Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CREPITACULUM

CREPITACULUM, CREPITACILLUM. 17lxcuye , TtluTayoiv. Instrument qui rend un son par la percussion'. Martial et Apulée donnent ce nom au sistre égyptien 2 [sisTRUM] ; mais il s'applique ordinairement à un hochet d'enfant (puerile crepitaculum) 3, qui fait du bruit quand on l'agite. On voit ici (fig. 2063) un hochet, consistant en un cercle garni de grelots et muni d'un manche, qui a été trouvé à Pompéi; et u12 second objet du même genre provenant d'une tombe de Vulci (fig. 2064); il se compose de deux plaques de bronze fort minces formant un disque qui tourne sur une cheville à l'ex_ trémité d'une tige de même métal ; de petits anneaux mobiles sont disposés tout autour du disque, de manière à faire un bruit de grelots4. Il est possible que la présence d'un pareil objet dans un tombeau ait eu un motif superstitieux comme celle des clochet y rencontre quelquefois. Peut-être faut-il compter parmi les crepitacula des vases et des figurines d'argile à l'intérieur desquels sont enfermés de petits cailloux (calculi, ..pr,got) ou une bille qui fait résonner leur pa CREPUNDIA.-Jouets d'enfant,breloques, amulettes '. Le mot erepundia vient du verbe crepat e, faire du bruit ; il désigne des jouets que l'on attachait au cou des enfants ou qu'ils portaient suspen dus à une sorte de baudrier, comme on le voit sur des vases peints et sur d'autres monu ments de l'art anFig. 2067. tique «fig. 2065) ; on avait l'habitude d'en donner de semblables aux enfants exposés ou envoyés en nourrice, pour qu'on pût II. ensuite les reconnaître on les enfermait dans une boite [CISTA, CISTELLA]. Térence, dans l'Eunuque 3, les appelle monumenta, signa, et les Grecs leur donnaient le nom de yuwpiQpaxa, iltlezua, en«pyava. Le dénouement du Rudens de Plaute est fondé sur la découverte d'une cistella de ce genre appartenant à la jeune Palaestra, découverte qui la fait reconnaître de ses pa rents 4. L'expression a crepundiis est souvent synonyme de a pueritia 5. C'étaient souvent des espèces de Fig. 2065. -Crepundia. breloques; dans le Rudens, Palaestra énumère parmi les objets contenus dans la cistella : une petite épée d'or sur laquelle est gravé le nom de son père; une petite hache double également en or avec le nom de sa mère ; un petit poignardd'argent, deux mains entrelacées (sans doute un amulette contre le fascinum), une petite truie et une bulle d'or que son père lui a donnée le jour de sa naissance. Le cabinet impérial de Vienne possède un collier d'or auquel sont attachées cinquante breloques de ce genre: ciseaux, crochets, harpons, haches, échelles, tenailles, strigile, instruments de toutes sortes, un homme dans une barque tenant une raine (fig. 2066), etc. Dans les fouilles de Kertch, on a trouvé des colliers de femme en or d'un excellent travail auxquels étaient attachées des figures emblématiques, telles que oiseaux, chiens, lions, coquilles, etc. L. Le sens de crepundia doit ètre plus étendu que celui du mot breloques et semble pouvoir s'appliquer d'une manière générale à tous les jouets d'enfants qu'on a trouvés dans les tombeaux, même dans les sépultures chrétiennes (fig. 2067, 2068 et 2069) 'Al s'en trouvait même dans des tombeaux d'adultes, comme 196 CRE 1.662 CItE dans le cercueil de l'impératrice Marie, femme d'Honorius et fille de Stilicon, où l'on a recueilli des poupées d'ivoire 9. La présence de ces objets dans les tombeaux peut s'expliquer par un touchant souvenir; c'est ainsi, d'après Vitruve i0 qu'une nourrice de Corinthe recueillit dans un calathos les jouets(jocula, 7a(yvta) qui avaient servi à l'amusement de la jeune personne qu'elle avait élevée, pour en faire après sa mort l'ornement de son tombeau: telle aurait été l'origine du chapiteau corinthien. Elle peut aussi s'expliquer par cette idée commune à toute l'antiquité que le mort avait besoin dans le tombeau des objets qui lui avaient servi dans sa vie d'ici-bas. On s'étonne davantage de trouver des crepundia dans les tombeaux chrétiens; mais les usages païens n'ont pu disparaître en un jour et les chrétiens des premiers siècles attachaient peut-être à ces objets un sens symbolique qui nous échappe aujourd'hui ". Les crepundia recueillis dans les tombeaux sont de plusieurs sortes : des poupées d'ivoire ou d'os, sortes de marionnettes mobiles et quelquefois grotesques [peau]; 2' des osselets et des dés qui avaient peut-être une signification symboliques : on a trouvé dans le tombeau d'un enfant, au cimetière de Calliste, trois tessères portant chacune le nombre heureux de six; 3° des petits vases en terre cuite, assez semblables aux tirelires où les enfants mettent leurs petites économies; 4° de petits masques d'ivoire ou de terre cuite composés de plusieurs morceaux ; 5° des clochettes [TINTINNABULUM], qui devaient tantôt servir de talisman pour se défendre contre le mauvais oeil 12, tantôt, suivant l'opinion de M. De' Rossi, étaient un signe de mépris pour le martyr chrétien que l'on considérait velut animal"; 6° des petits animaux de toutes sortes, cheval, léopard, porc ; 7° des espèces de hochets en terre cuite contenant des cailloux (i oa) à l'intérieur, ce que Quintilien désigne sous le nom de crepitaculum puerile [CREPITAcuLUM]; 8° des lettres d'ivoire dont parlent Quintilien et saint Jérôme (lusus et eruditio infantiae 141 ; 9° enfin toute une catégorie de figurines de plomb' analogues à celles qu'on a trouvées dans des maisons du 1v°, du v° et du vie siècle, sur l'Esquilin (roues, miroirs, boucliers, etc.) '° Caylus raconte la découverte faite près de Pesaro d'un petit coffre plein de statuettes de divinités en plomb avec de très petits instruments de sacrifices. On peut comparer à ces objets les jouets modernes représentant des objets qui servent au culte, autels, chandeliers, vases sacrés, etc. I1 est parfois difficile de distinguer les simples jouets des amulettes [AMULETUM], comme la bulla rangée parmi les crepundia de la jeune Palaestra [BULLA]. Peut-être faut-il compter dans la même catégorie plusieurs figurines en ambre provenant des fouilles de Préneste ; elles représentent des petits singes accroupis portant les mains à la bouche ; on apercoit deux trous à la hauteur des oreilles ; ils étaient évidemment destinés à être suspendus à un bracelet ou à un collier '7. On est du reste autorisé par un texte d'Apulée à prendre le met crepundia dans le sens de talisman, d'amulettes ". I1 sert aussi à désigner les crotales et les sistres dont on se servait dans les mystères empruntés à l'Egypte et à