Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article POLÈTAI

POLÈTAI (llwa Itia(. Magistrats d'Athènes et de quelques autres villes en Grèce, littéralement les vendeurs publics. D'après Aristote les pôlètes auraient existé dès l'époque de Solon. Mais les inscriptions ne les mentionnent pas avant le ve siècle 2, et l'organisation qu'on connaît à cette magistrature est certainement postérieure à Clisthènes. La charge des pôlètes était une rzpyr 3. Ils étaient dix, désignés au sort, un par tribu. Chacun d'eux avait la présidence du collège pendant une prytanie 4. Ils avaient leur local, le -unirlTiipiov POL Ils prenaient charge des biens confisqués sur les individus condamnés par contumace devant l'Aréopage ou tout autre tribunal ; ils les mettaient, en vente devant le Conseil, avec la garantie des neuf archontes. Ils recevaient aussi des Onze et vendaient en séance du tribunal les biens enlevés par voie d'â oypa'r aux débiteurs insolvables du fisc Toutes ces opérations étaient consignées sur des inventaires soigneusement tenus à jour '. Le prix des maisons était, exigible en cinq annuités, celui des terres en dix, et l'acompte annuel, la xxrxéo) il, se versait à la neuvième prytanie. Le produit des biens meubles était immédiatement remis par les pôlètes aux fonctionnaires compétents $. On a retrouvé de nos jours un certain nombre d'inscriptions qui constituaient la comptabilité des biens confisqués et vendus : elles ont été analysées à l'article DDMIOPRA'rA. Depuis la publication de cet article, la IloatrECx d'Aristote a précisé la nature de la xxrxào),r. Des fragments nouveaux ont été découverts. Ils nous font connaître d'autres ventes de biens confisqués sur des Hermocopides et des profanateurs de mystères, sur Nikiadès Phéréklès 10, Alcibiade de Phègous " et Chairédèmos 1'. Ils nous donnent aussi l'état des meubles qui garnissaient la chambre à coucher d'Alcibiade, état dont Pollux avait déjà tiré de précieux renseignements ". Parmi les objets que les pôlètes mettaient en adjudication se trouvaient fréquemment des esclaves. C'étaient le plus souvent les esclaves du condamné ou du débiteur, attribués au fisc avec le reste de ses propriétés ". C'était quelquefois le condamné lui-même; car les métèques étaient passibles de confiscation et de servitude pénale, quand ils ne payaient pas le p.Eroixtov ou succombaient Les pôlètes avaient à conclure tous les baux de l'État et à préparer par leurs archives la rentrée des fermages ". L'adjudication des domaines sacrés n'était pas leur affaire ; mais ils pouvaient assister le roi, qui en avait le soin 13. Les pôlètes avaient dans leurs attributions l'affermage des mines. Ils procédaient aux adjudications en séance du Conseil. Un vote à mains levées désignait les adjudicataires, auxquels ils conféraient les garanties légales, de concert avec le trésorier des fonds militaires et les administrateurs du théorique. Ils affermaient les mines en exploitation (Ep• oicip.x, àvxaz;tp.x) pour une durée de trois ans, et les concessions nouvelles (auyxEztop'r,u.€vx, xauioTopàat) pour dix ans. Ils rédigeaient en deux chapitres les actes ou ôtxypxgxl qui portaient le nom et les limites des mines avec le nom des preneurs et les redevances convenues " [METALLA, p. 1868-1869]. Pour la ferme des impôts, les pôlètes n'intervenaient qu'après la proclamation des adjudicataires parle Conseil, pour leur donner les garanties nécessaires 20. Sur des POL 543 PO\I tableaux blanchis, qu'ils remettaient au Conseil, ils dressaient l'état annuel des impôts affermés avec le nom des adjudicataires et les prix d'adjudication. Ils dressaient ainsi dix tableaux pour ceux qui devaient opérer un versement à chaque prytanie, trois tableaux pour ceux qui devaient effectuer trois paiements dans l'année, et un tableau pour ceux qui devaient s'acquitter en une fois à la neuvième prytanie. Quand ils avaient reçu décharge de ces tableaux, leur rôle était fini : le recouvrement était l'affaire des apodectes. L'adjudication des travaux publics rentrait dans la fonction des pôlètes, mais toujours sous le contrôle du Conseil. C'est à eux que revient, au Ve siècle, le soin de faire graver et ériger les stèles à inscriptions, dans les limites de prix qui leur sont fixées à l'avance'. Ils mettent en adjudication, d'après les devis de l'architecte, la construction d'un corps de garde sur l'Acropole, des travaux de clôture dans le temple d'Athèna Nikè et dans celui de Codros, Nèleus et Basile 2. Au Ive siècle, ils adjugent le bornage de l'Orgas éleusinienne, après établissement des devis d'accord avec lesproèdres; ils adjugent d'autres travaux sous la présidence de l'administrateur des finances (b i: d T{i ôtotxloet) assisté de deux épistates Hors d'Athènes, les fonctions des pôlètes étaient le plus souvent exercées par les fonctionnaires les plus différents ou même par des commissaires désignés parmi les citoyens 6, A Mylasa, par exemple, l'exécution du 7 w)'r rtxaç vd,u.oç revenait surtout aux trésoriers ordinaires ". Cependant certaines villes avaient des pôlètes spéciaux. Ils mettent en adjudication la gravure et l'érection des stèles à Halicarnasse, à Rhodes, à Cos 6. A Cos également, ils vendent les sacerdoces Delphes avait, vers l'an 320, années, ils affermaient les dîmes du dieu et peut-être, les domaines sacrés; ils ordonnançaient à l'occasion les paiements aux lieu et place du Conseil s. Le 7rwarür,ç d'Epidamne n'avait aucun rapport avec ces fonctionnaires : c'était un délégué commercial, mais investi d'une autorité publique, qu'on envoyait tous les ans représenter les intérêts des citoyens sur le marché d'Illyrie '. GUSTAVE GLOTZ.