Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CORONARIUS

CORONARIUS, CORONARIA. £Tetpavor),dxoç, utetavo7rà)ccç. Fabricant et marchand de couronnes. L'emploi que l'on faisait chez les anciens, dans toutes sortes de circonstances, de couronnes de feuillages et de fleurs [CORONA] avait donné naissance à la profession de ceux qui les tressaient et qui les vendaient. Il s'en faisait un grand commerce chez les Grecs aussi bien que chez les Romains. A Athènes, l'endroit où se tenait le marché des couronnes s'appelait ai Mupp(vat : le myrte y était, en effet, particulièrement abondant. Il y avait des marchés semblables dans les autres villes, à Sicyone, par exemple, où, disait-on, Glycère, que Pline qualifie' de « inventricem coronarunz » , composait ses couronnes avec tant d'art qu'elle rivalisait avec le pinceau du peintre Pausias, son amant. Celui-ci la représenta dans un tableau qui était célèbre dans l'antiquité sous le nom de Stephaneplocos ou Stephanepolis. C'est le nom que l'on donnait en Grèce auxpersonnes, principalement des femmes, qui tressaient et vendaient des couronnes'. Les Ro mains les appelaient coronarii et coronariae 4. Leur industrie consistait à fabriquer non seulement IL les couronnes dont on se parait dans les cérémonies religieuses, dans les fêtes et dans les banquets, mais aussi les guirlandes de fleurs et de fruits (sema, encarpa, carpusculi) dont les anciens ornaient dans les mémes circonstances les édifices, les portiques et les objets à leur usage, et dont les monuments offrent de si abondants exemples. Un certain nombre de représentations antiques nous montrent des coronarii occupés à leur travail. Dans la fig. 2015, d'après une peinture de Pompéi on voit, sous les traits de génies ailés, trois jeunes filles et un jeune garçon assis des deux côtés d'une table carrée, sur laquelle des fleurs sont répandues. Au-dessus de la table est suspendu un cadre formé de deux montants réunis par des barreaux, à l'extrémité desquels pendent les rubans à l'aide desquels les ouvrières entrelacent les fleurs en festons ; un amour qui est assis à droite parait les diriger; il tient des ciseaux, prêt à couper ceux qui dépassent la longueur voulue. Dans la partie de la peinture qui n'est pas ici reproduite, on voit d'un côté une jeune fille qui apporte des fleurs dans une corbeille, de l'autre l'Amour et Psyché qui emportent des guirlandes. La scène que représente une peinture d'Herculanum (fig.2016) est presque entièrement semblable'; seulement la table, qui est garnie d'un rebord, fait corps avec la partie supérieure : celle-ci consiste en un cadre appuyé sur quatre montants et dans lequel sont fixés des chevilles pour suspendre les guirlandes. On retrouve encore le même tableau dans une autre peinture 7 découverte à Pompéi en 1871, avec deux personnages de plus : ce sont deux amours tenant des guirlandes dont ils rapprochent les bouts comme pour en faire des couronnes. L'un d'eux se penche vers un bassin où il va rafraîchir les fleurs qu'il tient dans ses mains. D'autres monuments encore montrent la fabrication des guirlandes 193 COR 1538 COR et des couronne jointe a la récole(: oit a la ente des fleurs'. Il semble que les guirlande _ aient été quelquefois offertes aux acheteurs par des marchands ambulants. On en trouve un exemple dans de petites peintures faisant partie de la décoration d'une chambre sépulcrale à Rome. Dans l'une d'elles on voit un enfant qui marche en portant les guirlandes au moyen d'une perche qui se courbe sous leur poids (fig. 20171 ; dans une autre (fig. 2018, une marchand,sous la figure d'un génie ailé, est assise devant une table; les fleurs sont suspendues à une poutredu plancher qui couvre sa boutiques ; deux autres tableaux qui complètent la décoration représentent la récolte des fleurs. Dans quelques-unes des représentations antiques qui viennent d'être citées, les fleurs et feuillages des guirlandes paraissent être réunis à l'aide d'un seul fil ou ruban qui leur sert de support ; dans d'autres il semble que plusieurs cordons servent à les enlacer, ou même forment un réseau ou un sachet dans lequel elles sont en ferméesi0, E. SAGIto. COMIECTOpè, Atlopim i„ ou éxsiopla:'45, -On désigne sous ce nom des fonctionnaires romains, la plupart du temps d'ordre sénatorial, qui apparaissent pour la première fois à la tin du ie' siècle de ]'ère chrétienne. Il ne faut pas les confondre avec les curatores (eurator, i.oftrrTxtçl On doit distinguer deux sortes de