Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CUPEDINARIUS

CUPEDINAPILJS ou CUPEDIARIEJS', MIrr"hand de comestibles. On donnait, a home, ce nom aux fournisseurs2 de toutes sortes de mets ou rie boisson-, ri Iris (cup ediae)3, L'endroit où s'en tenait pria p;l „gent ie marché s'appelait ruaceldute et forum (nuits 1 ou dupedleat'ium'. E. 'AOiio, C®JPIlffi (ERos). ---Le nom grec de la divinité de l'amour est Ecwç (''Epo(; en dialecte éo[ien) que les Romains ont traduit tantôt par le mol Amon, tantôt par le mot Cupide, sans qu'on puisée.. établir entre ces deux mots une différence bien tranchée, l'étymologie du mot "F,15,; est fort douteuse 1; et les rapprochements, que M. Max bliiilei a établis entre l'Éros hellénique et le dieu védique Arusha a soulèvent de graves objections, fie caractère mythologique d'Éros est luitmerne très complexes il accuse un travail de réflexion dont on trouve la trace dans la a.a.riété des traditions relatives ii la naissance du dieu. Dans le, poèmes homériques, on ne relève aucune allusion iu la divinité d'Éros. C'est dans la .Théogonie d't lésiode qu'il apparaît pour la première fois, et le poète béotien le place immédiatement apr;s le Chaos, avec la T'erre et le 'Tartare, comme un des éléments prsmtdrdi,rux du monde a, La doctrine uéaiodique et-4 suivie par Ilfykos et 'e locrographe a,gicn At usrtaos,, qui, d'après le témoignage rie Platon', se m e t fortue au ,-ruine d'Hésiode, 'ii)27e Élus 'fi t'rc, et pour mère la t'eut'. Dans la c nie ,h, quel, il est fil'. de Kronos ' Sappho 1 ut nalure Ge et cl 'Oie tnr -z et, selon Pausanias, lui prête en outre d'autre lc_4es cons, a dictor,res ih Suivant u ne antre tradition, n'est plus rangé au nombre des divinités primordiales; il est au contraire refe e: enté somme ii plus jeune des dieux. C'est l'idée que développe e gathor dans ie. Banquet de Platon T'. Pausanias déclare que telle est l'opinion la plus répandue, et que dans la mythologie ou , ntc Éros est 1.e fils d'Aphrodite O, ?'lais dans cette, conception qui place le nais r Suet. Ner D ,"-lits p o. n s 'i ', bile est lot rura-iaiu*.. t or-li, 1 Copd,DINARni S. % on trou pp venant de l'ancien mot cupprs. V. v r moise ad Tai~1 r. flcl.o, p . 499, Caris, 1620. 2 Donat. ad Turent. 11, 2 25 a Omnes qui c _calent', e. ; e, tenta rendu ut, a gibus tpedinis oii al imentum, cupedinarii appetiantur. s .st. ap. re Dior.. p. 37 Liud.; cf. Ammien. XXVI, f j et rum vilium c f es. , t,-st. 1.1. l'ai m ap. !h-mat, 1. t_ ld Drue, lai. V, 116. et Vit 19. CLPlDO, 1 G. (. i.ti is, / o.t a., der g"iech. Etrlrm,: p. 117. 2 Mytïcc£o,gie ,.-e,'rad laine, t 46. et s. 2 uheog. V. i 16-119. Gf, Plat. Sympos, p. ~.B Pans. IX, 27. Sehol Apollon. Muid. III, 29, Synrp. 1. e. -s Plat, a n ip, 7. ,. écho:, Theecsit. id. tI Dama, Gier . ,, c. 14, 267, iu A ,y v rto 5Va t3 rii :.,. R Sap A= L 52'lec d'Éros après cellt des autres dieux, il est fac±le de noter de nomb eu-es di v f rg' n' es. Le vieux poète lyeien Olen donnait pc r mère à Pros la déesse qui. pr Ide ait couchemct,t , iiythie" Srmonidele`ai,aitn ître. d vplrro'Itte et d très' tandis que, pour 1l ée, il était né 1iri. et d , Zéptr r t e ` , i, ,'ipid e t aappelle l fils le Zeus, et e titre'; témoi ages font allusion à lai menue géntaiogie 1U. J',nfin des traditions, signalées par Cicéron, lti attribuaient HLermès pour père etpour mère Aphrodite ou Artémis". Toutes ces contradictions montrent que ie mythe d'Éros est le résultat, ,l'un travail d'abst_action, da,io il fant faire la part des anciennes c o nogonies, le Iii, ailoophie et de la pocsie. Le premier soin doit être c'e rechercher les caractères primitifs de la divinité d'Éros, tels qut'on peut . dégager de l'examen de textes souvent obscurs, L, •gros rosi: Lien que, Cians la !'héoyonie, d'llésiode, Anis. _ire d j r comme compagnon d Aphrodite avec le Dés r ! ip po-,)'-', il n'en est pas moins, pour le poète d Accra, ut persor nification cosmogonique 1". Avant lui, it n'y e que le Chaos Éros prend naissance en mème temps que lau ` erre et ie Tartare, et c'e tt par l'effet de se puissance qt e l Eréhe et la Nuit, issus du t haos, s unissent pour enfanter l'Ether et. le ,lour is ; il est la force mystérieuse raui coordonne les éléments du monde, et u-sure la perpétuité de le ete dans la nature. La mème conception e rr•.trorl\ e. 1danles cosmogonies unett`.rt .arcs air poème .c:iodi tue, et etcii en pror,aèdent plus ou moins, comme celte ,l 4 r'silac -, Ce dernier ne s'éloigne d'fiésiode qu'en laissant. outre lÿ .'s de la 'nuit et de l'Éther. Les Orphique', dent les cos;nogor,i,rs, sous leur forme la. plus a sienne, semblent se r'alttu,iier au système d'Désiode26, attribuent r Éros le même ourle aie dieu primordial''. t'est permis de la reconnaître, avec Preller 32, dans le principe primitif qui éclot de l`oeuf cosmique pour aniuner toute la nature, et. qui.. dans lc' v tè'nc'e orphiques, est désigné sorti, le i un de t lr, ni'.s, de Métis ou. d.'Erilcapaerta ?, Gracie ,à. l'autorité des poèmes l,ésiodgi.es, et a. la diffusion des doctriin.es de l'Otphreme, ces idées saur l'Éros cosmogonique étaient assez ré "r lues pour que la poésie y fit allusion. Dlanslapal l:.,. Oiseau,r,,Aristophante,s'adressantau public des; , 1 . et'ois dionysiaques, parodie d la fois la c te ogon e f 'siode et cehr des Orphiques t Au commencement crai.entleChase lo Nuit, et le noir Erébe, et le vaste Tartare; lai la Terre, ni l'Air, ni le Usel n'étaient encore, Tout d'abord dans l'immense sein de t l'.rèbe, la Nuit aux ailes noires enfante un oeuf sans germe, d.'eia naît au temps fixé le charriant Éros, orné d`ailes d'or resplenrdissantes, léger comme les tourbillons du vent. » Peut-erre faut-il reconnaître une allusion 'e cette doctrine dans le sujet d'une pierre gravée, représentant s. ta, 27, l0 ,Syma. p. 1914 h', 197 E. rt Paus, 2 . Cf, Schah .ripou. III, 23. tin Prut. ri»_air.•r. 20. ef, éiustath. ad Ruiner•. p. âôb, i9 ûurip, Hipp, 332. Vir,g, Oir. 134: Lactaut. 1, t7. te De .rat, Deor. 1. c. Ciodrne distingue deux A .ru uup:do primas Pie cur,o et Ltann prima natus duiitrir, seruudus Il rcurro et Aune, secundo.. „ -1 Th'a,g 201. it Ge_hard, Gber dent Golt ide,,, dans les d'',, ,,,. AIS',,rlh t, it, p. 99. Gt. `-relier, Grieeh J3ythol. 1, p. 'et3 ;ltia e. Relig. de la Grèce ani, 1. p. 109, 19 Tlceog, t . 123. -29 A. Mau_p, R'eg. -le Di die. t, 111. ci, s , ,. f)rphtome, et Re.. areh. VIl, p. 34t, De Demi. AS 61i. -i Sur ride: le .r,a. dons 1Orphisrne, r. .1 Girard Sen c , Gr ee eh. rv, p 200. 'Op 1. T 3E. '+ P.oclus, in .lai 11, 3 130, p. 307. .ùttmg, De Rricopdeo; Opu,u Acad. p 206, 214. _4oes, c. 69' 092. J emprunte. cott_ traduction 'u M. 7. Girard, Sen£. CUP 1596 CUP Éros enfant sortant d'un oeuf (fig. 2144) 21, bien que la composition puisse aussi s'expliquer comme une simple fantaisie 25. On peut rapprocher de cette représentation la pierre gravée dont nous donnons le dessin , où Éros tenant à la main des tiges de fleurs sort d'une plante marine (fig. 2143)37 Il n'entre pas dans le cadre de cet article de rechercher quelle place est faite à l'idée de l'Amour dans les systèmes philosophiques. Il faut cepen dant remarquer que la conception d'Eros comme ordonnateur du monde se retrouve dans les plus anciennes cosmogonies philosophiques et qu'on est en droit d'y reconnaître l'influence d'Hésiode et des Orphiques38. Dans la cosmogonie de Phérécyde de Syros Éros est un dieu primordial : « Le Temps n'avait produit que l'antagonisme ; l'Amour ('Ep(»ç) était nécessaire pour apporter l'harmonie dans le Chaos 29. » Pour Parménide, Éros naît avant tous les autres dieux 30. Dans le système d'Empédocle c'est lui qui, sous le nom de $tad1d ç, tend à constituer le tout de l'Univers, à l'aide des parties que la discorde (Neixoç) tient séparées, et ainsi s'explique l'oeuvre incessante de destruction et de rénovation de la nature 31 On sait comment les anciennes idées philosophiques sur l'Amour trouvent leur expression la plus brillante dans le Banquet de Platon 32. Dans le mythe que Socrate déclare avoir appris deDiotime, l'étrangère de Mantinée, et où Platon expose sa propre doctrine, Éros est fils de Poros, la richesse, et de Penia, la pauvreté. Ce n'est pas à proprement parler un dieu : c'est un êafµoly, intermédiaire entre l'homme et la divinité. Il est fils de la pauvreté et de la richesse, parce que, suivant l'interprétation de Ed. Zeller 23, l'amour tire son origine du dénûment de l'homme, et en même temps de la faculté plus haute qui le met en mesure d'aspirer au bonheur et de le posséder éternellement. II. Éros dans l'ancienne poésie. Les théogonies savantes et les spéculations philosophiques n'ont exercé, semble-t-il, qu'une très faible influence sur le développement du mythe d'Éros. C'est dans la poésie qu'il faut chercher l'expression des idées dont l'art s'est inspiré. La conception d'Éros comme agent cosmogonique n'est certainement pas restée étrangère à la poésie. Théognis montre Éros exerçant son pouvoir sur toute la nature : « A l'heure où la terre se pare des fleurs printanières, alors Éros abandonne la belle île de Chypre, et il s'en va chez les hommes répandant la fécondité sur le sol 3". » C'est lui qui, dans un fragment des Danaïdes d'Eschyle 35, est l'agent de l'union entre « le ciel auguste » et la terre qui, fécondée par la pluie, « enfante pour les mortels et l'herbe, nourriture des troupeaux, et les grains, aliment de la vie ». Dans l'Antigone de Sophocle", le choeur invoque Éros comme le dieu invincible dont la puissance s'étend sur tous les êtres vivants, et Euripide, dans Hippolyte", exprime avec force la même idée. Mais de bonne heure on trouve la trace d'une conception qui finira par prédominer avec le temps, et fera oublier le rôle d'Éros comme dieu de la fécondation universelle. Pour les poètes lyriques du vie et du ve siècle, Éros est surtout le dieu des passions qui agitent le coeur de l'homme ; les joies et les douleurs de l'amour sont son oeuvre. En même temps sa physionomie devient plus distincte et revêt une forme que l'art pourra traduire par des traits précis38. Si, dans Archiloque, Éros ne semble pas encore être personnifié comme un dieu 39, Alcman le montre déjà sous la forme d'une figure ailée « volant au dessus des fleurs » 40. Alcée le dépeint comme le plus redoutable des dieux, «Setvé'aiov ©ewv» "t et Sappho se plaint qu'Éros soit descendu du ciel, en chlamyde de pourpre, pour lui percer le coeur''. Dans les poésies d'Anacréon, le rôle d'Éros comme dieu des passions humaines est nettement marqué i3. On y trouve déjà le thème que développera à l'infini la poésie légère, surtout à l'époque alexandrine : Éros est représenté comme le dieu cruel et charmant, qui se joue de la folie et des plaintes des hommes ". Il serait superflu de citer les textes poétiques qui font allusion à cette conception nouvelle ; il nous suffira de rappeler que dès la fin du vr siècle elle apparaît dans la poésie dramatique. Le