Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article COTHON

COTIION, Kureav. 1° Vase à boire, spécialement employé par les soldats et par les marins en Grèce t.On lui attribuait une origine lacédémonienne (7a arevtxdç xcltetv) ; c'est 1c même que Xénophon, grand admirateur des usages spartiates, met aux mains des jeunes Perses, dans son roman de la Cyropédie, pour leur enseigner la sobriété'. En effet, d'après Critias, cité par Athénée, il offrait cet avantage aux soldats en campagne e qui sont souvent forcés de boire de l'eau malpropre, de ne pas trop leur laisser voir l'aspect de la boisson, et en méme temps de retenir sur ses parois intérieures les impuretés du liquide'. » Plutarque est plus explicite encore; il dit que ce vase par sa couleur cachait aux yeux l'aspect désagréable des eaux bourbeuses qu'on était obligé de boire, que les parties vaseuses se heurtaient et s'attachaient aux parois du vase à l'intérieur, et qu'ainsi le liquide arrivait plus propre jusqu'à la bouches. » tléniochos et Polérnon nous donnent îles renseignements précieux sur sa forme générale : il était de forme ronde (xux?,arsoojç), avec une seule anse courte (tzeavsrrxi, (3px/Scorot) et l'embouchure épaisse (rixsr,-aiop.oç) `" ; Théopompe lui applique l'épithète plus difficile à expliquer de aep°'js«ûti,rv', au col retourné. La forrne particulière et développée des flancs (ânéoovoç) est remarquée par Pollux $, qui le range dans la catégorie des vases à boire. guidas le définit aussi comme un vase à boire à une seule anse 10, et il répète la plupart des témoignages énumérés ci-dessus. Le scholiaste d'Aristophane le compare au canthare et au cyathus u. Le cothon était en argilei2 ; hais par les inscriptions nous voyons qu'on en faisait aussi en métal et qu'ils prenaient place comme offrandes dans les temples ii, La grandeur a pu en varier, car il est question dans Alexis d'un cothon ayant une capacité de quatre cotyles 1'', et dans la pompe dePtolémée Philadelphe, àAlexandrie, on promena deux cotisons d'une capacité de deux métrêtes15; mais c'était là des vases décoratifs, d'une taille exceptionnelle, et il est certain que dans la vie usuelle le cothon a do garder des dimensions très modestes, étant fait pour être porté dans le sac d'un soldat ou d'un malin en campagne. On ne l'employait pas uniquement à boire de l'eau, comme le prouvent les mots xüilu o, éxpnroxiiibuiv, synonymes de buveur et d'ivrogne, xeOtavtagdr„ xui9wv( rsQst, qui désignent l'orgie et ses suites Ye. L'ouvrier qui fabriquait ce genre de vases s'appellait xeiîovoreotdç Tout cet ensemble de textes et de documents a été plusieurs fois rappelé et commenté par les savants qui se sont occupés des noms des vases grecs. Mais l'assimilation avec les vases antiques que nous avons conservés a été, comme toujours, très délicate et sujette à discussions. Panofka u, dont Gerbas-d adopte .l'opinion, y voyait un vase plat et rond à bord rentrant ; Letronne z9 une coupe ordinaire et même n'importe quel vase à boire; [Jssing-o et O. ahn2i ontJcherché une ressemblance avec les vases à forme de bouteille; Bïrch avec le sllyphos u. La question a été prise par M. Gonze 23 à propos d'un curieux vase de terre cuite trou vé dans un tombeau d'Oropos °', en Béotie (fig. 202'x). D'accord avec Panofka, qui en avait publié un semblable'", il montre que tous les d"' ils de cette forme s'accordent avec les descripth s d', auteurs an COT 1544 COT ciens. On y retrouve la forme ronde et maniable, facile t transporter en campagne (isilspOptenCeVO't b ïu)ch), l'anse unique, le rebord épais de l'embouchure, enfin la disposition toute particulière du col rentré à. l'intérieur (ps u(çv ) et formant un rebord circulaire où devaient s'arrêter, en effet, toutes les impuretés du liquide, quand on buvait. On a signalé dans différents musées des vases analogues qu'on ne fait pas difficulté maintenant de reconnaître comme le xJOtv lacédémonien Cependant deux difficultés subsistent encore, d'après M. Gonze. L'une porte sur le sens du mot steSti.rtgi, cannelé, strié, appliqué par Polémon au cothon que tenait un satyre groupé avec Bacchus0t; nous pensons qu'on pourrait y voir une allusion aux ciselures d'un vase de métal, puisque par l'inscription citée plus haut nous avons constaté l'existence des cothons de ce genre28. La seconde est que le cothon par sa couleur même ('ii ypé) devait masquer à, l'oeil l'aspect de l'eau malpropre29; cet effet ne pouvait-il être obtenu par le ton jaunâtre ou grisâtre donné à l'argile du vase", de sorte que l'oeil s'habituait à. ne voir l'eau que sous un aspect coloré et limoneux, même quand elle était propre? 20 Dans les auteurs grecs et latins, le mot cothon, xOmv, désigne encore un port creusé de main d'homme 28, en particulier celui de Carthage E. POTTIER.