Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CALCEUS

CALCEUS. Les Romains désignaient par le mot calceus, dérivé de calx (talon), une espèce de chaussure montante et fermée, analogue à nos souliers et à nos bottines. Pour mettre une pareille chaussure on l'entrait; aussi disait-on très-justement induere calceos, comme on disait induere tunicam 1. Les substantifs calceatus et calceamentum étaient des termes généraux, qui s'appliquaient àtoutes les chaussures de cette espèce, même aux chaussures étrangères : ainsi l'on employait volontiers le verbe calceare pour le cothurne ou pour lesoccus 2 ; mais on ne le trouve pas, que je sache, pour les chaussures ouvertes, consistant en une simple semelle, comme les soleaeet1es crepides. Les caleei étaient la chaussure nationale du citoyen romain, celle qu'il mettait avec la toge pour sortir dans la ville ; ils faisaient partie à ce titre de la vestis forensis ', et Tertullien les appelle plaisamment proprium togae tormentum4. Se présenter en public avec d'autres chaussures passait pour une grave inconvenance, comme si chez nous on se promenait dans la rue avec des pantoufles ou des babouches turques. C'était aussi la chaussure de sortie des dames romaines : car elle était commune aux deux sexes ; mais elle était interdite aux esclaves, bien qu'ils portassent la toge 5. L'esprit hiérarchique de la société romaine distinguait jusque parla chaussure les différentes classes de citoyens. La forme, la hauteur, la couleur du calceos variaient selon la condition des personnes; mais ces différences n'ont pas toujours été les mêmes pendant tout le temps de l'histoire romaine. Caton l'Ancien, dans un passage de ses Origines cité par Festus, rapportait qu'autrefois (le fragment ne cite malheureusement pas l'époque avec précision), on ne connaissait à Rome que deux sortes de chaussures, le caleeus mulleus, réservé à ceux qui étaient arrivés aux magistratures curules, et le perd pour tous les autres : Qui magistratum curulenz cepisset calceos mulleos allutaciniatos (?), caeteri perones °. Ce texte important, sur lequel nous reviendrons, montre d'abord que les perones, grossière chaussure de cuir (crudus perd) que l'on attribue ordinairement aux montagnards et aux laboureurs, était aussi, sous une forme sans doute un peu moins rustique, l'espèce la plus commune du calceus'. La figure ci-jointe (fig. 1013) est tirée d'un bas-relief du Louvre représentant un sacrifice romain : le soulier de forme très-simple que portent les aides du sa crificateur se retrouve dans les représentations romaines des laboureurs et des paysans 8. C L • 816 GAI 'Vers la fin de le république et pendant les premiers siècles de l'empire, on établit surtout une distinction marquée entre le ra'eeus des sénateurs, facile à recollnaitre à sa haute tige et à ses quatre courroies, et le ealeeus ordinaire, dont la nature et la forme ne sont pas indiquées avec précision par les auteurs. Les statues romaines de cette époque nous en fournissent, il est vrai, des exemples assez variés. Le premier que nous donnons (Iig.1014) est pris d'une statue du Louvre, qui a a ~ t -AE c'E ira ç.vgi=i l'avantage assez rare, non-seulement d'avoir ses pieds antiques, mais encore de porter sur sa plinthe le titre du personnage qu'elle représentait J. Il était À fa _re prouse' [atoi'j 1 7/1 ubüeoru n], c'est-à-dire procurateur des quatre impôts de la province d'Afrique. Bien qu'il manque quelques lettres au commencement de l'inscription et que le nom soit abrégé d'une manière insolite, on a cru pouvoir y reconnaître un certain L. Caninius Valens, qui est nommé avec les mêmes fonctions, sur un piédestal découvert à Asti, en Italie Y°. La charge dont il était revêtu était de rang équestre et non sénatorial, et le calceus qu'il porte est en conséquence plus simple que celui des