Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CYMBA

CYMBA, Kégéi, xécêx. Nacelle. Le mot grec explique par son étymologie à la fois la forme primitive et la haute ancienneté de cette embarcation: la racine na est lit même dans d'autres mots comme cyAvnus, CYMBALUM, eyntua, etc., et représente une cavité quelconque. Ce fut d'abord la barque creusée dans un tronc d'arbre, le bateau rnono.xyle [ALVEIJS, p. 219, fig. 244]. La cynoba ne disparut pas quand des embarcations plus considérables eurent été construites, mais elle cessa d'être monoxyle, tout en conservant sa forme recourbée C'était la barque ordinaire des pêcheurs' ; c'était quelque CYM -1697 fois aussi, de méfie que son diminutif eymbula, le canot ou ]a chaloupe attachés au service des vaisseaux longs Les peintures antiques reprtaentent souvent des scènes (le poche on peut, en toute probabilité. appliquer 'e nom de cytnl:o aux embarcations qui figurent dans ces tableaux ;flg.263.° les poètes employaient la même expres sion pour désigner la barque où Charon passait les fleuve': d'enfer CUA CON, fig. 1356]. Les lexicographes grecs parlent dune forme de xg'g toute ronde (tri taupé;) 7; c'est sans doute une faton imagée de peindre l'aspect du bateau de pêche avec des flancs très arrondis, sans avant ni arrière. E. ROSCHACH. CY111BALISTA, CYMBALISTRIA [CYMBALUM]. CYMBALUM, KéplcGou. Cymbale, instrument de musique (bec les Grecs cl chez les Romains. Il parait bien probable que cet instrument est venu d'Orient et qu'il a été introduit en Grèce et en Italie avec le culte des divinités orientales, comme la Mère des dieux, Cybèle et Attis, Déméter, Bacchus, dont le culte donnait lieu e des bacchanales ou les cymbales figuraient surtout avec le TYSIPANU9L Nous en constatons la présence sur ICS monuments de l'art phénicien, déjà influencé par la Grèce, comme le manche de miroir en bronze, trouve à Chypre. qui représente une lemme nue, jouant des cymbales (fig. 22641'. Les auteur grecs du ve et du iv siècle les citent comme un instrument connu 3; le son strident qu'elles rendaient est caractérisé par les mots Çal;Zo;a -ync. Le t, usée de Berlin et le musée de la Société archéologique Il' d'Athènes possèdent des cymbales votaves sur quelles sont tracées en caritctereee,,'cli,'titjuclit Il" sit"t 9,1 plus tard, du cotumencen;er:l du Ce sièetisi à Coré (fig. 263 ' et a Ai-tenu', Lirnr: Ois ' , et a découvert aussi de cymbales "olives dans le très ancien sanctuaire de Jupiter à flodone°. Ainsi, dès cette époque, du coite des divinités orientales le cymbales avaient passé dans la liturgie des dieux proprement grecs. 'l'ontefois, il est a remarquer qu'elles apparaissent surtout dans les monuments qui ont trait aux perstmnages mythiques qu'on honorait dans les Mystères, dont les rîtes avaient emprunté tant de particularités à l'Orient. Les nombreux bas-reliefs et peintures, où nous rencontrons des cymbales, appartiennent pour ta plupart aux représentations ria Bacchus et de son thiase', de Cybèle et Ahi7, ou de la \ieet° des dieux 8. 0,1 peut considérer aussi que le culte si répandu des ARBORES SACUAE, auxquels sont souvent suspensives des cymbales, dérive des morne-', religions orientales et a des liens étroits avec celle de Cybèle et d'Attis', Cet institue ment était employé encore dans le colle de Déméter, a Eleusis 10, avec les 'rletcsss ' nous avons signale la dti;litacc à Coré sur une cymbale votive et l'un connaît aussi des inscriptions latines qui consacrent co' genre d'ex-voto à fa Mère des dieux 't Un Père de t'lghis,' nous a conservé la curieuse formule pat' laquelle l'initii a,ux mystères de Cybèle déclarait qu'il avait 1: mangé dans la 'ga'i.ou'; et bu dans le B'gtnoa 13 «, ce qui montre bien le rôle en