Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article OLPÈ

OLPÈ ou OLPIS ("O),7cé, ),7u;). On a pris l'habitude en archéologie de donner ce nom à une forme particulière de l'œnochoé, avec embouchure ronde et anse haute OINOCIIOÉ, fig. 53781'. Letronne a démontré que cette assimilation est arbitraire2. Les textes sur l'olpè prouvent une fois de plus l'élasticité des termes dont les anciens se servaient pour désigner leurs vases. Les uns en font un vase à puiser ou à verser le vin, semblable à l'lrnochoé ; les autres, une fiole à huile ou à parfum, un lécythe !'LE( 'THUS~. Ces dénominations changeaient suivant les régions : Athénée dit expressément que pour les habitants de Corinthe, de Byzance et de Chypre l'olpe était un lécythe, et pour les Thessaliens un pros/nous, c'est-à-dire une sorte d'cenochoé3. On peut donc diviser les passages des auteurs anciens en deux catégories, suivant qu'ils envisagent l'olpè ou olpis comme flacon d'huile', ou broc à puiser le vin °. D'autres ne lui donnent que le sens général de vase'. Ces vases n'étaient pas seulement en terre cuite, mais aussi en métal', et même en cuir e, comme sont encore aujourd'hui certaines gourdes. piques, les plus anciens et les plus illustres des quatre grands jeux nationaux de la Grèce; ils se célébraient tous les quatre ans, dans la plaine d'Olympie, en l'honneur de Zeus. gine prédorienne des jeux olympiques est attestée par leur association tant effective que légendaire avec Pélops', héros solaire de même essence que l'Héraklès des Doriens' et comme lui probablement d'importation orientales. Le culte de Pélops existait en Arcadie et à Pise longtemps avant l'occupation étolienne et dorienne de l'Élide et du Péloponnèse', et n'a cessé d'occuper le premier rang à Olympie, même après que le culte de l'Héraklès dorien l'eut supplanté partout ailleurs 3. De même que tous les jeux d'une très haute antiquité, les jeux olympiques n'étaient autre chose au début qu'un àywv Excirs('ptoç, comme il devait s'en célébrer dans la plupart des centres d'agglomération, chez les populations primitives de la Grèce et de l'Italie [CERTAMINA, LUUt PUBLICI a Le culte des morts semble avoir été l'une des manifestations les plus anciennes du sentiment religieux chez ces peuples, et les sacrifices humains, que nous trouvons encore dans Homère ', en formaient une partie intégrante. Les combats sanglants en l'honneur des morts, dont il reste également une trace dans l'Iliade a, sont une forme dejà mitigée de ces sacrifices humains, et furent remplacés très tôt en Grèce par les luttes courtoises de force et d'adresse qui constituaient l'àyiov E~ tTy ptoç 3. Plus Lard, lorsque la religion devint nettement anthropomorphique, on s'avisa que ce qui plaisait aux hommes et à leur 4,uys dans le tombeau, devait également plaire aux dieux, et on consacra à ceux-ci les jeux originairement destinés à se rendre les morts propices '6. Le caractère originaire des jeux olympiques résulte directement de ce qu'ils se célébraient dans le voisinage immédiat du Tsyoç dont la légende avait fait le tombeau de Pélops'', et de toute une série d'autres Tày,ot mentionnés par Pausanias 2 ; divers détails du rituel funéraire primitif, qui ont survécu à travers les âges, achèvent de confirmer cette théorie 13. Les légendes poétiques qui se sont formées autour de leurs origines, et dont les traditions éléennes, les 'Hi s(wv ypi!,.µaT àpyat« de Pausanias" sont à la fois la source et l'écho, leur attribuaient l'antiquité la plus fabuleuse et les associaient aux diverses migrations de peuples, tant mythiques qu'historiques, dont Pise et l'Élide avaient été le théâtre depuis les temps les plus reculés f5. OLY 173 ULY Pindare rattache leurs débuts à des jeux funéraires célébrés près du tombeau de Pélops mais fait honneur de leur institution régulière à Héraklès, fils d'Alcmène, qui, après sa victoire sur Augias d'Élis 2, les aurait instaurés en l'honneur de son père Zeus, au moyen des dépouilles de la, guerre et suivant les règles prescrites par le dieu lui-même; il aurait été ensuite jusqu'au pays des Hyperboréens chercher l'olivier pour en ombrager le stade et pour servir à tresser les couronnes des vainqueurs 3. Cette forme de la légende qui donne à l'Héraklès dorien la part principale dans l'institution des jeux, et qui est la seule qui nous ait été transmise par un auteur de l'époque classique, n'est pas la plus ancienne : elle ne date que du temps où l'élément dorien devint prédominant dans le Péloponnèse et où l'aristocratie dorienne commença à prendre une part active aux jeux'. D'après les légendes prédoriennes conservées dans les IlX (' -lpzg.u,aza, ce serait Zeus lui-même qui aurait été le premier à célébrer des jeux à Olympie, à l'occasion de sa victoire sur Kronos '. D'autres les faisaient remonter plus haut encore, à Kronos et iti fige d'or, ou tout au moins ii la première enfance de Zeus, alors qu'il était encore sous la garde des Dactyles Idéens ou Curètes [D.ACTYLI Lainé de ceux-ci, l'Iléraklès crétois, aurait fait lutter à Olympie les quatre autres Dactyles, ses frères ; c'est lui qui aurait donné leur nom aux jeux et aurait décidé qu'ils seraient célébrés tous les quatre ans G. D'après cette forme de la légende, les jeux seraient antérieurs il l'introduction du culte de Zeus de Crète en Élide'. Plus tard ils auraient été restaurés par un descendant de l'Héraklès crétois, Klymenos, fils de liardys, venu de Crète en Grèce une cinquantaine d'années après le déluge de Deukalion a. Klymenos aurait été détrôné par Endymion, fils d'Aethlios, le premier roi mythique d'Eus, lequel aurai t fi son tour fait lutter ses fils à Olympie, Pise constituant le prix de la victoire Une génération plus tard, Pélops, après sa victoire sur Oenomaos, aurait célébré les jeux avec plus d'éclat que tous ses prédécesseurs en les consacrant fi Zeus Olympien 1". Après lui, Amythaon, fils de hreleus, Pélias et Neleus, et enfin Augias et Héraklès, fils d'Alcmène, auraient présidé il de nouvelles célébrations 1i.. Le guide légendaire des Héraklides à leur retour' dans le Péloponnèse, I'Etoliari borgne Oxylos, à qui le pays d'Élis était échu en partageclôt la liste des héros mythiques associés aux origines préhistoriques des solennités olympiques ". Chronologie positive : l'are des ohpnlpiudes. Les listes d'ol!pnzpionilces, Quelque antiques que soient ces origines, les jeux ne commencent à jouer un rôle dans l'histoire positive que vers la fin du on' siècle avant notre ère, lorsque la conquête de la Messénie par les Lacédémoniens eut, détruit la barrière qui séparait Pise du pays laconien et fait de Sparte l'unité territoriale la plus importante de tout le Péloponnèse". C'est Sparte en effet, à raison de l'importance toute spéciale qu'elle attachait à l'éducation physique, qui a donné à FIngiv olympique l'impulsion qui devait en faire l'un des facteurs les plus puissants à la fois de l'unité du inonde hellénique et de sa grandeur artistique l'. Son organisation comme institution locale est néanmoins antérieure de près d'un demi-siècle-à la prise de possession de la Messénie par les Doriens de Sparte : elle se place eu l'année 77G av..1.-C., date à laquelle remonte la computation des Olympiades, -les jeux, à partir de cette époque, ayant été célébrés régulièrement tous tes quatre ans. Depuis Aristote, on a généralement attribué cette organisation à la collaboration d'Iphitos, roi d'Elis, et de Lycurgue de Sparte 16. Mais, d'une part, Lycurgue et Iphitos sont des héros purement légendaires qui n'ont jamais eu d'existence réelle, d'autre part, la coopération dans une œuvre commune de Sparte avec Eus est une impossibilité historique et géographique avant la conquête de la Messénie 17. La version d'Aristote repose sur une lecture erronée de la Fo'Toa établissant l'iz zEipia ou trêve sacrée durant la fête, inscrite en caractères très archaïques disposés en cercle sur un disque de bronze que le Stagyrite avait vu à 0lympic13 et sur lequel il avait cru lire deux noms propres de personnages réels, alors qu'il ne s'agissait très probablement que de tribus ou de clans dont les héros Lvkourgos et Iphitos étaient les éponymes". Il n'y a néanmoins aucun motif sérieux de douter de l'authenticité du disque lui--même, et de la F.zTÇa qu'il portait, ni de la haute antiquité qu'Aristote leur attribuait en les faisant remonter à la première OLY -174OLY Olympiade. Les fouilles d'Olympie ont mis au jour toute une série d'inscriptions archaïques sur bronze, la plupart également des FFI:xt, rédigées en dialecte éléen, et dont les plus anciennes appartiennent encore à, la lin du vu siècle avant notre ère. L'écriture soignée de ces inscriptions et l'excellence de leur gravure montrent une technique déjà très avancée et fort éloignée de ses débuts t. D'après le double témoignage d'Aristote et des monuments, l'usage des archives écrites à Olympie paraît donc bien remonter d'une façon ininterrompue jusqu'aux premiers temps de l'institution historique des jeux. Ce qui se pratiquait pour les FpèTpxt, a dû nécessairement se pratiquer aussi pour l'~:ytw lui méme, et il est invraisemblable que la famille étolienne des Oxylides, dans laquelle les fonctions d'hellanodike [IIELLANODII AII étaient héréditaires au début, et l'étaient encore à l'époque de Pindare n'ait pas conservé d'archives des concours auxquels un de ses membres présidait. Ce sont ces archives et celles du temple que le sophiste Ilippias d'Elis, l'interlocuteur de Socrate dans les deux dialogues qui portent son nom, a dû avoir à sa disposition lorsque vers la fin du ve siècle il coordonna scientifiquement pour la première fois une liste d'olympionikes 3, en commençant à Koroibos, le vainqueur au stade de 1'01.1 4, Cette première èv«yu«-p-il a formé la base de tous les ouvrages postérieurs sur la matière, depuis les èvxypx'?«( d'Aristote et de Philochore, aujourd'hui perdues comme le livre lui-méme d'Hippias, jusqu'à la compilation de Pausanias et aux listes de Phlégon de Tralles et d'Eusèbe, les seules qui nous soient parvenues, la première fragmentée, la seconde complète. Les sources auxquelles Hippias a eu accès ont dû naturellement varier d'après les époques, et souvent d'olympiade à olympiade, suivant la façon plus ou moins complète dont les hellanodikes tenaient leurs archives. Dès le début, c'est très probablement le concours à la course qui ouvrait les jeux °, et il est possible que pendant un certain temps ce fut le seul que l'helianodike enregistrât pour individualiser chaque olympiade 6. Au fur et à mesure des progrès et de la vulgarisation de I'écriture, les archives devinrent plus complètes, jusqu'à comprendre les vainqueurs de tous les concours. C'est, ce développement progressif des archives olympiques qui a probablement fait naitre la légende d'après laquelle le programme des treize premières célébrations n'aurait compris que le seul concours à la course (aTâôtov), tous les autres concours étant d'institution postérieure 7. Quoi qu'il en soit, cette légende ne supporte pas l'examen d'une saine critique historique 8. Dès le début le programme olympique dut être complexe, comme celui de l'èy ov i t'r«ytoç dont il était dérivé, et comprendre tout au moins les divers concours que Pindare énumère comme ayant été institués par l'Héraklès dorien°, à savoir la la course des chars (app.x) 10, le lancement du javelot (xrmv) et du disque (' iaxoçl. Les détails du programme originaire ont pu varier dans le cours'des siècles, mais les additions qu'il a subies n'en sont qu'un développement, et s'y trouvent déjà en germe. C'est ainsi que dans le programme complet des jeux au commencement du ve siècle av. J.-C. 11, le l(«u),oç ou course double, le ld),tyoç ou course longue, 1'b7Cn(rliç lpdµoç ou course armée, ne sont guère que des variantes ou des modifications du o'réov ; le 7cxyxpâTtov n'est qu'une combinaison de lutte et de pugilat, et le lancement du disque et du javelot sont englobés dans le 7C€vTxOnov, que Pindare reconnaît comme une addition au programme primitif12. Malgré les erreurs de détail que devait nécessairement renfermer le travail d'Hippias 18, conçu à une époque oïl l'esprit critique n'était pas encore né, et quelle que soit la part qu'y ait eu la fantaisie du sophiste éléen, il n'en est pas moins certain que ce travail représentait dans son ensemble la synthèse de toutes les sources positives existantes à la fin du ve siècle av. J.-C. C'est à ce titre que les aristotéliciens l'avaient adopté et qu'il a servi de base à toutes les compilations subséquentes. Dans ses lignes générales, la liste des vainqueurs qui nous a été transmise, et où les athlètes messéniens n'apparaissent plus à partir de Foi. XII, date à laquelle les Lacédémoniens commencent à y figurer ", est du reste en accord avec les données récentes de la critique historique qui placent la prise d'Ithome, couronnement de la conquête de la Messénie, en 732, c'est-à-dire tout juste à l'ol. XII t l". En ce qui concerne plus spécialement l'ordre numérique des olympiades, il est dans tous les cas inadmissible qu'Hippias l'ait inventé ou modifié : il a dû nécessairement le prendre tel qu'une tradition ininterrompue l'avait transmis dès le début, de célébration en célébration. On ne conçoit guère même le plus fantaisiste des sophistes venant de but en blanc dire à ses concitoyens OLl -175-OL qu'en telle année ils célébraient pour la quatre-vingtquinzième ou la quatre-vingt-seizième fois la solennité olympique, si ce chiffre n'eût pas déjà été accepté et reconnu par tous. La date initiale de l'ère des olympiades constitue donc bien le premier jalon positif, spécifié par une année déterminée, que nous possédions dans l'histoire occidentale', L'ouvre d'Ilippias, revisée et complétée par Aristote et par son école, fut reprise un peu plus d'un siècle plus tard, au point de vue de la chronologie pratique, par Timée, qui mit les listes des vainqueurs olympiques en harmonie avec les listes des éphores de Sparte, des archontes d'Athènes et des prêtresses d'Argos, et en fit la base de son système chronologique 2. A partir de Timée, l'ère des olympiades rCHROSOGRAPHIA] n'a cessé de former le point de repère principal et presque unique de l'histoire grecque : elle couvre un espace de près de douze cents ans, de 776 av. J.-C. à 393 ap. J.