Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MARMORARIUS'

MARMORARIUS', marbrier.-Les mots grecs N.app.a basse époque; comme le marbre a longtemps été appelé nfOoç [MARMOR], l'ouvrier qui le travaillait était rangé au nombre des ),t8oupyof ou ),eOo;6ol Les Romains ont marqué plus nettement la distinction : le lapidarius façonne la pierre de taille [LAPIDARIUS] ; la tâche du marmorarius est d'un ordre plus relevé : c'est un ouvrier décorateur; il débite le marbre et le polit; s'il faut en faire des placages, il l'ajuste sur les murs; il fabrique des stèles, des piédestaux, des balustrades, des autels, des candélabres, des sièges, des tables, des fontaines, des baignoires, etc.; il les orne de moulures et de sujets'. L'édit de Dioclétien fixe ]e salaire du lapidarius à 50 deniers (1 fr. 85) par jour, plus la nourriture; le marmorarins doit en recevoir 60 (2 fr. 20) '. D'autre part, le marbrier ne doit pas être mis sur le même pied que le sculpteur [scULPTOR], mais il peut en certains cas s'en 202 MAR 160 4 MAR Éphèse (Ajasolouk). Marbre blanc. Découvert par hasard, suivant la légende, vers le commencement du vle siècle av. J.-C., il servit à la construction du grand temple d'Artémis'. On l'exploitait encore sous l'Empire2 ; mais peut-être ne fut-il jamais exporté. Àlabonda (Arabi-hissa»), Marbre noir ~riRU?. 11éraclée (kapoukroul. àlarbre blanc'. Milet (Palatia). Marbre d'un rouge très foncé allant presque jusqu'au noir . lassos (Asynkaleh). Marbre blanc et rouge, dont il n'est pas fait mention avant l'époque byzantine'. Mylasa IMilas). Marbre blanc'. Pi 1,X11ii . Sidon (Saïda). Marbre blanc, avec lequel fut édifié le temple de Salomon ". 11 était connu des amateurs à Moine sous les Flaviens'. de I)jebha. Marbre à nummulites'°. Ni MID'hE. S'émit thus (Chemtoui. Marbre jaune veiné de rouge (jaune antique). Appelé par les anciens marbre de Numidie, il apparut à nome pour la première fois au début du Le siècle av. J.-C. ; c'était à cette époque une rareté, dont trafiquaient les marchands carthaginois 11 ; au temps de Slla, on criait encore au scandale lorsque M. Lepidus en fit faire des seuils de porte pour sa maison 12, Bientôt après on tira de Numidie des colonnes entières et des plaques de revêtement pour les murs. Après le meurtre de J ales César, le peuple éleva au forum en sort honneur une colonne monolithe de près de vingt pieds, portant l'inscription : « Au père de la patrie/, ». Le second siècle parait avoir été pour les carrières numides l'époque de la plus grande activité''` ; Hadrien les fit contribuer à la décoration de ses villas de Tibur et d'Antium'' ; en une seule fois il donna vingt colonnes au gymnase de Smyrne 16 ; il en donnacent à celui d'Athènes ". Sous Marc-Aurèle on ouvrit de nouveaux chantiers appelés de son nom lallieidinae Aurelianae 1". Les Gordiens placèrent cinquantecolonnes de marbre numidique dans leur villa de Préneste f9; les habitants d'Ostie en reçurent cent de l'empereur Tacite20. Enfin Justinien fit servir ce marbre à la décoration de Sainte-Sophie, àConstantinople2t. Les carrières numides peuvent compter parmi les plus ünportantes du domaine impérial. On lesa retrouvées récemment à Chemtou, dans la partie occidentale du territoire iinisien, qui r elevait autrefois de la Numidie, et elles ont même été remises en exploitation. Les traces encore visibles des travaux exécutés par les Romains, les nom breuses inscriptions tracées par l'administration impériale sur les blocs laissés en place nous permettent de considérer cette identification comme certaine2V. Les anciens ont quelquefois parlé aussi des marbres qu'ils appellent « libyques » ou « puniques » ; tout porte à croire qu'ils ne sont pas distincts du marbre de Chemtou 23. 2:-reopptov âzpov (cap de Gardel, au nord-est d'Ilippo Regius (Bône). Marbre blanc veiné de gris. Plusieurs carrières qui datent de l'occupation romaine 2i. Djebel I'elfela, à l'ouest de Bône. Marbre blanc à grain lin « d'une beauté remarquable », propre à la statuaire. « A en juger par l'importance des excavations, les carrières ont dii fournir des blocs énormes. Elles offrent tous les indices d'une longue exploitation 2,. » Aïn-Sntara, près de Signs, un peu au sud (le Cirta (Constantine)2', On y a découvert sept carrières antiques. Elles offrent trois variétés différentes : un marbre d'un rouge vif, à zones concentriques multicolores ; un autre du même rouge, mais bréchiforme; enfin un onyx jaune blond [ALABASTEB] 27. Italie. -SLCLLE. Tauronleniunt (Taormina).--Variété incertaine2". ÉTRURIE. Lune, près de Carrare. Marbre blanc d'un grain fin, qui compte parmi les plus purs et les plus brillants. Les Étrusques l'ont connu, mais ils ne semblent pas en avoir fait grand usage20, 11 fut introduit à Rome par Mamurra, vers l'an 48 av. J.