quelque sorte mystique de ces deux instrument', si s()uvent réunis dans les textes et dans les monuments ". C'est sans doute à cause de ces relations sec 16'divinités des Mystères que nous trouvons parfois les ' nIbab employées avec un 0011G funéraire, par exemple, entre les mains des Sirènes, divinités de deuil Nous ne pouvons pas douter cependant que les end haies C M 1608 -CYM n'aient servi è beaucoup d'autres usages religieux et meme profane-. les peintures pompéiennes., on les voit non senMment entre es mains ries per sonnages bachiques usais un peu partout, aux noces de Jupiter et de. Junon entre Ie rnein des Éros den Psychés muant de le musique n (fig. 266, des Satyres et des CenIcu / resen, do, B os le monde romain elles ont perdu toute signification re ligueuse et ni u elles tombent i °"N" aux mrIin des rie )os ambulants, des danseuses ci des courtisanes Nous oru\'moln nous ecu rer te exactement de le femme nue]] ce oient parle eus qui nous sontparc'e cc i'ontiq '(ng 2G r les moreurre 'ris qui les minr ombre, no voit que la forme en ri ce vru i oh d urdo plates, comme des disques (fig èèGfi) n lui contr: ut fortement t ml s 22.61, 20 La. p :ugiu'r' surtout n'est pe' toujours faite r' ta même toron. On peut distinguer trois genres d'attaches I" nue partie cylindrique et assez haute est soudée au disque plat de la cymbale formant une poignes solide et rigide c'est la forme la plus ancienne 21 (fig. 2264); d' la partie supérieure de la cymbale est bombée et est percée au 80mmet d'un trou dans lequel sont passées las extrémi Léo d'un anneau ou d'une anse plate; le joueur de cymbales mettait les doigts et même la main entière dans cet anneau 22 fig. 2265); 3 dons le ts'r,s penné cii centrede la cymbale on fessait passer simplement im tien qui servait k la fors k tenir les cymbales pendant qu'on jouait et à les suspendre quand on avait termine (fig. 266, 2267) Quelquefois, l'attache paraît manquer complètement et l'on tenait simplement aven les doigts la partie bombée de la cymbale Le joueur de cymbale s'appelait xaga)slo'v'i2, cymbalisla 53; quand c'était une femme, cyinbsalis'Pia n On donne parfois le nom de xurcbeàcai à l'art de jouer des cymbales Les lexicographes mentionnent aussi les mots imzéksov, comme synonymes de xégbksv ° E. POTTIER, CYMBÉ, CYMBIUM, Kégda. xaêCos Des renseignements assez contradictoires nous sont donnés sur ces deux nome de vases par les auteurs anciens, ce qui rend difficile de les distinguer d'abord, et ensuite d'en déterminer exactement la forme. Les documents les pins anciens et les plus stirs, les inscriptions, les nomment séparément : c'est une rai-on sérieuse de croire qu'ils n'étaient pas pareils. Athénée, qui a compilé un grand nombre de lestes anciens, consacre deux ehapitreu distincts aux eymbio d'une part, à la Cyurlbut de l'autre0 Mal', dans les lexiro ophco d époque plus bas-e, on trouve mêlées les descriptions qui s'appliquent è l'un et à l'entre vase, ce qui crée des difficultés parfois inextricables . Nous essayerons d: r: 'rouver autant que possible la distinction ancienne. Athénée décrit la xégfio, d'après Philémon, comme (inc espace de coupe zékixof e'éo; d. On sale servait dans le.s usages domestiques comme d'une salière , d'une sa',cire . Le mot cémdoç parait désigner un récipient du même genre 1-lesychiies et d'autres rappellent le double sens de xégbg qui signifie case et navire 'cY7IBA] : les épithètes qui expriment la forme ronde et creusa 'xofienç, rEpepite) 'appliqueraient aux deuxt. D'après Seiida.s, xug' signi fi rait encore tete (xigsà( 5; on peut supposer qu'il s'agit ci de la calotte crànlerine. fous ces renseignements parais-l'ai donc se rapporter à un vase de petite dimension ci de forme ronde, analogue à une coupe. Pour 14 xa(LBov, les principale définition est celle 'le Dorothée . genre de cases profonds et droits Çmnîfsiun cci ip(Ria) n ayant ni pied ni anses (nulgésa E/on2sov n, D'autre part, le grammairien Didyme" dit que p os, 0 'Orna I. Ales. 164; E,: e 546. t Id Ales. 3S2. 