Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article COVINUS

COVINUS. Sorte de char. Le covinus, en celtique koJwait2, d'après Cambden '. Char de guerre des Bretons, en usage aussi chez les Belges, qui le leur avaient peut-être emprunté. D'après Pomponius Méla et Silius Italicus', il était armé de faux attachées aux essieux; toutefois Tacite CRA 1552 -CRA ne fait pas mention de ces engins 4. C'est à lui que nous devons quelques détails sur le rôle joué par les covini dans l'armée bretonne. Les conducteurs de ces chars appartenaient à la noblesse ; les clients combattaient à leurs côtés s. Au moment où Agricola est sur le point de livrer bataille aux Bretons, les covinarii se répandent dans la plaine, courent de tous côtés et effrayent l'ennemi du bruit de leurs chars. La mêlée s'engage à l'avantage des Romains : les covinarii s'enfuient du champ de bataille, laissant les fantassins aux prises avec l'ennemi ; beaucoup de chars demeurés sans conducteurs sont emportés çà et là par les chevaux effrayés et causent un grand désordre Ce nouveau mode de combat n'était pas nouveau chez les Bretons ; plus d'un siècle auparavant César avait eu à lutter contre les essedarii du roi breton Cassivellaun. L'essedum et le covinus devaient avoir une grande analogie ; cependant le mot covinus n'est jamais employé par César [ESSEDUM]. Il est bien probable que ce char de guerre n'avait que deux roues comme le char grec (ôi.poç) ; mais les textes ne donnent aucun renseignement sur ce point. On ne sait pas non plus s'il était fermé ou ouvert par devant, s'il était couvert ou non. Quelques savants' se sont servis d'un texte douteux de Lucain 8 pour soutenir qu'il était couvert ; rien n'est moins certain. Cette hypothèse ne s'appuie que sur une conjecture ingénieuse de Bentley. Les Romains désignaient sous le nom de covinus une sorte de char de voyage', qui devait présenter quelque analogie avec le char des Belges et des Bretons. Il n'était pas conduit par un cocher (mulio), mais par le voyageur lui-même (o jucunda, covinne, solitudo) ; aussi l'estimait-on moins que les voitures appelées carruca et essedum. Martial s'y trouvait plus à l'aise pour causer avec ses amis Juvencus et Avitus; le covinus pouvait donc contenir trois personnes. Il était léger; car il était traîné par de petits mulets (mannuli), qui tenaient plus du cheval que de l'âne. On peut admettre avec vraisemblance que le conducteur du covinus était assis. Des chars figurés sur quelques vases grecs répondent assez bien à cette description; mais, chez les Romains, nous ne connaissons aucune représentation figurée du covinus. Le covinus est encore mentionné par Sidoine Apollinaire parmi les vehicula circensia f0; mais le poète dans la même description répète à plusieurs reprises les termes de currus et de quadrigae; il ne faut donc voir ici dans le mot covinus qu'un synonyme poétique. E. Fessions.