Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article STÉPHANÈ

a-ré favoç avec la signification de couronne [CORONA], a aussi une acception plus restreinte; il désigne alors une parure de femme '. On semble s'accorder à y voir cette couronne spéciale, qui ne fait pas le tour entier de la tète, mais qui est posée sur le devant et dont le bord supérieur, décrivant une courbe, est plus haut ordinairement en son milieu qu'à ses extrémités. C'est ce que la bijouterie moderne appelle diadème [DIADEMA], s'éloignant en cela du sens ancien du mot. Les monuments et les textes nous le montrent sur la tête de Héra [Km], d'Athéna', d'Artémis d'Aphrodite4 et d'au tres déesses et aussi de mortelles' ; de dieux ou d'hommes pour lesquels il est l'insigne d'une fonction, d'un rang supérieur, ou la marque d'un luxe extraordinaire, quelquefois d'une origine étrangère 7. Le haut diadème d'or, précieusement travaillé, souvent enrichi de pierreries ou de perles, fut en effet connu d'abord en Asie, et certainement il se passa beaucoup de ternps avant que des femmes grecques " prissent l'assurance de mettre sur leur tète la tiare et la couronne d'abord réservées aux divinités ou à leurs ministres. Dans les exemples que nous possédons on ne distingue pas toujours les stéphanés qui ont pu appartenir aux unes et aux autres. Celle qu'on voit (fig. 6631)" peut avoir été portée ou bien consacrée dans un temple; elle est de pur style grec et contraste par ses proportions rnesurées et le goût de ses ornements avec les dimensions exagérées et la décoration surchargée, plus asiatique qu'hellénique, dont beaucoup de statuettes d'un temps postérieur nous montrent les modèles 10 La fig. 6632 reproduit une petite tète en terre cuite du musée du Louvre, d'un type qui se rencontre assez fréquemment, où est imitée l'orfèvrerie des diadèmes de la période hellénistique, tleuronnés ou dentelés, ciselés, repoussés, repercés et garnis de pierres précieuses. IL Dans la langue homérique" 6Te0.v1 désigne encore un casque ou la partie du casque qui entoure et couvre le front 12. III. Le même nom a été donné aux parties saillantes qui forment couronnement au sommet d'une construction quelconque t3, maison tour'', autel 18, tombeau", d'une table même" ou d'une corbeille''', aussi bien qu'à la précinction supérieure d'un théâtre 20, ou à l'enceinte crénelée d'une ville 2'. IV. Stéphanè est aussi un piège disposé en couronne pour prendre les bêtes sauvages [PEDICA]. E. SACLIO. Grèce de ceindre son front d'une couronne dans les fêtes', ou quand on allait offrir un sacrifice [cotoNA] ; mais en dehors de ces cas généraux, certains personnages portaient, constamment, semble-t-il, une couronne comme insigne de leurs fonctions : ainsi les chorèges et les thesmothètes'. L'entrée en charge du prêtre de Panamara, qui n'a point le titre de stéphanéphore, se dit 7rxo.'risi16 rob' aTepàvov 4. Il est donc singulier que ce titre ait été réservé à un seul dignitaire dans un certain nombre de villes. Ses attributions, variables et mal connues, devaient être surtout religieuses, concerner le culte du dieu, principal protecteur de la cité', et elles entraînaient la prérogative de l'éponymie 6 [EpoxymoS]. Cette stéphanéphorie se rencontre principalement en Ionieà Milet', à Héraclée du Latmoss, à Aegialè dans file d'Amorgos t0, à Amyzon ", à Priène où le prytane est remplacé, comme éponyme, par le stéphanéphore à l'arrivée d'Alexandre dans le pays'", etc. 13. A l'époque hellénistique et au début de l'époque romaine, elle a surtout un caractère très honorifique 1i ; aussi la décerne-t-on volontiers à un souverain : Alexandre fut éponyme de Milet"; dans la STE 1509 STI liste d'Héraclée ', on trouve plusieurs personnages appelés Ka'a«p, qu'on ne peut exactement identifier, mais qui semblent être Auguste et divers membres de sa famille; à Milet encore, un empereur reçut la même faveur Naturellement, la stéphanéphorie ne tarda pas à devenir une charge aristocratique et dispendieuse, comme la plupart des magistratures municipales de ces contrées. A Priène3, le stéphanéphore Zosimos invite tout venant, citoyen ou étranger, à un repas fin (r),uxlauôç), terminé par un concert et des exercices de pantomime ; il donne des bains gratuits, consacre à une divinité locale une phiale d'argent de grand prix. A Iasos, un habitant a promis de s'acquitter de cette éponymie dans deux ans; les citoyens supportent avec peine ce délai ; pour les faire patienter, il donne un acompte de 2000 deniers 4. Une inscription de Nysa' constate les libéralités d'un personnage qui a voulu rendre la stéphanéphorie immortelle »; craignant qu'on ne trouvât personne pour y subvenir, il a fait une fondation destinée à en couvrir les frais'. La dignité est probablement élective en principe 7 mais il faut avant tout être riche; par suite, une femme peut être désignée. Pour faire honneur aux plus généreux, on n'indique pas toujours dans les inscriptions le nom (lu stéphanéphore en exercice ; les texte portent quelquefois : personne ne se présente, et que le trésor du sanctuaire soit en mesure d'y suffire, l'éponymie, est con férée au dieu le plus vénéré de la villes. Apollon est stéphanéphore à Antandros 10, à Priène " avec Zeus 12. Quand le même honneur est réservé au héros éponyme d'une tribu (Ajax, Acamas, Cécrops, Hippothon, etc.) 1', on voit moins nettement qui en fait la dépense. On s'est demandé " si, à l'époque romaine, la stéphanéphorie était une magistrature ou une liturgie. Aç~ il, disent les textes plus anciens ; mais la question n'offre qu'un intérêt théorique; commetouteslesanciennes magistratures, celle-ci a évolué vers la liturgie 'a. A Athènes, l'atelier monétaire se trouvait, à ce qu'il semble, dans un héroon dédié à un personnage dit stéphanéphore et qui devait être Thésée; delà cette formule, transmise par une inscription 17, de drachmes du stépha