7 Aie,' disant : cymôiu, pocutco pcocora ai. nacihus simUia Mats en ni t en m'êcu, ont été également appelées statèi'es. Quand les ins'riptiinu d'Athènes parlent de -,puku c(pr, quand Xénophon «lit que la solde ordinaire des ,uercenaires, dan'le nord de l'Aile Mineure t eu Thrace, (Lait, de son temps, d'un cyzicéne par mois, et jean t Lysias raconte qu'il avait riiez lui 3 talents d'argent, 100 daiiquee ut tOP cy'iicenes, il est évidemment question de monnaies d'or. Mais, d'un autre côte, quand Cuida " décrit las '-tafères de Cyzique comme des pièces très bien frappées, qui portaient d'un côté une etc ' flemme. t de l'autre la partie antérieure d'un non, I tei Igi' de la manière la plus claire les tétrair'aclinie l'argent de cette ville oit l'on remarque les rieme vue'1, 'A de plus l'existence d'un poids de bronze marqué d l'inscription KvIl tc (Kuiix'tvtv ita'réryav et rincent juste le double d'un de ces tétradrachmes assure y-1tivç'nienl l'application du nom de ',tatère aux plus fortes lion d'argent 'frappées te Cyzique. Nuits traiterons successivement des doux espèces de monnaieainsi confondues sous un même nom. Les i' ii'enas d'or, inconnus encore à l'époque d'Eckhel, né doutait de leur existence loche, sont maintenant très multipliés clans les collections de numismatique'. Ce 'ml des pièces qui, bien que la plupart appartiennent à l'époque du plus beau style grec, ont été frappées, par affectation d'archaïsme 't en imitation des plus anciens steères cl'e cilice de l'Asie Mineure, sur des lingots de métal de forme irrégulière. On p soit, au droit, une tète ou un symbole et, cri revers, un carré creux disposé en ai! es de' moulin. Une partie ,ti divisions et identique-me-nt semblable aux plu gn u 'as pièces nue autre partie oIÎrc, in droit une tète e, au revers, une autre tète dans an carré utitioné par quatre barres. Les têtes, sujets ou spmhiUa, vantent è l'infini, mais sur te pièces de tous l,s modules le lieu d'émission est indique par la figure d'un téton, symbole distinctif de la aille de Cyzique. Les plufortes pièces pèsent de 155,700 à 1051,220, ou en moyenne lii grammes: les divisions les plus multipliées 'a'-ieré 2g() à 2,69, en moyenne 2,te,633, c'est-à-dire le sin". en rencontre aussi, mais beaucoup plus racer, du poids de le ,240 à 4',370, n'est-a--dise ai, dc riz, des ,i(ne':ee plu-. grosses'. Dans l poids sic ifi grammes tous tes métrologues ont muni e. v'-nt reconnu i'de d'un double tatère Pull du étitm.e '( attique, et cette opinion ne saurait être contestée. Lepe .(lsitt, comme cuIt-' coupe était frappée u Cyzique à l'exclusion du statère simple et comme le taux de, divisions émail fixé cor elle l'usage avait prévalu d'appeler st-stère les eyzicènes qui étaient réellement des dtptatii ci, Pu poids cri plomb, conserve au Cabinet des médailles rie Paris', panna la légeil le Ka'I CTA (KuLxst; et pèse, en tenant compte de b'a.Igneentat5on de poids produite par la carbonisation du métal, exactement autant qu'une de'plus tories pièces d'or marquées du lIin. Les inventaires du trésor du Parthénon et d'autres inscriptions Li' ittiènes mentionnent sono-mit de' statèp'e, 'ui' é (' I ' et ComIce li n', t°' de monnaies de cette ville pet rit la moitié sis pièce,le b grammes, il faut bien forcément reconnaître que ce sont celles-ci qu'elles appellent statè'es. De plus, les mêmes inscriptions appellent bectés les divisions les plus ordinaires des cyzicènes, qui sont réellement