dieu dont Sophocle célèbre le pouvoir universel est surtout conçu par Euripide comme le dieu de l'amour passionné, contre lequel toute lutte est impossible. Il est armé de flèches inévitables ", et les traits qu'il lance sont plus terribles que « le feu ou que les rayons des astres»". C'est dans Euripide, semble-t-il, qu'on trouve la première invention de l'arc et des flèches qui sont dans l'art comme dans la littérature ses attributs presque constants "7. Dès lors le mythe d'Éros est fixé dans ses traits essentiels; le dieu devient, dans la tradition la plus récente, le fils d'Aphrodite et son compagnon habituel: suivant le mot de Platon, « il n'y a pas d'Aphrodite sans Éros 48 ». III. Le culte d'Eros. Au point de vue religieux, Éros n'a jamais été qu'une divinité secondaire, et son culte est loin d'avoir eu la même importance que celui des grands dieux. Toutefois, ce culte remontait à une antiquité reculée. Il est permis de croire qu'il se rattache au cycle religieux des populations thraco-pélasgiques ; en Béotie, il est antérieur aux migrations éoliennes, et suivant M. von Wilamowitz-Moellendorff u, il a pu y être apporté par les Thraces qui ont habité l'Hélicon et le Cithéron. Le centre le plus important du culte d'Éros dans la Grèce propre était Thespies en Béotie, où l'on montrait, comme l'image la plus ancienne du dieu, une pierre brute (âpYôs ),f9oç) J0. Nous sommes mal renseignés sur le caractère du culte d'Éros à Thespies, et il n'est nullement prouvé qu'on y célébrât des mystères à proprement parler n. Gerhard a supposé que l'Éros adoré à Thespies, d'abord conçu comme une divinité personni qui unissaient les soldats du bataillon sacré 6fi, et peut-être faut-il expliquer à jl ~ ainsi le caractère étrange du culte d'Éros à Sparte et en Crète où on lui offrait des sacrifices avant les com bats fil. A Samos un gymnase lui était Fig. 2144. Éros sir un consacré, et on célébrait en son hon tétradraehme attique• neur la fête des Eleuthéries ; il y était adoré comme le dieu de la liberté 68. Si à Thespies, à Parion, à Leuctres 89, Éros avait des temples particuliers, il était aussi associé au culte d'autres divinités, comme Aphrodite et les Charites; on voyait sa statue, à côté de celles de Pothos et d'Himéros, dans le CUP 1597 CUP fiant les forces de la nature, était devenu par la suite le dieu qui présidait au développement physique et intellectuel et présentait, par là mème, des analogies avec Hermès °'-. Cette opinion n'est pas en désaccord avec ce qu'on sait des cérémonies du culte de Thespies. Les fètes de Thespies appelées Erotia ou Erotideia [EROTIDIA] 53 revenaient tous les cinq ans °''. Elles se célébraient non pas dans l'Hélicon, mais dans la ville même de Thespies. C'est ce que prouve un passage de Plutarque, où il est fait allusion au bruit dont la ville était pleine pendant les fètes : Autoboulos et sa femme, nouvellement mariés, venus à Thespies pour sacrifier à Éros, quittent la ville trop bruyante à leur gré, et vont se réfugier dans l'Hélicon''. Les fêtes comportaient des concours musicaux et gymniques; un catalogue de vainqueurs aux Erotidies, trouvé en Béotie, permet d'affirmer qu'il y avait aussi des concours équestres °6. On sait, par le témoignage des inscriptions mentionnant des vainqueurs aux Erotidies, qu'elles étaient encore célébrées à l'époque impériale "l. Un autre centre important du culte d'Eros était la ville de Parion n, située sur l'Hellespont, pour laquelle Praxitèle exécuta une statue du dieu reproduite sur les monnaies de la ville °9. A Athènes, Charmos est le premier qui consacre un autel à. Éros, vers le temps des Pisistratides 60. Ce monument, auquel était joint une statue, se trouvait à l'entrée de l'Académie; c'est là qu'on prenait le feu destiné à allumer les torches pour la course aux flambeaux (Xag.iri q) qui avait lieu pendant la fête des Replialstia 61. L'autel de Charmos était dédié au dieu de l'amour humain, au protecteur de ces liaisons entre hommes qu'autorisaient les moeurs helléniques; aussi les statues d'Éros étaient-elles fréquentes dans les gymnases grecs62. Pausanias signale dans celui d' Ulis un bas-relief représentant Pros disputant une palme à AntérosG3, sujet qui est reproduit sur des bas-reliefs de Naples et de Rome dont on peut rapprocher un bas-relief en terre cuite de Chypre, et un autel en terre cuite trouvé à Métaponte 6'^ [ANTEROS]. On peut retrouver une allusion aux statues de ce genre dans certains types monétaires, par exemple dans le tétradrachme attique qui montre Eros se couronnant lui-mème et tenant de la main gauche une palme 63 (fig. 2144). C'est sous la protection d'Éros ~ que se formaient, à Thèbes, les liaisons temple d'Aphrodite à Mégare70; à Elis elle était placée dans le temple des Charites'[. Le caractère complexe de la divinité d'Éros, son rôle de compagnon d'Aphrodite, justifient de pareilles associations, qui n'impliquent pas nécessairement un culte spécial en l'honneur du dieu. Sur les monnaies des villes grecques qui possédaient des sanctuaires célèbres d'Aphrodite, il est fréquemment figuré auprès de la déesse, ou même isolément 72, sans qu'on puisse en conclure qu'il fût l'objet d'une vénération particulière. Gerhard a supposé avec Welcker et 0. Müller, qu'à Samothrace l'un des Cabires, Axiéros, pouvait ètre rapproché de l'Éros de Thespies 73 ; mais Fr. Lenormant a montré que cette assimilation est difficilement acceptable". S'il est possible qu'Éros ait eu sa place dans les mystères d'Eleusis, comme le pense Gerhard, aucun texte certain ne nous l'apprend. Nous savons seulement que les Lyeomides, dadouques d'Eleusis, honoraient Éros dans leur sanctuaire privé de Phlya 7'; Pausanias parle des hymnes qu'ils chantaient pendant ces rites, et dont on attribuait l'origine à Pamphos et à Orphée 76. Pour les rapports qui pouvaient exister, dans la religion officielle, entre Éros et, les divinités éleusiniennes, nous sommes réduits au témoignage des monuments figurés qui les montrent quelquefois réunis 77. Nous reproduisons ici (fig. 2145) une peinture déco rant l'intérieur d'une coupe où Éros semble accueillir Coré, dont le buste émerge des régions souterraines ; c'est la scène bien connue de Fano dos 78. Enfin , c'est sur le témoignage d'un texte suspect , qu'on s'est fon dé pour associer Éros au culte de Trophonios à Lébadée n. IV. Type figuré d'Eros. Il est peu de figures qui soient plus fréquemment que celle d'Éros représentées dans les oeuvres de l'art antique. Comme la conception poétique qui inspire ces représentations admet des acceptions variées, l'art introduit Éros dans des scènes très diverses, mythologiques, allégoriques, ou funéraires. Le type même d'Éros se modifie avec le temps. Aussi, avant de grouper dans un ordre méthodique les représentations d'Éros, suivant les sujets où elles prennent place, il convient d'étudier d'abord le type du dieu considéré isolément, et d'en suivre le développement aux différentes époques de l'art. On a vu que la plus ancienne forme sous laquelle Éros recevait un culte était celle d'une pierre brute [sect. III]. Il est difficile de déterminer à quelle date apparaît dans l'art guer plias nettement des ail s a lu ;vire' : ii se confond à l'origine 'tais le principe du type figuré ,'os dreige nci n art qui a produit tout recye_le génies ailés, masculins ou î fiions, auquel ,'epardlent également Nil-te. Les représentations certaines d'Éros sont rares cUl-t type du dieu figuré 1s la forme humaine"Un texte du scholiaste e' I.6 .i .,,il se dit que les ailes attribuées à Eros ::ont une adutio,, e récente "1 ; mais on a peine à croire que le dieu q., i 4 primitivement figuré sans ailes. Gerhard "a a supposé, non sans vraisemblance, que ce type apparaît vers la nd" olympiade et qu'il a une origine pureruent grecque. Il semble procéder de le même conception que les génies des combats, comme :'rgon, ou es figures d'épouvante, telles que celles de Deimos et de Phobos, qui personnifient, la terreur, L'art grec archaïque leur donne des ailes pour exprimer la rapidité de ? t.nr aeaon b3, et rl est naturel qu'Éros reçoive les mêmes attributs. broc est lt même, dans certains cultes, une sorte de génie des co;nbat.s, et dans les représentations les plus anciennes, il est difficile die le distinguer d'AGOV. ?fou=, citerons en p, lier une figure de terre culte ciu musée de Be,.lb.r trant un génie ailé dans l'attitude de la course` de ces génies qui président aux luttes, et auxquels l.t rattache étroitement pour le type figuré. Cette analogie se poursuit même à une époque plus récente. Une peinture de vase montre une figure de jeune homme aile, armé de la lance et du bouclier, où l'on peut hésiter à reconnaître Érns ou Asam (fig 2111",u. Il en est de meure dans une de combat entre et Kyknes rt' 1 une coupe Pamphaios, et ù deux figures fiilée -volent au-dessus des com-battantsg". Lorsque l'art précise les caractères du type dd'Eros, il Si evraisemblable que es armes pr. rticuii,,res au dieu chi l'amour, telles que ta.rc et la, Eulalie, ou ia torche, dans l'art archaïque; ii faut arriver jusqu'aux oeuvres du (,1'P style ecvére appartt'nant à le grenu r' Irsuiffé du v" siècle pour les reconnaître sans hésitation. Gerhard a publié t'olrlme étant de travail étrusque le miroir gravé ,i trait que nous reproduisons (fig. 2I1,.7, e.t où l'on voit gros, muni de longues ailes et de chaussures allées o saut vers la gau che; ce miroir est sans doute une oeuvre grecque, et nous offre ruse des plus anciennes représentations connues d'Éros "i UUn relief de terre (mite de l'£iaü~ méridionale montre Éros avec la lyre, posé sur le bras droit c ,lite grifed 4.1 On.lues "8. di.r une plaque estampée trouvée en Gréue fig. 21 111', Éros figure enté d'Aphrodite sur un char attelé de griffues; il a des formes élancées et sveltes d'un éphèbe, et de longues et fortes ailes sont attachées à ses épaules". lialemême aspect dans des groupes de bronze de style sévère servant de supports à des miroirs (tag. 2149; "0, •t sur des monnaies d Eryz. en d Et ou Hg 5158. Éros. Psi,' de l'asthe j on. Fig. 2152,Statue c i -1599 -C1'P Sicile fig. didO qui le montrent groupé avec Aphrodite ". Parmi les monuments de la sculpture antérieurs is la première moitié du o' siècle, nous n'en connaissons aucun' qui reproduise avec certitude btype d'Éros. Toutefois un torse de marbre couvé a Sparte, et offrant aux épaule les traces do troue de scellement pour les ailes, peut être une copie tardive d :une statue d'Éros de style sévère"; une nuire statue conservée à SaintPétersbourg parait être une réplique é u nièric original . L'art plus libre de la seconde moitié (lu -0 siècle a représenté Éros 'loris des oeuvres importantes. On sait que Phidias avait s éprenenté le dieu ceci-vaut Aphrodite, sur la base des trône de Zeus a Olympie ". 