Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CORYTUS

CORYTOS ou CORYTOS, KOpOTé . Carquois. Selon Servius' et le scholiaste de Stace 2. ce mot s'appliquerait spécialement, non au carquois qui contient les flèches, mais à l'étui' où i' on enferme l'arc [PHARETRA]. E. S. COS, 'Axivtl. Queux, pierre à aiguiser, pierre à polir. Les Latins ont désigné par ce terme de cos toutes les pierres dont ils se servaient pour aiguiser et polir, c'est-àdire les grès siliceux à grain plus ou moins gros dont nous faisons encore les meules de rémouleur, les grès quartzeux phylladiens ou pierres a faux, le schiste siliceux jaunâtre appelé not aeulite ou pierre à rasoir et le corindon ferrifère plus connu sous le nom d'émeri; ils appelaient aussi ce dernier na,ziunz'. Le nom de cos a été encore appliqué à diverses pierres dures sur la nature desquelles les minéralogistes modernes ne sont pas d'accord. Les Grecs, tout en faisant une distinction entre la pierre à aiguiser, et l'émeri, les croyaient de même espèce 2. En tout cas, chaque fois qu'il est question du polissage des métaux, du marbre, des pierres pi è1 u u t e ii est t raisembdable que c'est par le mot émeri qu'il faut interpréter les termes de cos et de cotes 3. Les anciens connaissaient comme nous deux genres de pierres e aiguiser : les unes s'employaient avec l'huile cales 01'0,-'iae), les autres avec l'eau (cotes aquariae). Parmi les i emiéres on prisa longtemps celles de Crète, puis 1 's que l'on tirait du mont Taygète en Laconie (novac'i ), Les pierres à eau (grès siliceux, grès houillers, qu rtz micacés) les meilleures venaient de Naxos et d'Arin . ie, On en avait aussi trouvé de très bonnes en halle et en Gaule : celles de ..ce dernier pays étaient appelées passsrnices. tîne troisième espèce était celle des pierres de Cilicie, qui s'employaient aussi bien avec l'huile qu'avec l'eau. Enfin les barbiers se servaient de pierres, d'ailleurs peu résistantes, qu'ils humectaient avec de la salive. Les plus estimées de ces dernières provenaient du territoire de Lannnium, dans l'Espagne citérieure, et étaient appelées pour cette raison laminitanae Il semble que les pierres à huile tirées de Crète et d'Orient aient été d'un prix assez élevé. Le commerce de celles de Crète était un monopole; César avait affermé les carrières (cotoriae) de l'ile a. un entrepreneur, qui serti pouvait exploiter et exporter les pierres 3. Les faucheurs les employaient dans les premiers temps ; plus tard ils adoptèrent les pierres à eau trouvées en Italie. Celles-ci mordaient très bien le fer 7 ; néanmoins pour les instruments auxquels il fallait donner un fil délicat les pierres à huile étaient préférées 8. Bien que nous n'ayons aucun renseignement sur les formes que les anciens donnaient aux appareils à aiguiser, il y a cependant lieu de croire qu'elles étaient sensiblement les mêmes que de nos jours. En effet, les faucheurs qui se servaient de pierres du Levant portaient pendant leur travail une corne pleine d'huile suspendue à la cuisses ; leurs queux avaient donc probablement la forme de petites plaques étroites qui devaient être tenues à, la main. lia collection de l'Ermitage a Saint-Pétersbourg possède plusieurs pierres à aiguiser trouvées dans les tombeaux. L'une d'elles, qu'on voit (fig. 2023), de schiste ardoisé, est richement montée en or filigrané ; un trou permettait d'y passer un fil pour la suspendre t". Peut-être était-ce un amulette. Nous ne reproduisons pas ici une pierre gravée dont l'antiquité est au moins suspecte, qui nous montre Cupidon aiguisant ses traits sur une meule absolument disposée comme celles de nos rémouleurs". C'est le commentaire illustré des vers d'Horace . ardentes acuens sagitlas cote cruenia'à On peut toutefois faire remarquer à ce propos que les anciens connaissaient les meules tournantes (molae versatiles) a3 et que l'on rencontre dans les scholies de Stace" l'expression ntola acuminaria, qui semble bien désigner une meule de rémouleur [MoL,s]. Enfin la statue du musée de Florence, si connue sous le nom du Rémouleur, représente un esclave accroupi en train d'aiguiser un couteau sur un bloc rectangulaire 16. Les queux étaient encore en usage pour la trituration de substances qui entraient dans certaines préparations pharmaceutiques, telles que le collyre appelé eixdvtov, composé de bois d'ébène broyé et mélangé avec du passum (vin cuit ou fait de raisins séchés au soleil) '6. Enfin on éprouvait les pierreries (gemmai) au moyen de pierres dures auxquelles on donnait aussi le nom de cotes" ; e' 'lai eut queiqnefos des queux proprement dites, quelquefois des fragments de basaltes(basanites) 78. L'expérience, on le comprend, était loin d'être toujours concluante 92. COT -wl' 43 --COT Pierre à polir, émeri. Pour polir les statues de marbre, pour tailler, polir et user les pierreries on se servait de pierres dures peut-être pulvérisées ; elles sont désignées par le nom de naxieun, qui parait être l'émeri ou par le terme plus général de cos. « On appelle naxiuln, dit Pline des cotes trouvées dans File de Chypre ; elles furent longtemps estimées, puis la vogue passa à celles d'Arménie 20. ii Il s'agit probablement ici des pierres d'Arménie dont parle Théophraste : cet écrivain les croit de la même nature que les queux (âxdvat), mais il dit qu'elles sont plus dures et qu'on Ies utilise pour la taille des pierres à cachets (at?puyISaç), à laquelle sont impropres les pierres à aiguiser ". Ailleurs Pline, faisant un distinction entre les deux genres, affirme qu'à l'exception de la topaze toutes les pierres précieuses se polissaient au moyen de l'émeri (nexio) et des queux (cotibus) 22. Ce devaient être ces dernières qui servaient à donner du brillant à certaines pierres tendres et à unir les carrelages 23. Autres emplois. Superstitions. On attribuait diverses propriétés à la crasse ferrugineuse laissée à la surface de la pierre à aiguiser par les objets que l'on y avait frottés; c'est ainsi qu'elle était censée guérir la calvitie, et empêcher le développement de la gorge chez les jeunes filles; son mélange avec du vinaigre constituait, dit-on, une boisson propre à dissoudre la rate et à calmer l'épilepsie 2`. Les mages croyaient que la queux qui avait beaucoup servi avait la vertu de révéler les empoisonnements : on n'avait qu'à la cacher sous l'oreiller de la personne malade, à son insu, et celle-ci déclarait bientôt en quel lieu, à quelle époque et au moyen de quelle substance elle avait été empoisonnée; mais la vertu de la pierre n'allait pas, paraît-il, jusqu'à faire découvrir l'auteur du crime 3°. ALFRED JACOB.