 'ei dans les riches maisons, et celles-ci avaient leurs orfévres à demeure, avec qui s'efforçaient de' lutter les artisans libres et les corporations [AURIFrx, H. 57l]. Des nunis et C's par' ION auteurs (Vasa (od',7E5a, t,. a' ana) attt ,tenL la vogue de quelques s en renom "'g. 11 y eut encore des fabricants qui signèrent leu s cou-. vies 113 'l n'y eut plus d t}uvres à mettre en comparaison des modèles des siècles passés. Nous savons cependant que ceux-ci furent imités tant qu'il y eut (les artistes cilgables de s'y essayer. Pline nomme '64 ienodore, l'auteur de la statue colossale de Néron qui copia deux coupes de Calames, et il a. soin de dire qu'entre l'original et la copie il n'y avait guère de différence. Ces répétitions, qui étaient dans le goût de l'antiquité, nous ont conservé peut-être quelques types célèbres, Winckelmann, dès le siècle dernier, pensait reconnaître dans la belle coupe trouvée en 176, à Porto d'Anzo e connue sous le coin de vase 15e'rsini, une des deux coupes de Zopyre mentionnées pa r Pline, rot, en effet, on peut croire qu'elle en est air moins la copie "ers, On en voit ici le développement (fig. 976). II re fautmis sans doute décorer avec trop de complai sance de noms fameux les rares spécimens que l'on possède encore de l'argenterie antique, à l'aide du rapprochement forcé de textes qui peuvent à la rigueur s'y rapporter. Tous les vases où sont figurés des bacchantes et des centaures ne sauraient être des imitations de ceux qui ont rendu célèbre le nom d'Acragas "efi; tous ceux qui sont décorés de sujets empruntés aux récits de la prise de Troie ne reproduisent pas celui où Mys avait représenté le sac d'Ilion °fil , ce sont là des lieux communs de l'art antique, qu'il e 5 naturel de retrouver aussi dans l'orfévr crie ce gui est vrai, c'est que les vases où ces sujets se reconnaissent diversement traités et accusant d'ailleurs par leur composition et leur exécution des époques différentes, rappellent certainement des modèles grecs et que quelques-uns peut-être sont des originaux. Ainsi celui de 1'Antiquarium de Munich, déjà cité, où. l'on voit les Troyens captifs, est ciselé en plein avec une sobriété d'effet, une largeur et une pureté de style dignes du plus beau temps de l'art, Ceux de Pompéi, conservés au musée de Naples "8d qui sont ornés de figures de centaures et de centauresses domptés par des amours, par leurs reliefs saillants et détachés du fond, accusent une philos. Classe, 1850, p. i29, 133. -1M Tibère interdit rua particuliers l'usage de la vaisselle d'or (Tac..Ann. 31); Aurélien le permit (Vopise. Aurel. 46) [cf. sncrNseo, erttn»tj ; des vases enrichis de pou rates sont souvent mentionnés, vay. erarquardt, er rom Scie 696064. Ber Voy. des esclaves dits ab argenta, Orelli, 2897, 5391,6303, 6561; de Boissieu, Iriser. de Lyon, p, 611 ; ou ad argentan, : Bianahini, p. 70, n. 29; et Gruter, p. 582,5 s praepos. ab gara gemnaao. 262 Plin. XXXIII, 49, 139 Mark. 39, 6 ; Gruter, p. 639, 12. 165 Senee. Ad Relu. IX, 1,7 ; De rranq. ma. 1,7 0. Jahn, Die Lauersforler Phalerae, p. 7; Wieseler, Bildaeh. Silberf. p. 30 et s. époque beaucoup plus récente. Parmi ceux du Cabinet de la bibliothèque nationale qui proviennent 'le la a . t _ é c o u verte faite à B e r t h o u v i l l e , près de Bernay (Eure) en e830"ers vases d'époques diverses et de mérite inégal, il en est aussi qui sont décorés de sujets bachiques et de sujets iliaques. On en voit un ici reproduit (fig. 977) : c'est une cLnoe/,oc faisantpartie d'une de ces paires (paria, syne'ke.sis) que les ancien s aimaient â assembler 270.L'anse, en ar es' ,t indri., est la panse du vase par un ;nasq t. . et à leux têtes de Méduse; ces ors -out r" -po1 -comme les autres bas-reliefs. Les e, r. d'annelets, de feuilles d'eau, qui décorent Titis . .. uf rieurs et divisent les deux rangs de figures, sont seuls ciselés dans ta. niasse= Dans le rang inférieur i'c-fév.e a représenté Achille pleurant sur le corps de P. froc2 et le rachat du corps d'Hector; sur le col, l'enl vemei .