-C.30; il n'y a donc paru qu'après certains marbres de Grèce ou d'Afrique. Auguste lit construire le temple d'Apollon Palatin en blocs massifs de Lutta'". Dès lors ce marbre devint l'objet d'un trafic important 32; on l'embarquait à Luna même sur des bat eaux qui l'amenaient à Rome par la mer et par le Tibre tout comme les marbres d'Orient". Déjà au ter siècle on l'expédiait dans d'autres villes que Rome, et même en Gaule". La plus grande partie des sculptures italiennes d'époque romaine, que l'on conserve dans nos musées sont en marbre de Luna l". Il faut le considérer comme identique au marbre dit de Ligurie, Luna se trouvant tout à fait à la limite de cette contrée p6. Il y avait à Dura une autre carrière, d'oti l'on extrayait un marbre veiné de couleur verdêttre. Nous n'en savons rien de plus a, Pisae(Pise). Marbre blanc, un peu inférieur à celui de Luna, mais non sans valeur, que l'on exploite encore aujourd'hui ; les Étrusques y ont taillé des urnes funéraires, des sarcophages, etc." MAR 1603 --® MAR avons vu plus haut qu'on l'employa dès l'époque mycénienne, quoique, d'après une tradition rectifiée par la science moderne, Mémo de Chios passàt pour l'avoir le premier mis en honneur' ; Scopas, entre tous les artistes, lui fut particulièrement fidèle2. Les gisements de marbre occupent une bonne partie de file, principalement le centre; les anciens, qui la mirent si longtemps à contribution sans l'épuiser jamais, s'imaginaient que le marbre s'y reformait au fur et à mesure dans les entrailles du sol Les couches les plus remarquables par leur pureté se trouvent dans la partie nord, au pied du mont Marpessa, près de Parikia et de Saint-Ménas`. Les anciens vantaient surtout le marbre de Paros appelé ),uyvG'riç, sans bien s'entendre sur le sens qu'ils attachaient à ce nom : suivant les uns, il rappellerait l'éclat exceptionnel du marbre de Paros; suivant les autres, il s'expliquerait par le fait que le travail d'extraction s'exécutait, non point dans des carrières à ciel ouvert, mais dans des galeries souterraines où les ouvriers étaient éclairés par des lampes (Àéyvoç) 5. Cette seconde opinion, adoptée par Varron et Pline, est très probablement la vraie 6. M. Lepsius a parcouru les galeries creusées par les anciens, qui portent aujourd'hui le nom de Grottes des nymphes, et il y a même reconnu de petites cavités où les ouvriers suspendaient leurs lampes La qualité appelée lapis lygdinus ne se rencontrait que sous la forme de blocs de petite dimension et par suite ne pouvait convenir que pour des plats, des cratères, etc. On n'a pas encore réussi à l'identifier e. Les carrières de Paros étaient comprises dans le domaine impérial. Nous voyons, par les numéros d'ordre inscrits sur des blocs trouvés à l'Emporium, qu'on en expédiait chaque année à Rome des quantités considérables9. SICINOS. Marbre bleuàtre employé dans file même au temple d'Apollon Pythien ; il est douteux qu'on l'ait exporté 10 ANAPISÉ. Marbre blanc à grain fin. Vestiges d'une exploitation antique''. RHODES. Marbre à veines jaune d'or 12. Asie. PROPONTIDE, ILE DE PROCONNÉSE (ile de Mar mara). Carrières sur la côte nord, près du village de Palatia. Marbre blanc à veines noires 13. 11 doit être identique au marbre dit de Cyzique, ou encore marbre du Bosphore, parce que les villes des côtes voisines s'en servirent pour la construction de leurs monuments''. II fut même transporté d'assez bonne heure dans des villes beaucoup plus éloignées; ainsi on avait songé à l'employer dans le grand temple d'l phèse, terminé en 416 av. J.-C., et il fallut une circonstance toute fortuite pour qu'on y renoncàt13. A Halicarnasse le palais de Mausole (mort en 353) était entièrement décoré en marbre de Proconnèse 10. fine semble pas avoir été aussi apprécié en Occident ; du moins on n'a pas pu jusqu'à présent l'identifier d'une façon certaine avec les marbres qu'on y a recueillis. Pourtant on ne peut douter qu'il y en eût des spécimens à Rome 17. TROADE. Variété incertaine 19 PHRYGIE. Synnada (Tchifout-Kassaba). Marbre blanc à veines violettes. Il porte aussi quelquefois le nom de Docimia, ville voisine de Synnada. Ce fut un de ceux dont, les Romains firent le plus grand cas 20. On admirait beaucoup les colonnes qui ornaient la Basilica Paulli, au Forum, où elles furent érigées par un membre de la famille des Aemilii Polo Paulli, probablement au temps d'Auguste, à la suite d'une restauration de l'édifice [FORUM, p. 1301] 21. Le marbre de Synnada est très souvent cité dans Fig. 4834.