des trités et ne peuvent être traitées de sixièmes parties que par rapport aux monnaies pesant 46 grammes, Enfin, dans quelques-uns des inventaires du trésor du Parthénon', nous voyons figurer un téti'adi'ce/mmne dom' pesant 7 Pi aehèoe.s 2 t/ oboles d'Athènes 'ritplsygis ymuaov' caxltais SOITQU 11H-lit). Or, 7 drachmes '2 oboles du taux adopté dans Athènes, au temps où l'on fabriquait la première série de ses monnaies, font ('n poids 3è',330, c'est-à-dire le double des plus forts cyzicènnc; d'où il résulte que, bien que ce fût à l'origine un statère, la moitié de ces cyzicènes de 16 grammes était désignes sous le nom de drachme d'or ou hémistatèn'e. L'emploi du poids attique pour la taille de la monnaie d'or était fort ancien dans quelques cités de l'Asie Mineure. Le distatère de Téos du Cabinet royal de Munich, marqué d'une tète de griffon et de ta légende T1 (ro', lequel pèse 16g', 570, et la pièce d'or de Phocée, (lu meme Cabinet, pesant 16',500 remontent a une époque aussi reculée que les statères de Chine, de Lampsaque, d'Abydos et les bectés de Milet dont l'unité est la drachme de 3',500, Mais l'usage de ce système, ainsi que de celui qu'avaient inauguré les rois de Lydie était tombé en désuétude lorsque Cyzique le renouvela Il est impossible de dire précisément à quelle époque commence la fabrication des statères de Cyzique. Rien n'est plus rare que les cvzicènes d'ancien style ; on eu connaît à peine deux ou trois dans les rnédaillier.s de l'Europe (fig. 2269c II faut en conclure que si les hpbitmnts de Cyzique frappè rent des primes d'or avant laguerre du Péloponnèse, ces émissions n'eurent qu'une importance très restreinte. Mais a mesure qu'Athènes vit décliner sa puissance et perdit le monopole de la navigation de l 'Hellespont et du Pont-Euxin, Cyzique agrandit son commerce et étendit sois monnayage. Dans la comédie des Villes du poète Lepolis, représentée vers la huitième année de la, guerre du Peloponnèse, Cyzique figure déjà comme pleine de statères, kAiser àfs aiscivil,pwv H, et ces expressions masquent clairement la jalousie d'Athènes contre son ancienne tributaire qui commeni'ait à la primer sur le marché de loi', En isIS av. J-C., les clzicenes, d'après ce que nous apprend une inscription athénienne 12, formaient une part considérable de la réserve monétaire de l'Acropole. Mais ce fut surtout quand les villes d'Asie Mineure eurent prolité du désastre du l'expédition de Sicile pour secouer le joug d'Athènes que Cyzique multiplia ses 'émissions de pièces d'or et en inonda tous les marchés. Par l'énumération que Lysias fait de sa fortune personnelle, dans son plaidoyer contre Ératosthène, l'un des trente tyrans, on s'oit qu'au temps de cet orateur 165 cyzicènes constituaient la plus grande partie de la masse d'or qui se trouvait à Athènes entre les mains des particuliers. Quand les dix mille soldats conduits par Xénophon arrivèrent sur les bords du Pont-Euxin, en l'an 400 avant notre ère, les statères de Cyzique étaient la seule monnaie d'or qui circulât dans ces contrées. J'ai, du reste, relevé ailleurs u toutes le mentions de slatèresde Cyzique qui se rencontrent dans les inscriptions attiques, comptes de dépenses publiques et inventaires des trésors sacrés; elles se répartissent entre la xc' et la xclve Olympiade. Le style de la plupart des cyzicènes parvenus jusqu'à nous est celui qui régnait dans l'art hellénique entre la fin de la guerre du Péloponnèse et le temps d'Alexandre. Plusieurs événements de cette époque y sont rappelés par des types allusifs dont le sens est incontestable u : par exemple (fig. 2270), l'expédition de Timothée contre la flotte thébaine, en 364, et le transport de la statue de Dindyméne de Proconnèse à Cyzique, en 