nombreuses statues de hauts personnages romains que nous possédons, C'est un véritable soulier, noué par deux courtes lanières, qui ne font même pas le tour de la jambe. L'empeigne, se composait de deux pièces; seulement, il est difficile de voir sur le marbre si la pièce supérieure était fixe ou mobile. On retrouve sur les monuments la même chaossure, souvent môme sans aucun noeud, par exemple sur le bas-relief funéraire du jeune P. Cornelius Statius, où elle est portée à la fois par lenfant et par son père ou son professeur tl, La statue de Commode jeune est chaussée aussi de la même manière"; mais, dans cette figure, la tête seule est celle du jeune César et elle a été maladroitement rapportée sur le corps d'une autre statue antique, vêtue de la toge et chaussée du calceus ordinaire. Une statue romaine de la Cyrénaïque, qui porte la toge ajustée d'après une mode très--particulière présente un calceus également assez bas de forme; on n'y voit pas de lanières apparentes mais la chaussure est munie de deux espèces d'oreilles arrondies, qui se rabattent sur les deux chevilles, comme on peut r juger par le dessin suivant (fig. 1015). Enfin, dans beaucoup de statues, on rencontre un autre ealeeus, dont les attaches s'insèrent sur le devant du pied, à la jonction de la semelle, ainsi que nous le verrons tout à l'heure pour la chaussure sénatoriale; seulement il n'y a qu'une seule paire de courroies au lieu de deux, et la forme du ealeeus reste basse comme dans les exemples prés 'dents '°. 1: ,. trois formes que nous venons d'énumérer et qui para t apporter également bien au calceus ordinaire, n'en -ont-elles que trois variétés sans importance, ou répondent-elles à des distinctions sociale, ? C'est ce qu'il est impossible de savoir, dans l'état actuel de nos connaissances. Faut-il admettre par exemple qu'il y avait une fe rme spéciale du ealeeus pour l'ordre équestre, bien que les auteurs n'en disent rien? 11 n'y a qu'un document de basse époque, l'édit de Dioclétien sur le fnaxiteeo z, qui parle de xaètiioro traizew; mais le texte latin du même édit porte caligae egeestres'', et, comme la ealiga est surtout une chaussure militaire, on peut croire qu'il s'agit seulement de la chaussure (lui faisait partie du costume de guerre des chevaliers romins. On arriverait peut-être à résoudre ces questions de détail, si l'on prenait la peine d'étudier sur place et plus sérieusement que cela .n'a été fait, jusqu'ici, les statues romaines, en prêtant une grande attention aux restaurations, et surtout en ne nogligeant pas les plus communes de ces figures, les nombreuses statues provinciales, qui représentent souvent des magistrats d'un ordre inférieur ou de simples citoyens. des sénateurs, les exemples surabondent et sont parfaitement d'accord avec les textes. La réalité historique de cette distinction est attestée dès le temps de la république par le cas de cet Asinius, qui s'était introduit dans 1-e sénat à la faveur des troubles civils, et qui, pour devenir sénateur, n'avait eu, suivant le mot spirituel de Cicéron 1e, qu'à changer de souliers ° illutavit ealceos ; pater earaseriptus repente fortes est, bora ce et Juvénal nous apprennent que c'était une chaussure haute, qui montait jusqu'a mi-jambe, naecltlan crus, qu'elle était laite de peau noire, „.'Bans", de cette espèce de cuir souple que les Rm,.:uns appelaient ale,ta (et dans cette circonstance at -'e ulula 18), parce quelle 'tait préparée avec de l'alun. La couleur était produite par la matière appelée chtalc-anthe, d'oie bon tirait le noir de cordonnier (atransentunz sutoriurn, atralnentum tingendis coriis) 7e. L'importance que l'on attachait à cette teinture noire, peut faire supposer que les cale', ordinaires étaient de la couleur naturelle du cuir. Les calcei senatorii ou calcei patr-acii avaient de plus quatre courroies, quatuor corragiae, loua par3'ieia, qui par leur entrelacement (iVeliaré v inc'trî.x?r,) faisaient le caractère distinctif de cette espèce de brodequin. 