-Monnaie les textes et il abonde à. Rome ; Strabon de Synnada. raconte que de son temps, malgré la distance et la difficulté du transport, on l'y faisait venir par grandes masses 22. C'est alors que furent mises en place les colonnes qui décorent l'intérieur du Panthéon 23. Hadrien en attribua cent vingt autres au temple d'Héra et de Zeus Panhellénique à Athènes 2''. Les carrières appartenaient aulx empereurs23; elles étaient pour la contrée un sujet d'orgueil et y faisaient vivre beaucoup de gens ; aussi les villes de Docimia et de Synnada ontelles représenté sur leurs monnaies (fig. 4834)11 la montagne, d'où elles tiraient leur richesse. Hiérapolis (Tambouk-Kalessi). Marbre veiné, sur lequel nous n'avons d'autre témoignage qu'un texte assez obscur de Strabon 27 LYDIE. Te'os (Sivri-hissar). --Marbre multicolore 20, peut-être identique à un certain marbre appelé lydien par un auteur de basse époque, et qui était rouge avec des taches jaunes29. MAR 1602 MAR rompu, ou que le marbre expédié par Corinthe venait d'ailleurs, ou que ce n'était pas un marbre'. ARCADIE, chaîne du Parnon. A deux ou trois heures au sud-est de Tégée, carrières anciennes près du village actuel de Doliana. Marbre blanc, qui présente des analogies avec celui du Pentélique, mais tirant légèrement sur le gris bleu. On s'en est servi pour les monuments de Tégée, de Mantinée et quelquefois pour ceux d'Olympie 2. LACONIE, vallée supérieure de l'Oenus, dans la chaîne du Parnon. -Marbre gris bleu, d'un grain un peu moins fin que celui de Doliana. Les carrières de Vamvaku, situées à 20 kilomètres de Sparte, ont fourni des matériaux aux habitants de cette ville'. Promontoire du Taenaron (cap Matapan), à la chapelle de Saint-Élie, au-dessus de Dimaristika. Marbre rouge (rouge antique), qu'il faut se garder de confondre avec le porphyre vert du Taygète et de Crocées [LAPIDEs] dans les textes parfois ambigus des auteurs anciens'. Sous l'Empire, on extrayait aussi au Taenaron un marbre noir, dont le gisement n'a pas encore été retrouvé ; peut-être n'est-ce pas autre chose qu'un calcaire qui se voit au nord du port de Cisternaes 6, TuAsos. Marbre blanc qui, après avoir été très estimé à Rome à cause de sa rareté, y perdit beaucoup de son prix quand on l'y eut transporté par grandes quantités. Les carrières ont éte reconnues en 1887 par M. Bent sur la côte méridionale". ECBÉE. Carystos, à la pointe sud de l'île près du village d'Aétos. Marbre blanc ou gris clair avec des ondulations de couleur verte. I1 ne semble pas que les Grecs en aient fait usage avant l'époque romaine; mais alors il fut en grande faveur On se rappelle les colonnes apportées à Rome au temps de César par le fameux Mamurra6. De tous les marbres trouvés à l'Emporium, c'est de beaucoup celui dont il subsistait le plus grand nombre de blocs, Les inscriptions gravées à leur surface nous font connaître le personnel employé aux lapicidinae Carystiae pour le compte des empereurs'. Avec ce marbre on faisait surtout des colonnes, des revêtements pour les murs, des dalles pour la décoration des parquets, etc. Il est tout à fait impropre à la sculpture. LESBOS. Marbre noir t0, Pline en cite un autre de couleur bleuâtre" SCYROS. Carrières au promontoire Oros, dans les baies de Tris Bukkaes et de Renes, et dans l'île voisine de Valaksa; on y voit encore des blocs prêts à être employés. Brèche multicolore, très appréciée à Rome d'après Strabon t2, quoique les témoignages qui s'y rapportent soient en petit nombre' 3. Les carrières étaient déjà sous Néron, et peut-être plus tôt, la propriété des empereurs 14. Cmos. Marbré noir 1J. Nous ne savons pas s'il est identique à un autre marbre exploité également à Chios, que l'on cite comme offrant un mélange de plusieurs couleurs ; il est possible en effet que le fond seul en fût noiri°. L. Licinius Lucullus, consul en 74 av. J,-C., mit à la mode à Rome un certain marbre noir, auquel il donna son nom 1t. Ce marmor Luculleum venait-il de Chios? C'est assez douteux. II semble bien que ce fût un marbre uni ; alors il faudrait admettre qu'il y avait à Chios deux variétés, la première unie, la seconde tachetée ou veinée". M. Teller a retrouvé des carrières antiques sur la côte orientale, à une demi-heure au nord de Castro, dans la direction du village de Scariaes ; elles donnent un marbre gris bleu foncé, peut-être identique au marbre a noir », dont il est question dans un texte 19. ANDROS. Marbre blanc tirant sur le gris ou le bleu, assez semblable à celui de l'Hymette. Vestiges d'une exploitation antique, dans la partie nord, près de Gaurion. Gisements sporadiques et en petit nombre, disséminés au milieu de la masse des micaschistes 20, TÉNOS. On y rencontre sur quelques points (Polemou Campos, Livadas, etc.) un marbre blanc à grain fin, quelquefois veiné de bleu, qui rappelle le précédent ; il est aujourd'hui l'objet d'un commerce assez important 21 ; mais il ne semble pas avoir joui dans l'antiquité de la même réputation que le serpentin, qui se rencontre en bien plus grande quantité dans cette île [LAPIDES: 22. NAxos. Marbre gris clair avec des parties plus foncées, tout à fait dominant sur la côte de l'est23. Ce fut le Naxien Byzès, qui le premier, au commencement du vie siècle, imagina de tailler en marbre des tuiles pour couvrir les toits24. Dans les carrières de Comiaki, gît encore une statue colossale d'Apollon à peine ébauchée. Quelques-unes donnent un marbre à gros grain, d'un blanc pur, assez semblable à celui de Paros 25. PAROS. Marbre d'une éclatante blancheur, d'un grain moins fin que le pentélique, mais se prêtant admirablement aux travaux du