correctores : con-ccores dans les provinces; 2° cor rectores en Italie, 1° Correctares dans les provinces. Avant le règne de Trajan l'empereur n'intervenait pas directement dans Fadministration intérieure des municipalités qui n'étaient pas soumises à la surveillance du gouverneur (cites alliées ou libres, communes de droit romain ou latin'. Nais à partir de cette époques des fonctionnaires sis éciausx commencè rent d'être envoyés dans le province s a pour y exercer une haute surveillance u_ t ë aïe viilles (corrigera statuer), La nature mêmede' cette surveillance a donné heu à différentes op nons. M. Mommsen et après lui Marquardt ° pensent que les fonctions des correctores sont analogues à, celles des curatores, c'est-à-dire sont d'ordre financier; mais, tandis que le curator n'a d'autorité que sur une ou deux cites, le connectait est chargé de contrôler les finances d'une province tout entière. Cette distinction, qui s'accorde mai avec les textes ', ne semble pas devoir être adoptée. Aussi M. Waddington a-t-il émis l'idée, dans une note additionnelle aux oeuvres de Borghesi 6, que les eut-atones avaient pour mission de réformer les finances, les correctores, au contraire, de reviser la constitution des villes privilégiées et d'effacer ainsi peu à peu les distinctions administratives et politiques qui existaient entre les différentes cités de l'empire. C'est ce qui expliquerait comment le mème personnage peut porter e la fois le titre de corrector et celui de eut-atmd'une même province 7. Tel n'est pas l'avis de M. Julliant, à l'opinion duquel il semble difficile de ne pas se ranger. Pour lui, le corrector est un véritable légat impérial 6, un chef militaire revêtu de l'imperium et ayant droit aux faisceaux10. Or, il n'y avait dans les villes privilégiées aucun fonctionnaire romain qui pût à l'occasion réprimer les abus ou conjurer les périls menaçants pour la sécurité de l'État. L'imperiuore même du gouverneur de la province cessait aux portes de la ville i'. Le corrector n'est donc autre chose qu'un envoyé du pouvoir central, chargé de rétablir l'ordre moral et matériel dans des cités interdites aux magistrats ordinaires et aux légions du peuple romain, toutes les fois que cet ordre était troublé. On comprend dès lors pourquoi cette fonction n'a jamais été qu'une charge extraordinaire ; les abus corrigés, le corrector n'avait plus de raison d'être et les villes recouvraient leur privilège 10 Le titre de correct or ne disparaît pas, dans les provinces, avec la réforme de Dioclétien. Mais, à partir de cette épo que, il ne désigne plus an magistrat extraordinaire : il s'applique à une certaine classe de gouverneurs de provinces 1a, qui tiennent le milieu entre les CONSULARES et les PRAESIrES1°. 2° Correctci'es en Italie. L'établissement des correctores en Italie ne semble pas antérieure au début du ne siècle G. Octavius Appius Suetrius Sabinus est le premier qui, à notre connaissance, ait été chargé des fonctions de correcteur en 215 ou en 216'0. Comme dans les provinces, cette fonction parait avoir été d'abord une charge exceptionnelle, ainsi que le prouve le titre porté par C. Octavius Sabinus sur les inscriptions : electus ad corrigendum statumItaliae f'. L'état de désordre intérieur où se trouvait l'Italie à cette époque nécessitait la création de magistrats extraordinaires destinés à. le réprimer 1-, Les f'nciionll 1 r de eette espèce que l'or rencontre dans la suite garuertt-sir ce caractère de délégués extaordinaires, ou bien faut-il les regarder comme des magistrats réguliers? Ici encore, comme pour les correcteurs provinciaux; on est en présence de plusieurs opinions. M. Mommsen ie pense que pour faire pénétrer en Italie l'institution des correctoes qui existait déjà dans les provinces, sans heurter trop vivement la susceptibilité des habitants, l'empereur y donna d'abord à certains personnagesune délégation exceptionnelle ; bientôt ces fonctionnaires auraient pris tm caractère plus régulier et auraient reçu le PABAOrE UEM'B©ENTA EIL' RErerNIAN AIOpeOTHN $AI AOPIE'PHN TII0 nom de ('o,O'eefo ces Jusqu'à la tin d(' u' siècle 1 le lie aurait etc ainsi e sa tete un correcteur unique c'est seulement filtre les années 290 et 300 que le nombre de ces niagisi rats aurait augmenté et qu'ils auraient été préposés b l'administration d'une ou plusieurs régions italiennes combinées. Cette ((ftiiaan a clé combattue par M. Desjardins u, Suit ant lui, les coî't'pclores régionaux apparaissent beaucoup plus tôt