2s CL La forme du .."eus est claire menL accusée sur mi and ne,u,hr. i tables romaines. Cette chaussure est représentée . .cime une sorte de bottine Maure ou de brodequin, montant,lu:qu'au mollet La tige était, fendue latéralement, sur le côté intérieur de la jambe, de ma nière que la fente se recouvrît (Fei-le, par une espèce de languette ou de partie e: ne, qui est très visible dans rira grand nombre d'e_ : c'était probablement la linge/ta, que l'on campe ait n une langue tirée et qui servait de prise pour mettre la chaussure La double paire de lanières servait justement à fermer l'ouverture, Les deux premières courroies, insérées par devant, à la jonction de la semelle, et très-targes d leur point de départ, se croisent sur le coude-pied et se nouent après avoir serré le bas de la ïambe , la seconde paire, placée plus haut, entoure plusieurs fois la tige du brodequin, De chaque nœud pendent deux longues bris des, qui traînent parfois jusqu'à terre, et que Lon passait avec soin sous les tours inférieurs, de manier i'1 bien étaler les quatre courroies et à permettre de les compter du premier coup d'oeil. L'originalité de cette disposition est dans l'association de la chaussure fermée avec les lanières des chaussures ouvertes. On remarquera aussi que le modelé des doigts est ordinairement marqué par les sculpteurs, ce qui montre la souplesse du cuir et confirme l'emploi du mot aleta lie premier exemple igue nous donnons (fig. 1016) est tiré l'une statue de Caligula, au Louvre la représentation est I`autar_t plus curieuse que le cæ%eus pah'icaus s'1' rencontre, non pas, comme e l'ordinaire, arec la toge, mais avec le costume militaire. Anciennement les cosr?.'géee étaient moins. trananl.es. C'est ainsi que les représente la, stat.ie de bronze d', tends prétendu ouaté',',':~..iici, ftiffe qu'il . uni ,érer comme un ouvre gii étr, iii in, in de lié e moyenne de ln république (f, Li i On retrouve des courroies . e,''t plus co irtes su, i-i piiii il statue rot. ne en br,,n-'e, trouvé en Provence et n interlam au Louvre Tire 1018) . , l ne feint voir d,,n, cette légère i,jl- ", r,,,,. I : , 29; ct. SIV01110 , tes,, scion. ii,en. , ` 6 . 2 2 ara', Sans. ''e 23 sculpc. ill. pl. cc s,, S3 7 3, Cd f.. -'c,5 t ,ad,. pl. 23 xv, ivd. De,r ar.1, 1 7 . 2 Sers, A d . , 4L3. C. i, sc. I, ;,3. -'-, Waddington, 23 1 . c. (darse, 1 . ' i l -"Jno. ')i 191. et,chol.; P,, lostr Saph.IL S. Plut. 'l. t .Ali Pente qu 1me '.!(n pi.U:S i chaussure. Plus l d à l,a, cour il' 1 des rkssr; eût changé de fort et de basse sandale, nommée r_ les demi; caractères distinctifs de .ii'l`i. t, rial , la couleur noir' bite tioeittoe Croisées (icrrvsruv é 'crÉatut's " .,'-i,,' courroies noires, enroulé. t1C le cure aujourd'hui, sous le no, caractéristiques; paysans italiens. Ica confusion des deux npnasr ni colceetts setiatoi'aï.i s'explique naturel volution qui substitua, chez les aristocratie de race, la nol.i clans les premiers temps de la ré-i parle Caton, lorsque les hi -t-'Paient pas encore de Marius', le nom r' p t signé le inul'ei=s, dont nous tout l'he meilleure manière de résoudre 'iii uniicuitt est titi sup poser que le met/eus et le de/retas s foi rus 1 'présen a z en . deux formes et comme deux degrés différents die l'ancien . 1 -°us pat^icrus. L'édit de Dioclétien', ' at bene ecap id di'tingue eue nre les , alrez zirrttache xasr, ' x;r strx.ae, u. arqués au prix de 150 deniers, des catit/ou ,.r rtoeiain, xéXse©a au'jxèreeaxst, cotés seulement 100 deniers mais, sans compter :_rue 'e document r-.st d'un 'poque où le costume romain itait déjà tri altéré, on . 