-C. (ol. X93), date à laquelle l'empereur Théodose supprima définitivement les jeux'. La première inscription monumentale destinée à mettre sous les yeux du public la liste des vainqueurs semble avoir été celle que, d'après Pausanias, l'athlète Paraballon, vainqueur au diaule, fit graver, probablement sur marbre ou sur bronze, dans le gymnase d'Olympie ; elle ne pouvait remonter au delà de l'époque hellénistique à laquelle appartient la construction même du gymnase '~. Pausanias mentionne une seconde inscription du même genre due à l'hellanodike Euanoridas, qui vivait au commencement du ni siècle av. Ji-C.1. Époque et durée de la célébration. La trêve sacrée. La solennité constituait, comme nous l'avons vu, une fête pentaetérique, c'est-à-dire qu'elle se célébrait tous les quatre ans, ou, suivant la façon de calculer des anciens, cloaque cinquième année, en comptant l'année initiale et l'année terminale, qui servait d'année initiale à la période suivante. Elle avait lieu durant la saison la plus chaude de l'année' et tombait au commencement et au milieu d'une période de huit années comprenant avec les mois intercalaires quatre-vingt-dix-neuf mois lunaires, et divisée en deux moitiés inégales, l'une de cinquante, l'autre de quarante-neuf mois q; elle se trouvait ainsi placée alternativement au mois de Parthenios et au mois d'Apollonios du calendrier éolo-dorien en usage en Élide, -au moment de la pleine lune 11. Les incertitudes et les fluctuations des différents calendriers grecs ne permettent pas de fixer la date de la célébration avec plus de précision : les limites entre lesquelles elle a oscillé paraissent avoir été la fin de juillet et le commencement de septembre de notre calendrier ". A l'époque de Pindare, le festival durait sept jours, du 1O au 16 du mois : le premier jour et, le dernier étaient consacrés uniquement aux sacrifices et aux cérémonies religieuses, aux formalités et aux réjouissances de tous genres qui formaient le prélude et l'épilogue des concours; ceux-ci, entremêlés de nouveaux sacrifices, occupaient les cinq journées intermédiaires ". Il est probable qu'à l'origine le programme, beaucoup moins complexe, devait être épuisé dans un temps plus court, mais nous n'avons à. ce sujet aucun renseignement positif, non plus que sur la durée de la solennité après l'époque classique Dès la 1" olympiade, la sécurité de ceux qui prenaient. part aux fêtes fut garantie par une f pàTpx inscrite sur le disque de bronze dont parle Aristote et qui établissait l'LxE7Etc(« ou trêve sacrée entre les peuplades et les clans voisins d'Olympie. Au fur et à mesure que les jeux devinrent une fête nationale pour l'Hellade entière, la trêve fut étendue à tous les peuples de langue grecque, ei. comprit non seulement les jours où la fête se célébrait, mais également l'espace de temps nécessaire pour `ë' rendre des parties les plus éloignées du monde hellénique, et pour en revenir. Ce n'est qu'anis:" siècle que les Clécns émirent la prétention de faire considérer le sol même de l'Élide comme un territoire sacré où l'on ne pouvait pénétrer en armes sous peine de sacrilège 14 Topographie. L'endroit où se célébraient les jeux et que l'on désignait du nom général d`Olymnpie ('Onit.n(a), n'était pas une ville au sens propre du mot. C'était une vaste enceinte sacrée, une agglomération de temples et d'autels consacrés à diverses divinités, une réunion d'édifices et de monuments de tous genres qui ne prenait de vie réelle qu'au moment de la, fête et qui.. en dehors de cette époque, n'était animée que par la présence de quelques prêtres et de quelques magistrats, par l'arrivée des pèlerins qui venaient consulter l'oracle de Zeus et par les athlètes qui se préparaient aux con cours. L'enceinte olympique (fig. 5397) était située dans la partie méridionale de l'antique l'isatis, au confluent de l'Alphée et du Kladeos, qui la bornaient au sud et (d'ouest ; au nord elle était limitée par le mont Kronos ou hronlos.. à l'est par les collines de Pise '1, La distance qui séparait Olympie de cette dernière ville ne devait pas dépasser un ou deux kilomètres 1e; c'est ce qui explique que les noms des deux endroits se soient peu à peu confondus pour ne plus s'appliquer, après la destruction de Pise, qu'à Olympie seulement". Les premiers autels, les constructions grossières qui s'élevèrent d'abord sous les platanes et OLY 176 OLY les oliviers de l'Altis, durent être l'oeuvre des Pisates. Si la direction des jeux leur fut enlevée très tôt par les Étoliens d'Élis, dont l'appui leur était du reste souvent indispensable pour repousser les attaques de leurs voisins et congénères d'Arcadie, il n'en est pas moins évident qu'Olympie dut rester pendant longtemps comme un faubourg détaché de Pise. L'Anis', le bois sacré de Zeus, dont la légende dorienne attribuait à Héraklès la délimitation originaire parait avoir été à l'époque classique un quadri latère d'environ 200 mètres de long de l'est à l'ouest, sur 173 mètres du nord au sud. Au nord sa limite naturelle était le mont Kronos ; les trois autres côtés furent à diverses époques clôturés de murs 3. Cet espace de dimensions en somme assez restreintes constituait l'enceinte sacrée proprement dite, à l'intérieur de laquelle se dressaient les temples et les sanctuaires élevés au cours des siècles par la piété des hellènes en l'honneur des dieux et des héros : le Pélopeion, l'Héraion, le grand autel et le ' 1nple de Zeus, le Mi 'roon, les « tré sors », entourés de statues et d'ex-voto innombrables'. Cette enceinte formait comme nn noyau autour duquel se groupaient le stade, l'hippodrome, le gymnase, la palestre et les divers édifices affectés au service du sanctuaire et à l'administration des jeux. A l'est se trouvaient l'hippodrome et le stade. Ce dernierisTcvicsidont le niveau était à 3 mètres en contrebas du sol de l'enceinte sacrée, partait du coin nord-est de celle-ci et s'allongeait au pied du mont Kronos, formant un quadrilatère d'un peu plus de 212 mètres de Iong sur une largeur variant entre 30m. 70 au milieu, 28 m. 70 à l'extrémité est et28m, 00 à l'extrémité ouest. Il était entouré de toutes parts d'un talus en pente douce formé au nord par leversant naturel du Kronos, des trois autres côtés par des remblais artificiels couverts de gazon. Le talus formait ainsi une sorte d'ampliithéàtre quadrangu Taire où prenaient place les spectateurs 6. Il était interdit à ceux-ci de franchir le seuil de pierre qui entourait la piste au pied du talus ; à un mètre environ de ce seuil, une rigole de pierre faisait le tour du stade et amenait dans une série de bassins qui la coupait à intervalles réguliers, l'eau destinée à rafraîchir les spectateurs et sans doute aussi les athlètes, pendant les intervalles des concours. La piste proprement dite était rectangulaire à ses deux extrémités ` ; elle était limitée à l'un et l'autre bout par une bordure de calcaire blanc, large de 43 centimètres, placée du côté ouest à 11 mètres, du côté est à 9 mètres et demi du talus et indiquant le point de départ et le point d'arrivée. Les dalles formant ces deux bordures étaient percéesà des distances régulières (environ 1 m, 22l de trous carrés destinés à recevoir des poteaux de bois OLY 177 OLY ou de bronze. C'est entre ces poteaux que se plaçaient les coureurs : il y avait vingt places du côté ouest, vingt et une du côté est. La distance entre les deux bordures était de 192 m. 27 (600 pieds olympiques). Le public se rendait sans doute dans le stade par des chemins aménagés au sommet des talus; quant aux cortèges officiels et aux athlètes, ils y pénétraient par une étroite allée qui s'ouvrait au coin nord-est de l'Apis' et que l'on fut obligé de voûter lorsque le nombre croissant des spectateurs eut rendu nécessaire l'exhaussement des talus 2. L'emplacement de l'hippodrome [HIPPODRo ios] ' n'a pas encore été déterminé d'une façon précise, les fouilles de la mission allemande n'ayant pas porté sur cette parée du domaine de Zeus; il s'étendait entre le stade et l' Alphée, et cette région a été tellement, ravagée au cours des siècles par les inondations du fleuve qu'il est impossible d'y reconnaître la topographie exacte du champ de course : aussi, malgré les nombreux renseignements que nous ont laissés les auteurs anciens, les différents essais de reconstitution renferment-ils tous une grande part d'hypothèse. Néanmoins un manuscrit métrologique du xi° siècle, découvert il n'y a pas longtemps dans la bibliothèque du Vieux Sérail à Constantinople 4, permet actuellement de déterminer d'une façon précise les dimensions du champ de course même. D'après cette nouvelle source, le grand circuit intérieur mesurait 8 stades olympiques (1538 m. 16), la largeur au point de départ étant d'un stade et 4 plèthres ou sixièmes de stade (320 m. 4h), et la longueur d'un des grands côtés de 3 stades et 1 plèthre (608 m. 855)'. A l'ouest de l'Apis, entre le lit du Kladeos et le mur d'enceinte, se trouvaient parmi d'autres édifices le gymnase et la palestre qui servaient aux athlètes pour les exercices préliminaires de la course et de la lutte. Le gymnase' [GYMNASIUM), situé au nord, renfermait une colonnade qui mesurait à peu près la même longueur que la piste du stade et oit les coureurs s'exerçaient sans doute lorsque le temps ne permettait pas de le faire en plein air. La palestre [PALAESTRAI formait un petit bâtiment spécial immédiatement au sud du gymnase avec lequel elle communiquait '. Entre le gymnase et le mont Kronos, au coin nord-ouest de l'enceinte sacrée avec la VII. quelle il était relié directement, s'élevait le Prytaneion dans lequel avaient lieu à l'époque des fêtes les banquets offerts aux hôtes publics, aux députés des villes et aux vainqueurs aux jeux'. Enfin, au sud de l'Altis se dressait le Bouleutérion 10, où siégeait le sénat d'Olympie : c'est là, devant la statue de Zeus Florkios, que les athlètes, leurs parents et leurs maîtres ainsi que les juges des concours prêtaient les serments prescrits" (fig. 5397). Présidence, direction, organisation et personnel des jeux. Jusqu'à l'arrivée en Élide des Étoliens, contemporaine de l'établissement des Doriens dans le Péloponnèse, -lesArcadiens de Pise étaient, en fait et en droit, les seuls maîtres d'Olympie. Dès l'origine, la possession du sanctuaire dut exciter la convoitise des nouveaux arrivés 18, et suscita entre eux et les Pisates des querelles d'influence et de préséance qui ne prirent définitivement fin qu'avec la destruction de Pise vers 572 av. J.-C. Au cours de ces querelles qui rendirent nécessaire l'institution de la trêve sacrée, la présidence des jeux, -1' agonothésie [AGONOTHETESet l'administration du sanctuaire passèrent alternativement entre les mains de celui des deux compétiteurs qui avait momentanément le dessus. L'organisation dont part la computation des Olympiades est l'oeuvre des Étolo-Éléens, ainsi qu'en font foi la tradition qui attribuait cette organisation au héros légendaire Iphitos, roi d'Élis, et plus encore le fait que l'office d'administrateur des jeux et de juge du camp est resté héréditaire jusqu'à l'époque classique dans la famille étolienne des Oxylides issue des premiers rois d'Élis : il n'y avait primitivement à cet office qu'un seul titulaire, qui porta le nom d'hellanodike depuis le temps où la fête olympique devint commune à tous les Le rôle prépondérant que les Doriens de Sparte prirent dans les jeux à partir de la chute d'lthome, et leur alliance avec les Étolo-Éléens13, vint consolider encore la position de ceux-ci et leur permit de conserver 1'ago nothésie jusqu'à la 27' Olympiade (672 av. J.-C.)14. Vers cette époque, les Spartiates subirent à Hysiae, du fait des Argiens, une défaite éclatante qui les affaiblit considérablement '°. Les Pisates s'empressèrent de profiter 23 OLY -178OLY de la situation pour reprendre leur indépendance, et pour s'emparer peu de temps après, à l'occasion d'une guerre des Éléens avec Dymè, de l'agonothésie elle-même (O1. 28-_-668 av. J.-C.)'. Le respect des traditions et le caractère sacré dont leur descendance royale revêtaient les Oxylides empêchèrent néanmoins les vainqueurs de dépouiller ceux-ci de leur privilège héréditaire : ils se bornèrent à. dédoubler l'office, et à nommer, à côté de l'hellanodike étolien, un second hellanodike pisate 2. A l'Olympiade suivante (01. 29 664 av. J.-C.), les Éléens avaient repris momentanément le dessus, mais à partir de 1'01. 30 (660 av. J.-C.), le roi de Pise, Pantaléon, l'emporta de nouveau, et le sanctuaire retomba aux mains des Pisates qui gardèrent l'agonothésie pendant les 22 Olympiades suivantes3. Les luttes avec les Éléens 'n'en continuèrent pas moins, et ce fut à la tète d'une armée que Pantaléon, en dépit de la trêve sacrée, fit célébrer les jeux de 1'01. 34 (644 av. J.-C.)'°. Ainsi que nous le verrons, cette violation de l'ËxE7Etpla semble, d'après Pausanias 3, avoir plus tard donné prétexte aux Éléens de considérer comme irrégulière la célébration elle-même et de rayer de leurs listes l'01. 34, de même que l'Ol. 8 ,748 av. J.-C.), qui aurait été célébrée sous l'égide de Pheidon d'Argos, appelé à leur aide par les Pisates 6. L'état de guerre persista sous les deux successeurs de Pantaléon, son fils Damophon et son petit-fils Pyrrhos', et ne cessa que vers 1'01. 52 (572 av. J.-C.), lorsque les Spartiates délivrés de leurs soucis, tant du côté de la Messénie dont la révolte avait été étouffée, que du côté d'Argos, s'unirent derechef aux Éléens pour écraser ce qui restait en Élide de la population autochtone : Pise fut prise et détruite en même temps que toutes les villes qui avaient embrassé son parti, et l'agonothésie passa définitivement aux mains des Éléens ; ceux-ci, toutefois, ne supprimèrent pas le second hellanodike, mais le choisirent désormais dans leurs rangs, comme le premier. Forts de l'appui de Sparte dont la situation politique avait atteint son apogée, ils administrèrent en paix, pendant, un siècle et demi, le domaine olympique, tandis que la renommée des jeux, franchissant les mers, se répandait de plus en plus dans tous les pays de race hellénique C'est à cette période prospère que remonte la construction des trésors élevés par les villes siciliennes et de la Grande-Grèce, par les tyrans de Syracuse, de Cyrène et de Corinthe, par les cités d'Asie et des îles 10. L'époque qui suivit les guerres médiques et qui fut pour l'Hellade entière une période d'épanouissement, marqua aussi l'apogée des jeux olympiques. Olympie était devenue le rendez-vous international de tous ceux qui se targuaient du beau nom d'Hellènes, et le centre religieux panhellénique par excellence : la construction du grand temple de Zeus, terminée vers l'année 450acheva de lui donner un éclat incomparable. C'est vraisemblablement vers la 75' Olympiade (480 av..J.-C.), qu'à raison de l'importance toujours croissante de leurs fonctions, le nombre des hellanodikes fut porté à neuf". Comme Pindare, dans la III° Olympique 1', composée à l'occasion d'une victoire remportée par Théron d'Agrigente à 1'01. 76 (476 av. J.-C.), qualifie encore d'Aitwnbç âvr)p l'hellanodike chargé de couronner le vainqueur, on peut en conclure que les Oxylides avaient conservé leur privilège héréditaire, et qu'un des leurs continuait à figurer parmi les hellanodikes élus, probablement en qualité de président de leur collège. Dèsl'année472, le régime oligarchique avait été renversé à Élis, comme dans la plupart des autres cités grecques, et remplacé par une démocratie turbulente, toujours prête à suivre les impulsions du moment et à s'allier avec les démocraties étrangères". Le nombre des hellanodikes fut porté à. dix, chiffre des tribus locales nouvellement créées, chacune de celles-ci élisant son hellanodike". Le privilège héréditaire des Oxylides cessa sans doute d'exister à partir de cette date. Les relations des Éléens avec Sparte se ressentirent fatalement des fluctuations de la politique locale". En 420, Élis, qui s'était déjà rapprochée d'Argos, conclut, en même temps que les Argiens et les Mantinéens, un traité d'alliance avec Athènes ". Dès lors, ce fut entre Sparte et Élis une lutte incessante, qui à plusieurs reprises se dénoua par de véritables batailles dans l'enceinte sacrée elle-même ; enfin, en' l'année 400, Élis vaincue dut faire sa soumission et rentrer dans la ligue péloponnésienne : elle perdait la plus grande partie de son territoire, y compris la Pisatis, mais elle conservait l'agonothésie et ses droits sur le sanctuaire olympique". Une trentaine d'années plus tard, à l'époque des guerres thébaines et de la libération de la Messénie du joug de Sparte par Épaminondas et Pélopidas, les droits d'Élis lui furent de nouveau disputés, cette fois par les Arcadiens unis aux Pisates et à la démocratie éléenne. Après une bataille livrée au centre même de l'Anis, les Arcadiens et leurs alliés réussirent à. s'emparer du sanc O1,Y 179 O 1_Y tuaire et célébrèrent les jeux de 1'01. 