` eti, ivaïIadium. Les compositions qui ornent le vase qui. frit pen dant à celui-ci sont Achille traînant le cor, ,omet la mort d'Achille, et, sur le col, Ulysse et Boloiu. =légance du vase, la parfaite adaptation à son emploi, la, discrétion du relief et le goût général de la composition semblent appartenir à la belle époque de l'art; mais une certaine '.; e€. Fea,dans Pàdit. italienne, tlii,p.5222;,1.'na'Ifs, D.is Ccis,nésrhe 9ilbésP. 19. 366 Pi s. Xni, 12, z4). 267 A'l,en X. o. 89 I 169 0,5a_ Ch. Lecori aant, B '. e t. a ' '. 19„9, p. 97 ; Raoul i;orh ette, Journu d s. uo_zas, niai, juin, jaunet 1839, et 'im.ses, d'autiq, fig. Odvsséide, p. 272 et s,' 0nabouiliet, Calai. du ego, des anüq. p. 31c et soir, 270 pn. XXXIHI, , P., 55 (154.1; Cie, Lx tee' II, 19 ; Alliera. XI, p. 478 5; Star. Syle. H', 9, 44; Mart, T '. 1, 8, 16; Visconti, 3f ifs. Pio-Cle1n. V, p45 ; R. Rochette, Nou, ann. de la sect. tramp, der Binet. arch. 1838, p, 371. le seul trésor de Bernay contient neuf pagres de rases. CAE -806 CAE lourdeur dans Ies figures, des détails plus romains que grecs s'accordent mal avec cette attribution 2T3 ; nous avons là sans doute un exemple de ce que pouvait produire la fabrication romaine encore fidèle au goût den Grecs. Parmi les canthares bachiques du trésor de Bernay, les uns offrent le mélange d'une exécution fine et délicate avec une surabondance dans l'ornement et, comme on l'a dit « un défaut de goal et de modération dans l'ensemble de la décoration » qui permet de les classer avec assez de certitude comme oeuvres du second ou du premier siècle avant Jésus-Christ; d'autres 273, d'un style plus sévère et d'un relief moins ambitieux, se placeraient plus haut. Aucun n'est ici reproduit; mais nous emprun Levons à la collection des vases de Bernay encore un exemple : c'est un gobelet (fig. 978), qui, à en juger par l'exécution, n'est pas antérieur au dernier siècle de la république romaine, mais dont l'origine grecque est manifeste dans le choix des figures qui l'entourent. On y voit un athlète vainqueur, à ce qu'il semble, aux jeux Isthmiques, et des divinités, qui sont sans doute celles à. l'assistance desquelles il attribuait sa victoire; enfin la nym plie de la fontaine Pirène abreuvant de ses eaux le cheval Pégase au pied de l'Acro-Corinthe. Cette partie de la composition, souvenir peut être de quelque chef-d'oeuvre de l'art antique et quelques autres morceaux sont du plus noble style. Le gobelet est intérieurement garni d'une cuvette mobile, s'enlevant à volonté : c'était là le véritable récipient, de sorte que les ornements fragiles de l'enveloppe n'étaient pas exposés à être rompus par la pesanteur des liquides ou endommagés lorsqu'on nettoyait le vase après en avoir fait usage. Les canthares de la même collection dont il a été précédemment parlé, et d'autres vases 276 encore, destinés à contenir des liquides et formés comme celui-ci d'une feuille mince de métal repoussé 278, offrent une pareille disposition. Cette précaution n'eût pas toujours suffi à préserver des objets soumis à de fréquents attouchements : aussi a-t-on pu remarquer que dans quelques-uns la feuille de métal était soutenue par un noyau de poix ou de mastic. On y trouve aussi du plomb dont la présence ne s'explique pas toujours par le travail de la soudure 277. La plupart des objets qui viennent d'être cités sont en argent, doré en tout ou en partie. Ainsi dans l'amphore du musée de l'Ermitage (ig.975),les figures et les ornements se détachent en or sur le fond d'argent; le pied, le col, les anses sont également dorés ; au contraire, en examinant les cenochoés de Bernay on voit que la dorure avait été appliquée seulement aux arrhes et aux