sculpteur, ce fut par excellence le marbre statuaire de l'antiquité grecque" ; nous MAI; 1601 MAR complique la question, c'est que la même localité offre quelquefois des marbres très différents d'aspect, suivant l'orientation, la profondeur de la couche, etc.; et ainsi le menai nom géographique a pu s'appliquer à des variétés auxquelles on ne serait nullement tenté d'attribuer une origine commune. En outre, certaines carrières exploitées par les anciens sont aujourd'hui épuisées; quelques-unes mélne l'étaient déjà sous l'Empire; on a reconnu, par exeuiplci,àChemtou(Tunisicl' que les Romains y avaient ouvert au ni" siècle de nou4eaux chantiers e côté de ceux oit ils avaient travaillé jusque-là, parce que ceux-ci ne donnaient plus rien ou ne donnaient plus que des matériaux de mauvaise qualité ; aussi s'est-on exposé parfois à de graves déceptions en reprenant de nos jours les recherches au point où ils les avaient abandonnées. En somme, si on fait le compte des marbres dont nous pouvons déterminer avec certitude le nom antique et la provenance, on arrive à un iota] très réduit. Dans la liste qui suit, nous indiquons les marbres qui sont connus aujourd'hui. soit par des textes anciens, soit par les observations qu'ont faites au lieu d'extraction les voyageurs, géographes ou archéologues. Le lecteur désireux de se renseigner sur les autres voudra bien se reporter aux ouvrages spéciaux ouest appliquée la première méthode. Grèce et îles grecques3. Si on prend le mot marbre clans le sens strictement scientifique que lui donnent les modernes, il résulte notamment des recherches de MM. Lepsius et Philippson que ce minéral se rencontre dans la plupart des îles de la mer Égée' ; dans la Grèce continentale, la couche suit à peu près ladirection de la côte de l'est. Plusieurs provinces en sont totalement, dépourvues, à savoir : la Béotie, la Messénie, l'Élide et l'Achaïe. Certaines hypothèses se trouvent exclues par là iléme : elles reposent sur de fausses leçons, ou bien sur des textes qui ne peuvent s'entendre du marbre que par un abus de langages. Ces restrictions faites, voici quelles sont les carrières sur lesquelles nous avons des documents certains, ou acceptables, ou douteux' : Ému:. Pays des Molosses. Variété incertaine, mentionnée pour la première fois à l'époque byzantine 7. TitEss cite. -Carrières à l'ouest deLarissa sur les bords du Pénée, près du village d'Alifaka, qui est probablement l'ancienne Atrax. Marbre blanc, parfois gris ou jaune rosé 3. Il ne faut pas oublier que la « pierre de Thessalie », ou « pierre d'Atrax » des auteurs de basse époque, est un porphyre vert rLAPIDES} parfaitement connu °. 1 Voir plus bas les marbres d'Afrique. 2 Toulaiu, Assoc. franc. pour l'avancement des Sciences, Compte rendu de la 225' session (Carthage-Tunis), 1896, II, p. 792. 3 Un secours utile nous est fourni par la géologie. Voir Expédition scientif. de Morée, Sect. des sciences physiques, t. Il, 2' partie, Géologie, Paris (1833); Neumann et ParEch, Physihal. Geoyeaprrie von lin (1892) avec les cartes géol., I, IV; Thessalien und Epirus (1897), cartes géol., pl: u et v1; J3eitrOige mur Kenntniss der yrieeh. Insehcelt, dans les l'clcrmauns 31ittheilvngen, Ergènz. Oeil 134, Gotha (1901), caries géol., pl. ur et iv. Une bibliographie très complète du sujet pour la Grèce enliere se trouve dans Der JE lopoznes, p. 613. -5 Iles sans marbre : Seiathos, Péparèthe, kos, Osares, Délos, Rheneia, Sériphos, Céros, Amorgos, Mélos, Théra. lies dont les marbres ne sont mentionnés dans aucun texte ancien : Céos, C1lhnos, Syros, Siphnos, Antiparos, Schinusa, Herscha, los, Siciuos, Pbolcgandros. 3 Ainsi dans l'lin. XXXVI, 49 (Mas hoc), 7Jelo ne peut ètre qu'une mauvaise leçon. Calcaires divers, qui ne sont point des marbres : presqu'Ille d'Acté au Pirée, x(Bo; '.-lx-lsq; (Lepsius, Op. cit. p . 1 1 7 ) , Éleusis (p. 123) et autres parties de l'Attop e (p. 1 1 4 ) , Egine (p. 1 1 0 ) ; en Béotie Orchomène, Thespies, Tanagra p . I l l 2 e', 6 Lepsius, p. 9. 7 Paul, Silent. II, 131; cf, Philippson, Thes A'r'ri ise 1U. Pente'ligoe. Marbre blanc d'un grain très fin, tirant légèrement sur le ,jaune. Les carrières, situées dans le mont Pentélique à 14 kilomètres ait nord-est d'Athènes, ont été exploitées surtout à partir du y'° siècle av. J.