1t quai tente latin du dé r Ï ' , ri de ' üs- sure militaire qui n'ei Marne si chose due le L'r,,riigine aristocratique de cette, forme du cri feins semontre bien du reste par 'l'usage de le faire porter même aux enfants de famille nahl-e, L'exemple suivant (fig. 1010) est pris aine Statue dlein'al-qi romain, ai iii I e dont les pieds sont: malheureusement 'trie P ii',' qui porte la quatrième iiour-.. il , avait aussi un ornement partite an brodequin sénatorial 't qui était port.. uniclo par ceux qui prétendaient è la noblesse de race t'n croissant d'ivoire, appelé l,t,ia ou ltori-l n g_rer si„ ar J c. ei vxug 's e s,'rs Cette la7nn' cousue 'adsut,a, t ( l l uu' s, s[.llte'-fu au roi tel:', du. dequ,t, sur le. cou-de-pied, irift pense ta lie t sec . La légenda oeil t ,ü x on du ionRlTt les r .t nr Ïnmers chies triesiules, dont Boni!,, np t " Les textes disent fc irae. i, toue cet' 1 de rat chaussure n'était a rlue par = i, c o remonter leur o1 sénate,.ti au ln°odegnPl coi CAL 818 CAL une forme de calceus patricius, le inulleus étant probablement réservé aux empereurs ou tout au plus associé au costume triomphal. Stace nous montre la luna patric;a attachée aux petits souliers avec lesquels un enfant noble fait ses premiers pas''. D'ailleurs il ne commence à en être question qu'assez tard et surtout dans les satiriques, comme Juvénal et Martial, qui ne la mentionnent pas sans une certaine ironie. La reprise de cet insigne archaïque et presque légendaire du vieux patriciat ne fut sans doute d'abord qu'une affaire d'orgueil personnel, plutôt qu'une mode généralement imposée par l'étiquette officielle. Cela expliquerait pourquoi l'on n'en retrouve aucune trace sur les monuments de l'art et particulièrement sur les statues impériales : car l'exemple donné par Ralduinus, d'après Casali 33, ne peut appartenir qu'à une très-basse époque, et j'ai d'ailleurs vainement cherché la représentation antique d'où il était tiré. Quant àla signification et au caractère primitif de la lunula, peut-être ne fut-elle à l'origine, comme la bulle d'or des enfants, qu'un amulette. On sait que les anciens, et particulièrement les Romains, portaient une grande attention, en vue des présages et du mauvais sort, à l'état de leur chaussure : si une courroie se rompait, si le calceus était chaussé de travers, surtout s'ils mettaient le pied gauche au lieu du pied droit, ils y voyaient un fâcheux augure, qui, en s'attaquant aux instruments mêmes de la marche, viciait l'activité de toute la journée. Pour se garantir contre de semblables accidents on attachait aux chaussures antiques divers objets qui étaient considérés comme des préservatifs, par exemple des monnaies d'Alexandre le Grand 34. C,r.cl us MULLLd's. Il y avait dans le costume romain une dernière forme du calceus, qui répondait au plus haut degré de la hiérarchie sociale : nous avons déjà mentionné le calceus znulleus, dont le caractère distinctif était la couleur rouge, couleur réservée par l'usage constant de l'antiquité, aux premières dignités de l'État. La tradition attribuait le premier usage de cette chaussure aux rois d'Albe et après eux aux rois de Rome 30. On a vu, par un texte de Caton, cité plus haut, que la république en avait fait l'une des distinctions des magistratures curules et l'accompagnement naturel de la pourpre de la toge prétexte. Une inscription déjà citée en l'honneur de Marius l'associe sous le nom de calceus patrie us, au costume triomphal et nous montre le vainqueur des Cimbres entrant au sénat veste lriumpllali, calceus patt'i(ies• 06. Il faut reconnaitre aussi le utulleus dans la haute chaussure rouge tait dans les circonstances solennelles, en souvenir de ses ancêtres albains, et qui de lui passa aux empereurs S7. Malgré l'opinion très-diserte de Festus (lui fait venir ce nom du -sioux verbe latin mullare, ayant le sens de coudre 38, l'étymologie