vêtements des personnages, dont les nus ont la couleur naturelle de l'argent. On peut remarquer le même parti de coloration dans la coupe du trésor d'Hildesheim (fig. 973), dont toutes les parties saillantes sont dorées à l'exception des chairs, réservées en argent. Ce parti pris est plus marqué encore dans le vase reproduit par la figure 978), où le fond doré est de plus moucheté de points noirs dus au procédé constamment employé depuis l'antiquité pour nieller [crue CAE 807 CAE soGaAPHIA]. Les fonds des coupes et des patères, les disques dont nous avons parlé plus haut, offrent souvent le même contraste de l'or et de l'argent 278. Le goût de ces oppositions est très-ancien, comme l'attestent les descriptions homériques et les oeuvres de style grécoasiatique que nous avons signalées dans l'enfance de l'art de la Grèce (p. 783, 786) ; nous n'avons pas à parler ici des oeuvres nombreuses de la statuaire en métal qui tirent d'un pareil mélange des effets inattendus 279, nous nous contenterons de rappeler cette quantité d'objets de toute espèce qui ont pour fond un métal rehaussé par des incrustations ou des applications d'un métal différent, vases, coffrets, pieds de candélabre, manches, boîtes de miroirs, etc. a Certaines armes, comme des casques, sont bordées d'ourlets d'argent et en portent quelques rehauts très-sobres à des endroits choisis. De petits piédestaux, des anses de vase ou des pieds de ciste présentent aussi des rinceaux d'argent au bout desquels s'épanouissent des fleurons d'or. Que de caractère et que d'agrément dans les contrastes obtenus par le rapprochement discret de matières étrangères ! Que de charmants caprices auxquels résiste notre esthétique bornée et que repousse notre pruderie moderne 2801 „ C'est par la vue de pareils objets que nous devons chercher à nous expliquer des termes qui seraient autrement peu clairs pour nous dans les auteurs et les textes épigraphiques ; quelques-uns restent encore mal déterminés. Ainsi parmi les objets précieux déposés dans les trésors des temples de l'acropole d'Athènes, les inventaires '-P1 énumèrent des vases, des meubles, des objets de toute espèce en or et en argent, ou en bois, en bronze et demander en rencontrant ces mots employés à la suite les uns des autres pour préciser la qualité des objets, s'ils n'indiquent tous que le plus ou moins d'épaisseur d'une feuille ou d'une couche d'or qui les recouvrait uniformément et s'ils ne signifient pas aussi bien souvent des figures et des ornements dont l'or se détachait sur un fond différent 282, les inventaires n'en donnant pas le détail. D'autres expressions ne laissent pas la même place au doute, lorsqu'on les rencontre dans des passages qui achèvent d'en préciser le sens, comme par exemple xpuaoxo),aoç dans un des vases ornés de parties d'or rapportées sont opposés à d'autres entièrement en argent ; et xpuaoxo'a),YlTOç, dans ceux d'Antiphane, que cite Athénée 28S à propos de vases qui étaient ornés de figures ciselées, et d'autres qui étaient enrichis de pierreries. Tel est encore 7puawlurog, qui paraît indiquer toujours une sertissure ou une garniture en or. On trouve ce mot latinisé (chrysendeta) à Rome, sous l'empire 28'. Dans un vers d'Eschyle 286, il est question de cornes à boire en argent dont la bouche est en or (nie( c'Ôµta rpciG 6),r1N.