11 est moins certain qu'Éros trouve place, comm' on l'a souvent dit, parmi le' divinités du fronton ouest du Parthénon. Plusieurs archéologues ont attribué le nom d'Éros è nue petite figure de l'ai e droite du fronton occidental, qui n'est connue que par les dessins de Carrssy, de l'anonyme de dointel et de Dalton92; le dieu serait groupé avec Lent othea et Palaemon. Mais cette théorie a clé contestée, et il eut possible quo cette figure soit celle d'un des enfante d 'Héraklès et rl Melité "AI y a des raisons plus sérieuses pour reconnaître Éros dans le jeune garrots qui cd associé -o un groupe de divinités sur la fris' orientale du Parthénon, et qui se dciii debout près d'Aphrodite fig. 32151)7'. En résume, ai. -° siècle, Éros est le plus souvent représenté sous les traits, non pan d'un enfant, mais d'un adolescent, presque d'un éphèbe, et, suivant l'expression de La nouvelle école attique du i's° siècle traite avec prédilection le type d'Eros. On voyait à Mégare dans le temple d'Aphrodite Praxis, une statua du dieu groupe avec Putiios et ilimérus, c'était oeuvre de Scopas, et l'artiste, au dire de Pausanias, avait J's c'a les rrienieo traits 'o ces trois figures qui personnifiaient l'action d'Aphrodite na Dans leurre d' Praxitèle, on compte trois statues du dieu'''. La première, exécutée en marbre pentélique, était celle que Phryné avait consacrée a Thcspies, et qui, enlevée une première fois par Caligula, puis rendue aux Thespiens, avait été enfin placée par Néron au portique d'Octavie, où elle l'ut détruite par un incendie iii, Une eu pie faite par tienodoros avait remplacé l'original à Thespies. Le dieu était ailé, et tenait sans doute l'arc et les pi. te, p. 22. O Pans. 5', Il, S r Mrehseia, Der Parthenon, p. 181, nu ca. Peinait,, setS. 4 mai 8855. 07 Michnelt', Dec Portin, p. 251 et 'Çaaac Mcmorte dell' bai, 11, Die due fig. aiaie nui feegio eut Part, p. tes, et pi ers,. Cf. E,,eit,ci,er Ber Zopisorno am Parth. p. 104 et s. Le fragment original est perdu, et est connu seulement par un dessin de Larrey et par ars montage qu'avait acquis Cireiseui-G'ruifler, 98 Amsr. 32. 5' Paus. 1, 43.riO Stark, Rrnot.itdas,gess des Pesa.'tietea, Ber, der Sdeiss. Gesettoeh. 1866, p. 157.172: if, teis's, Assis. Zsit. legS, p. 1-25. iii Passe les tentes, voir Overbeck, Seisrifl. gsetJe,s n' 245, p. 24e 102 Mus. Pie Cl. I, 12. iCi dlaoeo Rosis nia, flèches, mais dans nu,' attitude immobile. Parmi ion marbres antiques conserves, min torse du Vatiean trous é afientocclie fig.dl dé, 11 êta souvent. signalé comme une imitation de la statut' de Praxitel" 502 et plusieurs t é plirues tin môme sujet, conservées li. Naples o home °, an Louvre i05, 't au Musée Britannique 506 prouvent que l'original était c,'lcbre. Mais aucun indice certain ni' permet de considérer la utatti,' de Tliespies comme le prototype de C('s statues. Outre i'É1'o5 de Tues pics, le sculpteur athénien avait fuit L j tour les habitants de Pariori une sta tue du dieu destinée ami enlie, et ii' Fi, 2152. .55 .ta' dr représentant nul". Les monnaies de Pt-mrion (fig. 2153) frappées cOuS les empereurs rions t'ont connaître les lignes générales de la statue et autorisent à croire que l'épigramme de l'Anthologie décrivant Eros avec un dauphin et une fleur dans les mains ne se rapporte pas à la statue de Porion : le dieu était debout prés d'un hermès, la main gauche appuyée Sut' la hanche, la main droite portée en avant, et tenant peut-être un attribut ; une draperie jetée sur Fépaule retombait le long du flanc gauche. Enfin Callistrate 115 décrit une troisième statue d'Éros, dite à Praxitèle et pu était 'n bronza, Le dieu, figue7 o'uininr' Lin adolescent 011°, brandissait de la nsairi gauche son arc an-dessus nie sa tète, et tenait la main droite élevée c'est le mouvement que donne, dégagée des restaurations mode-mec, une 'laine d'Éros conservée à Dresele provenant le l'ancienne collection Chigi, et où l'on peut reconnaître lue copie de l'oeu .rc oc Praxitèle (fig. 2154) "1 . Parmi 1e statues conservées, l'une de celles où l'on peut le m,eux retrouver 'influence de Praxitèle 'et Éros tin Louvre trouvé à Rouie, dans les jardins Farnèse, et restauré par Steinhaeuser. Le' parties antiques sont d'un travail excellent, et l'original doit être attribué à l'école do de D. ,'sdsu Praxitèle sil Le sanctuaire de Theapi ut aussi une statue d'Ér,js en bronze, faite pur l, j 115; mais nous sommes mal renseignés sur le type que le sculpteur de Sicyone avait donné au dieu. Les rapprochements qui on été pI 22. 101, 'Soir ri von ns,ls's, AuJ. 117:1,,'. j, Ra 's. u' 041, 270, 502 Punition, -si Mass, des nsU. itt, id 5. Cl,osc, pi. 256, n t'AI. 500 Asciessf o,aetleo fer 14e Bru, lIssa, IX 2, 1; Murray, OcciS, oe,lpt, il, cl es,'. Ii n'est pas presse8 qua la statue de Londres sait un Pro', Pua. N D. .(X"2','i, ta, 08 Ps'e.,.,s.e', Erras ouf ,ost,sn. p. 88; cf. B'arsiass, De (Ospid. Pru.rli. Per,'san. t573,Pr'-es' Cardsur. A statue/te of Bras, leur,,, cf lieU .5 'A, 1823, p. 266 et s. La figurtne de terre entre que 51 Per s Garner rapprot-is des manants, de Carias s'a mas de rapport 'suas l'Éros de Praxiiele. L'irris.sps eiatton la pins asaci' des monnaies 4e t'acta" est danato par P. Wniters, As-cl,, BOt. t, e. tSsS. 505 Aol/ram, qr. iii, 133, Si. StaI. 3. iti Angoafc,r'u, pi. 83. H,'ttrs,'r, Ar,lilc e na,,,. nu Dr, s,' 167, cf. Arts. Z'itssg, 8872, pl. are, 5. itt -se N .t. de les scalpe. nul, sa' 321. M. Fartwncngier a donné un croquis de ta statue en supprimant les restaurations an nana dans Rn,cis,'r, A naf, L, cil, ,v1s1,. p. 1 aGS. iO t'eus. PC. 27, s. CLIP plusieurs fois établis entre l'oeuvre de Lysippe et une statue du musée Capitolin (fig. 2155)7", représentant Éros tendant un arc, ne reposent sur aucune donnée positive. Que l'arc placé entre les mains d'Éros soit celui d'Héraclès, comme le pense Friederichs 71', ou celui du dieu lui-même, ce motif devient surtout fréquent à l'époque hellénistique. Nous citerons comme exemple une terre cuite du Louvre, provenant de Myrina, où Éros est représenté armé de l'arc, prêt à décocher une flèche "«fig. 2156). Le type traité par Praxitèle est celui dont l'art s'inspire jusqu'à la période alexandrine 1f7. Éros est un jeune garçon, qui a l'âge des melléphèbes, tel que nous le montrent la statue Borghèse du Louvre (fig. 2157)1", les peintures de vases à figures rouges 119les appliques de bronze décorant des miroirs 126. Les formes du corps, qui dans les monuments du style sévère, ont une certaine maigreur, deviennent plus pleines dans l'art du ive et du ni° siècle, et ce caractère de grâce presque féminine s'accuse aussi par la disposition de la coiffure. Si quelquefois les cheveux d'Éros sont courts et bouclés, comme ceux des éphèbes, à mesure qu'on se rapproche de la période alexandrine, l'arrangement de la chevelure devient plus élégant et plus gracieux. Dans la statue Borghèse du Louvre, Eros porte une longue chevelure flottante, avec un noeud au milieu du front. Souvent même la coiffure est tout à fait celle d'une femme, par exemple sur un miroir grec gravé au trait du Louvre (fig. 2158)12', et sur une belle monnaie de Cilicie t22. On peut déjà observer ce caractère sur des vases peints du meilleur style attique 123 ; mais sur les peintures de vases de la grande Grèce, il est si fortement accusé, qu'on est en droit d'y reconnaître un véritable 1600 CUP Éros hermaphrodite (fig. 2159). Dans ces scènes ou l'on ne saurait mécon naître l'influence des mystères de Cérès et de Bac Cuirs], Éros a les formes ambiguës de l'hermaphrodite f25 ; son buste est chargé de colliers de perles, et autour de ses cuisses s'enroulent souvent les CFTpu7tTOi qu'il porte égaleruent sur des terres cuites d'Asie Mineure 126. Si l'on songe à l'influence qu'a exercée l'Orphisme sur les mystères de la Grande .5' Grèce, on admettra avec Gerhard129 que la conception de l'Éros hermaphrodite peut être rattachée aux croyances orphiques. On ne saurait définir avec une entière rigueur le type classique d'Éros; il admet de nombreuses variantes, suivant le caprice des artistes. On peut cependant établir très nettement que, sous l'influence de la poésie alexandrine, l'art de l'époque hellénistique admet une conception qui était peu familière à celui du ve et du Ive siècle, et prête à Éros les formes rondes et potelées de la première enfance. Les poètes alexandrins le peignent en effet comme un enfant folâtre et malicieux. Dans la jolie pièce de Moschos intitulée l'Amour fugitif 128, Aphrodite donne le signalement de son fils : c'est un enfant d'une grande beauté (7mute 7tep(aagos), complètement nu, reconnaissable à son carquois, à son arc et à ses flèches. C'est bien là le xaxlç vsjstto5 auquel les auteurs d'épigrammes prêtent tant de méfaits n et que, au dire de Lucien, les peintres se plaisent à reproduire 130. Une longue série de monuments nous montre ce type, qui reste en faveur CUP 1601 CUP jusqu'à la fin de l'art romain ; c'est sous les traits d'un enfant qu'Éros apparaît dans les peintures campaniennes 13' dans les statues qui le représentent couché et endormi auprès des armes d'Héraclès [sect. X] 182 et dans les petits bronzes, comme dans la jolie figurine de bronze d'Arolsen13J, où Éros a la mine boudeuse d'un enfant, les mains attachées derrière le dos, en punition de quelque tour malicieux, suivant une idée chère aux poètes de l'Anthologie (fig. 2160) 1". La même transformation s'accomplit dans les types monétaires, vers l'époque des successeurs d'Alexandre 13' ; une monnaie syrienne, Fig.2160.