10'1 (361 av. J.-C.). Mais, dès l'année suivante, ils furent obligés de conclure un arrangement avec les Éléens et de leur restituer le sanctuaire 1. S'il faut en croire Pausanias, la célébration présidée par les Arcadiens, non plus que celles associées avec le nom de Pheidon d'Argos et avec celui de Pantaléon de Pise, ne figurait pas dans les listes dressées par les Éléens, qui qualifiaient d'anolympiades les années auxquelles ces trois célébrations correspondaient'. Comme les listes qui nous ont été transmises présentent une série ininterrompue de vainqueurs, il ne peut être question, dans Pausanias, que des inscriptions qu'on lisait dans les édifices publics d'Olympie, et dont la plus ancienne doit avoir été celle que Paraballon avait fait graver dans le gymnase Il n'y a rien d'étonnant à ce que dans ces listes l'Olympiade qui venait de voir l'humiliation d'Élis ait été omise. Dans le but de justifier cette omission par des précédents, on l'étendit aux deux célébrations reculées que l'histoire ou la légende représentait comme ayant été également célébrées par des intrus au point de vue éléen, et sous l'empire de la violence 4. En réalité, les anolpmpiades de Pausanias sont une fiction, qui a dû rester purement locale, de la vanité éléenne. La seule anolympiade vraie est celle de l'année 65 ap. J.-C., à laquelle aurait dû correspondre le -11° festival olympique : or celui-ci ne fut célébré que deux ans plus tard, sur le désir de Néron qui voulait prendre part aux jeux'. A partir de 1'01. 105 (360 av. J.-C.), les Eléens restèrent les maîtres incontestés d'Olympie, et malgré les vicissitudes politiques des époques suivantes, ils conservèrent tant l'agonothésie que l'administration du sanctuaire jusque sous la domination romaine. Le nombre des hellanodikes, qui avait été porté à douze en 1'01. 103 (368 av. J.-C.), et réduit à huit en 1'01. 101 (364 av. J.-C.), fut définitivement ramené à dix en F01. 108 (348 av. J.-C)'. Nous n'avons pas à revenir sur leurs attributions, qui ont été exposées en détail à l'article HELLANODIKAI. En ce qui concerne la durée de leurs fonctions, nous devons cependant rectifier un point de détail : si le mandat des hellanodikes élus ne couvrait qu'une seule Olympiade, il ne devait pas en être de même pour l'hellanodike héréditaire, descendant des Oxylides, qui était vraisemblablement installé à vie. Les hellanodikes étaient justiciables de leurs actes devant la ou-11 ôaupattxti 7, sorte de conseil comme il semble en avoir existé dans la plupart des centres où se célébraient des fêtes importantes et surtout des jeux, et dont la charge principale consistait à contrôler la stricte observation des rites et cérémonies et des règlements relatifs aux concours 8. On a prétendu que si la [lovait êauµittxrj avait le droit d'infliger des amendes aux hellanodikes prévaricateurs, elle n'avait pas le pouvoir de réformer leurs décisions en ce qui concerne l'aUribution de la victoire à un athlète déterminé'. L'institution de la (3ou),r daup.7ttx-rl est probablement très ancienne: certaines parties du bâtiment qui l'abritait, le Ïi ouaEUTpsxV, remontent au vie siècle avant notre ère"; la trace la plus reculée de son action judiciaire ne va cependant pas au delà du début du Ive siècle H. Les inscriptions de l'époque romaine la mentionnent fréquemment l2. Pour le maintien de l'ordre, l'observation des règlements relatifs aux concours, et l'exécution de leurs sentences, les hellanodikes avaient à leur disposition un s'appelaient â).éTxt 13 et dont le chef, l'à)`uT or,s, semble avoir été, à l'époque romaine tout au moins, un personnage fort importantf4 : nous ne savons rien ou presque rien du détail de leurs fonctions 1a. Nous avons vu que l'institution de l'€xEjEtpta est contemporaine de l'organisation des jeux en 77616 : elle suppose dès l'origine l'existence de hérauts sacrés chargés de proclamer la trêve ; on les appelait exovôoydpot 17 et ce sont probablement, avec les hellanodikes, les plus anciens dignitaires olympiques dont les fonctions aient trait directement aux jeux. Il est possible qu'à l'origine, et tant que le festival est resté purement local, il n'y ait eu qu'un seul de ces hérauts, mais dès le vu' siècle, quand les jeux furent devenus panhelléniques, ils étaient au nombre de trois, chiffre qui n'a jamais été dépassé 18. ils étaient choisis dans l'aristocratie éléenne19, sauf probablement durant les intervalles où l'agonothésie fut exercée par les Pisates. A l'époque classique, c'étaient de véritables ambassadeurs, voyageant sans doute avec une suite nombreuse, et dont la mission consistait tant à proclamer la trêve qu'à annoncer dans tous les pays de race hellénique la date officielle des jeux, notification que rendaient indispensable les divergences des différents calendriers grecs. Les hérauts sacrés [THEOSOij s'en allaient de cité en cité, jusqu aux limites du monde grec, invitant les peuples à prendre part à la solennité olympique20. Partout ils étaient sûrs de trouver aide et protection, soit auprès des hôtes publics ou proxènes que les administrateurs d'Olympie avaient soin de nommer jusque dans les contrées les plus lointaines et qui, en échange de l'hospitalité qu'ils offraient aux envoyés du dieu en leur qualité de OEoopsidxot, jouissaient à Olympie de privilèges spéciaux soit, là où les Éléens n'avaient pas de représentants, auprès des citoyens que les autorités locales désignaient elles-mêmes pour recevoir les ambassadeurs"; dans certains pays on avait coutume d'offrir à ceux-ci des dons de joyeuse arrivée (;wta) 213. L'ExuzEtp!a que les spondophores avaient la mission de proclamer, ordonnait la suspension des hostilités dans tous les pays de race grecque à partir du jour où était notifiée la hiéroménie [HIEHOMENIA'i 2'•, Pendant toute la durée des fètes, mais non pas OLY 180 OLY en tout temps, comme le, croyaient certains auteurs anciens', la contrée où était situé le sanctuaire de Zeus était Inviolable. Une amende de deux mines par soldat était infligée aux armées qui violaient cette clause de la trêve 2. En cas de refus de payement, les coupables étaient exclus de la fête et frappés d'une véritable excommunication La malédiction et l'amende frappaient également tous ceux qui se rendaient coupables de violence envers un pèlerin faisant route vers le sanctuaire". Ces différentes clauses de la trêve sacrée eurent toujours une très grande force, et les plus puissants étaient obligés de s'y soumettre. A côté des hauts dignitaires, hellanodikes, bouleutes et spondophores, dont nous venons de nous occuper, il existait autour du sanctuaire un personnel nombreux de fonctionnaires et d'employés civils et religieux, placés sous l'autorité des magistrats d'Élis et de la (iouÀa-, ôaup.7ctx3, et dont les attributions comprenaient tant les multiples cérémonies qui se célébraient chaque jour dans les temples et autour des autels 6, que les détails de tous genres se rapportant à la célébration des jeux. Les fouilles d'Olympie ont mis au jour un grand nombre d'inscriptions 6 qui nous donnent la liste de ce personnel par Olympiade, à partir de la 1.86e (36 av. J.-C.), date à laquelle l'usage de ces tables sacrées semble avoir commencé 7 ; malgré qu'elles appartiennent ainsi à l'époque romaine, il résulte de la nature même des choses que la plupart des fonctionnaires qui s'y trouvent énumérés ont dû exister aux époques précédentes et qu'il en est parmi eux d'aussi anciens que les jeux eux-mêmes. C'est le cas notamment pour les OEoxiXot ou grands prêtres 8, pour les aaovioydpot 9 et plus encore pour les devins (p.àv'Etç) 10, qui figurent en tête des listes ; chacun de ces collèges comprenait trois membres. L'office de devin était héréditaire dans les deux illustres familles des lamides et des Klytides", la première d'origine arcadienne12, la seconde issue des Aiolides ", et dont la légende faisait remonter les relations avec Olympie, tout au moins en ce qui concerne les Iamides et leur héros éponyme Iamos, à une époque , antérieure à l'instauration des jeux par 1'Hérakiès Dorien 1 A la suite des devins, les tables sacrées énumèrent dans un ordre variable : l'épimélète fier (ypmp.p.u m' ;)17,1e joueur deflàte (méXv1'r ç, a rovlxé) ç) 18 sacrificateur (acterip.epoC7-r,ç)°U, et enfin les employés subalternes dont les fonctions touchaient de moins près aux choses sacrées : l'échanson (oivoydoç) 21, les porte-clefs (x),atûoûïot) 22, les cuisiniers (p.âyEtpot, chand de bois (,u),EUç),25, l'architecte (àpytT€xTmv), l'inspecteur des toits (TEymvduoç) 26, le médecin (imTpi;) 27. Les noms de la plupart de ces fonctionnaires déterminent suffisamment la nature de leur office 23; nous dirons un mot plus tard de l'agoranome (icyopmvGuoç) et du gymnasiarque (yup.vma(mpyoç) qui ne figurent ni l'un ni l'autre sur les tables sacrées. Le congrès olympique: l'assistance, les spectateurs, les concurrents. Pendant les semaines, et même les mois qui précédaient la date proclamée par les spondophores pour l'ouverture du festival, c'était de toutes les parties du monde hellénique, de Cyrène, de Sicile, de la Crande-Grèce, des îles de la mer Egée, des villes d'Asie Mineure et des colonies les plus éloignées, un flux incessant d'ambassades et de théories (6Emp(mt) envoyées par les communautés et les princes grecs [THEOBDI]29, de curieux et de fidèles appartenant à tous les rangs et à toutes les classes, d'humbles pèlerins, et enfin de bateleurs et d'acrobates, de marchands et de colporteurs, qui s'acheminaient par toutes les routes de terre et de mer vers la plaine d'Olympie : maint Grec de Grèce faisait le pèlerinage à pied". Cette foule disparate n'excluait même pas les esclaves et les Barbares que rien n'empêchait d'assister à la solennité comme simples spectateurs, mais, à l'exception de la prêtresse de Déméter Chamynè, qui avait sa place marquée dans le stade, sur un autel de marbre blanc, en face des juges31, les femmes mariées n'étaient pas admises ; elles ne pouvaient, pendant toute la durée du festival, franchir la limite de l'Alphée, sous menace d'être précipitées du haut du mont Typaion, sur la route de Skillos à Olympie 32 La seule, semble-t-il, qui ait jamais contrevenu à cette loi fut Phérénikè 33, membre de la plus illustre famille d'athlètes de toute l'antiquité : les Diagorides de Rhodes. Fille du Diagoras chanté par Pindare dans la VIII Olympique, elle avait trois frères, olympionikes comme leur père ; devenue veuve, elle accompagna à Olympie, déguisée en alipte, son fils Peisirodos, encore enfant, qu'elle avait entrainé elle-même. Dans son enthousiasme, en l'entendant proclamer vainqueur au pugilat des 7-.mtleç elle se précipita vers lui dans l'arène ; mais en franchissant la barrière, son vêtement se dérangea et son sexe fut reconnu. Sa transgression lui fut pardonnée à raison de la victoire de son fils et de l'illustration olympionike de sa famille3" ; toutefois, pour éviter que le fait ne se reproduisît, on décida qu'à l'avenir les aliptes resteraient OLY 181 OLY nus comme leurs pupilles eux-mêmes, pendant que ceux-ci concourraient'. L'exclusion des femmes mariées de la solennité ne s'étendait pas aux jeunes filles, qui étaient libres d'assister aux jeux2. Une fois à Olympie, les pèlerins étaient censés être les hôtes de Zeus ; l'hospitalité du dieu n'était néanmoins effective que pour un petit nombre de privilégiés, proxènes, théores ou ambassadeurs qui mangeaient au prytanée et étaient sans doute logés dans un édifice spécial 3. La masse des visiteurs campait au bord de 1'Alphée et dans la plaine, les uns sous des tentes plus ou moins riches, les autres tout simplement à la belle étoile le festival se célébrant, comme nous l'avons vu, au moment des plus grandes chaleurs de l'été ". Les Hellènes, qui formaient l'immense majorité des arrivants, commentaient par faire leurs dévotions aux dieux et par sacrifier sur les autels e l'enceinte sacrée. Les journées étaient consacrées à la visite des temples et des monuments de l'Attis et des nombreux sites environnants auxquels s'attachait un intérêt légendaire, historique ou artistique 6; les poètes et les historiens récitaient leurs ouvrages 7t les orateurs péroraient, les philosophes et les sophistes enseignaient et disputaient en plein vent, tandis que les rhapsodes redisaient ces beaux chants épiques du passé que la foule ne se lassait jamais d'entendre 8. Sous la surveillance des agoranomes d'Élis °, se tenait le long des chemins et des murs d'enceinte une vraie foire, où des marchands venus de tous les coins du monde étalaient leurs marchandises, et où les bateleurs et les acrobates faisaient merveille 10. Les athlètes eux-mêmes étaient arrivés à Élis, accompagnés de leurs entraîneurs (aliptes ou pédotribes), de leurs parents et de leurs amis, bien avant que le gros des curieux ne commence à affluer à Olympie. Ils étaient tenus, sous peine de forclusion, à se faire inscrire à l'avance dans les délais prescrits par la loi ", à se soumettre dans le gymnase d'Élis, sous les yeux des hellanodikes et du gymnasiarque, à un entraînement final de trente jours 12 et à subir les examens préalables '3. On leur donnait connaissance des règles qu'ils avaient à observer et dont la violation pouvait entraîner, en dehors de leur disqualification, des amendes considérables, récupérables non seulement contre eux-mêmes, mais aussi contre leurs parents et contre les cités auxquelles ils appartenaient'. Le produit de ces amendes, et en général de toutes les amendes olympiques, servit, tout au moins à partir du Iv° siècle, à faire couler en bronze des images de Zeus, qu'on appelait Zanes13, et qui étaient exposées sur une terrasse, au pied de celle qui supportait les trésors, sur la route que devaient suivre les athlètes pour se rendre au stade fu (fig. 5397). Nul n'était admis à concourir s'il n'était homme libre, indemne de toute condamnation infamante, et, jusqu'à la conquête romaine, de sang grec incontesté i7 : après que l'Hellade fut devenue sujette de Rome, les citoyens romains participèrent, par la force des choses, aux privilèges des Hellènes de race. Les homicides, volontaires ou par imprudence, les sacrilèges, les athlètes restés débiteurs de Zeus du chef d'amendes encourues soit pour contravention aux règles des concours, soit pour violation de l'xuyetp(a, de même que tous les citoyens d'une ville ou d'un État se trouvant dans le même cas, étaient exclus des jeux '8A partir de 1'01. 102 (37e av. .J.