évotç), ce qui peut s'entendre , ou de l'ouverture placée à l'extrémité inférieure des rhytons pour l'écoulement des liquides, ou mieux du bord supérieur du vase ; dans l'un et l'autre cas, cette expression a son commentaire dans les monuments. Ainsi on conserve au Musée de l'Ermitage une corne semblable en argent 287, terminée à sa pointe par un mufle de lion en or, et un rhyton 988, qui a la forme d'une tête de jeune taureau (fig. 979) en argent repoussé et ciselé avec beaucoup de vérité et de recherche dans le détail, surmontée d'un calice évasé; des figures représentant Télèphe au moment où il menace d'égorger Oreste enfant, entourent le col. Les cheveux, la barbe, les vêtements des personnages sont dorés. Les cornes du taureau, l'intérieur des oreilles (à la fois soudées et rivées), et quelques touffes de poils le sont également. L'épithète it«xpuaoç, qui est employée ordinairement" à propos de vêtements brochés ou brodés d'or, ou de plaquettes cousues [BIIACTEA], mais qui a été aussi appliquée à la vaisselle et à la verrerie 290, convient assez bien à ces pièces d'orfèvrerie où l'or est mêlé à l'argent, soit qu'il se détache sur le fond blanc en brillants dessins, soit qu'il forme un fond que l'on aperçoit entre des reliefs auxquels il sert de rehaut. On voit ici (fig. 980) l'exemple d'une pareille disposition 291: c'est un petit vase trouvé cloisonnés ; il est toutd'une pièce et fait l'offiee de la cuvette d'argent massif que nous avons déjà eu d'occasion de remarquer e l'intérieur de vases dont la pal Ji extérieure est l q 808 CiE lue a, e [ . ale décorée d'une lanière et la guirlande de namnees qui c i est gr i et dorée ; rua cor c, an d , r tielt es dur sépare le rot de la hase ; le fond de de granules doms sans nombre ,:pa ua dti,i 'S_' qui couvi, nt aussi, semblables aux a fouges-, des 1't nifl 'ut ,.ées, alternant avec lies làioténléiis des godrons qui pied te: es latin en rencontre aussi la mention de d'argent ornés de nre_stee, d°ernble,nata ou d'autres s en or, qui ne sont pas d'ailleurs spécifiées (cure) il_ 1 ana, Les exemples donnes plus haut pourront éclaircissement des passages oit il en est ques larquerons encore dans tes auteurs les e_. `ae ou fr7 ?art es, pater°ae ; disci cor 'si es amg t ateaae hederaeiae 286 sez par' ue des Vases ornés de glaira, ,es et de pampres qui ont été déjà re e. parlavue des objets que nous pouvons nous tuile d'un procédé indiqué seulement dans ssages obscurs des auteurs anciens 286, mais qui c °a.t avec précision, au xi° siècle, dans le recueil du moine éopti'te 2°7, oit se trouvent enregistrées avec beautop ii inventions nouvelles un nombre plus grand encore de ons reçues de l'antiquité : nous voulons parler d. tai s iatetatasile, qui consiste, quand il s'agit d'un enét vi, à lécouoer à l'aide du marteau, du ciselet ou de la lime, des ornements à jour préalablement tracés sur une i que. Ce procédé est fort ancien ; nous en avons déjà d, é 7 un exemple (p. 782, fige 926` appartenant à la pé •;fhl,ise et orientale dei étrusque: c'est la ciste musée Britannique, I . oiverte de lames d'argent gravées, qui i e' v.°r entre les figures Mitraux le bois ut de fond. En. voici datant is de l'art romain, ;zeert en 1871, 1 sépulture antique, ff're des particnla ar nt 'cents, u uin' ,. it via i ! rtre dit, sont damne.. rouge sre in. qui parait dals soi verre, dit, l'auteur du Compte rende ire rtearchéologique, ài, swte,phani, ..té ..,t, et, drus quelques endroits (périe foetal en perçoit l'empreinte, . ui.. s'est dessinée 'no elle était encore ke Cette pièce ante offre donc' , d'un e.loiit( Ferre coloré ; mais lie erre n'est par m.or o._= dams l compas ti comme c'est le t ir-sur 1 repoussée dans un métal très-mince; les figures et les ornements qui l'enveloppent comme d'un réseau ont été véritablement percés et découpés (tnterrusa), de manière à le laisser voir. L 'orfévrerie entièrement dépourvue de reliefs est quelquefois distinguée par une qualification spéciale, argenture Plumera 239 ou levé ', par opposition à celle qui était l'oeuvre de la toreutique caelatum, asper;'m atrium ou ar-'entum and, seIkoç oi' oioç .,o' ✓ III. Il nous reste à parler de la gravure qui tantôt relève et ravive par quelques traits de burin l'oeuvre de la fonte ou du repoussé, tantôt en constitue à elle seule tout l'ornement, Un vase en argent dit musée étrusque de Florence '°' est ainsi entouré d'une