-Érospnni' frappée sous Antiochus VII, montre un buste du jeune dieu représenté avec le visage joufflu et les traits délicats d'un enfant (fig. 2161) 136. Dans cette dernière période de l'art, il est souvent fort difficile de distinguer le fils d'Aphro dite des innombrables génies ailés qui se rattachent au même cycle, et que l'art multiplie à profusion {sect. IX] ; les seuls Fig. 2161. Pros, indices certains qui permettent de le remonnaiedesyrie. connautre sont, d'une part, le sens général des scènes auxquelles Éros est associé, et, d'autre part, la présence des attributs qui appartiennent en propre au dieu de l'amour. Les ailes sont l'attribut le plus constant d'Éros; elles caractérisent déjà, on l'a vu, le type le plus ancien du dieu. Il est vrai qu'il est parfois représenté sans ailes, par exemple dans des groupes qui le montrent uni à Psyché 137 ; il est également privé de ses ailes sur un camée de Florence 138 qui montre Eros dompté par Niké et Hermès attachant aux épaules de la déesse les ailes du vaincu (fig. 2162). C'est là un thème sur lequel les poètes se plaisent à jouer : dans un fragment d'une pièce d'Aristophon, conservé par Athénée, les dieux se réunissent pour enlever à Éros ses ailes, et l'empêcher de voler vers les Olympiens 139 Mais l'absence d'ailes est une exception, et O. Jahn a démontré que cette particularité ne modifiait en rien le caractère mythologique du dieu1°. C'est aussi par exception qu'Éros porte des chaussures ailées, comme celles d'Hermès, sur un vase peint de l'Ermitage 1'`1, à Saint-Pétersbourg. L'arc est par excellence l'arme d'Éros, surtout à partir de la période hellénistique ; car vers la 88° olyrnpiade, Zeuxis le représente encore sans armes, couronné de roses 142, dans un temple d'Aphrodite à Athènes, et sur les vases peints du meilleur style, l'arc apparaît rarement '43. Les deux arcs que Choerémon le tragique met aux mains Il. d'Éros, dans un fragment conservé par Athénée ''^'°, ne sont représentés sur aucun monument figuré, et doivent être considérés comme une invention particulière au poète, Outre l'arc et les flèches, Éros est aussi adné de la torche; suivant le mot de Moschos, a si la torche est petite, elle embrase hélios lui-mème » 116. Le dieu porte parfois l'arc d'une main et la torche de l'autre, par exemple, sur des monnaies d'Aphrodisias "ci; mais la torche joue surtout un grand rôle dans les allégories poétiques, traduites par les graveurs en pierres fines, et qui montrent Éros brêlant les ailes de Psyché. On voit quelquefois Éros tenant une sphère, comme dans une terre cuite de la collection Lécuyer 147. Entre les mains du dieu de l'amour, la sphère a la mème signification que la torche ; elle provoque les désirs amoureux au coeur de ceux qu'elle atteint '`3. Les pierres gravées et les bas-reliefs de style récent montrent Éros tenant une lyre, et quelques peintures de vases (fig. 2163) offrent le même motif 149. On peut rapprocher ces représentations de la peinture exécutée vers Fol. 100 par Pausias, dans le Tholos d'Épidaure 130 ; l'artiste avait figuré Éros saisissant la lyre après avoir rejeté loin de lui l'arc et les flèches. La lyre, dans les représentations d'Éros, faitelle allusion, comme le pense Gerhard, aux concours mu sicaux de Thespies 1G1? ou j bien caractérise-t-elle le dieu conione une sorte de génie de l'hyménée, suivant l'hypothèse de MM. de Witte et C11. Lenormant''a? On ne saurait prêter à cet attribut un sens symbolique, et il faut tenir compte de la nature des scènes où Éros figure avec la lyre'U3. Il en est de même de la flûte, qui lui est attribuée sur plusieurs monuments, terres cuitesi'4, bijoux 1" ou peintures de vases 150, et qui fait parfois allusion à son rôle dans le cortège dionysiaque, comme on le verra plus loin [section VIi. Nous ne saurions énumérer tous les attributs que le Capri des artistes donne à Éros. A mesure que l'art multiplie les figures du dieu sous une forme enfantine, et y cherche surtout des motifs décoratifs, la fantaisie ne connaît plus de limites; rien ne serait plus faux que de prétendre expliquer ces scènes par des conceptions d'ordre mytho logique. Ainsi des peintures de vases montrent Éros tenant 201 CIP 1602 CLIP un Coq on une colombe, mettant en motu sn3cnL le treicloia l (fig. I64( iii bien poursuivant un lièvre , an qu'on puisse rattacher rigoureusement ces représentations au type classique d'Éros. Ailleurs il tut associé ii des animaux avec lesquels il joue ou qui lui servent rie monture, comme le dauphin (fie. 2165) '', le lion fig. 2106', le cygne le cheval 16', la chèvre Ces associations sont surtout fréquentes claris l'art le plu récent, et il col dés lors difficile de distinguer Éros ri,'', génies aile', qui offrent h l'invention des artistes, pendant l'époque hellénistique, un thème infiniment varié. V. fI nous reste t examiner le roicd'Eros dans les représentations figurées ou il est associé le d'autres personnages. Ce rôle est multiple, car il e',t peu de sujets, parmi ceux que traite l'art antique, où le dieu iL l'amour ne puisse trouver sa place. L'examen détaille de toutes ces scènes dépasserai! leu limites de cet article. Cependant il y e tout cm ordre de représentations qui fin-ment un groupe bien défini ; ce sont le', scènes où Éros eut figuré avec Aphrodite. On e vii que clans les poèmes hesiodiques Éros eut .lc-,ja le compagnon d'Aphrodite. La tradition suivant laquelle Éros est né avant la déesse et l'accueille {u1 nieruent rie sa naissance n'eut pas restée étrangère h lait Phidias rivait représenté, sur la hase du trône de Zeus è. Olympie, Éros recevant la déesse sortant des flots n c'est le même sujet qu'on reconnaît sur une plaque d'argent doré du musée du Louvre, trouvée h Galaxidi, et exécutée dans le stèle sévère du 10 siècle (fig. 2167) M. de \Vitte, qui e publié ce monument, l'a rapproché d'un groupe en bronze du musée de Florence montrant Élie; nu 1 aile tenant Aphro dite u cf d' un relief de sarco phage connu seulement pan un dessin de Pighius 1". Toutefois 5u 2157, Fre' roui ii.r ' ces allusions b une antique tra C ii sortant d la lOi• dition sont rares 068, et le plus souvent, c'est comme te fils d'Aphrodite qu'Éros apparaît dans les monuments figurés. Dès le ve siècle, les peintres de vases personnifient clans Éros la puissance invincible de la beauté et l'action redoutable d'Aphrodite ; c'eut l'idée la plus ancienne, et elle eut respectée dans la tradition classique. Nous citerons comme exemple une coupe peinte de Hiéron, signée par Miskron, et représentant Fenlevernent d'Hélène par Pô ris (fig. 2168) . Éros attache une bandelette sur la tête d'Hélène qui lierait hésitante, et se laisse entraîner par Pàriu sous l'influence du fils d'Aphrodite : le 81ième rôle eut attribué au dieu sur un miroir étrusque, ou il amène à Pâris la fille de Léda'''. On retrouve ainsi tans les monuments figurés l'idée exprimée par Lucien dans le dialogue où Aphrodite propose à, Pâris encore indécis d'en vru'ei vers lIc-Fine ses deux enfantu, méros et Erou C'est CU"Si Éros qui escorte Aphrodite dans les peintures de lares représentant le jugement do Pâris 123: nous reproduisons ici un fragment d'une belle coupe de Hieron où la décuve s'avance \Ci'e le berger de l'Ida entourée de plusieurs Cros qui volent autour d'elle (fig. 2109). Sur un vase d'Apulie, Éros est désigné par son nom EPOC, et les deux autres génies sont Pothos (I1000) et Himéros (IMEPOF) 173, Avec ses compagnons ailés, Éros personnifie sous une forme concrète ce qu'Euripide appelle or le souffle e d'Aphrodite (nouai 'gpoii'rr1ç 'alleur) 175 c'est-à-dire le charme tout-puissant que lis déesse répand autour d'elle; c'est l'idée dont on trous e déjà l'expression dans Hésiode 171 Il faut rattacher à la même conception les scènes représentant leu amonts (l'Aphrodite avec Anchise, Adonis et Arès. Un relief de bronze trouve 'e Paramythia, conservé CUP 1603 CUP au musée de South-Kensington, montre Aphrodite assise auprès d'Anchise, et escortée de deux génies ailés, sans doute Éros et Hinlérost18 (voir. p. 266, fig. 316). Sur une série nombreuse de monuments, étudiés par M. de Witte 177, Éros est groupé avec Adonis et Aphrodite [ADONIS]: c'est un sujet qui a inspiré fréquemment les peintres de vases, et qu'on reconnlit sur un relief de miroir du Louvre 18 (fig. 2170). Les peintures des villes campaniennes 1i9 reproduisent souvent des scènes empruntées à la légende des amours d'Aphrodite et d'Arès, et Éros y est représenté comme le compagnon de la joue avec les armes d'Arès 180, ailleurs il vole au-dessus du groupe des deux amants'''. On comprend sans peine que l'on ait étendu cette conception, en attribuant à Éros un rôle dans les amours des dieux et des héros. Que les peintres de vases représentent Zeus et Ganymède I82, ou bien Poseidon poursuivant Amymone, ou l'enlèvement d'Europe, Éros est le plus souvent présent, comme l'agent des passions amoureuses auxquelles obéissent les Olympiens 163 Les monuments que nous avons cités montrent Éros associé à Aphrodite dans des compositions où il n'est parfois qu'un personnage accessoire ; mais l'art le représente fréquemment seul avec Aphrodite.Tantôt il l'accompagne, comme sur les plaques `de terre cuite estampées qui ont été ment . tionnées plus haut ; tantôt Aphrodite le couvre de caresses, comme sur un relief de bronze (fig. 2171) décorant un miroir grec trouvé dans la Russie méridionale'. Ce second sujet est reproduit sur plusieurs monuments avec une telle variété que plusieurs savants ont proposé d'y reconnaître une scène indéterminée, où les artistes auraient figure Éros et une mortelle 165. On admettra sans peine que celte représentation a pu être appliquée à des scènes de la vie quotidienne; une peinture de base montrant Éros suites genoux d'un jeune homme 186 prouve que les artistes-, ont parfois voulu traduire, par une image facile à comprendre, des sentiments humains. C'est ainsi que M. Kérte reconnaît une mortelle dans la jeune femme qui échange un baiser avec Éros sur un vase à dorures du plus pur style attique'87 Le motif d'Éros groupé avec Aphrodite offre à l'art les combinaisons les plus variées. Quelquefois il est simplement figuré auprès d'elle, comme dans un, joli groupe du Louvre, qui portait autrefois la signature d'un artiste du nom de Praxitèle 1B8. Souvent le jeune dieu remplit auprès de sa mère le même office qu'une suivante ; il l'aide a sa toilette. Sur des peintures de vases, on le voit occupé à ajuster le diadème sur la tète de la déesse 189 (fig. 2172); une peinture de Pompéi le montre résentant un miroir à sa mère 790, comme dans la scène deT crite par Callima que, où Aphrodite met tous ses soins à sa toilette avant de paraître devant Pàris191. Les artistes développent à l'infini ce motif fécond, et en tirent parti pour la décoration de bijoux élégants comme un anneau d'or trouve en Crimée, dont le chaton représente Eros jouant auprès d'Aphrodite le rôle d'un serviteur 192 (fig. 2173). C'est là un thème qui n'est pas resté étranger à la statuaire, et l'on connaît une série de statues, restaurées souvent mal à propos, dans lesquelles la présence. d'Éros auprès d'Aphrodite nue et accroupie répond à la même donnée 393. Nous citerons comme exemples un groupe du musée de Naples, où Éros se tient derrière Aphrodite qui sort du bain, prêt à verser des parfums sur le corps de la déesse '°' (fig. 2174), et un groupe de l'ancienne collection Cavaceppi, qui offre un sujet identique 195. Il faut rattacher au même cycle la belle statue du Louvre trouvée à Vienne, où Éros était certainement groupé avec Aphrodite '8G. La présence de ce groupe sur des monnaies de Bithynie. et en particulier sur des monnaies de Nicée79i, donne quelque force à l'hypothèse qui CUP 160â CUP fait dériver ces répliques de l'original exécuté par un sculpteur bithynien, Dédale 18 A. l'époque alexandrine, Eros est associé à Aphrodite dans de véritables scènes de genre, traitées avec la fantaisie la plus libre. En attribuant à Éros des formes enfantines, les artistes lui . prêtent aussi les caprices, les ~ . l ri °.ces mutines et les bouderies de l'enfance . Éros est figuré comme un enfant joueur sur un ~\ÿ . ' vase de 1.a Grande-Grèce où on le voit tenant d'une main le petit 'Ji chariot qui lui sert de jouet, et et o~ s'efforçant de l'autre d'atteindre un oiseau que lui présente Aphrodite 10° (fig. 2175) ; un cratère trouvé en Crimée offre une scène analogue". A partir du n° siècle, la littérature légère offre aussi à