plus populaire qui le rapportait à la couleur du poisson appelé utullus île rouget), s'accorde peut-tare mieux avec la forme adjective en eus et avec l'habitude des Latins de dénommer les nuances d'après certains objets vulgaires et connus de tous (comparez plus loin (viens, hederaceus, etc.). Les textes sont peu explicites sur la forme particulière de ce brodequin. Nous savons qu'il était fait, comme le calceus patricius, de cuir souple, coceôta alula ". Ce genre de calceus avait aussi des courroies (lova), mais on n'en sait pas le nombre. D'après un auteur de très-basse époque, Isidore de Séville, il était orné d'agrafes d'os ou de bronze, malleoli, qui servaient d'attache aux courroies, et dans lesquelles il ne faut peut-être voir autre chose que la lunula. On le comparait aussi au cothurne grec à cause de sa haute semelle (solo alto") : il devait présenter une réelle analogie surtout avec le cothurne de pourpre, putpureus cothuraus. Le fragment de Caton cité plus haut donnait sur cette chaussure un renseignement que l'altération du texte de Festus a rendu malheureusement très-incertain : à la place de la mauvaise leçon eufarina-dos, les commentateurs ont proposé alutatos, aluta Iacaiziatos ou même unrinatos; peut-être se tiendrait-on plus près du manuscrit en lisant simplement aluta canclos ou aiula eonsutos. D'autre part on peut s'étonner que les monuments romains, surtout les nombreuses statues impériales, ne fournissent aucun exemple d'un calceus d'une forme particulière et d'un type plus riche que le brodequin sénatorial. Je parle des statues en toge : car les empereurs représentés en costume militaire portent souvent une sorte de brodequin richement décoré, où l'on a voulu reconnaître, mais à tort, selon nous, le calceus inulleus, qui était avant tout une chaussure civile". Or, ce brodequin militaire ne se rencontre jamais avec la toge, et du reste il ne présente pas plus que les autres les vtaileoli mentionnés par Isidore de Séville. C'est une chaussure lacée, attachée par un crochet de métal, entre les doigts, qu'elle laisse nus : tous ces traits s'écartent du type propre du calceus et font plutôt songer à une forme impériale de la calma 42. Faut-il croire que, le plus ordinairement, le nullleus ne différait des autres formes du calceus que par la couleur? Les monuments nous offrent bien quelques exemples d'un calceus dont les courroies s'enroulent très-haut autour de la jambe, mais sans bouts apparents que l'on puisse compter. Nous reproduisons cet arrangement (fig. 4020) d'après une très-belle statue en toge du Louvre, sur laquelle on a rajusté une tête d'Auguste `a. Sur un bas-relief romain de Florence, on retrouve une chaussure presque semblable, portée par un personnage coiffé du bonnet sacerdotal, probablement un flamine 44. Je propose ces deux exemples comme des exceptions intéressantes à étudier et à classer, plutôt flue comme des représenta tions certaines du calceus ntuileus. Comparez aussi les doux belles statues assises du Vatican, considérées ordinairement comme les portraits des poètes comiques grecs Ménandre et Posidippe". lin dépit de l'inscription CAL --819-CAL grecque, ajoutée à une époque assez basse, sur le socle de l'une de ces figures de marbre, elles appartiennent par le caractcre des fêtes, par l'ajustement, par l'anneau qu'elles portent à la main, et surtout par la forme toute romaine de leur ealceus, à la même école gréco-étrusque ou, si l'on veut, étrusco-romaine, que la statue de bronze du prétendu orateur étrusque. C'est seulement un témoignage byzantin qui nous apprend que les consuls portaient des calcei de couleur blanche (ÛnoS'tiu.aTz ?aux), fabriqués avec le même cuir souple («asti«) qui servait pour toutes ces chaussures d'apparat et nommés aussi par extension mullei 4". Le caractère religieux des fonctions