que ne le pense M. Mommsen : ce sont des magistrats qui, peu b peu, pendant la durée du m° siècle, période de transition entre le régime établi par Auguste et ses successeurs et celui que fonda Dioclétien, prirent ta place des jut'idici. Il est vrai qu'on trouve, à cette epoque, la menbon de co,'tectot'ps tolius italiae n ;mais la présence (le ces derniers fonctionnaires, essentiellement exceptionnels, dont on saiit de loin en loin la trace depuis Caracalla, n'empêche nullement de croire k l'exietene'e simultanée et permanente de correcteurs régionaux. II y aurait donc eu (1 la fois des correcteurs réguliers b la tete des régions de l'Italie et des correcteurs extraordinaires e la tète de l'Italie tout enliere. Ces deux systèmes s'appuient chacun sur des textes qui se contredisent l'un l'autre ' un même personnage y est présenté en même temps comme correcteur de toute l'Italie et comme correcteur de la seule région de Lucanie ". Il semble (loue qu'il faille choisir entre l'un ou l'autre de ces textes. Marquardt, dans la première édition de son Manuel", a cherché néanmoins à les concilier il a supposé que les correcteurs pouvaient, tout en n'administrant qu'une ou plusieurs régions combinées en un seul district, prendre te titre de covrectores Italias par opposition aux cor-rectoe'es provinciaux ainsi le correcteur de Lucanie ce serait ap là l'erreur de certains auteurs trop légers ou trop peu ail courant des institutions de l'époque, qui auraient considéré seulement la première partie de ce double titre, et auraient confondu les correcteurs régionaux elles correcteurs de toute l'Italie. M. Jullian a repris dernièrement l'opinion de Marqusrdt en la développant n d'après lui la correctum'e cessa d'être inc magistrature extraordinaire entre les années 208 et 273; et dès lors les carrerleurdevinrent les administraleurs réguliers, non plus de l'Italie tout entière à la tète de laquelle ils avaient clé placés auparavant de loin eut loin, mais des régions italiennes. M. Jullian assigne même à cette réforme la fin du règne d'Aurélien (270-273) 2)". Quoi qu'il en soit et quelque opinion qu'on adopte sur les correcteurs du ni' siècle, il est certain qu'à la fin de eu siècle et au iv' les correcteurs ont autorité, non pas sur toute l'Italie, mais .0i'u]ensent eue une on pliioiciir., régions Mi'niant une même province administrative. Ce sont de véritables gouverneurs, subordonnés les uns au ViCGi'tJS ifrtlieir lus autre' xc' vi."°i'iua L'rb',o Rosuae -, Du premier dépend le correct o,' Veetelicje et Ristrice" Du second, a le coi reCtOT Tusciac et I tisét'iue 27, b le ces'iectoi' Coietpaaiae n; c) le eorrectorLucastjaet't Bçuttiot'ciiu48 nImbe et Pocent 31; fI le coi'i'e,'fos' ,S'jcii1ae3, Attributions des eoc'recteup's au iv' siècle. Si l'an eut iflAl renseigné sur le, ,uncii,tnc des correcteurs au ut' siè,(e, et. si l'on ne peut riais avancer à ce sujet qui ne cati cojocturai, il n'en est pas de même pour le iv' siècle b celte épie que les correcteurs ont absorbe peu k peu tentes k oit butions des autres magistratures italiennes, " -'1m qu'elles disparaissaient 23. .'tu civil, ils jugent de toue les procèe ' ; ils corn bisent de toutes les affaires, quelles que soient les personnes impliquées dans la cause 25; leur juridiction n'est limitée (lue par l'appel k l'empereur ou te droit que possède celui-e, de se résersel' cem'taineo affeires Au criminel, ils rendent la justice, dans leur région, 0111 le crimes et les délits de toute nature s" ; ils ont, en 51,14séquence, le droit de torture et celui de condamner à mort Ils président e la levée des impôts, nomment les receveurs charges de les taire rentrer et contrôlent leur perception Ils surveillent le recrutement". Ils dirigent les travaux entrepris par l'État dans leur circonscription : ainsi que tes anciens curateurs de routes, ils veillent à ce que les stations d'étape, pour les soldats comme l route elle-même, soient en non état il ce sont eux aussi qui délivrent les autorisations nécessaires pour se servir de la pacte impériale 41. Enfin ils ont la surveillance administrative des cités; ils vérifient leurs comptes, comme autrefois les curateurs ils président au recrutement des décurions 46 et ont soin que ceux-ci s'acquittent de toutes leurs obligations ". Peu k eu les correcteurs disparurent en Italie et furent remplacs-s tac des consulaires ou des J.lraeaides. La, Lu canie et f bpulie sent les deux dernières provincus où ',Mn eu mn, 1)1111'!e "R. LAGNAT