l'art un sujet souvent traité : à savoir, Éros puni par Aphrodite, dépouillé de ses ailes et de ses armes et enchaîné. Dans un dialogue de Lucien, Aphrodite se plaint de n'être pas épargnée par son fils, et ajoute : « Je l'ai souvent menacé, s'il ne cesse pas, de briser son are et son carquois, et de lui enlever ses ailes » 201 Sur les mo numents figurés, on voit parfois la menace mise à exécution, témoin une peinture qui décore la maison pompéienne connue sous le nom de casa del/damne punito 269 (fig. 2176). Dans ce tableau, qui se rapporte sans doute à la légende des amours d'Aphrodite avec Arès, Éros, enchaîné et pleurant, tenant un objet qui est sans cloute un hoyau, est amené par une jeune femme devant Aphrodite qui tient sur ses genoux le carquois du coupable, et près de laquelle vole un autre Amour. Ce motif est traité fréquemment par l'art, aussi bien dans la statuaire 203 que dans la glyptique. Aphrodite désarme Éros dans un groupe du musée de Florence 150 et dans un autre groupe du Vatican 20e dont on peut rapprocher un marbre du Louvre 2°G ; des pierres gravées montrent également le jeune dieu privé de ses armes par sa mère207. C'est au même ordre de sujets qu'il faut rattacher certaines représentations d'Éros enchaîné"; l'épigramme d'Alkaios de Messène, où le poète montre Éros ainsi châtié, a été sans doute inspirée par une statue appartenant au même cycle de monuments figurés. VI. Éros dans le' cycle de Dionysos. On sait déjà que, grâce à son caractère mythologique, Pros est associé sou Gent aux dieux de l'Olympe ; niais il y a lieu d'insister sur une série de représentations qui le montrent rapproché de Dionysos [e FcduuS] et qui ont été traitées par l'art avec une prédilection particulière. Les textes font allusion à ces rapports d'Éros avec le cycle dionysiaque 20°, sans qu'on puisse en chercher la raison dans une tradition religieuse. Le rapprochement qui s'établit naturellement entre le dieu du vin et le dieu de l'amour suffit à en rendre compte, et il est facile de comprendre que vers l'olympiade 90, le toreuticien Mys ait consacré dans un temple de Dionysos un groupe d'Amours ciselé par lui 2'Q. L'art s'empare de ce motif fécond, et vers le même temps, Thymilos exécute un groupe d'Éros et de Dionysos pour un temple d'Athènes situé dans le voisinagedela rue desTrépieds211. Sur les monuments figurés, Éros apparaît souvent comme le compagnon et le serviteur de Dionysos. Un relief de miroir le montre soutenant la marche chancelante du dieu 212, et un i groupe plusieurs fois reproduit offre le même sujet 21a (fig. 2177). Dans les scènes du mythe de Dionysos et d'Ariadne, Éros est aussi présent; on le voit sur un vase peint, devant les deux amants assis sous un berceau de CEJP .-lGOi-i C ('P vigne (voy. p.612, fig. 690 et aussi p. 637, fig. 720)°'; des monnaies et des médaillons de Maconia (le Lydie et d'Émilenia do Phrygie le montrent précédant le char de Dionysos et d'Ariadne on bien monté sur un boue et jouant de la flite, s'associant au cortège216. A l'époque romaine, les sarcophages offrent souvent la représentation d'Éros tenant une torche, et assistant aux noces de Dionysos et fiA riadne "7, témoin le sarcophage de la Glyptothèque de Munich, dont nous reproduisons une partie (fig. 2178) ailleurs il prend place clans la pompe triomphale de Dionysos revenant vainqueur de l'Inde Il n'est pas nécessaire qu'Éros soit directement associé au cortège de Dionysos pour que l'art lui piaffe, des attributs dionysiaqucc°. Sur certains monuments ou il est figuré isolément, Eros a un caractère bachique nettement accusé. Un remarquable exemple de cette série de représentations nous est fourni par une mosaïque de Pompéi ': Éros enfant, couronne de feuillage et tenant un skyphos h la main, est monté sur un lion qu'il tient par la bride et qui marche sur un thyrse. C'est dune conception analogue que s'était inspiré un sculpteur grec contemporain de César, Arcésilaos, lorsqu'il avait exécuté pour Varron un groupe de marbre représentant des Eros jouant avec une lionne C'est encore l'Eros bachique que représente une pierre gravée reproduite ici (fig. 2179), et où le jeune dieu, tenant un canthare, s'appuie sur un thyrse'''. Un groupe de marbre bien connu le montre assis sur un rocher, et jouant devant un Hermès de Diunyvostm3; les modeleurs de terre cuite prèteut souvent aux petits génies ailés, qui se rattachent au cycle d'Éros, les attributs dionysiaques C'est k l'époque alexandrine qu'il faut sans doute faire remonter l'origine d'une représentation souvent traitée pa l'art, et particulièrement dans la sculpture : celle d'Éros cueillant le raisin. Une statue du Louvre montre le jeune dieu debout, la tète renversée en arrière, les bras levés 220, M. Michaelis y a reconnu une réplique du sujet figuré dans un groupe de la galerie de Doughty Honse, h Richmond 2 (fig. 2180) : Éros, figuré comme un enfant nu, et accompagné d'un petit satyre, cueille les grappes d'un cep de vigne placé derrière lui, et dans lequel tin petit génie ailé cet aussi occupé ii faire la cueillette. Lés mitres répliques signalées par M. Micliadlis prouvent que le sujet était populaire ; cette conception fait Ol]gCr au groupe bachique entouré de verdure . qui, au dire fie Knllix'nos, avait figuré 5111' un char dans une ftle donnée tsar Ptolémée Philadelplte 2!o, Le dieu de l'amour prend part aux ébats bruyants des compagnons ordinaires de Dionysos. C'est lui qui, armé d'un tympanon, fait danser les Ménades sur un oxybaphou du Louvre (t il a sa place marquée, avec Ufméros, dans le thiase du fils de Sémélé; un cratère de Calsi montre Dionysos assis, et ayant auprès de lui les deux enfants ailés qui personnifient l'amour et le désir (fig. 2181 2.0) Pat' suite, il est souvent le compagnon des divinités secondaires que Dionysos entraîne à sa suite, et l'art raffiné fie l'époque alexandrine tue de ces associations de piquants effets de contraste. Les artistes se plaisent k opposer k la figure d'Éros le tape rustique de Pan, par exemple dans un groupe de marbre grec trouvé en 1800 près du thektre de \lilo ou, et une pierre gravée montre Éros qui a déposé 5Cc armes, Cl'C, flèches et carquois, pour lutter corps k corps avec Panoje (fig. 2182). Welcker a supposé que ces scènes pouvaient faire allusion à une idée philosophique et représentaient l'amour idéal aulx prises avec lev instincts vulgaires 223 Mais il serait imprudent de ramener a des idées trop précises ces allégories où la fantaisie est maîtresse, et qui ne relèvent CUP 1606 -C U P que du caprice des artistes. Ceux-ci cherchent surtout d'heureux contrastes, et c'est ainsi qu'il faut sans doute expliquer un groupe célèbre du Louvre, conçu dans le même esprit. Un centaure barbu, les mains liées derrière le dos, porte sur sa croupe un Éros qui fait un geste de triomphe n°; l'artiste s'est plu à opposer aux formes massives du Centaure la figure enfantine d'Éros, et à la nature brutale d'un être à demi sauvage, la force délicate et cependant toute-puissante de l'enfant ailé qui le dompte (voy. p. 1012, fig. 1287). VII. Éros dans le cycle d'Héraclès. Nous ne quitterons pas le cycle des divinités et des héros sans signaler les rapports que l'art établit entre le dieu de l'amour et Héraclès, et qui s'expliquent par le goêt pour les allégories que nous avons signalé plus haut. L'idée d'Éros dépouillant Héraclès de ses armes et domptant le héros qui personnifie !a force, est une conception familière à l'art alexandrin ; elle apparaît dès l'époque de Lysippe. Le sculpteur de Sicyone avait représenté Héraclès dépouillé de ses armes par Éros; mais cette statue ne nous est connue que par une épigramme de Tullius Géminus235 C'est une conception analogue qu'il est permis de reconnaître dans la série des statues d'Eros tendant l'arc d'Héraclès, et dont l'Éros du Capitole nous offre le type le plus remarquable 238. Dans une autre suite de statues, Eros est endormi sur la peau de lion qu'il a enlevée à Héraclès', et il est possible, comme on le verra plus loin [sect. X], que cette classe de représentations ait un caractère funéraire. Souvent Éros parodie l'Hercule au repos; revêtu de la peau du lion néméen, appuyé sur la massue, il a l'attitude que les sculpteurs prêtent souvent au héros. C'est le sujet d'une jolie statuette du Louvre (fig. 2183), où l'intention spirituelle est clairement soulignée grâce au sourire malicieux du jeune dieu 238 ; on peut signaler également une terre cuite de Mégare, de l'ancienne collection Sabouroff, qui se rattache au même groupe de monuments 939. Les peintres des villas campaniennes empruntent à cet ordre d'idées le sujet de plusieurs peintures, témoin celle qui montre Héraclès ivre, dépouillé de ses armes par des A meurs'. Un curieux médaillon de poterie romaine, conservé au Musée de Nîmes (fig. 2184), montre que ce sujet avait es armes d'Hérartés. acquis une réelle popularité non seule ment en Italie, mais dans le midi de la Gaule : on y voit Hercule au repos, entouré d'Amours, qui s'efforcent d'enlever les armes du héros et symbolisent ainsi le triomphe de l'amour sur Hercule 2°t. VIII. Éros dans les scènes de la vie quotidienne. Éros n'exerce pas seulement son pouvoir sur les dieux; son action s'étend à l'humanité tout entière. Aussi est-il naturel que l'art ait introduit la figure d'Éros dans des scènes empruntées à la vie des hommes. Cette conception apparait, dés le Ive siècle, dans la peinture de vases et, dans les époques suivantes, elle est traduite par l'art avec une extrême variété. Il faut remarquer toutefois qu'à l'origine Éros semble surtout personnifier les sentiments qu'éprouvent les personnages représentés; la figure du dieu de l'amour est comme le signe sensible des passions humaines. Plus tard, il est lui-même acteur dans ces scènes de la vie quotidienne : il prend part aux jeux, aux occupations des femmes. En même temps, l'image de l'enfant ailé se multiplie et perd sa signification précise; elle finit. par représenter une sorte de génie de la toilette ou des jeux, un démon familier qui se inèle aux mille incidents de la vie de chaque jour. On comprend sans peine que ces représentations figurées échappent à une classification rigoureuse; on ne saurait y introduire plus de précision que les anciens n'en ont mis eux-mêmes. Nous nous bornerons à signaler les monuments qui peuvent montrer à quel point l'esprit grec avait su traduire, dans cet ordre d'idées, les nuances les plus délicates. Sur les vases à peintures rouges du style le plus fin, Éros est souvent associé aux scènes de mariage; cette représentation est surtout fréquente sur les grandes amphores appelées louti'ophores 2°2 qu'on portait en Attique clans le cortège nuptial'. Une de ces amphores, conservée au musée d'Athènes, montre Éros jouant de la double flûte, et volant entre les deux époux 24°; sur une autre amphore du même musée, il se joint au cortège et vole auprès du tibicine jouant de la flûte et de la