double frise de fie ures. Mais ce genre de décoration a été ployé polar les miroirs, dont le revers est le plus souvent couvert de sujets gravés, et pour les coffrets connus sous le noir de cistes, qui en présentent de semblables sur leur pourtour et sur leur couvercle, On peut voir (Jans ses articles précédents", et on trouvera dans la suite, des exemples de, ce ronde de tt _ ,.di,:n, dont le travail n'exige pas de Inc _:. Ie. p; H (Le ais. Site en donnerons cependant uni qu'il ru t r ite d'êtrechoisi pour son exécution, ais parce que l'inscription qu'on y t : vrais etvitve ,:a savis'os, suffit à démontrer, en dehors de tout autre témoignage, que le simple trait buriné dans CAE _809 e_.C,A E le métal était une des opérations comprises dans la déliniiaot1 générale de la caelatw'a. Les inscriptions aussi bien que les figures sont gravées au trait sur les ti )ils étrusques ; on en trouve de semblables sur d'autres bronzes ou sur des pièces d'argenterie,m. ais le plus souvent c'est au pointillé qu'ont été gravés sur les objets les noms de ceux qui les ont fabriqués ou ceux de leurs possesseurs, ou les formules de dédicace, ou l'evaluation~ du poids en argent ou en Fig. 982, or, qui permettait en tout temps au gardien (p7'atpesitus, custos, saµia(,i), du trésor d'un temple, d'un prince ou d'un particulier de se rendre compte des richesses confiées à sa vigilance 3°e. Ces inscriptions ont été quelquefois incrustées en or, et il en est de norme des dessins gravés sur certains objets ; quelquefois aussi ils étaient remplis d'une autre matière colorante, nous en parlerons ailleurs [c1IRI6001eoPHLA IX, Les objets antiques en fer ont été pour la plupart détruits par l')xydation; cependant quelques rares exemples permettent encore de juger e l'habileté avec laquelle les anciens ciselaient ce métal, et prouvent qu Bout subie compris parmi ceux que mettait eri oeuvre la ça r,;,a,a '. Le chef-d'œuvre de G1a-amis, dont Alyatte ait pi , sit au temple de Delphes 308 était le support en fer d'un cratère (ûrsoxEittei p(étov), formé de barres assemblées et orné de figures d'animaux et de, feuillages. tin cite de très-anciennes statues en fera°°. Dans l'occident da l'Europe le fer fat aussi de très bonne heure gravé et ciselé, comme nous aurons à le faire voir quand nous parle 'oies notamment des différentes armes des anciens et, '''une manière générale, au mot l'' tlROel, Le plomb aussi, ordinairement fendu, a ét ci : réparé et gré+ .é comme une matière propre à la toi que, mais d'une marnière trop exceptionnelle pour qu'il soit nécessaire d'entrer dans des explications qui seront mieux pl niées dans l'article relatif à ce métal [e nu*la c lij . Ajoutons que, par extension, le mot eaelatu7'a se trouve, dans les auteurs, appliqué au bois, à l'ivoire, à la pierre, au. verre 310 etc, E. Saurin'. 308 Voy. sur ce: n cs vires note 263 ; cf. Petron. Sat. 3€. I302 pov. au musée du Louvre one tete de bélier en ter sculpté, de Longpérier, tint. des h o es, 11,918. -305 Paus. X, 16, 1 , Ath.. V, p. 210 b, e. 309 Pans, II. 27 ; nt, 13 , x, prie de appeler M, sou nom eje le fi , volootscrs M. Sol fi avait préparé sous le titre Cael.rtura un article doit j'ai eu le regret de no pouvoir pas faire usa„ J'ai arqué avec soin dans les notes les indications que je lui dois. Bis.iocnanuis, Saumaieo, Exe, _flat. Puni a . i in Solzno,,,, p. 73 et s.; Winckelmann, CEuures, t. H, p. 10, éd. de réa, t. I1 -.sev, 25 t. V, p. 97, 394, éd. Meyer et Schultz ; t. A, p. 63, 193 et s. de la trad. f: nuise, Paris, au il; neyne, Antiq z iiehe As f itae; 11, Leipz. 1779, p, 137 ; Qi 1' ' e'°e de Quines, Le Jupiter Olympien, Paris, 1845. a. 73, 90 et s.; ILet, (Jeber da re, il, dze Teetrn!ie, etc., dans 1 malt/ma de Bletti p. 239 ii s., de ruai „rrtee tutroduet, p_ R0; ottfried'ouiller, T3an.S r fier Arc'., 5 3.t s.; 85, 173, 196, 311; Becker,