361. Après Déinosaucun auteur ne mentionne plus ces monnaies, et le dernier en date des cyzicènes paraît être celui (fig. 2271) qui, portant le nom de la Liberté, EAEÏnEpI, inscrit sur le rocher où est assise la figure de la ville de Cyzique tressant une couronne pour le Granique n, a dû être frappé dans le prereconnaissance des villes grecques pour thène 16 cyz --1701 C YZ vainqueur du mier élan de Alexandre. En plaçant dans l'intervalle que flous venons d'indiquer la grande fabrication des statères de Cyzique, on se rend parfaitement compte du succès de cette monnaie. Au moment où elle apparut en grandes masses sur les marchés, on ne monnayait d'or nulle part, excepté dans la Lycie, la Carie, à Lampsaque, et dans ces différents lieux en très petite quantité. Depuis la fin du règne de Xerxès, excepté pendant un très court moment, sous Artaxerxès Longue-Main, les rois de Perse avaient cessé de fabriquer les dariques [nAnictis]. L'émission des anciens statères d'or des cités de l'Asie Mineure, probablement interrompue après la défaite des révoltés de l'ioule, sous Darius, fils d'Hystaspe, n'était plus qu'un souvenir. Athènes, qui avait frappé des monnaies d'or au temps de sa grande splendeur 18 avait cossé d'en émettre pendant la guerre du Péloponnèse ou du moins n'avait plus émis que des stateres d'or à si bas titre qu'ils sont traités de fausse monnaie dans un des inventaires des offrndes du Parthénon Les gens de Cyzique s'étaient donc trouvés les maîtres exclusifs du marché, du moment qu'ils avaient commencé à y répandre leurs monnaies d'or, et ils demeurèrent dans cette situation jusqu'au jour où Philippe fit frapper ses beaux statères qui eurent un cours si étendu [PHILIPPI]. Aussi abusaient-ils de leurs avantages eu donnant une monnaie très faible de poids et d'un titre plus que médiocre. Au reste, quand même l'opération que faisaient les gens de Cyzique aurait été faite avec une rigoureuse conscience, les bénéfices en étaient prodigieux. Le rapport de valeur de l'or à l'argent était bAthènes de 12 à 1, au temps (Je Platon 20, et il avait dû se produire un écart de valeur plus grand encore après les désastres de la guerre du Péloponnèse. En Asie, le même rapport était de 13 à 1, quand vivait Hérodote et quand le poids de la darique d'or avait été fixé [oxnicus], il n'avait certainement pas diminué, comme le prouve le témoignage de Xénophon 22. Les marchands cyzicéniens allaient chercher l'or à Panticapée, où affluaient les produits des mines de l'Oural et où l'or ne valait que 7 fois le prix de l'argent, comme le prouve le poids des Madères de Panticapée comparé à celui des pièces d'argent de la même ville 23 et le chiffre de 28 drachmes attiques donné par Démosthène 04 pour le cours du cyzicène de 16 grammes, au Bosphore film mérien Cyzique gagnait donc 38 j p. 100, sans compter le bénéfice illégitime tiré de l'alliage trop considérable de ses pièces, en répandant sur les places de commerce de son voisinage, où il était accepté sur le pied de la proportion au treizième avec l'argent, l'or qu'elle tirait d'un pays où elle le prenait sur le pied de la proportion au septième. Ace métier la ville des statères acquit une richesse dont on voyait encore les s'estes sous les Romains, plusieurs siècles après qu'elle avait cessé de fabriquer des monnaies d'or. Le choix fait parles gens de Cyzique du poids de 16 grammes pour leurs monnaies d'or, au lieu de 17 grammes, qui serait le taux normal et régulier d'un distatère du système attique, est une preuve de plus du rapport que nous pensons avoir existé entre l'or et l'argent sur les marchés où circulaient les cyzicènes et du chiffre des bénéfices qui étaient tirés de la fabrication de ces pièces. En effet, en posant