nysnpheutl'ia74'. Une loutrophore de l'ancienne collection Sabouroff représente l'arrivée du cortège à la maison de l'époux (voy. p. 1528, fig. 1992) : Éros vole vers la jeune femme pour la couronner de myrte, au moment où elle descend du char CCP 1607 CCP nuptial, portée dans les bras de son époux 2'°r'. Ailleurs, Éros est le témoin ordinaire de ces scènes d'amour, d'un caractère indéterminé, qui décorent les vases peints, les objets de toilette, les bijoux, et auxquelles on ne saurait attribuer un sens mythologique 247. Il est en est ainsi dans la peinture qui orne le couvercle d'une pyxis du musée d'Athènes 2as et où des Éros jouent au milieu de jeunes femmes et d'ephèbes. Sur un autre vase du même musée, Éros guide un éphèbe vers une jeune femme 259. Les peintres de vases se plaisent à accuser ce rôle d'Éros comme intermédiaire dans les amours humaines, et l'on peut citer comme un exemple caractéristique la peinture d'une pélikéi où deux Éros assistent à une scène d'amour dont une jeune femme et un éphèbe sont les personnages2J0. Voici, d'autre part, Éros associé aux scènes de la vie d'intérieur; il aide les jeunes filles à leur toilette 251 (fig. 2185) ; il apporte aux fiancés le coffret à bijoux 25' et remplit auprès des femmes le mème office que les génies féminins de la toilette, qui se rattachent également au cycle d'Aphrodite et qui sur les monuments étrusques sont appelés Lesae ou Larae 255. Ces génies sont comme les démons familiers du gynécée et traduisent sous une forme sensible les nuances des sentiments, les instincts de coquetterie, le charme et le loisir de la vie d'intérieur. Dans cet ordre de représentations, la fantaisie des artistes ne connaît pas de limites. Éros assiste aux jeux des femmes, par exemple sur un vase de Munich, où i1 accompagne deux joueuses de marra 254 et sur un lécythe d'Athènes 255, où des Eros gambadent près de trois jeunes filles occupées à jouer au jeu appelé crsp.a tiôty t,te,wv255 Il est à peine besoin d'ajouter que dans ces scènes les attributs des Eros n'ont plus rien de mythologique ; ils tiennent tantôt des couronnes, tantôt des corbeilles, des coffrets à bijoux, des bandelettes (fig. 2186), en un mot tout ce qui constitue l'appareil des jeux ou de la toilette 7x7. IX. Les Amours. 'Les monuments dont il est question dans la section précédente nous montrent la figure d froc détournée de sa signification mythologique, et employée comme un moyen d'expression pour traduire toutes les nuances du sentiment. On comprendra facilement que l'art soit ainsi conduit à multiplier cette figure et crée tout un petit peuple de génies ailés, qui n'ont plus aucune personnalité mythologique. Déjà, dans les peintures de vases, Pothos et Himéros se distinguent à peine d'Éros256 ; pour établir une différence entre ces trois personnifications de l'amour, les peintres céramistes ont recours aux inscriptions, et tracent les noms clans le champ du vase. Bientôt ces nuances s'effacent, et les poètes alexandrins emploient indifféremment les noms de Pothos ou d'Éros 250. Ces génies ailés se multiplient à tel point qu'ils ne sont plus désignés que par le nom collectif de désirs (i-iOn) ou d'Amours (°EptoTo,). Une épigramme alexandrine appelle Aphrodite la mère des désirs (Kvrpt rdîwv µujtiep) '60 et Vorace la nomme matez' cupidinutn 251 Qu'ils soient fils d'Aphrodite, ou enfants des Nymphes, suivant la version de Philostrate et de (laudion262, ces génies se rattachent au cycle d'Aphrodite et d'Éros 253; le seul nom qui Leur convienne est celui d'Amours, et, il serait imprudent de chercher dans le caractère mythologique d'Éros l'explication des scènes infiniment variées dont ils sont les acteurs. L'art traduit avec une extrême fertilité d'invention une conception chère à la littérature légère. Les terres cuites de la Grèce propre, de la Grande-Grèce et de l'Asie-Mineure nous apprennent avec quelle verve amusante les cornplastes ont modelé ces enfants ailés, rieurs et folâtres, dont les jeux leur fournissaient de faciles motifs'302, Le musée du Louvre possède une série de petits Amours, trouvés à Tanagra, et exécutés avec la fantaisie la plus spirituelle. Les uns dansent, les autres s'encapuchonnent dans un petit manteau, avec un air boudeur 255 (fig. 2187 et 2188). D'autres figurines, provenant également des nécropoles de cUP 1608 cul) Tanagra, représentent des Amours volant, donties pieds ne reposent pas sur une plinthe, et qui étaient destinés à être suspendus à laide d'un fil u• Les coropiastes donnent aux Amours les attributs les plus variés, au gré de leur fantaisie on sait, en effet, par l'examen des procédés techni ques de fabrication, que l'addition des attributs n'a souvent d'autre raison (lue le caprice des artistes 2". Aussi n'y a-t-il pas lieu de prêter un sens très précis aux innombrables figures d'amours qui, dans les terres cuites, sont représentés tantôt jouant k la balle tantôt dans l'atti tude d'un discobole d'autres fois avec l'armure d'un guerrier grec ou d'un soldat barbare Les Amours fournissent à l'art alexandrin un de ses thèmes favoris. L'élégie et l'épigramme ont mis en faveur ces petits Amours t' parmi Amures o, dont parle Properce dans une pièce d'un goût raffiné 271, La description du tableau des Amours, dans Philostrate1, répond à une conception alexandrine, et un passage de Lucien nous montre quel rôle le peintre Aétion avait attribué aux Amours dans le tableau qui représentait les noces d'Alexandre et de Roxane. « L'un, placé derrière la jeune épouse, soulève le voile qui lui couvre la tête, et montre Roxane (s son époux. Un autre, esclave empressé, délie ta sandale comme pour hâter le moment du bonheur. Un troisième saisit Alexandre par son manteau, et l'entraîne de toutes ses forces vers Roxane.... Bans une autre partie du tableau, sont des Amours qui jouent avec les armes d'Alexandre ss Les peintures des villas campaniennes prouvent à quel point les artistes eu plaisent k multiplier les Amours u ces petits génies ailés sont mêlés à presque toutes les scènes. Ils volent auprès de Dionysos et d'Ariadnc°, entourent Adonis blessé 375; l'un d'eux, accoutré en chasseur, sommeille auprès de Ganynoéde endormi m• Les Amours ne figurent pas seulement dans les scènes mythologiques, où ils jouent en réalité un rôle accessoire ils inspirent aux artistes tIcs compositions clan goût souvent précieux, où l'on retrouve l'influence de la littérature alexandrine. Dans une pièce anacréontique, le poète parle d'un nid d'Amours que renferme son coeur 278; c'est une idée analogue que traduisent les artistes, lorsqu'ils figurent, sut les fresques pompéiennes, des couples d'amants tenant des nids où sont blottis de petits Amours Les enfants ailés sont assimilés à des oiseaux31° et on trouve le développement de la même idée dans les scènes où on les voit enfermés dans une cage et mis en vente. Ce sujet de l'Amour mis en vente est déjà représenté par la peinture de vases, notamment sur un vase de la Grande-Grèce où un jeune homme, debout devant une femme qui pèse deux Amours sur les plateaux d'une balance, semble se demander lequel est le plus lourd'''. Un autre vase peint du Musée Britannique montre six jeunes femmes, parmi lesquelles figure Aphrodite, occupées k mettre l'Amour en cage 282, Les peintres des villes carnpaniennes développent le même thème avec une fantaisie recherchée. Une des peintures les plus connues est celle qu'un désigne d'habitude sous le nom de la Marchande d'Amours, et qui provient de Stabim'283 : une vieille femme lire d'une cage un Amour qu'elle a saisi par les ailes, et le présente k une jeune femme, qui tient déjà sur ses genoux un Amour ailé. Une peinture de Pompéi reproduit une scène analogue; niais ici le vendeur est un vieillard barbu, qui retire un Amour de la cage pour l'offrir à une jeune femme 283 (fig. I89). Il est impossible de signaler ici toutes les scènes des peintures campaniennes où les Amours sont figurés comme acteurs. s Les Amours, dit M. Boissier, sont encore plus nombreux dans les fresques de Pompéi que dans les tableaux de Watteau, de Boucher, et des autres artistes de notre xvtn° siècle280, et Les voici galopant sur des boucs086, comme dans une épigramme d'Anyté'257, ou bien montés sur des chars 286; d'autres chevauchent sur des chevaux marins ou sur des dauphins289, et cherchent à repêcher un de leurs compagnons qui, tombé de sa monture, se débat dans l'eau. Une autre catégorie de peintures est formée par celles où les Amours sont occupés aux travaux de la vie quotidienne, et parodient des scènes de métiers. Les uns pêchent290, les autres vendangent"' ou font le vin (fig. 190), aidés par des Psychés, qui sont les soeurs de ces petits génies ailés 292. Une peinture d'l'Ierculanunl montre des Amours occupés à fabriquer des chaussures (Voy. p. 432, fig. 5112). Ailleurs, un Amour et des génies féminins, assis devant une table, tressent des guirlandes du CUP 1609 clip fleurs "8 [conoNAmUs]. D'autres enfin imitent les exercices des, gladiateurs °. L'art romain continue la tradition alexandrine. Les sculpteurs des bas-reliefs romains empruntent fréquemment au cycle des Amours des sujets de décoration pour les monuments funéraires. Un grand nombre de sculptures de sarcophages montrent les Amours occupés à la cueillette du raisin"' ou des olives "fi. D'au'-.. tres se livrent à . à à à des occupations d'artisans et forgent des armes (V.p.793,fig.954 comme sur un sarcophage du Louvre °°. C'est par une concep tion analogue qu'il faut sans doute expliquer les monuments où les Amours parodient les scènes du cirque. Ces scènes ne sont pas nécessairement en relation avec les croyances funéraires, comme le prouvent les peintures pompéiennes qui les reproduisent et une coupe polychrome trouvée à Orvieto, où sont figurés des Amours conduisant des chars 298 mais c'est un des sujets fréquemment reproduits sur les sarcophages. Un bas-relief du Louvre, provenant de la villa Borghèse°°° (fig. 2191), montre des Amours guidant des chars dans un cirque figuré avec ses mâts, une colonne surmontée d'une Victoire, et l'architrave portant les sept oeufs qui indiquent le nombre des courses [meus]. Le sculpteur a retracé un des épisodes ordinaires de la course; un Amour est tombé de son char, et un de ses compagnons accourt pour lui porter secours. Sur d'autres monuments, les Amours parodient un combat d'athlètes : tel est le sarcophage de Florence où les lutteurs sont des enfants ailés, se livrant à tous les exercices du pugilat 300• On a remarqué que plusieurs de ces sarcophages, par leurs dimensions restreintes, paraissent avoir été destinés à des enfants'. Il y a 1à une association d'idées naturelle, et c'est le même goût pour l'allégorie qui fait placer sur les sarcophages des jeunes gens des scènes empruntées aux légendes d'Endymion, d'Adonis, ou de Méléagre. Un groupe nombreux de sculptures romaines montre les Amours jouant avec les attributs des dieux 302, avec des