-C.11 De là proviennent les matériaux avec lesquels ont été construits le Parthénon, l'Erechtheion, les Propylées, le Théseion, le temple (le Zeus, etc." Parmi les monuments oh ce marbre a été employé en dehors de l'Attique, on elle le temple d'Esculape à Gortys, en Arcadie'', Domitien fit placer des colonnes de marbre pentélique au Capitole, dans le temple de Jupiter réédifié par ses soinstl , Pourtant, c'est un de ceux dont on a trouvé le moins de fragments à Ronce 1"; mais le fait s'explique aisément : les carrières du Pentélique, sous l'Empire, étaient du petit nombre de celles qui n'appartenaient pas â l'empereur; nous savons qu'au ne siècle elles étaient la propriété du fameux Hérode Atticus, qui y prit les matériaux nécessaires à ses propres constructions". Ce marbre, très apprécié par les architectes, ne venait qu'après le marbre de Paros dans les préférences des sculpteurs étrangers à l'Attique: mais il ne faut pas oublier que Phidias et Praxitèle en ont tiré des chefsd'oeuvre 11. Vingt-cinq carrières creusées par les anciens ont été reconnues et sont encore visibles sur le Pentélique; M. Lepsius estime à environ 400000 mètres cubes le volume des blocs qu'ils en ont extraits". Hymette. Marbre blanc bleuàtre, sillonné de veines grises. Carrières sur le mont Hymette, à Il kilomètres au sud-est d'Athènes", Ce marbre est bien inférieur au précédent; cependant on l'a exporté aussi". L. Licinius Crassus, consul en 9:i av. J.-C., lit placer dans sa maison du Palatin des colonnes en marbre de l'llymette"1, et depuis, son exemple semble avoir été souvent imité â Rome 22. Les carrières devaient faire partie du domaine impérial". Quoique ce marbre convint beaucoup mieux aux travaux de l'architecte, les sculpteurs grecs ne l'ont point, complètement, dédaigné ; on y a taillé notamment des monuments funéraires, des inscriptions, etc.2'` Laurion, montagne située à l'extrémité sud de l'Attique. Carrières près de l'ancienne Thorikos. Marbre blanc veiné de jaune et de grise°. On ne sait pas dans quelle partie de l'Attique on exploitait le marbre appelé cça)J,zi«ç CoBisTIIE.-Pierre de couleurs variées", « semblable (t de la gomme ammoniaque ». 11 n'y a de marbre ni sur le territoire de Corinthe, ni en aucun point de l'istfnne. II faut donc supposer, ou que le texte de l'auteur est cor p. 39. 10 Lepsius, Geologie cor, Attika, Berlin, 1893. Il Sirat), IX, p. 399; cf, Pentetikon Athen und seine .Varnrorbrilche, clans le Kanslblatt de 1637. VI, 5, p. 350; Euslalh. Jsnz. mime. 1, 6, 2 ; Schubarl, :Veue Jah b. f. Phüol. XCI 1; IX, 27, 3; Cie. Ad Att. 1, 8, 2; Lncian. Jupn drag. 10; Allen. XIII, p. 591 B; ,hnthol. Pal. VI, 317; Schubart, L. c. 12 Lepsius, p. 13; Id. Verceichn. u" 53 Lepsius, p. 23. 20 Peut-(.ire est-il compris dans le témoignage de Xen. De cectiy. 1, 4. 21 Plin. XVII, 6 ; XXXVI, 7; cf. Val. Max. IX, 1, 4. 22 Hoc Carin. Il, 347. 25 Lepsius, p. 30, 26 Hcsyell. s. e. ; Zenob. V, 13, p. 121, Leulscb ; Clou. Alex. Proieep. IV, 42, Pott ; Biiinmcr, p. 30, n. ii, 5, 27 Isid, Orig. XVI, J, 14; Bliinmcr, III, p. 56. MAR 1600 MAR ralement un affranchi impérial'. Le bureau des marbres paraît avoir été partagé en deux sections, ayant pour attributions de faire construire et entretenir, l'une (ratio urbica) les monuments publics de la ville de Rome qui étaient à la charge de l'empereur, l'autre (ratio donlus Augusti) les palais impériaux2. Il est possible qu'une partie des employés fût spécialement attachée à l'Emporium; mais le siège principal de cette administration, la statio marnlorum3, se trouvait, suivant toute apparence, au Champ-de-Mars, à peu de distance du port. M. Lanciani l'identifie avec l'église Sainte-Apollinaire4; ainsi s'expliquent très aisément les découvertes que l'on a faites à diverses reprises près de Sainte-Marie-de-l'Ame, du théâtre de la Paix et de la rue du Parione, en un mot dans tout le quartier qui s'étend entre le port et Sainte-Apollinaire; on y a trouvé du sable pour le travail de la scie, des ciseaux, des marteaux, des éclats de marbre et des morceaux dégrossis qui n'ont pas été achevés. Il y avait donc là, à proximité du Tibre, des ateliers et des magasins où on sculptait les marbres livrés par l'administration 6. Il s'en faut de beaucoup que nous connaissions toutes les espèces de marbres employées par les anciens ; parmi celles que mentionnent les textes, il en est qu'on n'a pu jusqu'ici identifier, et, d'autre part, les fouilles en ont fait découvrir un très grand nombre dont la provenance et les noms antiques sont inconnus. Avec des échantillons recueillis dans le sol de Rome, les marchands de curiosités composent des tables en marqueterie, qu'ils vendent aux étrangers; c'est un commerce qui dure depuis longtemps sans que la matière fasse jamais défaut. Beaucoup de collections d'étude ont été formées en Italie et au dehors; celle de l'Université de Rome compte seize cents pièces. Une des plus intéressantes est celle du Musée de Bruxelles. On aura une idée de la difficulté que présente le classement, quand on saura qu'il y a quarantetrois variétés de marbre gris Le meilleur moyen d'arriver à des résultats précis serait d'étudier chaque variété au microscope et d'en faire l'analyse chimique. Ce travail a été exécuté pour la Grèce propre par M. Lepsius ; après avoir examiné sur les lieux mèmes la formation géologique des marbres, il a catalogué les oeuvres de l'art antique conservées dans les musées grecs en les classant d'après la nature du marbre dont elles sont faites C'est une méthode qu'il faudrait étendre à toutes les parties de l'ancien monde. Nous ne pouvons entrer ici dans des développements qui sont plutôt du