-C.), une loi déclara également hors concours les hellanodikes, afin d'achever de mettre leur impartialité au-dessus de tout soupçon 19. Comme il est expliqué en détail au mot HELLANODJI; Al, les juges du camp mettaient à profit les trente jours d'entraînement final que les concurrents devaient subir devant eux dans le gymnase d'Élis, pour contrôler le développement physique des athlètes et empêcher que des jeunes gens ayant dépassé l'âge des aa.Fôsç ne se glissassent dans les concours réservés à ceux-ci. Un mois environ avant l'ouverture du festival, les hellanodikes quittaient Élis pour Olympie, suivis des athlètes qu'accompagnaient leurs aliptes, leurs parents et leurs amis, et des chevaux attelés ou montés inscrits pour les concours hippiques, avec leurs cochers (lv(oZot) et leurs jockeys, qui avaient également dû faire à Élis le stage réglementaire de trente jours 20. Le cortège suivait, non la route ordinaire, mais la voie sacrée, longue de 300 stades (environ 58 kilomètres), qui reliait Élis à l'Altis2s. Il y a lieu de remarquer qu'au ni" siècle avant notre ère, un gymnase fut construit à Olympie même, et il est probable qu'à partir de cette époque, c'est là qu'eurent lieu les épreuves préliminaires [GYMNAs1uo] ; les inscriptions d'époque romaine font souvent mention du gymnasiarque d'Olympie2Y. C'est à Olympie qu'avait lieu la cérémonie solennelle de la prestation du serment dans le Bouleuterion. Devant la statue terrifiante de Zeus Horkios, brandissant un foudre dans chaque main, les concurrents, leurs pères, leurs frères et leurs aliptes juraient solennellement, sur les chairs pantelantes du sanglier qu'on venait d'immoler au dieu, de n'user d'aucune manoeuvre déloyale pour obtenir la victoire ; les athlètes attestaient de plus sous la foi du même serment qu'ils avaient strictement observé pendant dix mois consécutifs les règles prescrites pour l'entraînement93. Les athlètes connus par leurs victoires antérieures étaient probablement dispensés de ce serment, de même que des épreuves préliminaires à Élis. De leur côté les examinateurs chargés de vérifier l'âge des 7ta?ioç, et des poulains inscrits, juraient de décider en toute équité et sans se laisser corrompre, et OLY 182 OL7" de garder le secret sur les décisions qui seraient prises '. Pendant les jours qui les séparaient de la grande épreuve, les concurrents ne se faisaient pas faute d'interéoger l'oracle de Zeus et de tâcher d'obtenir du dieu des présages favorables2. Ils demeuraient du reste sous la discipline constante et ininterrompue de leurs aliptes ou entraineurs, qui veillaient à ce que leurs performances ue faiblissent pas. Ces aliptes étaient des personnages importants, dont la renommée était souvent considérable : c'étaient généralement d'anciens athlètes', Pindare a associé quelques-uns des plus illustres de ceux de son temps, comme Mélésias4, Ménandros ", lias 6 et Orseas à l'éloge des vainqueurs qu'ils avaient entrainés; d'après le poète, c'était d'Athènes que venaient les meilleurs'. Bacchylide cite également Ménandros 0, (titi semble avoir été le plus célèbre de tous, et dont la carrière a été extrêmement longue 10. Les hommes faits se servaient d'aliptes aussi bien que les 7cxtèeç 11 Les athlètes eux-mêmes se recrutaient en grande partie parmi les membres des plus nobles et des plus illustres maisons de l'Hellade 12, qui tenaient à honneur de voir figurer un des leurs dans les panégyries nationales"; la préparation et l'entrainement aux grands jeux exigeaient du reste des dépenses considérables que seuls 1es gens riches pouvaient se permettre 11, à moins que la cité à laquelle appartenait l'athlète ne se chargeât des frais, comme cela devait arriver quelquefois. C'est surtout pour les concours hippiques que les charges étaient énormes " 1 s : aussi l'élevage des chevaux et l'entretien d'une écurie de course, I7zzcoTPotçlx, étaient-ils l'apanage presque exclusif des princes et des millionnaires de l'époque, qui n'avaient pas, comme de nos jours, des prix en numéraire et la ressource des paris, pour se récupérer". Quelquefois deux grands seigneurs s'entendaient pour partager les frais : c'est ainsi que le scoliaste de Pindare nous apprend que Théron d'Agrigente, et son frère Xénocratès étaient associés pour l'entretien d'une écurie de course, et que lorsque cette écurie triomphait, c'était tantôt l'un, tantôt l'autre des deux frères qui se faisait proclamer vainqueur' 7. Le papyrus d'Oxyrhynchos nous montre deu x associés thébains proclamés ensemble vainqueurs au quadrige, à 1'01. 73 (480 av. J.-C.) ". Mais l'exemple le plus intéressant d'une collectivité se livrant à l'h719tiooro(x est celui des cités qui entretenaient aux frais du trésor public des quadriges et des chevaux « communaux » 10 è atov -citt,ucitov, è'préetoç x@)tr,ç) ; c'est ainsi que le papyrus d'Oxyrhynchos enregistre comme vainqueur à 1'01. 75 180) ' t7ysiow ix1 d lies xi)rls 20 et à 1'01. 77 (472) d'une association de personnes ou d'une communauté était possible aux concours hippiques, ou c'était non le cocher ou le jockey, mais bien le propriétaire des chevaux qui était proclamé vainqueur 22. C'est ce qui permettait même aux femmes de prendre part à ces concours, et nos listes nous ont conservé les noms de quatre sportswomen célèbres qui ont ainsi conquis la couronne olympique 23. La plus illustre d'entre elles fut Kynisca, fille du roi de Sparte Archidamos, la première de son sexe qui ait élevé des chevaux et fait courir à Olympie; elle remporta la victoire au quadrige, dans les premières années du iv' siècle avant notre ère2`. Comme nous le voyons dans Pindare, les conducteurs de char, les ilv(oycl, étaient souvent aussi des personnages de marque''', et malgré que la victoire ne fût pas .proclamée sous leur nom, ils étaient associés aux honneurs du vainqueur, soit dans l'épinicie par laquelle celui-ci célébrait son triomphe 26, soit même dans les monuments destinés à én perpétuer la mémoire : c'est ainsi que « l'aurige de Delphes » représente le cocher qui a conduit à la victoire les chevaux de Hiéron de Syracuse, aux jeux pythiques de l'année 470 (Pyth. 29) et à 1'01. 78 (468 av. J.-C() Z7. Le transport de chevaux du plus grand prix de pays comme la Sicile ou la Cyrénaïque, aussi éloignés de la Grèce propre, pour l'époque, que l'Amérique l'est pour nous àl'heure actuelle, entraînait beaucoup trop de risques et de dangers pour pouvoir se répéter souvent : aussi les sportsmen de ces pays, quand ils envoyaient leur « stud » en Grèce, l'y laissaient-ils généralement pour plusieurs années, pendant lesquelles leurs quadriges et leurs chevaux prenaient part aux divers jeux célébrés dans l'intervalle 28. Programme des concours ; additions et modifications qu'il a subies à diverses époques. Le tableau (jes concours compris au programme olympique au ve siècle avant notre ère nous a été transmis par le fameux papyrus d'Oxyrhynchos n' CCXXII29 qui en énumère treize Ô7ca(z7gç, til1p17r7tov, xIl y a lieu d'ajouter, pour la période couverte par le manuscrit (480-448 av. J.-C.), la course au char attelé de mules (âarvr,) et la course au trot (xâ)t7rri), qui n'ont figuré au programme, la première que durant treize (01. il-01.83 =496-448 av. J.-C,) 30, la seconde que durant douze Olympiades (01. 72-01, 83 = 192-418 av. J.-C.)11, et qui, à raison de leur existence OLY -183 O1,Y éphémère, ne semblent pas avoir été comprises dans les listes dressées par les compilateurs'. Comme nous l'avons dit en traitant de la formation de ces listes 2, le programme du papyrus ne doit pas différer essentiellement du programme primitif dont nous trouvons le prototype mythique dans la Xe Olympique de Pindare3, et qui comprenait probablement tout au moins la course du stade, la lutte, le pugilat, la course des chars et le lancement du javelot et du disque. `fout ce qu'il y a lieu d'admettre, c'est que ce programme originaire, complexe dès le début, a dû subir et a subi dans le cours des siècles diverses modifications, extensions et additions de détail. C'est ainsi que des numéros spécialement réserves aux -xïiu primitivement exclus des concours, furent institués par décisions des magistrats d'Élis, à 1'01. 37 (632 av. J.-C.), pour la course au stade et la lutte'', et à l'01. 41 (616 av. J.-C.) pour le pugilat 7. A 1'01. 38 (628 av. J.-C.) un concours au pentathle pour 7rx(ôeç fut également établi, mais fut aboli dès l'Olympiade suivante 0. La course double (ô(xu)1oç) apparaît dès la laie Olympiade (724 av. J.-C.) et la course longue (ôd)(tyoç), simple extension du 1-r .ltov, comme le ô(av),oç lui-même, à l'Olympiade suivante 8 ; quant à la course armée (ba),(rr,ç), son introduction ne date que de la 65e Olympiade (520 av. J.-C.) 9. Le pentathle, dont l'institution remonte à la 18' Olympiade (708 av. J.-C.) 1G, englobe le lancement du disque et du javelot, qui furent dès lors supprimés comme jeux séparés, tandis que le pancrace, combinaison de la lutte et du pugilat, introduit à roi. 33 (648 av. J.-C.) ", laissa subsister ces deux derniers exercices. Dès la Ire Olympiade, les courses de chevaux ont très certainement figuré au programme 12. Il est possible néanmoins que les chars qui y prenaient part ne fussent attelés que de deux chevaux (luv op(ç), et n'aient fait place aux quadriges (TÉOpu7cucoV) qu'à l'Olympiade 23 (680 av. J.-C.)'3, pour être rétablis eux-mêmes plus tard, comme nous allons le voir ; la course au cheval monté (x€?,-)ç) n'apparaît dans les listes qu'à 1'01. 33(648 av. J.-C.) t4. Les dates ci-dessus, prises dans Pausanias, Sextus Julius Africanus et Pbiiostrate, n'indiquent probablement, pour la majorité des cas, que les Olympiades sous lesquelles les sources dont se sont servis eux-mêmes les compilateurs du ive siècle av. J.-C. mentionnaient pour la première fois un vainqueur à tel ou tel jeu déterminé : elles n'ont donc qu'une valeur relative quant à l'institution elle-mémo, sauf peut-être en ce qui concerne les concours pour i-ces)nEç, que Pausanias dit expressément avoir été créés par des décisions spéciales des magistrats éléens, décisions qui devaient être conservées dans les archives d'Élis. A partir du commencement du ve siècle avant notre ère, nous nous trouvons sur un terrain beaucoup plus solide, et la chronologie de nos sources peut être acceptée comme authentique. Nous venons de voir que la course au char attelé de mules (â7cz;vv) a été instituée à FOI. 72 (496 av. J-.C.) et la course au trot (xàÂ7er) à 1'01. 72 (492 av. J.-C.), pour être supprimées l'une et l'autre dès 1'01. 8i (444 av. J,-C.)1e. A 1'01. 93 (408 av. J.-C.) correspond l'institution (ou peut-être, comme nous l'avons dit, seulement la restauration) de la course des biges (auvosp(ç)10. Douze ans plus tard (01, 96=396 av. J.-C.), on crée deux concours d'un ordre entièrement nouveau : celui des sonneurs de trompettes (aa) :'(xa-jç) et celui des hérauts (x=gou) 11. Des courses spéciales pour poulains sont instituées aux Olympiades 99 (38i av. J,-C. : pour 7:addc; figure au programme à partir de 1'01. 145 (200 av. J.-C.)21, et clôt la liste des concours institués avant l'époque romaine 22. Nous les voyons figurer à peu près tous dans le fragment de Phlégon que nous a conservé Photios 23, et qui donne, à trois exceptions près'', la série complète des vainqueurs pour 1'M. 177 (72 av. J.-C.)23 Au ter siècle avant notre ère, le programme du papyrus d'Oxyrhynchos, complété par les additions que nous venons de passer en revue, n'avait donc encore subi aucune altération. Un peu plus d'un demi-siècle plus tard, les concours hippiques semblent être tombés en désuétude 28, probablement faute de concurrents, et n'avoir° plus été célébrés qu'en de rares occasions, lorsqu'un empereur, un membre de la famille impériale, ou quelque haut fonctionnaire envoyait ses chevaux à Olympie. 01),Y 18. OLY A partir de 1'01. 178 (68 av. J.-C.), jusqu'à la suppression des jeux par Théodose en 393 (01. 293), soit pendant un espace de plus de quatre cent cinquante ans, nous ne trouvons la trace de victoires hippiques que pour sept célébrations'. Tous les autres concours semblent être restés en vigueur jusqu'à la fin. Quant aux concours poétiques et dramatiques introduits par Néron à la célébration irrégulière de l'an 67, par laquelle il fit remplacer celle qui aurait dû avoir lieu deux années auparavant et constituer l'Olympiade 211, ils n'ont été qu'un simple accident : jamais le programme olympique normal n'a compris de concours de ce genre 2. La plupart des jeux formant l'objet des concours olympiques se trouvent traités dans ce dictionnaire sous des rubriques spéciales' : nous reviendrons sur quelques-uns d'entre eux dans leurs rapports avec l' 'e uv ôau1.ntxdç à la section suivante. L'agôn olympique : ordre et distribution des cérémonies et des concours. D'après le logographe Hérodore d'Héraclée, contemporain d'Hérodote, le festival légendaire instauré par Héraklès comprenait cinq journées, consacrées aux sacrifices et aux jeux'. Cette tradition concernant le prototype mythique du festival historique, aurait difficilement pu s'accréditer si la durée de cinq jours n'avait pas existé de temps immémorial. Dès l'origine la nav-i)yupt, a dû comprendre plus d'une journée : on ne voit guère, même durant la période assez courte où les jeux n'ont constitué qu'une fête purement locale, et moins encore quand ils furent devenus une institution panhellénique, les spectateurs accourant de tous les points de l'Elide et de la Messénie d'abord, de toutes les régions de l'Hellade ensuite, pour se séparer presque aussitôt, et cela à une époque où le temps n'entrait guère en ligne de compte, et où, par contre, le moindre déplacement était une question importante. Même en réduisant le programme originaire aux six jeux du prototype mythique, ces six numéros, entremêlés comme ils l'étaient de cérémonies religieuses et de sacrifices, suffisaient pour remplir plusieurs journées; dès la fin du vnr siècle, le programme comprenait douze numéros, qui tous, à l'exception des concours hippiques, exigeaient la plupart du temps des épreuves multiples, et il devenait difficile de l'épuiser en moins de cinq jours. On ne se rend généralement pas suffisamment compte de la complexité de la plupart des concours et du temps qu'ils devaient prendre lorsque, comme cela devait arriver fréquemment, un grand nombre de concurrents étaient inscrits, et que par la nature même des choses deux athlètes seulement pouvaient entrer en lice à la fois ; tel était le cas pour la lutte, le pugilat et le pancrace qui tous les trois nécessitaient une série d'épreuves partielles, dans lesquelles les concurrents avaient à se mesurer successivement deux par deux, jusqu'à ce que tous eussent eu leur tour, et que les vaincus se trouvant peu à peu éliminés, il ne restât plus qu'un vainqueur unique Les courses à pied elles-mêmes, qui nous apparaissent si simples, étaient loin d'être telles, et comportaient également chacune plusieurs épreuves, comme on l'a vu à l'article cuascs. Quant au pentathle, qui comprenait cinq exercices différents, dont chacun exigeait des épreuves multiples, il devait à lui seul prendre une journée entière [QUINQUERTIUM]. Si nous ajoutons que toue les concours étaient compliqués de tirages au sort répétés, divisant les athlètes par paires ou par groupes, ou décidant des places à occuper, que le vainqueur était proclamé et couronné séance tenante après chaque concours et célébrait le même soir le xâl,uo, triomphal, et, enfin que la seconde et la troisième journée se terminaient par une procession triomphale, ara~avr~oo(a, et des sacrifices particuliers d'actions de grâce offerts par les athlètes victorieux, nous verrons que les cinq jours devaient être bien remplis. Néanmoins, sur la foi d'un passage probablement corrompu et en tout cas fort obscur de Pausanias ', on enseigne généralement que cette distribution des jeux en cinq journées ne remonte qu'à 1'01. 78, à partir de laquelle l'ordre du programme aurait subi un remaniement complet Beaucoup, prenant Pausanias au pied de la lettre, et ne tenant aucun compte de la question de possibilité matérielle, ont été jusqu'à admettre qu'avant 1'01. 