Il. masques tragiques et comiques, ou donnant cours à leur humeur capricieuse, et dépouillant le trône de Saturne ou un sanctuaire bachique 003 Nous insisterons peu sur cette série de monuments, qui accuse le goût pour l'allégorie dont il faut rechercher l'origine clans l'art alexandrin. Remarquons seulement que ces Amours (Cupidines) n'ont plus rien de mythologique. Nous en trouvons la preuve dans un texte qui nous apporte un curieux témoignage Dans le récit de la mort de cinq martyrs chrétiens, Dioclétien ordonne à ces chrétiens, qui sont des artistes, de représenter des Victoires, des Cupidons, et Esculape. Les artistes chrétiens consentent à exécuter les Victoires et les Cupidons, mais se refusent à l'aire un Esculape (fecerunt Victorias atque Cupidines, Asclepii autem simulacrum non fecerunt). On voit nettement quelle distinction est faite entre les figures mythologiques, comme celle d'Esculape, et celles qui servent simplement à la décoration. X. Eros funèbre. On vient de voir quelle variété d'acceptions comporte clans l'art le type de l'entant ailé dérivé de la figure d'Éros. Aux derniers temps de l'hellénisme et à l'époque romaine, la représentation figurée du dieu de l'amour revêt quelquefois un caractère plus grave, et se trouve en rapport direct avec les préoccupations que fait naître l'idée de la mort. Noué 21e pouvons que signaler ici l'allégorie d'Eros et de Psyché. Les sculptures des sarcophages montrent fréquemment le groupe d'Éros et Psyché se tenant embrassés; c'est comme la dernière expression d'une suite d'idées, qui trouvent un commentaire figuré dans une longue série de monuments. Le développement de ce mythe sera étudié dans un article spécial [svctsÉ]. D'autre part, Eros a fréquemment sur les monuments funéraires le caractère d'un génie de la mort: son attitude, qui est souvent celle du repos ou du sommeil, sa torche renversée, ne laissent aucun doute sur ce point'''. Comment l'Eros hellénique s'est-il transformé au point de devenir comme la figure symbolique de la mort? Il faut remarquer que l'art grec ne se refuse pas à attribuer un rôle funèbre aux figures ailées dérivées du type d'Eros. Suivant une théorie ingénieuse, les nio'i.Œ ou figures ailées qui, sur les lécythes blancs de l'Attique, représentent l'âme du mort, ont pu avec le temps devenir de véritables Eros funèbres, frères de ces génies qui ailleurs personnifient les joies et les sentiments de l'homme Il est tout au moins certain que l'idée de représenter sous la forme d'Eros une sorte 202 cUp 1610 -. cUp de stgsu funèbre n'est pas restée étrangère a l'art grec; on retrouve la même conception clans les génies funèbres féminins, qui ont la même origine que les génies féminins de la toilette. L'Éros funèbre paraît être le gcnoss307 du mort, celui-la même qu'on n vu plus haut prendre part aux occupations et aux joies de l'homme durant sa vie378. C'est ainsi qu'on peut expliquer la fréquence, dans les nécropoles grecques d'Asie Mineure et en particulier de Myrina, de ces petits Eros dont le caractère funèbre est très accusé; ce sont des enfants ailés, n la tète voilée, la bouche demi cachée sous un pli du voile, dont l'extrémité retombe sur l'épaule droite, et est retenue dans la main droite 's. Ces génies funèbres semblent donc procéder de la même conception que les génies du cycle d'Éros qui personnifient les faits de la vie morale. A partir du in5 siècle, le type de l'Éros funèbre est nettement accusé par la présence d'un attribut dont le sens est fort clair : c'est la torche qu'Éros tient renversée, en l'appuyant sur le sol, comme pour en éteindre la flamme. Les terres cuites nous font connaître cette représentation; on peut citer comme exemple quelques figurines de Myrina315, et une figurine du Louvre, prvenant de la Cyrénaïque (fig. 2192) '. Les graveurs en pierres fines la reproduisent également, témoin une onyx portant la signature d'Eugénios, et montrant l'Éros funèbre appuyé sur sa torche, les jambes croisées 313 C'est aussi Éros considéré comme génie de la mort qu'on reconnaît sur des monnaies de l'époque impériale, telles que celles d'Aphrodisias en Carie, de Prusa en Bithynie, de Philippopolis et de Bizya tantôt Éros appuie sa torche sur un autel, tantôt il ;i est debout près d'une stèle dans l'attitude consacrée, et de la main droite il se cache le visage en signe de douleur. Rien n'est plus fréquent que de voir, à l'époque impériale, cette image reproduite aux angles des sarcophages". Souvent l'Eros funèbre est debout, la tète inclinée, et semble dormir; ailleurs il est assis sur un rocher . On a proposé de reconnaître dans cette figure un génie du sommeil en invoquant le témoignage d'une inscription qui, sur un monument funéraire, désigne par le mot somas une figure analogue 317 (fig. 2193). Mais cette assimilation de l'Éros funèbre avec le sommeil s'explique facilement par une sorte d'euphémisme, et par les rapports que les Grecs établissaient déjà entre le génie de la mort et celui du sommeil, entre Thanatos et Ihjpnos ss Des statues d'époque romaine nous montrent un symbolisme encore plus complexe : ce sont des statues d'Éros endormi, avec les attributs d'Hercule Le type dont elles procèdent est une conception de l'art hellénistique : une épigramme de l'Anthologie décrit en effet Éros dormant, avec les attributs qui lui sont propres, l'arc et les flèches et une statue du musée Chiaramonti, qui montre Éros sommeillant paisiblement, se rattache h la 11Ième conception '. Quelquefois les ailes manquent, et l'artiste semble avoir traité simplement le sujet du sommeil de l'enfance. A l'époque romaine, le type se complique aux attributs d'Éros se joignent la torche de l'Éros funèbre et les attributs d'Hercule, la peau de lion et la massue souvent même ces derniers sont seuls représentés ; quelquefois un lézard court sur le rocher où repose l'Amouc endormi. Ce dernier type est représenté par une nombreuse série de statues parmi lesquelles nous citerons celle de l'ancienne collection Pourtalès reproduite ici 305 (Cg. 2194), un marbre du Louvre °, ceux du musée de Latran 31' et du British Museum Des exemplaires trouvés dans File de Chypre °' et eu Grèce 527 prouvent que ce type était fréquemment traité. M. Furtwaengler a démontré que ces statues avaient un caractère funéraire, contrairement à l'opinion de M. Stephani 328, qui y recon naît simplement Hercule travesti en Amour La présence dune figure semblable sur une urne sépuleréle tIti Louvre 330 permet en effet de reconnaître la destination de ces statues elles ont servi à décorer des sépultures, et, suivant toute vraisemblance, elles étaient destinées à des tombeaux d'enfants. Cc type très complexe accuse le mélange de plusieurs conceptions qui se rattachent toutes à l'idée de la mort. Il n'est pas rare que les enfants morts soient représentés sous les traits de l'Amour, témoin les sculptures de sarcophages 531, D'autre part les attributs d'Hercule, qui assimilent l'enfant mort au héros vain sont COuonse une promesse d'immortalité. Ces Amours-Hercules répondent donc à des préoccupations dont la vie future est l'objet : ils fout allusion à des croyances dont on trouve l'expression, sous la forme la CUR 101'l CE] R plus varice, dans les sculptures funéraires de l'époque romaine. MAX. Cor.LIeoN. CURA. I Avant l'empire, charge essentiellement temporaire, confiée à des commissaires spéciaux, élus ou choisis pour remplacer, dans un acte bien déterminé, les Le mot cura a donc le sens de magistrature extraordinaire (extra ordinem), opposé an mot ntagislratus, qui désigne les magistratures ordinaires. Cette classification repose sur un texte de Cicéron dont le cens ne paraît pas douteux « Ast qud erit, quod extra jus coerandi date'. » M. Mommsen voit, dans ce texte, une allusion I. la concession extraordinaire de l'imperiutn à un particulier'. M. Mispoulet, an contraire, l'applique, avec raison ce semble, aux magistratures extraordinaires et fait observer que, pour adopter l'interprétation proposée par M. Mommsen, il faudrait admettre la supposition invraisemblable que, dans sa constitution, Cicéron a oublié les magistratures extraordinaires °. Peu après M. Mispoulet, et indépendamment de lui, M. Madwig arrivait à la même conclusion Les commissaires investis de curas recevaient ordinairement des noms en rapport avec leur nombre et avec les fonctions spéciales pour lesquelles ils étaient créés, niais le nom général qui leur convient est celui de cut'atoo'es. Les magistratures extraordinaires désignées sous le nom de cm'ae peuvent ètre réparties en trois classes 10 Elles assurent, pendant l'absence des magistrats ou dans l'intervalle des magistratures ordinaires, le jeu régulier des institutions et la transmission des pouvoirs. Au temps des rois, le souverain absent déléguait, pour gouverner à sa place un peacfectou Lrbi. Plus tard, les consuls désignaient, avant de quitter Rouie, un praefecius Urbi chargé de le., remplacer. Après l'institution de la préture (388 de Rome = 366 av. J-C. les consuls furent suppléés par le préteur, magistrat ordinaire [PRAEFECT US URBI]. A la mort du roi les sénateurs déclaraient l'interrègne et les interrex se succédaient jusqu'à la transmission des pouvoirs. Sous la république, quand les deux consuls mouraient ou abdiquaient sans avoir lrau'siius les auspices et aussi sans qu'il restât en charge aucun tnagistratus patricius, le sénat déclarait encore l'interrègne, et le dernier interrex présidait à l'élection des deux consuls [INTERREG.NUM]. O Elles sont substituées aux magistratures ordinaires. Pendant les années 303-304 et pendant une partie de l'année 305 (= 451-449 av. J.-C.), on nomma, à la place des consuls, une commission de dix membres chargée de rédiger le code des lois romaines; ces magistrats extraordinaires prirent le nom de decemeiri leqibns seribendis; leur oeuvre fut la loi des Douze Tables que 1. Iii, troisième partie, p. 1036 et s., BoctGger, Ergs und Anteros, dans les Klenze SrG'0ffoa publics par 5011g, 183, part. I CorS 'r.l. Grie','.i,che .lfylt'legir, § 4u4; Weirker, G; irc5,,clec 060crle/ee, 1667-1063, p. 612 't'. Ail. 'dour;, IIiatc,ee p 210; Stark, Be.,Schle der .,dcI,s. GearUar/eaft de., W,sses,r/l. 1600, p. 79 et [DacasiviRi, LES]. Dans des circonstances particulièrement graves, spécialement pendant des guerres étrangères ou civiles, le besoin de concentrer entre les mains d'un seul un commandement sans limite fit nommer, pour la durée de ces circonstances, un dictateur. Aussitôt entré en charge et après avoir pris les auspices, le dictateur s'adjoignait un magister equitu,it [DICTAT0R, MAGISTER EQUITUM]. On peut aussi considérer comme magistrats extraordinaires appartenant à cette catégorie les tribun i militons consulari potestate . Cette magistrature fut imaginée par les patriciens pour empêcher les plébéiens d'arriver an consulat proprement dit, et, par là même, d'obtenir comme les ancien., consuls la dignité elles privilèges des conssmlares La loi Licinienne (388 = 366 av. J.