Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CAMILLI

CAMILLI, CAMILLAE. L Jeunes garçons et jeunes filles, employés comme servants du culte chez les Romains'. L'origine du nom est douteuse; il semble qu'il ait été donné primitivement d'une manière générale aux enfants des familles patriciennes, en dehors de toute fonction religieuse 2. L'organisation des plus anciens cultes publics était imitée de l'organisation du culte dans la famille. Comme le père de famille auprès de son foyer était assisté dans les cérémonies de la religion domestique par sa femme et ses enfants [FAMILIA], ainsi le FLAMEN DIALIS servait son dieu avec toute sa maison; sa femme était flaminlca, c'est-à-dire prêtresse, ses enfants ou ceux qu'il employait à leur place étaient ses camilli, c'est-à-dire, ses aides et servants. Il en était de même des VESTALES : elles entretenaient le foyer de la cité, comme les filles non encore mariées le foyer de la famille. Comme les vestales, les camait' et les camillae, devaient être patrt'vli et matrimi, c'est-à-dire avoir leur père et leur mère en vies au moment o s ils entraient CAM 859 CAM en fonctions (on les appelait en grec âµlptOXXal'ç'"), et être encore impubères (impuberes 5, investes e). De plus ils devaient être nés libres (liber?' et ingenui 7) et d'un mariage contracté par la confarreatio fi [11ATRIMONIUM]. Cette condition du moins fut indispensable aussi longtemps que les prêtres durent être issus d'un mariage patricien, c'est-à-dire jusqu'à la loi Ogulnia (300 av. J.-C.). Dans les cultes qui étaient célébrés selon le rite grec, et auxquels tout le monde prenait part sans distinction de classe, les enfants même des affranchis furent aptes au service divin, à partir de l'an 218 avant notre ère °. Dès lors on désigna particulièrement les enfants qui servaient dans les cultes de l'ancien rite, par le nom de puer?' ingenui patriri matrimi 10. Quoique des camzuli ne soient expressément mentionnés que comme assistants du FLAMEN DIALIS, de la Flaminica Dialis", des ARVALES OUTRES n et des cullzoNES, on doit supposer cependant qu'il yen avait auprès de la plupart des colléges sacerdotaux pour le service des repas sacrés, pour les sacrifices et les jeux u. En effet, cette institution avait un autre but important : c'était de préparer les jeunes gens au sacerdoce. A la vérité un apprentissage n'était pas obligatoire u ; mais il s'imposait, et c'est ce qui explique comment il pouvait se faire qu'ordinairement le fils succédât au père dans sa charge sacerdotale" II. La noblesse d'origine était indispensable pour figurer dans les cérémonies d'un culte patricien, plus tard une naissance libre tout au moins le fut encore pour participer à celles d'une religion plus ouverte. La pureté lu corps, comme celle de l'âme, était toujours commandée t quiconque faisait aux dieux une offrande ; il importait Iu'elle ne fût présentée que par des personnes qui leur fussent agréables : aussi les Romains, comme les Grecs, en choisissant les jeunes servants des sacrifices, paraissent-ils avoir recherché avec soin les avantages de la beauté. Dans les monuments, les camilli se reconnais sent à leur jeunesse, à leur grâce, à leur maintien plein d'aisance et de dignité, mieux encore qu'aux attributs ordinaires de leurs fonctions ; une belle statue de bronze du Musée du Capitole (fig. 4051)1° peut être citée comme un modèle sous ce rapport. Dans les bas-reliefs qui représentent des sacrifices, on voit (fig. 9052) les camilli près de l'autel, tenant la patère et le vase qui contient le vin des libations ou la boîte à encens, ou des fleurs, des fruits, un oiseau. Les garçons sont vêtus ( succincte) d'une tunique dont le flot retombe par-dessus la ceinture qui la retient aux hanches et qui laisse les jambes découvertes; les jeunes filles portent la sTOLA qui descend jusqu'aux pieds '7. Quelquefois les camilli portent 18 sur l'épaule, ou même sur les deux épaules, un pan d'é toffe frangée ou à longs poils I',g. 1053. Camille (fig. 1053), clans lequel nous croyons pouvoir reconnaître le nlctx v'si, pièce de costume ancienne, conservée comme un insigne dans les rites de certains cultes et que nous savons avoir été portée notamment par les jeunes servants des arvales 19. On remarquera encore dans les monuments où sont figurés des camilli le soin donné à la chevelure dont la beauté chez les adolescents fut toujours trèsprisée des Romains fcosA). Ce soin paraît avoir été poussé jusqu'àune grande affectation, comme on le voit par les bas-reliefs de la colonne Trajane'0, où des enfants qui sont les assistants du sacrifice sont représentés non-seulement avec des cheveux longs et flottants , mais relevés en diadème sur le front, c'està-dire avec la coiffure qui était celle des femmes de ce temps (fig. 1054). E. SAGLIO.