domaine des sciences naturelles, mais leurs observations, auxquelles, quand il y a lieu, nous renvoyons le lecteur, seront pour l'archéo. logie le guide le plus sûr. Aujourd'hui on appelle marbre un carbonate de chaux cristallisé, assez dur pour recevoir le poli. Les anciens n'ont jamais attaché un sens aussi précis et aussi cons tant aux mots N.pi sepos et marmor; la principale cause en est dans l'état rudimentaire de Ieurs connaissances minéralogiques; ils confondaient sous le même nom des minéraux d'espèces différentes, parce qu'ils en ignoraient les éléments constitutifs'. Mcip.apos dans Homère ne désigne pas autre chose qu'un gros bloc de rocher', quoique Pline soit d'une opinion contraire10. A l'époque classique, on appelait encore très souvent « pierre blanche, n(Aos ),tuxbs » le marbre blanc employé par les architectes et les sculpteurs". Même les auteurs qui ont eu soin d'établir une distinction entre la pierre commune, la pierre de taille et le marbre1', ont classé parmi les marbres des minéraux qui ne sont nullement des calcaires13; il n'est pas rare de voir, par exemple, le granit et le porphyre appelés marlnora [LAPIDES[. En ne considérant que les marbres proprement dits, il serait encore impossible d'en donner une nomenclature complète, même si les documents positifs ne nous faisaient pas défaut. Pline, qui en était mieux pourvu que nous, a reculé devant cette tâche : « Les variétés et les couleurs, dit-il, sont en si grande quantité qu'il n'est pas facile de les énumérer toutes ; quel est le pays qui n'ait pas son marbre particulier16? » Ainsi, parmi les marbres recueillis dans les provinces de l'empire romain, une bonne partie doit provenir de carrières voisines, dont le renom ne s'est étendu que dans un rayon très restreint. Il y avait au contraire des carrières qui étaient connues du monde entier t5 et qui envoyaient leurs marbres partout, principalement à Rome ; le nombre en était encore considérable. Plusieurs des savants qui se sont occupés du sujet ont catalogué et classé d'après leur couleur et leur aspect extérieur toutes les variétés dont il subsiste des échantillons quelque part 16 ; en cela ils ont rendu service; ils ont fait connaitre ainsi plusieurs centaines de marbres ; ils ont délimité le champ sur lequel doivent porter les recherches , mais leur oeuvre est toute provisoire et n'a pas de caractère scientifique. Comme les plus belles collections ont été formées en Italie, on a pris l'habitude de désigner chaque variété par les noms en usage chez les marbriers italiens; ces noms sont tirés de la couleur : marbre gris (bigio), violet (pavonaz o), etc., ou de la configuration des veines et des marbrures : le cipollino, par exemple, est ainsi nommé parce qu'on en a comparé les stries aux tuniques superposées du bulbe de l'oignon (cipolla). Mais il y a des cipollini verts, il y en a de gris, il y en a de rouges, et il n'est pas sûr qu'ils viennent tous du même lieu Les seules appellations qui devraient subsister sont celles qui correspondent à des différences dans la formation géologique des marbres : brèches, brocatelles, lumachelles, etc. 17 Toute classification fondée sur un autre système de noms est artificielle et on ne saurait s'en contenter. Ce qui MAR 1599 MAR dans toute l'Italie on se fut passionné pour les marbres de l'Orient et de l'Afrique. On avait construit des navires aménagés tout exprès pour répondre à ce besoin'. Nous voyons par les obélisques que les Romains ont enlevés d'Égypte quels monolithes ils pouvaient faire voyager sur la Méditerranée 2. Lorsque les marbres étaient destinés à la capitale, le navire les déposait à Ostie, à 1'cmbouchure du Tibre : de là des bateaux, ayant un plus faible tirant d'eau, leur faisaient remonter le fleuve jusqu'à Rome ; il y avait une corporation d'ouvriers spécialement chargés duce travail, le corpus trajectus Inarniorariorum 3. Des blocs trouvés sur la rive opposée du Tibre, à Porto, près de Fiumicino, prouvent qu'il y existait aussi un dépôt, le long du port de Trajan 4. Ceux qui continuaient jusqu'à Rome y étaient débarqués à l'Emporium, où se trouvaient les docks ; l'emplacement de l'Emporium est parfaitement connu; il était situé au sud de Rome, dans l'espace compris entre l'Aventin, le Tibre et le mont Testaccio : le dépôt des marbres occupait la berge même du fleuve, à l'ouest de l'Emporium'. De son ancienne affectation ce quartier avait gardé à travers tout le moyen tige le nom de la Marmorata 6 ; depuis, on en avait tiré à diverses époques des marbres d'une grande beauté 7; en 1868, des fouilles méthodiques ont ramené à la lumière une quantité énorme de blocs qui gisaient encore sous terre ; ils portent des inscriptions gravées à leur surface au sortir de la carrière. Le P. Bruzza les a rassemblées et interprétées dans un travail qui a éclairé le sujet d'un jour tout nouveau ; elles nous font connaître le nom de la carrière d'oil chaque bloc a été tiré celui de l'empereur qui en était