-Cd, en permettant l'accès des plébéiens au consulat, mit fin à cet expédient [ruineNt MIL1T 11M, COSSLL, 3. 4450]. Les magistratures extraordinaires sous lesquelles succomba la republique, les dictatures de César et de Sylla, qui n'eurent de l'ancienne dictature que le nom, le triumvirat de Lépide, d'Antoine et d'Octave, furent plutôt des usurpations du pouvoir absolu que des magistratures. 3° Elles coexistent avec les magistratures ordinaires. Dans des cas particuliers certaines fonctions furent, pour un temps, détachées du sel-vice des magistrats compétents, et confiées à des commissaires spéciaux. Il fut d'usage aussi, chaque lois que se présentèrent certaines affaires, d'en charger des commissaires spécialement nommés, et non les magistrats ordinaires suit, combe le pense M. Mommsen', parce que ces derniers n'étaient pas compétents dans le cas particulier; soit, ront',.,rmnsr-nt [i l'opinion 10 M. Miepouhà °, parce qu'ils étaient empêchés par les fonctions habituelles de leur charge. Pendant les premiers temps de la république l'approvisionnement de Rome était confié aux consuls, ou, s'il y avait lieu, à des comtniccions extraordinaires Plus tard ce sou; incomba aux édiles. Toutefois, l'importance toujours croissante de l'annune en fit, clans des moments difficiles, remettre l'administration entre les mains de commissaires spéciaux. C'est ainsi que, dans un temps de grande 'huilé, lu sénat, fiai' nue loi, chargea M. Seaurus du service de l'annone, à la place du magistrat ordinaire 11; les consuls décernèrent à Pompée, pour cinq ans, osnnis cription de la fin de la republique mentionne un curator trmtmelltj qui fut sans doute un magistrat extraordinairet' [ANNONA, CURA ANNOSAE, FRUMENTUSI, PIIÀEFECTUS ANNONAE]. Certaines circonstances donnaient lieum, chaque fois qu'elles se présentaient, à la nomination de commissaires spéciaux, par exemple La construction, l'adjudication des travaux, ou la dédi art. Bass, dans Ronfler, Lem/ton der gmech. und rom. Mythologie. tion Mord, 1.'Efat rOÛ'ssj,r, 50 constitution et ras s,l,,ri,sisteafio,s, t. II, p. Gal, o. 5. fuient ccc, lais de Rom., 310 ( = 441 or. J. C.). -7 Cl. Mispoulet. Op. 11usd. 16', s, 7. OrrUr-iicassss, n' s483; cl'. Iosarus,r r, 0». ls,sS, t. 11. p.ilSJ, su. 1. CUR 1612 CUR cace d'un temple: duumviri ad aedem faciendam", aedi lecandae aedi dedicandae '° [riuustvtiu, LOCATIO, DEDICATIO, Certaines causes criminelles, comme le crime de haute trahison : duumviri perduellioni iudicandae [nuuslvtm, PERDUELLIO]. Le qnacsitor chargé de suppléer le préteur était peut-étre aussi un magistrat extraordinaire [PHAPTOR, La répartition d'un terrain aliéné du domaine public en faveur des citoyens : III viri', V vin'9, Vil vin30, X vin21, XV vin 22, XX viii 13 agnis dandis, adsignandis n• Quand le partage des terres entraînait la fondation d'une colonie, ces commissaires ajoutaient à leur titre les mots colonies deducenclae, ou s'appelaient simplement triumvir colonies deducendae25 [AGER, COLONIA]. Des émissions de monnaie: jusqu'à la guerre sociale on nomma irrégulièrement et suivant les besoins des commissions composées ordinairement de trois membres avec mandat de frapper monnaie : Ires rini aura, cens, argente flando, feniundo u, Vers le milieu du vi0 siècle de Home, une commission de sept membres fut chargée d'une émission extraordinaire n, En l'année 680 (= 74 av. 4.-C.), le sénat confia à M. Cornelius Lentulus le soin de frapper des deniers, avec le titre de eunaton denaniis /landis 28 [MONETA, TEES VIRI]. Des prèts, des emprunts ou des dons nationaux trt.eimvu'i, quinquenini mensanii u [ARGENTAnT;, p. 407]. Après la première guerre punique, probablement aussi après la prise de Carthage, les conditions de la paix furent réglées par des decenivini nommés à cet effet" [DECEMVIRI]. Après la défaite de Cannes le sénat nomma plusieurs commissions : des quinquevint munis tunni busque reficiendis 31; des tniumviri sacnis conqut.nendis donisquepersignandis 32, chargés de faire l'inventaire des objets consacrés au culte et d'inscrire les dons offerts aux dieux; des tniunsvin aedibus reficiendis u, qui reçurent la mission de reconstruire les temples de la Nature, de la déesse Matuta et de l'Espérance, détruits par un incendie. Un siècle auparavant, la construction du temple de la déesse Moneta avait été confiée à des duumvini u, et plus tard un seul commissaire fut chargé de reconstruire le Capitole incendié pendant la guerre civile de Marins ; Aulu-Gelle le nomme curaton nestituendi Capitolti ° Pendant les temps difficiles qui suivirent la bataille de Cannes, les consuls ne parvenant pas à. recruter les légions, le sénat créa deux commissions de triumvirs qui devaient rechercher, l'une dans un rayon de cinquante milles de Rome, l'autre au delà, tout ce que les bourgs, foires ou marchés offriraient de jeunes gens libres, en état de porter les armes, n'eussent-ils pas l'âge de servir :tniumvini qui copiarningefluonuln inspiclant36. A plusieurs reprises on voit des commissaires spéciaux chargés de la flotte: duumviri navales classis ornandae refis ciendae que causa, et, plus généralement, duntrnviri navales Sous la république, l'administration des routes paraît avoir été confiée à des magistrats extraordinaires : cura-tores vtarunt 37; cureton vi;s stes'nundjs 30; eus'atoi' v;annofl elege Viseilia3° [vIAE]. Le service des eaux, sous la république, faisait partie des attributions censoriales; cependant, en l'an de Rome 484 (= 270 av. J-C.), le sénat donna la mission d'achever les travaux nécessaires pour conduire à Home l'eau appelée au temps de Frontin Anio velus, à deux commissaires spéciaux : M. Curius Dentatus, qui, deux ans auparavant, avait commencé ce travail en qualité de censeur, et I"ulvius Flaccus; ils portèrent le titre de dtsu;nvini aquae penducendae; mais Curius étant mort presque aussitôt, F;tlvius seul mena l'entreprise à lionne fin 'o. En l'année 608 de Home (= 416 av. J.-C.), Marcius Rex, pnaeten inter cives et pfrego'inos, fut spécialement chargé par le sénat de réparer les aqueducs portant à Home les eaux Appia et Anio, de revendiquer les eaux indument détournées par les particuliers, et enfin d'amener au Capitole une nouvelle eau qui fut appelée, de son nom, Aqua Mancia7t. Une monnaie de la gens Acilia, portant au revers la légende M ACILIVS TIIVIR YALETV, a fait croire à certains auteurs qu'on avait, à une époque inconnue, nommé des triuntviri valetudinis [tuendac], qui auraient été certainement des commissaires extraordinaires. Mais cette opinion repose sur une mauvaise interprétation de la légende. Acilius était un triumvir monétaire, et le mot valetu(dinis) est le nom de la déesse dont l'image forme le type de la monnaie; allusion à l'origine fabuleuse de la gens Acilia, qui prétendait avoir introduit la médecine à Home 11 n'exista donc jamais de tniurnvini valetudinis tuendae Aux curatones, dans le sens le plus large de ce mot, M. Madvig rattache les leyaii envoyés par le sénat pour négocier à l'étranger, ou attachés, comme conseillers, aux généraux et aux gouverneurs44 [LEGATI]. Les cunatones formaient en général une commission composée de plusieurs membres. Quelquefois cependant, et nous en avons cité des exemples qu'on ferait facilement plus nombreux, la cura fut confiée à un seul curaton, mais ce sont des faits exceptionnels. Le mode de nomination des commissaires varia. On les voit nommés tantôt par les magistrats supérieurs, tantôt par le sénat, tantôt par les comices. En droit ils tenaient leurs pouvoirs du peuple°5. J'ai donné au mot cura un sens un peu plus étendu qu'on ne le fait d'habitude. Il m'a semblé que l'intennex, le praefectus Urbi et le diçtaton n'échappaient pas complètement k la définition du mot cula telle que je l'ai établie en commençant, et qu'ils furent, dans l'acception la plus large du mot, de véritables cunatores. Il. Dans un sens général, appliqué à l'époque impériale aussi bien qu'à la république, le mot cura désigne la fonction exercée par un cunator. CUR 1613 CUR III. Sous la république et sous l'empire, le mot cura désigne aussi l'ensemble de certains services, qu'ils aient ou non à. leur tète des cieratores. Les principaux sont Cura viarutn [VIAE]. On appelait aussi cura des services de la domesticité IV. A une basse époque, l'intendance du palais impérial était confiée à, un vit' illustris appelé Cura palatii; à. Byzance, celui qui en était revêtu (xospo tet) était un personnage important". Il faut remarquer que le mot Cura palatii ne désigne pas, comme on aurait pu le croire, la fonction, mais bien le fonctionnaire lui-même. Il en est de même pour le Cura episloiarum de la iVotitsa. Tréhellius Pollion u fait mention d'un soldat portant le titre de Cura praetorii [A CVRA]. V Un assez grand nombre d'auteurs ont introduit dans le Panthéon romain une déesse Caca. L'existence de cette divinité repose sur des textes d'auteurs et sur un monument épigraphique Hygin raconte que Cura traversant un fleuve prit du limon et en forma le corps de l'homme auquel Jnpite;' donna la vie. Cura, Jupiter et la Terre se disputèrent ensuite l'honneur de nommer cet être nouveau; Saturne, pris pour juge, décida que Jupiter posséderait le corps de l'homme, que celui-ci serait, pendant toute sa vie, soumis :4 Cura, enfin que la terre (humus), dont il était formé, lui donnerait son nom (homo)48. On cite aussi plusieurs textes dont le principal est le vers suivant de Virgile La fable d'Hygin ressemble fort à, un apologue; les vers de Virgile, surtout si on les compare au contexte, et les autres textes allégués, ne semblent être que des personnifications poétiques. Quant au texte épigraphique, M. Mommsen, qui ne l'a pas vu, le donne, avec réserve, d'après des indications indirectement fournies par le P. Carrucci Or, le P. Garmcci, en le publiant après M. Mommsen, propose lui-même sa lecture comme étant des plus incertaines'. M. Zangemeister a trouvé, chez un antiquaire d'Horta, un dessin d'une coupe analogue qui donne un plus grand crédit à. la lecture COERÀE; toutef is, ajoute sagement G. Wilmanns, uab explicatione satins est abstinere°2 n. Dans un mémoire plus récent, M. Jordan a réuni toutes les variantes proposées par les différents éditeurs de cette inscription u; il se prononce pour la lecture COERAE, équivalente à. CURAR. Son choix ne saurait être absolument justifié en l'absence du monument; il est tout au moins très soutenable. En tout cas, quand même la lecture curae serait admise, je ne croic pas qu'on puisse établir le moindre rapport entre la cura des poêles classiques et celte antique divinité latine, dont le nom même reste incertain, dont la nature ne peut être établie que par des rapprochements ingénieux, mais hypothétiques Il est donc fort probable que la déesse Cura (le l'époque classique n'a jamais été qu'une personnification poétique tin chagrin, comme dans ce vers bien connu, imité d'llorace