78, tous les ytnv(ren'ca, tant gymniques qu'hippiques, comprenant à cette époque quinze jeux différents, dont le pentathle, auraient été célébrés en une seule et même journée ; même en entendant le texte dans un sens moins restrictif, comme le fait Cari Roberte, il n'en faudrait pas moins accumuler en un même jour le pentathle, la lutte, le pugilat, les concours hippiques elle pancrace, et l'impossibilité matérielle resterait la même. A un autre point de vue, l'innovation qu'implique le passage de Pausanias, et qui aurait par un saut brusque transposé tout le programme traditionnel de la plus sacrée de toutes les nmvryépets de l'Hellade et allongé de deux, sinon de quatre jours le festival, est inadmissible dans un pays comme la Grèce, et la Grèce du ve siècle, où, en matière religieuse surtout, l'esprit conservateur et le respect des traditions étaient poussés à l'extrême. Pareille innovation aurait constitué un événement sans précédent, et nous en trouverions très certainement la trace dans les poètes et les historiens de l'époque classique. En VII. 24 OLY 185 OLY réalité, le passage de Pausanias, en tant qu'impliquant un changement brusque et radical dans l'ordre du programme et dans la durée de la solennité, ne mérite pas plus de créance que ceux dans lesquels il nous raconte la légende de l'institution des jeux eux-mêmes. Quoi qu'il en soit, le texte de l'ode pseudo-pindarique Olympique V 2, et les commentaires des scoliastes 3 démontrent, sans doute possible, qu'à l'époque classique les jeux proprement dits occupaient cinq jours. Le papyrus d'Oxyrhynchos et le fragment de Phlégon dans Photios nous donnent l'ordre dans lequel les concours étaient disputés : cet ordre, qu'on trouve déjà dans une élégie de Xénophane'`, est, dans ses lignes générales, l'ordre traditionnel qui a existé de tout temps, sauf les modifications que l'accession des jeux nouveaux a pu rendre nécessaires. Mais si nous avons ainsi la succession dans laquelle les concours se suivaient au programme, aucune de nos sources ne nous renseigne d'une façon positive sur la manière dont ils étaient distribués parmi les cinq journées. La théorie la plus vraisemblable et la plus rationnelle qui ait été proposée à ce sujet, et la seule qui réponde aux difficultés soulevées par les témoignages souvent contradictoires, tout au moins en apparence, des auteurs anciens, est celle de Cari .Robert", que nous avons cru devoir adopter dans ses grandes lignes ; le tableau suivant, établi d'après les données de l'éminent helléniste, montre le plan général du festival depuis la oxapxnXEUn jusqu'à la clôture. Serment des athlètes et des hellanodikes (1). Classement des athlètes et des chevaux. Errpavr;âopia et sacrifices d'actions de grâces des athlètes victorieux. Ers?avr,popta et sacrifices d'actions de grâces des vainqueurs des trois dernières journées. Pompe et procession solennelles. Hécatombe au grand autel de Zeus et aux autels des grands dieux (letcc).Ewgara). Banquet au prytanée. L'ordre ci-dessus, en vigueur au ve siècle, n'a d11 guère varier jusqu'à la fin. Les nouveaux concours institués au Ive siècle sont venus tout naturellement se placer à la suite des catégories spéciales auxquelles ils appartenaient: c'est ainsi que le pancrace des ax(BEç a dû être rangé le quatrième jour après les autres concours des nxilcç, et avant la course armée, et que les concours pour les poulains attelés ou montés ont complété le programme hippique du cinquième jour. L'ordre des jeux dans chaque journée ne semble néanmoins pas avoir été absolument immuable, et pouvait dans des cas exceptionnels être interverti, comme il le fut à la 142e Olympiade (212 av. J.-C.), où, à la demande de l'athlète Kleitomachos, le pancrace prit la place du pugilat, qui ne fut disputé qu'en troisième lieus. Il nous faut maintenant revenir en détail sur les fêtes et cérémonies comprises au tableau que nous venons de donner. La solennité s'ouvrait virtuellement le Xe jour de la lune', qui constituait une sorte de axpxaxmuZ ou vigile de la nxvriyuptç 3. Ce premier jour était consacré avant tout aux nporéaotx solennels de l'â.yw Uuy.ntxéç, comprenant les sacrifices, suOsa(xt, au grand autel de Zeus et aux six autels doubles, dont la légende faisait remonter la consécration à Héraklès lui-mêmes. Il est possible que ce ne fût qu'après les npoiéaEta que se prêtassent les serments des athlètes et des juges dont nous avons parlé à la section précédente : il est fort probable en tout cas que c'est à ce moment que les hellanodikes faisaient connaître leur verdict concernant le développement physique des athlètes, et décidaient d'après les épreuves que ceux-ci venaient de subir, s'ils devaient être classés parmi les 7rxiôe; ou parmi les 4v3peç10• Il a dû en être de même, après l'introduction des concours pour les poulains, des décisions concernant la qualité de ré).clot ou de 7rwaot des chevaux inscrits A partir de leur institution, le concours des sonneurs de trompette et celui des hérauts ont dû faire partie du programme de la axpxaxtu', comme prélude des âytnv(ep.xrm f2 : aux vainqueurs de ces deux concours appartenait en effet l'honneur d'officier, en leurs qualités respectives, pendant toute la durée du festival Les concurrents se plaçaient sur un autel situé dans l'Apis, vers l'entrée du stade et dont on ne se servait pas pour les sacrifices"; ces concours n'avaient du reste rien de musical : ils constituaient des exercices où la force des poumons entrait seule en jeu 's. Les libations sanglantes au tombeau de Pélops, les xiuxxoup(xt dont parle Pindare", terminaient cette première journée", tandis qu'à la tombée de la nuit, à Élis, les femmes accomplissaient des rites funèbres accompagnés de thrènes auprès du cénotaphe d'Achille, dans le gymnase 18. Les jeux proprement dits, les âytsv(apxta, occupaient les cinq jours suivants, du XI au XV de la lune 19 : ils 0 Li 6 OLY cornmeneaieut avec le lever du soleil, et dès te milieu de la nuit, les talus étaient envahis par la foule des spectateurs avides de s'assurer une place. La première journée s'ouvrait par la course du stade qui e eu de tout temps la priorité, ainsi qu'il résulte notamment des passages de Pindare cités plus haut t, d'un passage des Lois de Platon 2, et d'un passage encore plus formel de Plutarque 3, contre lesquels ne saurait prévaloir la phrase de rhéteur de Pausanias (VI, 13, 3), qui ne fait venir le stade qu'en seconde ligne. Après la course simple venait la course double, i(xu?,oc, et enfin la course longue, ôlnl,o, 4. Ces trois concours, auxquels seuls les hommes faits prenaient part, étaient précédés d'un tirage au sort, qui divisait les inscrits en équipes séparées 2 E1ç, comprenant chacune de quatre à six concurrents : les groupes ainsi formés procédaient à des épreuves partielles successives, et les vainqueurs de ces épreuves préliminaires étaient réunis pour l'épreuve finale qui décidait de la victoire [cuRsus]. Comme il a été dit au mot ATHLETA, tant les coureurs que les concurrents aux autres '(09 L«T« portaient à l'origine une sorte de pagne ou de ceinture, 4CE. O. U.r1, ,éLe c_a, mais à partir de la 13' ou de la 16' Olympiade pour la course, et bientôt après pour les autres luttes, l'usage s'établit, probablement sous l'influence de Sparte, de concourir entièrement nu 5 ; nous avons vu que pour éviter les fraudes, cette règle avait été appliquée également aux aliptes à partir de l'Olympiade où vainquit le Diagoride Peisirodos, probablement 01. 98(388 av. J.-C.). Dans la course simple, les coureurs partaient de la bordure de calcaire blanc qui coupait le stade à l'extrémité ouest, celle de l'extrémité est formant le point d'arrivée dans l'axe de la place occupée par les hellanodikes sur le talus sud Par contre, pour le ô(OEu),og et pour le ôéntyoç, qui comportaient deux ou plusieurs tours du stade [ceRsus], le point de départ et le point d'arrivée étaient les mêmes, à l'extrémité est de l'arène Après chaque épreuve finale, les hellanodikes rendaient leur décision 8 : ils avaient non seulement à constater quel était le premier arrivé, mais aussi à apprécier si la course avait été loyale, et si les règles prescrites avaient été observées, toute infraction à celles-ci disqualifiant 1` athlète coupables. Le gagnant était ensuite solennellement proclamé vainqueur, xa),),ivlxeç 10, par le héraut, qui associait à son nom celui de son pore et celui de sa patrie. Tout concurrent avait le droit de se faire inscrire sous une nationalité différente de sa nationalité d'origine, et s'il l'emportait c'est sous cette nationalité d'adoption qu'il était proclamé victorieux, ainsi que le montrent plusieurs exemples célèbres". Pareille proclamation sous un ethnique d'emprunt demeurait régulière, même quand elle cachait une fraude contre les droits de Zeus, comme dans le cas du Lacédémonien Lichas qui remporta la victoire à 1'01. 90 (420 av. J.-C.) avec un quadrige qu'il avait fait inscrire comme appartenant au peuple thébain, les Lacédémoniens se trouvant à cette époque exclus momentanément des jeux''. Malgré le scandale que causa Lichas en se révélant après la course comme le véritable propriétaire de l'attelage, les hellanodikes n'en admirent pas moins la régularité de la victoire, qui demeura inscrite au nom du peuple thébain. Si le fait de concourir sous un ethnique d'emprunt était sanctionné par les hellanodikes, il n'en exposait pas moins l'athlète qui avait ainsi renié sa patrie d'origine à la rancune de ses concitoyens. C'est ainsi que lorsque Astylos de Crotone se fut, à la demande de Gélon d'abord, de Hiéron ensuite, fait proclamer vainqueur comme Eupvxouisioç aux Olympiades 74 (484 av. J.-C.), 75 (480 av. J.-C.) et 76 (476 av. J.-C.), les Crotoniates confisquèrent sa maison qu'ils transformèrent en prison, et abattirent sa statue 13. La victoire proclamée, le chef des hellanodikes, celui que Pindare appelle l'AitieùA; «vrp, couronnait le vainqueur et lui plaçait une palme dans la main droite'`. A portée des hellanodikes se trouvait un trépied plaqué de bronze qui portait les couronnes et les palmes 76 ; vers la seconde moitié du ve siècle, ce trépied fut remplacé par une table d'ivoire et d'or, oeuvre du sculpteur Ifolotès, élève de Phidias Les couronnes [COROx1[ étaient faites de rameaux d'olivier sauvage (xàtitvoç) cueillis sur l'arbre sacré que, d'après la légende, Héraklès avait rapporté du pays des Hyperboréens' 3: on l'appelait l'olivier aux belles couronnes, i),ala xa)ytsr€iavoçu, et il croissait dans l'Altis à un endroit désigné du nom de H nd.mov 20, derrière le grand temple de Zeus, près de l'autel des `lymphes". A chaque Olympiade, des rameaux en nombre égal au nombre des concours étaient coupés au moyen d'une faucille d'or, par un enfant dont le père et la mère devaient encore être en vie, âpyl elç 22. Dès l'époque où les quatre grands jeux (olympiques, pythiques, isthmiques et némeens) entrent dans l'histoire, la seule récompense qui y ait été décernée a été une couronne de feuillage ; mais il n'en a pas toujours été ainsi, et l'on peut dire que tous les jeux d'institution ancienne ont été à l'origine des ywvEç Xprlga-iTa1, oit les prix avaient une valeur intrinsèque, comme nous le novons aux jeux funéraires et autres mentionnés dans les poèmes homériques. Que tel ait été le cas pour les jeux olympiques axant leur réorganisation en 776, ressort des légendes concernant leur instauration par Héraklès, qui les avait institués au moyen des dépouilles de la guerre contre Augias, et n'était allé chercher l'olivier chez les Hyperboréens qu'après la première célébration33. Il est probable que cet état de choses apersisté pendant quelque temps après l'institution historique ; il résulte, en effet, d'une tradition rapportée par Phlégon, que ce ne serait qu'à la 7' Olympiade qu'un vainqueur, le Messénien Daïklès, aurait reçu pour la première fois la couronne d'olivier 2ti. D'autre part, si l'on s'en rapporte à Vorace, l'olivier semble avoir été remplacé à l'époque romaine par le palmier", Les concours de la journée terminés et le soir venu, OLY 187 OLY les vainqueurs célébraient le xé;) ;La.; du triomphe en compagnie de leurs parents, de leurs amis et de leurs admirateurs. Pindare nous les montre défilant en cortège le long de la colline de Kronos tout en répétant l'antique refrain d'Archiloque à Iléraklès' : et « sous la délectable clarté de la lune au beau visage », dit encore Pindare, « l'enceinte sacrée tout entière résonnait de la joie des festins et des chants de victoire' à. Ce que nous venons de dire de la proclamation des vainqueurs, de leur couronnement, des couronnes ellesmêmes, et du xm.toç, s'applique à tous les concours sans exception et nous n'aurons plus à y revenir. Le XII' jour de la lune, second des âywv)ogxTx, était uniquement réservé aux exercices multiples du pentathle 1, 7€rr«Aaov, comprenant le saut en longueur, âagx, le lancement du disque, S(cxeç, le tir au javelot, àxe v, la course, 7tol éxEtx, et la lutte, 70 ,11. Les diverses théories qui ont été émises en ce qui concerne tant la place respective que chacun de ces exercices occupait dans l'ensemble, que les règles d'après lesquelles la victoire était décidée, seront discutées à l'article QUIN'QUERTIUM. Nous avons adopté provisoirement l'ordre ci-dessus, préconisé par Percy Gardner' et par Myers ; Fedde suggère un ordre différent dans lequel les exercices comme le disque et le javelot, où les mains jouaient le rôle principal, auraient alterné avec la course et le saut qui dépendaient avant tout des pieds, la lutte, qui combine l'emploi des mains et des pieds, formant toujours l'épreuve finale ; d'après cette théorie, les exercices auraient été classés comme suit : la course, le lancement du disque, le saut, le tir au javelot et la lutte 3. Les athlètes concouraient par Txçetç (Fedde) ou par couples (P. Gardner) établis par des tirages au sort. L'exercice le plus dur était celui du saut [sALTUS], qui s'exécutait de pied ferme, sans élan, du haut d'un petit tertre (par o), avec l'aide d'haltères, â),TrpEç [1IALTER], et, pouvait couvrir, au témoignage des auteurs anciens, une longueur de cinquante pieds et au delà; pour stimuler leur ardeur, l'aulète accompagnait les sauteurs des modulations de sa flûte Pour le lancement du disque [Discos], trois disques seulement, qui étaient déposés dans le trésor des Sicyoniensi0, semblent avoir été en usage, ce qui paraît justifier l'opinion de Fedde d'après laquelle chacun des groupes de concurrents aurait compris trois unités. Le tir du javelot a été expliqué en détail à l'article JACULUM. La course, d'après Philostratelf, comportait trois stades. Enfin, la lutte ne différait guère de la 7eâar séparée qui formait l'objet d'un des concours du troisième jour. La victoire appartenait à l'athlète qui l'avait emporté dans le plus grand nombre d'exercices 12. Cette seconde journée des jeux s'achevait par une pro cession et des sacrifices 13. Les vainqueurs des concours déjà décidés montaient à l'Altis et au temple de Zeus, accompagnés d'un nombreux cortège, et consacraient au dieu leurs palmes et leurs couronnes (GTEUOu' s (x.). Durant la cérémonie, on exécutait des chants lyriques, souvent spécialement composés pour la circonstance"-, comme la Ville Olympique de Pindare qui servit à accompagner à 1'01. 80 (460 av. J.-C.), le xt,;uoç et la v'ro xv'èpsp(x du jeune lutteur Éginète Alkimédon'°. Tel a été probablement aussi l'objet de la XI' Olympique, la plus courte des deux odes adressées par le poète thébain à Agésidamos de Loures, vainqueur au pugilat des rcxfSEç à 1'01. 76 (476 av. J.