propriétaire. t-n numéro d'ordre du bloc, la date de l'extraction, etc. L'ensemble de ces documents nous renseigne de la manière la plus précise sur l'administration et l'exploitation des carrières impériales )ME•'ALLA]'. Ils s'étendent sur une période comprise entre les années 17 et 206 de notre ère ; nous savons que le luxe des marbres étrangers a commencé plus tôt et fini beaucoup plus tard ° ; mais il faut supposer que ce dépôt a été abandonné pour un autre, ou enfoui sous terre à la suite d'une crue du fleuve 10. Il est probable aussi que les blocs découverts, dont quelques-uns sont restés en place depuis le ter siècle sans avoir jamais été utilisés, présentaient des défauts qui avaient rebut é le sculpteur" La figure 1833 représente l'aspect actuel de la rive de l'Emporium ; on y voit taillées dans la pierre les ouvertures circulaires où étaient fixées les amarres des bateaux". Un second dépôt a été trouvé, en 1891, à l'autre extrémité de la ville ; il était situé sur la rive gauche du Tibre, un peu en amont du pont Saint-Ange ; on en a exhumé les restes en démolissant le théâtre de l'Apollo, construit exactement au-dessus. On y voit" un môle large de 14 mètres, s'avançant de 26 mètres dans le lit du fleuve et formant un angle de 440° avec la direction du courant. Au-dessous du môle s'étend de chaque côté un terre-plein protégé par une palissade de pieux en chêne, longs de 6 à 8 mètres ; ils sont armés à leur extrémité inférieure d'une énorme pointe de fer et s'engagent les uns dans les autres sur leurs faces latérales de façon à former une muraille de bois impénétrable. Les blocs de marbre étaient débarqués sur les terre-pleins, hissés avec des grues sur le môle et de là poussés à l'aide de rouleaux jusqu'aux chariots qui devaient les conduire à destination. Il est assez probable que ce port a été ouvert plus tard que le port du Sud. Lorsque le Champ-de-Mars s'est couvert d'édifices somptueux, on a trouvé gênant et même dangereux pour la sécurité publique de faire passer les blocs de marbre nécessaires aux constructions nouvelles par les rues très populeuses des bas quartiers avoisinant le forum ; il a paru plus simple de les amener par eau jusque sur la rive du Champ-de-Mars lui-même ". On ne croit pas que l'administration des carrières impériales, lesquelles formaient la majorité, fût centralisée à Rome dans un service distinct nlrrALL~;. Elle était rattachée à l'administration du patrimoine impérial (ratio patrimonii) ; mais sous cette réserve on ne saurait douter qu'elle eût à Rome même un bureau important (ratio marmorum), dont la fonction propre était de veiller à la réception et à la répartition des marbres envoyés par le personnel des carrières. Elle comprenait des comptables chargés des écritures, esclaves ou affranchis de l'empereur (tabularii a marmoribus), assistés par des adjoints (optiones, adjutoues), et ayant au-dessus d'eux un procurator, qui lui-même était géné MAR 1598 •--' MAR la République, Rome comptait plusieurs édifices où l'on pouvait admirer le même genre de décoration 1. II devint plus commun encore sous l'Empire, après qu'Auguste eut fait élever les temples de Jupiter Tonnant et d'Apollon Palatin, l'un et l'autre entièrement en marbre". Il subsiste actuellement dans la ville de Rome environ neuf mille fûts de colonnes antiques, les uns intacts, les autres plus ou moins détériorés ; en tenant compte de tout ce qui a été exporté ou détruit, M. Lanciani estime qu'à la fin de l'Empire le nombre total devait être à peu près de cinquante mille 3. Mais ce qui charma surtout les Romains, ce furent les revêtements de marbre appliqués sur les murailles (rrustae); de là une industrie florissante qui s'exerça sans interruption pendant plusieurs siècles. Il n'est pas douteux qu'elle venait d'Asie, où elle était eu honneur depuis longtemps. A. Halicarnasse, en Carie, on montrait encore les applications en marbre de Proconn qui ornaient les murs du palais de Mausole, mort n 353 av. J.-C. Pline lui-même, qui cite le fait, se demande si l'invention date bien de cette époque et il est possible, en effet, qu'il faille remonter plus haut'". A Rome, le premier qui revèt.it de marbre les murs de sa maison fut le fameux Mamurra, si fort maltraité par Catulle pour ses exactions et ses prodigalités 0. Il trouva bien vite des imitateurs chez les plus illustres citoyens, sans doute encouragés par Auguste lui-même; le Panthéon, dédié en 1'an 27, offrait sur ses parois de beaux spécimens des marbres étrangers', et l'on saitqu'Au guste, parlant de atome, se vantait d'avoir fait d'une ville de briques une ville de marbre ; sans compter les monuments nouveaux construits par ses ordres, il avait fait recouvrir d'une parure de marbre les murs des anciens". S'il faut en croire Pline 10, cette forme du luxe serait devenue si générale qu'elle aurait de son temps fait tort à la peinture murale et même l'aurait complètement supplantée. C'est une assertion qui ne se trouve pas