Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article COTYTTO

COTYTTO, COTYS, KOTV7To's, Kdm. Déesse de la Thrace, dont le culte et les mystères forent introduits è. Athènes è. l'époque placée entre les guerres médiques et la guerre du Péloponnèse ils s'étaient antérieurement établis è. Corinthe 2 dont les colonies avaient précédé celles d'Athènes sur les côtes de Thrace. Eschyle, dans une tétralogie dont quelques fragments sont parvenus jusqu'à nous, donnait la déesse Cotys comme adorée par les Edoniens ; la présence de nombreux rois du nom de Cotys chez les Odryses prouve qu'elle était la divinité principale de ce peuple. Elle était associée à un dieu dont nous ignorons le nom indigène et qu'Eschyle appelle Dionysos le poète décrit en beaux vers son cortège qui fait retentir l'air de ses chants, do bruit des cymbales et du tympanum, du chant de la flûte qui excite le délire '. Suivant le témoignage formel de Strabon , les fêtes mystérieuses de Cotytto avaient la plus étroite ressemblance avec celles de la Phrygie, dont les habitants avaient la même origine que les Thraces. Les fragments de la comédie qu'Eupolis avait dirigée contre les adeptes du culte de la déesse thrace è. Athènes confirment entièrement cette donnée. Le titre même de la pièce, Bairm,, indique l'usage d'une purification par l'eau , d'une sorte de baptême, comme il y en avait dans le culte de Cybèle et dans les initiations de Sabazius Clément d'Alexandrie 10 indique d'ailleurs ce baptême, qu'il appelle 'vi )eu'vpma, comme caractéristique des mystères barbares. Les mystes de Cotytto poussaient les mêmes cris que ceux de Sabazius : iin nzée "; ils juraient par l'amandier, Il arbre qui joue un rôle capital dans les mythes de Cybèle et d',ttys Dans leurs orgies on faisait le même usage du tympanuin et du rhombos que dans celles de la Mère des dieux 14 [cYeEIE]. Mais ce qui marquait surtout les mystères de Cotytto, c'étaient des danses efféminées et d'une révoltante obscénité, sur le caractère desquelles Eupolis insistait ' et qui ont fait dire à Juvénal après avoir décrit d'infâmes débauches Ta lia secreta coloeruut orgia taeda Cecropiano solili Baptac lassare Cotytto 16 L'initiation è. Dionysos et à Cotytto réunis portait le nom d'iléps)ôeo6 ' qui suffit à donner l'idée des cérémonies, des danses et des représentations qui l'accompagnaient. Aussi finit-on par regarder Cotytto comme la déesse de l'impureté ". Des temoignages de Strabon et d'Eupolis on a conclu 09 que Cotys ou Cotytto était la déesse qui chez les Thraces correspondait exactement à la Mère phrygienne, associée à un dieu parallèle à Saba zius [cYBELE, s4Bazms]. L'identité n'était pourtant pas aussi étroite qu'on a paru le croire, malgré l'analogie des rites, car Cotytto était avant tout une déesse lunaire. Hérodote ° assimile formellement à Artémis la déesse qui chez les Thraces était associée au dieu correspondant à Dionysos, quels qu'en fussent les noms, variables suivant les localités. Cotys ou Cotytto n'était qu'une autre forme de la déesse qu'ailleurs dans la Thrace on appelait RENDIS, rapprochée d'Hécate '' et de Proserpine ° Les fêtes (le Bendis avaient aussi un caractère dionysiaque us, mais elles demeuraient étrangères à l'obscénité des mystères de Cotytto, et elles avaient une gravité qui les ao'aitfait accueillir favorablement parles Athéniens Il faut aussi prêter une attention sérieuse è. ce fait que le nom même de la déesse Cotys est porté comme un nom propre civil par les rois des Odryses. Une telle circonstance est de nature à faire penser à une divinité androgyne, et cette observation se confirme par tout ce que l'on dit de l'effémination des dévots de la déesse thrace 1t; comme celle des Galles de la religion phrygienne, elle était voulue et rappelait le caractère ambigu de la divinité. La lune était regardée comme douée des attributs des deux sexes 20; aussi les divinités lunaires sont-elles généralement androgynes u, et cette donnée n'était pas étrangère à la religion de la Thrace. Dans les bas-reliefs votifs des rochers de Philippes en Macédoine us, les figures d'Artémis-Lune et de Mèn, le dieu lunaire mâle de l'Asie Mineure, s'échangent comme deux aspects d'une même divinité, qui semble avoir été Bendis. On achève de se convaincre de l'exactitude de cette manière (l'envisager Cotys on Cotytto, quand on étudie les plus anciennes monnaies des rois des Odryses, celles d'Amadocus et de Térès '° (fig. 036), sur lesquelles on voit d'un côté une bipenne, symbole caractéristique des divinités androgynes 30, de l'autre un cep de vigne ou une grappe de raisin. Ce sont les emblèmes impossibles à méconnaitre du couple divin qui faisait le principal objet des adorations de ce peuple, Cotys et son compagnon assi milé à Dionysos. F. LIINOIOM.tNr.