consulaires expliquerait le choix de cette couleur : c'était ce que l'on appelait en latin le pures ealceus. Sur les diptyques de la même époque, la chaussure des consuls conserve la forme et les courroies traînantes de l'ancien ealceus patricius [consul]. Les brodequins de cuir doré ou décorés de gemmes appartiennent aussi à la décadence du costume romain 47. Du mulleus dérive encore aujourd'hui le nom de mule donné à la chaussure du pape. tent assez souvent les dames romaines avec une chaussure fermée : c'est le ealceus muliebris, sorte de soulier fin, tenuis, auquel convenait en conséquence le diminutif calceolus. La couleur en était fort variée : il y en avait de rouges, que l'on appelait soulleoli; d'autres étaient d'un vert foncé (hederacei) ou d'un jaune pale (cerei), mais le plus souvent tout à fait blancs, puni albi, et faits aussi de cuir souple (nivea atuta 4N). Seulement, comme les tuniques des femmes descendent toujours jusque sur les pieds, on ne voit pas bien comment le ealceus qui leur était propre s'ajustait et se terminait la partie supérieure. CALCEUS REPANDL's. La tradition qui considérait les hautes chaussures fermées des Romains comme une dérivation des anciennes chaussures étrusques (tusca caln'ameuta 49), est confirmée parles monuments. Les plus anciennes représentations étrusques, qui nous reportent à une époque contemporaine de la période archaïque de l'art grec, nous montrent en Étrurie les hommes comme les femmes chaussés de hauts et riches brodequins, dont l'usage était si général que les artistes le prêtaient même aux dieux et aux déesses d'origine hellénique. Cette chaussure, fendue sur le devant et munie d'une grande languette, se rapproche du calceus patricius et senatorius, en ce qu'elle est, de même, serrée par deux paires de courroies, l'une nouée autour du cou-de-pied, l'autre attachée vers le milieu de la jambe et passée dans une oeillère; mais la pointe recourbée qui la termine lui donne un caractère bizarre, qui accuse l'influence des modes orientales. Les peintu beaux de Caere, auxquelles est empruntée notre figure 1021, indiquent en outre l'emploi d'un cuir de différentes couleurs, nt rouge ou jaune orangé. Dans le célèbre groupe funéraire en terre cuite (le prétendu tombeau lydien) de la même nécropole, la grandeur des proportions permet de se faire de la chaussure étrusque une idée presque aussi exacte que si l'on en possédait un exemple en nature (fig. 1022) "0 Les monuments figurés démontrent, d'un autre côtés la provenance orientale des brodequins recourbés des Étrusques et permettent de déterminer la contrée (Fuit cette mode était originaire. C'est en Asie Mineure et particulièrement en Phrygie, en Lycie, en Lycaonie que les sculptures en fournissent les plus nombreux exemples st. Lorsque les anciens mentionnent le riche co thurne lydien (peut-être le ;.t«QO rit,q de Sapho)", ils font vraisemblablement allusion à la même chaussure". Or, c'était justement de ces régions que la tradition la plus accréditée faisait venir les' Étrusques : il est naturel qu'ils aient apporté avec eux en Italie leur chaussure nationale ; nous signalons cet usage matériel comme une nouvelle preuve en faveur de leur origine asiatique. Encore de nos jours, on fabrique dans la province de Eouieh, l'ancien Iconium, en Asie Mineure, des hottes à pointe recourbée, lacées par devant, dont on voyait,à l'Exposition universelle de 1867, de curieux spécimens, exactement pareils, pour la forme, pour la disposition et pour la couleur, aux antiques chaussures figurées sur les peintures étrusques. On peut leur comparer aussi, au moins pour leur pointe recourbée, les Izaroul,ia des Albanais et des palicares grecs. Eu Grèce même, on trouve, sur un bas-relief archa =que de Sparte, les chaussures recourbées portées par une déesse parèdre de Bacchus °4. Mais cette exagération de la mode orientale s'écartait trop de la nature pour ne pas répugner généralement au goût hellénique, dont l'influence croissante fit abandonner aussi, en Italie et chez les Étrusques, la forme de chaussure dont nous parlons. Seuls quelques simulacres du culte en conservèrent l'usage, comme celui de la Junon Sospita de Lanuvium (fig. 1023), que plusieurs monuments antiques , 1 d'accord avec un texte de Cicéron, nous représentent toujours chaussée des calceoli repandi °°. On a voulu voir une allusion à la même forme dans le mot uncipes, que Tertullien applique à ceux qui portent le calceus; mais ce terme, opposé à nudipes, marque seule ment la gêne d'un pied crispé et déformé par une chaus Ytol-.ains 1i, maître de i! l,t'e,ttli des de lem taxe plus nitre do F 'étendus initia , „ es curules, est tl s sied aient ' au Tsq les nais l'expression ne ioml.l„ cF l'au plu haut, que d'une correction, arbitraire du teste de Caton. Léon Hzuzzev, O , Calculateur. --Ce nom, qui vient cie Tt les anciens de t°alculer à l'aide de 's ou de jeton u'ori disposait sur nad, particulièrement auprès de qui le=s tait là iule clos par Diocléticn calculaIoc tl'20 CAL si, dans les maies, le nom du teneur cie -atm-es -, cf d était le même que 1"r land appelé il3SPENS IeR on PROC[7aATe5, ou son subordonne. (n voit (lig 1u24) dans, un bas-relief ornant un sareoptrage du musée du Capitole '', de ces serviteurs occupé à calculer, aide d'un abaque, devant soi: tnaltre. E. "=',Loo, ' ALCL LUS. -Pierre ou t-,_r ses. v ant à compter Ar,.v Caillou dont on 5i, sen t pour voter !SLiFfr( 07i 7!ii. jeton, d€-, pièce des jeu: de tables IrLrtTR N€ iLORI;w Pe lte Terre d'une L. 4Pusr5usi €1U'.ist °' McNERV .~;+. Nous avons dit, en parlant de l'or, oipage', e' qi était, à Athènes, le c,), (.oç Afii're«„ le calculas 1Ÿ'iner°v e, On trouve, en droit romain, quelyaae chose d'analogue, au moins au commencement de n ire, Lorsque, devant un 'tribunal criminel, un aceu succombait d la rxtalorlr,= d'unis; are seulement, u 1 ait 1 droit e i) ne . un suf!r. luitte nn à oing qui ava." nt 3 . ,,'s, Il j' avait, p._ suite de ce vote '__.. bisé de suffrages, et l'accusé état acquitté. Ce oit 1,! l'empereur d'intervenir devant les tribunaux de répression est attesté par Dieu Cassius 1, le prince pouvait, dit cet historien, tel. ;`lors 7.1e pouvons citer aman exemple de, l'exercice de ce droit'. E. _.,L., 7n, LIOA ou t '_,IDA AQ UA, Oapualrq 3eoa«v trop --Les anciens aimas el , t-. rire •chaud quand il .faisait froid, autant qu'a. boita Is quand e lernps était chaud, et même en Mute saison, ils taisaient usage de l'eau chaude mêlée au vin, iii= lie ctifne ou par goût'. L'eau a gaude et l'eau (.05.1]'° I froide étaient versées aux convives â. volonté dans les repas ''. Les Grecs eurent ce gout avant les Romains ; les mats lifpV.dN et, ('te)? n ficit,lp son?, ett,.ptoyés par les écrivains grecs' de la même manière élue eq,,., U ou simples. ment calda pal' les Latins. Ce rapproche.,ienf n'est, pas, le moindre argument que 1'on puisse faire doit pour établir que la colt", sujet de beaucoup de discussions et même de dissertations spéciales n'était autre chose que l'eau chaude servant e ce mélange, peut-être avec addition de quelques herbes ou substances aromatiques on sait combien les anciens craignaient peu d'altérer le vin par tout ce qu'ils y ajoutaient vrnusll.. Il est certain que la calcin, préparée et tempérée avec le soin voulu, constituait une des recherches des tables bien servies, On la débitait aussi à bas prix dans des cabarets' appelés d'un nom grec; ther,:: t e, et ee nom peut être aussi une indication de son o. ;laie s. Chacun pouvait opérer lune hème le mélalige dans le vase oit il buvait, en demandante son gré l'eau chaude ou l'eau froide aux esclaves chargés de l'offrir 