justifiée à Pompéi ; M. Mau n'y a observé qu'un très petit nombre de revêtements en marbre, et précisément dans les maisons qui paraissent les plus anciennes". Ce témoignage de Pline ne peut s'appliquer qu'à des demeures princières, auprès desquelles les maisons bourgeoises de Pompéi eussent paru bien modestes. Il n'en est pas moins vrai que jusqu'à la fin de l'Empire la passion des marbres subsista aussi vive chez les Romains, procurant un thème de déclamations faciles aux rhéteurs moralistes, d'ingénieuses et brillantes peintures aux poètes descriptifs'". Ce que nous lisons sur ce sujet dans leurs écrits est confirmé par les découvertes des archéologues ; d'un bout à l'autre de l'ancien monde romain, il n'est point d'édifice de quelque importance dont les ruines n'aient livré une quantité de marbres de couleurs différentes ; parfois même des fragments sont encore adhérents aux murs ; les yeux les moins exercés sont frappés de la richesse et de la variété de ces matériaux, souvent apportés de contrées lointaines, et leur présence dans un terrain est un des indices les plus sûrs qui permettent d'y retrouver des vestiges de l'époque romaine. Les marbres destinés à cet emploi étaient débités à l'aide de la scie en plaques de 0 nl. 015 à 0 ni. 0-25 d'épaisseur par les sectores Se1'rarii [SEHBARIUS( ou par les 1narmorarii. `il 6RMORARIUS(, Pour faciliter le travail de la scie, on jetait dans son sillon un sable fin, qu'on faisait venir tout exprès de Naxos, de l'Égypte, de l'Éthiopie, et même de l'Inde. « Plus récemment, dit Pline, on a trouvé un sable non moins bon dans un bas-fond de la mer Adriatique, qui est à sec à marée basse seulement, ce qui l'a rendu difficile à découvrir. Au reste, la fraude des ouvriers s'est enhardie à scier indifféremment avec toutes sortes de sable de rivière. Très peu de propriétaires reconnaissent le tort qu'on leur fait ainsi. En effet, un sable plus gros produit par le frottement un trait plus large, use plus de marbre et laisse plus de travail à faire au polissage qui. de la sorte, enlève aux plaques trop d'épaisseur. On donne le dernier poli avec le sable thébaïque et avec un sable fait de la pierre poreuse ou de la pierre ponce 13. Certains amateurs ne se contentaient pas d'appliquer les marbres tels que la nature les leur fournissait ; niais sur le revêtement ils faisaient incruster un marbre d'une autre couleur, taillé en forme d'animaux et d'objets divers ; cette invention datait du principat de Claude. Sous Néron on imagina de fabriquer des marbres composites par un travail de marqueterie analogue ; ainsi, par exemple, sur un fond de marbre de Numidie, lequel était jaune et veiné de rouge, on incrustait des fragments d'une autre variété offrant des taches ovales ; ou bien on rehaussait par des applications de marbre rouge le marbre blanc de Synnadal`. Aux yeux des gens sévères, c'était laie comble de la recherche dans le luxe. Au contraire, si on reculait devant l'emploi du marbre parce qu'on le trouvait trop coûteux, on pouvait le remplacer par du stuc, fait avec de la chaux, du sable et de la poussière de marbre (opus alhariuuz); à Pompéi notamment, on a trouvé sur les murs de plusieurs maisons des panneaux de stuc qui imitent manifestement les crustae marmoreae et sont destinés à en tenir lieu ; aussi suppose-t-on que ce genre de décoration, apprécié surtout par les gens de condition modeste, a dù naitre après l'autre [PARIES,1'. On trouvera à l'article METALLA tout ce qui concerne le travail dans les carrières et le personnel qui en était chargé. Une fois que les colonnes et les blocs de marbre avaient été extraits du sol, on les expédiait dans les villes où ils devaient être mis en oeuvre. Si le trajet pouvait sexécuter entièrement par terre, on les chargeait sur des chariots ; Juvénal a décrit, en termes plaisants, les dangers qu'ils faisaient courir aux passants dans les rues de Rome 16. Mais bien souvent ils devaient traverser la mer, et ce fut même le cas le plus fréquent lorsque MAR 1597 MAR mêlent aux marais salants'. Pisaurum et Laurente sont à cet égard dans les mêmes conditions que Minturnes. C'est en qualité de divinité maritime qu'elle futidentifiée, tantôt avec Vénus, tantôt avec Circé, la légende de la magicienne jouissant sur la côte des Aurunces, jusqu'au delà du cap qui porte son nom, d'une grande popularité'. Par Circé et Ulysse, on peut expliquer comment elle fut mêlée aux fables sur les origines de la nation romaine. La tradition hésiodique faisait d'Ulysse le père de Latinus, d'Agrios et de Télégonos, rois des Tyrrhéniens, et de Circé leur mère A celle-ci se substitua Marica, divinité indigène, et Ulysse fut supplanté par Faunus, ce qui mena à considérer Marica elle-même comme une doublure de Faluna ou Bona Dea. Sur la ciste prénestine que nous avons discutée à l'article LATINUS (p. 981), on a cru reconnaître Marica dans la divinité féminine qui fait pendant à Juturna et parle à l'oreille de Latinus'. J.-A. HILD.