-C.) 16. Des sacrifices d'actions de grâces étaient ensuite offerts par les vainqueurs aux six autels doubles des grands dieux, suivant les rites traditionnels établis par Héraklès; de même que la QTeaxvriwoplx, ils se répétaient le XVe jour de la lune, après les concours hippiques qui terminaient le programme agonistique de la ,rxv r,' up;ç. La deuxième et la cinquième journée des jeux, celle du pentathle et celle des `i7c ce,, étaient en effet les moins chargées, et celles qui se prêtaient ainsi le mieux aux cérémonies d'actions de grâces des athlètes victorieux 1 Le XII' jour de la lune, troisième des L'; on(uovTx, voyait se continuer les concours d'adultes, qui comprenaient cette fois la lutte, le pugilat et le pancrace. C'étaient à proprement parler des jeux de la palestre, comme ceux, à part la course, dont était composé le pentathle ; ils avaient néanmoins lieu dans le stade, ainsi que tous les âyâ,veç gymniques sans exception, la palestre d'Olympie, de par ses dimensions restreintes et sa situa tion, n'ayant jamais pu servir qu'aux exercices privés des athlètes en présence de leurs aliptes et des hellanodikes. L'ordre dans lequel le papyrus d'Oxyrhynchos range ces trois concours se trouve corroboré, et leur réunion en un seul et même jour établie, par l'histoire des athlètes Kapros et Kleitomachos, telle que la rapporte Pausanias 1b. D'autre part, deux inscriptions qui nous montrent le pancratiaste Claudius Rufus luttant pour la victoire jusqu'à la nuit, établissent que le pancrace terminait la journée ' C'est surtout dans les jeux de la palestre que le tirage au sort avait une importance spéciale. Il était soumis à des formalités minutieuses dont Lucien nous a laissé le détail": dans une urne d'argent consacrée à Zeus, on déposait de petits jetons, xnripot, de la grosseur d'un haricot, en nombre égal à celui des athlètes : deux de ces jetons portaient inscrite la lettre alpha, deux autres la lettre bêta, et ainsi de suite. Les concurrents s'avançaient l'un après l'autre, et après avoir invoqué Zeus, retiraient chacun de l'urne un jeton qu'on ne leur permettait pas de regarder : les gd.xaTtyotydpot leur tenaient la main fermée jusqu'à ce que, tous les jetons ayant été tirés, l'alytarque ou l'un des hellanodikes vint les vérifier. Ceux qui avaient tiré la même lettre étaient appariés pour lutter successivement deux par deux. Lorsque les athlètes OLY 188 0LY formant les différents couples ainsi établis par le sort avaient fini de se mesurer entre eux, le tirage se répétait dans la même forme que la première fois entre les gagnants des épreuves partielles, et ce jusqu'à ce qu'il n'y eût plus en présence que deux concurrents pour la victoire finale'. Excepté lorsque leur nombre représentait une puissance du chiffre 2 (4, 8, 16, 32, etc.), les concurrents devaient fatalement se trouver en nombre impair à l'un ou l'autre de ces tirages successifs, même quand ils formaient à l'origine un nombre pair : dans ce cas il y en avait un qui ne trouvait pas dans l'urne de lettre correspondante à celle qu'il avait tirée lui-même, et qui, faute d'adversaire, restait simple spectateur dans l'épreuve ; on l'appelait 'pnlpoç 2. Son inactivité cessait à l'épreuve suivante : il prenait part avec les gagnants de la précédente série au nouveau tirage au sort, et à moins que la chance ne le favorisât de nouveau, il trouvait cette fois un adversaire. En tout état de choses, quand le dernier tirage au sort comprenait trois athlètes, ce qui arrivait trois fois sur quatre dans les cas où les concurrents s'étaient à un moment quelconque trouvés en nombre irnpair, l"'iue1poç se mesurait avec le vainqueur du dernier couple désigné par le sorti. Dans des exercices aussi durs que ceux de la palestre, était un sérieux avantage que d'être ainsi dispensé d'une des épreuves, et le plus souvent de celle qui précédait l'épreuve finale 4. Cet avantage devenait énorme lorsque la chance favorisait le même athlète à deux ou trois tirages ; mais la victoire ainsi remportée relativement sans fatigue, âxoove), sans être souillé de poussière, comme disaient les athlètes, était moins glorieuse qu'une victoire conquise après avoir passé par toutes les épreuves' : dans trois inscriptions d'époque impériale trouvées à Olympie on rencontre accolée au nom du vainqueur l'épithète laudative âv€1DEBpoç, indiquant qu'à aucun moment le sort n'était intervenu en faveur de l'athlète 6. L'ËLEBpoç vainqueur n'en avait pas moins subi l'épreuve finale, celle qui lui avait donné la victoire ; mais il pouvait arriver que celle-ci fût acquise strictement âxov;T(, à.veu âytôvo;, sans lutte aucune, lorsqu'un seul athlète restait en ligne, les autres se trouvant en retard, ne se présentant pas, se retirant, ou étant disqualifiés par les hellanodikes'. Ces cas pouvaient se présenter dans la plupartdes jeux : nous en avons des exemples formels pour le pugilat et le pancrace 8. La lutte que l'on pratiquait à Olympie était la lutte classique, l'è O -âar„ la seule admise aux grands jeux, dans laquelle il s'agissait de renverser trois fois son adversaire [LUCTA]. Pour le pugilat [PUGILATLS], les athlètes étaient armés de gants de boxe formés de lanières de peau tressées 6. Les règles de la 7tuyg.r, avaient été codifiées par Onomastos de Smyrne, qui triompha comme pugiliste à 1'01. 23 (688 av. J.-C.)" et fut le premier Ionien d'Asie qui ait remporté une victoire olympique. Ces règles furent, à raison de leur sagesse, adoptées par les 1Jléens et régirent dès lors la matière". Le pancrace différait de la 7,âàY;, en ce que celle-ci était une lutte à main plate, tandis qu'au pancrace, l'usage des poings enveloppés de gants, comme pour la boxe, et les corps à corps à terre (x),(ceç) étaient admis rPUGILATUS]; il constituait, en réalité, une combinaison de lutte et de pugilat, l'un et l'autre incomplets f2. Le double triomphe à la lutte et au pancrace dans une même Olympiade, dont la légende faisait honneur à Héraklès'', était considéré comme un haut fait exceptionnel : le premier qui l'accomplit dans les temps historiques fut Kapros d'Élis, à 1'01. 142 (212 av. J.-C.) tt; on donnait à ces vainqueurs l'épithète de -o.,teZ. oç ou -«p«Bo ov(xr,ç et on les désignait par des numéros d'ordre commençant Avec le Xl\ jour de la lune, quatrième des âywvia(t.«2«, les -«tèeç entraient en lice, et concouraient successivement au stade simple, à la lutte et au pugilat 16 : ces exercices ne différaient en rien de ceux des adultes. La journée se terminait par la course armée, b.)'tr,ç '46goç [cunsus], qui formait le dernier des concours d'hommes et clôturait les jeux dans le stade /7. C'était exclusivement un exercice d'adultes, qui comportait probablement un parcours double du stade, comme au diaulei8. A l'origine, les coureurs portaient tant le casque, xpzvoç, et les jambières, ev4,gtèEç, que l'âc-(ç ou bouclier rond; plus tard, leur armement fut réduit au bouclier seul". Les boucliers dont se servaient les coureurs étaient de bronze : c'est le temple qui les fournissait, sans doute afin d'assurer l'uniformité de leur forme et de leur poids; on en conservait pour cet objet vingtcinq dans le trésor du dieu20 Le XVe jour de la lune, cinquième et dernier des '(mv(eg«ti«, était la journée aristocratique par excellence, Celle des concours hippiques 21. La scène se trouvait transportée du stade à l'hippodrome où les chars et les chevaux montés allaient à leur tour se disputer la couronne d'olivier. Les hellanodikes gardaient néanmoins la place qu'ils avaient occupée les jours précédents27. Ils n'avaient qu'à se retourner pour avoir en face d'eux la ligne qui marquait dans l'hippodrome le point d'arrivée. Leur x«08p«, en effet, située comme elle l'était au sommet du talus sud du stade, et près de son extrémité est, commandait à la fois les deux arènes ; si l'on imagine une ligne prolongeant le talus qui formait l'extrémité est du stade, la borne intérieure de l'hippodrome devait se trouver à peu près dans ce prolongement, et le OLY 189 OLY point d'arrivée des chars et des chevaux à une petite distance en decà, tout juste dans l'axe visuel des juges '. Comme les courses à pied et les jeux paleslriques, les concours hippiques étaient précédés d'un tirage au sort, qui avait pour objet les places à occuper au départ 2. C'est par les quadriges, 2kOpt7c72x, attelés de chevaux adultes (r_netot), c'est-à-dire âgés de six ans pour les étalons, de cinq ans pour les juments 2, que s'ouvrait l'iyâ)v frac: x; `. A partir du commencement du v° siècle av. J.-C., le départ s'effectuait d'un édifice qui n'existaitqu'à Olympie : on l'appelait l'4 EStç i ès àu e,,v, et il était situé à droite et à l'extrémité ouest de l'hippodrome [urpronrsosios]. Les concurrents étaient parfois fort nombreux : nous savons qu'à 1'01. 91 (416 av. J.-C.) Alcibiade envoya à lui seul sept quadriges à Olympie ', et un texte de Pindare e nous montre, à Pythé, il est vrai, quarante et un ir Opirarcl en ligne à la fois. Mais ce nombre est probablement exceptionnel, et à l'époque classique, la moyenne des chars inscrits ne devait guère dépasser la dizaine Nous avons vu que le grand circuit intérieur de l'hippodrome était de huit stades 8 : néanmoins l'ovale décrit par les chevaux et les chars autour des bornes ne représentait que six stades (11à3 m. 62)'. Nous savons par Pindare que les quadriges avaient à parcourir douze fois cet ovale 10, ce qui donne pour la longueur totale de la course 13 kilom. 843 m. 44. C'est évidemment considérable, mais si l'on songe d'une part que dans la course d'Oenomaos et de Pélops pour la main d'Ilippodameia, prototype mythique de l'àyw t xdç d'Olympie, la légende faisait franchir aux deux concurrents la distance de Pise à l'isthme de Corinthe", d'autre part que dans certaines courses modernes le parcours dépasse 6 et même 7 kilomètres12, couverts en quelques minutes par des chevaux lancés à fond de train, une course d'un peu moins de 14 kilomètres n'a rien d'impossible, ni même d'improbable pour des chevaux hors ligne comme ceux qu'on envoyait à Olympie, attelés et allant nécessairement à une allure beaucoup moindre que les pursang modernes montés en course" ; il n'y a donc aucune raison de faire violence au texte de Pindare et de ses scoliastes pour arriver à réduire de moitié la distance". Ce devait être un spectacle merveilleux que celui de ces nombreux chars aux riches et luxueux ornements attelés de chevaux superbes, les plus beaux que l'llellade produisît, avec leurs harnachements étincelants d'or et de pierreries'', volant dans l'arène sous la conduite de leurs hénioques aux longues robes flottantes, penchés sur leurs attelages et les animant de la voix et du geste, comme on les voit sur la frise d'Halicarnasse Il fallait aux conducteurs une adresse et un coup d'oeil exceptionnels pour se débrouiller au milieu de la mêlée des concurrents et tourner sans encombre vingt-trois fois les bornes. Aussi les accidents étaient-ils fréquents, et bien habile était l'hénioque qui ramenait son char intact! Pindare nous apprend que sur les quarante et un quadriges qui se disputèrent la victoire aux jeux p Iniques de l'année 462 av. J.-C., un seul, celui d'Arkësilas de Cyrène, conduit par l'llénioque liarrhotos, arriva indemne : les quarante autres s'étaient brisés en route''. Après le dernier tournant et tandis que les chars approchaient du point d'arrivée, la trompette sonnait, stimulant ainsi les chevaux pour leur suprême effort i9. Les douze tours accomplis, le propriétaire du quadrige arrivé premier était proclamé vainqueur pat'. le héraut et couronné par l'hellanodike; lorsque le propriétaire n'était pas présent, c'étaitl'hénioque qui recevait la couronne en son nom. Aucun des concours olympiques ne comportait plus d'un prix : il semble néanmoins qu'au quadrige on ait tenu à honneur d'obtenir même le second, le troisième ou le quatrième rang. Alcibiade se vanta devant l'assemblée d'Athènes, d'avoir, à l'Ol unpiade à laquelle il avait à lui seul envoyé sept quadriges", non seulement remporté la victoire, mais encore obtenu la seconde et la quatrième place'. Jusqu'à la fin du st' siècle, les deux seuls âyôlvE; iz7ttxo) qui figurassent au programme olympique étaient le t)0pt7r2ov et le xé).' ç ; au fur et à mesure que d'autres concours hippiques furent introduits, ils se rangèrent après ceux-ci, dans l'ordre indiqué au fragment de Phlégon, dans Photios. Néanmoins, aux treize Olympiades auxquelles fut couru le char attelé de mules, àiirvrl, il suivait immédiatement le 'r€Optit tov, comme le montre, à défaut de la liste d'0xyrhynchos, le vers 7 de l'ode pseudopindarique Olympique V, déjà plusieurs fois cité. L')a 7 de course était une modification du chariot de voyage à quatre roues [VEnicllLA], pourvu de sièges et fermé en arrière : on l'avait adapté à la course en supprimant deux roues et en lui donnant une forme se rapprochant de celle de l'pp.x, mais on avait conservé un siège pour l'hénioque, qui conduisait assis et non debout, ainsi qu'on le voit sur les médailles de Rhégion et de Messana (fig. 5398) 92. Le char était traîné par deux mules, N.(ovot, et se rapprochait ainsi de l'antique bige attelé de deux chevaux. Les mules avaient à fournir le même parcours que les quadriges, soit 13 kilom. 843 m. 41. Il est en effet logique de conclure des vers 74 à 77 de la Vie Olympique de Pindare, qu'elles devaient, comme les -7É0?t71171, accomplir douze fois le tour de l'arène. La Sicile était renommée pour ses attelages de mules'', et c'est probablement de cette partie de l'IIellade que le concours fut introduit à Olympie: sur les quatre seuls vainqueurs à l'àit' vr, signalés dans nos sources, trois 190 --OLY sont des Siciliens 1. Il ne semble pas que sur le territoire de fa. Grèce propre ce concours ait jamais existé autre part qu'à Olympie'. A PO1. 84 (444 av. J.-C.), aucun concurrent ne s'étant présenté, la course fut supprimée, et ne fut jamais rétablie : il est probable que les Éléens ne furent pas fâchés de trouver l'occasion de débarrasser le programme d'un concours qui n'avait jamais dû être bien populaire chez eux, à raison de l'antique superstilion qui frappait de malédiction l'élevage des mules sur le territoire d'Élis'. La course au char attelé de deux chevaux adultes, nuvop(; ou luvleç, l'4;.r.a des temps homériques, et peutêtre aussi, comme nous l'avons vu, des vingt-quatre premières Olympiades, -prit àla fin du Ve siècle av. J.-C. la place qu'avait occupée File comportait huit tours de l'arène. soit un parcours de 9 kilom. 228 m. 96, de même que le Ts90t7uoov attelé de poulains', introduit au commencement, du siècle suivant la cuvorp(ç des poulains, comportant trois tours de l'arène 3 ou un parcours de 3 kilom 460 m. 80, complète au me siècle le programme des concours au char, qui comprend désormais quatre catégories : le TÉ9ptxt7ov et la cuvmç(ç pour chevaux adultes, le TlOptnzcv et la cuvcop,ç pour poulains. Si, d'après les distances à parcourir, surtout par les attelages de chevaux adultes, les concours à l'xpp.x devaient être avant tout des courses d'endurance S, ceux au cheval monté n'étaient guère que des épreuves de vitesse. Les :crar,Ti; 'mû stol aussi bien que les 7 waot n'avaient en effet à accomplir qu'un parcours de six stades ou 1153 mn. 62, du point de départ, un peu en avant de l'Ë)êoaov de l''actç, au point d'arrivée, en passant entre le T:rpx t7rnoç et la borne extérieure qu'ils ne tournaient qu'une seule fois Il en était probablement de même pour la xza72rl ou )(a77'Iç lnégoç, course au trot, dans laquelle le cavalier sautait de cheval à une certaine distance du point d'arrivée et courait à côté de sa monture en la tenant par la bride nESULroRl ; nous avons vu que comme l'7cvr, dont il est contemporain, ce concours n'a figuré au programme que pendant un temps limité; comme l'âvvr, aussi, il a été probablement supprimé faute de concurrents. Tous les concours hippiques, sauf la' Ustr;, à laquelle les juments seules prenaient part e, admettaient indifféremment les juments et les étalons 3. Ala différence des courses modernes, le poids du cavalier n'entrait pas en ligne de compte pour les chevaux montés, ainsi qu'il résulte de l'histoire de la jument Aura qui, après avoir désarçonné son cavalier au départ, n'en accomplit pas moins régulièrement le parcours sans lui, et arriva première devant les hellanodikes qui décernèrent le prix à son maître Pheidolas de Corinthe Nous avons vu que la cinquième et dernière journée des àyufvivp.