la porportion de 13 à I entre les deux métaux, on trouve qu'un cyzicène d'or de 46 grammes représentait 208 grammes d'argent, c'est-à-dire exactement 40 drachmes attiques, au taux normal de 4 grammes 250,56 drachmes phéniciennes du taux fort de 36r,714 qu'on leur donnait dans le nord de l'Asie Mineure et dans la série d'argent de Cyzique même, 60 drachmes phéniciennes du taux de 3ee,540 qu'on leur donnait en Phénicie, enfin 64 drachmes asiatiques de 3',250. De cette manière le cyzicène d'or, par une opération très heureusement combinée, pouvait circuler sur toutes les places des bords du Pont-Euxin, de l'Heilespont et de la mer Egée, en représentant une valeur exacte dans chacun des systèmes monétaires qui, dans cette région, prédominaient dans les différentes villes. Les rapports 10: 1, 1 et 12: entre l'or et l'argent ne fourniraient pas cette coïncidence si frappante du poids de 16 grammes d'or avec; des valeurs monétaires exactes dans quatre systèmes différents. L'hecté de 25r,650 avait également une valeur exacte dans les quatre systèmes; elle valait 8 drachmes attiques, 9 drachmes et un diobole du poids phénicien fort au taux de 3er,744, 10 drachmes dis poids phénicien normal et 40 drachmes 2 oboles 1/2 du poids asiatique cYz 1702 CYZ On ne peut douter que Cyzique ne fût le principal auteur de la combinaison que nous venons de décrire. Outre les nombreux textes qui désignent les statères de 16 grammes sous le nom de cyzicènes, l'immense majorité de ces statères et de leurs hectés portent pour symbole accessoire la figure du thon, marque particulière de l'atelier de Cyzique. Mais, en même temps, on observe que Cyzique, sur les statères qui portent son signe distinctif, ne se borne pas k ses types nationaux et quelle en introduit qui sont en quelque sorte la propriété d'autres villes assises sur les côtes de l'Asie Mineure, le sphinx de Chios 28, le griffon de Téos n, le sanglier de Méthymna °, le sanglier ailé de Clazomène u, le limier de Colophon", le demi-Pégase de Lampsaque n, le lion de Muet n, etc. sur d'autres cyzicènes encore on voit la tête de Jupiter Ammon dAphytis de Macédoine28, le cheval de Maroné de Thrace n, la tête de Pan de Panticapée (fig. 272) n On doit conclure avec certitude des pièces qui portent ces types que nombre de villes de l'Asie Mineure et des bords du Pont-Euxin, voyant les profits énormes que Cyzique tirait de son opération monétaire, se confé dérèrent avec cette ville pour exploiter en commun l'or hyperboréen et, si l'on peut ainsi parler, prirent des actions dans la grande entreprise des Cyzicéniens. Ce n'est pas tout. Les mêmes villes et quelques autres de la même région ne se bornèrent pas k s'associer avec Cyzique. Elles entrèrent, librement et par voie d'imitation, en concurrence avec elle sur le môme marché et par les mêmes moyens. li existe beaucoup de pièces d'or de la même coupe que les cyzicènes, du même or, gravées par les mêmes artistes, avec la marque accessoire d'autres cités, telles que Phocée [PuocAinas] et Samos, ou dont l'attribution ne peut se tenter qu'au moyen des types principaux qui les rapportent à Lampsaque n, Patrium de Mysie 99, Pergame 40, Abydos de Troade 40, Mytilène de l'île de Lesbos 42, d'autres cités de la même 11e /43, Erythrae d'Ionie", Clazomène, Chios /40, etc. 11 est k remarquer, du reste, que nous ne connaissons jusqu'à présent que des bectés de ces différentes villes, excepté de Phocée et de Lampsaque. De plus, le monnoyage de chacune d'elles, même de Phocée où il a été le plus considérable, n'a eu que peu d'étendue comparativement à celui de Cynique. Probablement leurs pièces étaient reçues avec moins de faveur sur les marchés, parce que ces villes voulaient exagérer encore à leur profit