7' mais on avait aussi pour chauffer l'eau ou la tenir à. une températore suffisamment élevée des bouilloires, qui ne diffèrent guère de. celles qui sont encore en usage de nos jours pour la préparation du thé ou d'autres boissons chaudes. En voici une (fig. 1025) trouvée à Pompéi s, 'gui est en Fig. 1325, "_leutlloïee. bronze, et d'un travail elegant e` soigné; le dessin en coupe qui accompagne ici la figure d'ensemble en fera comprendre aisément l'emploi, Le vase est traversé clans sa hauteur par une cheminée cylindrique, qui a deux issues, l'une à sa partie supérieure, par oh l'on introduisait les charbons, l'autre, ,:ridée, à sa base, donnant e à l'air et par ou s'échappaient les cendres. Un plateau rond pouvant s'enlever à. volonté, percé d'une turc correspondant exactement au diamètre de ce tuyau, sadapte au vase, de telle façon que la partie qui contient i • liquide est couverte, saris qu'il soit nécessaire de fermer la cheminée, laquelle ne se fermait réellement que lorsqu'on rabattait le couvercle conique qu'on voit au V I I , , p. 437; uaie.n, ,l', p. 492 Kuhe, Voir. aussi ➢cart. VI, de t Seoec. Ep. LXXVIII, ; s, De'::. e .1. ii, p. 483 Sung. -6 Jrvet. V, 63; Matit. x15', 165; Variai, De ;e Fust. III, 5, t0. 3 Plat. 71. 1.; Xen, Mentor. Ili, 13, 3; Athen. S'ils, p. 352 h; cf. Luth., Asa 7. 6 Vop, ;a biSlsoaraphie. E Ils sont cornpris a nombre des cabarets interdits con,,,, j,.,, de plaisir eu certaine circonstances. Diu Cass, LiX, 2 ; Lx, 5. -6 Ptaut, Cure. T' 13, t€ ; RP:d. d, 45 ; Tria. 3, 6, .Jar, 1. ; 97ari. V i i i , 6 76 ; 0,7 105; Sen, Wu, a, 1 2 . 4: 11, 25, 1 ; Tac. Ana, MI, 16 { Egirt.t. r, t 5; 4mntian, xxv ,1, 21. t Mus. rion. HI, pl, brai ! m objet tout selnblahle est représenté dans dite peinture d'Herculanum . Pitt. n9Pd.. 1. IV, p. 3t5. qu'on 4 ut ttail froide e'sortai fud. qu'il soit que .'.lus ce 1 lesquelles c.1p, étaient moins rompq pe es et vases qui viennent d'être décrit que''; il connu dessus; ce roi se meut sur une charnière. Veau était introduite par un petit entonnoir (placé à droite dans la gravure); du (Esté opposé est le conduit par où elle s'écoulait; l'ouverture, fui se fermait au moyen d'une cannelle, est placée fort haut, de manière à ne pas être facilement obstruée par les dépôts qui pouvaient s'amasser au fond. Aucun modèle ne répond mieux à. l'idée. qu'on peut se f a.are d'un ustensile de cette espèce, quand il passait de la cuisine dans la salle à manger des riches Romains. Nous en citerons un autre plus ancien et plus simple encore (f -e. 2026) : c'est un vase d'argile peinte, c ulei, conservé au Musée de Copenhague , il e la forme d'une amphore, mais qui est doublée, comme on le voit dans le dessin en coupe, d'un vase intérieur n'ayant d'autre ouverture que celle du col; le vase extérieur en a une latérale et une autre sous le pied. Si ce vase servait à chauffer, et non à rafraîchir, comme quelques personnes l'ont pensé '0, le vin ou toute autre boisson, le liquide devait être placé dans la partie centrale, et le vase qui l'enveloppait, rempli d'eau chaude, que l'on pouvait r»-. eroduire par l'ouverture supérieure et retirer per celle du bas quand elle s'était refroidie. On verra plus loin [cer,oeaoo'.ei d'autres appareils qui ont pu servir aussi bien à. entretenir la chaleur fies ltoi;,soris ou d _rrr'er,ts„ Le grammairien Pollux " a réiani les noms assez nombreux de vases propres à chauffer l'eau, et cette énumération pré-. cède dans son livre celle des vases à boire; niais il est difficile de détern.iner lesquels conviennent, parmi ces noms, exac tement aux appareils dont il vient d'être parlé. Sénèque parle il de chaudières en forme de. serpent, de borne milliaire et d'autres encore (dracocres et ieilraraa et cornpiefr°es fouines), où circulaient des tuyaux de cuivre de mince épaisseur; l'eau ls.