«Tv. se terminait comme la deuxième par une procession suivie de sacrifices, à laquelle la présence des chars et des chevaux vainqueurs, et de leurs maîtres couronnés, devait prêter une splendeur particulière. Le XVI" jour de la lune clôturait la rcavlivuotç I l ; il était occupé principalement par des cérémonies religieuses accomplies en commun et constituant l'épilogue du festival (i7tT_),=-wp.2va) ". Une pompe solennelle, formée des vainqueurs, des magistrats éléens, des théores ou ambassadeurs de toutes les cités grecques représentées à Olympie, et d'un nombreux cortège, s'avançait processionneliement à travers 1'Altis, jusqu'au grand autel de Zeus, où avaient lieu les sacrifices (Ouodou) communs" ; les théores, de leur côté, rivalisaient de générosité envers le dieu''`, et le sang rougissait la 77 Ouctç de l'autel, formé tout entier des cendres des victimes' Les autres dieux n'étaient pas oubliés, et des offrandes particulières, iva.'hyvTa 13, étaient faites aussi aux mânes des héros dont on voyait les tombeaux légendaires à Olympie. Le soir venu, les magistrats réunissaient les vainqueurs dans un banquet, au prytanée 17. Nous connaissons trois exemples, dont le dernier surtout est fameux, où de grands seigneurs, voulant célébrer leur victoire avec un faste tout à fait exceptionnel, offrirent eux-mêmes un banquet, non plus seulement aux vainqueurs, niais à tous les hellènes assemblés à Olympie: au commencement du ve siècle, Anaxilas, tyran de Rhégion, vainqueur à 1'riprrl, après lui, à 1'01. 79 (464 av. J.-C.), son fils Léophron, vainqueur au quadrige, et enfin, à 1'01. 91 (416 av. J.-C.), Alcibiade, également vainqueur au quadrige, réunirent dans un festin colossal la 7ixteiy uptç tout entière ia Récompenses et honneurs décernés aux vainqueurs ; festivités; monuments commémoratifs. L'épithète iXVp.7rtov(x(Iç étai t désormais accolée au nom du vainqueur" et l'éclat de sa victoire rayonnait sur tout le restant de sa vie20. Son retour dans la cité qu'il avait illustrée, que ce fût sa patrie d'origine ou sa patrie d'adoption, était marqué par des réjouissances publiques et privées 21 dont la forme a dû nécessairement varier considérablement suivant les pays, et encore plus suivant les époques, durant les douze siècles couverts par les Olympiades. De tout temps on lui a saris doute fait une réception plus ou moins solennelle, à. laquelle prenaient part les magistrats et la population tout entière, mais ce n'est guère qu'à l'époque impériale qu'un cérémonial uniforme semble avoir été en vigueur pour la réception non seulement des olympionikes, mais généralement des vainqueurs à tous les grands jeux : d'après Suétone en effet, la pompe triomphale de Néron à son entrée à. Rome, après le fameux voyage en Grèce où il s'était fait proclamer vainqueur dans d'innombrables concours, tant à Olympie qu'à Pythô et aux autres jeux, fut calquée sur celle usitée pour les hiéronikes. Vêtu de pourpre et d'or et couronné de l'olivier d'Olympie, il fit son entrée par une brèche pratiquée dans les murs, monté sur un char (c'était celui d'Auguste) traîné par quatre chevaux blancs''. On ne trouve guère de triom plies pareils mentionnés à l'époque grecque : le seul qui s'en rapproche est celui que les Agrigeni.ins accordèrent ;iu stadiodroine Exainètos, vainqueur à 1'01. 92 (à!2 av. J.-C.),lorsqu'il fitsonentrée ilAgrigente sur un quadrige entouré et suivi dune multitude d'autres chars, parmi lesquels trois cents biges attelés de chevaux blancs'. Mais Diodore, qui elle Timée, ne rapporte cette anecdote ,rnrne un fait iiionnel, et à titre d'exemple du du luxe extra niant, des Agrigentin de l'époque. Si pareils honneurs avaient été d'un usage courant au temps où les jeux olympiques étaient à l'apogée de leur prestige, nous les trouverions certainement mentionnés tout au moins dans Pindare, qui n'y fait cependant nulle part la moindre allusion, non plus qu'aucun autre poète z ou qu'aucun historien antérieur à la période romaine. Les récompenses spéciales décernées aux olyttlpionikes par leurs concitoyens ont également ilé varier de ville à ville et de siècle à siècle. Dès la seconde moitié du vie siècle _Xénophane nous les représente comme jouissant de la pro-edrie aux jeux, nourris aux frais du trésor public et gratifiés de donations suffisamment importantes pour être transmises en héritage' : Ii Athènes leur gratification avait été fixée par Solon n. 500 drachrnes4; nous savons aussi qu'à Sparte ils avaient le privilège de combattre dans l'entourage du roi". Presque partout ils étaient exempts de prestations 3. A son retour le vainqueur lui-même célébrait sa victoire avec ses parents et ses amis par des fêtes ,(LrrwiitiA; qui atteignaient, quand il était riche et opulent, un haut degré de splendeur. Elles s'o rvl'u;ent par de nouveaux sacrifices d'actions de graees auxdieux, qui étaient souvent l'accomplissement de voeux faits avant la victoire. Ces voeux revêtaient parfois d'autres formes que celle d'un sacrifice : c'est ainsi que le Corinthien Xénophon,vainqueur à la fois au stade et au pentathle à 1'01. 79 (464 av. 1.-C,), consacra à Aphrodite cinquante hétaires 1. Durant le ueeoeç triomphal qui suivait les sacrifices, et qui se terminait à la tombée de la nuit par un festin °, un choeur de jeunes gens 9 exécutait des hymnes chantés et dansés t0 qu'accompagnait la lyre lipâcp'.y vl ou la, flûte et quelquefois les deux'. Vers la tin du vi0 siècle avant notre ère, à t à 3oque ou fie lyrisme dorien était parvenu à son apogée, l'usage s'établit pour les princes et les familles opulentes de commander à des poètes en renom des hymnes spécialement composés pour fia circonstance et étui prirent bientôt eux-mêmes le nom d'épinicies. C'est à cet usage que nous devons quelques-uns des plus parfaits chefs-d'oeuvre de la poésie lyrique, à savoir les odes triomphales de Pindare, dont treize sont consacrées à des olympiooikes'f Simonide semble avoir été le premier; avant Pindare, à composer des épinicies : en dehors de celle qui célébrait le triomphe olympique au quadrige du Thessalien Skopas19, dont le Protagoras de Platon ta nous e conservé la plus grande partir, notes n'en possédons matheureusement plus que des fragments peu importants. Saur les treize épinicies de Bac.chyiide qu'un papyrus trouvé en 1lgypte nous a rendues, quatre célèbrent des oit mpio nikes l' ; enfin à une époque ou le lyrisme dorien n'était plus qu'un soutenir, Euripide fit revivre la forme ancienne de l'épinicie en l'honneur de Ii fauaeuse victoire d'Alcibiade à 1'01. 91'8. La célébration dei c ;Ioda ne su sait, pas toujours immédiatement le retour du vainqueur et se trouvait parfois retardée assez longtemps : nous en avons un exemple très connu dans la \e Olympique de Pindare, oit le retard dont, s'excuse le poète a dû forcément faire ajourner la fête elle-même''. II semble également résulter de certaines ode-, le Pindare que Fann.hiersaire de la victoire était parfois fêté par de nouveaux ~r..v{xix analogues aux premiers 20. Des monument, divers perpétuaient, la gloire dr -vainqueur dans sa patrie"-' ; c'était parfois la. cité qui_ les érigeait", niais nous voyons nombre doly'mpronikes illustres se charger eux-mêmes de conserver le sou-venir de leurs triomphes c'est ainsi qu àlcibiade se fit peindre par Aglaophon, entre la nymphe Olympias et la nymphe Psthias qui le couronnaient., et fit placer le tableau dans la Pinacothèque des Propylées". Souvent les monnaies frappées par les vainqueurs ou par les cités auxquelles ils appartenaient -.filaient porter par tout le inonde grec le 'emoigilage et te souvenir de. leur gloire : des médailles de lhhégion et d.e Messina montrent l'avers l'âr nv ii, victorieuse d'4 lilas d'autres, de Syracuse (ûg, 54100), cl' lgrigente (fig 5399', de Camavine et de Cyrène, portent au revers des quadriges couronnés par Nikè, commémorant les victoires de Gélon, de Hiéron, de lhéron de Psat'n.is et a srké'.ilas'9. Mais n'est à fin , r lpie .même que lee 5aloqueurs trouvaient, le meilleur moyen d:illustrer et d'immortaliser leur victoire, en vertu de la règle qui permettait à tout, 0LY 192 0. UV olympionike d'ériger dans l'Altis une statue commémorant son triomphe '. Ce furent d'abord de simples xoana en bois 2, dont trois étaient encore conservés du temps de Pausanias Le plus ancien de ceux-ci était celui du jeune Spartiate Eutélidas qui, à 1'01. 38 !628 av. J.-C.), la seule Olympiade à laquelle le pentathle des actes ait jamais figuré, avait triomphé à la fois dans ce concours et à la lutte des 7:~duç ; les deux autres étaient ceux de l'Eginète Praxidamas, vainqueur au pugilat à 1'01. 39 (541 av. J.-C.), et de l'Oponlien Rhéxibios, qui triompha au pancrace à l'01. 61 (536 av. J.-C.) °. Le xoanon de Rhéxibios est probablement la dernière statue en bois qui ait été érigée dans l'Apis: en effet, celle de 1 aulète Pythokritos, qui lui était contemporaine, était déjà en bronze ', de même que celle de Milon de Crotone commémorant la victoire du fameux lutteur à 1'01. 62 (552 av. J.-C.) 6. A partir de cette époque, le bronze semble avoir été la seule matière admise pour les monuments d'olympionikes dans l'Anis. Les premières images de bois ou de bronze n'étaient individualisées que par leurs inscriptions, mais dès le moment où l'art grec devint capable de fixer la ressemblance individuelle, les statues ont dû être en grande partie des portraits. Pline, il est vrai, enseigne que ce n'est qu'après trois victoires qu'un athlète aurait eu le droit de dédier une statue reproduisant ses traits ' : cette règle, si elle a jamais existé, semble avoir souffert de nombreuses exceptions surtout en ce qui concerne les vainqueurs aux concours hippiques'. D'après Lucien, les statues ne devaient pas dépasser la grandeur naturelle" ; ici encore il a dû y avoir des exceptions " : le piédestal retrouvé à Olympie de la statue par Mycon du pancratiaste Kallias d'Athènes 12 qui triompha à 1'01. 77 (472 av. J.-C.), montre en effet qu'elle devait être plus grande que nature 13. A côté des statues d'athlètes, on voyait parfois celle d'un alipte que la reconnaissance du pupille vainqueur avait élevée à son maîtref6. Enfin, sur les monuments équestres, chars attelés ou chevaux montés, l'hénioque ou le jockey qui avait mené les chevaux à la victoire avait naturellement sa place''. Tous les monuments portaient des inscriptions relatant les noms du vainqueur, de son père, et de la cité qui le réclamait, ainsi que du sculpteur qui avait créé 1'muvre16. Ces inscriptions étaient souvent en vers; Sirnonide et d'autres grands poètes ne dédaignèrent pas d'en composer". Les fouilles d'Olympie ont mis au jour plusieurs de ces inscriptions métriques 1h dont les auteurs anciens, et notamment Pausanias, nous ont conservé de très nombreux exemples; c'est surtout l'Anthologie qui les a recueillies : mais ici il convient de distinguer celles qui ont été réellement copiées sur les originaux de l'Altis de celles qui ne sont que des pastiches de l'époque alexandrine ou même byzantine. L'érection des monuments était entièrement à la charge des vainqueurs'', et comme ceux-ci ou leurs amis ou même les cités auxquelles ils appartenaient n'étaient pas toujours en mesure ou ne se souciaient pas de supporter les dépenses considérables qu'entraînaient tant l'exécution artistique de l'oeuvre elle-même que son transport et sa mise en place, il s'en faut de beaucoup que tous les olympionikes aient eu leur statue dans l'enceinte sacrée 20. II arrivait que le monument ne fût élevé que longtemps et même des siècles après la victoire, parfois sur l'autorité d'un oracle, par la cité ou le peuple auquel avait appartenu le vainqueur". En dehors des statues et des groupes érigés dans l'Apis et les représentant eux-mêmes, leurs chars ou leurs chevaux, les olympionikes consacraient à Zeus des ex-voto de toute nature qu'on conservait dans le trésor du temple. 11 est probable qu'à l'origine ces ex-voto, souvent fort modestes, ont été les seuls souvenirs de leur victoire que les vainqueurs laissaient au dieu : ils se présentent, dans les temps très anciens, soit sous forme de statuettes, en bronze ou en terre cuite, d'hommes, de chars ou de chevaux, dont on a trouvé des quantités considérables dans les fouilles22, soit sous celle d'objets ayant servi aux concours : c'est ainsi qu'on a découvert à Olympie une grande pierre de forme irrégulière, ayant sans doute servi de disque, qui porte la mention d'un exploit particulier accompli par un athlète et qui a dû évidemment être consacrée au dieu23. Dans la Ve Pythique, Pindare nous montre l'hénioque d'Arkésilas de Cyrène, Karrhotos, consacrant dans le trésor d'Apollon à Delphes, le quadrige magnifiquement orné avec lequel il avait remporté la victoire pour son maitre à la 31' Pythiade (462 av. J.-C.)2'1; il n'y a pas de doute qu'à Olympie aussi les chars victorieux ne fussent souvent consacrés à Zeus, et il est possible que ce soit sous cette forme seulement que les victoires équestres aient été primitivement commémorées". Les ex-voto étaient parfois OLY 193 OLY de la plus grande magnificence; c'est ainsi qu'un Rudajours sur la force, le développement harmonieux de mos de bronze du poids de 300 talents éginétiques fut toutes les parties du corps humain 9 [ATHLETAI. C'est à consacré à Zeus par Myron, tyran de Sicyone, en reeux que la Grèce a dû les combattants de Marathon, connaissance de sa victoire au quadrige à 1'01. 33 des Thermopyles et de Platée, et les éphèbes superbes (64.8 av. J.