les bénéfices que Cyzique avait su réaliser, en émettant un or à plus bas titre que celui de cette ville. Le fait est du moins incontestable pour Phocée [PuocAtues]. Il n'existe qu'un petit nombre de monnaies d'argent de Cynique contemporaines des premières émissions de statéres d'or. Elles ont pour type, au droit, une effigie féminine ou une tête d'Attis, qui se rencontre également sur quelques cyzicènes d'or et, au revers une tète de lion dans un carré creux, avec ou sans les lettres KY ou K. Leur poids appartient au système asiatique [DRACUMA] de 12',300 k 12,740 pour les plus grosses pièces, qui sont des tètradrachmes; 2gr,100 pour les tétroboles; enfin O',790 pour les plus petites monnaies qui sont des trihémioboles . La dernière pièce d'argent frappée k Cyzique, sur le pied de ce système monétaire, est le tètradrachme au nom de Pharnabaze, qui porte d'un côté la tête duAr_ taxerxès Mnémon dans sa vieillesse et de l'autre une proue de navire (type de certains cyzicènes d'or 48) avec, au-dessous, la figure d'un thon49. Cette monnaie a d'If être frappée vers l'an 376 av. J.-C Peu d'années après, les Cyzicéniens, par une raison 1. nous ignorée, adoptaient une autre unité monétaire pour étalon de leur argent, la drachme phénicienne,, au poids fort de 32r,714 Les plus multipliées de leurs espèces d'argent furent alors ces tètradrachmes qui portent la légende K5'IIKLINSON plus ou moins complète, avec la tète de Proserpine éO.TEtPA d'un côté, et de l'autre la partie antérieure d'un lion accompagnée d'un thon (fig. 273) Ce sont ces tétradrachmes auxquels s'applique la description de SLudas et qui, comme nous l'avons vu lus haut, s'ap pelaient, dans l'usage habituel, statè;'es cyzicènes aussi bien que les pièces d'or de 16 grammes. Leur poids moyen est 148',880 , et par conséquent, d'après les chiffres que nous donnions tout k l'heure, 14 de ces mi tradrachmes ou cyzicènes d'argent s'échangeaient contre un cyzicène d'or. Il est difficile de croire que la fabrication des tétradrachmes de poids phénicien ait été antérieure k l'année 361, où les Cyzicéniens, s'étant emparés de Proconuèse, amenèrent dans leur ville la statue chryséléphantine de Dindymène et donnèrent au culte de cette déesse un dés'eloppement qu'il n'avait pas, sans doute, antérieurement. La Sotet't'a de ces médailles, déesse qui réunit les attributs de Déméter et de Coré, semble une traduction grecque de la divinité asiatique. En effet, dans le personnage de la Magna Mate,' de Phrygie, dont Dindymène était une des formes, les caractères et les attributs de la Déesse mère et oie la Déesse fille se trouvaient confondus 13 Commencée ainsi vers la fin de la première moitié du iv' siècle avant notre ère, l'émission des cyzicènes d'argent dut se continuer quelque temps encore, tout parait l'indiquer, après que l'on avait cessé de frapper des cyzicènes d'or, sous Alexandre et ses premiers successeurs. Elle finit, k son tour, au bout d'un siècle au plus, et les statères d'argent de la grande cité commerçante de l'Flellespont, qui semblent avoir eu un cours considérable, quoique moindre que celui des statères d'or, furent remplacés, mais pour peu de temps, par des tétradrachines FIN DU PREMIER VOLUME. CYZ 1703 CYZ fort rares, au même poids, qui montrent d'un côté la tête de Coré Soteira et de l'autre Apollon citharède assis sur l'omphalos u. Ces dernières pièces paraissent contemporaines des tétradrachmes frappés dans toutes les villes importantes de la Mysie, de l'Éolie et de l'Ionie, sous la suprématie des rois de Pergame. A dater du moment où elles cessèrent d'ètre fabriquées, Cyzique ne battit plus qu'une monnaie de bronze, qui se continua sous les Empereurs romains jusqu'au règne de Gallien. F. LENOSMANT.