-C.) '. Moins d'un demi-siècle plus tard, nous dont ses sculpteurs ont fixé à jamais dans le marbre et voyons Périandre, tyran de Corinthe, offrir à Zeus une le bronze les formes admirables. Au point de vue des arts statue en or du dieu, également comme âvxOrya d'une plastiques, on peut se demander si, à défaut des jeux, la victoire au quadrige 2 ; la « corne d'Amalthée » en ivoire peinture et la sculpture grecques auraient jamais atteint dédiée par Miltiade, fils de Kypsélos, d'Athènes, et conce haut degré de perfection qui a fait de leurs créations servée dans le trésor des Sicyoniens, était probablement les modèles éternels du beau 10. aussi un ex-voto en l'honneur de sa victoire au quadrige, Après le ve siècle qui les avait vus à l'apogée de leur remportée vers le milieu du vie siècle '. Néron, après son éclat, la mission civilisatrice des jeux olympiques perd équipée à Olympie, dédia à Zeus quatre couronnes d'or'". considérablement de son importance. Dès le début du A leur mort, des tombeaux magnifiques étaient élevés Ive siècle et pendant toute la période macédonienne ou aux olympionikes et parfois, surtout dans les temps hellénistique, au fur et à mesure que le contingent de la anciens, un culte héroïque leur était rendu 6. Les cheGrèce propre diminue, le nombre d'athlètes envoyés par vaux eux-mêmes étaient quelquefois associés aux Éonles colonies va du reste croissant, jusqu'à former durant neurs funèbres qu'on rendait à leurs maîtres victorieux, la période romaine et impériale l'immense majorité des dont ils partageaient la sépulture'. concurrents' 1. Les membres des familles aristocratiques Le rôle des jeux olympiques dans la civilisation descendent, de moins en moins dans l'arène, et font place grecque. La décadence, la /in. Dès la fin du vie siècle aux athlètes de profession [ATHLETA], les grands seigneurs avant notre ère le festival olympique apparaît comme concentrant leur ambition sur les concours équestres. Le l'un des facteurs les plus puissants de l'unité morale titre d'olympionike n'en garde pas moins son prestige, et du monde hellénique : plus, en effet, qu'aucune autre l'on voit encore maintes fois, surtout à l'époque inné institution de l'Hellade, il a contribué à faire naître riale, des personnages de marque ou porteurs de noms et à développer chez les Grecs l'esprit de race, à défaut illustres payer de leur personne polir conquérir la cou de l'esprit de nationalité qui n'a jamais existé chez ronne d'olivier ; le dernier vainqueur olympique dont la eux, tout au moins au sens où nous l'entendons. La chronique fasse mention avait du sang royal dans les réunion périodique en une 7tav~yuuç solennelle, sous les veines : c'était un Arménien du nom de Varazdatès, de auspices de Zeus devenu le dieu suprême de l'Hellade, la famille des Arsacides, réfugié à la cour de Théodose des représentants de tous les pays de langue grecque, le Grand, qui triompha au pugilat à 1'01. 29l (385), et créait forcément entre eux des échanges d'idées, des fut fait six ans plus tard roi d'Arménie par le même façons de penser communes qu'ils introduisaient chez Théodose12. eux et disséminaient à leur tour parmi leurs concitoyens. Depuis la prise de Corinthe par Mummius en 146 av. L'Ionien d'Asie, le Dorien de Sicile, de Tarente ou de J.-C. jusqu'à Auguste, les jeux olympiques semblent Cyrène, revenait chez lui fier d'être Hellène avant tout avoir été tenus en médiocre estime par les conquérants, et faisait partager sa fierté à tous ceux à qui il racontait qui ne voyaient dans la grande panégyrie panhellénique les splendeurs dont il venait d'être témoin. Les athlètes qu'une institution étrangère à leurs moeurs et pouvant et leur entourage, après leur long stage à Élis et à Olymdevenir dangereuse comme manifestation nationale 13 ; en pie, s'en retournaient tout imbus des idées de la mère l'an 80 avant notre ère, Sylla, pour donner plus d'éclat patrie, et quand ils rentraient victorieux, la couronne à la pompe de son triomphe, fit venir à Rome, avec la qu'ils rapportaient formait désormais un lien de plus et plus superbe désinvolture, tous les concurrents adultes un lien de gloire indissoluble avec celle-ci. Et puis, peuréunis à Olympie pour la célébration de la 173 Olym dant la trève de Zeus, les inimitiés de ville à ville, de piade, réduisant ainsi les jeux de celle-ci aux seuls peuple à peuple, étaient momentanément oubliées : dans concours des na tç 13. Les empereurs adoptèrent une poli l'enceinte du dieu et autour de son autel, sur les talus tique différente : ils encouragèrent et patronnèrent les du stade et sur ceux de l'hippodrome, dans la plaine de jeux, auxquels plusieurs d'entre eux tinrent à honneur de l'Alphée, il n'y avait plus d'ennemis, il n'y avait plus que prendre part, et qui, gràce à eux, brillèrent pendant trois des Hellènes réunis pour une solennité toute pacifique siècles encore d'un dernier éclat15. Jusqu'à Constantin, autour du sanctuaire le plus sacré de l'hellénisme, dans malgré les innombrables jeux qui s'étaient établis un peu une pensée religieuse commune. partout d'après le prototype éléen, et dont il sera question L'influence des jeux, et avant tout des jeux olymà la section III, l'antique festival conserva le premier rang piques, n'a pas été moindre sur l'individu pris isolément parmi les -rav'ryéoetç, et resta le centre unique de l'flellé que sur les communautés: d'une part, ils encourageaient nisme expirant. Le triomphe du christianisme lui porta cet esprit d'émulation, ce désir de se distinguer parmi un coup mortel, comme à toutes les institutions patelines, la foule, inné chez les Grecs 8; d'autre part, ils favoriet le discrédit dans lequel il tomba fut tel, que pendant le saient par des exercices savamment combinés, dans dernier siècle de son existence c'est à peine si les ins lesquels l'agilité et l'adresse l'emportaient presque tous criptions nous donnent les noms de deux ou trois vain VII. n i_1à.y gireurs. 'héanlnoius r (lu:, Savons qu'a la veille de .Bave-rcment au trône d° l'empereur Julien, les i.leens cotai niaient , le célébrer ' ; il fut officiellement aboi au commencement de VOL tili,It 1 (393) par Théodose qui interdit eux pour I venir 2. Trente arts plus tard Théodose Il I, mettre le feu tu grand. tc1ztle-, soirs les ruines duquel imerent a la, les doline siècles de gloire du festival Zeus à (2 e3. 11. nrn.ciriene et certaines inscriptions de poque impériale qualifient d''Oi,éu.r.la une fête célébrée à Athènes, dont le véritable nom, tout au moins avant sa restauration par Hadrien, parait avoir iii à l'époque impériale on lui. donna, également le noiti d O)agu:ce 3. Son origine doit remonter ePisistrate et. à. la fondation ver:, Vannée 530 av. Ji-C., sur les bords de l'llissos, du grand temple de Zeus : % Olympieion 7. D'r leur institution, les Cil ospi,via prirent nue grande importance et reléguèreut au. second plan les antiques 'urne qui avaient été jusqu'alors ia fête principale de Zeus à Athènes Les Olvmpieia se célébraient chaque année au printemps, entre les Grandes Dionysies et la fête des Ben didea a, vers le 19 du mois de Munychion (avril-ruai) "vraisemblablement dans l'enceinte même de 1'Olym~ pieion1l. Outre des sacrificespublics " 2 accompagnés d'une procession de cavaliers portant des couronnes", elles comprenaient des jeux équestres" et gymniques'', sur lesquels nous n'avons malheureusement pas de renseis gnernents. A aucun moment les tulympieia n'ont été un a "r'e ,rt:Eliavt'c-r,ç le : les vainqueurs recevaient des prix en nature; d'après Doeekh i3 et Fathgebei' 13 ces prix auraient été, comme aux Panathénées, de l'huile d'olive contenue dans des amphores de terre cuite. Par suite de l'appauvrissement d'Athènes, la fête des Olympieia était, comme la plupart des grandes fêtes :attiques, tombée en désuétude" lorsque Hadrien, e l'occasion de l'achèvement de=; l'Olympieion, la restaura avec un éclat nouveau. Cette restauration et la dédicace du temple de Zeus doivent se placer lors du troisième :vagc de l'empereur a Athènes, en Vannée 1r9 de note.., est ii cette époque sans doute qui, les Athéniens n;. 'eut a Hadrien le titre cl 'C (.. ka.uc 21. s Olympieia, continuèrent. vraisemblablement à être 1'; _:, , comme par le passé, eu. mois de ylunychion 22, mais, à l'imitation des Olympia de Pise, la fête devint dès lors pentaëtérique; cette innovation parait même avoir été le point de départ, d'une ère olympique spéciale". ill. --Le nom d"Oi.agoux fut donné, -principalement à l'époque hellénistique et à l'époque romaine, et surtout sous les empereurs, -à une multitude de jeux institués dans toutes les parties du monde grec et gréco-romain, principalement. en .Asie, à l'imitation des'Oi,tigc,a de Pise CPR:1' .7181n,r.UDrileu'i'",etpardélégationdesPisateuqui ,e faisaient payer le droit de les célébrer'. Pour distinguer ces jeux locaux tant les uns des autres que du grand festival panhellénique d`Olympie, il devint nécessaire d'accoler au nom de 1a fête celui de l'endroit ou elle se célébrait; c'est ainsi que nous lisons dans les ins 'Oalv.rcta. iv Zujéivrrl ", etc. La plupart de ces « petits jeux olympiques ne nous sont d'ailleurs connus que par de simples mentions dans des inscriptions ou sur des médailles; nous les, énumérons ci-dessous par ordre alphabétique, avec les quelques particularités que nous connaissons pour un petit nombre d'entre eux, zfegae. La ville d'Aegae était l'antique résidence des rois de Macédoine et renfermait leurs tombeaux"; le culte de Zeus y avait été introduit par Arcilelaos. C'est là qu'Alexandre, après son retour de Grèce en automne 335, offrit au dieu des sacrifices solennels et institua, en son honneur et en l'honneur des Muses, des'O)aira''s qui, à côté de jeux équestres et gymniques, doivent avoir compris également un ?iecend,'ie, 1,a ville où toutes les manifestations de la vie grecque trouvèrent leur prolongement et brillèrent d'un dernier éclat, ne pouvait manquer de se signaler aussi dans le domaine de l'agonirtique '. L'existence de jeux olympiques à Alexandrie est attestée par une inscription qui permet d'en fixer l'institution à l'année 176 de notre ère33, C'est la date à laquelle les Alexandrins élevèrent une statue à l'empereur Mare-Aurèle" qui avait comblé leur ville de bienfaits et d'honneurs, malgré la révolte qu'il avait été obligé d'y réprimer en personnel'`. Bien que Marc-Aurèle ne porte nulle part le titre d"OXug.moç , il v a cependant lieu de croire que c'est en son Honneur que les, jeux d'.Àlexandrie furent institués ". Ces jeux étaient pentactériques et comprenaient tout au moins des concours gymniques'' lea ,,e,cos. -Les ,jeux olympiques d'Anarorbos, eu Cilicie, ne nous sont connus que par les inscriptions de ;médailles frappées à l'effigie de l'empereur Sévère Alexandre de Trajan Dèce" et de sa femme Etruscdla'". OLY --195 OLY Antioche. Les jeux olympiques d'Antioche de Syrie avaient lieu dans le faubourg de Daphnie, situé à une distance de 40 stades de la ville. Il y avait là un bois sacré d'une merveilleuse beauté qui, d'après Strabon, mesurait 80 stades de pourtour ; on y célébrait primitivement la fête des Daphnea, en l'honneur d'Apollon et d'Artémis, dont le temple fameux béai par Seleukos Nikator s'élevait au milieu de l'enceinte sacrée'. Durant le règne d'Auguste un riche sénateur d'Antioche du nom de Sosibios laissa par testament toute sa fortune à sa cité natale, à la condition qu'on y célébrerait tous les quatre ans, au mois d'f'7rsofoseTatoç (octobre', des jeux qui devaient durer trente jours'. Sous Claude les Antiochéens se plaignirent à Rome de l'usage abusif que leurs magistrats faisaient du legs de Sosibios et obtinrent de l'empereur l'autorisation d'acheter aux Pisates le droit de transformer les jeux en Jeux Olympiques. Le marché fut conclu en l'année 45 de notre ère pour une période de 360 ans'. Toutefois les Olympia d'Antioche ne furent célébrés d'une façon régulière qu'à partir du règne de Commode qui leur donna une organisation définitive. Les jeux devaient durer quarante-cinq jours et avaient lieu à l'époque des fêtes des 'Avaààr,u.arx ou Sacrifices, c'est-à-dire aux mois de Panemos (juillet) et de Loos (août) in La première célébration eut lieu en l'année 181', avec une splendeur extraordinaire ', dans le Xyste construit par l'empereur. On y vit accourir, rapporte le chronographe Malalas, l'élite de la jeunesse des contrées environnantes, les concurrents rivalisant entre eux de luxe et de dépenses'. Le programme des jeux comprenait des âywrç yuu-vtxoi (course, lutte, pugilat, pancrace), des âyô i6ç Irttttxoi (concours de chars attelés de poulains) et de plus un concours de Tpaytxà géar,. Ces concours étaient ouverts aussi bien aux jeunes filles qu'aux jeunes gens : celles qui s'y destinaient suivaient les règles d'une chasteté austère et prenaient part aux divers jeux vêtues d'une sorte de caleçon (3oufwxpta) ; elles concouraient entre elles et n'étaient pas les moins acharnées. Les vainqueurs étaient couronnés par acclamation du e peuple saint » et devenaient dès lors sacrés; ils étaient séance tenante consacrés prêtres ou prêtresses et observaient la chasteté ,jusqu'à leur mort. Leurs propriétés foncières étaient, leur vie durant, exemptes de tout impôt, et s'ils étaient à la tête d'une corporation d'ouvriers, celle-ci était dispensée de toute corvée Le décret impérial qui organisait les jeux, évidemment dans la forme et suivant les règles proposées par les gens d'Antioche, confiait la direction suprême de la fête à un alytarque qui semble avoir été un personnage extrêmement important Un rescrit de l'ernpereur'1'héodose Il, daté de l'année 409, le nomme en tête de tous les autres dignitaires d'Antiochef0. Pendant la durée des Chronogr. p. 287-2238. 9 Ibid. p. 288-289. 9 Ibid. p. 286; cf. Krause, Oiynp. jeux, il personnifiait Zeus lui-même et on lui rendait un véritable culte. Il portait un vêtement blanc tramé d or, une couronne ornée d'escarboucles et d'autres pierres précieuses, un sceptre d'ébène et des sandales blanches. Jusqu'à la fin de la fête il n'entrait dans aucune maison et ne couchait plus dans un lit, mais en plein air, dans l'enceinte de la basilique Césarienne, sur une couche de pierres recouverte d'une claie d'osier et de tapis exempts de toute souillure". Jusqu'au vie siècle, les Olympia d'Antioche jouirent d'un très grand renom. Le rhéteur Libanius et saint Jean Chrysostome, qui étaient l'un et l'autre d'Antioche. nous donnent de nombreux détails sur les jeux, auxquels Libanius tout au moins assista plusieurs fois ". Ils furent supprimés par l'empereur Justin en l'année 521 de notre ère i3. Aphrodisias, -La ville d'Aphrodisias de Carie était le siège de jeux nombreux1«; on y célébrait entre autres des "O1,ûu.7cra et des fi)Ota. Mionnet signale une médaille de Gallien, frappée à Aphrodisias, sur le revers de laquelle est figurée une grande table portant deux urnes agonistiques ; sur l'une des urnes est écrit EIIIN., sur l'autre OAT'M 1C. Attaleia. Plusieurs médailles d'Attaleia en Pamphylie, à l'effigie de Valérien père et de Valérien jeune, portent au revers l'inscription ATTAAEf2N IEPOC OIKOï MENIKOC f0 ou IEPOC ATTAAEtJN OAEMIIIA (ou OAS'MIIIOC) OIKOY'MENIKOC 17, qui se rapporte sans doute aux mêmes jeux pentaétériques qui se trouvent, mentionnés dans plusieurs textes épigraphiques découverts en Pamphylie, à Attaleia même et à Aspendus'6' Kerala. Les 'OÀopatrce ou 'O)aititttx 'Ana âvfpeta de Eeroia, en Macédoine, dont l'existence nous est connue par les inscriptions et les médailles, furent institués, à ce qu'il semble, par Gordien le Pieux, en l'année 242 de notre ère 19 Cyrène. C'est à tort qu'on a cru pouvoir déduire du vers 101 de la ixe Pythique de Pindare qu'on célébrait à Cyrène aussi des jeux olympiques 20 ; il ne peut être question dans ce vers que des Olympia d'Athènes" ou de ceux de Pise. Le cheval au galop, la roue de char et le quadrige qui figurent sur certaines médailles de Cyrène ne constituent pas davantage une preuve de l'existence de ces jeux Cyzique. L'existence d'Olympia à Cyzique nous est connue par des médailles 23 et des inscriptions'-` ; celles-ci mentionnent également des `Alpxvctx 'O)t)yttte Damas (Ccele-Syrie). Certaines médailles de Trc.b onianus Gallus et de Volusien font mention des jeux olympiques de Damascus'". Dion (Macédoine). Les jeux olympiques qu'on y célébrait furent institués à la fin du ve siècle avant notre ton, Inser. d'Asie Mineure, no 1367; Bull. cor'. hall, (1853), p. 203-261 ; x OLY 196 OLY